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Chronique : Le rapport chinois

Premier roman de Pierre Darkanian, ce dernier commence fort avec Le rapport chinois. L’éditeur le compare à La conjuration des imbéciles de Toole à la sauce française. Comparaison assumée jusqu’au choix même de la couverture qui a des similitudes avec une ancienne édition parue chez 10/18 il y a de nombreuses années.
N’ayant pas lu ce classique de la littérature, je me rabats uniquement sur l’excellent moment de lecture que j’ai passé pour vous en parler.

Un cabinet aux salariés triés sur le volet

Tugdual est un sacré veinard, il n’a que très peu d’expérience mais ça ne l’a pas empêché d’être repéré par un chasseur de têtes. Ce dernier le recrute pour le prestigieux Cabinet Michard, une entreprise de conseil qui rédige des rapports aidant de grosses entreprises à prendre des décisions d’envergure.

C’est ainsi donc que Tugdual est recruté par le Cabinet Michard pour sept-mille euros par mois. Et le plus beau dans tout ça ? C’est qu’on ne lui demande même pas de travailler… Tugdual reste ainsi des heures à son bureau à ne rien faire. Comment est-ce possible pour un cabinet aussi prestigieux qui a pignon sur rue ?

La quintessence de l’absurde

Lire Le rapport chinois, c’est accepter de plonger tête la première (comme cet homme en couverture) en absurdie. Le travail de Tugdual est étrange, ses rares collègues le sont encore plus et on comprend de moins en moins comment un tel incapable peut gagner autant en faisant si peu (rien, le néant).
Et pour couronner le tout, Tugdual est un personnage à la fois attachant et… très détestable par certains aspects. Il est d’un paternalisme insupportable avec sa bien-aimée Mathilde dont il rebat les oreilles de ses faits de gloire au travail. Travail où il n’a rien à faire…

Et pour sublimer ce rien qui entoure de façon constante la vie de Tugdual, l’écriture de Pierre Darkanian est parfaite. Drôle, caustique, travaillée et d’un style génial. Impossible de ne pas sourire (au minimum) à ses envolées lyriques autour de choses infinitésimales.

« L’idée était excellente. Les mini-viennoiseries étaient à la fois meilleures et moins chères, et s’écouleraient en grande quantité. Tugdual conclut son avant-projet de pré-rapport par des termes qui allaient peut-être faire date dans l’histoire des relations franco-chinoises : « L’avenir de la Chine passe par la mini-viennoiserie. » Relot n’allait pas en revenir ».

Vous sentez poindre l’absurde de la situation et de ce fameux rapport chinois dont on ignore quasiment tout ? et pourtant au fil des chapitres il va devenir un véritable monument. Un dossier d’une ampleur telle qu’il va faire trembler les institutions… Il y est à la fois question de finances de haute volée et de secrets d’entreprise bien gardés… le tout servi par une histoire labyrinthique.

Par un savant mélange d’humour et de savoir, Pierre Darkanian arrive à construire un roman d’une cohérence rare. En effet, sous couvert d’absurde et parfois d’étrange, Le rapport chinois est diabolique. Fort bien mené, pensé à l’extrême, son déroulement sait surprendre. On est loin des romans cousus de fil blanc où toute l’histoire est déjà lue et relue. Ici, vous aurez un style délectable et un intrigue qui l’est tout autant.

Ainsi, Le rapport chinois est pour moi l’un des incontournable de cette rentrée littéraire 2021. Un OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) labyrinthique qu’il vous faut connaître si vous avez envie de fraîcheur et de nouveauté. Chose pas toujours aisée à trouver en littérature blanche francophone. Alors, régalez-vous.

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Actualité éditoriale : P.S. Je t’aime toujours arrive sur Netflix et ressort en librairie !

Le second opus de la trilogie de Lara Jean débarque sur Netflix, il est également disponible en librairie aux éditions Panini avec un nouveau look…

Après A tous les garçons que j’ai aimé sorti sur Netflix il y a plus d’un an et demi, voici qu’arrive la suite sur la plateforme : P.S. Je t’aime toujours. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les éditions Panini et Netflix ont mis les petits plats dans les grands pour nous faire envie… jugez plutôt.

