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Chronique : La singulière tristesse du gâteau au citron

La singulière tristesse du gâteau au citronEntre l’étrange et le merveilleux du quotidien d’une famille américaine où l’un de ses membres possède une étrange capacité culinaire…

De nationalité américaine, Aimee Bender écrit aussi bien des nouvelles que des romans. En France, quatre de ses ouvrages sont parus. La singulière tristesse du gâteau au citron est son ouvrage le plus connu en France. Son œuvre est disponible chez Points en poche et aux éditions de l’Olivier pour les grands formats.

Une héroïne ordinaire aux papilles extraordinaires

Rose, 9 ans, petite fille normale de don état, va connaître une révolution dans son petit monde : le jour où sa mère lui prépare un gâteau au citron, elle ressent quelque chose d’étrange… Il s’agit de ce que ressentait sa mère lors de la préparation du gâteau.

Rose a maintenant la capacité de ressentir les émotions de ceux qui préparent les plats qu’elle mange. C’est ainsi qu’elle découvre que sa mère trompe son père… et il semblerait que cela fasse un petit moment…

Depuis lors, impossible de manger quelque chose de cuisiné de la main de l’homme. Chips industrielles, plats préparés par des machines et autres cochonneries disponibles dans les distributeurs, c’est la seule façon pour Rose de survivre à son terrible don. Mais quel avenir peut-donc être réservé à quelqu’un d’aussi particulier que Rose ? Et qui la croirait si Rose parlait de son étrange don ?

La singulière tristesse du gâteau au citron VOUn roman singulier et quelque peu inclassable

Ancré dans le quotidien d’une famille américaine tout ce qu’il y a de plus normale, ce récit et aussi attachant qu’étrange. En effet, l’histoire de Rose et de sa famille, l’évolution de ses capacités culinaires et leur quotidien sont intéressant, avec de nombreux hauts et bas…

On découvre le développement des « pouvoirs » de Rose au fil des ans, sa façon d’éviter tout repas préparé par quelqu’un…

Mais La singulière tristesse du gâteau au citron nous laisse également beaucoup de questionnements en suspend concernant la famille de notre héroïne. On aurait voulu en savoir beaucoup plus sur les autres membres, notamment en ce qui concerne son frère… C’est en cela que l’ouvrage est inclassable et nous laisse un peu sur notre faim (sans mauvais jeu de mot).

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Ainsi, ce roman est quelque peu à double tranchant : l’idée d’Aimee Bender est tout simplement géniale, et plutôt bien traitée mais reste un peu bancale malgré tout. J’aime l’idée de comment grandit Rose à travers sa plume, et la façon dont elle la rend adulte. Par contre, on ne comprend pas franchement le but final de cette histoire qui se termine de façon un peu abrupte et n’en dit pas assez.

C’est donc un roman en demi-teinte qui nous est ici proposé à la fois original et intéressant, mais avec plein de petites choses qui font qu’il ne restera pas mémorable, dommage.

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Chronique : Les chroniques de Harris Burdick

14 auteurs racontent les chroniques de Harris BurdickQuatorze auteurs se prêtent au jeu de la novélisation à partir d’une image et d’une simple phrase de Chris Van Allsburg… difficile exercice !

Paru en novembre 2013 aux éditions l’Ecole des Loisirs, ce recueil de nouvelles regroupe parmi les plus grands auteurs américains du moment, le tout introduit par Lemony Snicket (auteur des Aventures des orphelins Baudelaire) : vous trouverez Sherman Alexie (Dix petits indiens, Flight), Louis Sachar (Le Passage), Lois Lowry (Le Passeur, L’élue, Compte les étoiles) ou encore Stephen King (Shining, Carrie, Misery)… rien que ça !

Chaque nouvelle s’inspire librement des dessins (sur)réalistes et fouillés de Chris Van Allsburgh, un illustrateur connu notamment pour ses albums Jumanji, Boréal-Express ou encore Zathura (les trois ont d’ailleurs été adaptés en film).

