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Chronique : Deux enquêtes de Lilith Tereia

La beauté des îles… l’évasion… et des dangers mortels.

Connaissez-vous le sous-genre littéraire nommé « noir azur » ? Peut-être pas et pour cause, il est nommé ainsi par Patrice Guirao et se veut doté d’une spécificité : l’insularité pacifique. Idée intéressante qui si elle réussit à se développer peut donner quelque chose de plus grand.


Ainsi donc, les deux romans qui constituent les enquêtes de Lilith Tereia font partie de ce sous-genre. Bienvenue à Moorea et ses paysages de cartes-postales où l’horreur trouve également sa place !

Une journaliste qui fouille partout et surtout où elle ne devrait pas…

Des cadavres retrouvés autour d’un mystérieux bûcher ou encore de nombreuses disparitions sur une île vivant en huis-clos, voici ce qui vous attend dans les enquêtes de Lilith.
Elle est journaliste à La Dépêche de Papeete et s’investit à fond dans son travail, quitte prendre tous les risques pour trouver les réponses là où parfois la police piétine.
Elle a les contacts, connaît tout le monde ou presque et est connue comme le loup blanc ce qui l’aide grandement dans ses investigations !

Une ambiance plaisante mais des intrigues qui laissent quelque peu à désirer

J’ai adoré découvrir le concept de polar noir azur, mais j’ai été contrariée de découvrir que ces deux romans n’étaient pas à la hauteur de mes attentes de lectrices.
Tout d’abord, le personnage de Lilith est bien trop stéréotypé : une femme forte, parfois rebelle, très intelligente et immensément belle bien sûr (et tatouée, ce qui n’est pas du goût de tout le monde). Pas de pression pour celles qui ne collent pas à cette image…

De plus, la partie policière m’a également peu emballée. Au début du premier tome, Le bûcher de Moorea, j’étais très enthousiaste à l’idée de découvrir un nouveau genre, un nouvel auteur, etc. Mais j’ai été fortement déçue car Lilith n’est pas la seule à être un stéréotype, et l’intrigue policière ne se tient pas au point de captiver le lecteur…

Et je fais les mêmes reproches au second tome, Les disparus de Pukatapu, tout cela sans parler de la vulgarité gratuite dont sont parsemés les livres. Je trouve que le vocabulaire vulgaire parfois utilisé assouvi plus un fantasme de l’auteur qu’une réelle recherche de style.
Seul côté intéressant, le fait que l’on bascule dans l’étrange à un certain point de l’intrigue, tout particulièrement dans ce second tome dont le final est bien trouvé.

Une chose est toutefois plaisante, c’est l’intégration légère d’un peu de surnaturel et de croyances locales. On en apprend un peu plus quelques légendes et la notion de « mana » que nous appelons en occident « sixième sens ». Cette facette des romans apporte une touche d’originalité fort bienvenue, j’aurais même apprécié en apprendre encore plus sur cette culture dont on ne connaît quasiment rien.

Pour conclure, ces deux tomes ne sont pas mauvais en soi, mais ils ne correspondent absolument pas à ce que je recherche dans un polar qu’il soit noir azur ou non. Je trouve que les deux enquêtes policières qui nous sont ici offertes n’offrent pas assez d’allant ni de suspense pour tenir en haleine. De plus, le personnage de Lilith ne m’a pas séduite car je la trouve trop créée de toutes pièces pour être crédible.
Je m’arrêterais donc là avec les aventures de cette journaliste un peu trop badass, si il y a un troisième tome, ce sera sans moi !

TRANCHE d´ÂGE :

Mini-chroniques #12 : Une poupée gonflable malvenue, la survie dans ses pires aspects, une correspondance unique et merveilleuse… et un monstre légendaire qui sévit dans la brume de Prague…

Elles sont de retour pour une douzième fois, voici les mini-chroniques ! Au programme cette fois-ci : de l’humour débridé, du post-apocalyptique survivaliste, une correspondance unique qui traverse les océans entre un libraire et une lectrice atypique et charmante, et un nébuleux classique pour découvrir Prague. Bon voyage !

Wilt 1 – Tom Sharpe – 10/18

Depuis le temps que j’avais envie de découvrir ce grand classique contemporain de l’humour, voici donc le premier tome de Wilt.

Professeur désespéré qui n’aime plus son travail d’enseignant depuis fort longtemps car fatigué d’expliquer à des classes professionnelles l’intérêt de l’œuvre de George Eliot.

Personnage aussi atypique que peu doué, à la femme détestable et écervelé (selon lui du moins car nous n’avons que son point de vue), Wilt essaye justement de se débarrasser de sa femme. Et comme le divorce semble tout bonnement inenvisageable, il ne lui reste qu’une solution : la tuer.

Mais qui dit meurtre planification, vigilance, rigueur… et c’est tout le contraire qu’il va faire ! Pour s’entraîner au meurtre de sa femme, il n’a rien trouver de mieux qu’une… poupée gonflable ! Alors oui, c’est assez drôle car tout va de mal en pis pour lui et ses funestes projets, mais ça m’a tiré quelques sourires, pas plus.

En fait, je trouve que Wilt est un texte qui a mal vieilli. L’image qu’il donne de sa femme est si horrible qu’elle n’en est pour moi aucunement réaliste. Et à l’heure d’aujourd’hui un texte aussi manichéen que celui-ci ne serait peut-être pas passé aussi facilement.

Bien sûr, tout est fait pour que l’on reste sur de l’humour, mais c’est parfois un peu trop gros et potache pour moi… Je ne dois pas être le public cible de ce roman.

J’ai toutefois passé un bon moment de lecture, même si je ne lirais pas les aventures rocambolesques de ce monsieur Wilt (en cinq tomes, tous chez 10/18 pour ceux que ça tente).

Et toujours les forêts – Sandrine Collette – JC Lattès

Connaissez-vous l’autrice Sandrine Collette ? Dans le monde du polar français, elle est extrêmement appréciée et reconnue. Elle écrit des romans assez lugubres, trash et glauques dans leur genre… Mais ici avec Et toujours les forêts, elle change d’horizon littéraire et passe du polar au roman d’anticipation post-apocalyptique. Une réussite ? Pas de mon avis…

Il s’agit de mon premier roman de cette autrice, et je compte bien lire ses polars, mais je pense que l’anticipation n’est pas un genre qu’elle maîtrise. Pourquoi ? Tout simplement car tout ce qu’il y a dans ce roman est du déjà lu. Pas d’originalité dans l’intrigue ou dans l’ambiance (glauque, mais ça on s’en doute quand il ne reste qu’une poignée d’humains c’est vite le bordel).

*ATTENTION SPOIL*

J’ai détesté son soi-disant héros qui fait tant de choses « par amour », y compris un viol réitéré de très nombreuses fois sur une femme qu’il aime à sens unique (heureusement nous n’avons le droit qu’à une seule description déjà bien malaisante et horrible).

* FIN DU SPOIL*

Je n’ai pas aimé tout simplement car ce roman ne nous apporte pas grand chose. On attend qu’il se passe quelque chose. On attend tellement qu’on est super excité quand une pousse de pomme de terre germe… et c’est tout en fait. Il ne se passe rien.

La fin n’est guère surprenante, mais elle a le mérite d’être relativement réussie comparé au reste de l’ouvrage….

Ce que je reproche à ce roman, c’est que quand on l’achète, c’est un nom, une autrice que l’on achète et pas nécessairement un ouvrage de qualité. Je ne doute pas de sa maîtrise des polars, elle a voulu s’essayer à un nouveau genre pour elle, je peux le comprendre. Mais il n’y a rien dans ce livre qui mérite qu’on s’y attarde, que ce soit en termes d’écriture ou d’intrigue…

84, Charing Cross Road – Helene Hanff – Autrement, collection Les grands romans

Grand classique du roman épistolaire, grand classique américain, grand classique tout court. Cela faisait de très nombreuses années que je souhaitais lire et découvrir ce bonbon littéraire… et je n’ai pas été déçue.

Paru il y a plus d’une vingtaine d’années en France chez Autrement, l’ouvrage était depuis longtemps épuisé. Jusqu’à ce que les éditions Autrement se chargent – à nouveau – de remettre au goût du jour cet indispensable somme toute assez méconnu en 2018.

De quoi parle ce roman ? Tout d’abord, il faut savoir qu’il s’agit d’une histoire vraie. Les échanges sont réels, toutes les lettres que vous lirez dans cet ouvrage ont été envoyées entre 1949 et 1968. Cela fait une sacrée correspondance, bien que parfois très espacée dans le temps. Tout ça peut sembler tellement étrange à notre époque de mails et de sms qu’un courrier puisse attendre une réponse pendant de longs mois… Mais c’est là toute la magie de cette époque !

Ainsi, 84, Charing Cross Road est l’adresse de la librairie de livres rares et anciens située à Londres. Suite à une annonce publicitaire, Helen Hanff, autrice de livres pour la jeunesse, décide de leur passer commande de plusieurs ouvrages. C’est comme cela que de mois en années, une complicité s’installe entre l’autrice new-yorkaise et l’un des libraires londoniens, Frank Doel. 

Je n’en dirais pas plus sur cette pépite (n’ayons pas peur des mots), mais c’est tellement touchant, beau et drôle à la fois… Et c’est bourré de références littéraires, bien que parfois ardues, ça reste un régal ! Alors si vous n’avez pas déjà lu cet ouvrage… foncez le découvrir, il vaut le coup.

PS : En faisant des recherches pour cette chronique, j’ai découvert qu’il y avait eu un film tiré de ce roman. Avec notamment Anthony Hopkins dans le rôle du libraire !

Le Golem – Gustav Meyrink – GF Flammarion

Prague est une ville qui m’attire depuis que j’ai lu Fille des chimères de Laini Taylor. Alors, je suis partie là-bas grâce à elle, et c’est une ville magnifique, empreinte d’une architecture fabuleuse. Et quand on part en voyage, même quelques jours, on prend un livre ! Et c’est encore mieux si le livre se déroule dans le lieu que l’on visite, n’est-ce pas ?

Me voici donc dans un bus pour une durée de 13 heures pour Prague ! Et… c’est totalement illisible. Je l’ai lu en entier et je l’ai même relu en partie, mais tout est si alambiqué, touffu, complexe… mélangeant croyances populaires, ésotérisme, religion… Le Golem avait tout pour me plaire mais je m’y suis perdue autant que son héros, Athanasius Pernath, qui ne sait pas si il navigue dans un rêve ou dans la réalité.

J’ai cherché des analyses ou des explications de texte, mais ce roman semble être totalement tombé en désuétude.

