Archives du mot-clé onirique

Chronique ado : La fiancée du dieu de la mer

La réécriture contemporaine d’un grand conte classique coréen !

Axie Oh est une autrice américaine d’origine coréenne, son roman La fiancée du dieu de la mer est le premier à paraître en France. Outre-Atlantique, son travail est très suivi, et d’autres de ses nouveautés arrivent très bientôt en France.

Un sacrifice à la place d’un autre…

Le dieu de la mer est courroucé, et cela dure depuis un siècle. Pour l’apaiser, chaque année les hommes livrent à la mer une fiancée pour le dieu, en espérant que l’une d’elle sera l’élue et saura calmer sa colère. Mais rien n’y fait… les inondations continuent, les récoltes sont gâchées, le peuple souffre…

Cette année, c’est la jeune, belle et talentueuse Cheong Shim qui a été choisie pour être offert au dieu de la mer. En échange de son sacrifice, les villageois prendrons soin de sa famille. Sauf que Cheong Shim en aime déjà un autre : Joon. C’est ainsi que Mina, la sœur de Joon se sacrifie de son plein gré à la place de sa future belle-sœur. Elle n’a pas d’autre choix selon elle de faire ce sacrifice pour sauver sa famille, son peuple, tout ce qu’elle aime.

Voici que Mina est transportée dans le monde des esprits, un univers proche du notre où dieux et esprits de côtoient. Mais son sacrifice ne semble pas avoir l’effet escompté… A elle de trouver comment prendre son destin en main et atteindre le dieu de la mer pour que les drames cessent dans le monde des hommes.

Magnifiquement onirique et doux, mais également rempli d’aventures !

Ce roman est le parfait équilibre entre la réécriture de contes et la lecture emplie d’action. Et quand l’éditeur Lumen dit qu’il rappelle Le Voyage de Chihiro, je suis parfaitement d’accord. Il y a des symboliques similaires, des éléments qui y font penser comme une évidence… mais non, ce n’est pas une copie du célèbre film Ghibli !

En effet, Axie Oh nous offre un conte à la chevauchée des genres : il y a de la poésie dans ses lignes, de l’action, de nombreuses révélations et une belle romance… Il y a tous les ingrédients d’un bon livre pour adolescent.es.

Une des choses que j’ai préféré dans ce livre, c’est l’hommage constant qui est fait aux anciens. Mina ne cesse de penser à ses ancêtres pour prendre des décisions, aider son entourage. Dans la réalité parallèle du dieu de la mer, elle découvre une chose aussi belle que touchante : les offrandes que les hommes font à leur ancêtres (souvent de l’encens et de la nourriture) arrivent dans le monde des esprit pour les nourrir. J’ai trouvé cela tellement beau de penser que nos ancêtres pouvaient être révérés de cette façon !

De même, autre élément primordial dans ce monde d’esprits, ce sont les dieux. Et certains sont bien loin de l’image idéalisée que les humains se font d’eux. Certains sont terriblement cruels, d’autres totalement égoïstes… Mina va découvrir que tout ce qu’elle pensait solide dans sa vie se délite peu à peu. C’est le second point fort de ce roman, outre son univers, il y a la crédibilité des personnages. La résilience de Mina est inspirante, mais elle n’est pas la seule à être très intéressante (Mask, un de mes personnages favoris !). Vous verrez !

Ainsi donc, ce texte, c’est une foule de détails entre tradition, symboliques fortes et romance moderne. Axie Oh a réussit à transformer un conte classique en roman ado parfaitement bien dosé qui fonctionne à merveille. Il plaira à celleux qui aiment les romances, la culture coréenne, les belles histoires aux images fortes. Vous verrez certaines scènes sont extrêmement touchantes, mais je ne puis en dire plus ici.
Espérons simplement qu’Axie Oh se lancera dans d’autres réécritures de contes !

AUTEUR :
GENRE : Corée, Fantasy
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique : Os de lune

Un roman onirique et curieux à nul autre pareil. Entre New York et un monde surréaliste nommé Rondua. La quête étrange des os de lune commence…

Os de lune est devenu aux États-Unis un classique dans le domaine de l’imaginaire. Roman encensé par Neil Gaiman (dont il a d’ailleurs fait la préface), premier tome d’une saga qui en compte sept au total. Jonathan Carroll a déjà été publié en France aux éditions Pocket et Denoël, mais cette réédition d’Os de lune est l’occasion de faire la (re)connaissance d’un nouvel imaginaire.

Personnellement, c’était la première fois que j’entrais dans l’univers si particulier et pourtant fluide de l’auteur… et je n’ai qu’une envie, retourner à la frontière entre notre monde et Rondua…

Une vie agréable et paisible…

Cullen est une femme qui a la chance de pouvoir dire que sa vie est heureuse. Un mari génial et aimant, une petite fille adorable, un appartement au cœur de New York… Il y en a pour qui la vie est plus difficile. Après avoir vécu avec son mari en Italie quelque temps, les voici de retour à New York après avoir eu leur premier enfant… c’est alors que surviennent les rêves. Étranges, d’un réalisme inquiétant et d’une bizarrerie propre aux rêves, Cullen ne peux s’empêcher de trouver ses rêves excessivement réels. Comme si ils avaient une prise sur elle dans le réel à force de les retourner dans tous les sens…

Bienvenue à Rondua, un étrange monde où Cullen est en quête des Os de lune, affublée d’étranges personnages : un chien géant, un petit garçon nommé Pepsi, entre autres…

Un roman particulier que l’on ne souhaite pas quitter

Il faut l’avouer, malgré l’étrangeté (et peut-être même à cause) du roman tout du long, il est très difficile de quitter les personnages d’Os de lune.

Entre la partie réaliste et onirique, mes moments favoris sont pour moi ceux où Cullen est ancrée dans sa vie réelle. Les personnages sont tellement vrais ET attachants que l’on a qu’une envie, les découvrir plus encore…  Je pense notamment à Cullen elle-même, dont le parcours n’a pas été facile et qui devient de plus en plus étrange, mais également à son meilleur ami et voisin : Eliot. Il a pour moi quelque chose de fascinant dans sa façon d’être, ses répliques, son rôle au sein du roman. Je ne saurais l’expliquer clairement, mais Eliot a été mon personnage favori de ce merveilleux livre, plus que Danny le charmant mari de Cullen. Sans oublier un autre voisin de Cullen, beaucoup plus étrange et inquiétant… mais je vous laisse le découvrir.

Pour ce qui est de la partie onirique du roman, elle prend au fil des chapitres de plus en plus de place, textuellement et dans l’esprit de Cullen. Jonahtan a réussit à créer quelque chose d’aussi bizarre que logique dans son roman, jamais je n’avais lu de rêve aussi bien écrit. Je vous laisse juge de cet extrait, mais je trouve qu’il reflète parfaitement l’esprit fou/tangible de Rondua :

« Je regardai l’île qu’il m’indiquait. Etait-elle le Rondua d’un autre rêveur, ou une simple parcelle de terre au milieu d’un océan rose, où les rochers pleuraient et les nuages veillaient sur des vaches en métal à voix humaine ? »

Il faut dire également que la traduction réussie de Nathalie Duport-Serval et Danielle Michel-Chich fait merveille car le texte d’origine ne devait pas être aisé à traduire.

……..

Os de lune, c’est donc une histoire magnifique et surprenante sur tous les plans, qu’ils soient réalistes ou non. Jonathan Carroll sait fasciner son lecteur grâce à des personnages et une intrigue fortes. Je n’ai qu’une envie, en savoir encore plus sur Rondua et le devenir de Cullen, son mari et sa petite fille. Les derniers chapitres étaient si forts en émotions et en surprises de taille que je m’en rappelle encore… Aussi inclassable que génial.

Ce premier tome peut se lire de façon relativement indépendante car on nous propose une fin, mais je rêve de lire la suite !

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : L’oiseau qui avait avalé une étoile

Un album pour enfants d’une poésie inouïe et merveilleuse…à découvrir à n’importe quel âge !

Paru en mai 2015 aux éditions La Palissade, voici L’oiseau qui avait avalé une étoile. Laurie Cohen – qui est à la narration – a déjà publié une vingtaine d’ouvrages pour la jeunesse. Toni Demuro – à l’illustration – a quant à lui réalisé plusieurs couvertures de romans et commence à se faire un nom dans le domaine de la jeunesse.

Une histoire sublime et touchante

C’est l’histoire d’un petit oiseau qui par mégarde… a avalé une étoile ! Ainsi, l’oiseau est devenu aussi « brillant qu’un diamant »… Mais même si ce nouveau plumage lui sied magnifiquement, le petit oiseau est très malheureux car sa lumière le rend indésirable aux yeux de tous les autres animaux.

Tous se plaignent qu’il attire les prédateurs avec sa lumière, le petit oiseau est ainsi totalement exclu… Jusqu’à ce que quelqu’un s’intéresse à lui.

Magnifique !

Cet album est à découvrir par tous, quelque soit l’âge tant il est sublime par son visuel, mais aussi par le message qu’il véhicule.

Au travers de ce court texte, c’est une ode à la différence, à l’acceptation et au partage qui nous est offerte. Les dessins sont d’une beauté saisissante, si réussis que parfois, il n’y a pas de texte, l’illustration se suffisant à elle-même. Je vous laisse en savourer la teneur…

…..

Que dire de plus sinon que cet album est de toute beauté et qu’il est à offrir aux petits comme aux grands pour tout ce qu’il symbolise ?

Pour l’âge du lectorat, L’oiseau qui a avalé une étoile est à découvrir dès l’âge de 4 ou 5 ans. C’est une merveille, et on ne peut espérer qu’une chose, que le duo d’auteurs réitère une aussi belle réussite !

위저더 베이커리 의 작가 구병모와의 인터뷰

Les petits pains de la pleine lune (korean version)글로우의 도서관 »이라는 블로그의 독자들에게 작가님이 걸어온 길을 이야기해 주세요.

안녕하세요? 저는 굉장히 평범하고 눈에 띄지 않는 생활을 했습니다. 일탈과 모험이 부족한 삶을 살았습니다. 가정환경이 좀 복잡했고, 그 반작용으로 더욱 남들과 똑같이 모범적인 삶을 살아야 한다는 강박에 시달렸습니다. 그래서 학교 다니고 졸업 후엔 취직해서 회사 생활을 하고 결혼과 출산이라는 인생 사이클을 순순히 받아들였습니다. 물론 마음속은 늘 지금이 아닌 다른 어딘가로 떠나고 싶다고, 40년째 생각해 오고 있습니다. 소설을 쓰면서 소설 속 새로운 세계를 만드는 것이 결국 제가 선택한 여행 방법인 것 같습니다.

 

위저드 베이커리가 하나의 아름다운 성장 소설인데요, 어디서 어떻게 이렇게 독특하면서도 잔인한 작품세계의 영감을 얻게 되었는지요?

소재와 발상은 그림형제 민담집의 [헨젤과 그레텔]에 나오는 ‘과자로 만든 집’에 빚지고 있습니다. 그러나 그곳에는 나쁜 마녀가 살고 있지요. 헨젤과 그레텔은 부모에게선 버림받은, 마녀에게선 살해 위협을 당하는 가엾은 아이들입니다. 저는 유년기에 헨젤과 그레텔과 크게 다르지 않은 위협 속에서 그들과 비슷한 심정을 느꼈습니다. 그 시절의 제게는 저를 피신시켜줄 마법사가 없었습니다. 그래서 소설 속 주인공에게는 잠깐이나마 그를 피신시켜줄 마법사를 선물했습니다.

 

Les petits pains de la pleine lune poche마술적이고 신기한 제과점, 이건 정말 모두가 꿈꿀만한 공간인데요… 작가님이 창조한 이 제과점에서 만약 작가님이 한 상품만을 산다면 어떤 상품을 고르시겠어요?

얼핏 꿈같은 공간이지만 그곳에서 파는 과자들은 인간의 보편적인 사회 규준에 적합하지 않은 것들이 많습니다. 저는 예산만 넉넉하다면 호기심에 한 개씩 모든 종류를 다 털어 올 것 같습니다. 그러나 어디까지나 호기심, 실제로 제가 그것을 사용하는 일은 없을 것입니다. 읽으신 분들은 주로 학교나 회사에 대신 보낼 ‘도플갱어’가 많이 필요하다고 하셨습니다.

 

옛 동화들이 작가님의 이야기를 구성하는데 도움이 되셨는지요?

신화, 민담, 전설 등은 언제나 관심의 대상입니다. 실제로 이후 창작한 많은 소설들에서 동화의 모티프를 변형 및 재해석했습니다.

 

Les petits pains de la pleine lune특히 어떤 동화들에서 영감을 받았는지요?

프랑스에 소개되지 않은, 2015년도 9월의 따끈따끈한 신간에서 저는  ‘동화 변형’을 전체 콘셉트로 잡고 연작소설집을 발표했습니다. 여기에는 안데르센 동화의 [빨간구두]와 [성냥팔이 소녀]를 재해석한 소설들이 실려 있고, 그림형제 민담집에서는 [거인의 황금 머리카락] [거위지기 소녀] [개구리 왕자] [영리한 엘제] 등을 뽑아 현대적 관점에서 해석하고 재구성하였습니다. 역시 여러분께 친숙한 동화들일 것으로 생각됩니다. 많은 분들께서 관심 갖고 지켜보아 주시면 언젠가 또다시 프랑스에서 출간이 가능했으면 좋겠습니다.

 

프랑스에는 현재 작가님의 두 작품 (위저드 베이커리와 아가미)만이 알려져 있는데 이외에 다른 작품들도 쓰셨는지요? 그럴경우 어떤 내용들을 이야기하는지요?

거의 매년 신작을 발표하고 있습니다. 주로 사회와 인간의 병리현상과 이기주의를 풍자하거나,

부당한 사회 구조를 비판하는 리얼리즘 소설을 환상문학의 코드로 접근하여 풀어나갑니다.

 

내년 2016년 파리 도서전에 한국이 주빈국인데 혹시 작가님도 프랑스 독자들을 만나기 위해서 오시는지요?

한국의 작가가 국제도서전에 가는 경우는 보통 초청을 받아서, 이때 한국 내에서 명망 있고 전도유망하며 기존에 영미권 및 유럽권 등 외국으로의 번역 수출이 활발했는지 등이 기준이 됩니다.

저는 한국 내에서의 명성이 아직 그렇게까지 높지 않습니다. (국제도서전에 초청을 받을 자격이 아직 충분치 않은 것 같습니다^^) 독자님들께서 필립피키에 출판사에 열화와 같은 성원과 요청을 보내주시면 한국 출판사의 마음이 움직일지도 모릅니다…!!

 

다른 하실 말씀이 있다면 ?

저의 소설을 재미있게 읽어주셔서 고맙습니다.

한국에서는 대기업이 운영하는 대형 인터넷 서점 외에 작은 서점들이 줄줄이 문을 닫는 형편입니다.

그래서 서점 블로그 문화가 있고, 서점을 찾는 손님들이 꾸준히 계시다는 말씀에 깊은 감명을 받았습니다.

 

Chronique : Les attaques de la boulangerie

Les attaques de la boulangerieDeux nouvelles incongrues et uniques où la nourriture est un personnage à part entière !

Ce court recueil réunissant deux nouvelles contient L’attaque de la boulangerie et La seconde attaque de la boulangerie. La seconde nouvelle est d’ailleurs parue premièrement dans le recueil L’éléphant s’évapore. L’ouvrage est paru aux éditions 10/18 en novembre 2013.

Haruki Murakami est sans conteste l’écrivain japonais le plus connu à travers le monde : ses romans  Kafka sur le rivage, Chroniques de l’oiseau à ressort ou encore 1Q84 sont tous des succès littéraires.

Braquer une boulangerie pour cause de faim dévorante… pourquoi pas ?

Tout commence lorsque deux amis se rendent compte qu’ils ont faim. Très faim. Une faim telle qu’ils n’en ont jamais eue… à un tel point qu’ils décident de braquer une boulangerie. Ne travaillant pas et ne souhaitant pas le faire, les deux compères se rendent donc dans une petite boulangerie sans prétention afin d’y accomplir leur méfait. Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu et le boulanger a une réaction des plus étonnantes face au duo d’apprentis voleurs…

La seconde nouvelle – plus longue – est encore plus folle et étrange que la première… on y retrouve l’un des deux braqueurs de la première histoire des années plus tard. Depuis, il s’est marié et vit de la façon la plus normale et convenable qui soit… jusqu’à un soir où le couple est pris d’une faim dévorante et insatiable… Que vont-ils faire d’après vous ?

Se dévore… comme un petit pain !

Ces deux nouvelles sont aussi brèves qu’excellentes, en particulier la seconde, qui donne un réel sens à L’attaque de la boulangerie.

La première nouvelle est extrêmement courte, elle fait moins d’une quinzaine de pages, et pourtant tout l’esprit de Murakami est là. Dans la seconde, on plonge tant dans l’absurde et le burlesque que s’en est très drôle… en effet, ça n’est pas une boulangerie qui va se trouver braquée ! Et surtout, la femme bien paisible à laquelle notre narrateur pense être marié n’est pas vraiment ce qu’elle semble…

Tout comme dans la nouvelle Sommeil, nous retrouvons les illustrations de Kat Menschik. Elles sont comme l’univers de l’auteur : poétiques, superbes et également très oniriques. On y découvre des images qui auraient très bien pu nous traverser l’esprit : mélangeant des éléments réalistes et d’autres  métaphoriques…

Le tout est imprimé sur du papier de qualité supérieure rendant le toucher des pages très agréables. Enfin, seules deux couleurs sont utilisées pour leur réalisation : le vert sapin et le doré. Ainsi, quand vous tournez les pages vers la lumière, vous y verrez de très jolis reflets ! Le texte est quant à lui du même vert que celui des illustrations.

 …..

Entre bizarrerie, quotidien et onirisme, Murakami sait nous faire naviguer sur des flots aussi étranges que fascinants et cela sans oublier une dose d’humour bien particulière ! C’est de la littérature asiatique et ça parle de nourriture, donc j’adore ! Les attaques de la boulangerie est donc un beau petit recueil à offrir ou à s’offrir pour se faire plaisir… coup de cœur et étrangeté garantis.

Les attaques de la boulangerie illustration

Chronique BD : Otakuland

OtakulandOnirique, étrange et envoûtant, bienvenue à Otakuland… un monde que l’on n’a guère envie de quitter une fois immergé…

Paru aux éditions Delcourt dans la collection Mirages et entièrement concocté par Walder du scénario aux dessins en passant par la mise en couleurs, Otakuland est un petit bijou étrange qui nous illustre la réaction de la société nippone vis-à-vis de ses otakus. Walder a déjà été publié par les Humanoïdes Associés avec le livre Maximum et Minimum.
Un otaku est une personne dont la vie sociale est très restreinte. Elle s’isole souvent le plus possible chez elle afin d’assouvir sa passion qui peut-être les jeux vidéos, les mangas ou encore une foule d’autre chose. Ce véritable phénomène de société au Japon inquiète et fascine à la fois. N’oublions pas enfin que le terme otaku a une connotation assez péjorative au Japon, au contraire de la France où ce mot désigne avant tout des passionnés, mais pas nécessairement des personnes qui ne vivent qu’à travers leur addiction.

Dans cette bande-dessinée, loin d’être un mal dont ils essayent de se guérir, nos trois personnages vont au contraire  rejoindre leur monde et nous montrer à travers leur yeux ce qu’est Otakuland : un monde merveilleux où tout est possible.

Otakuland insideTrois parties pour trois personnages

Au fil des pages nous suivons trois hommes relativement ordinaires, bien qu’en marge de la société. Le premier, se nomme Yota, le second se prénomme Koi et est livreur de films pornos, enfin le troisième s’appelle Jibun.
Chacun a sa façon de se rendre à Otakuland, chacune illustrée en fin de partie. Mais surtout, ils ont su se protéger des moqueries des autres concernant leur statut d’otaku. Car comme le dit le proverbe japonais énoncé en quatrième de couverture : « Le clou qui dépasse se fait taper dessus », cette citation illustre merveilleusement bien la réaction de la société face à ses marginaux, et est tout à fait universelle.
Ainsi nos personnages nous entraînent-ils dans un Tokyo aux allures oniriques et étranges où la frontière entre réel et imaginaire devient de plus en plus ténue… et où quand vous verrez surgir de nulle part une chenille à grande queue fourchue en guise de bus, vous serez à peine surpris.

Alors que faire pour nos trois otakus, rentrer dans le moule ? Très peu pour eux. Au contraire, Yota, Koi et Jibun se plongent d’autant plus dans leur monde qu’ils sont harcelés. Car entrer en Otakuland, c’est leur façon de se sentir eux-mêmes, de ne pas être oppressés par cette dictature de la société qui nous pousse à être conformes, normalisés, avec les mêmes envies et désirs.

Parlons maintenant du dessin et de la patte très esthétique de Walder. Le trait est net, précis et très fouillé, faisant des planches de véritables merveilles graphiques. On peu ainsi passer de nombreuses minutes à regarder les détails qui fourmillent à travers chaque case.
La particularité des personnages dessinés par Walder est qu’ils ont tous une tête de taille disproportionnée par rapport à leur corps.
Tout participe à la création d’un univers original et magnétique, envoûtant.