Une jolie boîte toute rose, fermée par un nœud (rose également) qui contient le livre qui a inspiré directement le film venant de sortir le 12 février dernier (tout comme l’ouvrage avec sa nouvelle maquette). Et quelques jolis goodies.

A l’intérieur, du papier à lettre, des enveloppes, l’ouvrage en question, et des guimauves roses en forme de cœur super mignonnes. Bref, on ne peux que tomber sous le charme de ce joli coffret !

Miam !

P.S. Je t’aime toujours est le second tome de la trilogie Les amours de Lara Jean écrite par Jenny Han qui comprend :

  • Tome 1 : A tous les garçons que j’ai aimé
  • Tome 2 : P.S. Je t’aime toujours
  • Tome 3 : Pour toujours et à jamais

Pour ceux et celles qui veulent connaître la suite des aventures amoureuses de Lara Jean, il ne sera pas nécessaire d’attendre la sortie du film sur Netflix (qui sera dans un moment), puisque les trois tomes sont disponibles en librairie au format poche !

Voici un lien pour découvrir tous les tomes ici.

Alors, préférez-vous la couverture version Netflix ou celle d’avant ?
Du thé, un bon livre, et c’est parfait…

Chronique : Un écrivain, un vrai

Un roman passionnant sur la question épineuse : qu’est-ce qu’un écrivain ? Et quels sont les critères pour le définir ?

Pia Petersen est une autrice Danoise qui vit en France depuis presque toujours. Elle écrit tous ses ouvrages en français. L’un de ses plus connus est celui chroniqué ici, Un écrivain, un vrai (Actes Sud, Babel), mais on peut également citer Paradigma (paru il y a peu aux Arènes) ou encore Une livre de chair (Actes Sud).

Une téléréalité hors-norme pour un écrivain qui l’est tout autant

Gary Montaigu vient de recevoir un coup de massue en apprenant qu’il avait remporté le Man Booker Prize (équivalent du Goncourt aux USA), c’est ainsi qu’on lui propose de participer à l’émission Un écrivain, un vrai. Cette téléréalité a de quoi étourdir par son ambition ; en effet, Gary Montaigu va devenir une star parmi les stars avec l’émission.

Son concept ? Filmer quasiment tout du quotidien de l’auteur, mais surtout voir son processus créatif. Cependant, les téléspectateurs vont peu à peu donner leur avis sur l’ouvrage en cours d’écriture… est-ce nécessairement une bonne idée de s’immiscer dans l’intimité de création d’un auteur ? Est-ce stimulant ? Ou autre chose ?

Un roman aux allures de satyre de notre société

Très introspectif et réfléchi, Un écrivain, un vrai nous propose une belle façon de penser notre société au travers du prisme de l’écriture. L’intrigue est très prenante (bien que le déroulement assez lent), mais je pense qu’il faut voir au-delà et ne pas penser qu’à l’histoire. Il y a beaucoup de symboliques et de circonspection dans ce roman, différents niveaux de lecture également.

Rien qu’au niveau des symboles, ont peux réfléchir à l’étrange patronyme de notre écrivain star : Gary Montaigu. Est-ce un clin d’œil à Romain Gary et à l’une des pièces les plus connues de Shakespeare, Roméo et Juliette ? Une double référence littéraire ? Je pense que oui, et ça me fait sourire… surtout en découvrant la suite de l’histoire.

Par ailleurs, les personnages ont beau être peu nombreux, ils sont fort bien développés. Je pense notamment à la femme de Gary, la calculatrice Ruth. Difficile à cerner, facile à détester au travers des yeux de Gary… l’est-elle vraiment ? A vous de juger… Même réflexion sur la fameuse Alana censée être utilisée comme « ressort » dans l’émission pour créer une tension dramatique dans le couple Ruth/Gary. Son but ? Faire de l’audience en endossant le rôle de la « seconde femme ».

