Archives du mot-clé aventure

Chronique Jeunesse : Le corbeau de nuit – Tome 1 – Les mystères de Mika

Une enquête policière sombre dans le Stockholm de la fin du XIXème…

Paru chez Thierry Magnier en fin d’année 2023, Le corbeau de nuit est un roman à destination de la jeunesse écrit par Johan Rundberg. Il s’agit du premier tome d’une série de cinq. On y découvre le Stockholm de la fin du XIXème et le mode de vie des orphelins qui tentent de survivre dans une ville et une époque bien cruelles…

Mika, orpheline parmi tant d’autres

Notre héroïne se prénomme Mika, du moins c’est le nom qu’on lui a donné quand elle a été recueillie à l’orphelinat. Elle ne sait rien de ses origines, comme tant d’autres enfants et nourrissons abandonnés… Son quotidien est difficile, tout comme celui de ses camarades d’infortune. En effet, l’hiver est extrêmement rigoureux à Stockholm, et cette année encore plus. L’établissement n’a même pas les moyens de nourrir et de chauffer correctement tous ses jeunes réfugiés.

C’est dans ce contexte difficile qu’arrive un nouveau bébé abandonné. Mais chose étrange, il est accompagné d’un bracelet. En parallèle de cette nouvelle bouche à nourrir, il se passe des choses étranges à la capitale. Les deux événnements sont-ils liés ? Rien n’est sûr, mais Mika a toujours eu l’oeil acéré et les oreilles qui trainent pour assurer sa survie. Fine observatrice, maligne et pleine de ressources, la jeune fille va être repérée par un enquêteur de la police de Stockholm. Ce dernier va utiliser ses talents pour avancer sur une dangereuse enquête qui piétine… Au mépris du danger pour elle, et pour lui.

Un cadre passionnant et original… mais si peu exploité !

Quand je me suis procuré cette ouvrage, j’étais très heureuse de voir qu’il ne s’agissait pas d’une ennième traduction issue de l’anglais. Un roman à succès suédois, voilà de quoi changer un peu des lectures habituelles ! L’autre plus qui m’avais attirée, c’est qu’il s’agissait d’un roman historique en plus d’être policier. Cependant, je fut quelque peu déçue sur ce point… En effet, le cadre historique estrêmement réduit. Point d’utilisation des lieux emblématiques de l’histoire de la ville ou du pays, pas ou très peu d’explications sur le mode de vie à cette époque… On aurait aussi bien pu se trouver en Angleterre, cela ne faisait pas grande différence, et c’est bien dommage !

Pour moi, quand on propose de faire lire un roman historique, le décor et l’époque se doivent d’être au moins un peu développés. Ici, il n’en est rien ou presque, il est donc assez difficile de se projeter dans l’ambiance et l’atmosphère de la ville de Stockholm au XIXème siècle…

En ce qui concerne l’intrigue en elle-même, elle fonctionne tout à fait, avec une narration efficace, un duo d’enquêteurs original et fonctionnel. C’est tout à fait réussi. Les personnages sont le point fort de ce roman, car ils sont à la fois crédibles et attachants, pour ceux que l’on apprécie et inquiétants pour d’autres… Quoi qu’il en soit, ça marche parfaitement.

J’ai donc apprécié cette lecture, mais je trouve extrêmement dommage que l’auteur n’ai pas fait un travail de documentation, même léger, pour camper au mieux son histoire. S’il l’a fait, il n’en a pas fait bénéficier ses lecteurs malheureusement.
C’est donc un roman efficace, qui fonctionne bien et qui fera passer un bon moment aux lecteurs entre 11 et 13 ans.

Je trouve qu’il ne faut pas lire Le corbeau de nuit avant 11 ans car certaines scènes et réalités de la vie de l’époque sont assez explicites : la faim, la cruauté des adultes envers les pauvres et les orphelins, la méchanceté gratuite…

Chronique Jeunesse : Le temps des mitaines – Tome 1 – La chambre morne

Un mélange extraordinairement savoureux de sciences et d’humour dans une ambiance à la Breakfast Club !

Peut-être connaissez-vous déjà la série de bd du même nom Le temps des mitaines ? Si c’est le cas, c’est chouette, mais si vous ne connaissez pas, aucun soucis. Je découvre moi-même Le temps des mitaines avec ce roman, qui se déroule une vingtaine d’années avant les bd originale. Les auteurs sont les mêmes que pour les bande-dessinées, la vraie différence réside dans le fait qu’ici le texte prime et qu’il y a assez peu d’illustrations.

Un huis-clos imposé et inattendu

Ils sont cinq, n’ont rien en commun si ce n’est d’avoir une heure de colle ensemble… ils vont donc devoir cohabiter et se tolérer pendant un temps très court… Sauf qu’il se passe une chose étrange. Ils deviennent prisonniers de la bibliothèque où ils passent leur punition… Impossible pour eux d’en sortir, comme s’ils étaient dans une bulle infranchissable !
C’est ainsi que la cohabitation va se transformer en quelque chose d’autre… mais avant cela, ils vont devoir apprendre à se connaître et à dépasser les à prioris qu’ils ont les uns sur les autres…

Une ode fine à la tolérance et au respect des autres

Comment est-il possible de présenter un roman jeunesse avec un telle phrase d’accroche ? (cf intitulé d’article). Après y avoir réfléchis, c’est pourtant celle-ci qui prime pour moi car le mélange est assez original pour être souligné. Oui, c’est une grosse référence à Breakfast Club, et oui on parle de physique quantique, où est le problème ?

