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Chronique essai : Tokyo Crush

Un témoignage passionnant sur le Japon vu par une française au travers des applis de rencontre !

Vanessa Montalbano est partie au Japon avec un visa vacances/travail. Quand elle a débarqué là-bas, elle ne parlait pas un mot de japonais ! Mais peu à peu, elle a appris la langue, la culture, les myriades de nuances dans la façon de s’exprimer, les goûts étranges de certains japonais et tant d’autres choses passionnantes. Tokyo Crush est à la fois un essai sur la société nippone au travers de ses amours, mais également un témoignage passionnant d’une expatriée curieuse.

Le Japon comme on ne l’a jamais lu

Je ne vais pas vous faire une chronique traditionnelle avec un tel livre. Je vais plutôt vous parler des passages qui m’ont le plus intéressée ou plu.

Par exemple, saviez vous qu’au Japon (et dans d’autres pays d’Asie), il n’est pas rare que dans les premières questions, celle du groupe sanguin soit demandée ? En effet, le groupe sanguin d’une personne est très importante pour nombre de japonais, il permet de connaître le caractère d’une personne (un peu comme les signes astrologiques chez nous). L’information du groupe sanguin est même publique quand il s’agit de personnalité politique ou de personnages publics.

Autre fait incroyable, les fantasmes de certains sont très spécifiques. Je savais déjà que l’on pouvait acheter des petites culottes portée par des femmes (ou même se les faire voler sur son balcon), mais je ne savais pas qu’il y avait un nom pour certains fétichismes bien précis !


Par exemple, connaissez-vous le zettai ryōiki ? Il s’agit de la partie des cuisses nue entre une jupe et des bas. Ou encore le paislash ? Il s’agit d’avoir la poitrine divisée par la lanière d’un sac en bandoulière.
Il faut également savoir qu’il est tout à fait légal au Japon (et facile de les trouver) de lire des mangas pornographiques mettant en scène des enfants. Ahurissant n’est-ce pas ?

Comme de nombreux romans nippons le prouvent, le Japon est une société profondément sexiste. C’est ainsi que j’ai appris qu’il y avait eu un scandale des écoles de médecine là-bas. Les résultats avaient été truqués durant des années pour favoriser les hommes au concours d’entrée en médecine. La raison ? Les femmes arrêteraient de pratiquer la médecine au bout de quelque temps ou travailleraient moins une fois qu’elles seraient mariées et mères…

Bon, je viens de vous mentionner les pires choses incroyables que j’ai lues dans cet ouvrage sur le Japon. Mais Vanessa Montalbana raconte des expériences très diverses et passionnantes. Par exemple, fait amusant, beaucoup de japonais avec qui elle a eu une aventure d’un soir s’excusaient de la taille de leur pénis… Ils en étaient extrêmement complexés.

Elle nous explique aussi à quel point la culture japonaise est codifiée. On le sait, dans une moindre mesure, mais elle l’a expérimenté en étant notamment serveuse : servir les personnes les plus importantes du groupe en premier, poser le plat dans le bon sens (oui, il y a un sens !, etc.). Il y a une quantité de petites bévues à ne pas faire, de non-dits lourds de sens qui peuvent mettre mal à l’aise la personne en face si l’on a pas les codes… Ce qui est arrivé de nombreuses fois à l’autrice.

Autre fait surprenant et vraiment chouette pour le coup, les baignoires japonaises ont une option pour conserver chaude l’eau du bain ou la réchauffer pour se baigner à nouveau le lendemain. Je trouve ça génial !

Toutes ces petites choses et quantité d’autres encore, font que le Japon est un pays fascinant, étrange et même impressionnant pour qui n’en possède par les nuances. Vanessa Montalbano a mis des années à les apprécier, les comprendre, et nous offre dans cet ouvrage un aperçu des nombreuses épreuves qu’elle a surmonté pour en embrasser toute la complexité. Un ouvrage indispensable à tous les amoureux de Japon qui veulent en savoir encore et toujours plus sur cet incroyable pays aux paradoxes toujours plus surprenants.

