Chronique jeunesse : Rascal

Un roman naturaliste et merveilleux à découvrir !

Connaissez-vous Sterling North ? Personnellement, j’ai découvert cet auteur américain emblématique grâce à la réédition de Rascal par l’Ecole des Loisirs parue en février 2020. Et grand bien leur a pris de ressortir ce chef-d’œuvre de la littérature jeunesse !

L’ouvrage était paru initialement en France en 1986, mais je n’ai pas eu la chance de le découvrir avant… heureusement c’est réparé, et il ne tient qu’à vous de faire de même.

Pourquoi c’est si beau, si flamboyant ? Simplement car c’est l’une des plus belles déclarations d’amour faites à la nature sous toutes ses formes… en particulier celle d’un raton laveur.

Cette histoire est à ce point un classique aux Etats-Unis qu’il y a même eu une adaptation cinématographique de Rascal en 1969 par Disney !

Sterling North avec des ratons laveurs, une amitié indestructible.

Une amitié improbable voit le jour…

Sterling North est encore un enfant en 1918 quand il découvre avec Wowser (son chien et ami fidèle) une portée de petits ratons laveurs. Rascal est l’un d’eux. Il décide de l’adopter, le nourrir, en prendre soin pour que le jeune raton s’épanouisse dans sa nouvelle vie avec les humains.

Mais bien entendu, cela ne va pas se faire sans (de joyeux) heurts… A la fois roman, témoignage et récit éthologique, Rascal est une pépite qu’il ne faut pas se limiter à lire enfant.

Une photo de Sterling North.

Une aventure humaine et animale incroyable

Quand j’ai lu Rascal, ce n’est qu’au bout d’un grand nombre de pages que j’ai compris que ce n’était pas uniquement un roman, mais bel et bien un témoignage. Incroyable ? Oui, surtout quand on voit tout ce que Sterling North et Rascal ont pu faire tous les deux (le concours de tartes est incroyable à lire !). Leur histoire commune, leur amitié hors normes force l’admiration…

Et le jeune Sterling North était d’une débrouillardise rare : il construisait son propre canoë (qui a trôné des années dans le salon de la maison sans que son père y trouve à redire) tout seul et s’achetait ses propres matériaux payés par des menus travaux qu’il effectuait.

Toujours à l’affut d’un bon plan ou prêt à aider son prochain, le jeune Sterling est un enfant bercé au rythme de la nature. Il aime tous les animaux sans aucune distinction, mais c’est avec Rascal qu’il a noué les liens les plus indéfectibles.

La maison où Sterling North a vécu toute son enfance, maintenant devenue un musée à sa mémoire.

Une complicité telle s’est créée entre eux qu’elle a permis à son auteur de nous décrire avec précisions les lubies des ratons laveurs – ils adorent chiper des trucs, ce sont de vraies pies ! – et celles de Rascal plus particulièrement. Même les terribles défauts du raton sont attachants. Cependant ce n’est pas l’avis de tous les voisins de Sterling North, qui aimeraient bien faire enfermer Rascal, surtout depuis qu’il est devenu fou de maïs (scène hilarante et mémorable).

A la fois drôle et extrêmement touchant, ce récit nous parle également de la perception qu’avait un enfant de la Grande Guerre. En effet, Sterling North était jeune à l’époque, mais pas assez pour avoir oublié les méfaits de 14/18, d’autant que son grand frère était au front. Cela aussi nous est conté, toujours avec talent et franchise par son auteur : sa peur de ne pas revoir son frère, l’échappatoire que lui offre son amitié avec Rascal pour oublier de nombreux tracas…

Rascal, c’est le portait figé d’une certaine idée de ce qu’étaient les Etats-Unis. Une sorte de version fantasmée de l’Amérique du début du XXème siècle où personne ne fermait sa maison à clé et où le contact était laissé sur la voiture… C’est un texte à la fois apaisant et nostalgique où il fait bon se détendre. C’est le genre de livre qui donne foi en l’humanité car Sterling North semblait être d’une sincérité touchante dans le moindre de ses actes… Comme le prouve d’ailleurs la fin du roman qui m’a émue aux larmes.

On comprend pourquoi cet ouvrage est devenu un véritable classique de la littérature jeunesse américaine.

Ainsi, je ne saurais que trop vous conseiller de découvrir ce texte rare et merveilleux qui nous plonge avec humour et réalisme dans une Amérique désuète et envoûtante… A LIRE SANS RESTRICTION D’ÂGE ! (mais dès 9 ans).

Illustration intérieure d’une ancienne édition de Rascal.

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