Ce roman jeunesse est magnifique par bien des aspects et fait d’ores et déjà partie de mes romans préférés lus en 2023 pour la tranche d’âge de 9/11 ans. On y traite à la fois de la différence, du mal-être, de problèmes familliaux, de traumas mais également de bonté et d’empathie. Mais plus encore que les thèmes abordés, c’est la façon douce et positive dont ils sont présentés qui fait mouche.

Ainsi, on a Caïus, le chat brutal et antipathique qui cache des blessures aussi bien physiques que psychologiques. La petite oursonne mignonne qui ne pense jamais à mal prénommée Céleste Anternoz (que l’on retrouve apparement 20 ans plus tard dans les bd en tant que maman du héros Arthur (il y a même une petite image en fin d’ouvrage).

Il y a également Nocte (ma préférée !), une chauve-souris qui se tient à l’écart de tous de part sa religion et ses croyances inculquées depuis toujours. Elle fait partie de la communauté Shami, qui prône l’isolement et une vie à l’écart du monde. Vous noterez que Shami est la parfaite anagramme d’Amish au passage, avec qui elle partage certaines valeurs.

On peux aussi parler du très intelligent et docte Angus Goupil, bien que très supérieur en intellect, il ne se croit jamais supérieur à celleux qu’il côtoie. Et enfin, il y a le timide mais courageux souriceau Prosper, à la vie tumultueuse, lui qui fut baladé de famille d’accueil en famille d’accueil et dont la vie n’est pas rose…

Tous les cinq sont spéciaux et attachant à leur manière. Chacun a sa propre personnalité bien campée et la synergie inattendue qui va se développer entre eux est presque… magique ! Ce roman est un pur mélange entre sciences, surnaturel, huis-clos à suspense et humour et ça fonctionne à merveille.

« […] Apprêtez-vous spécifiquement à savourer votre pénitence en cette heure où vous dégustez habituellement votre petit-déjeuner chez vos parents et…
A ce moment précis, Prosper le souriceau leva le doigt pour intervenir sans même attendre la permission :
( M’sieur, m’sieur, je pense que qu’il y a erreur parce que moi, j’en ai plus…

– T’as plus de petit-déj ? persiffla Caïus […]

– Bé non, je veux dire que j’ai plus de parents puisqu’ils sont morts après avoir consommé dix-sept kilos de champignons venimeux pendant un pique-nique, en pensant déguster des pleurotes !


Sortant de son habituelle réserve, voire autant le dire de sa perpétuelle indifférence, Goupil ajouta son grain de sel avant que le directeur n’ait pu reprendre la main :

– Vénéneux, pas « venimeux » !

– De quoi parles-tu ? s’étonna Céleste.

-Sachez, incultes, que les eucaryotes pluricellulaires et unicellulaires ne sécrètent pas de venin par des glandes dérivées du système digestif. Leur toxicité est donc passive et non inoculée de façon active comme chez les scorpions ou les serpents ! Ainsi on peut dire qu’ils sont vénéneux, pas… […]. »

Je m’arrête ici pour l’extrait, qui est déjà long, mais cela vous donne un excellent aperçu du mélange d’humour, de drame et d’érudition mélangés.
J’ai par ailleurs oublié de préciser que l’ensemble du roman fait usage d’un langage assez soutenu, chose aussi rare qu’appréciable, surtout en littérature de jeunesse. Ainsi, il y aura certainement des mots qui poserons question aux jeunes lecteurs, et c’est tout de même bien mieux que quand cela tombe tout cuit dans le bec, n’est-ce pas ?

Ainsi, ce premier tome (il y a deux tomes disponibles chez Little Urban) est un régal de lecture. Un parfait texte bien maîtrisé et qui rend heureux et mélancolique tout à la fois. Un roman parfait en somme !

Chronique jeunesse : La maison Chapelier – Tome 1

De la magie, de la politique, de l’Histoire… et des vêtements au propriétés magiques !

Voici le premier roman de Tamzin Merchant, actrice et maintenant autrice… Vous pouvez la voir dans la série Carnival Row (qui met en scène des fées – et de magnifiques chapeaux – dans un monde ressemblant fort au nôtre il y a plus d’une centaine d’années).
Pour donner naissance à cette série haute en couleurs et en créativité, l’autrice s’est levée un matin, à 4h30, et l’inspiration venait de lui tomber dessus.
C’est ainsi qu’est née La maison Chapelier. Un roman historique et fantastique qui nous propose une version alternative de Londres et de ses enjeux politiques…

Comment un chapeau peut-il arrêter une guerre ?

Bienvenue à Londres, plus précisément dans la maison Chapelier… C’est ici que l’on confectionne des chapeaux pour tout type d’occasion. Pour se sentir en confiance, pour déclarer sa flamme et améliorer éloquence, pour monter sur scène… pour désamorcer une guerre.
En quoi les chapeaux sont-ils magiques ? La famille Chapelier est la SEULE de tout le pays à avoir le droit d’exercer cet art délicat grâce une autorisation émise par la royauté elle-même. Mais il n’y a pas que les Chapeliers qui ont se bénéfice, il en est de même pour les Bottiers ou encore les Gantiers qui eux-même exercent chacun dans leur spécialité.
Alors en quoi tous ces objets peuvent-il être magiques ? Tout cela tiens dans les ingrédients et dans le savoir-faire unique de celui ou celle qui les fabrique. Cet artisanat, la jeune Cordélia Chapelier l’apprend tout doucement… mais on ne llui fait pas encore assez confiance pour qu’elle réalise des commandes à elle toute seule. Rien que l’état d’esprit de celui ou celle qui fabrique le chapeau peut influer sur le résultat final. C’est donc un art extrêmement délicat…

Alors quand un chapeau de diplomatie est commandé par la famille royale pour éviter le pire, c’est toute la famille Chapelier qui s’y met… Mais il semblerait que quelqu’un souhaite leur mettre des battons dans les roues. Ce qui pourrait mener à un conflit ouvert avec le royaume de France.