Chronique : Ce qui reste de nous

Une magnifique histoire d’amour au destin extraordinaire !

Roman paru en 2018 aux éditions Fleuve, Ce qui reste de nous est le genre de roman parfait pour qui aime se plonger dans une belle et poignante histoire d’amour.

Jill Santopolo est une autrice américaine qui a déjà écrit quantité de romans pour la jeunesse (la série Paillettes et compagnie chez PKJ).

Par ailleurs, un nouveau livre de cette autrice est paru à la fin du mois de mai : Un jour nouveau. Quant à Ce qui reste de nous, il est paru simultanément en poche.

Une rencontre forcée par le destin

C’est le terrible jour où les tours jumelles du World Trade Center se sont effondrées que Gabe et Lucy se rencontrent. Et immédiatement, c’est le coup de foudre… ils vont s’aimer, se quitter, chacun voulant vivre ses ambitions.

Treize années passent, le destin a décidé de les réunir à nouveau… pour combien de temps ?

Sortez les kleenex et dévorez ce livre !

Si vous aimez les belles histoires d’amours, les déchirements amoureux, les hésitations… Ce roman est fait pour vous. Parfois très fleur-bleue, découvrir la romance entre Gabe et Lucy est un véritable régal.

J’ai lu cet ouvrage il ya maintenant plusieurs années, d’où une chronique un peu diffuse. Mais j’en garde le souvenir d’avoir passé un superbe moment de lecture. En particulier quand la fin approche ! Mais toutes les parties du roman sont réussies, son début avec la chute des deux tours du World Trade Center est bouleversant.

Ainsi, quand arrive la fin, c’est un véritable déchirement que de quitter les personnages qui vous ont accompagné pendant presque 400 pages avec leurs problèmes, leurs petits bonheurs, des pans entiers de leur vie…  

Tout ce que je puis vous dire à propos de ce roman, c’est qu’il est poignant, difficile à oublier (je me souviens encore parfaitement de la fin des années plus tard) et qu’il se lit tout seul. Peu de temps morts et l’écriture fluide de Jill Santopolo font merveille…

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : L’été circulaire

Un roman violent sur la misère absolue dans la France d’aujourd’hui… terrible et marquant.

Marion Brunet est une autrice française, elle écrit principalement pour la jeunesse et les adolescents. Elle s’est fait connaître notamment pour son roman Dans le désordre (Sarbacane, collection Exprim’).

Pour la jeunesse, elle a écrit la chouette série de l’ogre : L’ogre au pull vert moutarde, L’ogre au pull rose griotte et L’ogre à poil(s).

L’été circulaire est son premier roman à destination des adultes, il est paru initialement aux éditions Albin Michel avant de sortir il y a peu chez Le livre de poche.

Une famille sans le sous et avec guère de culture…

Nous sommes dans le sud de la France. Pour Jo et Céline, la première éducation, c’est l’école de la vie. Avec des parents qui laissent peu de place aux sentiments (du moins les positifs), les deux sœurs sont livrées à elles-mêmes. La mère est dure, et assez effacée. Le père boit pas mal, et peut vite devenir violent si il n’obtient pas rapidement ce qu’il veut.

 Leurs filles sortent à tout heure, font à peu près ce qui leur chante… Johanna (ou Jo) a quinze ans et même si elle semble totalement déphasée, elle a malgré tout la tête sur les épaules. Tout le monde la trouve cependant bizarre, effrontée, et elle se fait souvent harceler pour être encore sortie des sentiers battus.

Malgré tout, c’est par Céline que le drame va arriver, quand sa mère découvre qu’elle est enceinte… s’ensuit alors les coups du père pour savoir de qui est l’enfant, face à une Céline obstinée et muette…

Comment en est-on arrivé là ? Et que va devenir cette famille déjà fortement dysfonctionnelle ?

Un roman noir plus qu’un polar

Avant de continuer, je tiens à préciser que malgré la collection dans laquelle est catalogué le roman- à savoir « policier » – il ne s’agit pas du tout d’un polar ou d’un thriller. Nous sommes dans le plus pur style du roman noir. Ici, pas de suspense à couper au couteau, mais une intrigue qui suit la vie de cette famille en détresse à tous points de vue.