Mais même si je n’ai pas tout saisi de ce roman, il y a une chose que j’ai su apprécier, c’est son atmosphère. A la fois mystique et nébuleuse, la Prague du début du XXème siècle y est magnifiquement dépeinte. Même si cela n’est pas suffisant pour apprécier un ouvrage dans son entièreté, cela m’a au moins consolée…

« A peu près tous les trente-trois ans, se répète dans nos rues un événement qui en soi n’est pas particulièrement ébouriffant, et qui pourtant répand une épouvante que rien n’explique ni ne justifie vraiment« .

Chronique : Une autre histoire

Une chute brutale, un témoignage étrange, un lourd passé… Que s’est-il passé exactement dans cette église désacralisée transformée en logement social ?

Paru aux éditions Sonatine en 2018, Une autre histoire est un thriller psychologique écrit par Sarah Naughton. Il est paru depuis en poche aux éditions Pocket en 2019.

La vérité n’est jamais là où l’attend

Mags est une avocate à qui la vie sourit. Du moins, elle a fait en sorte que la vie lui sourit, car son passé est loin d’être reluisant. Elle vit et travaille à Las Vegas, aime son travail, s’est forgé une carrière grâce à son travail…

Mais le passé se rappelle à elle quand elle apprend que son frère a été victime d’une chute. Il est dans le coma, et nul de sait s’il se réveillera. Son pronostic vital étant fortement engagé… Il semblerait que cette terrible chute soit due à un suicide.

En qualité de sœur, Mags est tenue de se rendre à Londres pour voir son frère et s’occuper de l’administratif. Mais à peine est-elle arrivée dans la capitale, elle décide de creuser cette histoire de suicide. Pourquoi Abe aurait-il voulu se suicider ? Et pourquoi le témoignage de Jody, sa petite amie est-il si nébuleux ?

Une histoire qui fonctionne

Dans le genre thriller psychologique, Une autre histoire sait mener son lecteur. Efficace, avec peu de personnages, mais tous très réussis. Une temporalité quelque peu bousculée à bon escient pour ajouter un peu de piment à l’intrigue… J’ai passé un excellent moment de lecture.

Même si certains indices ont parfois été un peu trop évidents, c’est avec plaisir que l’on suit le déroulé de cette histoire dans le Londres des oubliés. Ici, c’est le choc des cultures pour Mags, habitué au meilleur à grâce à son travail d’avocate de Vegas. Mais quand elle décide de vivre dans le logement social de son frère durant le temps qu’il passera à l’hôpital, elle découvre la réalité de la vie pour certains.

C’est donc à la fois un thriller psychologique et un roman social que l’on découvre ici. Une facette de la vie londonienne des laissés pour compte, la difficulté à trouver un travail, à affronter les fins de mois…

Le lieu qui abrite toutes ces âmes perdues est ainsi bien choisi : c’est une église désacralisée qui devient le théâtre central de l’intrigue. Des vitraux pour vitre, une magnifique clé de voute pour plafond, l’église réaménagée pour les plus démunis est un magnifique symbole.

Alors si vous aimez les romans qui se lisent vite et dont vous avez envie de connaître l’issue, celui-ci sera parfait ! Ce n’est pas le genre que l’on relit, mais un passe un excellent moment de lecture, et c’est bien ce que l’on cherche avant tout, non ?

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TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Sang Chaud

Un roman noir qui nous vient tout droit de Corée du Sud… préparez-vous à découvrir la pègre de Busan… ainsi que leur sens de l’honneur !

Si vous ne connaissez pas la littérature coréenne mais que les polars vous plaisent, Sang Chaud pourrait bien être votre prochaine lecture.

Paru dans la toute jeune maison d’édition Matin Calme, l’ouvrage est sorti en librairie en début d’année 2020. Les éditions Matin Calme sont spécialisées dans le polar coréen, cela peut paraître réducteur pour qui ne connaît pas bien la Corée et sa littérature. Mais en réalité, la Corée du Sud est un pays à l’œuvre culturelle qui mérite d’être découverte (littérature et cinéma notamment). Pour en savoir plus, je vous conseille de découvrir l’article dédié à la littérature coréenne que j’ai rédigé ici.

En ce qui concerne Kim Un-Su, il ne s’agit pas de son premier ouvrage en France. Deux autres de ses ouvrages sont déjà parus : Les planificateurs (L’aube/Points) et Le Placard (Ginkgo).

Busan, son bord de mer, ses petits restaurants, ses réseaux illégaux…

Ville balnéaire très prisée en Corée du Sud, Busan est aussi dense que fascinante. Mais derrière la jolie vitrine et les plaisirs de la plage se cachent un monde tentaculaire… celui de sa pègre. C’est d’ailleurs l’un des meilleurs hommes de main de la ville que l’on couvre : Huisu. Il a la quarantaine, n’a rien construit dans la vie, sinon en aidant son boss à développer son empire.

La prison, les coups, les jeux de pouvoirs, les menaces… Huisu à tout vu.

Mais le quarantenaire en a marre des petits délits, des traquenards, des arrangements monnayés avec une police corrompue… Huisu est passé à côté de sa vie, car après plus de vingt ans de bons et loyaux services, il n’a rien. Il vit dans une chambre miteuse, boit et fume beaucoup trop et n’a aucune perspective d’avenir… Si ce n’est de devenir trop vieux pour ce boulot. Car qui héritera de l’entreprise florissante et illégale du boss à la fin ? Pas lui, qui n’est qu’un homme de main, tout sera pour le fils héritier de la maison. Alors, à quoi bon tout ça ?

Un roman qui monte en puissance pour qui sait attendre

Pour ceux et celles qui aiment les polars rapides, incisifs, percutants, Sang Chaud n’est pas de ceux là au premier abord. Il vous faudra apprivoiser son univers et ses très nombreux personnages pour en savourer tous les méandres. Et cela prend du temps, plus de cent pages personnellement.

J’ai trouvé l’immersion dans la pègre de Busan difficile car j’ai eu beaucoup de mal à assimiler les nombreux personnages. En effet, ils sont tous coréens, donc leurs prénoms également, et au début il est difficile de cerner qui est qui. Mais peu à peu, on se familiarise avec chacun d’entre eux (l’univers du roman est presque exclusivement masculin) et on fini par les apprécier. Ou les détester viscéralement pour certains d’entre eux.

Une fois cette étape franchie, ce n’est que du plaisir. Plaisir de découvrir une intrigue aux personnages extrêmement denses, vivants, crédibles. Plaisir à se rendre compte qu’on l’aime bien, ce Huisu qui semble totalement en roue libre. Plaisir à s’immerger dans un univers que l’on méconnaît totalement mais que l’on aime explorer…

« Il n’existe aucun lien entre l’argent, la culture et le statut. L’argent c’est l’argent, c’est tout. »

J’ai adoré découvrir cette pègre que le commun des mortels ne connaît pas mais qui prolifère grâce à toutes sortes de trafics à Busan. Certaines de leurs machinations font sourire tant elles sont minimes, d’autres plus graves, font froid dans le dos. Mais tout cela concoure à nous faire découvrir une Corée que l’on n’imaginait même pas.

Si vous aimez les intrigues très denses, les personnages tellement travaillés qu’ils ont l’air vrais, les histoires sombres et géniales à la fois, Sang Chaud est pour vous.

Ce fut une totale découverte pour moi qui n’avait encore pas essayé les polars coréens (uniquement la littérature blanche), et j’en redemande !

Alors, certes le début est difficile, mais une fois que vous êtes dedans, impossible de lâcher l’histoire de ce bandit/héros qu’est Huisu. Quand je dis héros, il ne faut rien exagérer, mais c’est un malfrat qui a de sacrés principes, et il s’y tient. C’est pour ça que je le trouve admirable et d’un charisme fou.

Conclusion, Sang Chaud est à découvrir absolument pour quantité de raisons : intrigue folle, personnages travaillés à l’extrême… C’est un polar fouillé digne d’un Don Winslow, mais à la sauce coréenne !  

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Chronique : Vis-à-vis

Un thriller psychologique retors, efficace et glaçant

Paru en début d’année 2020 aux éditions Gallmeister, Vis-à-vis est écrit par l’américain Peter Swanson. Et comme souvent avec les éditions Gallmeister, c’est un bon livre rempli parfaitement son office : nous accrocher en peu de mots avec une efficacité redoutable.

Peter Swanson a déjà écrit plusieurs polars parus en France : Chacune de ses peurs, Parce qu’ils le méritaient ou encore La fille au cœur mécanique.

Une soirée entre voisins des plus banales

Hen et Lloyd sont mariés depuis des années et viennent tout juste de déménager dans une maison, près de Boston. C’est ainsi qu’ils vont être invités à diner par leurs voisins… Et c’est en faisant la visite de la maison que Hen remarque un objet qui ne devrait pas être là. Un objet qui manquait à l’appel suite à un meurtre, la pièce maîtresse d’une enquête qui n’a débouché sur rien à cause de sa disparition.

Hen sait que son voisin est dangereux. Et ce dernier a vu dans son regard qu’elle le savait… Seul problème, Hen va avoir du mal à faire entendre sa voix car elle suit un traitement pour des troubles psychologiques depuis des années… Voici le début d’un thriller psychologique implacable.

Immersion totale

Si vous avez envie de vous aérer l’esprit avec un bouquin impossible à lâcher jusqu’à la fin, c’est le livre parfait ! Il y a une telle tension permanente, une telle ingéniosité dans la simplicité de cette intrigue… c’est diabolique et efficace.

Je lis très peu de polars et de thrillers par peur d’être déçue ou pas assez happée par l’histoire. Pour moi un bon polar doit transporter immédiatement en très peu de pages son lecteur. C’est la promesse même de ce genre littéraire à mon sens. Et j’ai été trop souvent déçue…

Mais, Vis-à-vis a réussit à bousculer mes préjugés. Ce que j’ai le plus apprécié ici, c’est l’art du déroulement de l’intrigue avec de nombreux twists (dont un vers la fin qui m’a bien scotchée car je ne l’ai pas DU TOUT vu venir) et le côté haletant tout du long, qui ne nous lâche pas.

Les chapitres sont montés de façon ingénieuse qui rend le tout très addictif, et ils sont courts (une dizaine de pages pas plus).

Et surtout, quand on pense que ça y est c’est bon, enfin Hen pourra souffler. Et bien non. Au contraire, ça devient pire. Donc si vous aviez prévu de poser le livre pour faire autre chose, c’est raté. Parce qu’on veut savoir la suite de façon impérieuse.

Évidemment, la facette « psychologie des personnages » est la plus importante dans ce type de roman. Et elle est ici réussie à merveille. Tout est fluide, logique et on se glisse dans la tête de Hen sans mal. Et peu à peu, on commence à avoir peur pour elle…

Pour tous ceux et celles qui aiment les thrillers psychologiques, Vis-à-vis pourrait bien vous séduire. Ce n’est clairement pas le genre de livre que l’on va vouloir relire plus tard. Mais on passe un très bon moment dans l’immédiateté, alors que demander de plus ? C’est le genre de roman-sucrerie qui se dévore de façon coupable quitte à le lire en quelques heures à peine.

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Chronique bd : Dans les yeux de Lya – Tome 1 – En quête de vérité

L’histoire d’une jeune femme déterminée en quête de vérité sur les zones d’ombres de son accident qui lui a coûté l’usage de ses jambes… Lya trouvera-t-elle les réponses à ses questions qui l’occupent depuis des années ?

Parue en mai 2019 aux éditions Dupuis, En quête de vérité est le premier tome d’une série de bd qui sortirons sous le titre Dans les yeux de Lya.

Le scénario est signé Carbone (La boîte à musique, série de bd en trois tomes), et l’illustration est de Justine Cunha, il s’agit de son premier ouvrage.

Un terrible accident pour démarrer dans la vie

Lya est une jeune femme dynamique, elle arrive à bout de toutes les adversités, et cela malgré son handicap. Au contraire même, c’est son handicap qui lui donne la force d’aller toujours plus loin. C’est ainsi que pour connaître la vérité sur son accident, elle décide de faire des études poussées en droit. Pourquoi ? Afin d’être embauchée dans le cabinet qui s’est occupé de l’affaire il y a des années, et découvrir l’identité du conducteur à qui elle doit son fauteuil roulant…

Mais évidemment, rien n’est aussi simple, et un stage au cabinet ne suffira peut-être pas à extraire un dossier – elle va s’en rendre compte – aussi bien protégé…

Une bd à suspense qui fonctionne

Immédiatement on est pris par l’histoire de Lya et par son besoin de réponses. Les personnages sont aisément reconnaissables, tout y est efficace. Les graphismes épurés sont très beaux, très travaillés, et c’est un plaisir de lire une bd qui nous plonge directement au coeur de l’intrigue.

Cependant, le développement est un peu plus long et traîne un peu en longueur. Pourquoi ? Etant donné qu’il s’agit d’un premier tome, celui-ci est donc très introductif… peut-être un peu trop justement. Vous n’apprendrez rien sur l’affaire de Lya ici, ce tome étant consacré uniquement à l’acquisition du fameux dossier. On se perd dans des circonvolutions pendant un assez long moment, et quand ça devient enfin intéressant… c’est la fin ! Dommage…

En somme, cette bd est intéressante et bien ficelée, mais on peut regretter l’absence de la moindre réponse (ou début de réponse). Nous sommes désormais obligés d’attendre le second tome pour en savoir un peu plus… mais avec rien à se mettre sous la dent, pas sûre que l’on y revienne…

Chronique rédigée pour le site ActuSF.

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Mini-Chroniques #6 : Un manoir bien mystérieux, un fort à garder indéfiniment, une maison d’hôtes japonaise originale et un hôtel comme scène de crime(s)

Vous l’aurez compris dans ce sixième numéro des mini-chroniques, il y a une thématique : celle de l’abri, de la maison, du lieu où l’on est sensé être au mieux. Ce lieu, cet abri, peut également être un enjeu de taille, un fort à garder depuis des décennies, comme dans le classique Le désert des tartares. Ou il peut prendre la forme d’un hôtel de luxe perdu dans la forêt américaine où tout est chaleureux, calme… à l’image de celui décrit dans Meurtres à Willow Pond ! C’est un message subliminal de ma part pour vous dire de rester bien au chaud chez vous en ces temps troubles… rien ne vaut la tranquillité du chez-soi.

Le monde caché d’Axton House -Edgar Cantero – 10/18

Paru initialement chez l’excellente maison d’édition Super 8, ce roman est un bel inclassable. Comme souvent quand on a affaire à Super 8 d’ailleurs ! Il est ensuite paru aux éditions 10/18 pour le format poche.

L’histoire est simple et commence comme beaucoup de récits d’horreurs gothique : un jeune homme vient d’hériter d’un domaine aux allures feutrées, mystérieuses. Lui qui ignorait avoir un parent éloigné, il découvre en même temps sa mort, et son héritage ! Il va donc s’y rendre afin de voir sa toute nouvelle possession… Et il semble qu’il y ai énormément de rumeurs  sur Axton House…

Si vous cherchez un livre atypique, je pense que ce roman rentre sans conteste dans cette catégorie. Mélange de narration classique, d’enregistrements audio retranscrits, de lettres et de carnets disséminés dans tout le domaine, on ne risque pas l’ennui ! Je l’avoue, parfois c’était un peu trop bizarre, étrange et décalé. On ne comprend pas tout, mais justement, si c’était le cas ce ne serait plus aussi mystérieux et plaisant. Je pense donc qu’il faut accepter les nombreuses bizarreries de ce roman, les faire siennes, et apprécier l’atmosphère unique d’Axton House… Et, ne vous perdez pas dans le magnifique labyrinthe du domaine.

Le désert des tartares – Dino Buzzati – Pocket

Pour ceux qui ne connaissent pas le grand Dino Buzzati, je vous invite à le découvrir par le biais de ses excellentes nouvelles – souvent à chute – notamment Le K (chez Pocket également), qui est l’un de mes ouvrages préférés.

Avec Le désert des Tartares, nous sommes dans un roman en huis-clos angoissant parce que terriblement lent, dans l’attente. Tout se déroule dans un fort militaire perdu au milieu des pierres et des terres desséchées où l’on suit le lieutenant Drogo. L’homme a été muté au fort Bastiani, un lieu étrange où il ne se passe jamais rien. Les soldats y sont en garnison depuis des décennies au cas ou les Tartares attaqueraient la frontière, mais il est difficile d’avoir une mission aussi simple et difficile à la fois. S’astreindre à une discipline militaire de fer face à un ennemi qui n’a jamais franchi la frontière, que l’on a même jamais vu… s’avachir et se laisser aller serait tellement facile.

Je ne saurais dire exactement ce qu’il s’est passé pour moi avec ce livre, mais on y ressent toute l’attente et le questionnement du lieutenant Drogo, dont la vie va s’écouler lentement dans le fort. L’écoulement du temps nous semble comme ralenti, il est même parfois pesant de lire tant c’est lent… Dino Buzzati a vraiment bien réussi son coup.

J’ai beaucoup aimé les nombreuses symboliques que charrie ce roman à propos de l’attente, de l’existence, etc.

Le jardin arc-en-ciel – Ito Ogawa – Editions Picquier

Après le succès du Restaurant de l’amour retrouvé, Ito Ogawa a écrit deux romans, Le ruban et Le jardin arc-en-ciel. Il nous conte l’histoire de deux femmes qui s’aiment dans le Japon d’aujourd’hui, et comment elle vont construire leur rêve d’absolu ensemble, face à l’adversité. La vie ne va pas être tendre avec elles et ceux qui les entoure, mais jamais elles ne baisseront les bras.

Je dois avouer qu’après avoir lu Le restaurant de l’amour retrouvé, je ne savais pas si Ito Ogawa allait réussit à faire un aussi beau roman. Pour moi, ce n’est pas le cas. Il est sympathique, très mélancolique, mais il ne reste pas ancré dans les esprits. On y repense pas, même après des années de lecture… C’est un roman à découvrir si l’on est fan absolu d’Ito Ogawa, sinon je le trouve très dispensable.

Si vous souhaitez en lire un autre d’elle, je vous conseille l’excellent La papeterie Tsubaki. Pour moi, c’est Le restaurant de l’amour retrouvé version papetier, mais sans en être une pâle copie.

Meurtres à Willow Pond – Ned Crabb – Gallmeister, collection Totem

Si vous êtes à la recherche d’un bon petit roman policier où l’ambiance prime plus que l’intrigue, cet ouvrage sera parfait pour vous ! Parfait à lire au coin du feu pour se dire qu’on est mieux au chaud que dans cet hôtel de luxe aux allures de chalet perdu dans le Maine, où a lieu l’intrigue… L’histoire est simple et très efficace : un lieu magnifique, un hôtel de charme qui fait rêver, des gens biens sous tout rapport… et un testament en passe d’être modifié ! Autant dire que l’ambiance va vite être électrique…

En qualité de polar, Meurtres à Willow Pond est un ouvrage honnête, qui sans nous surprendre,  nous fait passer un très bon moment de lecture. Encore une fois, c’est plus le cadre et l’ambiance qui priment ici que l’intrigue pure. Une fois qu’on sait cela, on ne peux que se régaler… et s’installer confortablement pour une lecture cocooning…

Chronique : Le Collectionneur

Un tueur en série à la marotte bien particulière : il collectionne les ossements malformés…

Vous avez envie d’un bon gros polar qui vous tiens en haleine ? Avec un criminel retord/flippant ? Le Collectionneur pourrait bien être votre prochaine lecture en ce cas…

L’ouvrage est paru en octobre 2018, aux éditions Slatkine & Cie, il est écrit par l’autrice anglaise Fiona Cummins, dont c’est le premier roman en France. Et tout ce qu’on peut lui souhaiter, c’est qu’il y en ai d’autres à venir…

Les squelettes d’enfants malformés… une passion pour le collectionneur

Quand on a un enfant atteint d’une dysplasie osseuse progressive (aussi appelée maladie de l’homme de pierre), tout ce qui inquiète, c’est le temps qu’il lui reste à vivre. La maladie progresse, par poussées. Le moindre coup, ou choc peut entraîner une excroissance osseuse en quelques heures à peine… La durée de vie de ces malades est d’une trentaine d’années tout au plus.

Dans ces conditions, difficile pour Lilith et Erdman d’être sereins quant à leur fils, Jakey. Tout lui est interdit : courir, faire du vélo, aller à la récréation. Le moindre petit choc étant prohibé de sa vie, il ne peux rien faire. Et forcément, à presque 7 ans, il n’a qu’une envie, avoir une vie normale et profiter comme tous les enfants de son âge.

Mais, un danger plus terrible encore que la maladie rôde. Un tueur qui amasse les os déformées par la maladie depuis des décennies : le collectionneur. Et il attend son heure pour enfin ajouter les os du jeune Jakey et en faire la clé de voute de sa macabre collection… Et il se pourrait bien que la famille de Jakey ne soit pas la seule à devoir s’inquiéter… et c’est ainsi qu’à lieu la disparition de la jeune Clara Foyle.

Couverture de la version anglaise du premier tome du Collectionneur.

Un polar immersif et glauque comme on aime

Si vous êtes fan de polar assez sombre, celui-ci pourrait combler vos attentes. Narration hachée, chapitres courts qui font que l’on dévore le livre plutôt qu’on ne le lit, Le Collectionneur a toutes les qualités du bon polar. Le portrait de ces familles usées par la maladie de leur enfant est extrêmement bien dépeint. Et encore plus, quand Le collectionneur jette son dévolu sur eux et leurs enfants !

Le côté vraiment intéressant de ce roman, c’est que l’on voit que le malheur peut toucher tout type de familles. De la plus désœuvrée à la plus aisée. En effet, la famille de Jakey a du mal à joindre les deux bouts, en particulier à cause des coups de sang d’Erdman, et de son caractère de cochon. Du côté de la famille de la petite Clara, les Foyle sont des gens respectés et respectables dont le mari est médecin. Ils vivent très confortablement, mais cela ne suffit pas face au chagrin, quel que soit le montant de son compte en banque…

Fiona Cummins réussit ainsi à nous dépeindre deux familles totalement différentes, toutes deux très faillibles mais extrêmement humaines. Difficile de les détester (même la mère de Clara Foyle a un côté touchant, même si il faut chercher longtemps) malgré certains travers déplaisants.

En parallèle, nous voyons très peu le fameux Collectionneur… c’est peut-être justement pour qu’on en ai le plus peur possible… Mais très peu de chapitres lui sont consacrés, et ils font à chaque fois froid dans le dos. Cette fascination malsaine pour les « objets osseux rares » est terrible, mais on en vient à être fascinés nous aussi… En cela, c’est très bien travaillé.

Pour ce qui est de l’enquête qui avance au fil des pages, on est tout de suite en immersion ! L’enquêtrice qui gère le dossier est aussi charismatique que cabossée par la vie. Elle ne vit que pour son travail, quitte à délaisser tout le reste… C’est un personnage que j’aimerais beaucoup revoir car elle a un passé intéressant qui lui donne de l’épaisseur.

Ainsi, sans vous dévoiler la conclusion de ce roman, sachez que Le Collectionneur est un très bon polar. Pour ceux qui aiment être pris par une intrigue, c’est parfait. Et les quelques 500 pages qui le constituent se lisent très (trop) rapidement ! Alors, à quand un autre roman de Fiona Cummins ?

Les dégâts causés par une fibrodysplasie ossifiante progressive.

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Chronique : Dans les angles morts

Un roman d’ambiance dense et prenant aux allures de polar…

Premier roman d’Elizabeth Brundage à paraître en France, Dans les angles morts est un livre à part. Paru en janvier 2018 chez Quai Voltaire, l’ouvrage est à la fois un roman noir, un polar à haute teneur psychologique et un magnifique portrait de l’Amérique rurale des années 70/80. Bienvenue donc dans la petite ville de Chosen…

Un terrible meurtre à la hache 

Tout débute avec un mari paniqué qui vient de découvrir le cadavre de sa femme dans son lit, une hache en pleine tête. Qui a bien pu commettre un crime aussi terrible et violent ? Pour quels motifs ? Et dire que leur fille Franny est restée pendant des heures dans la chambre d’à côté, si proche du cadavre de sa mère…

C’est ainsi que l’on part à la découverte du couple que formaient Catherine et George, des relations qu’ils avaient avec leurs proches, leurs collègues… et comment un tel drame a pu se nouer. Hautement psychologique, regorgeant de portraits humains fascinants, Dans les angles morts est un roman parfait et captivant…

Bienvenue dans la petite ville de Chosen…

Chosen : cette ville, Catherine n’a jamais désiré y vivre, et encore moins habiter dans la maison que George leur a trouvée pour eux et leur fille Franny. Surtout quand on connaît le terrible passif de la famille qui y a vécu avant eux. Comme si le malheur était attiré par cette vieille ferme solide mais singulière…

On commence donc à découvrir Chosen, ses habitants, le couple George/Catherine, les mécanismes qui constituaient leur quotidien, leurs habitudes… et leurs travers.

Dans cet ouvrage, que l’on peut assimiler à du roman noir (pas franchement du polar ni du policier), la psychologie des personnages est absolument primordiale. Ils sont d’une profondeur insondable, complexes… vivants. On découvre leurs aspirations, leurs regrets, leurs rancœurs… et peu à peu, un portrait se brosse.

On navigue alors entre le monde professoral et artistique de George et celui beaucoup plus terre à terre de Catherine, qui gère le plan domestique. On alterne également entre l’année 1978, où les Hale habitaient encore leur ferme laitière avant de faire faillite et 1979, quand les Clare se sont installés.

L’un des points les plus positifs de ce roman dense mais fluide, ce sont ses personnages. Ils sont extrêmement précis et clairs dans notre esprit quand on lit leurs descriptions, leurs perceptions… Chacun est minutieusement décrit, chacune de leur pensée décryptée, expliquée, ce qui les rend terriblement réalistes. Parmi les plus touchants, on peut citer la fragile Willis, le charismatique Eddy, et la petite Franny… Ils sont uniques et terriblement touchants.

Et sans parler d’attachement, la complexité de ce qu’il se passe dans la tête de George et de Catherine est également magnifiquement bien pensé. On monte crescendo en puissance, avec de petits détails, puis peu à peu d’autres choses sont amenées et on en vient presque à trouver tout ce que nous écrit Elizabeth Brundage « normal » et logique… malgré tous ses aspects terrifiants.

……

Pour ceux qui aiment les romans d’ambiance où l’on peut se faire hypnotiser par certains personnages (je pense aux superbes frères Clare en écrivant ces lignes…), Dans les angles morts est pour vous. Mélange de genres, flirtant parfois avec l’étrange (quelques lignes à peine sur 530 pages !).

C’est une très belle escapade dans l’Amérique profonde et rurale des années 70 qui ne vous laissera pas indifférent.

Chronique : Ma vie cachée

Un très bon roman à suspense doublé d’une belle romance !

Paru en fin d’année 2017 aux éditions Pocket Jeunesse, Ma vie cachée est un one-shot (pour une fois !) qui nous met dans la peau d’une ado qui est sous protection policière.

Si vous ne connaissez pas encore Becca Fitzpatrick, c’est l’occasion ! L’auteure avait eu un grand succès il y a quelques années de cela grâce à sa saga fantastique Hush-hush (je me rappelle avoir bien aimé le premier tome, mais je n’ai jamais eu l’occasion de lire la suite…).

Une vie emplie de dangers

Stella a été le témoin d’un meurtre lié à la drogue, depuis elle est sous protection policière. Pour pouvoir témoigner lors du procès, elle est donc obligée de changer d’identité, d’adresse, de vie. Avec cette nouvelle vie, Stella dit également adieu à son petit ami Reed, qui lui aussi doit changer d’identité. Ils ne pourront plus jamais se revoir sous peine de griller leur couverture et de se faire tuer. La mère de Stella, toxico reconnue, est quant à elle mise dans un centre de désintoxication… Commence alors pour Stella une nouvelle vie : adieu Philadelphie… et bonjour le Nebraska, dans une petite ville paumée qui lui promet de mourir d’ennui…

Un roman aux allures de thriller diablement efficace

Aussitôt commencé, aussitôt dévoré. Ma vie cachée est le genre de roman qui recèle toutes les qualités d’un bon roman YA, et ça se ressent très rapidement. Tout concoure à nous mettre dans cette ambiance de petite ville perdue au fin fond de la campagne américaine : un diner, des habitants un peu bruts de décoffrage qui se connaissent évidemment tous, un sheriff quelque peu surmené…

Le décor est posé, nous sommes prêts pour l’intrigue en elle-même !

Stella est une ado débrouillarde et volontaire. Bien que dotée d’un assez sale caractère, on apprend vite à l’apprécier pour son dynamisme, son humour et son envie de constamment de dépasser. C’est ainsi que lorsqu’elle est hébergée par une agente de police à la retraite – Carmina – ça fait beaucoup d’étincelles entre les deux femmes, mais leur relation va devenir un des piliers de cette belle histoire.

C’est ainsi que Stella va se retrouver contrainte par Carmina à trouver du travail, ce qui en fait va s’avérer très bénéfique pour le moral en berne de Stella… Mais ce qui va surtout l’aider à tenir, c’est de penser tous les jours à Reed, son amour qu’elle se jure de retrouver un jour, quand tout sera fini. Enfin, ça c’était sans compter sur la présence de Chet, le jeune voisin de Carmina. Un jeune homme indépendant qui a le don de la faire sourire et de la rassurer… Mais auquel elle ne peut rien révéler de son ancienne vie.

Dire que j’ai adoré Ma vie cachée est un euphémisme. Tout est génial dans cette histoire, de sa construction à son développement sans oublier sa conclusion. On est constamment sous tension à cause de la situation de danger permanent subie par Stella. Mais il y a aussi une bonne partie qui fait la part-belle à la romance avec toutes ces ambiguïtés, ses petits signes, etc. Stella cèdera-t-elle au charme rustique de Chet alors qu’elle ne restera que quelques mois dans le Nebraska ?

J’ai trouvé le tout savamment équilibré, entre suspense, romance et pas mal de psychologie également. Ce romand de près de 45O pages fonctionne à merveille, il se dévore ! On appréciera ce retour aux sources qui nous permet d’apprécier la nature, la campagne, les amitiés franches et le goût des choses manuelles, faites avec amour. Plus qu’un roman policier, c’est aussi une ode aux petites bourgades américaines et aux nombreux charmes qu’elles cachent sous leur aspect fruste. Personnellement, j’ai tout de suite été sous le charme du Nebraska et de Chet…

La partie policière de l’intrigue est très bien menée également. Nous n’avons que le point de vue de Stella tout au long du roman. Nous ne savons donc que très peu de choses sur sa mère ou sur son copain Reed, mais les réflexions de Stella qui évoluent au fil du temps nous apportent une vision très intéressante de l’intrigue. Surtout qu’il y a un secret dans le secret !

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Becca Fitzpatrick sait donc très bien mener sa barque et nous entraîne avec une facilité déconcertante dans cette nouvelle histoire. C’est un sans-faute, grâce à la force de ses personnages, même les pires d’entre-eux sont intéressants et crédibles… c’est justement cela qui fait peur…

Si vous voulez un bon thriller mâtiné de romance, c’est donc le roman idéal ! Vous serez immédiatement happé ! A découvrir dès l’âge de 14 ans.