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Chronique ado : Il était ma légende

Connaissez-vous la collection de novellas YA Court Toujours chez Nathan ? Si ce n’est pas le cas, Il était ma légende est l’occasion de découvrir un format ultra-court. Leur particularité est d’être peu chers (8 €) et d’être disponibles en format audio et numérique simultanément. Trois façon de découvrir des textes brefs et efficaces.

La collection lance son premier ouvrage de fantasy avec une novella d’Estelle Faye, référence francophone dans l’imaginaire. L’autrice a déjà écrit quantité d’ouvrages (re)connus : Porcelaine (Les moutons électriques), Un éclat de givre (Actusf/Folio SF), Le dernier Drakkar (Scrinéo), la série Les aventures d’Alduin et Léna (Nathan)… Il était ma légende est paru en juin 2022 en librairie.

Un héros pour tous qui tombe peu à peu dans l’oubli…

Elok d’Endar est une légende vivante : il a sauvé des milliers de vie en réussissant là où tous avaient échoué : fédérer un royaume divisé face à un ennemi commun. Grâce à lui, les démons d’ombre ont été éradiqués. Notre narrateur – le fils du roi de la cité d’Orian – veut tout faire pour rencontrer son héros et quitte richesse, confort et stabilité contre l’avis de tous.
Mais l’aura de guerrier légendaire qui entourait Elok semble s’être dissipée et beaucoup le moquent maintenant que tout danger est écarté… en apparence.

La fantasy au format ultra-court

Difficile de construire une intrigue solide, efficace et créative en aussi peu de pages (à peine une cinquantaine). L’avantage, c’est que l’on taille immédiatement dans le vif du sujet avec une introduction qui intrigue et tient en haleine jusqu’au bout.

Ainsi, j’ai trouvé cette histoire efficace et plaisante même si ce n’est pas un coup de cœur. Je trouve que c’est une bonne façon de découvrir le format novella et la fantasy au passage. Un peu comme la collection Une heure-lumière au Bélial, mais version ado.

On appréciera avant tout le soin apporté par Estelle Faye à son univers glacé. Elle aime le froid mordant dans ses ouvrages, et ça se voit ! C’est dépeint avec efficacité, sans lourdeurs et on s’y croirait. Cependant, l’ouvrage a les défauts de ses qualités : c’est un peu court pour installer un univers et des personnages plus fouillés. Il est donc un peu trop facile de deviner les secrets d’Elok. Mais peut-être est-ce parce que j’ai lu pas mal d’ouvrages que maintenant je suis plus difficile à surprendre et plus difficile tout court.

Il était ma légende est donc une expérience de lecture intéressante, je lirais certainement d’autres ouvrages de la collection Court Toujours si Nathan poursuit l’expérience en fantasy. A découvrir dès l’âge de 13 ans environ.

AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Les héritiers de Brisaine Tome 1 & 2

Une incursion parfaite pour faire découvrir de la bonne fantasy francophone !

David Bry est un auteur français dont le crédo est l’imaginaire. Il écrit aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes. Il fit une entrée remarquée en littérature avec son roman Que passe l’hiver aux éditions de L’homme sans nom en 2017 mais il écrit depuis plus d’une quinzaine d’années.

Depuis, il a écrit d’autres romans, tous concourant à asseoir son statut d’étoile montante de l’imaginaire : La princesse au visage de nuit (Pocket), Le garçon et la ville (Lynks), Le chant des géants (L’homme sans nom), la série jeunesse Les héritiers de Brisaine (trois tomes déjà parus chez Nathan).

Un royaume qui a perdu sa magie et ses créatures fantastiques….

Bienvenue dans le monde de Fabula, plus précisément dans la contrée de Trois-Dragons. C’est royaume relativement paisible, mais dont le passé récent est assez houleux. Guerre de pouvoir, vol d’un artéfact extrêmement puissant et disparition de la magie, voici les éléments clés de l’Histoire proche de Trois-Dragon et du royaume de Fabula.

C’est dans cette ville que vivent trois enfants qui ignorent encore leur destin : Aliénor, Grégoire et Enguerrand. Pour eux ainsi que pour tous les habitants du village, la magie est morte. Mais Brisaine, une vieille amie du trio va leur expliquer qu’il n’en est rien. Et que la brume qui s’échappe du Bois d’Ombres est liée à cette fameuse magie ténue qui subsiste.

Une nouvelle série jeunesse pour découvrir le genre fantasy

Si vous avez dans votre entourage des lecteurs entre 9 et 10 ans, cette série sera idéale pour eux. Il y a dans Les héritiers de Brisaine tous les codes de la fantasy avec des ressorts efficaces et bien utilisés. Mais David Bry réussit tout de même a créer quelques surprises dans cet univers créé de toutes pièces. Ses jeunes héros subissent des épreuves, mais ce sont surtout celles du quotidien qui les malmènent, en particulier le jeune Grégoire orphelin et serviteur au Château du seigneur Josserand.
L’aventure est quant à elle une véritable bouffée d’air frais et d’adrénaline pour le trio dont le quotidien n’est pas facile. Ils prennent des risques, mais savent que ce qu’ils font sert Brisaine et sa juste cause.