Manque d’argent, de culture, on sent qu’il est impossible pour eux de s’élever un tant soit peu de leur condition. Dès qu’il arrive quelque chose de bien à un voisin, on le hait, on le jalouse, et on ne se remet surtout pas en question…

Je ne sais pas comment Marion Brunet a fait pour coller comme cela à ce qui m’a semblé être la réalité, mais elle a réussi un coup de maître. Ecriture efficace, à l’acide, d’une cruauté à la hauteur de ce que la société fait subir à Céline et Jo…  C’est beau et violent à la fois. Si vous aimez les romans ancrés dans la société et ce qu’elle a de plus sombre, L’été circulaire pourrait vous intéresser et vous plaire.

Alors, certes ce n’est pas un polar, mais ça se lit comme tel. On meurt d’envie de savoir ce que vont devenir ces deux gamines larguées par la vie et qui sont constamment livrées à elle-même. Céline en particulier, dans sa naïveté absolue et son manque d’envie pour tout en devient touchante… Mais ma préférée restera Jo, une véritable héroïne que le monde ignore… Mais vous, vous saurez que c’en est une rien qu’en la découvrant… Superbe de noirceur.

Chronique : Dans les angles morts

Un roman d’ambiance dense et prenant aux allures de polar…

Premier roman d’Elizabeth Brundage à paraître en France, Dans les angles morts est un livre à part. Paru en janvier 2018 chez Quai Voltaire, l’ouvrage est à la fois un roman noir, un polar à haute teneur psychologique et un magnifique portrait de l’Amérique rurale des années 70/80. Bienvenue donc dans la petite ville de Chosen…

Un terrible meurtre à la hache 

Tout débute avec un mari paniqué qui vient de découvrir le cadavre de sa femme dans son lit, une hache en pleine tête. Qui a bien pu commettre un crime aussi terrible et violent ? Pour quels motifs ? Et dire que leur fille Franny est restée pendant des heures dans la chambre d’à côté, si proche du cadavre de sa mère…

C’est ainsi que l’on part à la découverte du couple que formaient Catherine et George, des relations qu’ils avaient avec leurs proches, leurs collègues… et comment un tel drame a pu se nouer. Hautement psychologique, regorgeant de portraits humains fascinants, Dans les angles morts est un roman parfait et captivant…

Bienvenue dans la petite ville de Chosen…

Chosen : cette ville, Catherine n’a jamais désiré y vivre, et encore moins habiter dans la maison que George leur a trouvée pour eux et leur fille Franny. Surtout quand on connaît le terrible passif de la famille qui y a vécu avant eux. Comme si le malheur était attiré par cette vieille ferme solide mais singulière…

On commence donc à découvrir Chosen, ses habitants, le couple George/Catherine, les mécanismes qui constituaient leur quotidien, leurs habitudes… et leurs travers.

Dans cet ouvrage, que l’on peut assimiler à du roman noir (pas franchement du polar ni du policier), la psychologie des personnages est absolument primordiale. Ils sont d’une profondeur insondable, complexes… vivants. On découvre leurs aspirations, leurs regrets, leurs rancœurs… et peu à peu, un portrait se brosse.

On navigue alors entre le monde professoral et artistique de George et celui beaucoup plus terre à terre de Catherine, qui gère le plan domestique. On alterne également entre l’année 1978, où les Hale habitaient encore leur ferme laitière avant de faire faillite et 1979, quand les Clare se sont installés.

L’un des points les plus positifs de ce roman dense mais fluide, ce sont ses personnages. Ils sont extrêmement précis et clairs dans notre esprit quand on lit leurs descriptions, leurs perceptions… Chacun est minutieusement décrit, chacune de leur pensée décryptée, expliquée, ce qui les rend terriblement réalistes. Parmi les plus touchants, on peut citer la fragile Willis, le charismatique Eddy, et la petite Franny… Ils sont uniques et terriblement touchants.

Et sans parler d’attachement, la complexité de ce qu’il se passe dans la tête de George et de Catherine est également magnifiquement bien pensé. On monte crescendo en puissance, avec de petits détails, puis peu à peu d’autres choses sont amenées et on en vient presque à trouver tout ce que nous écrit Elizabeth Brundage « normal » et logique… malgré tous ses aspects terrifiants.

……

Pour ceux qui aiment les romans d’ambiance où l’on peut se faire hypnotiser par certains personnages (je pense aux superbes frères Clare en écrivant ces lignes…), Dans les angles morts est pour vous. Mélange de genres, flirtant parfois avec l’étrange (quelques lignes à peine sur 530 pages !).

C’est une très belle escapade dans l’Amérique profonde et rurale des années 70 qui ne vous laissera pas indifférent.

Chronique : Coup de foudre à Pékin

Une histoire d’amour touchante ayant pour toile de fond la Chine d’aujourd’hui

Peut-être connaissez-vous Chloé Cattelain, grande spécialiste de la Chine, sur laquelle elle a rédigé un mémoire et où elle a vécu.

Elle nous avait déjà fait le plaisir d’écrire le fabuleux roman Ma vie à la baguette, sur un ado franco-chinois. L’autrice de talent récidive avec cette fois-ci une adolescente française qui part vivre en Chine avec sa mère… et on s’y croirait.

Tout quitter pour aller vivre en Chine ? OUI !

Voici l’histoire de Clémence, une jeune française qui part vivre en Chine avec sa mère qui a été mutée. Et pour l’adolescente, c’est un rêve qui se réalise… Elle qui apprend le chinois depuis de nombreuses années va enfin pouvoir mettre en pratique ses acquis !

En parallèle, nous suivons le jeune Yonggui, un adolescent Chinois qui fait partie des meilleurs de sa classe et même de son école. Et rien ne pourra le distraire de son but : être le meilleur en tout pour s’assurer un avenir meilleur à lui et à sa famille…

Comment ces deux là vont-ils pouvoir se rencontrer et peut-être s’aimer ? Vous le saurez en plongeant à cœur perdu dans Coup de foudre à Pékin !

Une douceur de roman… 

Chloé Cattelain est pour moi une de mes autrice préférées en seulement deux romans. Pourquoi ? Car elle nous dépeint la Chine de manière unique et nous la fait aimer comme personne. Elle est si passionnée qu’elle ne peut que nous transmettre le « virus » de la Chine à travers des personnages vrais et sincères… Ainsi, après Ma vie à la baguette, ce second roman ado est une réussite.

Cette romance franco-chinoise fonctionne en tout cas à merveille (sans une once de guimauve), tant au niveau des deux protagonistes principaux qui sont très attachants, qu’au niveau narratif. L’humour est très présent, mais ça n’empêche pas Chloé Cattelain de traiter de sujets plus difficiles : le divorce, le côté très hermétique de la société chinoise, le travail à la chaine qui frise l’esclavage…

……..

Que dire de plus, sinon qu’il vous faut lire les livres de Chloé Cattelain, ce sont ce que j’appelle des livres-doudous. On s’y sent bien, on passe un excellent moment, et on n’a absolument pas envie des les quitter… A découvrir dès 13 ans environ.

Chronique : Os de lune

Un roman onirique et curieux à nul autre pareil. Entre New York et un monde surréaliste nommé Rondua. La quête étrange des os de lune commence…

Os de lune est devenu aux États-Unis un classique dans le domaine de l’imaginaire. Roman encensé par Neil Gaiman (dont il a d’ailleurs fait la préface), premier tome d’une saga qui en compte sept au total. Jonathan Carroll a déjà été publié en France aux éditions Pocket et Denoël, mais cette réédition d’Os de lune est l’occasion de faire la (re)connaissance d’un nouvel imaginaire.

Personnellement, c’était la première fois que j’entrais dans l’univers si particulier et pourtant fluide de l’auteur… et je n’ai qu’une envie, retourner à la frontière entre notre monde et Rondua…

Une vie agréable et paisible…

Cullen est une femme qui a la chance de pouvoir dire que sa vie est heureuse. Un mari génial et aimant, une petite fille adorable, un appartement au cœur de New York… Il y en a pour qui la vie est plus difficile. Après avoir vécu avec son mari en Italie quelque temps, les voici de retour à New York après avoir eu leur premier enfant… c’est alors que surviennent les rêves. Étranges, d’un réalisme inquiétant et d’une bizarrerie propre aux rêves, Cullen ne peux s’empêcher de trouver ses rêves excessivement réels. Comme si ils avaient une prise sur elle dans le réel à force de les retourner dans tous les sens…

Bienvenue à Rondua, un étrange monde où Cullen est en quête des Os de lune, affublée d’étranges personnages : un chien géant, un petit garçon nommé Pepsi, entre autres…

Un roman particulier que l’on ne souhaite pas quitter

Il faut l’avouer, malgré l’étrangeté (et peut-être même à cause) du roman tout du long, il est très difficile de quitter les personnages d’Os de lune.

Entre la partie réaliste et onirique, mes moments favoris sont pour moi ceux où Cullen est ancrée dans sa vie réelle. Les personnages sont tellement vrais ET attachants que l’on a qu’une envie, les découvrir plus encore…  Je pense notamment à Cullen elle-même, dont le parcours n’a pas été facile et qui devient de plus en plus étrange, mais également à son meilleur ami et voisin : Eliot. Il a pour moi quelque chose de fascinant dans sa façon d’être, ses répliques, son rôle au sein du roman. Je ne saurais l’expliquer clairement, mais Eliot a été mon personnage favori de ce merveilleux livre, plus que Danny le charmant mari de Cullen. Sans oublier un autre voisin de Cullen, beaucoup plus étrange et inquiétant… mais je vous laisse le découvrir.

Pour ce qui est de la partie onirique du roman, elle prend au fil des chapitres de plus en plus de place, textuellement et dans l’esprit de Cullen. Jonahtan a réussit à créer quelque chose d’aussi bizarre que logique dans son roman, jamais je n’avais lu de rêve aussi bien écrit. Je vous laisse juge de cet extrait, mais je trouve qu’il reflète parfaitement l’esprit fou/tangible de Rondua :

« Je regardai l’île qu’il m’indiquait. Etait-elle le Rondua d’un autre rêveur, ou une simple parcelle de terre au milieu d’un océan rose, où les rochers pleuraient et les nuages veillaient sur des vaches en métal à voix humaine ? »

Il faut dire également que la traduction réussie de Nathalie Duport-Serval et Danielle Michel-Chich fait merveille car le texte d’origine ne devait pas être aisé à traduire.

……..

Os de lune, c’est donc une histoire magnifique et surprenante sur tous les plans, qu’ils soient réalistes ou non. Jonathan Carroll sait fasciner son lecteur grâce à des personnages et une intrigue fortes. Je n’ai qu’une envie, en savoir encore plus sur Rondua et le devenir de Cullen, son mari et sa petite fille. Les derniers chapitres étaient si forts en émotions et en surprises de taille que je m’en rappelle encore… Aussi inclassable que génial.

Ce premier tome peut se lire de façon relativement indépendante car on nous propose une fin, mais je rêve de lire la suite !

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Les pleureuses

L’histoire d’un couple qui se délite vu de l’intérieur avec pour toile des fond la Grèce et ses terribles incendies…

Premier roman de Katie Kitamura à paraître en France, Les pleureuses est arrivé en librairie en août 2017, pour la rentrée littéraire. L’ouvrage est paru chez Stock dans la collection La Cosmopolite. Les pleureuses est un roman sur le couple, les non-dits, l’introspection, la perte des être chers…

Tout commence avec une disparition…

La narratrice (nous ne connaitrons jamais son nom) vient d’apprendre que son mari est parti en Grèce. Comme ils vivent séparés depuis quelque temps, elle n’avait aucun moyen de le savoir… Ainsi, c’est sa belle-mère qui lui demande d’aller rejoindre son fils en Grèce sans savoir que leur couple bat sérieusement de l’aile.

Voici donc notre narratrice partie pour la Grèce afin d’apaiser les inquiétudes de sa belle-mère… et de retrouver Christopher, pour lui annoncer sa décision de divorcer. Mais rien de ce qu’elle avait prévu ne se déroulera comme elle l’aurait voulu pour elle et pour son couple…

Un roman prenant mais qui laisse sur sa faim

J’ai adoré la première partie du roman Les pleureuses. L’écriture de Katie Kitamura est aérienne, fluide. On se plait immédiatement dans la façon qu’elle a de donner une signification précise, presque chirurgicale aux mots. Mais passée la seconde moitié du roman, j’ai eu plus de mal car je m’attendais à quelque chose de plus fort, plus puissant, presque à une révélation. Il y a certes un rebondissement de taille à la moitié du livre, mais il ne suffit pas à en faire un roman captivant ou profondément touchant dans sa finalité.

Le titre du roman est toutefois parfaitement trouvé et se prête à différentes scènes du livre. Mais cette femme qui se laisse mener par le bout du nez par son séducteur de mari m’a attristée. La narratrice n’est pas agaçante, loin de là, elle analyse, réfléchit, pense à toutes les conséquences de ses décisions sur son couple, sa belle-famille… Mais au final, elle se laisse porter par la plupart des vagues qui bouleversent sa vie (qu’elles soient positives ou négatives). Elle n’entreprend guère de choses et reste parfois trop passive dans ce qu’elle considère comme des choix, mais qui apparaissent plus comme des passages obligés dans sa vie.

Au final je n’ai pas réussi à m’immerger pleinement à l’histoire de ce roman à l’ambiance non dénuée de charme. L’intrigue a un rythme à la fois lancinant et captivant, mais ne nous emmène nulle part au final. Malgré une surprise en milieu d’ouvrage, ça ne suffit pas à rehausser la teneur globale du roman. Il reste un ouvrage très bien écrit, qui se lit avec une facilité déconcertante.

Katie Kitamura est douée pour traiter des sentiments humains dans toute leur profondeur, mais elle n’a pas assez de matière à broder autour. Le décor a beau être là, il manque quelque chose pour que son roman soit totalement maitrisé.

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Ainsi, Les pleureuses est un roman qui m’a plu dans sa forme, mais pas dans son contenu, trop banal. Je surveillerais toutefois de près les futures publications de cette auteure car je sens qu’elle pourrait bien nous révéler son potentiel à l’avenir !

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Pauvre chose

Un roman frais et original qui nous vient tout droit du Japon ! Au programme, une histoire d’amour au développement des plus hasardeux…

Quatrième roman de Wataya Risa à paraître en France, Pauvre chose vient tout juste de paraître en août 2017 au format poche chez Picquier.

Wataya Risa est une jeune auteure. Née en 1984, elle a déjà reçu certaines des plus prestigieuses récompenses nippones : le Prix Akutagawa – équivalant au Goncourt chez nous – pour Appel du pied,  (Picquier) qu’elle a écrit à l’âge de 17 ans ! Elle a également reçu Prix Kenzaburô Oe pour Pauvre chose.

L’amour au beau fixe… en apparence

Tout semble aller pour Julie, une jeune japonaise en couple depuis de nombreux mois. Mais, depuis quelque temps des nuages s’amoncellent à l’horizon. A cause de nombreux problèmes personnels, don copain héberge son ex petite copine, Akiyo ! Pour Julie, c’est très difficile à supporter. Ils ne peuvent jamais se voir seuls à seuls chez lui, et lui-même refuse de dormir chez Julie car il a peur qu’Akiyo s’ennuie ferme ou déprime…

En somme, leur vie de couple est au point mort, et le déménagement n’est également pas une option… Bref, c’est la déprime pour Julie qui ne comprend pas un tel dévouement de la part de con copain, même si Akiyo est dans une mauvaise passe.

Julie tiendra-t-elle face à autant d’obstacles à une vie de couple simple, sereine, et normale ? Akiyo est-elle vraiment la pauvre chose qu’on semble lui décrire ?