Une pincée de magie et de savoir-faire…

Ce premier tome est assez engageant et plaira à tous les enfants qui aiment les ambiances un peu loufoques et surtout merveilleuses. L’idée est assez originale bien que son développement reste assez classique, c’est une lecture très plaisante.

L’idée de ce Londres alternatif où la magie de l’artisanat fait des merveilles est très plaisante, d’autant qu’il y a des enjeux historiques et politiques. C’est bien réfléchi, et mené avec efficacité. J’ai tout particulièrement apprécié cette ambiance Victorienne mêlée à un soupçon de magie. En réalité, tout est dans le choix des objets qui décorent le chapeau. L’univers créé par Tamzin Merchant est d’ailleurs très détaillé en cela en toute fin d’ouvrage. Ce sont plus d’une cinquantaines d’ingrédients étranges et uniques qui sont catalogués et détaillés avec soin par l »autrice !

Ainsi, c’est donc le début d’une série sympathique qui pourra parfaitement satisfaire les enfants dès l’âge de 9/10 ans. Le tome 2 n’est pas encore annoncé pour le moment.

Ce document a été créé et certifié chez IGS-CP, Charente (16)

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique jeunesse : A la découverte de la collection de romans Drôles d’aventures

Entre le roman et le documentaire, voici une collection concoctée par Folio Junior qui savait captiver ses lecteurs tout en les abreuvant d’informations passionnants ! Si vous en trouvez d’occasion, saisissez cette chance de les faire lire à vos enfants…

Dans les années 2000, Folio Junior a créé la collection Drôles d’aventures. Une série de très courts romans – à peine 100 pages – qui alliaient enquête et connaissances. De nombreux sujets ont été traités dans cette série : le monde de la cuisine, le métier de nez et de créateur de parfum ou encore celui de scientifique pour lancer des fusées Ariane et une foule d’autres encore !

Les ouvrages de la collection sont désormais épuisés, et cela depuis de très nombreuses années. Mais il est tout à fait possible de les trouver sans trop de difficulté d’occasion. Brocantes et vente en ligne peuvent vous aider à vous en procurer à faible coût, les ouvrages de cette collection n’étant pas rares ni prisés. Pourtant, ils ont beaucoup de qualité, à l’image des Romans-Doc de Bayard Jeunesse, qui sont l’équivalent contemporain actuel de la collection Drôles d’aventures. A ceci près que les romans Bayard s’attardent sur des destins exceptionnels alors que la série Drôles d’aventures n’est dotée que de héros et d’héroïnes de l’âge des lecteurs.ices.

Mais le point commun de ces deux collections, c’est leur but final : transmettre aux enfants par un biais ludique des faits historiques, scientifiques ou autres.

Il y a de nombreuses années, j’avais lu avec plaisir quelques ouvrages de la collection, mais je n’en avais plus guère de souvenir. C’est ainsi que je me suis replongée dedans pour voir si les romans valaient toujours le détour. La réponse est oui, mais je pense qu’il faut vraiment que le sujet de base intéresse l’enfant lecteur, car sinon il se peut qu’il ne s’immerge pas totalement dans l’intrigue. En effet, la collection a parfois un côté didactique un peu trop développé, ce qui se fait au détriment de l’intrigue… un léger petit déséquilibre entre narration et apprentissage.

C’est ainsi que j’ai lu Les pommes Chatouillard du chef de Lorris Murail et Michel Politzer, se déroulant dans l’univers sans pitié de la cuisine. C’est l’ouvrage de la collection qui m’a le plus déstabilisé car doté de peu de morale et dont la conclusion est un brin trop rapide… On y suit un jeune commis de cuisine qui veux tout faire pour aider son chef. Ce dernier vient de subir une fermeture administrative de son restaurant pour cause de nombreuses négligences (dates de péremption dépassées, hygiène de la cuisine douteuse…). Jamais le chef cuistot ne se remet en question, et pire, il accuse les autres de tous ses maux !

Certes, le héros réussit à s’émanciper de ce personnage toxique en fin d’ouvrage, mais à aucun moment son attitude n’est soulignée comme néfaste. Cela m’a quelque peu dérangée. Mais l’ouvrage était intéressant pour découvrir ce qu’est un Meilleur Ouvrier de France ou ce que sont des pommes de terre à la façon Chatouillard.

Ensuite, je me suis attaqué à mon titre préféré des trois lus dans la collection : Parfum volé de Nathalie Daladier, Philippe Caron et Iris Pallida. C’est pour moi le plus équilibré des trois, il mélange à la perfection la dose d’intrigue nécessaire tout en inculquant des faits passionnants sur le monde extrêmement pointu et feutré de la parfumerie. Il fonctionne à merveille, et même nous, adultes, en apprenons beaucoup sur comment fonctionne le métier de nez, si étrange et passionnant tout à la fois. Ce roman est une vraie réussite.

Le dernier que j’ai eu l’occasion de lire est Ariane, mission accomplie de J.C. Djian, Philippe Willekens et Philippe Biard. Nous sommes en Guyane Française, et nous allons découvrir comme se déroule un projet de lancement de satellite au travers de la base de lancement située à Kourou. Au travers de cette histoire scientifique se détache également une intrigue policière qui se termine en course-

poursuite. Le tout est assez efficace même si certaines ficelles sont parfois un peu grosses. Il n’est pas évident de tenir une intrigue parfait en moins de cent pages tout en y insérer quantité de détails scientifiques. L’exercice est délicat, et les auteurs s’en sortent au final très bien.

Notez que dans chaque ouvrage, on découvre des double-pages illustrées expliquant de détails importants d’un métier ou d’un fait historique. Et c’est là la plus grande qualité de la collection : semer quantité d’informations culturelles tout en offrant une bonne intrigue. Le tout passe beaucoup mieux par ce biais que si c’était un simple documentaire !

Ainsi, si vous avez envie de découvrir cette petite collection, n’hésitez pas. Les romans Drôles d’histoires sont nombreux et faciles à trouver d’occasion à petit prix. Ils sont adapté dès l’âge de 9 ans jusqu’à 12 ans environ, et brassent quantité de thématiques : le dessin, le monde de la pêche, l’équitation, le Tour de France… etc.

Comme le dit si bien la collection : « Le plaisir d’une histoire, le goût du savoir« .

Chronique Jeunesse : L’indien du placard

Un classique oublié de la littérature britannique jeunesse à découvrir (avec un peu de recul) pour améliorer sa connaissance du fonds et de la jeunesse !

Lynne Reid Banks est une autrice britannique qui a écrit plus d’une cinquantaine d’ouvrages, tous âges confondus. Son ouvrage L’indien du placard a connu un succès phénoménal, avec plus de 15 millions d’exemplaires vendus dans le monde. Le livre a d’ailleurs bénéficié d’une adaptation cinématographique qui a concouru à son succès.

L’indien du placard est le premier tome d’une pentalogie, mais la suite n’est jamais parue en France et l’ouvrage se suffit à lui-même. Il mélange tout ce qui fait un bon roman jeunesse : un mystère, de l’aventure et du fantastique, le tout savamment dosé.

Un cadeau extraordinaire et insoupçonné

Omri est un jeune garçon gâté : il s’est vu offrir pour son anniversaire une énième figurine pour jouer. Un Indien en plastique. Sauf qu’il en possède déjà beaucoup et que cet Indien n’a rien de spécial… Mais Omri a également eu comme cadeau un petit placard en métal, et il a réussi à trouver une clé qui va avec. Et c’est là que bascule la réalité : le petit placard est magique ! Il donne vie à ce que l’on enferme dedans avec un tour de clé. C’est ainsi qu’Omri se retrouve avec un vrai Indien – minuscule – chez lui. Ce secret est incroyable, et presque trop grand pour lui malgré la petitesse des choses qu’il anime…

Quand l’étrange s’invite dans le quotidien de l’enfance

Ce que j’adore avec les classiques de la littératures jeunesse fantastique, c’est qu’ils ont toujours une façon bien particulière de s’immiscer dans le quotidien. Un petit élément suffit à faire basculer les jeunes héros : une armoire magique (Le Monde de Narnia), un plateau de jeu aux règles étranges (Jumanji) un compas singulier et un couteau qui l’est plus encore (Les Royaumes du Nord), un talent trop prononcé pour le dessin (La Quête d’Ewilan)…

C’est dans la façon que ce basculement se fait que selon moi on reconnaît un bon roman jeunesse. Et je comprends pourquoi L’Indien du placard a eu du succès. Il mélange problématiques du quotidien (amitié, secrets, danger du monde des adultes) avec le fantastique, qui doit rester à tout prix protégé. Je pense aussi que beaucoup d’enfants ont ensuite rêvé posséder leur propre petit placard avec sa clé magique !

Par contre, en lisant L’Indien du placard, on découvre aussi une ancienne façon d’écrire et de traduire… en adéquation avec son temps. L’ouvrage a été écrit en 1981, et le personnage de L’Indien est un pur stéréotype de ce qu’on été les indiens d’Amérique. De plus, il a une façon de parler très minimaliste, ne conjuguant pas les verbes et parlant assez mal. On peut y voir la barrière des langues… ou autre chose. Donc si vous lisez (ou un enfant) cet ouvrage, il faut le faire avec du recul et un accompagnant adulte qui explique le contexte, dans l’idéal.

De même, la scène ou Omri demande à Petit Taureau (c’est son nom d’Indien…) s’il souhaite un compagnon et que ce dernier lui « commande » une femme est assez dérangeant. Qui dit que la femme commandée voudra de Petit Taureau ? C’est mon regard d’adulte qui tente de se détacher de tout racisme et stéréotype qui a vu cette facette de l’ouvrage. Alors, oui, c’est daté, mais si un jour L’école des Loisirs souhaite rééditer cet ouvrage, il faudrait y mettre soit un avertissement pour expliquer que ce texte est le reflet d’une époque et empli de stéréotypes ou alors retraduire le texte sans le dénaturer (plus délicat).

Pour ce qui est de l’intrigue pure, j’ai beaucoup aimé. Cette aventure va forcer Omri à grandir et à se responsabiliser. Car oui, posséder des humains miniatures, ça a l’air cool quand on a dix ans, mais on déchante vite quand il faut les nourrir et ne pas se faire repérer par les parents. Beaucoup de stress pour le garçon, d’autant que garder un secret aussi « gros » lui donne des tracas et des insomnies.

Ainsi, ce roman pour la jeunesse est devenu un classique, et on comprend aisément pourquoi. Tout se déroule avec efficacité, les dangers et les enjeux sont clairs, captivants, tout fonctionne ! S’il fallait le relire aujourd’hui, soit quarante ans après son écriture, il faudra toutefois y apporter un certain esprit critique.

A lire dès 11 ans environ.

Mini-chroniques jeunesse #6 : Des enfants très normaux bien qu’uniques et un chat vraiment très particulier

Voici quatre romans jeunesse que j’ai pu découvrir il y a quelque temps, ils ne sont pas tous bons ni même originaux, mais certains feront passer un bon moments aux enfants ! Pour les autres, passez votre chemin…

Kid Normal – Tome 1 – Greg James & Chris Smith – Poulpe Fiction

Kid Normal est l’histoire d’un jeune homme extraordinaire par sa… normalité. Pourquoi un tel surnom ? Tout simplement parce que Murph, le fameux garçon dont il est question dans cette histoire a intégré une école bien spéciale. Sur un terrible malentendu, sa mère a réussit à l’inscrire dans une école qui forme les futurs supers-héros. Sauf que Murph n’a aucune cape (nom des super-pouvoirs) et ne va pas faire illusion bien longtemps… En parallèle à son histoire, nous allons faire la connaissance d’un homme malfaisant qui va faire une grande et terrible avancée scientifique…

Ce premier tome de Kid Normal est bien sympathique, j’ai tout particulièrement apprécié la première partie du roman. Ensuite, c’est beaucoup plus prévisible mais ça reste agréable à lire. Mais l’idée de base du roman est très plaisante et c’est fort dommage d’ailleurs que les éditions Poulpe Fiction n’aient pas publié la suite de la série en France… Cela n’a pas du fonctionner assez pour la sortir, à tel point d’ailleurs que ce premier tome lui-même est épuisé. Vous ne le trouverez que d’occasion. C’est fort dommage, pour une fois qu’il y a une série jeunesse qui sort un peu du lot à mes yeux… La surproduction est telle qu’il y a beaucoup d’histoires qui se ressemblent, celle-ci avait le mérite de détonner légèrement.
Si vous avez l’occasion de tomber dessus, c’est adapté dès l’âge de 9/10 ans environ.

Le power contrôler – David Baddiel – Seuil Jeunesse

Et si une manette de jeux-vidéo permettait de contrôler totalement quelqu’un de le rendre super doué en combat ou en foot ? C’est le cas du mystérieux Power contrôleur, que Fred et Ellie vont recevoir chez eux. Ils découvrent rapidement tous les pouvoirs qu’elle peut leur octroyer et décident de changer ce qui leur déplaît chez eux… Mais jusqu’à quel point ? Et est-ce encore eux une fois qu’ils sont « upgradés » par le power contrôleur ?

J’aurais pu classer cet ouvrage dans le mini-article dédié aux enfants impertinents, mais je me suis finalement ravisée. En effet, ils sont d’une familiarité terrible avec leurs parents, j’ai trouvé ça assez dérangeant. Ils leurs parlent mal, et surtout, ne les appellent que par leurs prénom. Jamais de « papa » ou de « maman », et je trouve ça franchement bizarre et déplaisant. Je n’ai toutefois pas mis ce roman dans la thématique enfants impertinents car ils n’ont qu’assez peu d’interactions avec leurs parents. Le roman est surtout concentré sur leur scolarité, leurs amis, leurs ennemis et les problématiques que l’on rencontre à cet âge. Ce n’est donc qu’un petit aspect de l’ouvrage qui les rend impertinents.

L’aventure que vivent Ellie et Fred est sympathique et à le mérite de montrer une jeune fille qui aime les jeux-vidéos et qui y excelle, et ça fait plaisir. C’est Ellie qui est au commande car elle est bien meilleure que son frère dans la maîtrise de la manette ! L’idée de la manette pour contrôler les gens (avec leur accord) est sympathique, mais l’auteur n’a pas su la transformer en quelque chose de captivant. Ainsi, l’histoire est des plus classiques et un brin trop manichéenne… C’est dommage, car ça partait plutôt bien ! Encore un livre qui densifie l’offre sans rien lui apporter réellement. Dès 10 ans.

Le creux des maths – Christine Avel – L’école des Loisirs, collection Neuf

Paru en 2012, Le creux des maths est un court roman très attendrissant et original. On y suit le jeune Abel, qui contrairement à tous les membres de sa famille n’aime pas les mathématiques. Pire, il n’y comprend rien. Sa mère vient d’avoir la médaille Fields (sorte de Prix Nobel de mathématiques décerné tous les quatre ans – pour information, il n’existe pas de Prix Nobel dans les sciences mathématiques), ses frères sont des génies des maths alors qu’ils sont plus petits que lui…
D’ailleurs, en parlant de ses frères, c’est grâce (ou à cause, tout dépend) à eux qu’Abel va avoir le droit de voyager une semaine entière en Finlande. Il va avoir l’opportunité d’échanger avec l’un des plus grand mathématiciens au monde. Bonne chance à lui pour donner le change… Il fait semblant d’être abonné au magazine Tangente, fait croire au scientifique qu’il est extrêmement au fait des mathématiques, mais il devient difficile de donner le change.

J’ai beaucoup aimé ce très court roman destiné aux 9/10 ans. Il est à la fois amusant et assez original. On y découvre la Finlande et ses nombreux attraits au travers des yeux d’un enfant. Et surtout… cette histoire est assez surprenante, on ne sait quel tournant l’autrice va faire prendre à son roman, et c’est très bien trouvé !
Mais d’où vient donc cet étrange et joli titre ? Là où toute la famille d’Abel a la bosse des maths, le jeune homme a tellement peu de capacités dans cette matière qu’ils disent qu’il a un creux des maths. Bien trouvé, n’est-ce pas ?

Je vous conseille donc vivement ce roman, parfait pour découvrir une histoire d’amitié improbable et qui fait comprendre qu’il est nécessaire de trouver sa propre voie. Et pas celle que les autres voudraient que vous empruntiez… !

Wondercat – Tome 1 – Un chat bleu très très spécial – Audren – Albin Michel

Voici l’histoire d’un chat bleu qui a élu domicile dans une famille qui ne se lasse pas de ses nombreuses particularités… Outre son étrange couleur qui semble ne pas vouloir partir malgré de nombreux bains, il semblerait que ce chat aie des pouvoirs. C’est ainsi que le nom de Wondercat lui est donné ! Mais quels sont ses pouvoirs ? Si je vous dis qu’il peux envoyer des sms par la pensée vous y croyez ?

Wondercat est le premier tome d’une petite série jeunesse parue il y a de nombreuses années chez Albin Michel Jeunesse. Je dois avouer ne pas avoir été particulièrement touchée ni intéressée par les aventures de ce « super chat ». L’écriture ne m’a pas emballée, et surtout, ce chat est assez agaçant et loin d’être attachant pour moi. Malgré son côté petit dictateur, la famille qui s’en occupe l’adore et va vivre un folle aventure pour le garder !
Personnellement, ça n’a pas pris du tout, que ce soit au niveau de l’histoire ou du style, les aventures de Wondercat n’ont tout simplement pas su me plaire… Dès 8 ans.

Chronique YA : Anatomy – Love Story – Tome 1

Un roman gothique et déliquescent à souhait, à classer pile entre Frankenstein de Mary Shelley et Autopsie de Kerri Maniscalco !

Premier roman de Dana Schwartz à paraître en France, Anatomy est paru en France chez Albin Michel en été 2022. L’histoire nous mène en Écosse, terre de légendes et de fortes croyances où la maladie rôde en ce début de 19ème siècle.

Dana Schwartz est à la fois journaliste, scénariste et autrice. Anatomy est son premier ouvrage à paraître en France, il fait cependant partie d’une duologie. Le second tome s’intitule Immortality et sortira courant 2023 chez Albin Michel.

Une passion certaine pour le morbide et l’étrange

Hazel est une adolescente bourgeoise au destin et à la vie toute tracée : elle va bientôt se marier avec son riche cousin. Mais elle a beaucoup de mal à mettre de côté ce qui aux yeux des autres n’est qu’une lubie : sa passion pour les sciences naturelles. Hazel est avide de découvertes scientifiques et se passionne tout particulièrement pour la médecine. Mais une femme qui aime les sciences à cette époque, c’est tout bonnement inacceptable. Alors, rêver de devenir médecin ne peut être qu’impossible pour la jeune femme… Sauf si sa motivation et son courage l’amènent sur des chemins peu avouables qui lui permettrons de parvenir à ses fins.

Morbide et gothique à souhait

J’ai adoré ce roman pour quantité de raisons, mais les principales sont clairement l’ode aux sciences et le féminisme qui y sont prégnants. Il y a également de la romance avec une scène de premier baiser est géniale ! Impossible de vous donner le contexte, mais c’est juste magique et morbide tout à la fois, j’ai adoré.

Outre les thématiques fortes abordées, on découvre également toute une époque avec une Écosse du 19eme à la fois sublime et terrible. L’époque est atroce pour les pauvres, qui sont prêts à tout pour manger un peu et dormir au chaud. De même, la cruauté de cette époque envers les plus démunis est absolument terrible. Même chose concernant le traitement des femmes (quel que soit leur niveau dans la société d’ailleurs) à cette époque : infantilisées, réduites au silence, ne pouvant se déplacer sans chaperon au risque de déclencher un scandale…

Mais surtout, c’est l’alliance réussie de cette atmosphère si particulière avec cette intrigue mêlant sciences et féminisme qui m’a conquise. J’ai dévoré ce livre. J’y ai même retrouvé l’élan de mes lectures adolescentes, quand j’avais le temps de me plonger corps et âme dans un bon bouquin !

Ainsi, vous l’aurez aisément compris, Anatomy est pour moi un coup de cœur. Ce roman est malin, parfait à sa façon même s’il ne renouvelle pas le genre du roman ado gothique/historique. C’est un bon roman, très prenant et parfait dans le développement de ses personnages et différentes ramifications d’intrigues. Tout ce recoupe, est expliqué, le tout avec une plaisante logique. Alors, vivement la suite.

A mettre dans sa bibliothèque juste à côté de Stupeur aux éditions Lucca, qui mélange également sciences médicales, féminisme et Histoire… mais sans la partie fantastique (cf photo ci-dessous).

Chronique Jeunesse : Journal d’une sorcière

Un ouvrage de fonds à découvrir absolument ! Entre roman historique et récit d’aventure, découvrez le cheminement risqué d’une jeune fille au 17ème siècle qui tente de s’émanciper alors que tout ce qui est différent est apparenté au diable.

Celia Rees est une autrice anglaise qui a connu un succès incroyable avec son roman Journal d’une sorcière, paru en 2002 en France. Cet ouvrage est d’ailleurs le seul d’elle qui soit encore disponible et commandable en librairie (nous sommes en juillet 2023 lorsque j’écris ces lignes). Elle a par ailleurs écrit d’autres romans historiques : La balade de Sovay, Vies de sorcières ou encore Illyria (tous parus au Seuil Jeunesse).

Fuir à tout prix un destin funeste

La jeune Mary vient de voir sa grand-mère exécutée presque sous ses yeux pour sorcellerie. Bien qu’elle ne soit pas en danger immédiats, il est clair que la vindicte populaire s’en prendra certainement à elle avec le temps… C’est ainsi que Mary, aidée d’amies de sa défunte grand-mère va trouver place à bord d’un bateau en partance pour le Nouveau-Monde. Mais là où l’on pourrait croire que tous les possibles s’ouvrent à Mary en quittant l’Angleterre puritaine, il n’en est rien. Dès qu’elle pose un pied à bord du navire, elle sait qu’elle devra rester méfiante durant toute la traversée… et au-delà.

Un magnifique portrait de jeune fille combative et libre

Malgré un titre très « magique », il n’est pas réellement question de sorcières et de formules étranges. Non, Journal d’une sorcière est un texte qui dénonce la bien-pensance religieuse ainsi que la persécution subie par de nombreuses femmes au 17ème siècle (mais pas seulement). En effet, toute femme qui était un peu trop libre, qui se baladait en forêt, ou encore qui n’avait pas de mari devait forcément folâtrer avec le Diable en personne. C’est ainsi que Mary, en ne se faisant pas les bonnes relations ou en montrant simplement son désaccord par moments risque sa vie. Cela peut sembler totalement disproportionné, mais c’est pourtant vrai, et d’autant plus à l’époque où évolue la jeune fille.

Ce roman est d’une intelligence rare, il décrit avec subtilité les conditions très coercitives dans lesquelles vivent les femmes jugées trop libres. Mais il dénonce également comment les Anglais qui arrivent dans le Nouveau Monde se sont peu à peu approprié les terres des natifs, les indiens. Refoulés de leurs propres terres, mis à la marge et jugés durement puis tués, voilà le destin de ceux qui ont aidés les colons à s’installer.

Tout cela, Celia Rees le décrit à la perfection dans son roman aux allures de journal intime. Le ton n’est jamais accusateur, Mary n’étant pas non plus dans une posture victimaire. La jeune fille tente de trouver sa voie au travers de tous les écueils que l’on dresse sur son chemin. Même si cela n’est jamais dit, c’est le statut de femme libre qui fait peur aux hommes, se servant de la religion comme prétexte pour les ostraciser et/ou les éliminer.

Journal d’une sorcière est si bien fait que l’on croirait réellement tenir entre les mains le témoignage d’une jeune fille tentant de survivre de ce monde pieux. Pour ajouter à la confusion, l’autrice a eu l’idée géniale de mentionner que ce journal a été trouvé, caché dans une couverture en patchwork datant de l’époque coloniale. Et à la fin de l’ouvrage, elle ajoute le doute en enjoignant les lecteurs à la contacter s’ils ont plus d’information sur la narratrice de ces feuillets : Mary Newburn. Il y a même une adresse mél !

Après lecture, je comprends pourquoi Journal d’une sorcière est devenu un livre de fonds en librairie (bien qu’oublié de nos jours). Il a toutes les qualités d’un grand classique : ingénieux, poussant à la réflexion ceux qui le lirons, et documenté, le tout avec une narration captivante !
A découvrir dès l’âge de 13 ans environ. Parfait pour celles et ceux qui aiment les romans historiques plus vrais que nature.

Chronique jeunesse : Ma vie moisie, Dieu et moi, Shirley Banana

Complètement déluré et osé, voici le nouveau roman Pépix d’Emilie Chazerand ! Si tous les orphelinats religieux étaient comme le sien, jamais un enfant ne serait adopté !

Emilie Chazerand est une autrice pour la jeunesse qui a déjà montré tout son talent à travers plusieurs romans : Falalalalalalaaa (Exprim’, Sarbacane) ou encore La fourmi rouge (Exprim’ aussi) ou encore La petite sirène à l’huile ou Le génie de la lampe de poche (Pépix, Sarbacane). Elle écrit aussi bien pour les adolescents que pour les enfants dès 9/10 ans. Son nouvel ouvrage s’adresse d’ailleurs à un jeune lectorat bien qu’on y parle grossesse de femme de foi, extraterrestres lézard et de Dieu qui veux bien s’offrir un jour de congé ! Oui, c’est barré, c’est pour cela qu’on l’aime…

Shirley Banana, orpheline mais relativement heureuse

Oui, son nom est étrange, mais il a un rapport avec un célèbre couple d’humoristes qui jouaient Au plus grand cabaret du monde… Oui, elle est orpheline, mais elle le vit relativement bien car elle est bien entourée, et chacun.e de ses ami.es est pathétique d’une manière attachante et chouette. Que pourrait donc bien vouloir de plus Shirley Banana, orpheline relativement heureuse qui n’a pas franchement envie d’être adoptée ? Et bien justement, elle aimerais bien éviter une punition (justifiée) par exemple. Alors, rien de tel que d’émettre des doutes sur l’existence de Dieu pour… que l’impossible arrive !

Encore plus fou que d’habitude

Je ne pensais pas pouvoir dire ça après avoir lu plusieurs romans d’Émilie Chazerand, mais elle a fait extrêmement fort avec ce texte-ci ! Tout est à la fois génial, osé et burlesque. C’es totalement inclassable, complètement barré et je ne sais même pas si en tant que libraire j’oserais le conseiller. Je pense plutôt mettre un coup de cœur dessus en le laissant se vendre. Mais à l’oral, je pense que c’est assez casse-figure à proposer à des grands-parents qui cherchent des romans de la Comtesse de Ségur…

« Alors, c’est l’histoire d’une gamine orpheline qui fait partie du clan des Malbouffe parce que chacun à un nom associé à une nourriture assez mauvaise pour la santé. Un jour, l’orphelinat religieux qui les élève va devoir fermer ses portes, alors la mère supérieur organise une sorte de grande braderie pour faire vite adopter tous les enfants… Mais ça ne se passe pas comme prévu car Shirley n’a vraiment aucune envie d’être adoptée et tient trop à ses amis pour les quitter. »

Il faut avouer que ça part plutôt mal pour un conseil. Mais je fais le pari que ce roman plaira aux enfants si on le laisse traîner sous leurs yeux et que le petit mot du libraire est assez enthousiaste et explicite.

Alors, ai-je aimé les aventures folles de cette fameuse Shirley Banana ? Oui. Est-ce que je me suis gaussée ? Oui. Est-ce que je le recommande ? OUI ! Mais oubliez tout ce que vous connaissez des traditionnels romans jeunesse. Ici, on a du drôle, du bizarre, de l’irrévérencieux à foison (signature Pépix oblige). C’est un inclassable qui se joue beaucoup de la culture populaire, des jeux de mots et qui offre de nombreuses double-lectures.

En clair, c’est le genre de roman parfait à lire à haute voix car les adultes s’amuseront de découvrir des références leur étant destinées, les enfants quant à eux se régalerons de l’univers complètement fou de l’autrice. En comme, tout le monde a de grandes chances de s’amuser en lisant ce roman, et c’est bien ce qu’on lui demande ! Dès 9/10 ans.

EDITEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique fantasy : Le sang et l’or – Tomes 1 & 2

Une saga de fantasy aux élans prometteurs qui ne transforme jamais l’essai

Kim Wilkins est est autrice australienne, elle écrit dans le genre fantasy et horreur. En France, elle a sorti un roman d’épouvante Le Grimoire, chez Pocket. Sa série Le sang et l’Or a commencé à être publiée chez Bragelonne en 2016. Le tome 1 s’intitule Les filles de l’Orage et le second Les soeurs du Feu.

Un royaume menacé

Le roi du Thyrsland a été touché par un maléfice, depuis, il est devenu totalement fou et incapable de régner. Le secret doit bien entendu être gardé à tout prix, c’est ainsi que ses cinq filles entrent en scène. Chacune a une personnalité bien campée et très différente des autres. C’est avant tout la terrible Bluebell, héritière désignée si le roi disparaît, guerrière de renom, qui est la personnalité la plus mise en avant dans ce premier tome. Mais ses autres soeurs ne sont pas en reste et vout tout faire, à leur façon, pour ne pas que le royaume de plonge à sa perte…

Une suite de stéréotypes et de faits improbables

J’ai eu beaucoup de mal à lire ce premier tome de la saga Le sang et l’Or intitulé Les filles de l’orage. En effet, beaucoup d’éléments m’ont déplu dans ce roman, en particulier les personnages. Chacune des sœurs incarne un archétype précis : il y a la guerrière, la religieuse, la magicienne, la frivole… et c’est assez vite agaçant pour ne pas dire fatiguant.

Bluebell la guerrière fait tout pour refléter une image masculine et forte, quitte à en oublier qu’elle reste une femme. Mais je crois que les pires personnages sont pour moi Rose, qui ne pense qu’à retrouver son amant, quitte à faire entrer en guerre deux royaumes à cause de son adultère… Ou encore Ivy, pire encore que Rose, si cela est possible, et qui ne semble penser qu’à séduire tous les hommes qui l’entourent pour se rassurer. C’est mauvais, rempli de stéréotypes, et les interactions entre les personnages restent extrêmement pauvres.

Qu’en est-il de l’univers ? Est-il bien construit ? Et bien là aussi, tout laisse à désirer et vous laissera sur votre faim. Il y a bien des tentatives de développement de la part de l’autrice au niveau de la religion et de la magie, mais pas assez. On a aucune idée de comment sont les contrées que les cinq sœurs traversent, de même pour l’architecture des châteaux et empires. La religion trimartyr est quelque peu expliquée mais pas assez pour créer un monde aux caractéristiques uniques.

De même, il aurait été utile d’avoir une carte de l’univers. Il y a beaucoup de lieux important, les sœurs voyageant un peu partout dans le royaume et au-delà… Ne pas avoir de carte est assez surréaliste avec une intrigue aussi étalée géographiquement.

De plus, tout est transposable, rien ne reste, si ce n’est la bêtise crasse de certains personnages.
Les réactions de certaines des sœurs sont tellement inexplicables et peu logiques qu’elles en deviennent extrêmement agaçantes.

En somme, je n’ai même pas peu apprécié ma lecture, je l’ai vraiment abhorrée. Le manque de crédibilité des personnages, l’intrigue très succincte pour faire tenir une lecture de presque cinq cent pages, les longueurs et le langage parfois ordurier inutilement m’ont totalement refroidie. J’avais d’ailleurs les deux premier tomes chez moi, je ne lirais jamais le second, ils vont tous les deux finir dans une boîte à livre.

L’éditeur n’a d’ailleurs pas dû rencontrer le succès escompté, puisqu’il n’a pas jugé bon de sortir le troisième et dernier tome de la série. Cqfd.

AUTEUR :
GENRE : Fantasy
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :