Chronique : Le petit terroriste

Omar Youssef Souleimane est un auteur d’origine syrienne. Son récit, Le petit terroriste, vient tout juste de paraître chez Flammarion, à l’occasion de la rentrée d’hiver 2018. Entre humour et drame, découvrez l’histoire d’une enfance très différente de la notre…

Une enfance normale dans une famille sunnite

Notre narrateur et auteur nous conte son enfance, comment il a été élevé dans l’idée que la religion primait par dessus tout et devait régir sa vie. Qu’il ne devait jamais avoir de pensée « impures », mais que le terrorisme était la meilleure arme pour vaincre ses ennemis… C’est paradoxal, mais c’est justement là qu’Omar Youssef Souleimane s’interroge, se cultive.

Il passera ainsi son adolescence à lire les grand poètes et auteurs français : Rimbaud, Eluard, Aragon… entre autres. A écouter les chansons de Jacques Brel et d’Édith Piaf (beaucoup écoutées en Orient pour apprendre le français). C’est d’ailleurs pour cela qu’il dit « Ne me quitte pas » au lieu de « ne quitte pas » quand il est au téléphone. Il a du mal avec le féminin et le masculin des mots français, et pour être tranquille il prend tout par paires : deux bananes, deux clémentines, deux… Car maintenant, il vit en France.

 De sa vie et de son adaptation en France, nous n’avons que quelques pages. Tout le reste nous retrace son enfance. Entre humour et récit de vie difficile, la vie de cet homme est très intéressante. Il a beaucoup de choses à dire, sur son enfance, sa vie, son parcours spirituel et comment il en est venu à ne plus croire à son qu’on lui enseignait de façon si insistante.

Un récit toutefois difficile à appréhender pour les non-initiés

J’ai trouvé l’enfance d’Omar Youssef Souleimane à Riyad (capitale de l’Arabie Saoudite) très intéressante, mais je dois reconnaître mon cruel manque de culture concernant l’Orient et ses enjeux. Quels conflits et pourquoi ? Quels préceptes de base régissent le salafisme dans lequel baigne l’auteur ? A un moment, il a peur du Moukhabarat, qu’est-ce donc ? Après une recherche, j’ai appris qu’il s’agissait des services de renseignement égyptiens. Une note de bas de page aurait été la bienvenue pour nous le dire.

Pour la plupart des Occidentaux (dont moi), tout cela est très flou, et le problème de ce livre, c’est qu’il n’éclaircit pas ces points. Si vous ne connaissez pas déjà un peu l’Islam, l’Arabie Saoudite et la Syrie, ça reste très nébuleux. J’ai donc pu apprendre des choses en creusant un peu : ce qu’est le sunnisme, par exemple. Ou le poids des traditions, par exemple, il est interdit de tendre la main gauche, elle n’est censée servir que pour les toilettes.

Cela ne retire en rien à la qualité d’écriture de l’auteur. Il n’est pas question de juger un récit de vie, d’autant que la sienne n’a pas été évidente sous bien des aspects.

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Le petit terroriste est donc un livre intéressant mais qui l’est encore plus si l’on possède une culture en lien avec l’Orient et ses nuances. On y rit, on est parfois triste ou en colère face à ce qu’il a vécu : les injustices, la dureté de son père, la cruauté de ses camarades d’école… Mais que cela nous réconforte, Omar Youssef Souleimane est maintenant en France où il profite (je l’espère !) de la vie parisienne et écrit. Car il n’est pas qu’auteur, mais également journaliste et poète.

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

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