Divertissant et original dans son traitement

Comme toujours avec les romans japonais, j’arrive à être surprise. Ils ont une façon de conter les histoires, de les développer qui est totalement différente de la notre. Et c’est génial, car on est très souvent surpris par les conclusions de leurs romans ! Et Pauvre chose ne fait absolument pas exception.

En suivant Julie et ses nombreux cheminements, on découvre une jeune femme qui aime son travail de vendeuse textile, mais qui a besoin de changement. Tout comme son couple, il lui convient, mais il pourrait se porter beaucoup mieux.

Peu à peu, Julie veut marquer son territoire de « petite copine légitime » vis-à-vis d’Akiyo… mais cette femme négligée et un peu simple est-elle une concurrente ? Ou tout simplement une pauvre petite chose dont il faut prendre soin ? Julie n’arrive pas à le savoir, et ce n’est pas son petite copain qui pourra l’aider à éclaircir la question…

Mais le meilleur, dans ce court roman qui fait la part belle aux sentiments et aux réflexions qui y sont liées, c’est la conclusion. Julie va avoir une réaction absolument géniale et inattendue.

Je l’ai trouvée forte, elle s’est totalement révélée dans les dernières pages du livre. Impossible bien sûr de vous en dire plus, mais la psychologie de chacun des personnages est finement travaillée. Mais, heureusement Julie a su se tenir à ce qu’elle voulait vraiment au fond d’elle, et c’est le plus important…

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Si vous cherchez un petit roman court et efficace, Pauvre chose sera donc parfait. Il traite des relations amoureuses japonaises, parfois complexes. Notre point de vue occidental peut parfois être déconcerté, mais cela n’en est que plus intéressant !

Une chose est sûre, je lirais d’autres romans de Wataya Risa car j’ai trouvé sa plume douce, légère et efficace.

Chronique : Mariage contre nature

Un roman à la frontière de l’étrange… qui nous transporte dans la transformation d’un couple japonais. Le mot transformation étant à prendre au sens le plus littéral du terme…

Après Comment apprendre à s’aimer, le roman Mariage contre nature est le second de Motoya Yukiko à paraître en France, toujours chez Picquier. Elle a déjà reçu le prix Mishima pour son précédent roman.

Dans Mariage contre nature, on suit les étranges tourments d’un couple japonais où la femme – San- semble peu à peu s’apercevoir de « l’affaissement » des traits de son mari…

Un mari qui végète devant la télé…

Quand San a décidé de se marier puis d’être femme au foyer, elle ne s’attendait pas franchement à ce que son mari soi comme ça. Comme ça quoi ? Végétatif. A peine rentré du travail, son seul objectif est de manger rapidement afin de pouvoir s’affaler devant la télé toute la soirée. Ensuite… et bien il ne bouge plus.

Peu à peu, San sent le vide de cette vie de couple sans attrait. Elle aime bien être seule, et être femme au foyer et sans enfants ne la dérange pas. Mais, on est tout de même loin d’une vie de couple saine et épanouie.

Et les choses vont en s’aggravant lorsqu’elle découvre que son mari « se déforme » et « s’affaisse », comme si ses yeux, son nez, sa bouche « coulaient »… Elle n’ose trop rien lui dire, ignorant le processus qui se déroule, mais elle s’interroge fortement sur ce que devient peu à peu son mari… Lorsqu’elle en parle à une voisine, cette dernière semble déjà avoir connu un couple qui avait le même problème…

Un roman étrange et difficile à cerner

Il faut l’avouer, les japonais sont les rois du bizarre quant il s’agit de créativité. La littérature nippone ne fait donc pas exception, et Mariage contre nature nous offre un parfait exemple de ce genre entre l’étrange et l’inclassable.

Cette lecture m’a toutefois plu, même si je ne sais pas au final si j’ai réellement compris l’ensemble de l’histoire. Mais y a-t-il quelque chose à comprendre ? Parfois, il faut se laisser porter par la vague du bizarre et accepter de ne pas tout saisir. C’est aussi ce qui fait le charme de cette littérature si particulière.

