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Chronique YA : Les soeurs Hollow

Un one-shot young-adult détonnant, terrible, et inclassable qui saura vous surprendre !

Si vous ne connaissez pas encore l’œuvre de Krystal Sutherland, c’est l’occasion de faire sa connaissance avec Les soeurs Hollow. Elle a déjà deux romans de parus précédemment en France, mais qui ont fait moins de battage sur les réseaux que Les soeurs Hollow chez Rageot. Ses précédents ouvrages se nomment Nos coeurs en désaccord et Un jour plus que parfait, tous deux parus chez PKJ.

La disparition d’une figure mythique du monde du luxe et de la mode

La jeune Grey Hollow est devenue en très peu d’année une véritable star, à tel point qu’elle est même sa propre égérie. Elle est à la fois créatrice de mode, artiste, élevée au rang de déesse par ses fans. Elle ne peux pas dire ou faire la moindre chose sans que ce soit immédiatement relayé, copié, adulé. Alors, quand Grey Hollow disparaît, c’est un drame à l’échelle mondiale. Et cette histoire terrible et angoissante nous est contée par l’une de ses soeurs, la plus jeune : Iris Hollow.

Qu’est devenue Grey ? Que cache son incroyable charisme ? Pourquoi tout est altéré dans son sillage ? Les réponses que va trouver peu à peu Iris ne vont pas lui plaire, mais vont lui permettre de peut-être retrouver sa trace…

Dérangeant, étrange et fascinant !

Quand j’ai lu les premiers chapitres de ce roman, j’avoue ne pas avoir compris immédiatement à quoi j’avais à faire. Roman fantastique ? Horrifique même ? Autre chose ? Les soeurs Hollow est une sorte d’hybride de tout cela, entre le roman creepy et l’intrigue policière, le tout parsemé de légendes écossaises et croyances anciennes.

Le tout est savamment dosé, on bascule doucement du suspense vers l’étrange avec toutes ces fleurs et boutures qui poussent sur le corps d’Iris (un nom parfaitement trouvé). Et de l’étrange, on tombe d’une traite dans l’horreur et une course-poursuite angoissante.

Je ne dirais rien de plus sur le contenu de l’intrigue, je ne veux pas que vous perdiez une miette de cette histoire aussi bizarre que fascinante. Tout y est malaisant et fascinant à la fois, à l’image de Grey Hollow. Et si vous arrivez à deviner la conclusion de cette histoire, je vous tire mon chapeau. Personnellement, je n’ai rien vu venir et et j’ai adoré. Pour une fois, on a affaire à une histoire qui n’est pas trop classique ou cousue de fil blanc, et ça fait plaisir.

Mon seul reproche sera au niveau de la rythmique du roman, vers la seconde partie, il y a quelques longueurs et incohérences qui auraient pu être évitées. Cela alourdi le texte inutilement et fait perdre en dynamique, ce qui est dommage. Mais en dehors de cela, l’ambiance est réussie, et l’intrigue saura vous surprendre !

Alors si vous aimez les histoires glauques et les légendes écossaises, foncez sur ce roman inclassable et génial. Il a été longtemps plébiscité sur les réseaux américains, et je comprends pourquoi il a rencontré un tel succès ! C’est du jamais lu, et ça propose quelque chose de très différent de la (sur)production d’œuvres YA qui parfois se ressemblent un peu toutes. A découvrir dès l’âge de 14/15 ans. Et n’oubliez pas d’accrocher bien fermement votre petit cœur pour ne pas qu’il tombe en cours de lecture.

Chronique YA : La trilogie Le chaos en marche

Paru en France en 2009, le premier tome de La Voix du couteau a lancé une série qui fut rapidement érigée au rang de classique contemporain. Patrick Ness est un auteur d’origine anglo-américaine qui a déjà quantité d’ouvrages à son actif. Il a notamment écrit Quelques minutes après minuit (basé sur les écrits préparatoires de Siobhan Dowd) qui fut adapté au cinéma. Il a également écrit Libération (2018) ou encore Burn en 2020 (PKJ).

Une idée originale jamais lue auparavant

Imaginez un monde où toutes les pensées qui vous traversent l’esprit volent dans les airs et parviennent jusqu’à vos voisins, vos amis, les passants… tout le monde. On appelle cela le Bruit. C’est dans ce monde déstabilisant que vit le jeune Todd Hewitt. Il a treize ans et il est le dernier « enfant » du village de Prentissville, toutes les femmes et les enfants ayant disparus il y a longtemps. Il ne le sait pas encore, mais son destin va basculer : dans cette bourgade où vivent exclusivement des hommes qui entendent toutes les pensées des uns et des autres, difficile de garder un secret. C’est pourtant ce que Todd va devoir faire si il tient à préserver les apparences…

Une dystopie passionnante

Le premier tome du Chaos en marche est terriblement original : un monde au fonctionnement unique causé par le Bruit. Un jeune héros dépassé par ses découvertes et qui grandit malgré lui à force d’enchainer les erreurs de jugement. On retrouve dans La voix du couteau tous les éléments de la dystopie young-adult : un héros/narrateur jeune, un monde hostile aux subtilités nombreuses que l’on découvre peu à peu de façon glaçante et une quête de vérité, de justice.

Todd est un héros intéressant, mais ce n’est au final par le plus passionnant des personnages de cette trilogie pour moi. Je ne vous en dis pas plus par risque de vous gâcher une bonne partie de l’intrigue. Cependant, pour moi Todd n’est pas le plus original des héros dans ses actions ou sa façon de penser les choses. Il est courageux, certes, mais est un peu trop centré sur sa petite personne, même dans des moments terribles. Mais Patrick Ness sait faire évoluer ce héros ordinaire pour le rendre plus crédible et moins « pur ».

Non, le plus intéressant dans cette trilogie, c’est la façon qu’a Patrick Ness de manipuler les actes de certains personnages pour les rendre ambigus. Il arrive à complexifier ce qui paraît aux abords simple. Ici, rien n’est manichéen même si ça y ressemble au début. Plus on avance dans la trilogie plus les frontières entre bien et mal se mélangent jusqu’à se dissoudre… Et je pense que c’est justement cela le message de Patrick Ness : jusqu’à quel point peut-on faire du mal en ayant des buts louables ? Une guerre est-elle bonne juste parce qu’elle est censée sauver plus de vies que de morts causées ?

Il y a énormément de réflexions sur la justice, l’égalité et la liberté. Le second tome fut pour moi le meilleur, car on voit peu à peu ce que de belles paroles peuvent faire comme tort. Comment avance doucement la perte des libertés sans même qu’on s’en rende compte tant c’est pernicieux. C’est malheureusement d’actualité dans certains pays actuellement (ça fait écho à ce qui se déroule en Afghanistan par certains aspects, ça fait froid dans le dos).

A partir du second tome, on change de style de narration, basculant entre plusieurs narrateurs. Le changement à lieu à chaque nouveau chapitre et nous permet d’en apprendre beaucoup plus sur certains aspect de la vie à Nouveau Monde (nom de la planète).

Pour ce qui est du troisième opus, il est pour moi moins passionnant car je n’y ait pas retrouvé l’originalité des deux précédents ouvrages. La narration change de voix à chaque chapitre comme dans le second tome, mais ce n’est pas suffisant pour tenir le lecteur. L’histoire devient beaucoup plus classique avec un fond guerrier qui va persister tout au long du roman. C’est dommage d’avoir perdu cette flamme originale et de basculer dans un final beaucoup plus classique… Cela m’a quelque peu laissée sur ma faim car j’attendais quelque chose de bouleversant. A tel point que je n’ai pas su être franchement touchée par certaines scènes car trop prévisibles…


Il fallait bien évidemment que Patrick Ness trouve une conclusion à cette trilogie. Tout ce que je sais, c’est que les deux premiers tomes ne sont que successions d’action de révélations fracassantes. Le troisième tome sert à boucler le tout de façon réussie mais un peu trop convenue et précipitée à mon goût.

Ainsi la trilogie du Chaos en marche est une réussite malgré quelques inégalités de qualité au fil des tomes. Il faut la lire pour découvrir un univers d’une originalité redoutable, une dystopie sombre et cruelle jamais faite auparavant. La série est lisible dès l’âge de 14/15 ans environ et sera tout à fait lisible par des adultes férus de sf et de suspense. D’ailleurs, Gallimard a sorti la trilogie à la fois chez Gallimard Jeunesse/Pôle Fiction et FolioSF, preuve en est que le public pour cette œuvre est large. Belle découverte à vous.

Chronique : Le Premier

Ce roman est une véritable tuerie, dans tous les sens du terme !

J’ai découvert il y a peu Nadia Coste grâce à son roman Le premier, paru chez Scrinéo en 2015. Et franchement, je ne regrette qu’une seule chose : ne pas l’avoir lu avant ! Dans ce roman qui débute en pleine préhistoire, nous découvrons l’histoire de deux frères de sang que tout oppose… Cette haine va les amener à des actes d’une violence rares… et fascinante !

Depuis cette parution, Nadia Coste a écrit de nombreux romans : L’effet ricochet (Seuil Jeunesse), L’empire des Auras (Seuil Jeunesse), Les élémentaires (Castelmore). Elle a également écrit en 2014 Ascenseur pour le futur (Syros), qui est chroniqué ici sur le blog.

Une haine qui traversera les siècles…

Úrr est d’une jalousie maladive envers son frère Vaïn. Il a tout ce qu’il rêve d’avoir : il sera bientôt considéré comme un homme par le clan, il prendra bientôt la femme qu’ Úrr rêve d’avoir pour lui, il excelle à la chasse, tout le monde l’adore…

C’est ainsi que Úrr va suivre Vaïn lors de la chasse en solitaire qui doit faire de lui un homme… et le tuera. Mais Vaïn n’est pas vraiment mort et Úrr quant à lui devient autre chose qu’un homme… Ainsi commence l’histoire d’une haine ancestrale entre deux frères que tout oppose, et qui traversera les siècles…

Fascinant dans l’horreur et le sang

Dire que j’ai adoré Le Premier est un euphémisme. Ce roman a été une p***** de claque ! C’est plus qu’un coup de cœur, c’est un roman qui restera gravé dans ma mémoire tant je l’ai trouvé magnifique de noirceur…

Avec Le Premier, Nadia Coste nous propose sa version des origines de certains être surnaturels, et son imagination est florissante. Jamais Nadia Coste n’utilise les termes habituels tels que vampire ou loup-garou, et je trouve cela très intelligent. Car en effet, ces termes n’existaient pas à l’époque ou Vaïn et Úrr évoluent.

Elle ne nous épargne rien : ni les scènes sanglantes, ni les passages descriptifs et charnels… Son écriture est crue, violente, pure, comme  l’époque à laquelle tout commence. La façon dont elle nous entraine au fil des siècles jusqu’à l’époque de Rome est un beau tour de force. Alors que l’on pense que Úrr est le mal incarné, peut-être qu’une autre vision des choses viendra à vous au fil des chapitres.

C’est peut-être là le meilleur tour de force de l’auteure : nous faire détester et aimer les pires personnages possibles au travers de leurs quêtes personnelles.

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Alors, si vous ne savez pas quoi lire en ce moment et que vous cherchez un bouquin qui vous prend aux tripes, Le Premier est ce qu’il vous faut. Ce roman est superbe, violent, intelligent, captivant…

Nadia Coste y mélange avec talent l’Histoire, la vraie, et fantastique… Dès 15/16 ans pour les ados, et parfait pour les adultes !

Chronique : Les Chiens

Un roman haletant et terrifiant de réalisme

Récit à connotation hautement autobiographique, Les Chiens nous conte l’histoire d’un jeune homme et de sa mère qui fuient un père/mari violent faisant tout pour les retrouver… Angoissant et captivant, bienvenue dans l’univers d’Allan Stratton. Outre le réalisme profond de l’histoire, vous trouverez également une partie fantastique pour corser le tout… Ce roman est d’ailleurs si ancré dans le passé traumatisé de l’auteur qu’il l’a dédié à Alex, son beau-père, qu’il nomme « le meilleur papa du monde ». Allan Stratton a précédemment écrit un autre roman : Le Secret de Chanda.

Un quotidien crispant et constamment sur le fil…

Pour Cameron et sa mère, il n’y a aucun endroit sûr où que ce soit dans le pays. Ils fuient de ville en ville, jamais assez longtemps pour s’attacher… Se fixer, c’est se mettre en danger, et ça, Cameron et sa mère l’ont bien compris. Mais il se pourrait que cette course-poursuite prenne fin grâce à la bourgade du Creux du Loup… L’endroit est si paumé qu’il est impossible d’être suivi jusqu’ici, même quand on est un psychopathe violent et insatiable comme le père de Cameron… Serait-ce le début d’un renouveau pour la petite famille qu’ils composent à eux deux ?

Mais il semblerait que le Creux du loup recèle d’autres dangers pour Cameron et sa mère… la maison dans laquelle ils vivent donne des sortes d’hallucinations visuelles et auditives à Cameron… Et cerise sur le gâteau, son intégration au collège de la ville ne se passe pas très bien… Que se passe-t-il dans l’étrange et branlante maison ? Cameron a-t-il des hallucinations ou autres chose ? Et qu’est-ce que le voisin, Mr Sinclair cache-t-il ?

Efficace et crispant comme il faut

Peut-être cela tient-il au fait que l’auteur a vécu une partie de ce qu’il écrit, quoi qu’il en soit, son écriture et son histoire sont captivants. Les phrases sont très courtes, incisives, directes. Les descriptions très factuelles, voir cinématographique. On est immédiatement dans l’ambiance, et on voit très bien ce que veut die Cameron quand il décrit la maison dans laquelle ils vivent comme étant tout droit sorti d’un film d’horreur.

Outre l’ambiance mortifère voir carrément flippante de son nouveau lieu de vie, Cameron cogite toujours à cent à l’heure à propos d’une foule de choses : son intégration dans la nouvelle ville, son père qui use de toutes les astuces pour les retrouver (Facebook, bouche à oreille, anciens amis et écoles…).

L’emprise psychologique qu’a le lieu sur Cameron se raffermis au fil des chapitres à un point tel que l’on se met à douter de tout et de tout le monde. Le voisin étrange, le camarade de classe harceleur et un peu violent, le nouveau copain de sa mère… tout participe à sa sensation d’enfermement. Et nous devenons peu à peu aussi paranos que notre jeune narrateur.

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Si vous êtes à la recherche d’un bon thriller fantastique/psychologique adapté dès l’âge de 15 ans, ne passez pas à côté des Chiens. Âmes sensibles, s’abstenir, certaines scènes sont terrifiantes de réalisme, et c’est peut-être ça, le plus inquiétant. Non pas les éléments fantastiques, mais le réalisme poussif du récit par certains aspects.

Avec ce titre, la collection Macadam confirme qu’elle est toujours dans la course et continue à surprendre par des publications efficaces et originales.

Chronique Jeunesse : Théo chasseur de baignoires en Laponie

Un roman fantaisiste aussi drôle que bourré d’imagination où les baignoires peuvent vite mal tourner et revenir à l’état sauvage !

Auteur pour la jeunesse, Pascal Prévot n’en est pas à son premier roman. On lui doit notamment Rien ne presse, majesté (Rouergue), La communauté de l’œuf dur (Milan), Le plus vieux meurtre du monde (Milan) et dernièrement, en juin 2016 : Théo chasseur de baignoires en Laponie.

Le roman a par ailleurs remporté le très prestigieux prix Gulli en 2016 !

Un métier aussi original que dangereux : chasseur de baingoires

Que se passe-t-il quand on s’occupe peu ou pas assez de sa baignoire ? Et bien, elle peut lentement retourner à son état le plus primitif et redevenir sauvage. Elle peut même aller jusqu’à avaler son propriétaire durant son bain ! Mais le métier de chasseur de baignoire est loin d’être répandu, et c’est toujours au père de Théo que l’on demande de régler ce genre de situation périlleuse lorsqu’un cas de baignoire sauvage survient. Chine, Afrique, Grand Nord… il traverse le monde entier pour résoudre ces affaires délicates. Dans cette aventure, nous suivons Théo et son père dans le Grand Nord, plus précisément dans un château où il semblerait que tout ne tourne pas rond…

Une lecture vivante, sympathique et complètement déjantée

Pour avoir l’idée de créer une histoire tournant autour de baignoires meurtrières, il faut déjà avoir une imagination fort débridée ! Et pour développer tout une technicité autour de la chasse à la baignoire (capteurs d’humidité, études comportementale de la robinetterie, etc.), il faut être encore plus imaginatif. Et c’est bien ce que nous propose ici Pascal Prévot : un roman fourni, très bien construit et dont l’univers tien bien la route.

On passe un bon moment de lecture, mais il faut rester bien accroché, car les digressions sur la robinetterie sont nombreuses ! On appréciera également l’amitié qui se créée entre Théo et la jeune fille vivant dans le domaine de Kreujilweck-Potam, Elisa.

A découvrir pour son univers fouillé et totalement unique, mais également pour ses personnages et son intrigue haute en couleurs. Si vous cherchez un récit original et inclassable tout en étant bien écrit, c’est donc ici que ça se passe. C’est une lecture qui demandera un peu plus d’effort que d’habitude à son lectorat, mais ça n’est pas un mal en soi, bien au contraire.

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Ce roman est donc parfait pour des lecteurs dès l’âge de 9/10 ans qui aiment déjà bien la lecture. Je crains que l’ouvrage soit un peu trop débridé pour des lecteurs qui n’aiment pas déjà lire. C’est un bon roman à découvrir, et s’il y a un jour une suite (l’auteur se garde une ouverture à cet effet), je la lirais avec plaisir et curiosité !

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Chronique album jeunesse : C’est mon croncron !

Un album à la narration délirante et imaginative sur le thème du doudou fétiche dont les enfants on du mal à se séparer… gros coup de cœur à l’horizon !

Paru en en septembre 2015 au Seuil Jeunesse, voici un album fun, original et un peu fou signé Lionel Le Néouanic. Dans la sphère de la littérature jeunesse, son coup de pinceau est immédiatement reconnaissable, et apprécié.

C’est l’histoire d’un petit Trucmuche qui s’appelle Pouik…

…qui vit avec sa mom, son pop et… son croncron ! Et oui, Pouik a un doudou qui ne le quitte jamais, même quand il sort dehors pour faire des rencontres et se créer de nouveaux amis. Mais lorsqu’on lui kidnappe son fameux croncron, c’est peut-être justement l’occasion d’apprendre à vivre sans lui, même si c’est très difficile.

Un album génial qui traite d’un sujet déjà très exploité en littérature enfantine

Des livres sur le thème des doudous et de leur séparation avec leurs petits maîtres, il y en a PLEIN : Le mange-doudous de Julien Béziat, Le doudou de la maîtresse de Julie Clélaurin, les petits héros des enfants aussi en possèdent un Trotro, P’tit Loup… etc.

Mais lire un album sur la séparation avec son doudou aussi bien traité le tout avec entrain, humour et efficacité, c’est tout simplement génial. Avec une histoire de petit extraterrestre qui lui aussi possède un doudou, comme chez nous sur Terre, nous découvrons tour à tour : de l’aventure, du suspense, une séparation difficile avec le doudou (pour cause d’enlèvement !), mais également une amitié naissante…

Le texte est vraiment pensé pour une lecture orale (logique me direz-vous vu l’âge du lectorat), cela se ressent dans la façon dont les phrases sont tournées, et comment les jeux de mots sonnent à l’oreille. Cela peut sembler simple à certains d’écrire un ouvrage pour les enfants, mais pour arriver à ce degré de qualité, c’est un travail phénoménal, même avec si peu de texte.

Le tout est très bien mis en scène et raconté, les dessins sont extrêmement colorés, vifs et plaisants. On est sur un ton dynamique et très positif, et c’est le genre d’histoire parfaite à lire aux enfants dès l’âge de 4 ans minimum. Avant, cela risque d’être un peu compliqué à cause des très nombreux (mais géniaux) mots inventés par l’auteur, bravo à lui !

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Alors, que votre enfant ait un doudou fétiche ou non, qu’il ait du mal à s’en séparer ou non, cette histoire est géniale. Il serait dommage de ne la lire que pour traiter de l’épineux sujet qu’est la séparation d’une peluche fétiche avec son enfant. Il faut la lire pour n’importe quelle raison !

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Shadowland – Tome 1

shadowland-1Un thriller sur le fil du rasoir… absolument addictif et surprenant !

Il est paru en avril 2015 aux éditions Bayard, voici le premier tome de Shadowland, par Kate Brian. Dès les premières pages, son thriller sur le fil rempli son office : nous terrifier et nous faire nous sentir en danger, où que l’on soit…

De nationalité américaine, Kate Brian n’en est pas à sa première publication, on lui doit notamment la série Campus ou encore la saga Privilège, très ancrées dans le réel. Avec Shadowland, elle s’essaye à un autre type d’écriture et quitte les potins, apparences et cruautés du monde universitaire de ses deux précédentes séries.

Une adolescente victime d’un dangereux prédateur…

Tout commence avec Rory, une ado ordinaire. Ni sublime ni laide, elle est juste normale, avec son charme particulier. Sauf que… sa façon d’être, son odeur, ont attiré un pervers sexuel. Et il fait partie de son entourage proche puisqu’il s’agit de Steven Nell, son professeur de maths. Mais bien entendu, Steven Nell n’est pas à présenter en tant que professeur, mais plutôt comme l’un des pires criminels en série des États-Unis… son palmarès est aussi terrible qu’impressionnant.

Alors, comment échapper à un tel danger, lui qui est loin d’en être à sa première victime ? Rory est en danger de mort, mais c’est également le cas de toute sa famille… Steven Nell ne laissant jamais de survivants, même si il n’a pas toujours porté ce nom… Attention, lecture sous tension garantie !

Une belle découverte dans la sphère du thriller young-adult

Un bon et pur thriller mâtiné d’un peu fantastique, il n’y en a pas tant que cela de publiés en littérature ado, et Shadowland fait une belle exception à cette règle !

Alors, certes, la narration peut sembler parfois bancale et/ou abrupte, mais cela est justifié en fin de roman, heureusement. On ne gardera pas en mémoire le style de l’auteur, mais bien son intrigue parfaitement agencée et maline. Ainsi, c’est surtout l’ambiance qui prime dans ce type d’ouvrage, bien plus que la narration.

On retiendra donc comme côté extrêmement positif une narration accrocheuse, un style âpre et immédiat. Les chapitres s’enchainent, les mystères également, notamment autour de la bourgade où la famille de Rory trouve refuge, qui semble couver beaucoup de contradictions… pour mieux vous perdre et vous installer dans l’ambiance !

Dans la partie des carences du roman, on retiendra surtout des personnages hyper stéréotypés et caricaturaux…mais le tout réussit à fonctionner grâce à un final impressionnant.

Seul gros bémol qui n’arrive pas à passer d’un point de vue justification et scénario : l’une des actions du FBI vis-à-vis de la protection de la famille de Rory… L’auteur n’a pas assez réfléchi à l’après.

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Shadowland est donc un bon thriller qui a su nous surprendre malgré quelques côtés trop artificiels. C’est assez intriguant pour nous donner une très grande envie de lire la suite à paraître au début du mois de novembre prochain : Pour toujours. A découvrir pour se faire peur : dès 14 ans.

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Chronique : La cuisinière

La cuisinièreUn roman historique tiré d’une histoire vraie fascinante : celle de Mary Mallon, que les journaux surnommaient à l’époque Mary Typhoïde…

Premier roman de Mary Beth Keane à paraître en France, La cuisinière est un roman historique absolument captivant. Entre le monde de la gastronomie et celui des dispensaires, plongez dans un New York du XIXème magnifiquement dépeint.

Initialement paru aux Presses de la cité, l’ouvrage vient de sortir en poche chez 10/18 il y a peu, c’est l’occasion de se faire plaisir ! Pour le moment, La cuisinière reste le seul roman de l’auteur paru en France.

Une femme qui excelle dans son art, celui de la cuisine

Quand débute notre histoire, Mary est encore jeune et à l’avenir devant elle. Excellente cuisinière, les portes des plus riches maisons s’ouvrent à elle facilement grâce à ses excellentes références. Elle peut tout préparer, concocter, mitonner, et elle le fait avec talent. Mary a donc une relative bonne situation, elle est amoureuse et plutôt heureuse, et elle a des rêves, comme celui d’ouvrir une boutique un jour…

Mais le jour où le Docteur Soper tente de la faire venir de force pour analyses, Mary se braque et fuie. C’est le début d’une longue course-poursuite entre la jeune femme et le médecin, qui est persuadé que Mary transmet la typhoïde aux personnes à qui elle prépare les repas. Harcèlement ou réalité ? Quoi qu’il en soit Mary ne croit pas un instant à cette théorie et va tout faire pour le prouver, quitte à y perdre beaucoup…

La cuisinière gfImmersif et historiquement très intéressant

Le fait que La cuisinière soit un récit historique, c’est très bien. Mais qu’il se base sur l’histoire d’une femme qui a réellement existé, c’est encore mieux. D’autant que cette femme qu’était Mary Mallon est extrêmement peu connue, en tout cas dans notre pays. Son cas est unique en son genre : soupçonnée puis traquée et même séquestrée, tout cela sans qu’elle n’ait jamais son mot à dire.

Evidemment, tout cela est romancé, et très bien articulé par l’auteure. On se retrouve à découvrir à la fois un roman historique mais également un récit policier (surtout en ce qui concerne le suspense juridique de l’intrigue).

La vie de Mary Mallon est loin d’être de tout repos, et même son histoire d’amour avec le seul homme de sa vie sera très mouvementée. On ne peut s’empêcher d’avoir beaucoup d’empathie pour cette femme robuste et tenace que rien n’effraye, pas même les médecins. On l’admire et on la soutien, même quand elle fait des erreurs grossières ou dangereuses pour son entourage. C’est en cela que l’auteur est talentueuse : elle explique les décisions de Mary Typhoïde, qui vues de l’extérieur sont terribles. Mais qui vues du point de vue direct de Mary Mallon sont tout simplement normales ou défensives…

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Pour passer un excellent moment de lecture et découvrir un personnage méconnu de l’histoire, La cuisinière est ainsi un roman parfait. Touchant, réaliste et terrible à la fois, le parcours de cette femme hors du commun ne laissera personne indifférent. Ne passez pas à côté, c’est aussi original que percutant, et c’est une façon de découvrir la médecine de l’époque, ses techniques et ses façons d’investiguer… parfois déontologiquement dérangeantes – mais nécessaires ? – à lire et à méditer.

Pour aller plus loin : Découvrez l’histoire de Mary Typhoïde vue du point de vue des services d’hygiène de New-York dans le roman Stupeur, paru aux éditions Lucca en 2021. Chronique ici.

Chronique : La compagnie des menteurs

La compagnie des menteursUn roman historique sombre, haletant et aussi obscur que les âges dont il traite…

Karen Maitland fait partie de ces auteurs qui gagneraient à être connus. Son univers est aussi obscur que saisissant et sa plume absolument efficace ! De nationalité anglaise, sa spécialité est le roman historique sur fond de policier. Avec il y a toujours un ou deux cadavres derrière l’étable, et une quantité de suspects tous plus crédibles les uns que les autres.

En France, nous avons la chance d’avoir trois de ses ouvrages publiés : La compagnie des menteurs (le plus connu d’entre tous), Les âges sombres et La malédiction du Norfolk. Bienvenue dans un univers historique à nul autre pareil…

Un petit groupe d’itinérants qui grossit, grossit…

1348 – Tout commence avec un maître et son apprenti qui traversent l’Angleterre à la recherche de travail tout en fuyant les ports et les grandes villes, où sévit la peste. Puis, la petite compagnie se retrouve à être rejointe par un couple qui attend un enfant, dont le passé reste mystérieux, puis c’est au tour d’un marchand taciturne, etc.

Mais cette petite troupe itinérante fuyant la peste est loin de se douter à quel point elle va devoir lutter pour sa survie ! La maladie est une chose, mais les croyances populaires et les ont-dits sont parfois aussi mortels et autrement plus pernicieux…

Bienvenue dans un pays où les légendes se bâtissent sur rien, où on marie de force des infirmes entre eux pour conjurer le sort d’un village et où la superstition règne en maître… avec la saleté et la maladie…

Grandiose et captivant

Quand on est parti dans ce genre d’ambiance à la fois dure et sordide, on sait que l’on va passer un excellent moment de lecture. Cela peut paraître paradoxal pour certains, mais c’est le sentiment que j’ai quand un roman prend au tripes en passant par tous les stades de l’horreur, de la lâchetés, de la haine, des croyances…

On le devine assez rapidement, chaque personnage de la petite compagnie itinérante à un secret plus ou moins lourd à cacher, parfois même plusieurs ! Mais ce n’est pas le seul intérêt pour lire ce livre. On plonge avec délectation dans une Angleterre où l’ambiance est si magnifiquement retranscrite et où les personnages sont si creusés que l’on s’attache vite au moindre d’entre eux. Ici, point d’action à n’en plus finir, mais plutôt un rythme lent, lancinant, où chacun attend son heure, ce qui créé une atmosphère pour le moins mortifère et sur le fil… Délectable.

.Ici, on nage entre le roman historique, tout en empruntant les codes de l’imaginaire et des contes populaires, sans oublier le côté sanglant et cru des polars. Bref, c’est le mélange de genres ultime, parfait (selon moi). Karen Maitland vous tiens ici avec son histoire, et elle ne vous lâchera pas de sitôt. Même après la lecture, vous y repenserez (les dernières phrases de ce roman tournent encore dans ma tête tant tout est maîtrisé).

Il faut également saluer le travail de traduction assuré par Fabrice Pointeau, car c’est également grâce à lui que l’on se retrouve avec un ouvrage si travaillé et brillamment écrit.

J’espère avoir su vous convaincre avec cette chronique : cet ouvrage laisse un souvenir durable et plaisant. Sa lecture est profonde, captivante et surtout incontournable. Régalez-vous avec ce livre passionnant ! Et puis, la bonne nouvelle, c’est qu’il y en a d’autres… (MAJ 11/2023 – Malheureusement La malédiction du Norfolk et Les âges sombres sont épuisés, mais vous pourrez toujours les trouver d’occasion !).

J’ai lu La compagnie des menteurs sur les très bons conseils d’une amie, il y a presque dix ans maintenant… Et j’ai vendu plus de 500 exemplaires de ce roman tellement je l’ai adoré !

Chronique : L’épreuve – Tome 1 – Le Labyrinthe

L'épreuve - tome 1Paru en France en octobre 2012, Le Labyrinthe (The Maze Runner) est le premier tome de la trilogie à suspense L’épreuve. Depuis sa parution, la série a su conquérir le public français tout comme elle s’est acquis le lectorat américain. La trilogie est maintenant au complet aux éditions Pocket Jeunesse.

Mais ce n’est pas tout : aux États-Unis James Dashner a écrit deux préquels dans le même univers que L’épreuve : The Kill order et The Fever Code. Forte de ce succès, la série est maintenant adaptée au cinéma, dont le premier volet est sorti le 15 octobre 2014 !

Bienvenue à ce qui ressemble le plus à un foyer : le Bloc

 A peine sorti d’un ascenseur qui le mène à la surface, Thomas doit vite reprendre pied avec la réalité… mais c’est sans compter sur sa perte de mémoire. De sa vie d’avant, il ne se souvient de rien hormis son prénom. Ses parents, sa famille, ses amis… il ne sait pas s’il en avait, c’est le néant. Et c’est le cas de tous les adolescents qui vivent ici, sans le Bloc.

Mais qu’est-ce que le Bloc ? Tout simplement le seul lieu de « vie » possible au cœur d’une construction terrifiante : le labyrinthe. Personne ne sait par qui ni pourquoi il a été construit, mais l’édifice semble être un passage obligé vers la liberté… et cette dernière a prix conséquent. En effet, loin d’être un simple dédale, la construction semble receler d’autres mystères…

L'épreuve - tome 1 tie inUn thriller qui se dévore !

Peu à peu, on découvre que le genre littéraire de ce récit n’est pas que le thriller, mais également l’anticipation, plus précisément le post-apocalyptique. Mais contrairement à la grande mode du moment, il ne s’agit pas ici d’une dystopie ! Ici, pas de société régulée comme une horloge pour le bien collectif au détriment de l’individu. Pas de révolution contre le système établi, mais juste un état des lieux de ce qu’il reste de notre futur… et il est fort sombre.

L’épreuve est un roman pour adolescents (et adultes) qui saura séduire tous ceux qui veulent découvrir une action dense et une intrigue sur le fil. Le suspense est omniprésent, les révélations distillées d’une telle façon que c’en est une torture… Entre les portes du labyrinthe qui ne sont ouvertes que le jour, les monstres étranges nommés les griffeurs qui sévissent à l’intérieur et le poison qu’elles distillent, le mystérieux sérum et les transformations… Et encore, ça n’est que la partie émergée de l’iceberg.

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On ne développera pas plus ici les enjeux de ce premier tome pour vous préserver toute la primeur de l’intrigue !

La conclusion est simple : Intelligent, empli d’énigmes, haletant… ce premier tome est une franche réussite qui ne nous donne qu’une seule envie, se procurer rapidement la suite !