Pia Petersen invente au passage un terme intéressant bien qu’effrayant, celui de télé-lecteur. Comme le téléspectateur, il a une opinion bien arrêtée, jugera très vite de ce qu’il souhaite ou ne souhaite pas voire ou lire. C’est ainsi, que peu à peu, le processus de création de Gary Montaigu est freiné… tant il est ausculté dans les différentes facettes de sa vie.

C’est donc un très bon roman que Un écrivain, un vrai. Pas nécessairement aussi facile d’accès que les lectures que j’ai habituellement, mais tout aussi plaisant. Une ambiance particulière s’en dégage, et j’adore lire des romans qui parle d’auteurs, de processus de création, d’édition et d’écriture… et c’est l’apogée du plaisir de lecture pour moi.

Le décor dans lequel j’imagine parfaitement l’intrigue de ce roman, la pièce parfaite pour l’écrivain new-yorkais.
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Chronique album jeunesse : Délivre ce livre !

Un album jeunesse unique… et pour cause vous ne pourrez le lire qu’une seule fois ! Sauf si vous arrivez à prononcer la formule magique avant qu’il ne se ferme définitivement…

Écrit par François Hanozet et illustré joliment par Grégoire Mabire, Délivre ce livre est paru aux éditions Mijade en mai 2019. Et dès qu’on le voit en librairie, il a un petit je ne sais quoi qui fait qu’on le remarque. Peut-être est-ce grâce à sa couverture au fond noir ? (plutôt rare en albums jeunesse), ou grâce à l’expression paniquée du magicien sur la couverture ?

Toujours est-il que c’est un album génial à découvrir.

Un livre qui ne se lit qu’une seule fois ?

Incroyable mais vrai, ce livre que le lecteur a à peine commencé est destiné à se refermer POUR TOUJOURS. Il n’y a qu’une seule solution : aider le magicien à trouver le bon livre qui contient la formule magique pour le rouvrir avant la fin…

Écrit sous forme d’histoire participative – à l’image du Roi est occupé ou encore de Chhht ! pour ne citer que les grands classiques du genre – on prend plaisir à lire l’histoire aux enfants. En effet, à presque chaque double-page, on va leur demander de trouver quelque chose pour continuer l’histoire, ou les faire dire une formule magique. Et ça fonctionne très bien !

De plus, les dessins sont très beaux : à la fois colorés, dynamiques et rassurants. On a qu’une seule envie, plonger dans l’histoire et y rester tant on y est bien… Cette ambiance graphique et ce style de bibliothèque poussiéreuse et étrange m’a beaucoup fait penser à un roman destiné aux adultes : La Cité des livres qui rêvent aux éditions Les Grandes Personnes. Il y a dans ces deux ouvrages destinés à deux publics différents une atmosphère livresque surannée qui se dégage… et c’est extrêmement plaisant.

En somme, si vous cherchez une idée d’album pour les enfants dès l’âge de 4 ans, Délivre ce livre sera absolument parfait ! Nous vous le conseillons vivement.

Chronique : Douze ans sept mois et onze jours

Un très bon roman à destination de la jeunesse qui mélange nature writing, et aventure mâtiné de suspense… 

Vous qui aimez la jeunesse et la littérature ado, vous devez déjà connaître le très prolifique auteur français Lorris Murail. On lui doit une quantité impressionnante de romans, tous particuliers et mémorables, chacun à sa façon. On peut ainsi citer : GOLEM (PKJ), Les cornes d’ivoire (PKJ), Shanoé (Scrinéo), L’horloge de l’apocalypse (PKJ), L’expérienceur (École des Loisirs).

Dans ce roman paru il y a maintenant 4 ans, Lorris Murail nous offre un mélange surprenant d’action, de suspense tout en nous proposant de (re)découvrir la nature d’un autre œil…

Abandonné au fin fond d’une forêt, dans le Maine…

Une cabane spartiate, une carabine, un livre de Thoreau, quelques conserves… C’est tout ce que possède maintenant Walden, dont le père l’a abandonné ici sans autre forme de procès. C’est un violent apprentissage de la vie auquel est confronté le jeune homme…

Que va-t-il faire pour s’en sortir ? Pourquoi son père lui fait-il traverser une épreuve aussi terrible ?