Les mots de présentation de l’éditeur sont d’ailleurs choisis avec grand soin, car la conclusion apporte un éclairage nouveau à leur choix de vocabulaire.

……

C’était parfois tellement étrange qu’il est difficile de dire clairement si j’ai apprécié ou non. Une chose est certaine, c’est un roman qui marque par son originalité et sa conclusion. A lire pour découvrir une nouvelle auteure japonaise de talent qui sait camper une ambiance étrange alors que le décor semble rassurant…

PS : J’émets petit bémol concernant le prix. L’ouvrage fait à peine 130 pages et coûte 13€… C’est un peu cher. Je sais que d’autres éditeurs pratiquent des prix plus élevés, mais ça reste encore un peu trop…

Chronique : Geek Girl – Tome 3

Let’s go to… New York !

Suite des aventures d’Harriet Maners avec Geek Girl 3, mais cette fois-ci, ce n’est pas par choix. Toute sa famille part à New York pour le nouveau travail de son père… et le monde de la mode va vite la rejoindre !

La série Geek Girl est écrite par Holly Smale, qui s’est servie de sa propre expérience dans le mannequinat pour créer ses romans. Le troisième tome de la saga est paru en avril 2015 chez Nathan.

Un déménagement aussi lointain qu’imprévu

Harriet et toute sa famille (y compris Tabatha, sa petite sœur toute neuve) s’envolent pour New York, aux Etats-Unis pour soutenir son père dans son nouveau choix de carrière. Au-revoir l’Angleterre et bonjour les paillettes et les lumières de la ville qui ne dort jamais ! Sauf que… petite omission de la part de son père et de sa belle-mère : ils ne s’installent pas vraiment à New York, mais dans l’état de New York… Harriet pensait voir plus souvent Nick, mais il n’en est rien puisqu’elle est à plus d’une heure de train de la ville scintillante…

Et les ennuis ne font que commencer pour Harriet qui a tout perdu : sa pire pote, son harceleur personnel et le peu de connaissances qu’elle avait réussit à conserver malgré son statut de geek…

Un roman sur le changement et les bouleversements qui sillonnent notre vie

Il faut l’avouer, ce troisième opus est le signe de très nombreux changements pour Harriet. Elle va devoir affronter beaucoup d’obstacles et devoir grandir un peu… Mais va-t-elle réussir ? A vous de voir ! Une chose est certaine, Harriet n’a pas le choix, elle va devoir changer et prendre sur elle, et cela malgré les très nombreuses déceptions qui vont lui tomber dessus. C’est le temps des changements, et cela sur de nombreux plans.

Et comme chaque tome est le symbole d’un voyage en particulier, nous allons découvrir la ville de New York à travers les yeux de l’anglaise la plus pointilleuse et geek du moment. Mais ce tome nous laisse entrevoir une Harriet beaucoup plus seule et abandonnée qu’il n’y paraissait dans les premiers tomes, même si on y retrouve Willbur et Nick. Peut-être est-ce la seule façon de voir notre jeune héroïne grandir un peu même si cela n’est pas sans mal.

Elle va devoir cerner qui lui veut du bien et qui n’a aucun intérêt à ce qu’elle réussisse, elle devra trouver qui sont ses vrais amis au milieu du monde si difficile de la mode… et faire ses propres choix. Elle devra également porter de chaussures en forme de homard. Oui.

Comme toujours, on passe un agréable moment avec Harriet Manners, mannequin malgré elle. On retrouve avec plaisir son amour pour les to do list et les faits scientifiques étranges qui tombent comme un cheveu sur la soupe…

Attention toutefois à ne pas tourner en rond car la série a beau être fort sympathique, on peut vite tomber dans la répétition, c’est en tout cas le risque qui se profile. Geek Girl était à la base une trilogie, mais la saga est finalement reconduite pour au moins 6 tomes, donc affaire à suivre, comment Holly Smale renouvellera sa saga sans tomber dans le cliché ou la répétition ?