Chronique : La fraternité

Une société secrète dans l’université de Cambridge… que cache-t-elle ? Un roman dans l’ambiance des campus novel qui a tout pour plaire. Mais est-ce suffisant ?

Premier roman de l’allemand Takis Würger, La Fraternité est paru aux éditions Slatkine & Cie lors de la rentrée littéraire 2018. Présenté comme un roman fort dans la plus pure tradition du campus novel (vous savez, ces romans dans l’ambiance du Maître des illusions ou de Stoner), j’ai forcément été intriguée. Et quand j’ai vu qu’il y était également question de fraternités étudiantes (à la limite avec les sociétés secrètes pour certaines), j’ai immédiatement voulu en savoir plus…

Cambridge, l’un des plus beaux et prestigieux campus au monde

Bienvenue au campus de Cambridge, où l’élite des élèves fait ses études. Comme leurs parents avant eux, et leurs parents avant eux… Pour certains, être à Cambridge est un dû, un héritage. Pour d’autre, c’est leur travail ou le destin qui les fait y entrer. Comme pour Hans qui a perdu ses parents, et dont la tante l’a envoyé en pensionnat, loin d’elle suivre une éducation austère, sinon stricte où il apprit la boxe à ses heures perdues.

Alors, quand cette tante le contacte après des années de silence, Hans est inrigué. Elle lui propose l’opportunité d’étudier à Cambridge, là où elle-même travaille… mais en échange, il devra lui rendre un service : enquêter sur une fraternité secrète de Cambridge ; Le Pitt Club. Mais pour s’y faire admettre, il faut adopter les mêmes idées, les mêmes comportements que ses membres… et surtout boxer. Hans a donc une chance de se faire intégrer et d’enquêter si il tire les bonnes ficelles… Mais ce jeu de dupes est forcément dangereux, d’autant qu’il ne sait pas ce qu’il chercher exactement.

Tout est en place pour passer un excellent moment de lecture entre le polar et le campus novel.

Une ambiance unique très bien retranscrite, mais qui ne suffit pas…

J’ai adoré l’atmosphère select et secrète à la fois de Cambridge. C’est un lieu magnifique que l’on découvre émerveillé au fil des pages. Mais plus fascinant encore, le monde des fraternités étudiantes est ici percé à jour. Bien qu’il s’agisse de fiction, nombre de fraternités étudiantes (parfois très secrètes) existent. Et sans tomber dans le complotisme, beaucoup de personnages importants de la société (toutes nations confondues) en sont issus. Ce sentiment de puissance, de vie parallèle où tout est caché, occulté, c’est cela que dénonce la Fraternité. Car certains des membres ont un sentiment d’impunité et font absolument tout ce qu’ils veulent pour assouvir leurs désirs parfois malsains et terribles.

C’est ce que découvre peu à peu avec horreur Hans, qui va réussir à intégrer le fameux club ultra select qu’est le Pitt Club, et il y a encore une étape après être entré : « les papillons ».  Mais pour cela, il va devoir faire bonne figure, cacher son vrai visage et devenir un monstre parmi les monstres… si il tient jusqu’à la fin de sa mission.

Cependant, malgré ces gros points forts, je suis restée sur ma faim. Pourquoi ? Car on a beau comprendre entre les lignes les horreurs auxquelles est habitué le Pitt Club, rien n’est franchement dit, jamais. Même pour la conclusion, où l’on reste dans l’expectative. On se demande pourquoi l’histoire ne va pas un peu plus loin.

La Fraternité a donc un goût d’inachevé, et c’est bien dommage. Malgré une superbe ambiance et une intrigue qui tient la route, la final n’est pas la hauteur. Le dénouement n’est pas loin, mais il n’est pas complet, et ça laisse un sentiment de déception… J’y ai cru jusqu’au bout, mais la déception est à la hauteur de l’attente : grande.

Pour aller plus loin :

Article de Vanity Fair sur les 7 fraternités les plus secrètes du monde.

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