Un véritable hommage aux Livres Dont Vous Êtes le Héros et à l’aventure ! Un pur régal de lecture entre distraction et divertissement.
L’ignoble libraire est le nouveau roman d’Anne-Gaëlle Balpe et Ronan Badel, ils avaient déjà sévit avec deux autres romans, se déroulant eux aussi dans l’univers du livre : L’écrivain abominable et L’épouvantable bibliothécaire. L’ignoble Libraire est paru en début d’année 2023 donc, et il fait la part belle aux livres dont vous êtes le héros. Si vous aviez une dizaine d’années ou un peu plus dans les années 80/90 et que vous avez des enfants, vous allez adorer partager cette lecture !
L’aventure comme maître mot
Sohan est un jeune garçon tout ce qu’il y a de plus normal. Il a cependant une particularité : il adore les Livres dont vous êtes le héros. Non, c’est même plus que cela, il les adule et dès qu’une nouvelle aventure de La Quête d’Aliantys sort en librairie, il se précipite et ne pense plus qu’à ça ! Et justement, l’ultime va sortir, et il compte bien l’acheter dès l’ouverture de la librairie… sauf que, sa libraire n’est plus là. C’est un étrange remplaçant peu commode et franchement flippant qu’il va trouver à la place. L’étrange libraire lui vend le fameux livre tant convoité… mais il va se passer des choses étranges, notamment avec le marque-page qui glisse du nouvel ouvrage…
Sohan l’ignore encore, mais c’est le début des ennuis pour lui. Et surtout, sa perception du monde va être changée à jamais !
Génial, distrayant et efficace !
En grande fan des Livres dont vous êtes le héros, j’ai été heureuse de voir l’hommage qui en est fait tout au long du livre. Mais il y a un second hommage à voir dans ce roman, celui fait aux libraires (merci Anne-Gaëlle Balpe !). Il y a même une explication de ce qu’est le métier et on parle même prix unique du livre lors d’un aparté (très bonne initiative, la Loi Lang étant encore et toujours aussi méconnue malgré ses décennies d’existence).
Ainsi, L’ignoble libraire poursuit la série de la chaîne du livre un peu tordue qui est la leur : en effet, on a eu affaire à L’écrivain abominable (mon préféré de tous) puis à L’épouvantable bibliothécaire (qui m’avais beaucoup déçue) et maintenant le libraire ! Peut-être y aura-t-il un autre opus avec un Atroce Editeur ? Ou un Monstrueux Traducteur ? ou un Terrible Représentant ? Là, la chaîne du livre serait vraiment complète ! Quoi qu’il en soit, les ouvrages se lisent totalement indépendamment donc pas besoin de les lire tous ou dans l’ordre. Il y a bien une légère et subtile référence à L’épouvantable bibliothécaire en fin d’ouvrage, mais cette lecture est tout à fait dispensable.
Ici, il est question de magie, de mondes cachés dans des livres et de vie éternelle. Et Sohan va se retrouver embarqué bien malgré lui dans des aventures qui le dépassent totalement. Heureusement, il est bien entouré, même si rien n’a été planifié et encore moins réfléchi. Et là il va, les jets de dés, bons ou mauvais ne lui seront d’aucune aide…
Avec cette lecture, j’ai retrouvé l’âme de ce qui fait un Pépix : l’amusement, la créativité, l’intrigue originale qui fait que ça fonctionne, et l’irrévérence ! Je dois avouer que depuis quelque temps, j’avais un peu perdu cela dans les derniers ouvrages de la collection, j’ai donc eu un plaisir encore plus grand à lire L’ignoble libraire. C’était un peu comme retrouver un doudou perdu, une sorte de réconfort. On sait pourquoi on est là, et on sait que l’on va se régaler.
Ainsi pour moi, L’ignoble Libraire est un très bon roman Pépix. On y retrouve tous les ingrédients qui font que c’est à la fois rempli d’aventure et d’humour, et plus encore ! Les illustrations de Ronan Badel font comme toujours leur office et complètent à merveille le roman. C’est donc un petit coup de cœur que vous avez là ! Foncez pour découvrir les aventures de Sohan et de sa petite sœur, c’est un régal ! Dès 9 ans.
Voici revenu le temps des mini-chroniques jeunesse avec une petite sélection assez hétéroclite. Ces quatre titres furent sympathiques à la lecture, mais ils ont un point commun pour moi, ils ne sont guère mémorables. Certes, on ne peux pas toujours être dans l’excellence, mais aucun n’a réussi à faire vibrer mon petit cœur de libraire jeunesse… Cela arrive. Ils sont toutefois d’assez bonne qualité pour les jeunes lecteurs et trouverons sans mal leurs lecteurs !
L’enbeille – Eric Simard – Syros, collection Mini Soon
Connaissez-vous la collection de très courts romans Mini Soon ? Il s’agit d’une collection d’ouvrages pour les enfants de 9/11 ans pour découvrir le fantastique et la science-fiction avec des texte d’une cinquantaine de pages maximum. Ici, je vous propose de découvrir la série des Humanimaux créé par Eric Simard qui a rencontré un succès qui perdure encore dans les écoles avec l’Enfaon. Depuis, l’auteur a écrit quantité d’histoires courtes autour de ces fameux Humanimaux ! L’Enbeille, L’Enlouve, L’Enbaleine, etc.
Ici, l’histoire de l’Enbeille est celle d’une petite fille dont les capacités tirées des spécificités de l’abeille lui apportent parfois quelques difficultés au quotidien. Notamment son dard, qui est prêt à piquer violemment quiconque commence à la stresser, ce qui arrive très fréquemment… Elle ne maîtrise que très difficilement son corps, et n’est pas heureuse… d’autant que ses ailes sont bandées et qu’elle n’a jamais pu voler.
Ce court roman est assez touchant (assez mélancolique également), mais toutefois beaucoup moins marquant que le fameux Enfaon. Il plaira toutefois j’en suis persuadée aux jeunes lecteurs car l’aventure se déroule rapidement et avec efficacité !
Marilou et le grand incendie – Valérie Zenatti et Colette Natrella – L’école des loisirs, collection Mouche
Si vous cherchez un petit roman d’aventure mettant en scène des écureuils et des ratons laveurs, vous êtes au bon endroit ! On y suit la jeune Marilou, une petite écureuil qui vit avec ses trois frères et sœurs ainsi que leur maman. Elle n’est plus un bébé, mais pas encore une écureuil adulte… mais un grand incendie de forêt va la forcer à grandir un peu plus vite que prévu !