De quoi vous laisser transporter le temps d’un livre (il s’agit d’un one-shot) dans un monde qui nous fait oublier les tracas de la vie de tous les jours et nous ouvre les yeux sur une autre philosophie de vie.
Alors, oui, les personnages que l’on suit sont marginaux, et vivent à travers leur passions, parfois trop, mais au bout du compte, n’est-ce pas eux qui sont les plus heureux ? A vous de vous faire votre propre avis sur la question….

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF

Chronique bd : Les enfants d’Evernight – Tome 1 – De l’autre côté de la nuit

Les enfants d'Evernight 01Attention à ce que vos souhaits ne vous fasse basculer de l’autre côté de la nuit…

Les enfants d’Evernight est une nouvelle série publiée aux éditions Delcourt et destinée à un public âgé entre onze et quinze ans.

Marc Yang est le dessinateur de cet ouvrage pour le moins original et très esthétique graphiquement, il a fait la rencontre de la scénariste Andoryss, sur le site Café Salé, véritable lieu de rencontre pour les illustrateurs et graphistes en herbe de talent. Le scénario signé Andoryss est sa première publication. De son vrai nom Mélanie Chapon, elle est actuellement professeur de sciences de la vie et de la terre et écrit en parallèle, c’est également une très grande fan de bd franco-belge et de mangas.

De l’autre côté du miroir…

Camille est une jeune fille d’une douzaine d’années qui a perdu très tôt sa mère. Elle vit à Londres une enfance solitaire. Pour remédier à ce renfermement sur soi-même, le père de Camille décide de la mettre en pension… mais c’est sans compter sur les mystérieux événements qui surviennent la nuit.

Camille a rêvé si fort de ne jamais sortir de son rêve qu’elle a basculé de l’autre côté de la nuit, dans le monde d’Evernight où en principe aucun être humain n’est censé se rendre.

Un monde complexe au premier abord

La jeune Camille qui débarque dans ce nouveau monde doit très vite trouver un moyen de rejoindre la Terre sous peine d’être emmenée à l’orphelinat (apparemment redouté) du pays si elle est retrouvée par les forces de l’ordre, ce qui ne saurait tarder… mais Maximillien, marchand de sable de son état et un des seuls êtres humains à être autorisé à vivre à Evernight va aider Camille à fuir…

L’histoire n’est pas sans faire penser à Alice au pays des merveilles par certains aspects : basculement vers un autre monde, aspect physique de Camille assez similaire à l’héroïne de Lewis Caroll, petite référence dans les dialogues, cet écho léger mais visible est bien employé.

Soyons clair, ce premier tome ne nous apprendra que peu de choses sur le monde d’Evernight, son fonctionnement ou ses enjeux et fait vraiment office de « livre introductif » afin de poser les personnages et le début de l’intrigue. Ainsi, ne soyez pas surpris d’être quelque peu « dépassé » par l’histoire qui va bien plus vite que sa compréhension.

Le lecteur se retrouve plongé et aussi déstabilisé que son héroïne Camille : on débarque, on découvre tout un nouvel univers avec ses propres lois. Evernight est peuplé de personnages anthropomorphes, tigres, rats, et autres animaux sont dotés des mêmes capacités intellectuelles que les humains.

Les enfants d'Evernight 01 inside

Un graphisme onirique et esthétique

Les illustrations réalisées par Yang collent parfaitement au scénario d’Evernight : on entre dans un monde totalement surréaliste, rêveur, où les animaux marins nagent en plein ciel et où l’on peu marcher sur les nuages.

Certaines planches méritent que l’on se penche dessus avec beaucoup d’attention pour leur beauté et leur esthétisme, le jeu des couleurs assez vives est très bien rendu. Autre point fort, le dessin des personnages, en particulier de leur visages : quel que soit leur angle de vue, ils sont reconnaissables et réussis, ce qui n’est pas le cas dans toutes les bd, où selon l’angle on a affaire un personnage méconnaissable alors qu’il s’agit normalement du même.

Enfin, ce mélange graphique qui emprunte beaucoup d’éléments aux univers de la fantasy et du steampunk réunis est très réussit. C’est un vrai plaisir des yeux que d’avoir ce foisonnement de couleurs et de détails, même si quelques rares planches ont l’air légèrement trop chargées.

Pour conclure, même s’il est difficile de comprendre tous les enjeux de ce premier tome introductif, le début de la série est très prometteur, espérons que la suite soit au moins aussi enthousiasmante. L’aventure ne fait que commencer.

7/10

 

AUTEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :