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Chronique Jeunesse : Quand le ciel gronde

Un roman touchant où un garçon en colère contre le monde entier va se lier d’amitié avec un gorille…

Paru le 8 avril dernier aux éditions Auzou, Quand le ciel gronde est un roman jeunesse historique qui s’adresse aux 11/13 ans environ. Son auteur, Phil Earle, s’est inspiré d’une histoire vraie qu’il a remaniée à sa façon. A la base, dans la vraie Histoire, il était question d’un Lion et d’un adulte.
Ici, les héros de cette histoire peu commune sont un gorille et et jeune garçon qui ont tous les deux perdus ce qu’il ont de plus cher…
Je ne pensais pas être touchée par ce genre de roman historique sur fond de Seconde Guerre mondiale, mais le talent de Phil Earle m’a séduite en très peu de pages…

L’histoire d’un jeune orphelin, comme des milliers d’autres

Joseph n’a rien d’exceptionnel. Il a perdu ses deux parents, sa grand-mère s’occupe de lui… jusqu’à ce qu’elle décide de l’envoyer chez une amie à Londres. Au plus près des conflits de la seconde guerre, certes, mais également sous la protection d’une amie de confiance. La grand-mère de Joseph n’arrive plus à tirer quoi que ce soit du garçon en constante rébellion. Mais Mrs F et son caractère sévère réussiront peut-être là où elle a échoué…

Inspiré d’une histoire vraie

Je n’aime pas les romans de guerre. Je n’ai jamais aimé ni été passionnée par tout ce qui touche à la guerre, que ce soit d’un point de vue littéraire ou cinématographique. Je n’arrive jamais à m’attacher ou à me prendre d’intérêt pour l’intrigue ou les personnages. Et pourtant… Quand le ciel gronde a réussit à me réconcilier avec ce sous-genre historique très exploité auquel je ne touche jamais.

Comment l’auteur a-t-il réussit ? Tout simplement grâce au fait qu’il avait des personnages réalistes et convaincants. Joseph en premier lieu bien sûr, mais également celui de Mrs F et du gorille Adonis bien sûr. Mais ce ne sont pas seulement les personnages principaux qui donnent corps à cette belle histoire, ce sont tous les autres qui gravitent autour d’eux. Et je pense que c’est en cela que Phil Earle a réussit.

L’intrigue est aussi simple qu’ultra efficace et on se prend rapidement de compassion pour Joseph, dont la moindre contrariété le fait devenir volcan. Il ne voit qu’une seule échappatoire à sa tristesse : la colère. Son vécu est évidement difficle, mais les explication de l’auteur nous font entre immédiatement en empathie avec lui.
Mais comment un jeune homme peut-il s’approcher d’un gorille durant la seconde guerre ? Comment même une amitié peut-elle naître ? Je ne vous en dirait pas plus à ce sujet, mais la vraie histoire qui se cache derrière le roman est passionnante. A la base, il s’agissait d’un homme adulte censé surveiller un lion du zoo de Londres. Si la caga était détruite par les bombardements, il avait pour ordre de tuer l’animal, trop dangereux pour les londoniens.

Je ne saurais vous dire pourquoi cette histoire m’a touchée, mais elle fut pour moi un coup au coeur. La façon dont peu à peu Joseph apprivoise cet immense gorille (ou est-ce le gorille qui apprivoise le jeune homme en colère contre le monde ?), l’Histoire en toile de fond, la danse des personnages tous interdépendants… C’est une réussite à tous points de vue.

Ce roman pourra plaire à quantité de personnes pour plein de raisons différentes : pour la partie Historique, pour ceux qui se passionnent pour les animaux, pour ceux qui aiment les belles histoires… C’est un superbe texte à découvrir dès l’âge de 11 ans puis sans limite d’âge. Quand un roman est bon il n’y a pas d’âge à recommander !

Chronique Jeunesse : Les enfants des lumières

Quand l’Histoire prend vie grâce à une courte série immersive dans le monde de l’imprimerie… captivant !

Voici une série historique de deux ouvrages écrits à quatre mains qui saura passionner les fans d’Histoire. La saga Les enfants des lumières est en réalité une réédition car La plume de l’ange était déjà paru chez Nathan en 2011, de même que L’encrier du diable (Nathan, 2011). Les ouvrages étaient en poche initialement, puis ont été réédités en grand format en 2016 par l’éditeur, avec des couvertures que je trouve beaucoup moins avenantes… Depuis, malheureusement, les ouvrages ont été épuisés et Nathan n’a pour le moment pas prévu de les rééditer. C’est fort dommage car il s’agit d’une série de qualité dont je vais vous vanter les mérites !

Dans le microcosme d’une librairie familiale

Nous sommes en France, au 18ème siècle, dans le monde feutré de l’imprimerie et de l’édition. Cela n’en a pas l’air, mais à l’époque il était très risqué d’être imprimeur et libraire… Ce qu’on publiait pouvait nous mener tout droit à Vincennes (prison de l’époque). C’est d’ailleurs ce qui va arriver au père de l’héroïne de la série : Judith Amelot.
Pourquoi je parle à la fois d’imprimeur et de libraire ? Tout simplement parce qu’à l’époque les deux métier intrinsèquement liés. Celui qui éditait, corrigeait et imprimait était également celui qui vendait. De nos jours, ces aspects du monde du livre sont totalement séparés, mais il est passionnant de découvrir le fonctionnement de l’époque.

C’est ainsi que nous découvrons le quotidien passionnant de Judith, fille d’imprimeur. Elle va devoir déjouer les nombreux complots qui entourent la publication d’un titre pour sauver sa famille et la vie de son père.

Immersif, réussit et passionnant

Cette saga en deux tomes est absolument passionnante, on y découvre tout un pan des us et coutumes de l’époque le tout amené avec efficacité. Que l’on soit passionné d’histoire ou non, il y a de tout dans ces romans : de l’action, du suspsense, une enquête rondement menée et des personnages charismatiques car bien campés.
En somme, c’est une réussite.

Dans le second tome, le format du roman est différent. Là où La plume de l’ange est un roman des plus classiques, L’encrier du diable est quant à lui uniquement composé d’échanges épistolaires. Il fait suite directement à La plume de l’ange. Plus court que le premier, on y retrouve cependant les mêmes qualités. Et comme vous serez déjà familliers des personnages qui s’échangent ces nombreuses lettres, vous entrerez aisément dans l’intrigue.

L’aspect des romans qui ma le plus séduite (en dehors de l’écriture fluide et bien travaillée), ce sont tous ces faits de l’Histoire que l’on ignore. Tout est bon pour découvrir de nouvelles choses. Ainsi, saviez-vous que l’ouvrage de Rousseau l’Émile a été menacé de ne jamais paraître car s’attaquant trop frontalement à la religion ?
Que lors d’un procès, les rumeurs et les soupçons étaient considérés comme des quarts et des huitièmes de preuves ? Ainsi additionnés lors dudit procès, ils pouvaient devenir des preuves à part entière si l’on réunissait assez de ouï-dire et de soupçons…
Et bien entendu, cela n’est qu’une toute petite partie de ce que vous pourrez découvrir, sans parler de tout l’aspect techniques d’impression qui est très développé (et passionnant !).

Vous l’aurez donc compris, la saga des Enfants des lumières est une petite pépite parfaite pour découvrir l’Histoire. Il n’est pas nécessaire de lire les deux ouvrages pour apprécier l’intrigue, le tout premier peut tout à fait se suffire à lui-même. Pour moi, La plume de l’ange est d’ailleurs le meilleur. Quel dommage que les éditions Nathan aient épuisés les deux ouvrages ! Une réédition en poche serait absolument parfaite et je suis certaine que les ouvrages trouveraient leur public…
Il est dommage d’avoir fait du poche en 2011 puis du grand format à 15€ en 2016 pour ensuite épuiser le texte définitivement de nos jours. Je ne suis cependant pas dans les arcanes du monde de l’édition et ne connais rien aux enjeux… je sais juste qu’en tant libraire, j’aurais eu beaucoup de plaisir à faire passer ces textes de qualité.

Pour ceux et celles qui mettent la main dessus, bravo à vous et bonne lecture ! A découvrir dès l’âge de 12/13 ans environ.

Chronique : The Machineries of Empire – Tomes 1 & 2

Une saga de science-fiction militaire ambitieuse où il faut sérieusement s’accrocher pour en apprécier toute la teneur

Premier tome de la trilogie The Machineries of Empire, Le Gambit du Renard est paru dans la collection Lunes D’encre chez Denoël en fin d’année 2018. Depuis, le second tome intitulé Le Stratagème du Corbeau est paru quant à lui en janvier 2020.

Le troisième tome est encore en attente de parution en France à la date où cet article est rédigé (mai 2021).

Yoon Ha Lee est un auteur américain d’origine coréenne, il a écrit quantité de nouvelles avant de publier son premier roman, Le Gambit du Renard.

Une guerre aux enjeux terribles se prépare…

Dans le premier tome, nous suivons la capitaine en disgrâce Kel Cheris. Pour son précédent combat, elle a fait usage d’armes non conventionnelles, cette incartade va lui coûter cher… Sa punition est aussi étrange qu’originale : elle va devoir fusionner son esprit avec un ancien général de guerre mort et travailler avec lui lors de son prochain combat.

Et justement, cette guerre à venir ne se fait pas attendre : Kel Cheris est promue général à titre temporaire et doit tout faire pour mater l’hérésie qui se profile dans la forteresse des Aiguilles Diffuses…

C’est ainsi que Cheris va tout faire pour redorer son blason aux yeux de l’Hexarcat, mais sans avoir nécessairement tous les éléments pour avoir un avis objectif sur cette guerre…

D’une complexité harassante

La saga The Machineries of Empires est d’une ambition folle, c’est le moins que l’on puisse en dire. Mais elle est également d’une complexité telle qu’elle ne conviendra pas à tout le monde. Ce fut mon cas, passée la moitié du premier tome, j’ai commencé à perdre pied.

Mais j’ai voulu insister car j’ai trouvé l’univers intéressant bien que trop nébuleux. En effet, ne vous attendez pas à la moindre explication sur le système des Six Factions ou l’Hexarcat. Vous souhaitez connaître les enjeux ? Comprendre ce qu’est une guerre calendaire ? Il vous faudra lire entre les lignes le peu d’éléments concrets qu’on vous laisse vous mettre sous la dent. Pour le reste… c’est très peu accessible (de mon point de vue).

Ainsi, passée la seconde moitié du roman, j’ai commencé à réellement perdre pied dans l’intrigue même si c’était encore compréhensible dans les grandes lignes. Et surtout, la fin du premier tome donnait tout de même envie de découvrir le second ouvrage…

Qu’en est-il donc du second tome ?

Moi qui ai eu du mal avec Le Gambit du Renard, j’ai été totalement larguée par Le Stratagème du Corbeau. Une quantité de nouveaux personnages est très rapidement introduite, les lieux d’intrigues sont beaucoup plus nombreux, les enjeux n’en parlons pas… Le premier tome était difficile à appréhender pour moi, le second à eu raison de ma patience et de mes efforts.

J’ai abandonné à la moitié de l’ouvrage, et cela avec beaucoup de frustration car j’avais réellement envie d’aimer cette saga.

Quand je vois le nombre d’avis extrêmement positifs, je me dis que beaucoup de gens ont aimé et surtout COMPRIS la saga. J’avoue être assez dubitative et m’interroge quelque peu : n’y a-t-il pas un peu de paraître derrière ces critiques élogieuses à cinq étoiles sur cinq ? (notamment sur Goodreads).

J’ai lu très peu d’avis tels que le mien où les lecteurs n’ont pas tout compris ou peu apprécié, ce qui me semble assez étonnant. Je ne dis pas que mon avis est une référence – bien au contraire – mais je suis étonnée de voir le nombre de personne qui ont lu, compris et apprécié les romans ! J’ai l’impression d’être passée totalement à côté de quelque chose de génial…

Tout cela pour dire que cette saga n’est clairement pas pour tout le monde, même si on aime la SF comme moi. C’est un mélange de SF militaire et de hard-sf bien poussive alors si c’est votre came, foncez. Sinon, restez sur des terrains plus connus et rassurants pour ne pas être trop déçu.e.

Saluons les magnifiques couvertures de la saga qui sont à chaque fois un régal pour les yeux. Celle du troisième tome n’échappe pas à la règle !
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Ces livres que je n’ai pas réussi à terminer #6

Parfois, pour de très diverses raisons, on n’arrive pas à terminer un livre… Trop dense, trop compliqué, écriture déplaisante, pas le bon moment aussi, cela arrive. On pose l’ouvrage et… parfois on ne le reprend jamais ! C’est ce qui m’est arrivé avec quelques rares ouvrages que je vais vous présenter, tout en essayant de vous dire pourquoi ça n’a pas fonctionné avec moi. Bien entendu, tout cela est extrêmement subjectif…

La vie volée de Jun Do – Adam Johnson – Points

Prix Pulitzer 2013, rien de moins pour cet ouvrage. Il traite de la Corée du Nord et de sa « politique » cruelle voir inhumaine envers tout ennemi du parti (qu’il soit Nord Coréen ou autre d’ailleurs). C’est un livre extrêmement intéressant car il dissèque la façon de faire en Corée du Nord, la réalité du pays et sa violence… On y suit Jun Do (jeu de mot avec John Doe ? qui aux Etats-Unis est le nom que l’on donne aux cadavres non identifiés. Jun Do n’étant qu’un petit pion dans le grand rouage d’un pays aux mécanisme écrasants, je pense que c’est en tout cas l’effet recherché).

Cette mini-chronique n’est pas là pour dire que ce livre n’est pas bien, au contraire… Seulement, je n’ai pas réussit à le continuer, j’ai laissé tomber au bout de 200 pages. Pourquoi ? Trop dense pour moi, beaucoup trop d’informations, difficulté à entrer dans l’histoire bien qu’elle soit simple.

Cela ne retire en rien le fait que ce roman soit très intéressant ! Seulement, je n’avais pas le niveau ou la concentration nécessaire pour l’apprécier dans son entièreté…

Difficile pour moi d’en dire plus car j’ai abandonné cette lecture il y a des années maintenant, et ce n’est que maintenant que j’en rédige un petit à-propos…

Quoi qu’il en soit, si vous cherchez des ouvrages plus accessibles sur la Corée du Nord, son histoire et sa façon de faire, vous avez l’excellent recueil de nouvelles de Bandi chez Picquier : La dénonciation. Un tout autre style, certes, mais extrêmement facile d’accès pour mettre un premier pied dans l’histoire de ce pays à nul autre pareil.

Ce que savait Maisie – Henry James – 10/18

Considéré comme un très grand classique de la littérature américaine, ce roman ne m’a absolument pas atteinte. Malheureusement.

La traduction est assurée par Margueritte Yourcenar, et beaucoup semblent en dire qu’elle n’est pas bonne. De mon point de vue et sans aller jusque là, on peux clairement en dire qu’elle est très datée (1980, plus de 81 ans !) et le texte parfois tarabiscoté, superfétatoire. Peut-être l’ouvrage serait-il plus attrayant avec une nouvelle traduction, ce qui ne serait pas du luxe !

On voit régulièrement de nouvelles traductions paraître (et des textes plus récents tels que Légendes d’Automne de Jim Harrison, paru initialement en 1981, alors pourquoi pas pour ce texte afin de le rendre plus accessible ?

Je pense que je suis passée à côté en partie à cause de cela, car l’histoire en elle-même est très intéressante – et triste aussi – des parents égoïstes, qui ne soucient que bien peu de leur fille qu’ils considèrent comme une charge, rien d’autre. Ils vont tout faire pour la passer pousser dans les bras de l’autre afin de vivre leur vie… Et cette pauvre petite Maisie assiste à ce combat où tous les coups sont permis pour ne plus assumer son rôle de parent déjà inexistant…

Je retenterais peut-être la lecture de cet ouvrage le jour où il sera de nouveau traduit, j’espère que cela arrivera un jour, espérons.

Yaak Valley, Montana – Smith Henderson – Belfond

Ce qu’il y a d’étrange avec ce livre, c’est qu’il avait tout pour me plaire : l’Amérique profonde et rurale, sa pauvreté, ses laissés pour compte…

L’atmosphère y est prégnante, d’un réalisme fort. On y suit un assistant social qui voit de tout et tente tant bien que mal de recoller les morceaux de ces familles en lambeaux pour diverses raisons. Alcool, pauvreté, drogue, maltraitance…

Et malgré la puissance de ce texte, j’ai abandonné à presque la moitié du roman. Pourquoi ? J’ai été quelque peu lassée, je ne voyais pas où l’auteur m’emmenais, et ça m’a gênée.

Je regrette de ne pas avoir su apprécier ce livre à sa juste valeur, mais il n’est peut-être pas fait pour moi. Dommage…

Aliens – Ce que la science sait de la vie dans l’univers – Sous la direction de Jim Al-Khalif

Voici un livre de vulgarisation scientifique qui traite des probabilités qu’il y ait une vie ailleurs que sur Terre dans notre vaste univers. Sujet aussi vaste qu’intéressante. L’ouvrage se propose ainsi de recueillir le sentiment, l’expérience et l’analyse de scientifiques aux spécialités fort différentes : chimiste, physicien théoricien, cosmologiste, généticien… quantité de métiers scientifiques sont ici représentés.

Ainsi, chacun présente du point de vue de sa spécialité quelles pourraient être les formes de vies extraterrestre possibles. Ou leur probabilité, ou comment elles fonctionneraient d’un point de vue physiologique.

Tout cela est très intéressant, mais… les différentes parties (écrites chacune par un auteur différent) sont extrêmement inégales. Certaines sont très intéressantes, et d’autres aucunement mises en valeur… Certains des contributeurs ne savent tout simplement pas vulgariser, ce qui donne un texte très indigeste à lire par moments. Et c’est fort dommage car ça a gâché l’enthousiasme que j’avais pour ce livre…

J’ai tenu jusqu’au trois quarts avant de jeter l’éponge. Pourtant, j’adore les ouvrages de vulgarisation scientifique : Michaël Launey, Stephen Hawking, James Gleick… Mais là, il y a trop d’inégalité dans les différentes parties traitées. Certaines sont passionnantes car l’auteur réussit à se mettre au niveau du lecteur lambda (ce que je suis), et d’autres partent trop vite et trop loin… tellement qu’il est impossible de les suivre sans de solides bases, notamment en chimie… (personnellement je ne comprends déjà pas le schéma de Lewis, alors le reste…).

Dommage, mais ce n’est pas ce que j’appellerais un ouvrage de vulgarisation. Et je pense que ceux qui en savent déjà beaucoup sur le sujet ne trouverons pas leur compte non plus… J’ai comme l’impression que cet ouvrage va avoir de la difficulté à trouver son public, mais peut-être me trompe-je.

Un tardigrade, l’une des stars de la famille des extrémophiles.

Chronique : La mémoire des couleurs

Chronique : L’éducation de Stony Mayhall

De la difficile condition de mort-vivant

Daryl Gregory est un auteur de science-fiction et d’imaginaire qui nous vient des Etats-Unis. Plusieurs de ses romans sont déjà parus en France : Nous allons tous très bien merci (Le Bélial’), After party (Le Bélial’) et enfin L’éducation de Stony Mayhall qui vient de paraître chez Pocket.

Avec L’éducation de Stony Mayhall, Daryl Gregory signe un roman unique et inclassable sur le statut de mort-vivant et ce qu’il implique d’un point de vue social. Intrigué ?

Stony, un bébé pas comme les autres

Les circonstances de la naissance de Stony Mayhall restent floues. De même que la façon dont il a grandit. En effet, Stony n’est pas un enfant comme les autres… il est né zombie. Caché, choyé, aimé par une famille profondément unie, Stony va se construire à travers le prisme d’êtres totalement vivants et normaux. Quel avenir attend Stony ? Comment lui-même se perçoit-il à travers ces référents si différents de lui ? Un magnifique roman spéculatif sur la condition de zombie…

Un roman inattendu et inclassable dont on se souviendra longtemps

Si vous en avez assez des romans post-apocalyptiques où le mot zombie est synonyme d’invasion, d’hécatombes et d’explosions et de tirs à tout-va, ce roman est fait pour vous. Tous les stéréotypes du roman de survie vous seront ici épargnés. L’éducation de Stony Mayall est une sorte de roman/essai sur la condition de mort-vivant. Comment se faire accepter des vivants ? Comment les « convertir » au mode de pensée zombie ? Peut-il y avoir une conciliation entre le monde des vivants et celui des non-vivants ?

Le schéma narratif du roman est lui aussi surprenant. On ne sait jamais où veux nous emmener Daryl Grégory. Impossible de savoir ce qu’il a décidé pour son héros aux chairs mortes ainsi que pour ses camarades zombies.

C’est un roman touchant qui saura vous atteindre grâce à ses histoires dans l’histoire. Profondément humain, drôle parfois, souvent déroutant, vous ne resterez pas indifférent. Stony est incroyable, et les différentes parties du roman qui recoupent sa vie sont aussi différentes que percutantes. Sa façon d’être est également très attachante, notamment quand il se force à manger pour faire croire à sa famille qu’il aime les plats qu’on lui prépare… ! Vous découvrirez aussi bien une enfance heureuse au fin fond d’une ferme isolée, qu’une terrible prison sans oublier une « vie de cavale »… Stony a de multiples vies, et elles sont toutes passionnantes.

Vous y trouverez également tout un pan politique et religieux aussi intéressant qu’inattendu. En effet, les zombies de Daryl Gregory ne se cantonnent pas à mordre. Ils réfléchissent, argumentent, on des opinions politiques sur leur condition et leurs possibilités d’évolution. Cette facette du roman y est extrêmement développée et bien traitée.

……

L’éducation de Stony Mayhall, c’est de la philosophie version zombie, mais également de la très bonne littérature. Un roman absolument inclassable qui nous offre une histoire merveilleuse, humaine, triste parfois, mais inoubliable assurément. A lire pour découvrir une autre façon de traiter le thème surexploité des mort-vivants et s’émerveiller de découvrir que tout n’a pas encore été fait, la preuve !

Chronique : En ce lieu enchanté

Un récit original et touchant… dans le couloir de la mort d’une prison des Etats-Unis

Paru en France en 2014 chez Fleuve éditions, En ce lieu enchanté est un roman de l’américaine Rene Denfeld. Il s’agit de son premier (et seul) roman paru en France.

Un condamné qui refuse d’être sauvé

Un homme (le narrateur), muet, attend. Il attend la fin, qu’il espère proche. Il a commis des choses atroces, et maintenant, il est dans le couloir de la mort. Attendant. Son seul espoir réside dans une mort imminente… Mais c’est sans compter sur la dame, une femme qui fait tout pour sauver les pires criminels de la condamnation à mort, souhaitant leur offrir la vie, même si elle est derrière les barreaux.

Notre terrible criminel ne souhaite qu’une seule chose : que la dame échoue dans sa louable entreprise pour enfin en finir avec ce qu’il est…

Un roman d’une beauté et d’une tristesse infinie…

Si vous cherchez un roman qui respire la joie de vivre, vous pouvez passer votre chemin. Ici, vous aurez rendez-vous avec la violence (parfois latente), la saleté, le désespoir… Et malgré tout ces adjectifs peu reluisants, En ce lieu enchanté est un magnifique roman.

Ce roman, c’est une sublime et terrible incursion dans la misère sociale, celle des Etats-Unis profonds. Avec son lot d’alcooliques, de chômeurs, de familles en perdition… Et le résultat en devient parfois atroce, en la personne de ce criminel que nous suivons tout au long du roman. Mais il n’y a pas que lui qui a des choses à se reprocher, le mal se trouve également à d’autres endroits…

Mais la dame, cette sauveuse qui parcoure avec aisance le couloir de la mort va tout faire pour aider notre criminel de narrateur. Fouillant son passé (parfois sans son accord), refaisant l’enquête en totalité, rencontrant le peu de membres restants de sa famille… Elle récolte ça et là de maigres indices qui peut-être pourront le sauver. Malgré lui ? Toute la question est là…

….

Difficile de développer plus sur ce roman, que dire sinon qu’il est magnifique et dur à la fois. Si vous souhaitez découvrir un texte différent et d’une délicatesse rare, En ce lieu enchanté sera parfait. Il n’est pas des plus évident à découvrir, mais il en vaut la peine.

AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Dédicace : Susan Kaye Quinn en signature exceptionnelle à la Librairie Royaumes

L’auteure américaine de la saga fantastique Mindjack publiée chez MxM Bookmark sera présente pour deux heures de signature à la librairie Royaumes (42 rue de Tolbiac, Paris 13ème – toues les infos en bas d’article).

Quand ? : Le vendredi 3 juin, de 17h00 à 19h00

Où ? : A la librairie Royaumes – 42 rue de Tolbiac, dans le 13ème arrondissement de Paris.

Qu’est-ce que ça raconte ? : Mindjack, c’est une saga d’anticipation qui imagine que l’humanité évoluera. Dans un avenir proche, tout le monde lit dans les pensées de tout le monde… les codes sociaux ont radicalement changés. Même la manière d’enseigner à évolué et fait appel aux capacités mentales de chacun… Et ceux qui n’aurons pas réussit à évoluer se nomment les zéros. Leurs perspectives d’avenir sont quasi nulles et ils ne s’intègrent pas à la société car mis immédiatement à l’écart… c’est le cas de l’héroïne de ce livre, Kira.

Pourquoi j’ai aimé et que je vous le conseille ? : Parce que Mindjack est une série d’anticipation bien pensée (sans jeux de mots !). C’est original, enlevé, le rythme est soutenu. En bref, on est captivés par l’histoire de Kira qui nous emmène bien loin des sentiers battus. C’est une héroïne normale à qui il arrive des choses extraordinaires. J’ai hâte de livre la suite !

Présentation de l’éditeur :

A seize ans, Kira Moore n’est qu’une Zéro, quelqu’un qui ne peut lire dans les pensées des autres, et dont les autres ne peuvent pas lire les pensées non plus. Les gens comme elle sont des parias à qui on ne peut faire confiance, ce qui ne lui laisse aucune chance d’avenir avec Raf, le meilleur ami télépathe dont elle est amoureuse en secret.

Mais lorsqu’elle prend le contrôle de l’esprit de Raf par accident et manque de le tuer, Kira tente de cacher ce nouveau pouvoir qui l’effraie à sa famille, ainsi qu’à Raf lui-même, dont la méfiance grandit chaque jour un peu plus.

Mais les mensonges ne font que se resserrer autour d’elle, l’entraînant au plus profond du monde caché des mindjackers, où prendre le contrôle des gens qu’elle aime n’est que le début de la longue liste des choix mortels qui l’attendent.

Chronique : L’hiver dernier je me suis séparé de toi

Un polar bien retors et sombre, comme les japonais ont le secret…

Peut-être le nom de Fuminori Nakamura vous évoquera-t-il quelque chose ? L’auteur avait attiré mon intérêt il ya quelques années pour son roman Pickpocket. Ce sont maintenant trois ouvrages de cet auteur qui sont disponibles en France avec Revolver et son tout dernier paru en février 2017 : L’hiver dernier, je me suis séparé de toi. Ils sont tous disponibles aux éditions Philippe Picquier.

Un photographe aux goûts artistiques étranges… et mortellement dangereux

Un journaliste est chargé d’écrire un livre sur l’un des meurtriers les plus étranges du moment au Japon. Ses crimes sont si étranges et hors-norme, si malsains et inexpliqués que son profil fascine. C’est ainsi qu’il se retrouve mandaté pour écrire son histoire, ses motivations, ses pensées les plus obscures…

Mais cette plongée intime dans l’âme d’un meurtrier en quête de l’Art absolu est-elle sans danger ? Bien sûr que non… Jusqu’où peut-on fouiller dans le passé sans être soi-même influé par autant de mal ?

Un roman intimiste, sombre et étrange

Comme une grande majorité de romans policiers nippons, vous aurez droit ici à une intrigue à nulle autre pareille. Si vous recherchez quelque chose de classique ou de familier, ce n’est pas avec ce genre de roman que vous le trouverez. Non, L’hiver dernier, je me suis séparé de toi est un roman noir japonais qui va assez loin dans le genre tortueux.

Il s’agit d’une histoire de vengeance, d’esprit tourné et retourné en tout sens, d’amour aux (res)sentiments complexes et d’art où la perfection doit être atteinte, rien de moins. Le meurtrier de cette histoire est un photographe, et pour parvenir au cliché qui marquera les esprits à jamais, ce dernier est prêt à aller très loin… Trop loin.

Mais ce n’est pas le seul élément de l’intrigue qui comporte un réel intérêt. En effet, l’homme qui mène l’enquête pour écrire la biographie du meurtrier est également très intéressant. Peu à peu, on sent que son point de vue, ses pensées évoluent vers… autre chose. Quoi donc ? Impossible de vous le dire, mais les surprises sont de taille et s’enchaînent très vite en fin d’ouvrage !

D’ailleurs, si vous n’êtes pas familier des noms et prénoms d’origine japonaise, n’hésitez pas à noter qui est qui, car la fin du roman se densifie de telle façon qu’il vaut mieux reconnaitre chacun des personnages.

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Quoi qu’il en soit, l’intrigue est passionnante, les révélations fascinantes et menées avec art. Même pour les plus férus de littérature policière, impossible de deviner le fin mot de l’histoire ! Mais tout se tient parfaitement du début à la fin… c’est un régal.

L’écriture de Fumonori Nakamura participe à ce sentiment d’accomplissement. Les chapitres sont très courts, le ton est factuel, efficace, presque clinique. Tout concoure à nous offrir un roman policier original et inclassable comme seuls les japonais en ont le secret.

Alors, si vous aimez les histoires sombres qui peuvent aller loin dans la créativité et la férocité, ce roman est fait pour vous. Attention, c’est aussi retors et malsain que délectable !

Chronique : Nos jours heureux

Un roman touchant ayant pour thème la peine de mort en Corée du Sud…

Gong Ji-young est une auteure sud-coréenne. En France, seulement deux de ses ouvrages sont parus pour le moment : Nos jours heureux et L’échelle de Jacob, tous deux aux éditions Picquier. Son roman Nos jours heureux a même été traduit en anglais.

Malgré un titre aux intonations positives, Nos jours heureux traite d’un sujet qui est malheureusement toujours d’actualité car la peine de mort est toujours pratiquée en Corée du Sud… ou du moins toujours pas retirée de sa constitution, car la dernière peine de mort effective date de 1997 (source : peinedemort.org).

Histoire d’une jeunesse désabusée et en mal de sensations…

La jeune Yujeong a une vie plutôt tranquille et somme toute agréable… et pourtant. Rien ne la rend heureuse ni ne la fait vibrer. Tout passe sur elle sans la marquer : le temps, les rencontres… Elle-même se sait superficielle, mais ne fait rien pour lutter contre sa nature morose voir suicidaire… Mais sa tante, religieuse de son état, décide de prendre les choses en main et oblige Yujeong a faire le bien autour d’elle en allant visiter avec elle des condamnés à mort… Au début, la jeune femme fait cela malgré elle, mais peu à peu, elle va s’attacher à l’un de ces fameux condamnés à mort… Que pourra-t-il bien ressortir de ces singuliers rendez-vous ? Quelque chose d’aussi triste que magnifique…

Une magnifique ode littéraire contre la peine de mort

Beau, sublime, touchant, sensible… les adjectifs pour parler de ce roman sont nombreux, et très positifs. En effet, Nos jours heureux fait partie de ces romans à leur de peau qui savent parler aux lecteurs, les toucher, et les faire réfléchir.

Si vous souhaitez découvrir de la belle littérature, ce roman est fait pour vous. Si vous souhaitez découvrir la littérature coréenne avec un roman aisé à lire tout en étant touché, ce roman est pour vous. Si vous recherchez une belle histoire qui sort des sentiers battus, ce roman est également pour vous.

Vous y trouverez de nombreuses scènes dures et cruelles, mais aussi d’autres qui contrebalancent ce sentiment d’inexorabilité. Toutes sont marquantes pour différentes raisons. C’est ici un roman humain et simple que vous découvrirez, qui vous permettra de vous ouvrir à des questions autour de l’homme en général : sommes-nous déterminés par notre vécu et nos rencontres ? Peut-on changer le cours des choses ? Quelqu’un qui a tué est-il quelqu’un qu’il faut tuer ? Comment prouver l’innocence/la culpabilité de quelqu’un ? Comment avoir justice sans la faire soi-même ? Ces nombreuses questions flottent autour de nous au fil des pages… L’auteur ne vous en donnera pas les réponses, car chacun à la sienne, mais elle vous permettra au moins d’ouvrir votre esprit à la réflexion, tout simplement.

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Nos jours heureux est ainsi un très beau et très dur roman. Très actuel dans sa façon de camper son héroïne perdue et dépassée par son parcours de vie (et son passé). Si vous recherchez un roman à part, touchant et efficace, vous êtes au bon endroit. La littérature coréenne a encore frappé, et c’est toujours aussi plaisant de découvrir un nouvel auteur (nouveau à mes yeux en tout cas !).