Pour les enfants qui aiment la nature et les animaux, ce petit roman sera parfait à découvrir dès l’âge de 7/8 ans (tout dépend de leur niveau). L’histoire est sympathique, les illustrations de Colette Natrella se marient parfaitement au texte, elles sont à la fois très classiques et colorées, tout fonctionne.
Alors, certes ce n’est pas un roman mémorable, mais il sera parfait pour les enfants qui commencent à lire de façon fluide et qui désirent lire une jolie histoire d’amitié et d’aventure. Alors, pourquoi pas ?
Punkette & Poupoune – Tome 1 – Les samedis z’électriques – Collection Pépix, Sarbacane
Fraîchement paru dans la fringuante collection Pépix, Punkette et Poupoune est le duo détonnant que forment les filles de Benoît Minville, dont il s’est fortement inspirées pour créer ses deux personnages. Elles sont drôles, complètement fans de rock (comme leur père) et ont beaucoup, beaucoup d’imagination… parfois trop ! Les illustrations sont quant à elles créés par CED, il a déjà scénarisé des bd chez Sarbacane et illustré le Pépix Noé et les animaux très dérangés.
Je dois avouer n’avoir pas eu de coup de cœur véritable pour ce petit roman malgré le vécu fort dont il s’inspire. Punkette et Poupoune sont drôles et attachantes, mais parfois l’histoire devient un peu trop fofolle et décousue à mon goût. Cela est totalement justifié par l’imagination folle des deux sœurs, mais j’ai parfois trouvé ça un peu poussif. Notamment quand il y a un groupe de rock qui s’invite à la maison… Par contre, mention spéciale aux surnoms trouvés par Vinca à ses trèèèès nombreux doudous. De même, les scènes de « discute » entre les deux sœurs sont assez drôles et vivantes.
Au final, c’est un roman sympathique qui plaira certainement à l’âge ciblé, à savoir les 8/10 ans mais c’est loin d’être mon Pépix préféré… Il lui manque un petit quelque chose.
Belle île en trésor – MOKA – Albin Michel Jeunesse
Voici un petit roman jeunesse sympathique comme MOKA en a le secret. L’ouvrage est illustré par la talentueuse et rigolote Caroline Ayrault, au dessin si reconnaissable. L’histoire ? C’est bien simple, il s’agit en réalité de trois histoires toutes trois différentes, avec des personnages qui changent. Mais un maître mot régit ces trois courts textes : l’entraide, la compassion, l’amitié… Et cela de façon très joliment amenée à chaque fois.
Dans la première histoire qui donne son titre à l’ouvrage, nous faisons la connaissance de Lucas, un garçon très inventif. Il aime jouer, taper dans un ballon et surtout… s’inventer des histoires ! C’est grâce à ce talent particulier qu’il va redonner le goût de vivre à un de ses camarades de classe très malade. Une très belle histoire d’entraide et d’amitié naissante.
La seconde histoire, Joséphine a disparu, nous raconte l’épopée que deux cousines qui ne s’apprécient pas vont vivre pour sauver le doudou de la plus petite. Preuve que les préjugés peuvent être combattus quand on possède une cause commune…
La troisième histoire, Les malheurs d’Hortense – très fortement inspirée du vécu de l’auteur, c’est dit en début d’histoire – nous fait suivre une classe de neige et la quantité de catastrophes qu’ils vont devoir endurer. La maîtresse n’en peux plus. Entre le chauffeur de bus qui veux les larguer à 30 km du chalet et le gérant dudit chalet qui mouline, ça devient très vite compliqué ! Et drôle… pour nous lecteurs.
Un ouvrage parfait à découvrir pour les 8/9 ans environ. Les caractères sont écrits assez gros pour mettre en confiance les jeunes lecteurs, et les illustrations (en couleur) de Caroline Ayrault font le reste… et la magie opère !
Ils sont beaux, ils sont frais (ou presque), voici mes dernières lectures dans la catégorie des romans jeunesse ! Au programme, de l’aventure qui nous fera traverser les mondes connus, l’histoire véritable de l’ourse qui a inspiré l’auteur de Winnie l’ourson, ou encore les aventures d’une minuscule souris. Préparez-vous à une sélection avec uniquement des lectures qui m’ont plu (pour une fois).
Wilma la vampire – Chrysostome Gourio – Sarbacane, collection Pépix
Peut-être que le nom de l’auteur vous dit quelque chose ? Si c’est le cas, c’est bien normal car j’ai déjà eu l’occasion de chroniquer l’un de ses roman : Rufus le fantôme ou la grève de la Mort. L’histoire de Wilma la vampire s’inscrit dans le même univers et on va même avoir le plaisir de revoir ce fameux Rufus si attachant !
L’histoire de Wilma est celle d’une jeune vampire qui vient tout juste de déménager, elle habite désormais dans le cimetière où vis Rufus. Avant, elle était dans les forêts denses de Transylvanie, dans les Carpates.
L’aventure va commencer dès lors que l’on apprend le décès terrible de Lemmy, chanteur star du groupe Mordörhead (j’adore le jeu de mots). La petite vampire va tout faire pour tenter de sauver ce qui aurait dû être le concert du siècle.
Ici, pas besoin d’avoir lu les aventures de Rufus pour apprécier pleinement celles de la jeune Wilma ! J’ai trouvé ce deuxième ouvrage de l’auteur encore plus créatif et osé que le premier – dans le bon sens du terme. En effet, le côté plaisant du roman réside dans l’idée d’intégrer beaucoup de clins-d’oeil et références tout au long du roman. Et elles ne sont pas toutes à destination des enfants, qui ne connaissant pas tous le célèbre groupe de rock dont est inspiré Mordörhead.
Pour ce qui est des références pour les enfants, la plus géniale de toutes restera très certainement celle de la Gurty transformée en cerbère (image ci-dessus) pour l’occasion ! Elle est terrifiante avec ses trois têtes féroces… et ses prouts qui le sont plus encore. Mais il y a un autre personnage génial qui s’invite également, c’est celui de l’ange gardien de Carambol’Ange issu d’un roman Pépix écrit par Clémentine Beauvais ! Avec des guests pareils, impossible de ne pas sourire… Et si les enfants ne les connaissent pas, ce sera pour eux l’occasion de les découvrir si ils sont intéressés. Tout cela sans parler des petites mentions discrètes de quantité d’autres romans Pépix : L’ogre au pull vert moutarde ou encore La Sorcitresse sont également mentionnés.
Il y a également toute une partie du roman qui se déroule dans les Enfers, donc c’est l’occasion pour les enfants de découvrir la mythologie d’une façon beaucoup plus fun.
Entre références à la culture pop (dont une à G. Lockhart et son Voyages avec les vampires) et humour décalé très Pépixien, les aventures de Wilma sont un régal… Et encore plus pour qui sait lire entre les lignes !
Winnie et la Grande Guerre – Lindsay Mattick & Josh Greenhut – L’école des Loisirs, collection Neuf
Voici l’histoire incroyable, véridique et documentée d’un ourson venu du Canada qui va traverser l’Atlantique avec des troupes canadienne en direction de l’Europe pour affronter la Grande Guerre. Véritable mascotte de sa troupe, cet ourson a eu une vie incroyable et bien remplie…
Cette histoire, c’est plus que le parcours réel et fascinant d’un ourson, c’est également celle de Harry Colebourn, arrière grand-père de Lindsay Mattick. Elle a réalisé un véritable travail de fourmi et d’historienne pour regrouper toutes les traces du parcours unique de duo que formaient Harry et Winnie. Vous trouverez même en fin d’ouvrage quelques rares photos glanées, ainsi qu’une statue immortalisant l’amitié incroyable du jeune soldat et de l’ourson que vous pouvez retrouver à Londres et à Winnipeg.
Pour ceux et celles qui aiment l’Histoire et les animaux, Winnie et la Grande Guerre me paraît tout indiqué. Surtout que toute une partie du roman est narrée du point de vue de l’ourson. Démuni et apeuré au début du roman, on va le voir peu à peu prendre confiance et s’épanouir grâce à Harry et sa bienveillance.
Winnie va également être un incroyable atout pour le moral des troupes en partance pour l’Europe. Les conditions sont difficiles et même exécrables, mais la présence de l’ourson va leur mettre à tous du baume au coeur…
Ainsi, cette lecture était très plaisante, et je suis persuadée qu’elle a déjà su trouver son public. L’ouvrage sera parfait pour les lecteurs et lectrices à partir de 9/10 ans, d’autant qu’il y a de très jolies illustrations qui parsème le texte joliment…
Meurtres dans l’espace – Christophe Lambert – Syros, collection Mini Syros PLUS
Parfait court roman pour initier les 9/11 ans au policier ET à la science-fiction, Meurtres dans l’espace est une petite réussite. Intrigue efficace et bien ficellée, huis-clos intersidéral glaçant comme il faut… on est dans l’ambiance en très peu de pages. Et ça tombe bien, puisque l’ouvrage ne fait que 130 pages.
On y fait la connaissance de la jeune Alexia, 13 ans, elle vit dans le Space Beagle II, un vaisseau spatial. Ses parents sont des scientifiques de haut niveau, de même que toutes les personnes vivant à bord.
Le problème, c’est que depuis la mort d’un des membres de l’équipage, la tension est à son comble et que rien ne semble pouvoir la faire retomber… Surtout depuis que l’équipage a fait une terrible découverte à propos des conditions du voyage de retour vers la Terre…
C’est dans ce contexte extrêmement tendu et dangereux qu’Alexia va tenter d’élucider le mystère de cette mission spatiale qui tourne peu à peu au cauchemar. C’est efficace, en peu de pages les lecteurs seront plongés dans l’intrigue, c’est une certitude !
L’ouvrage a beau être court, il ne manque pas de cohérence et toutes les réponses à nos nombreuses questions trouverons leurs réponses, et cela jusqu’à la dernière page.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, je ne puis que vous la conseiller vivement pour initier les plus jeunes à deux genres littéraires peu exploités pour cet âge là (surtout les 9/10 ans).
Si vous ne connaissez pas encore la patte toute mignonne de Clothilde Delacroix, Sidonie Souris est l’occasion pour les tous jeunes lecteurs de la découvrir ! Elle a déjà plusieurs albums jeunesse tout aussi mignons à son actif, dont certains mettent en scène des lapins, des loups, des chats… Elle aime tous les animaux, et ça se voit au travers de son œuvre ! (elle adore aussi les lutins, qu’elle a mis en scène dans un MAGNIFIQUE album jeunesse).
Ici, nous suivons le premier petit tome des aventures de Sidonie, une petite souris qui manque d’inspiration pour écrire et qui va partir à l’aventure pour remplir à nouveau son imagination. Et ça fonctionne !
Ce petit roman est un réussite et plaira aux tous premiers lecteurs de niveau CP. Sidonie n’est d’ailleurs pas en reste car un second volume de ses courtes aventures vient tout juste de sortir en mars 2021 : Sidonie & Petit-Bec. Pas d’ordre de lecture, laissez les jeunes lecteurs découvrir Sidonie dans l’ordre qu’il leur plaît !
Le monstre des glaces – David Walliams & Tony Ross – Albin Michel Jeunesse, collection Witty
Si vous ne connaissez pas encore l’œuvre de David Walliams, sachez qu’il est présenté comme étant le digne héritier de Roald Dahl. Chacune de ses sorties est un succès de librairie aussi bien en Angleterre qu’en France. Mais je dois avouer que le temps passant, je trouve que ses ouvrages baissent en qualité… Malheureusement, Le monstre des glaces m’a confortée dans cette idée. Pour moi, David Walliams a perdu son petit grain de folie et de génie qui me faisait sourire dans ses premiers ouvrages.
L’histoire ici est celle d’un mammouth qui est retrouvé parfaitement conservé. Un savant un peu fou décide de le faire revivre pour des raisons plus ou moins avouables… Mais c’était sans compter sur Elsie, une petite orpheline courageuse qui n’a pas froid aux yeux !
La première partie du roman était assez sympathique, mais dès lors que le fameux mammouth est réveillé, l’histoire part dans tous les sens. C’est totalement ubuesque, décousu et pas très drôle… Et j’ai ce sentiment persistant sur mes dernières lectures de David Walliams, à tel point que je ne pense pas en relire avant longtemps…
Je vous conseille cependant de lire ses premiers ouvrages, ils sont géniaux et méritent le détour. C’est d’ailleurs grâce à eux qu’il est désormais présenté comme l’héritier naturel de Roald Dahl. Présentation à nuancer, donc, mais pas totalement fausse… Parmi ses meilleures titres (selon moi), lisez Joe Millionaire, Ratburger ou encore Monsieur Kipu. Ils valent le détour !
Les guerriers de glace – Estelle Faye & Nancy Pena – Nathan, collection Premiers Romans
Un super roman fantastique et français à destination des 8/10 ans, ça vous tente ? Bienvenue dans le petit village de Rosheim, où vivent Alduin et Léna, ils sont amis depuis toujours…
Leur vie est tranquille, sans aucune ombre au tableau sauf quand les Guerriers de glace réapparaissent au village pour enlever une jeune fille… Le village se réunit en secret et décide que ce sera Léna qui sera « offert » aux Guerriers pour préserver la paix. C’était sans compter sur la loyauté d’Alduin et le courage de Léna !
J’ai trouvé ce court roman jeunesse absolument parfait : écriture travaillée, univers original… En effet, il renouvelle gentiment le genre avec une histoire qui ne tombe pas dans un déroulement classique. Pour l’âge ciblé, c’est assez rare pour être souligné car nombre de romans usent d’une intrigue lue et relue…
Il faut dire qu’Estelle Faye est familière des histoires qui sortent des sentiers battus, et cela pour tous les âges (elle est surtout connue pour écrire à destination des adultes – Porcelaine aux Moutons Électriques, Un éclat de givre, Folio SF).
Après avoir terminé cet ouvrage, j’ai découvert que Les guerriers de glace est le premier tome d’une trilogie (et un quatrième tome est à paraître au moment où cette chronique est publiée) ! Il n’est pas indispensable de lire la suite pour que les enfants y prennent plaisir, mais si ils aiment… les deux suites ont de grandes chances de leur plaire !
Poules renards vipères – Tome 1 – Albin – Paul Ivoire – Poulpe Fiction
Dans la même tranche d’âge que les Pépix ou encore la collection Witty, Poulpe Fiction a réussi à se tailler une place de choix dans l’univers ultra-compétitif de la littérature jeunesse.
Ce premier tome d’une série qui en compte trois ravira tous les enfants amoureux d’aventure, de révélations et d’animaux ! On y suit trois personnages censés ne JAMAIS se rencontrer… et pour cause, il sont chacun d’une espère différentes dont les royaumes se font la guerre depuis toujours. Albin est un poussin, Célis est un serpent et Zora une renarde. A eux trois et grâce à leur rencontre fortuite, ils vont déjouer un complot terrible à l’échelle de leurs trois royaumes… Mais le chemin sera semé d’embuches et de dangers.
J’ai beaucoup apprécié cette petite lecture, les personnages y sont mignons (tant graphiquement que dans leur personnalité), l’histoire fonctionne à merveille même si c’est légèrement manichéen par moments.
L’idée de montrer aux lecteurs que tout n’est pas si évident et qu’il faut parfois remettre en questions les informations que l’on nous donne est maline. C’est sur ce chemin dangereux et incertain que va se lancer Albin avec ses amis… avec tous les risques que cela comporte.
En somme, c’est une petite réussite qui ravira les 8/10 ans fans d’animaux, c’est certain !
Comment j’ai changé ma soeur en huître (et une huître en ma soeur) – Emilie Chazerand & Joëlle Dreidemy – Sarbacane, collection Pépix
Soyons clairs, j’ai rarement lu un roman jeunesse aussi barré que celui-là. Rien qu’en lisant le titre, on devine que ça va être détonnant… mais franchement pas à ce point. C’est fou, totalement décalé et génial !
On découvre l’histoire d’un jeune homme prénommé Germain. Pour lui, tout va bien… à l’exception d’une ombre au tableau en la personne de sa grande sœur. Agaçante, désagréable, toujours en train d’appuyer là où ça fait mal… bref Judith est la grande sœur par excellence.
Alors quand Germain a l’opportunité d’échanger la personnalité de sa sœur avec celle d’une huître lors d’un dîner, il n’hésite pas une seconde ! Mais il va très vite le regretter… les huitres ont peut-être 2 de QI, mais elles sont dangereuses… méfiez-vous aux prochaines festivités de Noël.
« C’était mou et froid et visqueux mais avec quelques endroits plus solides et presque… caoutchouteux. Ça devait faire tchouin tchouin sous les dents ça, sûr. »
« – Moi, je veux pas être une huître ! Je suis allergique aux huîtres !
–Bah, t’as qu’à t’auto-manger, idiot ! a dit une autre huître à l(huître allergique aux huîtres.«
Voilà. Je pense que ces deux petits extraits sont assez explicites sur le ton de l’ouvrage : fou et génial.
Je ne puis que vous conseiller de découvrir ce roman parfait pour les enfants dès l’âge de 9 ans… que l’on aime ou pas manger des huîtres, c’est un régal !
Ils sont quatre romans tous très différents, mais avec un point commun : on s’évade dans un autre monde, l’imaginaire est omniprésent ! Féérie, monstres en tous genres ou encore concours culinaires d’ogres, il y en a pour tous les goûts…
Magic Faïnn – Aventures à New York – Slalom
Paru en 2020 aux éditions Slalom, Magic Faïnn est écrit par Fanny Gordon, alias Véronique Delamarre Bellégo et Pascale Perrier. Ce n’est pas la première fois que les deux autrices travaillent ensemble, elles avaient notamment écrit Le Bureau des Fantômes (que j’avais beaucoup apprécié).
Dans Magic
Faïnn, la magie sert de prétexte pour découvrir la ville de New York au
travers des yeux de trois préadolescents.
Tout débute
avec une punition quelque peu sévère que doivent subir les trois adolescents :
ranger de fond en comble la réserve décrépite de leur pensionnat. La punition
ne sera pas levée tant qu’ils n’aurons pas tout rangé et mis au propre… Et le
moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a du travail !
Mais à peine
débuté le grand ménage, le trio va tomber sur un étrange petit être : un
magicien minuscule qui tient dans la paume de la main. Ils ne le savent pas
encore, mais cette découverte va bouleverser leurs plans de rangement… et
leur vie !
Cette
lecture a beau remplir tous les critères d’un roman jeunesse qui fonctionne, je
n’ai pas été transportée par l’histoire…
Premièrement,
les personnages, notamment celui du magicien Faïnn Kalindor, sont très
stéréotypés et n’arrivent pas à créer une émotion particulière.
Deuxièmement,
j’ai trouvé que ce roman dans son ensemble manquait fortement de naturel. On
dirait qu’il y avait un cahier des charges à remplir, et que certains éléments
devaient absolument y figurer. Le tout manque de fluidité, et les infos
intéressantes que les lecteurs vont découvrir sur New York sont parfois amenées
de façon trop « scolaire ».
Enfin,
l’histoire n’apporte pas grand chose aux lecteurs… c’est le genre de roman où
l’on ne peux guère en dire grand chose. Ni bon, ni mauvais, il est là, il
existe et c’est tout. Dès 9 ans.
L’ogre et sa princesse aux petits oignons – Sabrina Inghilterra – Didier Jeunesse
Atypique et
étrange, voici l’histoire d’un ogre qui aime tant les plaisirs de la bonne
nourriture qu’il vit parmi les humains pour se délecter de leurs meilleurs
mets. Mais chez les ogres, il est vu d’un très mauvais œil car bien trop
différent d’eux. Pas assez cruel, vorace… bref pas assez ogre.
Mais à
l’occasion d’un grand concours de cuisine, le monstre décide de retourner aux
sources et de prouver qu’il est le meilleur cuisinier de son espèce ! Quitte à
renouer avec ses mauvais côté 100% ogre…
Je n’ai pas
su quoi penser de cette lecture… elle est certes originale, mais il y a une
facette qui m’a quelque peu mise mal à l’aise. Il faut avant tout mettre ça sur
le côté très « brut » de l’ogre, certes, mais malgré cela il y a un
quelque chose qui m’a déplu. Je n’arrive cependant pas à mettre le doigt dessus
alors… impossible d’être plus claire. Dès 9 ans.
Peur de rien – Stéphane Gisbert & Alice A. Morentorn – Sarbacane, collection Pépix
Comme toujours avec les romans Pépix, voici un univers original et déluré à découvrir pour les lecteurs de 9/10 ans ! Dans Peur de rien, nous faisons la connaissance du jeune Kévin qui n’a VRAIMENT peur de rien.
Se balader
dans un cimetière lugubre en pleine nuit ? Pas de problème. Défier un monstre
qui a survécu à des décennies d’affrontements ? Même pas peur non plus ! Kévin
est unique en son genre et étonne tout le monde par son courage… ou sa
témérité ?
Dans le
catalogue Pépix, je trouve que Peur de rien est un peu à part. Il
est en effet pour les enfants entre neuf et dix ans, cependant son contenu est
un peu plus sombre qu’à l’accoutumée.
On y parle
harcèlement, problèmes de quartiers, vie désargentée… C’est intéressant
d’aborder ces thèmes dans des romans pour la jeunesse.
J’ai passé un moment agréable à cette lecture même si ce n’est pas un coup de cœur. Je pense que c’est le roman parfait pour ceux qui aiment l’aventure, le frisson et le fantastique tout à la fois ! Peur de rien fera moins peur qu’un Chair de Poule, mais peut être une lecture idéale pour commencer à se faire un peu peur gentiment…
Après Minuit -Tome 1 – Trop de sel dans les pâtes – Clémentine Mélois & Rudy Spiessert – L’école des Loisirs, collection Mouche
Comment un
plat de pâtes trop salées peut mener à la découverte la plus insensée sur sa
maîtresse ? C’est simple, Romy et sa petite sœur ont très soif durant la nuit à
cause du plat de pâtes bien trop salées préparées par le père… Ils se lèvent
donc pour aller boire un verre d’eau et… entendent un étrange bruit. Qui va
les mener à une terrible découverte : leur maitresse se transforme en
loup-garou !
Mais cette
découverte n’est que l’arbre qui cache la forêt…
Si vous
recherchez un court roman qui mélange frissons légers et aventure pour les
enfants de CE1/CE2 ce roman est PARFAIT ! A la fois drôle, mystérieux,
intriguant… il fera passer un bon moment de lecture aux jeunes lecteurs
friands d’enquête.
Et la bonne
nouvelle, c’est que ce n’est que le premier tome !
Et saluons
au passage les très colorées et jolies illustrations de Rudy Spiessert. Je n’ai
d’ailleurs pas résisté à l’idée d’en partager avec vous car je les trouve
magnifiques.
Belle
découverte donc, et n’hésitez pas à faire découvrir cette nouvelle série dans
la collection Mouche, elle est top moumoute. J’ai d’ailleurs hâte d’en
découvrir la suite… même si je n’ai plus huit ans depuis longtemps.
Un roman drôle et rempli
d’aventure qui nous averti sur les dangers de la consommation de masse de façon
très métaphorique et originale !
Premier roman de Stéphanie Gisbert, Le grand magasin fluo est sorti dans
la collection Pépix chez Sarbacane en novembre 2017. Les dessins sont quant à
eux réalisés par Magali Le Huche, une illustratrice très connue dans le domaine
de la littérature jeunesse. Elle a illustré nombre d’imagiers sonores
Gallimard, de documentaires, et de romans et albums pour enfants.
Un hyper marché ultra-lumineux qui sort de terre… comme par magie !
Voici l’histoire de Mathieu, Nat, Angelo, et Peter, une bande de copains
qui passent le plus de temps possible ensemble. Ils trainent, flânent, refont
le monde…
Mathieu quant à lui, notre héros dans cette histoire est gentil, mais il
est surtout victime de harcèlement par le terrible Tony Bielowki. Mais les
choses vont peut-être changer grâce (ou à cause ?) de la présence du tout
nouveau supermarché Hyper Discount. C’est l’endroit le plus en vue du moment,
et qu’importe qu’il ait mystérieusement surgi d’un terrain vague en une nuit,
ça ne choque personne… A part notre équipe de choc !
Comment cet étrange et flamboyant magasin fluo est-il apparut ?
Pourquoi tout le monde s’arrache les produits qui y sont ? Comment Mathieu
va-t-il surmonter sa peur panique face à son harceleur ? Pourquoi nombre
d’habitants de la ville disparaissent mystérieusement ? Vous saurez TOUT
sur le grand magasin fluo et plus encore…
Une histoire agréable qui sort des sentiers battus
Pour ceux et celles qui souhaitent se divertir tout en se délectant d’un
soupçon d’aventure, ce sera le roman idéal. Parfait pour des enfants de 9 ans
environ, les petits lecteurs découvriront tous les méfaits cachés des
supermarchés… ! Des vigiles aux allures démoniaques et des clients
zombifiés sont au rendez-vous de ce roman pas comme les autres…
Alors… que cachent ces soldes alléchantes ? Ces promotions
extravagantes ? Et qui est le gérant un peu flippant au rire carnassier
qui porte l’étrange nom de Figor ? Et surtout, que permet de remporter le
Jeton d’Argent ? (personnellement, j’ai trouvé l’idée géniale car ça m’a
fait penser aux fameux tickets d’or de Willy Wonka dans Charlie et la chocolaterie).
Le grand magasin fluo est donc un beau petit mélange entre fantastique et aventure, le tout
porté par des personnages à l’indéfectible amitié. C’est frais, amusant, et
surtout le thème principal du roman change de ce que l’on lit/voit d’habitude.
Et sans être moralisateur, on comprend le message qu’il y a derrière, à savoir
ne pas consommer aveuglément ! (sauf peut-être les Pépix).
Ayant beaucoup aimé le roman Pépix Rufus le fantôme, j’ai eu la chance d’échanger par mail avec son auteur, Chrysostome Gourio. Histoire d’une création très originale destinée à la jeunesse… mortel !
Glow : Pourriez-vous présenter votre parcours aux lecteurs ?
Chrysostome Gourio : J’ai d’abord fait
des études de philosophie dans le but de devenir enseignant, mais ayant raté
trois fois l’agrégation, et après avoir quand même enseigné la philosophie dans
un lycée agricole pendant une année, j’ai cherché (et trouvé) une autre voie :
je suis devenu libraire. Par passion des livres, bien entendu, mais parce
que j’ai toujours aimé transmettre, partager, échanger. J’ai exercé ce métier
dans le domaine des sciences humaines pendant 10 ans. En parallèle, j’ai
découvert la langue des signes française et ça a été une telle rencontre (avec
une langue, une culture, des personnes…) que j’ai décidé de changer
d’orientation et de devenir interprète français-langue des signes française,
profession qui est toujours la mienne dans la journée.
La nuit, j’ai
une activité secrète : je raconte des histoires. Raconter a toujours été en
lien avec ce plaisir du partage, de l’échange et je suis passé par plusieurs
média avant de m’arrêter sur l’écriture, sans doute parce que le livre est un
objet magique : une quantité de données extraordinaire, un temps de
téléchargement égal à zéro, une possibilité infinie d’imagination… Du coup,
je me suis dit que j’allais écrire mes histoires. Je l’ai d’abord fait pour
moi, bien entendu, et puis, en 1999, j’ai eu la chance d’être sélectionné lors
d’un concours de nouvelles organisé par le ministère de la Culture et les
éditions Denoël. Et là, première publication dans un recueil collectif de
nouvelles fantastiques et de SF dans feue la collection Présence du Futur. Il
faut dire qu’à l’époque j’étais plutôt orienté vers la littérature de
l’imaginaire (comme on dit). Mais au hasard d’un roman offert par des amis,
j’ai découvert Jean-Bernard Pouy et toute la bande du néo-polar français et
j’ai su à ce moment que c’était dans ce courant que je voulais plonger. J’ai
donc publié quelques polars pour adultes, mêlant philo et grosse artillerie, et
un Poulpe, réalisation d’un rêve d’ado. Enfin, il y a quelques années, j’ai
rencontré Marion Brunet, auteur jeunesse de grande qualité (qui vient de
publier son premier roman adulte, une merveille), qui m’a poussé à concrétiser
un autre rêve : écrire un roman pour enfants. Et ça a été le pied !
Glow : Rufus le Fantômeest
un roman aussi drôle que particulier, comment s’est passé votre recherche
d’éditeur ?
Chrysostome Gourio : En fait, comme je
le disais, j’ai eu la chance de rencontrer Marion qui était publiée chez
Sarbacane et c’est tout naturellement qu’elle m’a orienté vers Tibo Bérard, le
pétillant éditeur des collections Pépix et X’prim. Je lui ai fait parvenir une
première version des aventures de Rufus que j’avais écrite sur la base de la « bible » de
la collection Pépix au moment où elle a été créée, mais la collection avait
évoluée et mon texte n’était pas assez étoffé. Nous avons donc travaillé sur ce
« squelette » pour lui donner plus de chair et de corps, et après
quelques aller-retour, nous sommes tombés d’accord sur la version finale, celle
qui nous amusait le plus et nous faisait le plus rire.
Glow : Comment cette histoire vous est-elle
venue ?
Chrysostome Gourio : J’avais très envie
de raconter une histoire de fantôme, mais j’avais surtout envie que le fantôme
en soit le personnage principal, pas la créature qui fait peur, le méchant
contre lequel il faut se battre. Qu’il soit un héros, un personnage positif.
C’était forcément un enfant d’une dizaine d’années avec des préoccupations de
son âge, mais comme il était mort, il était en vrai beaucoup plus vieux. Je lui
ai imaginé des parents, forcément, puis je me suis demandé où il pouvait bien
vivre : maison hantée ou cimetière ? La maison hantée, on y est vite coincé. Le
cimetière c’était plus marrant parce que je pouvais imaginer tout une
« vie » de quartier avec plein de revenants différents et surtout une
vie quotidienne, avec un meilleur copain, une école et un rêve… Devenir la
mort ça m’est venu assez naturellement : dans un cimetière, y’a des squelettes
et le plus fascinant des squelettes, c’est la Mort. Rufus rêvait donc de
devenir la Mort à cause de son costume trop classe. Puis, je me suis demandé
comment la Mort pouvait s’occuper toute seule de 7 milliards d’êtres humains ?
Ce n’était pas possible. Il fallait donc qu’il y ait une entreprise dont ce
soit l’objet. Et on sait que, dans le contexte actuel, les conditions de
travail en entreprise ne sont pas toujours roses. Face à ça, une des meilleures
armes, c’est la grève ! J’allais donc faire monter à Rufus la première grève de
la Mort.
Glow : Comment s’est passé l’association
entre votre travail d’écriture et celui de l’illustratrice Eglantine Ceulemans
? Pouviez-vous interagir avec elle sur votre vision des personnages ?
Chrysostome Gourio : C’est Tibo qui nous a mis en relation après qu’on soit tombé d’accord sur la version finale du texte en demandant à Églantine, qui avait déjà travaillé sur le super Carambol’ange de Clémentine Beauvais, si elle était partante. Et dès les premiers dessins, les premières études de personnages sur Rufus et Octave, on a bien vu que ça collait. Et après, ça a été une grande partie de rigolade. Églantine, entre autres qualités, a un sens de l’humour extraordinaire et à chaque fois qu’on recevait une fournée de dessins, je devais m’accrocher à mon bureau pour ne pas tomber de mon fauteuil. J’ai pris des fou-rires grâce à elle… Si tu regardes bien, ses dessins fourmillent de détails. Je crois que le plus dur pour elle, ça a été les mains d’Octave et Rufus : il leur en manque une chacun et jusqu’au bout on les a traquées pour être sûrs qu’ils n’en avaient pas deux. Mais les échanges ont été hyper riches et j’ai vraiment l’impression d’avoir co-construit l’histoire avec elle. A tel point que ses illustrations m’ont poussé à modifier certains points du texte. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’on a créé l’univers de Rufus tous les deux.
Glow : Y a-t-il un message en particulier
que vous souhaitiez faire passer dans ce roman ?
Chrysostome Gourio : D’abord, comme le
sous-titre l’indique, je voulais expliquer ce que c’était que la grève,
pourquoi on fait une grève, pourquoi c’est important que ce droit soit reconnu,
qu’on ne la fait pas par plaisir, qu’il y a un but derrière tout ça :
travailler et vivre mieux… Mais d’autres messages sont apparus au fil de
l’écriture, qui ont pris le pas sur celui-là, comme le fait que c’est
collectivement qu’on arrive à faire bouger les choses, que quand on a un rêve,
il faut aller au bout (mais pas à n’importe quel prix), qu’avoir un copain il
n’y a rien de mieux, que la différence fait la richesse…
Glow : Je suis tombée par hasard sur un roman qui
s’intitule Le fantôme de Rufus Jones
et autres nouvelles, écrit par Chester Himes… y a t-il un lien ?
une référence à cette œuvre ? Si oui, que signifie-t-elle pour vous ?
Chrysostome Gourio : J’avoue que j’ai
découvert ce titre de Chester Himes après la publication de Rufus… En fait,
le prénom de mon personnage est le fruit du hasard. Je cherchais un prénom qui
ait une chouette sonorité et il m’a semblé que Rufus le fantôme, ça claquait bien.
Alors je l’ai gardé, comme pour Octave, d’ailleurs. Il y a un personnage qui a
changé de prénom, c’est Melchior. Au départ, il s’appelait Antoine, parce que
je trouvais marrant qu’un ouvrier de la Mort ait un prénom assez classique,
voire banal. Mais Tibo était partie prenante d’un prénom qui en impose plus.
C’est la Mort, après tout. Du coup on est parti sur autre chose. Mais pour en
revenir à Rufus, il y a sans doute plus de référence au Petit Nicolas, donc à
Goscinny et Sempé, qu’à Chester Himes. Oui, je sais, on a les références qu’on
peut ;).
Glow : Avez-vous d’autres projets destinés
à la jeunesse dont vous souhaitez nous parler ?
Chrysostome Gourio : Il y en a au moins
un puisque, c’est presque officiel, je vais signer un X’prim chez Sarbacane (Il
s’agit du roman La brigade des chasseurs d’ombre, paru le 6 février 2019). Un
roman pour les plus grands, fantastique toujours, mais un roman de
monstres avec des os qui craquent et des entrailles qui traînent.
Et j’ai deux
autres projets jeunesse en cours d’écriture, mais pour l’instant rien de sûr,
donc chuuut… Et bien sûr, j’ai très envie de faire vivre une autre aventure à
Rufus !
Glow : Vous avez également participé à un
recueil de nouvelles écrit en collectif : 16 nuances de premières fois, à quel
public s’adresse-t-il ? Que raconte-t-il ?
Chrysostome Gourio : 16 Nuances est un
recueil collectif de nouvelles érotiques pour adolescent-e-s à partir de 15 ans
on va dire. Des textes de toutes sortes, dans des univers très différents, pour
parler de la première fois en amour et dédramatiser ce moment qui peut se
révéler compliqué pour plein de raisons différentes. Pour dire aussi que le
sexe ne se résume pas à la pornographie, que c’est important mais qu’il ne faut
pas non plus en faire une montagne… Des premières fois qui se passent bien,
des bof, des qui ne pourraient pas se passer plus mal, des qui seront mieux la
prochaine fois, des tendres, des drôles, des bizarres… Pour à peu près tous
les goûts. En plus, on y retrouve (presque) le plus beau fleuron des auteur-e-s
jeunesse contemporain : Axl Cendres, Gilles Abier, Clémentine Beauvais, Manu
Causse, Sandrine Vidal, Rachel Corenblit… Que du bonheur !
Glow : Avez-vous autre chose à ajouter ?
Chrysostome Gourio : Ne me reste qu’à
te remercier encore pour ta chouette chronique de Rufus sur ton blog et pour
cette interview.
Glow : Je tiens à te présenter mes excusesChrysostome, j’ai mis plus de 10 mois à
publier ton interview sur le blog… Je vais me faire hara-kiri et rejoindre
Rufus…
Gurty is back ! Toujours aussi génial et déjanté, voici le troisième volume de ses aventures avec Fleur, Tête de Fesses et l’écureuil qui fait « hi hi » !
Largement chroniqué sur le blog, vous connaissez peut-être Bertrand Santini ? C’est un de mes auteurs pour la jeunesse favoris. On lui doit notamment : Le Yark (traduit de part le monde !), Hugo de la Nuit, et dernièrement est paru Miss Pook et les enfants de la lune.
Marrons à gogo est le troisième tome des aventures de Gurty, paru en septembre 2017, toujours chez Sarbacane dans la collection Pépix. Un nouveau tome est d’ailleurs prévu pour avril 2018.
Une nouvelle aventure signée Gurty
« Sous le pseudonyme de Bertrand Santini, Gurty a écrit et illustré ce livre elle-même. Fait remarquable, c’est la première fois dans l’histoire de la littérature qu’un ouvrage est entièrement rédigé par un chien ».
Et encore une fois, vous n’êtes pas prêts pour ce qui va tomber dessus !
Toujours aussi drôle et frais
Difficile d’être constant en termes de qualité quand on écrit une série. Et pourtant, Bertand Santini y arrive ! Après un premier opus excellentissime, un second très sympathique, le troisième est phénoménal.
Plusieurs scènes y sont aussi mythiques que géniale, dignes du « pipi arc-en-ciel » du premier tome ! (seuls les vrais savent).
Ce troisième tome réunit son lot de surprises, coups tordus et facéties. Vous découvrirez cette fois encore des scènes épiques et mémorables. Le coup de la citrouille coincée ou de l’ectoplasme de l’écureuil qui fait « hi hi » sont supers.
On croise même au détour d’un chapitre les créatures de Max et le Maximonstres ! (comment est-ce possible ? Il n’y a qu’en le lisant que vous saurez…).
Il y a un chapitre très différent de tous les autres qui m’a marquée. Je pense qu’il est assez personnel car il détonne par rapport aux autres chapitres et à l’écriture de Gurty. Son titre : Bang ! Il a lieu durant le 1er novembre dans le journal de la petite chienne. Il s’agit donc de la Toussaint, et je pense qu’il y a une symbolique touchante derrière ce très court chapitre de deux pages seulement qui a des allures de poème… Il parle de la douleur des animaux quand ils perdent un être cher à cause des chasseurs…
En dehors de cet interlude qui détonne (mais ne déplait pas), tout le reste est d’un ton guilleret, vif, et drôle !
…..
Alors Gurty est-elle toujours aussi drôle ? Oui c’est certain. Il ne vous reste plus qu’à découvrir par vous-même ce troisième tome. C’est une fois encore une valeur sûre à proposer à tous les enfants entre 7 et 9 ans !
Petite précision, il n’est pas nécessaire de lire les livres dans l’ordre pour les apprécier (il y a un petit fil rouge, mais rien de crucial… c’est en lien avec l’IMC de cette pauvre Fleur…).
Un auteur pour la jeunesse à succès est invité dans une école, d’après vous que va-t-il faire ? Parler de ses livres aux élèves ? Ou tenter de les kidnapper pour les emmener dans son étrange château ?
Très prolifique dans le domaine de la littérature jeunesse (et cela pour tous les âges), Anne-Gaëlle Balpe arrive avec son tout premier Pépix : L’écrivain abominable ! Et il est super, est-il besoin de le dire ? Les illustrations sont quant à elles assurées par Ronan Badel, également très (re)connu dans le monde de la jeunesse.
Un auteur irascible et détestable
C’est l’effervescence à l’école depuis quelques jours… le célèbre Roland Dale va venir dans la classe de Manolo pour parler de son œuvre ! Tous les camarades de classe de Manolo sont surexcités à cette idée, eux qui ont lu et adoré les livres de l’auteur à succès.
Sauf, que pour Manolo, la lecture ce n’est pas trop ça… En fait, il n’aime pas lire du tout même. Mais peut-être est-ce cela qui va le sauver car, quand Roland Dale arrive dans la classe, il est le seul à ne pas être subjugué, et même hypnotisé par l’horrible bonhomme… et ses plantes carnivores ! Mais qui est réellement Roland Dale ? Quel est le but de cette hypnose collective ?
Une idée originale menée avec dynamisme et humour… sans oublier une petite dose de frissons
Un Pépix qui fait rire ET un peu peur, c’est quand même sympa quand on a 8 ou 9 ans. Alors, si c’est ce que vous recherchez, ce livre sera parfait !
La première partie du roman est très mystérieuse, car on se demande quel est le but de Roland Dale, affublé qu’il est par deux plantes carnivores géantes. Et pour ajouter au suspense, d’autres éléments s’ajoutent à l’intrigue… mais je n’en dis pas plus.
J’ai trouvé ce Pépix très distrayant, vivant, drôle et surtout très original ! Et puis, le nom de cet auteur à succès, Roland Dale… ça ne vous dit rien ? Rien que pour le clin d’œil, j’ai trouvé ça génial. Ceux qui ont lu Sacrées Sorcières ou Matilda sauront…
L’idée de nous proposer un héros qui n’aime pas lire est franchement amusante quand on découvre que c’est justement ça qui va le sauver ! Et puis, un personnage de roman qui n’aime pas la lecture, c’est toujours cocasse.
Pour les illustrations, il faut avouer que Ronan Badel a fait très fort, notamment en ce qui concerne le méchant de cette histoire. Il est aussi moche que terrifiant (un peu comme la Sorcitresse de Joëlle Dreidemy) et correspond parfaitement à l’idée que l’on se fait de lui. C’est une réussite dans ce que la mocheté a de plus pur.
…..
Alors, si la question est « Est-ce que L’écrivain abominable est un bon roman pour la jeunesse ? », je suis dans l’obligation de vous dire oui ! Et ce n’est pas du tout parce qu’il y a deux plantes carnivores de la taille d’un homme prêtes à me dévorer par-dessus mon épaule…
Auteur français, Jérôme Bourgine signe ici son tout premier Pépix… mais il est loin d’en être à son premier ouvrage ! En effet, Monsieur Bourgine a déjà écrit plusieurs romans à destination des adolescent dans la collection Exprim’ de Sarbacane (Bras de fer, Le voyage impossible, Toute la vie…) et il en a également écrit pour les adultes.
A l’illustration, on retrouve Maurèen Poignonec (La famille Cerise, Lola et la machine à laver le temps, 10 petites souris cherchent une maison…).
Une expédition qui tourne court…
Imaginez le topo : un petit groupe d’élèves que l’on a d’office mis dans la case « cas sociaux », un Monsieur Ganèche qui doit gérer sa petite classe de mer et… un ilot perdu au fin fond de la Bretagne en toile de fond. Sans oublier un capitaine de bateau totalement dans le brouillard grâce à la boisson forte qu’il ingurgite à longueur de temps ! Vous aurez une toute petite idée de ce qui va arrivée à cette belle équipe ? En tout cas, rien de prévisible, c’est garanti !
Un humour fidèle à l’esprit de la collection
Ce nouveau petit Pépix rempli encore une fois bien son office, à savoir distraire et amuser les jeunes lecteurs. Cependant, il m’a moins convaincue que certains autres titres de la collection… J’avoue qu’il ne fait pas partie de mes Pépix favoris car j’ai moins apprécié le thème, mais cela ne retire en rien son efficacité ou son potentiel humoristique.
Je l’ai trouvé un tout petit peu plus décousu que les autres ouvrages en ce qui concerne les idées, en particulier le moment où Mr Ganèche dit qu’ils ont été réunis ici et maintenant pour une bonne raison. En fait, ce côté légèrement sibyllin et mystique ne sert pas réellement l’histoire et n’est pas développé par la suite. Ceci participe au sentiment de léger désordre au sein du roman.
Je vous rassure, l’histoire se tient correctement, mais on n’apprécie pas nécessairement les petits « à côté » de l’histoire.
Mais la vraie question est plutôt : est-ce qu’un enfant entre 8 et 10 appréciera ce roman ? Je pense sincèrement que oui. Je n’ai tout simplement pas été convaincue par cette histoire. Le thème du trafic d’animaux est pourtant intéressant, mais il m’a manqué de quoi m’attacher réellement à ces jeunes petits héros et à leur prof aux grandes oreilles.
Aux habitués de la collection Pépix, ce roman devrait vous plaire tout comme les autres vous on contentés. Les autres jeunes lecteurs devraient également apprécier, après tout, tous les éléments qui font un roman jeunesse efficaces y sont, alors… ça devrait fonctionner !