Pourquoi disais-je que cette série jeunesse est une parfaite introduction à la fantasy ? Tout simplement parce qu’on y retrouve une grande quête, des créatures fantastiques, de la magie et un destin incroyable semé d’embûches. Dans les deux premiers tomes, on découvre ainsi trolls, loups bicéphales, phénix, ondines et autres créatures fantastiques.
Lesdites créatures sont d’ailleurs toutes répertoriées dans le fabuleux grimoire que rempli peu à peu le jeune Grégoire, passionné de légendes et de lecture. Chacune a droit à son dessin et à un descriptif rapide en en fin d’ouvrage.

Et je ne vous ai pas encore parlé des très jolies illustrations de Noémie Chevalier, elles sont parfaites et habillent à merveille l’histoire de David Bry. Il n’y en a pas beaucoup, mais juste assez pour rassurer les enfants lecteurs qui ne veulent pas lire de trop gros livres le tout avec encore quelques images.

Ainsi, les deux premiers tomes de cette série de fantasy sont parfaits pour initier les jeunes lecteur.ices au genre. L’auteur use des codes habituels pour nous offrir une intrigue efficace et non dénuée d’intérêt. Ce n’est pas un coup de cœur, mais c’est la parfaite porte d’entrée pour faire découvrir d’autres choses par la suite… !

La saga Les héritiers de Brisaine n’est pas terminée, un troisième tome est paru et un quatrième est à paraître pour le mois de septembre 2022.

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TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique : Le royaume assassiné

Une réécriture du conte de la Petite sirène version fantasy, ça vous tente ?

Premier roman d’Alexandra Christo, Le royaume assassiné a connu un grand succès à sa parution aux États-Unis. Il est paru en France aux éditions De Saxus en novembre 2020. L’éditeur a fait un premier tirage tout particulier pour ce roman, faisant la surprise d’un ouvrage en couverture rigide uniquement pour la première impression (il avait cependant le même ISBN que le souple). Une jolie façon de remercier les lecteurs !


Le Royaume assassiné se propose de vous faire découvrir une version de La petite sirène assez différente du conte d’Andersen…

La Tueuse de princes en quête de sa plus belle cible…

Elle se prénomme Lira, et elle est la plus redoutable des sirènes. Fille de la reine, elle se réserve le droit d’arracher le cœur d’un prince à chacun de ses anniversaires. Elle est crainte dans tous les royaumes, tous les océans par-delà le monde. Mais sa mère la reine la perçois de plus en plus comme une menace et la punit pour lui avoir désobéi : elle ainsi transformée en une fragile humaine.
Lorsque sa route va croiser celle d’un prince amoureux de l’océan, elle est loin de se douter que sa vie va basculer… et peut-être pas uniquement la sienne…

Une réécriture de conte de fées intéressante

Le royaume assassiné est le roman parfait pour une incursion dans l’univers de la fantasy maritime. C’est un genre qui se développe de plus en plus en France par le biais de traductions (mais pas seulement) : Le trône des sept îles de Adalyn Grace (De Saxus), De sang, d’écume et de glace d’Alexiane de Lys (Michel Lafon), La carte des confins de Marie Reppelin (PKJ) pour ne citer qu’eux. On peux dire que ça a le vent en poupe. Ou en poulpe ?

C’est la première fois que je m’essaie à ce sous-genre de la fantasy et je dois avouer avoir trouvé cela plaisant. D’autant plus qu’il s’agissait d’une réécriture de conte de fées. Le style d’Alexandra Christo est très fluide, les chapitres s’enchainent avec une aisance confondante, c’est un bon page-turner. Cependant, malgré son efficacité, ce n’est pas un coup de cœur, loin de là. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’intrigue est trop linéaire… il y a certes des côtés sombres à cette histoire, mais elle reste très classique et cousue de fil blanc.

Le royaume assassiné est vendu comme une fantasy aux accents très sombres, mais ce n’est pas parce que Lira arrache des cœurs à des princes que ça suffit pour classer l’ouvrage comme tel. L’autrice aurait dû aller beaucoup plus loin dans la noirceur si elle voulait que l’on considère son ouvrage comme de la dark fantasy. Pour moi, c’est un bon ouvrage de fantasy maritime sur fond de romance, mais on oublie très vite le côté sombre tant il est ténu.
Une fois qu’on accepte ça, on passe un très bon moment de lecture !

Ainsi, comme réécriture de conte, ce roman est une réussite, mais pas au point de l’ériger au rang de coup de cœur. A réserver à celleux qui n’ont pas l’habitude des poncifs de la fantasy, car l’intrigue est extrêmement classique. C’est one-shot, ce qui a le mérite d’être très appréciable quand on en a assez des séries de fantasy à rallonge… A découvrir dès l’âge de 14 ans.

Pour aller plus loin : L’édition française bénéficie de cinq illustrations inédites magnifiques réalisées par différents artistes mais toutes parfaites pour l’univers.

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TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : La liste de nos interdits

Un polar aux allures de descente aux enfers… Vous pensiez avoir compris, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg !

Paru initialement aux éditions Fleuve puis en Pocket, voici le premier roman de Koethi Zan à paraître en France : La liste de nos interdits. Il était paru il y a plusieurs années sous un autre titre, Au bout de la peur.

Par ailleurs, le second roman de Koethi Zan est paru en septembre 2017 chez Fleuve Editions : A jamais tu obéiras.

Un début de roman déstabilisant

Suite à un grave accident, Sarah et Jennifer ont rédigé une liste. Une suite de règles à respecter absolument si elles veulent survivre dans le monde actuel… De leur terrible drame, nous ne saurons rien, mais de cette liste d’interdiction, nous découvrirons tout peu à peu… Mais malgré toutes ces précautions, les deux jeunes femmes vont être les victimes d’un enlèvement puis d’une séquestration qui va durer… de très longues années.

Un thriller psychologique fort bien mené…

Les premiers chapitres sont très déstabilisants, mais une fois que l’on comprend le tableau dans son ensemble (entre le présent et de nombreux flash-back), on se laisse pendre au « jeu ». Jonglant entre différentes époques/enjeux, on creuse peu à peu dans la tête du psychopathe autour de qui tourne cette sordide histoire… Tout s’imbrique et trouve un sens… même dans l’horreur.

Vous trouverez ici une enquête nouant sémiologie, psychologie, manipulation, et torture parfois (mais sans trop de descriptions, heureusement). On remonte peu à peu la filière du criminel avec art… Koethi Zan est douée pour nous amener doucement là où elle a toujours voulu nous piéger, et ça fonctionne !

Mes passages préférés, ce sont ceux où l’investigation de Sarah l’entraîne dans une documentation extrêmement poussée sur toutes sortes de milieux cachés… c’est aussi malsain que fascinant.

Il y a bien entendu quelques poncifs dans ce thriller, mais ils ne sont pas assez dérangeants pour rendre le roman déplaisant. La narratrice, Sarah, fait partie des ultras-privilégiés, elle ne se rend pas toujours compte de la « chance » qu’elle a de pouvoir faire ce qu’elle souhaite quand elle le souhaite… De même, au niveau de la conclusion, il y a une petite « surprise » qui n’en est pas franchement une de mon point de vue, mais rien de décevant non plus.

Étant donné comment Koethi Zan nous balade dans son roman, elle aurait pu aller un peu plus loin en ce qui concerne la dernière partie de son roman. Je suis persuadée que la fin aurait ainsi prendre plus d’ampleur encore.

Quoi qu’il en soit, La liste de nos interdits est un bon thriller psychologique. Surprenant, efficace, dynamique, on passe un excellent moment de lecture sous tension !

……

Je lirais très certainement d’autres livres de cette auteure, pour peu que ses autres romans ne soient pas trop redondants. J’ai vu le résumé de A jamais tu obéiras, et je crains que le contenu soit assez similaire… A vérifier toutefois

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TRANCHE d´ÂGE :

Chronique Jeunesse : Mamie Polar – Ramdam au musée

Tenez-vous bien, Mamie Jo mène l’enquête… et elle est en super forme !

Mamie Polar est une toute nouvelle série de romans pour la jeunesse parue chez Scrinéo Jeunesse. Deux tomes sont parus simultanément en avril 2017.

L’auteur, Régis Delpeuch, a déjà quelques livres à son actif : Quand Marcel et ses amis découvrirent la grotte de Lascaux (Scrinéo), et toute une série de romans pédagogiques.

Un troisième tome de Mamie Polar est déjà à paraître en septembre prochain, et chose utile à savoir, il n’y aucun ordre à respecter ! Vous pouvez lire l’histoire qui vous tente le plus.

Momo a disparu !

Momo, le SDF du quartier, celui qui aide tout le monde, qui est gentil, adorable, serviable… a disparu ! Pour la police, ce n’est qu’un SDF, et la disparition de Momo n’en est pas vraiment une. Mais pour Camille et Lucas, c’est un véritable drame car Momo fait partie de l’âme du quartier. Comment résoudre le mystère de sa disparition ?

Les enfants décident d’en référer à une personne dynamique, intelligente, vive d’esprit et bourrée d’humour : leur super mamie ! Mamie Jo est une fraiche retraitée qui a été directrice d’école pendant plus de vingt ans. Elle adore ses petits enfants et les prend toujours sérieux. Alors, s’ils ont un problème, elle va tout faire pour les aider à le résoudre, même si la police ne veut pas agir.

Un petit roman policier prenant, malin et plaisant

Que ce soit au niveau de l’histoire, des personnages, des dialogues, Ramdam au musée est un très bon roman pour la jeunesse. On peux le proposer aux lecteurs de 9 ans environ. Pour tous ceux qui ont envie d’une histoire dynamique et drôle avec un peu suspense, c’est parfait.

Les chapitres sont extrêmement courts (quelques pages à peine), ce qui est motivant pour les jeunes lecteurs. Il y a parfois de petits logos à côté des noms de personnages pour savoir qui est qui (très bonne idée, je trouve !), certaines phrases sont en gras pour attirer l’attention. Tout est fait visuellement pour que le lecteur soit à l’aise dans sa lecture.

L’histoire de ce petit roman est quant à elle simple mais très efficace. On découvre le monde des œuvres d’art et des trafics qu’il peut y avoir autour ! Mais très brièvement, car l’intrigue tourne énormément autour de Mamie Jo et de sa personnalité extrêmement vive. Mamie Jo ose tout, même le plus improbable, et c’est certainement pour cela qu’on l’apprécie…

….

Alors, cette nouvelle série jeunesse vaut-elle le coup ? Oui ! Pour tous ceux qui cherchent des romans  policiers à lire dès 9 ans, c’est absolument parfait ! Il n’y a rien a redire, et c’est d’ailleurs pour cela que je vais lire l’autre tome de la série : Fallait pas toucher à l’école de Mamie Jo.

Chronique : Les évadés du bocal

Un roman absolument fou… où l’on suit une petite troupe d’évadés de l’asile psychiatrique qui décide de mettre à jour le complot d’ordre mondial qu’ils ont découvert ! Mais qui les croira et y arriveront-ils seulement ?

Bruno Lonchampt est un auteur français qui a déjà quelques ouvrage son actif, notamment un chez Sarbacane : Bloc de haine (en 2014).

Avec Les évadés du bocal paru en septembre 2016, on plonge dans un monde totalement fou… et c’est vraiment le cas de le dire !

Une évasion totalement improbable…

Tout débute lorsqu’on fait la connaissance de Sandro, Yves et Lisa. Tout barrés à leur manière, ils sont persuadés qu’il y a quelque chose de louche qui se trame dans leur hôpital… En effet, de nombreux patients on mystérieusement disparut et il semblerait qu’il y ait tout un système bien monté derrière tout cela. Ainsi, ils sont bien décidés à le prouver coûte que coûte ! Commence alors une escapade étrange, loufoque et totalement imprévisible…

Un récit trop décousu pour moi mais parfois très drôle

Les évadés du bocal ne sera pas forcément un texte évident à lire pour des ados avant l’âge de 15 ans (ou les autres d’ailleurs). Il faut suivre le fil (très décousu), comprendre les enjeux de chacun des personnages, et les problèmes particuliers que chacun rencontre dans sa petite tête !

En cela, la folie de chacun est d’ailleurs très bien exprimée.

Pour l’intrigue, le plus amusant est de voir l’histoire se dérouler jusqu’à ce que… l’on sache si le complot imaginé par nous trois fous est bien réel ou s’il s’agit une belle hallucination collective. On assiste par ailleurs à des scènes géniales, notamment celle où un chauffeur de taxi se prend de sacrées claques sur la tronche car… Sandro a une peur panique des chauves !

Pour le reste, je suis plus réservée sur cette lecture. J’ai passé un bon moment, c’est certain, mais pas au point de conseiller ce roman. En effet, après lecture, il me reste un sentiment très diffus où tout se mélange. C’est trop décalé et trop rapide pour moi, je n’ai pas su garder en tête précisément l’intrigue afin de vous en reparler dans cette chronique. Ce qui est dommage.

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Les évadés du bocal n’est pas un livre déplaisant, loin de là. Mais il est si fidèle à ses personnages qu’il est comme eux : fou, totalement décalé et hors-normes. A conseiller à des lecteurs avisés qui sont prêts à sortir totalement des sentiers battus ! Dès 15 ans.

PS : Mention spéciale à la couverture hyper flashy et magnifique ! Elle détonne, tout comme le texte dont elle s’inspire.

Chronique : Hugo de la Nuit

Un roman curieux et étrange qui sait captiver par son originalité et son écriture mordante…

Si le nom de Bertrand Santini ne vous dit rien, c’est l’occasion de découvrir un auteur, mais également une plume à la verve lyrique ! En tout cas, dans Hugo de la Nuit, c’est tout à fait le cas, mais l’auteur est également connu pour une autre œuvre, beaucoup plus enfantine : Le journal de Gurty.

Paru chez Grasset Jeunesse en avril 2016, Hugo de la nuit est un roman assez difficile à classer en termes d’âge du lectorat, mais une chose est certaine, c’est un beau roman ponctué d’audace à classer dans un univers gothique à la Tim Burton mais aussi inspiré de Shakespeare… et d’une foule d’autres choses ! Dans le même style, mais pour un public plus jeune, l’auteur a écrit L’étrange réveillon chez Grasset Jeunesse.

La mort signe-t-elle le début d’une toute nouvelle vie ?

Incroyable mais vrai, le héros de cette histoire commence par mourir avant que nous en fassions pleinement la connaissance. Les circonstances de son trépas restant très étranges et obscures… Tout ce que l’on sait, c’est qu’Hugo vient de mourir, mais qu’il n’a pas fini d’influer sur le monde des vivants : la propriété de ses parents est en danger, mais il n’y a pas que cela… ce qui se trouve sur la propriété elle-même est un danger…

Une histoire de fantômes, de famille et de trahisons

A découvrir dès l’âge de 13 ans environ, Hugo de la nuit est un roman que l’on peut qualifier d’atypique pour de nombreuses raisons : son écriture mordante qui ne laisse aucun répit au lecteur. Son vocabulaire plus travaillé que sur certains ouvrages destinés au même âge (et ça fait du bien diantre !), son univers très sombre assumé (on y parle meurtre, zombies, héritage et complot et autres choses bien sombres et tristes en toute impunité).