Entre le récit d’apprentissage et le thriller psychologique, Lorris Murail nous ballade de fausse-piste en traquenard…

Un roman qui détonne dans son style unique

Si vous souhaitez découvrir ou faire découvrir dès l’âge de 13 ans un livre qui sort vraiment des sentiers battus, celui-ci sera parfait !

Plusieurs genres littéraires sont mélangés avec talent par Lorris Murail : le fameux nature writing (faisant l’éloge de la beauté de la nature à chaque instant), le thriller avec le jeune Walden se démenant corps et âme pour survivre et peut-être un jour comprendre le geste cruel de son père… Tout cela étant mis au service d’un roman dit « pour ados » très efficace. Mais, personnellement je le conseille également aux adultes.

De plus, si vous êtes friands de twists et autres apparences trompeuses, vous en aurez tout votre content. Tout cela sans oublier les personnages : ils sont peu nombreux, mais très intéressants. Il y a le père de Walden, bien sûr, mais également cette mystérieuse femme… dont je ne dirais rien de plus, mais qui m’a fascinée.

……..

Le style incisif, sans artifices de Lorris Murail s’adresse ainsi à tous, sans exceptions. Pour ceux qui aiment les histoires qui ont du sens, de la profondeur, un message derrière la lecture-plaisir, c’est l’ouvrage parfait. Et ce retour aux sources bien que violent pour le héros de cette histoire n’est pas sans nous procurer un dépaysement plaisant…

Chronique : Valet de Pique

Un roman noir sur le thème de l’écrivain qui se laisse entraîner par sa part de noirceur. Littérairement parlant, mais aussi littéralement. Du grand Joyce Carol Oates… impossible à lâcher !

On ne présente plus la grande, la très prolifique auteure américaine Joyce Carol Oates. Elle a écrit une quantité folle de romans, s’est essayé à un nombre incroyable de styles et de genres différents… C’est l’auteure à lire/découvrir au moins une fois dans sa vie !

Valet de Pique est son tout dernier ouvrage en date en France, il est paru en mars 2017 aux éditions Philip Rey avec une très belle et sobre couverture. Cette fois-ci, Oates nous entraine dans le relationnel qui lie un auteur à ses œuvres… y compris les plus inavouables.

Andrew J. Rush est le Valet de Pique

Grande star sur la scène du polar, Andrew J. Rush s’ennuie ferme. Sa production actuelle ne le satisfait pas (il me fait penser à James Patterson, est-ce voulu ?), il trouve ses propres écrits à succès passables, mais ne fait pas vraiment ce qu’il aime… Ainsi est né le Valet de Pique.

Un étrange pseudonyme derrière lequel il se cache pour écrire les récits qui l’habitent réellement. Sales, misogynes, sanglants et même vulgaires, les romans du Valet de Pique révèlent une face sombre d’Andrew J. Rush. Il ne trouve du plaisir qu’en écrivant ces romans qu’il cache soigneusement à son entourage, n’assumant pas du tout cette part de lui-même autonome et glauque.

Jusqu’au jour où tout bascule, et où le Valet de Pique prend de l’ampleur dans la vie normalisée de Rush…

Un roman noir qui se dévore d’une traite

Le thème de la dualité qui anime un auteur et ses créations est ici magnifiquement retranscrit par Joyce Carol Oates. Et qui mieux qu’elle peut en parler ? Elle qui possède de nombreux noms de plume quand elle écrit des polars : Rosamond Smith ou Lauren Kelly, et peut-être même d’autres pour ce qu’on en sait !

Ainsi dans ce roman, l’intrigue est aussi simple qu’immédiatement captivante. On entre dans le vif du sujet sans fioritures et ça se dévore ainsi… jusqu’à la fin ! J’adore les romans à l’ambiance noire et sombre, alors avec Valet de pique, j’ai été parfaitement servie. On appréciera la douce perfidie qui monte progressivement au fil des interrogations d’Andrew J. Rush. On aimera l’ambiance feutrée des larcins que nous découvrirons peu à peu… C’est un véritable régal livresque, tant au niveau de l’écriture que de la traduction.

Autre élément très plaisant, le personnage d’Andrew J. Rush écrit à Stephen King sous le nom du Valet de Pique. J’ai adoré le fait que Oates mélange fiction et réalité pour apporter encore plus de prégnance à son roman. Cela m’a d’ailleurs fait penser à un autre livre que j’ai adoré pour son ambiance ancrée dans le monde de l’écriture : Le contrat Salinger.

…..

Je ne vous en dirais pas plus sur ce roman, sous peine de trop en dévoiler. Sachez simplement que Valet de Pique est un roman noir, et un très bon. Qu’il se lit très vite, qu’il captive, et qu’il nous entraîne avec lui dans ses méandres… Saisissant.

Actualité éditoriale : La rentrée littéraire 2016 des éditions Picquier

En dehors des gros tirages et des livres très attendus de cette rentrée, il y a quelques romans qui méritent que l’on s’y attarde, que l’on se penche dessus avec un intérêt tout particulier. Ils seront beaucoup moins médiatisés, mais tout aussi tentants que d’autres.

Alors, pour découvrir une autre rentée littéraire, les éditions Philippe Picquier me semblent absolument parfaites. Et pour cette rentrée 2016, ils ont deux belles nouveautés très tentantes…

Jardin arc-en-ciel (2)Le jardin arc-en-ciel de Ito Ogawa  – Parution le 2 septembre 2016

Cet ouvrage annonce le grand retour d’Ito Ogawa en France ! Il s’agit de son troisième roman à paraître chez nous. Elle s’était fait connaître grâce à son roman touchant et culinaire : Le restaurant de l’amour retrouvé, qui avait beaucoup marqué les esprits par son côté très universel et plein de simplicité. C’est un roman qui avait su plaire à un public féminin et masculin, et qui fait partie de ces livres extrêmement positifs et bienveillants. Elle a par la suite sorti un autre roman nommé Le ruban, je ne l’ai pas encore lu, mais je dois avouer qu’il ne m’avait pas vraiment tentée.

Avec Le jardin arc-en-ciel, on sent qu’Ito Ogawa va renouer avec les ingrédients qui l’avaient rendue si populaire dans son pays et ailleurs ! D’ailleurs, l’ouvrage est déjà sélectionné pour Le Prix du roman Fnac 2016.

Cette parution s’annonce donc sous les meilleurs auspices, et je suis personnellement convaincue qu’elle va être géniale.

Jardin arc-en-ciel (1)Présentation de l’éditeur :

Izumi, jeune mère célibataire, rencontre Chiyoko, lycéenne en classe de terminale, au moment où celle-ci s’apprête à se jeter sous un train. Quelques jours plus tard, elles feront l’amour sur la terrasse d’Izumi et ne se quitteront plus. Avec le petit Sosûke, le fils d’Izumi, elles trouvent refuge dans un village de montagne, sous le plus beau ciel étoilé du Japon, où Chiyoko donne naissance à la bien nommée Takara-le-miracle ; ils forment désormais la famille Takashima et dressent le pavillon arc-en-ciel sur le toit d’une maison d’hôtes, nouvelle en son genre.

Il y a quelque chose de communicatif dans la bienveillance et la sollicitude avec lesquelles la famille accueille tous ceux qui se présentent : des couples homosexuels, des étudiants, des gens seuls, des gens qui souffrent, mais rien de tel qu’un copieux nabe ou des tempuras d’angélique pour faire parler les visiteurs ! Tous repartiront apaisés. Et heureux.

Pas à pas, Ogawa Ito dessine le chemin parfois difficile, face à l’intolérance et aux préjugés, d’une famille pas comme les autres, et ne cesse jamais de nous prouver que l’amour est l’émotion dont les bienfaits sont les plus puissants. On réserverait bien une chambre à la Maison d’hôtes de l’Arc-en-ciel !

Soudain, j'entends la voix de l'eauSoudain, j’ai entendu la voix de l’eau de Hiromi Kawakami – Parution le 6 octobre 2016

Peut-être connaissez-vous déjà Hiromi Kawakami, elle est l’auteur de très nombreux romans aux éditions Picquier : Les années douces, Le temps qui va, le temps qui vient ou encore Les 10 amours de Nishino, c’est elle !

Je n’ai encore jamais rien lu de cette auteur, mais je dois avouer que le résumé de sa nouveauté est extrêmement tentant et me rend curieuse… Affaire à suivre donc…

Présentation de l’éditeur :

Le roman se déroule à Tokyo en 2013. La narratrice Miyako, 55 ans, et son frère Ryo, 54 ans, tous deux célibataires, retournent vivre dans la maison de leur enfance. Très vite, le lecteur découvre l’amour incestueux qui unit les deux personnages, et suit la narratrice dans les va-et-vient d’une pensée qui retrace l’histoire familiale.

Il est question du petit magasin de papier hérité par leur oncle que Myiako et Ryo appelaient « Papa », de Takeji, leur père biologique et apprenti au magasin, de leur mère, fille illégitime d’une maîtresse.

L’auteur tisse ainsi la toile délicate des relations familiales, l’équilibre fragile d’un amour, celui d’une soeur et d’un frère en retrait du monde et dont la tranquille existence est secouée d’événements historiques – l’attentat au gaz  sarin du métro de Tokyo de 1995 auquel échappe de justesse Ryo ou encore le tremblement de terre de 2011 -. Ils décident un jour de vendre la maison familiale.

Le roman d’une styliste qui tisse sous nos yeux la toile ténue de l’existence et n’en révèle le murmure qu’avec pudeur à un lecteur qui retient son souffle. Cet ouvrage a reçu le prix Yomiuri.

Actualité éditoriale : La refonte visuelle des romans de Roald Dahl par Gallimard Jeunesse

Nouvelles couvertures Roald Dahl Le doigt magiqueLe 16 juin dernier, les éditions Gallimard Jeunesse ont changé tous les visuels de couverture des ouvrages de Roald Dahl. Qu’il s’agisse des romans chez Folio Junior ou des premières lectures chez L’heure des histoire ou Folio Cadet, ils ont TOUS changé ! Plus jolis, plus colorés (avec de jolies taches d’encres en dégradé multicolore), et le tout avec un glaçage sélectif, cette refonte reprend les visuels originaux parus en Angleterre avec bien évidemment les illustrations de Quentin Blake.

Cette modification des couvertures n’est peut-être pas tout à fait innocente puisque le BGG (le Bon Gros Géant) arrive au cinéma le 20 juillet prochain, adapté par Steven Spielberg.

Et vous ? Quelles couvertures préférez-vous ? Les nouvelles ou les anciennes ? Personnellement, je suis sous le charme des récentes… elles sont sublimes ! Je vous laisse comparer ! Les nouvelles sont positionnées à gauche, les anciennes à droite.

L’autre avantage de cette refonte, c’est que les anciens ouvrages (dont la couverture était intégralement en papier glacé) étaient moins costauds que ces nouvelles versions. En effet, le papier mat est beaucoup plus résistant, ce qui est parfait pour des ouvrages de cet auteur car ils se lisent, se relisent encore et encore…

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Mes idées de livres à offrir pour Noël 2015 – Albums Jeunesse

L’année 2015 a été riche en belles découvertes et créations éditoriales. Vous trouverez dans cet article quelques suggestions d’ouvrages à offrir pour les enfants entre 3 et 7 ans. Des histoires rigolotes ou des beaux-livres, il suffit de demander !

Le petit gâteau qui ne disait pas merciLe petit gâteau qui ne disait pas merci – Rowboat Watkins – Seuil Jeunesse :

Pas besoin d’avoir un message à faire passer pour offrir ce très mignon album jeunesse. L’histoire est celle d’un petit gâteau absolument invivable : il double tout le monde dans les files, est ingrat, n’écoute pas ses parents ne veux jamais aller se laver… Mais le jour où le petit gâteau est pris pour un chapeau par des ogres très grands et très polis, tout va changer ! Le petit gâteau va devoir faire montre de politesse pour rectifier la méprise ! C’est drôle, frais et parsemé de quelques petits clin-d’œil qui feront sourire les parents. Les dessins sont doux et jolis, dans des teintes pastelles très agréables. A lire aux enfants dès l’âge de 3 ans environ. Lire la chronique complète sur le site ici.