Le roman-ci tire ses illustrations de l’album Les mystères de Harris Burdick qui n’est fait que d’illustrations et de mystérieux sous-titres…c’est à partir de cette matière ténue que des auteurs ont lancé leur plume sur les chemins énigmatiques de l’œuvre de Chris Van Allsburg.

Quand le fantastique s’invite dans la réalité…

Ce recueil de nouvelles est très inégal en termes de qualité et d’intérêt des différentes histoires : il est difficile d’en parler de façon globale, c’est pourquoi nous allons vous parler des nouvelles qui sont selon moi les plus marquantes. Mais avant, voici la lite complète des nouvelles contenues dans ce recueil :

  • Archie Smith, le petit Génie de Tabitha King
  • Sous le tapis de Jon Scieszka
  • Un étrange jour de juillet de Sherman Alexie
  • Disparition à Venise de Gregory Maguire
  • Un autre lieu, un autre temps de Cory Doctorow
  • Des hôtes imprévus de Jules Feiffer
  • La harpe de Linda Sue Park
  • La bibliothèque de M. Linden de Walter Dean Myers
  • Les sept chaises de Lois Lowry
  • La chambre du troisième étage de Kate DiCamillo
  • Le désert de Halloween de M.T. Anderson
  • Capitaine Tory de Louis Sachar
  • Oscar et Alphonse de Chris Van Allsburgh
  • La maison de Mapple Street de Stephen King

Chroniques Harris Burdick - Sous le tapisSous le tapis de Jon Scieszka : En sept pages seulement, vous avez le droit à une belle nouvelle à la chute teintée d’un humour sombre. Un jeune garçon qui aurait dû écouter sa grand-mère va conclure un peu trop tard que la procrastination peut être fatale au sens premier du terme…

Une nouvelle courte et efficace qui s’amuse des vieilles citations que nos aïeux ont (parfois trop) souvent à la bouche… mais ils ont souvent bien raison ! Excellente nouvelle à l’humour bien noir qui est l’une des meilleures du recueil. Elle est simple, courte et efficace… que demander de plus ?

Chroniques Harris Burdick - Un étrange jour de juilletUn étrange jour de juillet de Sherman Alexie : Deux enfants, Timmy et Tina, sont absolument insupportables. Tellement invivables qu’ils ont trouvé une nouvelle idée pour rendre tout leur petit monde complètement chèvre : se créer une troisième sœur en la personne…d’une robe.

Si leur robe-sœur ne va pas à l’école, alors eux non plus. C’est ainsi que Mary Elisabeth St Pierre (la robe) se retrouve à l’école, se promène avec son frère et sa sœur, joue avec eux, toujours tenue par la manche par chacun d’eux… jusqu’au jour où ! Quelque chose d’étrange et d’inquiétant se produit. Cet événement clos ainsi l’histoire de manière brutale, qui nous laisse presque sur notre faim. Nous aurions aimé en savoir plus sur Mary Elisabeth St Pierre, la robe vide qui fait office de sœur aux deux petits garnements…

Chroniques Harris Burdick - La harpeLa harpe de Linda Sue Park : Une nouvelle très belle sur une amitié entre sœurs qui va devoir s’améliorer. Les deux jeunes filles ne savent faire qu’une seule chose, se crêper le chignon à longueur de temps. Leurs parents n’ont qu’une seule solution dans ces cas là : leur faire faire un tour dehors pour respirer un peu. Emma et Frances vont ainsi se balader dans la forêt et découvrir l’objet le plus incongru qui soit : une harpe.

Mais cette harpe n’est pas comme les autres et va les enchaîner le temps qu’il faudra à une magie qui va les forcer à collaborer et à s’entendre. En effet, l’une des deux sœurs va se transformer en grenouille… et pour briser le sortilège, elles vont devoir jouer un air qui « a le pouvoir d’apaiser un cœur sauvage… ».

En parallèle de cette histoire, nous suivons un jeune homme qui est « enfermé » chez son grand-père pour les vacances, et cela est bien loin de lui plaire… Comment ces deux histoires de vies sont-elles liées ? Comment jouer de la harpe, même avec de l’aide, quand on est une grenouille ? Et encore plus difficile, comment apaiser un cœur sauvage ? Là est toute la question de cette nouvelle qui séduit avec des personnages simples et réalistes.

Chroniques Harris Burdick - Les sept chaisesLes sept chaises de Lois Lowry : Une des nouvelles les plus étranges du recueil, et pour cause, l’image qui l’accompagne n’est pas facile à expliquer, même par le biais d’une nouvelle. Mary Katherine Maguire possède un don très spécial : celui de pouvoir léviter, mais seulement sur des chaises… et uniquement sur des chaises bien spéciales.

La nouvelle s’étale ainsi sur plusieurs décennies de la vie de Mary Katherine : cette dernière découvre qu’elle ne peut léviter que sur certaines chaises bien particulières. L’une d’elle provient de sa chambre, l’une encore de chez un antiquaire… elles n’ont rien de spécial en apparence, mais Mary Katherine « sent » qu’elles acceptent de voler avec elle.

Une nouvelle bien spéciale dont la fin est belle, originale et surprenante et qui colle parfaitement à l’univers mystérieux de Chris Van Allsburg.

Chroniques Harris Burdick - Le désert de HalloweenLe désert de Halloween de M.T.Anderson : Certainement l’une des meilleures nouvelles du recueil : où nous suivons un jeune garçon un peu trop curieux de ce qui l’entoure. Alex Lee est né le jour d’Halloween, son anniversaire a ainsi toujours revêtu quelque chose de très spécial pour lui : tout le monde se déguise et fait la fête, il y a des bonbons à foison… bref, être né à cette date est une chance ! Mais Alex est un garçon un petit peu trop curieux, qui au cours d’une de ses pérégrinations en vélo va voir son attention attisée par une étrange chose sur la route…

Sans vous en dire plus, cette nouvelle est vraiment l’une des meilleures pour la simple et bonne raison que sa chute est vraiment inattendue. L’illustration qui l’accompagne, avec cette citrouille qui brille de façon si étrange est également parfaitement justifiée. A lire, et à relire…

Alors qu’en est-il des autres nouvelles non mentionnées ? Elles ne valent pas franchement le détour, notamment celle de Tabitha King (qui n’est autre que la femme de Stephen King), très courte, mais qui n’apporte pas grand-chose.

La nouvelle Disparition à Venise est très étrange, peu compréhensible… à point tel que l’on se demande si l’on n’est pas passé à côté de quelque chose. L’histoire du Capitaine Tory est sympathique, de même que La bibliothèque de M. Linden mais pas de là à marquer les esprits de façon durable… et c’est ce que l’on demande à une nouvelle : qu’elle soit percutante.

Enfin, la nouvelle de Stephen King non plus n’est pas extraordinaire, elle revêt l’ambiance de mystère et d’étrangeté qu’affectionne l’auteur mais sans nous embarquer comme il sait si bien le faire dans certaines de ses autres nouvelles, dommage.

Harris Burdick insideLe bilan de cette lecture est donc assez mitigé puisque que sur les quatorze nouvelles, à peine un tiers valent réellement le coup (selon moi) d’être lues. Quoi qu’il en soit, l’initiative de créer des nouvelles à partir de simples images et d’un sous-titre est excellente, le seul regret étant l’inégalité desdites histoires.

Chronique : Les petits pains de la pleine lune

Les petits pains de la pleine luneIntemporel, magnifique et captivant, un roman qui montre toute la force et la poésie des écrivains asiatiques.

Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel, ce roman atypique est paru aux éditions Philippe Picquier en janvier 2011, dans leur collection jeunesse.

Mais ne vous méprenez pas, quand on dit « jeunesse » ici, il faut tout de même penser à des lecteurs de quatorze ans et plus, de part les thématiques traitées et la façon dont elles sont abordées.

L’auteure, Gu Byeong-mo, est née à Séoul en 1976. Elle a fait des études de littérature coréenne et a été éditrice avant d’écrire. Etre auteure est pour elle un rêve devenu réalité quand elle a remporté la seconde place du Changbi Prize for young-adult Fiction avec Les petits pains de la pleine lune (The Wizard Bakery en langue originale). Il s’agit de son premier roman traduit en France. Le second est sorti en mai 2013 sous le titre Fils de l’eau (éditions Picquier), et s’adresse cette fois-ci à un lectorat adulte.

Comment croiser l’histoire d’une étrange boulangerie et celle d’un jeune garçon malheureux dans sa propre famille ?

Tout commence quand un jeune garçon débarque essoufflé dans la boulangerie de son quartier : « Cachez-moi s’il vous plaît » sont ses premier mots. Mais que s’est-il donc passé pour qu’il puisse trouver refuge… dans une boulangerie ?

L’histoire de notre jeune narrateur (dont on ne saura d’ailleurs jamais le nom) est aussi triste qu’étrange. Abandonné par sa mère quand il était enfant en plein milieu d’une immense gare, cette dernière s’est ensuite suicidée. Par la force des choses, bien après ce drame familial, et sans aucun événement déterminant, il est devenu bègue.

Entre temps, son père s’est remarié avec une femme : Madame Bae. Cette dernière avait déjà une fille : Mouhui. Les relations qu’entretiennent cette petite famille recomposée sont dénuées de sentiments : son père semble s’être marié pour avoir du linge propre et plié tous les jours, des repas prêts le soir quand il rentre (très tard) du travail.

Mme Bae elle, prend de plus en plus de place dans la maisonnée au fil du temps, comme si elle avait peur que son beau-fils réclame la moindre chose au désavantage de sa propre fille, Mouhui. Notre héros se retrouve à rester dans sa chambre pour ne pas être tourmenté.

Les contes de fées comme références intemporelles

L’auteure a voulu faire une référence permanente aux contes de fées avec son roman, en particulier avec le conte Hansel et Gretel (comme elle le dit elle-même) et la boulangerie magique. Mais une terrible belle-mère, cela n’est pas sans rappeler d’autres contes de fées, chose que Gu Byeong-mo tient à le souligner à travers son récit :

« Tu es encore très jeune, tu aimerais croire aux contes de fées, mais tu sais que ce ne sont que des histoires. La belle-mère de Cendrillon n’existe absolument pas, ni celle de Blanche Neige. »

En effet, les époques changent, mais l’homme et sa nature eux, restent immuables : jalousie, haine, méchanceté sont des sentiments universels et intemporels. C’est pour cela qu’existe Wizard Bakery, l’étrange boulangerie de quartier de notre narrateur.

Les petits pains de la pleine lune (korean version)Du merveilleux culinaire au menu

Même si cela n’a pas de réel terme, j’aime à classer les romans traitant d’imaginaire et de nourriture dans une catégorie particulière : la fantasy culinaire (pensez à Charlie et la chocolaterie, Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices, La pâtisserie Bliss, etc). Les petit pains de la pleine lune en fait partie, et chose unique, il s’adresse aux adolescents, au contraire des autres ouvrages destinés à des lecteurs entre huit et dix ans.

Les descriptions des produits proposés par Wizard Bakery sont absolument fascinants (et terrifiants aussi) : entre la poésie et la magie, on se laisse entraîner dans un monde d’odeurs et de plaisirs mêlés.

En effet, les produits proposés ne sont pas destinés à tout le monde, mais à un public averti. Parmi les produits existants : Macarons de la mémoire aux amandes, Moka éternel au café ou encore Flan porte-bonheur… autant de produits censés aider certaines personne en bien… ou en mal. Une chose est sûre, on adorerait être à la place du héros et découvrir les recettes étranges du sorcier-pâtissier tenant la boulangerie !

Peut-on changer son avenir si on le connaît à l’avance ? Et surtout, le voudrions-nous ? La réponse est loin d’être simple… Gu Byeong-mo nous propose ici un roman réfléchi et profond sur l’innocence et l’enfance disparue à travers un imaginaire unique.

Les petits pains de la pleine lune pocheLoin de se cantonner au genre fantastique, Les petits pains de la pleine lune séduira également par la réflexion qu’il offre sur le nature de l’être humain, ses aspirations, mais également ses vices… Un roman âpre, sans compromis et rarement doux qui met des mots simples et vrais sur les réalités de la vie, qu’elles soient agréables… ou non.

Mémorable, à mettre entre les mains de tous les lecteurs dès quatorze ans environ, pour tous les lecteurs qui voudraient s’émerveiller tout en restant ancré dans notre monde contemporain. La sortie en format poche est pour novembre, (cf couverture ci-dessous), alors n’hésitez pas à croiser la route de cette étrange boulangerie, à la croisée des chemins et des imaginaires.

Chronique Jeunesse : Azami, le cœur en deux

Azami, le coeur en deuxMarc et Isabel Catin sont mari et femme dans la vie. Ils écrivent ensemble depuis de nombreuses années. Pour écrire ce roman à l’ambiance à la fois ancrée dans les traditions nippones et la modernité occidentale, ils se sont rendus au Japon.

Azami, le cœur en deux est paru aux éditions Nathan en juin 2012 et nous parle de la découverte de la France et de ses mœurs à travers les yeux d’une jeune japonaise, Azami.

Un choc des cultures est en marche

Azami est une adolescente japonaise qui vit avec sa grand-mère dans les traditions que cette dernière lui a transmises ; esprits protecteurs, superstitions, tout cela est le quotidien de la jeune fille. Obâsan (mot japonais pour grand-mère) s’occupe d’Azami comme si elle était sa mère, son père n’étant jamais présent pour elle, tant il travaille comme un fou. Elles vivent au pied du mont Kaïdo, là où les croyances populaires et les légendes ont encore prise, loin de la folie des grandes villes.

Alors quand le père d’Azami lui annonce qu’elle part pour Paris avec lui pendant ses vacances, la surprise est totale. Aussitôt, c’est l’euphorie pour Azami, elle qui s’est vue offrir des cours de français par son père depuis de longues années, elle va enfin avoir l’occasion de le parler.

Ainsi commence l’aventure occidentale d’Azami, qui quitte pour quelque temps sa tendre grand-mère et son mode de vie hors du temps pour une adolescente de notre époque. Place à la vie parisienne et à ses lumières… !

Une découverte culturelle détonante

Quand Azami débarque en France, c’est tout un nouveau monde qui s’ouvre à elle : différent, très ouvert, parfois même désinhibé par rapport à celui qu’elle connaît.

Elle se fait une amie en la personne de Myo chez qui elle loge (ses parents sont des amis de son père). Myo est une adolescente de son âge, parisienne jusqu’au bout des ongles, c’est elle qui va l’initier aux habitudes de la capitale et au mode de vie d’un adolescent « normal » de notre époque.

Amitiés, premiers flirts, Azami va en découvrir beaucoup sur elle-même et sa façon d’être… y compris des parties d’elle qu’elle n’aurait peut-être pas voulu voir poindre.

Ce choc des cultures sera parfois violent pour Azami, qui aura du mal à comprendre la relation parents-enfants telle qu’elle est en occident, la notion de respect des aînés ayant y étant diamétralement opposée.

De même, la relation parfois dominante et cruelle qui règne entre les ados sera également pour elle une source d’incompréhension…

Nous croisons une certaine quantité de stéréotypes dans ce court roman, laissant parfois les personnages à un niveau parfois trop caricatural, notamment la jeune Myo et ses répliques un peu trop impersonnelles. Cependant, l’histoire d’Azami nous rend curieux et avide de savoir vers quoi elle tend, elle qui voit se profiler un choix cornélien entre deux univers que tout oppose.

Le petit plus de ce roman est son côté légendes nippones ou le fantastique prend très légèrement le pas sur le réel. La grand-mère qui essaye de contenter les esprits de l’ordinateur de sa petite-fille pour qu’il fonctionne donne lieu à des scènes amusantes. De même, le personnage de Betobeto-san, un esprit protecteur qui collera Azami tout le long de son voyage est lui aussi très attachant, dans tous les sens du terme.

Au final, Azami, le cœur en deux est un roman sympathique pour les jeunes lectrices à partir de treize ans. Il permet de découvrir brièvement la culture japonaise ainsi que ses traditions en y mêlant un peu de romance et de réflexion. Un bon moment à passer en compagnie d’une héroïne attachante même si l’on aurait apprécié un roman un peu plus dense et moins éphémère.

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Chronique : The Lying Game – tome 1 – Tu es moi

The lying game - 01

Comment réagiriez-vous si vous découvriez que vous avez une sœur jumelle ?

Sara Shepard est déjà bien connue chez les adolescents, en particulier les jeunes filles, pour sa série Les Menteuses, publiée chez Fleuve Noir il y a de cela quelques années maintenant. Cette fois encore, la nouvelle série de l’auteure a pour thème de fond le mensonge et les dangers qui en découlent…

Tu es moi, au titre subtilement explicite, est le premier tome d’une série qui comptera au moins quatre tomes (le quatrième sort en juillet 2012 aux Etats-Unis), il est publié chez Territoires, la collection dédiée aux adolescents de Fleuve Noir.

Deux sœurs jumelles que tout oppose réunies par… un meurtre

Emma est une adolescente qui n’a pas vraiment eu de chance dans la vie pour le moment. Abandonnée par sa mère quand elle était petite, elle est depuis trimballée d’une famille d’accueil à l’autre. Sa dernière en date est relativement sympathique, jusqu’au moment où le fils de la famille l’accuse de vol… et montre à sa mère d’accueil une vidéo sur laquelle Emma offre un visage très différent de celui qu’elle affiche habituellement.

Seul problème, cette jeune fille sur la vidéo n’est pas Emma mais quelqu’un qui lui ressemble trait pour trait, dans ce cas difficile pour elle de nier quoi que ce soit…

Expulsée de sa nouvelle famille à la veille de sa majorité, Emma décide alors de retrouver cette fille qui lui ressemble tant… après quelques recherches sur les réseaux sociaux il s’avère que cette mystérieuse fille n’est autre que la sœur jumelle d’Emma : Sutton.

Et comme la suite des événements va le montrer, les deux sœurs ont eu une vie radicalement différente, d’autant que Sutton est morte et qu’Emma va prendre sa place malgré elle.

Une intrigue diabolique dans la jeunesse dorée américaine

Le jeunes américains riches ont tout ou presque pour les satisfaire. Mais c’est justement cette vie opulente qui les pousse à chercher ce qu’ils ne possèdent pas, ils cherchent les frissons et ce parfois de manière extrême… ainsi est né le jeu du mensonge de Sutton.

La sœur jumelle d’Emma va devoir en découvrir les règles vite si elle veut comprendre les amis de Sutton et s’intégrer parfaitement dans son rôle.

Un soupçon de fantastique est mêlé à cette intrigue ancrée dans le réel : le fantôme de Sutton suit Emma dans ses moindres faits et gestes. Mais cette dernière n’a aucun moyen de communiquer avec sa sœur jumelle et ne se souvient de rien ou presque de son ancienne existence d’adolescente insupportable et gâtée.

Le mystère du meurtre de Sutton devient une affaire personnelle pour Emma, malgré le fait qu’elle n’a jamais connu cette sœur.

C’est ainsi que l’on découvre tous les trésors de cruautés que sont capables de développer entre eux les adolescents. Une véritable descente aux enfers pour Emma qui découvre peu à peu qui était sa sœur… et que le fait d’être aussi populaire et sollicitée que l’était Sutton est étouffant : dans tous les sens du terme.

Un vrai bon polar pour ados…filles

Ne nous leurrons pas, cette série est surtout destinées aux adolescentes, on y parle mode, petites robes, instituts de beauté et premier amour parmi toute cette noirceur. On peu donc qualifier cet ouvrage de polar girly.

La psychologie des personnages a évidement ici une place primordiale, ces derniers étant tous des suspects potentiels aux yeux d’Emma… de la famille Sutton en passant par ses meilleures amies. Ces soupçons constants de la part de notre narratrice se traduisent par la description de détails que l’on pourrait considérer comme anodins voire inutiles mais qui peuvent prendre une nouvelle dimension par la suite, au lecteur de faire le tri dans les nombreuses informations et de mener l’enquête de son côté.

Mais bien évidemment, ça n’est pas dans ce tome introductif que nous trouverons la solution.

Enfin, la façon qu’a Sara Shepard de terminer ses chapitres par des twists nous oblige à enchaîner sous peine de rester cruellement sur sa faim. En somme, une intrigue extrêmement efficace, même si elle n’est que peu réaliste, on ne peut s’empêcher de se projeter à la place d’Emma : qu’aurions nous fait à sa place ?

The Lying Game sera parfait pour toutes celles qui veulent s’immerger dans un polar très bien ficelé et surtout, qui tien en haleine jusqu’à la fin (que l’on peut certainement qualifier de frustrante) en attendant le second tome. Dès 14 ans.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Chronique : Cher Inconnu

Cher inconnu

Un très beau roman, plein de sensibilité sur une thématique difficile : les grossesses non désirées chez les adolescentes

Ce roman de l’anglaise Berlie Doherty a été réédité chez Pôle Fiction (collection de poche pour ados de Gallimard) mais il date en fait d’il y a presque vingt ans. La preuve s’il en est que le thème de la grossesse chez les adolescentes n’est pas un « phénomène de société » récent mais bien un sujet de fond qui traverse les époques et les mœurs.

Une histoire d’amour sans aucun nuage à l’horizon…

Ce que vivent Helen et Chris, c’est de l’amour mêlé à de la passion. Ils ont le sentiment qu’ils sont invincibles, que l’avenir leur souri… et il va leur sourire plus ou moins, mais pas de la manière dont ils l’espéraient.

Ils n’ont partagé qu’une seule fois l’intimité qui unis deux êtres qui s’aiment, et cette seule fois à suffit à créer la vie… un fait dont la possibilité même ne leur avait pas effleuré l’esprit, le genre de chose qui n’arrive « qu’aux autres ».

Le style d’écriture est original, mêlant récit épistolaire et journal intime d’adolescent (eh oui, une fois n’est pas coutume, c’est le garçon qui écrit).

Un récit tout en douceur qui ménage ses lecteurs tout en leur ouvrant les yeux

Fini l’insouciance pour le couple d’amoureux qui va devoir prendre de nombreuses décisions sur leur avenir proche. Et même si nos deux adolescents sont loin d’être niais, ils n’étaient pas préparés à être parents si tôt.

La notion de bien et de mal s’efface au fur et à mesure que l’on découvre Helen et Chris. L’une est bonne élève et souhaite entrer au Conservatoire, l’un est un garçon tout ce qu’il y a de plus normal hormis le fait que sa mère ait quitté très tôt le domicile familial pour ne jamais revenir… ils sont insouciants, mais pas irresponsables (on peut toutefois se demander comment ils n’ont pas déjà entendu parler de grossesse et de contraception, chacun ayant seize ans…).

Il faut saluer ici la performance de Berlie Doherty qui expose dans son roman tous les points de vues possibles sur cette grossesse inattendue : celui des parents et des autres membres de la famille, des amis, des élèves du lycée… sans jamais prendre parti pour l’un des camps.

Un exercice d’écriture difficile qui ne peut empêcher le lecteur de prendre parti pour l’un ou l’autre des points de vue, ce qui est d’ailleurs un bien car il pousse ce dernier à fournir une réflexion qui lui est propre sur la question.

Alors pour ou contre, la question n’est pas là mais plutôt dans ce que vous penserez vous après la lecture de cet ouvrage sensible et merveilleux. A lire dès l’âge de quinze ans pour tous ceux qui veulent découvrir un très bon ouvrage sur thème décidément fort délicat.

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Chronique : Les Domestiques

domestiquesUne lecture décevante qui promettait tellement plus….

Quand j’ai vue la couverture de ce livre, je me suis dit « oh, c’est joli, ça donne envie de le lire » car il faut avouer que les couvertures des livres de fantastique et SF, ne sont pas toujours sublimes et que Bragelonne et Milady ont le mérite de faire un vrai travail graphique. Enfin tout ça pour dire que c’est la couverture qui m’a motivée à lire le livre, ainsi que la 4ème couverture qui résumait une histoire intéressante : grave erreur. Les domestiques de Michael Marchal Smith restera une de mes plus grosses déceptions de l’année, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, on s’attend à du fantastique historique, prenant, mystérieux : il n’en est rien, aucune référence à l’Histoire, à peine quelques références aux méthodes de travail de l’époque. De plus, le livre regorge de platitudes et de paragraphes inutiles. L’écriture ne fait pas rêver, et il faut attendre au moins la moitié du livre pour commencer à s’apercevoir qu’il ne se passera rien de plus que ce que l’on a déjà lu. La quatrième de couverture parle d’un bouleversement dans la vie de notre héros, Mark, il n’en est rien. La vie de Mark est triste, d’autant plus que sa mère a une maladie très grave (que l’on suppose être un cancer). Les conflits familiaux sont omniprésents, tellement que les fameux « domestiques » sensés tout de même tenir le premier rôle sont très peu présent, la magie n’est même pas au rendez-vous.

Vous l’aurez compris, j’ai été très déçue par cet ouvrage qui semblait très prometteur, espérons que Milady saura éditer de meilleurs ouvrages que celui-ci.

2/10

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Chronique : Les chroniques de Raistlin – Tome 1 – Les frères d’armes

Les chroniques de Raistlin 02Ce livre est la suite chronologique d’Une âme bien trempée, il est aussi bon que le précédent, voire mieux par certains côtés. Tout ce que je puis vous dire est de le lire de toute urgence, il y a vraiment certains passages mythiques, comme les entraînement de Raistlin qui sont vraiment excellents. De plus, l’histoire qu’il y a en parallèle est vraiment prenante elle aussi, en fait, il n’y a que de bonnes raisons de le lire… voila, tout est dit !

Quatrième de couverture :

La vie des grands hommes n’est pas faite seulement d’instants sublimes. Dans sa jeunesse, le légendaire Raistlin Majere a payé pour le savoir. Bombardé sorcier de guerre – débutant – on imagine sa fureur quand il se retrouva dans un régiment de mercenaires, subordonné d’un mage qui n’avait pas le dixième de ses talents. Et avec Caramaon à ses basques bien entendu !

L’histoire de la Guerre de la Lance prouve que Par-Salian a eu raison de jouer ce tour pendable à Raistlin. Alors que Caramon et lui crapahutaient et découvraient les horreurs de la guerre, Takhisis fourbissait ses armes. Sans s’être frottés à la réalité, les futurs Compagnons n’auriant pas pû relever le défi…

Mais dieux qu’ils en ont bavé !

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