Au niveau de l’histoire, le lecteur sera forcément surpris car il y a peu de productions pour la  jeunesse qui proposent des romans autant hors des sentiers battus.

C’est sombre, très sombre, mais ça ne manque toutefois pas d’humour, même si celui-ci est parfois morbide à souhaits. C’est en cela que l’âge du lectorat est difficile à cerner. Je trouve que 12 ans, comme suggéré par l’éditeur, c’est un peu trop tôt. Alors que pour 14 ans, l’ouvrage commence à être trop « jeunesse », je le trouve donc idéal pour 13 ans environ, mais chaque lecteur est différent, il faut donc faire au cas par cas.

« Dors bien, jus de fœtus caillé ! »

Voilà un petit aperçu des réparties bien senties qui fusent tout au long du livre. Personnellement, j’ai trouvé ça drôle, car totalement inattendu, et une histoire sortant des clichés fait toujours du bien, mais ce n’est pas facile à conseiller en librairie.

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Pour conclure, Hugo de la nuit est un roman à part dans le panel que nous offre la production jeunesse. On y trouve un terrible complot familial, des fantômes sympathiques et désuets, des zombies bien flippants, mais également une créativité qui fait du bien ! C’est sombre, parfois lugubre, et alors ? L’écriture pleine de vie de Bertrand Santini contrebalance ce sentiment, nous offrant une comédie à la fois terrible et unique !

Mes idées de livres à offrir pour Noël 2016 – Romans adulte

noel-2L’année 2016 a été très riche en sorties, mais parmi cette énorme production éditoriale, voici les lectures qui m’ont interpellée et qui sont pour moi des incontournables.

Au programme, de la littérature teintée de culinaire, un roman à suspense basé sur un fait divers sordide,  la découverte très approfondie de la magnifique ville de New York (avec cinq titres différents !) et un peu de hard-sf ! Sans oublier un roman policier et humoristique à la façon italienne…

la-patissiere-de-long-islandLa pâtissière de Long Island – Sylvia Lott – Editions Piranha :

C’était mon livre de l’été, je l’ai conseillé à tour de bras à la librairie où je travaille, et les clients ont adoré. La Pâtissière de Long Island est un roman frais, à la fois léger et sérieux qui mélange Histoire et romance. Il est écrit par une auteure d’origine allemande.

Ce roman nous conte l’histoire de Marie, une jeune allemande forcée d’allée vivre à New York avec ses frères car sa romance avec un petit professeur d’école ne plaît pas du tout à ses parents. Nous sommes dans les années 30, et nous découvrons comment était la ville à l’époque, comment la jeune Marie s’adapte à ce monde si nouveau et si grand pour elle… C’est également l’histoire de son amour vécu à distance que nous découvrons, car elle rêve de rejoindre son petit professeur… En parallèle, nous suivons également Marie de nos jours, visitée par une partie de sa famille qu’elle n’a pas revue depuis plus de 20 ans. Peu à peu, la lumière se fait sur son existence…

Il s’agit là d’un très beau et merveilleux roman. On est captivé du début à la fin par l’histoire de Marie et par ce New York fantasmé des années 30… Bref, je suis sous le charme, c’est à découvrir/offrir absolument si vous recherchez un bon et beau roman, à la fois léger et captivant !

La cuisinièreLa cuisinière – Mary Beth Keane – 10/18 :

Et nous revoici dans New York, mais cette fois-ci en pleine fin du 19ème. Vous découvrirez ici l’histoire d’une femme qui a réellement existé : Mary Mallon. Soupçonnée toute sa vie d’avoir transmis sciemment la typhoïde à ceux pour qui elle cuisinait, ce roman est l’histoire de son existence et de son combat contre la justice et les médecins.

Passionnant de bout en bout, vous découvrirez comment la médecine de l’époque « fonctionnait » et comment a vécu cette femme fascinante qu’était Mary Mallon. C’est ici un bon roman historique qui vous attend. Pas nécessairement joyeux, certes, mais passionnant.

Prête à toutPrête à tout – Joyce Maynard – 10/18 :

Pour écrire ce roman écrit comme une suite continuelle de témoignages, Joyce Maynard s’est inspiré d’un fait réel. Au bout de quelques pages, on est pris pat l’intrigue, et plus les témoignages s’enchaînent plus on veut savoir ce qu’il s’est réellement passé.

C’est malin, mené de main de maître et écrit de telle façon que l’on est immédiatement happé. L’histoire ? C’est celle de Suzanne Maretto, une jeune femme qui avait absolument tout pour être heureuse : une belle maison, mari aimant, l’avenir devant eux… Mais son mari a été brutalement assassiné à leur domicile. Qui a fait le coup et pourquoi, c’est ce que tout le monde brule de savoir, eux qui semblaient heureux et sans histoires…

manhattan-marylinManhattan Marilyn – Philippe Laguerre – Critic éditions :

Si vous cherchez un bon polar conspirationniste mené de main de maître, c’est par ici ! Bienvenue à New York, de nos jours, où nous suivons une ancienne militaire qui même si elle ne le sait pas encore, va se retrouver liée au mystère de la mort de Marilyn Monroe… et plus encore.

Voici un thriller efficace qui se dévore de bout en bout. Les chapitres s’enchainent vite, on ne les voit même pas passer tant on est parfaitement diverti. Action, rebondissement, écriture efficace, c’est pour moi le bon polar de cette année qui m’a permis de faire la découverte d’un roman ET d’un auteur !

Les éditions Critic ne sont pas encore largement connues, mais elles gagneraient à l’être car d’autres de leurs publications sont tout aussi excellentes que valables.

voici-venir-les-reveursVoici venir les rêveurs – Imbolo Mbue – Belfond :

Bienvenue (encore !) à New York en 2007, où cette fois-ci nous suivons une famille d’origine camerounaise qui veut vivre le rêve américain. Ils ont tout quitté et se saignent pour le vivre, mais cela peut-il durer sur le long terme ?

Dans ce roman lumineux et inoubliable, nous suivons Jende, qui fait tout pour que sa famille puisse s’épanouir pleinement aux États-Unis, quitte à travailler comme un fou. Il est embauché comme chauffeur pour l’un des grands patrons de la Lehman Brothers. Nous suivons également le parcours de Neni, sa femme, qui rencontre quantité d’embuches également… Ce roman est l’histoire de leur combat, de leur courage, et de leur persévérance.

Ils sont beaux, humains, terriblement attachants, y compris dans leurs erreurs, que ce roman restera pour moi l’un des grands romans de l’année 2016. A découvrir pour faire plaisir ou se faire plaisir !

cookie-monsterCookie Monster – Vernor Vinge – Le Bélial’ :

Et voici un peu de sf dans ce monde de brutes avec Cookie Monster ! Il s’agit d’une novella (très court roman) particulièrement réussie qui traite de messages cachés, d’itérations et de manœuvres d’envergure…

Tout commence avec un mail que Dixie Mae reçoit à son poste de travail. Un message si personnel, contenant des secrets si intimes qu’elle se doit de savoir qui l’a envoyé et pourquoi. C’est le début d’un jeu de piste savamment dosé et mené brillamment… Et les réponses risquent de ne pas plaire à Dixie Mae et à ses collègues !

Si vous recherchez une petite claque littéraire dans le domaine de l’imaginaire, c’est donc ce petit ouvrage que je vous recommande. Il est petit, peu cher, et la finition de l’ouvrage est très belle : rabat, pelliculage, couverture magnifique. Si vous recherchez d’autres ouvrages dans cette collection, son nom est Une heure-lumière, un nom tout particulièrement bien trouvé !

brooklynBrooklyn – Colm Tóibín – 10/18 :

Si vos envies vont vers un roman historique facile à lire et passionnant à la fois, Brooklyn est fait pour vous ! Entre romance et Histoire, on plonge avec délices entre l’Irlande et le New York des années 50. C’est à la fois merveilleux, suranné, beau et tendre…

Nous y suivons l’histoire d’Eilis, une jeune femme forcée de quitter sa terre natale qu’est l’Irlande pour trouver du travail à New York, dans le quartier populaire de Brooklyn. Vivant chez une logeuse et travaillant dans un magasin de vêtements, la jeune femme s’épanouit peu à peu dans sa nouvelle vie…

Il s’agit ici d’un magnifique roman. On en ressort à la fois heureux et mélancolique, car la vie d’Eilis est loin d’être facile. Sa famille prend une place importante dans sa vie, de même que ses nouvelles amitiés dans la grande ville de New York. Brooklyn, c’est l’histoire d’un tiraillement, d’hésitations, de cœurs brisés. Aussi magnifique que mémorable, c’est un ouvrage qui se dévore brooklyn-filmlittéralement, et qui ne s’oublie pas.

PS : L’ouvrage a été adapté de façon extrêmement fidèle au cinéma par John Crowley et Paul Tsan en 2015, et c’est une petite réussite. Il a été nominé 3 fois aux Oscars pour le meilleur film, le meilleur scénario et la meilleure actrice.

Cependant, si vous avez lu l’ouvrage, cela n’apporte rien de plus sinon que de retrouver des personnages que l’on a aimé suivre et que l’on veut découvrir autrement.

meurtres-a-la-pause-dejeunerMeurtres à la pause-déjeuner – Viola Veloce – éditions Liana Lévi

Dans le genre drôle, frais et assez surprenant, ce roman italien se pose. Tout commence avec un meurtre par strangulation dans une grosse entreprise milanaise… Sauf que, ce meurtre n’est que le premier d’une longue série, et qu’ils ont tous lieu dans la même entreprise…

Qui est le tueur et qui s’en prend à ces salariés tous employés par la même entreprise ? Nul ne le sait, mais Francesca qui y travaille dans le service planification, commence à sentir la lassitude et la colère monter en elle… Mais pas seulement à cause de ces étranges éliminations. En effet, elle n’a pas que des soucis d’ordre professionnel : ses parents veulent absolument la marier, et font absolument tout pour la caser… quitte à la rendre folle.

C’est donc une foule de soucis et de tracas que doit mener de front l’attachante et patiente Francesca… Mais les choses vont changer, et la jeune femme va prendre le taureau par les cornes quitte à mentir et à se mettre en danger de façon aussi cocasse qu’inconsciente !

Aussi drôle qu’excentrique, ce roman est absolument génial, y compris dans sa conclusion ! C’est inattendu, drôle, à la fois naïf et mordant par certains côtés… en un mot génial. Si vous voulez surprendre avec une intrigue aussi distrayante qu’efficace, c’est donc le roman parfait.

une-affaire-de-sorciersUne affaire de sorciers – George Chesbro – Rivages/Noir

Bienvenue dans l’univers étrange et fascinant de George Chesbro au travers de son héros Mongo le Magnifique. Détective privé de renom, Mongo a un passé de star de cirque, est ceinture noire de karaté et a la particularité d’être un nain. Cela fait beaucoup pour un seul homme me direz-vous, et pourtant… on se laisse transporter par les trois enquêtes que doit mener Mongo simultanément !

Dans le New York des années 70, Mongo doit démêler une sale histoire d’occultisme et de sorciers, faire libérer un homme soupçonné de meurtre et sauver la vie d’une fillette. Ces affaires bien que très disparates s’avèrent peu à peu avoir des liens entre elles… Mongo va devoir écumer les bas-fonds de la ville et rencontrer des personnages peu recommandables pour avancer dans sa quête de réponses. Mais c’était sans compter sur les (nombreux et dangereux) ennemis qu’il va se faire au passage.

Étrange, occulte, à la frontière du roman noir et du paranormal, George Chesbro nous offre ici une intrigue menée de main de maître. Mélangeant parapsychologie et croyances, aussi hypnotique que captivant, Une affaire de sorciers est un roman qui recèle une ambiance unique et inimitable. Pour moi, c’est une véritable révélation. Et les enquêtes de Mongo le Magnifique sont nombreuses, je vous laisse donc deviner ce que je vais demander à noël…

PS : Une affaire de sorciers est paru en mai 2016, mais il s’agit d’une réédition. Il est paru pour la première fois en France en 1990. Cette nouvelle édition est donc l’occasion de (re)découvrir une petite merveille !

Chronique : Divergente – Tome 2

Divergent 2Suite d’une saga qui avait su nous rendre addictifs dès le premier tome !

Premier écrit de Veronica Roth, Divergent est une trilogie dystopique ultra efficace. L’histoire est centrée à l’échelle d’une ville, nous y suivons la jeune Tris, qui se trouve être une Divergente, elle n’entre pas dans les cases créés par cette société du futur…

Après un premier tome extrêmement surprenant et ingénieux, dire que la suite était à lire d’urgence est un doux euphémisme !

De retour dans un monde aux dangers multiples

A la fin du premier opus, nous laissions Tris et Quatre avec beaucoup de questionnements quant à leur avenir, mais également leur monde à changer… Mais cela va-t-il réellement se réaliser ou d’autres obstacles vont-ils se dresser devant Tris et ceux qui la suivent ?

Efficace, mais légèrement en deçà du premier opus

Veronica Roth nous fait à nouveau explorer son univers et le développe peu à peu. On retrouve ce qui avait tant plus dans le premier tome : le système des factions, les hautes technologies qui manipulent l’esprit et la perception et surtout deux héros forts que l’on désire suivre jusqu’au bout du monde !

Dans ce second tome, l’auteur reprend les éléments qui ont si bien fonctionné dans le précédent, mais cela fait qu’il y a peu de nouveautés au final. On reste toutefois pris par l’intrigue, dont on veut connaître tous les tenants et aboutissants. Il y a plus de lenteurs, et moins de révélations, mais certaines scènes restes toutefois mémorables et extrêmement sous tension.

Et surtout, l’auteur réussit à nous avoir avec quelques beaux twists parsemés ça et là dans l’intrigue. Il faut absolument saluer le dernier chapitre de l’ouvrage absolument grandiose et qui nous laisse vraiment pantois. On ne brule que d’une chose après cette lecture, se ruer sur l’ultime tome de la trilogie !

Divergent 2 VOCe second tome est ainsi celui de la transition. On voit bien que Veronica Roth essaye de nous amener tout doucement vers quelque chose qui sera autre, différent, surprenant. Ce second tome n’est ainsi pas le plus saisissant de la saga, mais il reste nécessaire et efficace malgre quelques lenteurs.

On découvre d’autres facettes de nos personnages fétiches, l’univers de Divergente se dévoile jusqu’à nous laisser des interrogations auxquelles on brule d’avoir les réponses de le troisième et dernier opus ! Bref, c’est un joli tour que nous joue ici Veronica Roth, qui manie parfaitement l’art du suspense…

Chronique : L’héritière – Tome 1

L'héritière 1 couverture provisoire Une nouvelle saga de fantasy à destination des adolescents où l’héroïne possède une peau aux étranges propriétés… mortelles

Écrit par Melinda Salisbury, L’héritière est le premier tome d’une trilogie de fantasy destinée aux adolescents. Aux États-Unis, l’ouvrage a été élu coup de cœur du Publishers Weekly et fait partie des dix nouveautés 2015 à ne pas louper selon Bookseller.

En anglais le titre du livre est The Sin Eater’s Daughter soit, La fille de la mangeuse de péchés, un titre original qui attise la curiosité et qui surtout est plus fidèle au roman.

Un univers régit par les Dieux et leurs incarnations terrestres

Quand débute le récit, nous découvrons Twylla, ou plutôt Daunen incarnée. La jeune femme rousse est l’incarnation de la fille de deux Dieux qui régissent le royaume de Lormere. Elle qui n’était que la fille de la mangeuse de péchés, la voici propulsée au rang de déesse : destinée à se marier avec le Prince et devenir plus tard, la Reine de Lormere.

Même si elle n’a rien décidé, Twylla est assez satisfaite de son sort, il y a bien pire que de devoir épouser le Prince, même si elle ne l’a pas vu depuis plus de deux ans. Il y a pire que de devenir Reine d’un royaume, et il y a pire que de devoir tuer des traitres à la couronne rien qu’en les touchant… et effectivement, le pire existe, et il arrive. Il y a pire que la Reine actuelle du royaume qui terrifie tout le monde y compris sa famille tant elle est cruelle et ambivalente.

Une trame très classique axée avant tout sur la romance

L’héritière est un roman pour adolescents dont l’intrigue est très (et trop) classique. Rapidement, on voit une romance s’installer et par la même occasion, un triangle amoureux. Ce qui est dommage c’est que le tout se déroule sans surprise et avec un peu trop naïveté.

En effet, même si Twylla ne se rend pas immédiatement compte de ce qu’il se passe, nous lecteurs savons où cela la mène. D’œillades en regards, de remarques en conversations… Twylla tombe amoureuse… de la mauvaise personne.

Notre héroïne narratrice vit quasiment cloîtrée. Entre son appartement et son lieu de culte voué aux Dieux, elle ne peux guère se déplacer. On comprend pourquoi tout tourne assez vite autour de ses seuls sentiments. Le problème, c’est que la romance prend une place disproportionnée par rapport à l’intrigue et à l’univers riche (qui aurait pu être beaucoup plus développé) de Melinda Salisbury.

Un bel univers qui aurait gagné à être encore plus exploré et développé

Même si l’histoire de L’héritière ne sort gère des sentiers battus, son univers sombre lui est attrayant et aurait pu être encore plus obscur si l’auteur l’avait voulu.

En effet, dans les monarchies, les histoires de consanguinité et d’inceste sont monnaie courante afin de préserver une lignée royale pure. Le royaume de Lormere n’échappe pas à la règle. La Reine ayant prévu pour prendre sa suite de marier ses deux enfants entre eux… Ces rapprochements malsains on souvent d’ailleurs des répercutions indésirables : malformations, mort prématurée, folie…

Mais la partie originale et obscure de L’héritière se cache dans l’étrange travail de la mère de Twylla : mangeuse de pêchers. L’idée est géniale : quand on meurt, pour que notre âme parte dans l’autre monde et n’importune pas les vivants, la mangeuse de pêchers doit venir. Elle se doit de manger tous les aliments présentés sur le cercueil du défunt sous peine de tourmenter l’âme du défunt. Chaque aliment correspond à un pêché commis, avec une symbolique bien précise pour chacun. La sémiologie des aliments ingérés par la mangeuse de pêchés aurait pu ainsi être développée tant je trouve l’idée fascinante, au final on ne découvre la symbolique que de cinq ou six aliments.

De même, l’auteur joue avec le langage des fleurs utilisées dans son roman et nous renvoie à leur symbolique durant l’époque victorienne. Je trouve que ce type de démarche peut apporter un plus intéressant à l’histoire et faisant « enquêter » le lecteur.

Par ailleurs, nous retrouvons dans le roman une réécriture intéressante du Joueur de flûte de Hamelin sous le nom de la légende du prince endormi. L’histoire de début est très similaire au conte que l’on connaît, mais son développement et sa conclusion sont extrêmement différents et beaucoup plus sanglants.

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L'héritière 2 VOAlors que penser au final de ce premier roman ouvrant une nouvelle saga de fantasy ? On sent une réelle volonté de surprendre de la part de l’auteur, mais les révélations s’enchaînent tellement vite sur la fin, qu’on en perd le sens de la mesure. De twists en chutes, le lecteur est de moins en moins surpris, et c’est dommage. En dehors des tous derniers chapitres, le déroulement général est par trop classique et ne nous fait pas assez découvrir l’univers intéressant crée par l’auteur.

A suivre tout de même pour voir où Melinda Salisbury veut nous emmener dans la suite de sa saga, en espérant qu’elle creusera beaucoup plus les bonnes idées qu’elle a eues.