Les 12 mois de mon annéeLes 12 mois de mon année – Peggy Nille – Tourbillon :

Vous ne savez pas comment initier le concept d’écoulement du temps à vos enfants à l’échelle de l’année ou des saisons ? Cet ouvrage pourrait peut-être vous y aider de façon ludique et surtout très jolie ! Ce magnifique et simple livre pop-up signé Peggy Nille est une petite merveille. Ici, point d’histoire, mais un ouvrage a laisser ouvert tout au long de l’année si vous le souhaitez, de petits élastiques ont été placés sur l’ouvrage pour ce faire. Les animations sont simples mais superbes et surtout, les illustrations de Peggy Nille sont vives et colorées ! Chaque image représente un événement emblématique du mois : pleins de feuilles orangées pour novembre, une petite fille déguisée en sorcière pour octobre… Enfin, une petite frise est présente à chaque bas de page pour que l’enfant se repère plus clairement dans le temps. A offrir aux enfants dès l’âge de 3 ans pour un prix extrêmement correct : 13,99€.

Alice au pays des merveilles PuybaretAlice au Pays des Merveilles – Eric Puybaret, Charles Nurnberg, Joe Rhatigan et Lewis Carroll – De la Martinière Jeunesse :

L’année 2015 a signé les 150 ans d’existence du texte Alice au Pays des Merveilles créé par l’anglais Lewis Carroll. Cet anniversaire a généré des très nombreuses adaptations en albums pour enfants, comics, bd, mangas… Mais la réinterprétation graphique et textuelle proposée ici a su s’approprier Alice d’une manière originale et singulière. Tout d’abord, l’album est très gai, très lumineux, les couleurs choisie par Eric Puybaret sont aussi vives que belles. Ensuite, l’illustrateur a fait le choix d’une Alice qui sort des standards, elle n’a pas sa traditionnelle robe bleue et son napperon blanc, et c’est bien ! Cette version très abrégée fait également un choix original : faire une fin ouverte qui s’arrête sur les prémices de la rencontre entre Alice et le Chapelier Fou. Ce magnifique album grand format (30×28 cm) est une belle façon de faire découvrir ce classique de la littérature aux enfants dès l’âge de 4 ans environ.

Peau d'ânePeau d’Âne – Hélène Druvert – Gautier Languereau :

Vous cherchez un conte classique doté d’une illustration moderne et graphique ? La version de Peau d’Âne d’Hélène Druvert pourrait fortement vous séduire ! Outre les sublimes dessins numériques d’une obscure beauté, vous découvrirez également des découpes laser rehaussant encore la beauté de l’album. C’est un très beau livre-objet à offrir aux enfants dès l’âge de 5 ou 6 ans, ou à s’offrir très égoïstement pour soi ! Pour découvrir le travail multiple et tout-supports de l’illustratrice, je vous invite à visiter son site internet : http://www.helenedruvert.net

Histoires de reinesHistoires de reines – Hélène Druvert et Camille Von Rosenschild – De la Martinière Jeunesse :

Et oui, l’illustratrice de Peau d’Âne a une œuvre très fournie, particulièrement en cette fin d’année et encore une fois, c’est superbe… Cette fois-ci, l’ouvrage s’adresse à des lecteurs dès l’âge de 7-8 ans environ. Découvrez les biographies de cinq reines qui ont marqué l’Histoire à travers ce livre-théâtre dont la mise en page est très réussie. Vous découvrirez ainsi Marie-Antoinette, Pocahontas ou encore Catherine II de Russie… Pour chaque reine, deux doubles-pages lui sont dédiées : deux pages de texte racontant son parcours et son histoire, et une double-page en papier découpé sur plusieurs plans, le tout donnant une belle impression de profondeur. C’est ce que l’on appelle un livre-théâtre, et celui-ci est particulièrement réussi ! Gros coup de cœur pour cet ouvrage à la beauté singulière et originale.

Chronique : La dame en blanc

La dame en blanc librettoL’ère victorienne dans toute sa splendeur à travers un classique insoutenable et sublime…

Grand classique de la littérature britannique, La dame en blanc a été écrit par Wilkie Collins. Il a été publié pour la première fois sous forme de feuilleton en 1859 dans le journal de Charles Dickens All the Year Round (Angleterre) ainsi que dans le Harper’s Weekly (Etats-Unis).

Grand ami de Dickens avec qui il a écrit quelques ouvrages (L’abîme ou encore Voie sans issue), Wilkie Collins est l’auteur d’une œuvre aussi vaste que fascinante dans le plus pur style victorien. On lui doit notamment Le secret, La pierre de lune ou encore La robe noire. Avec La dame en blanc, Wilkie Colins ne signe pas moins que le tout premier roman à suspense de l’histoire.

Les prémices d’une histoire d’amour impossible et d’une terrible machination

« Voici l’histoire de ce que peut supporter la patience d’une femme et ce que la résolution d’un homme peut accomplir. » Ainsi commence l’histoire de La dame en blanc, dont le début est narré par Walter Hartright. Professeur de dessin de son état, le jeune homme vit en faisant étudier l’art de la peinture sous toutes ses formes à ses élèves.

Mais ses jours tranquilles à Londres sont sur le point de prendre fin en la personne d’une étrange femme entièrement vêtue de blanc. Hartright est à la veille de partir pour la campagne, dans le manoir de Limmeridge House situé dans le Cumberland afin d’y enseigner. Et sa rencontre avec la mystérieuse femme en blanc va bouleverser sa vie à tout jamais à cause du seul hasard de cette rencontre…

Très rapidement, les cours de dessin que prodiguera Hartright à ses deux élèves que sont Marian et Laura va l’amener à des sentiments totalement inappropriés à son rang vis-à-vis de l’une d’elles. Celle dont il est tombé sous le charme est promise à un autre, issu du même niveau social qu’elle. Ce début de romance qui n’aurait jamais dû être va faire basculer les plans de certains. Et c’est ainsi que l’on aperçoit ce qui va devenir une intrigue aux milles visages où le mal n’est pas nécessairement là où on le pense… Complots d’ordre juridique, machinations, mensonges, harcèlement… tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins.

La dame en blancUn classique encore méconnu à découvrir

Les quelques huit-cent cinquante pages qui font le récit de La dame en blanc sont fort efficaces. On y découvre tour à tour de la romance empruntée et timide, puis un énorme complot juridique ou encore des histoires de famille. Si l’on ne voit pas tout de suite où souhaite en venir Wilkie Collins, on n’en lit pas moins avec intérêt son récit divisé en trois parties : Premières époque, Deuxième époque et Troisième époque.

On se glisse avec une curiosité et un plaisir croissants dans les secrets d’une famille bourgeoise de l’époque victorienne. Tout en retenue et allusions, on se glisse dans un roman qui était un contemporain précurseur de son époque. Présenté comme le tout premier roman à suspense de l’histoire, La dame en blanc réunit déjà toutes les ficelles encore utilisées de nos jours.

L’écriture très chargée de l’époque est un pli à prendre qui se fait sans trop de difficultés. Seules certaines pages avec des triples négations peuvent laisser le lecteur dans l’incompréhension (vite dissipée). De même, certaines phrases font presque une demi-page avant de se clore. Ça n’est pas évident au début, mais rien d’insurmontable. C’est alors avec plaisir que l’on se lance dans l’intrigue après avoir passé outre ces petits désagréments de lecteur contemporain que nous somme.

On ne vous en dira pas plus sur l’intrigue générale du roman qui outre la romance interdite aborde bien d’autres faits et intrigues de foyer. Il vous suffira de savoir que certains sont prêts à tout pour obtenir un pécule qu’ils n’ont absolument pas mérité… quitte à détruire au passage plusieurs existences.

 ……

Ce roman écrit dans la plus pure tradition de l’époque est à ne pas manquer. Si vous aimez les écrits de Jane Austen ou des sœurs Brönte, ou plus largement les récits qui on trait à l’aristocratie anglaise celui-ci devrait vous plaire. En plus, l’ouvrage est disponible en poche.

TRANCHE d´ÂGE :