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Chronique bd : Les enfants d’Evernight – Tome 1 – De l’autre côté de la nuit

Les enfants d'Evernight 01Attention à ce que vos souhaits ne vous fasse basculer de l’autre côté de la nuit…

Les enfants d’Evernight est une nouvelle série publiée aux éditions Delcourt et destinée à un public âgé entre onze et quinze ans.

Marc Yang est le dessinateur de cet ouvrage pour le moins original et très esthétique graphiquement, il a fait la rencontre de la scénariste Andoryss, sur le site Café Salé, véritable lieu de rencontre pour les illustrateurs et graphistes en herbe de talent. Le scénario signé Andoryss est sa première publication. De son vrai nom Mélanie Chapon, elle est actuellement professeur de sciences de la vie et de la terre et écrit en parallèle, c’est également une très grande fan de bd franco-belge et de mangas.

De l’autre côté du miroir…

Camille est une jeune fille d’une douzaine d’années qui a perdu très tôt sa mère. Elle vit à Londres une enfance solitaire. Pour remédier à ce renfermement sur soi-même, le père de Camille décide de la mettre en pension… mais c’est sans compter sur les mystérieux événements qui surviennent la nuit.

Camille a rêvé si fort de ne jamais sortir de son rêve qu’elle a basculé de l’autre côté de la nuit, dans le monde d’Evernight où en principe aucun être humain n’est censé se rendre.

Un monde complexe au premier abord

La jeune Camille qui débarque dans ce nouveau monde doit très vite trouver un moyen de rejoindre la Terre sous peine d’être emmenée à l’orphelinat (apparemment redouté) du pays si elle est retrouvée par les forces de l’ordre, ce qui ne saurait tarder… mais Maximillien, marchand de sable de son état et un des seuls êtres humains à être autorisé à vivre à Evernight va aider Camille à fuir…

L’histoire n’est pas sans faire penser à Alice au pays des merveilles par certains aspects : basculement vers un autre monde, aspect physique de Camille assez similaire à l’héroïne de Lewis Caroll, petite référence dans les dialogues, cet écho léger mais visible est bien employé.

Soyons clair, ce premier tome ne nous apprendra que peu de choses sur le monde d’Evernight, son fonctionnement ou ses enjeux et fait vraiment office de « livre introductif » afin de poser les personnages et le début de l’intrigue. Ainsi, ne soyez pas surpris d’être quelque peu « dépassé » par l’histoire qui va bien plus vite que sa compréhension.

Le lecteur se retrouve plongé et aussi déstabilisé que son héroïne Camille : on débarque, on découvre tout un nouvel univers avec ses propres lois. Evernight est peuplé de personnages anthropomorphes, tigres, rats, et autres animaux sont dotés des mêmes capacités intellectuelles que les humains.

Les enfants d'Evernight 01 inside

Un graphisme onirique et esthétique

Les illustrations réalisées par Yang collent parfaitement au scénario d’Evernight : on entre dans un monde totalement surréaliste, rêveur, où les animaux marins nagent en plein ciel et où l’on peu marcher sur les nuages.

Certaines planches méritent que l’on se penche dessus avec beaucoup d’attention pour leur beauté et leur esthétisme, le jeu des couleurs assez vives est très bien rendu. Autre point fort, le dessin des personnages, en particulier de leur visages : quel que soit leur angle de vue, ils sont reconnaissables et réussis, ce qui n’est pas le cas dans toutes les bd, où selon l’angle on a affaire un personnage méconnaissable alors qu’il s’agit normalement du même.

Enfin, ce mélange graphique qui emprunte beaucoup d’éléments aux univers de la fantasy et du steampunk réunis est très réussit. C’est un vrai plaisir des yeux que d’avoir ce foisonnement de couleurs et de détails, même si quelques rares planches ont l’air légèrement trop chargées.

Pour conclure, même s’il est difficile de comprendre tous les enjeux de ce premier tome introductif, le début de la série est très prometteur, espérons que la suite soit au moins aussi enthousiasmante. L’aventure ne fait que commencer.

7/10

 

AUTEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

Interview exclusive d’Andrea Cremer à l’occasion de la sortie du second tome de Nightshade.

Andrea Cremer  Interview d’Andrea Cremer, l’auteure de la série pour adolescents Nightshade.

Paris, le 3 novembre 2011 : La Bibliothèque de Glow a été invitée par les éditions Gallimard afin d’interviewer Andrea Cremer, l’auteur de la série de bit-lit Nightshade. En plus de son métier d’écrivain, Andrea Cremer exerce toujours son métier d’origine : professeur d’histoire.

La série a été traduite dans 27 pays différents. Le premier tome de la série s’est vendu à plus de 15 000 exemplaires en France, et le second tome sort en librairie le 4 novembre. C’est dans une ambiance chaleureuse et un cadre idyllique qu’a eu lieu cette rencontre enrichissante par bien des aspects.

La bib. de Glow : Pour commencer, quelles ont étés vos motivations à l’écriture d’une série telle que Nightshade ?

Andrea Cremer : Et bien j’ai toujours écrit, et ce depuis toute petite, mais jamais de façon à penser que je pourrais en faire un métier viable. C’est un accident de cheval qui a été pour moi une sorte de déclencheur à l’écriture de façon sérieuse. J’ai été immobilisée pendant plus de douze semaines et n’aimant pas perdre de temps, j’ai décidé de l’employer au mieux en écrivant. Avant cela, j’écrivais surtout des courtes histoires et des nouvelles.

nightshade tome 1La bib. de Glow : Quel type d’œuvres vous ont inspirée ? Quelles ont étés vos sources de documentation ?

Andrea Cremer : J’adore la fantasy en général, mais sans être spécialement fan des loups-garous. Ce sont plus les loups qui me fascinent, ayant vécu dans le Wisconsin et étant souvent dehors, proche de la nature il m’est tout naturellement venu à l’esprit de prendre ces animaux comme personnages principaux. Pour ce qui est de la documentation, je me suis plongée dans de nombreux ouvrages sur le mode de fonctionnement des meutes, leur sociabilité, etc. Les émissions de National Geographic ont étés également très enrichissantes.

La bib. de Glow : Y a-t-il des personnages fictifs ou des personnes de votre entourage qui vous ont inspirée ?

Andrea Cremer : En ce qui concerne le personnage de Calla, je ne me suis inspirée d’aucun personnage ou personne de mon entourage en particulier. Quand j’ai voulu écrire Nightshade, la seule chose dont j’étais sûre, c’était de la personnalité de Calla, de ses aspirations, de ses envies, de sa morale.

Il est toutefois possible que j’aie été légèrement influencée par une de mes séries préférées : Buffy contres les vampires ; ce côté femme qui en veut, volontaire, prête à tout risquer pour les autres, Calla représente ces valeurs. Pour les autres personnages de la série, je ne me suis inspirée de personne en particulier, sauf en ce qui concerne celui d’Ansel, le petit frère de Calla qui ressemble étrangement au mien ! (rires).

nightshade tome 2 frLa bib. de Glow : Avez-vous eu des propositions d’adaptations à l’écran pour votre série ? et si oui, y a-t-il un projet en cours ?

Andrea Cremer : Alors, oui, j’ai eu des propositions de rachat des droits pour une adaptation à l’écran, mais je n’en ai pas encore acceptée. Car il faut savoir qu’aux Etats-Unis, quasiment tous les livres à succès édités voient leur droits rachetés par des superproductions sans pour autant qu’une adaptation voie le jour, ainsi beaucoup de livres ont vus leur droits vendus sans aucun projet derrière… c’est pourquoi je préfère attendre de voir qu’un vrai projet naisse avant de penser à vendre les droits pour une adaptation à l’écran. En tout cas, c’est à l’étude et ça me plairait énormément !

La bib. de Glow : Les bloggeurs et les fans ont eus de nombreuses réactions concernant la fin insoutenable du premier tome où Calla abandonne Ren au profit de Shay, ont-ils eu une influence sur le triangle amoureux Ren – Calla – Shay et l’issue du second tome ?

Andrea Cremer : Non, pas du tout car le second tome était déjà finalisé quand le premier est sorti. Les fans n’ont donc eu aucune influence sur les choix de Calla et les miens.

J’adore partager mon enthousiasme avec les fans, c’est très enrichissant mais Calla a fait le choix de rester avec Shay : pour vivre, elle a tout quitté pour suivre son amour et sauver sa vie. Dans le second tome c’est l’inverse qui va arriver : Calla va devoir tout risquer pour sauver Ren, celui qu’elle a quitté. (Le troisième et dernier tome sera la réponse à nombre de questions : Calla a-t-elle finalement choisi Ren ou Shay ? Nous le saurons début 2012, Andrea Cremer voulant ménager son suspense).

La bib. de Glow : Comment avez-vous pensé l’univers de Nightshade ? Ses institutions et ses hiérarchies sont très détaillées, avez-vous tout créé ou avez-vous eu des sources d’inspiration ?

Andrea Cremer : Je suis professeur d’histoire, et ma spécialité est l’époque entre le 15ème et le 18ème siècle : spécialisée dans la période de l’inquisition et des chasses aux sorcières. Ces événements m’ont beaucoup inspirée pour créer les différentes castes de sorcières et la chronologie des origines de l’histoire.

La guerre de Nightshade commence en 1405, mais les humains ne se rendent pas compte de la présence d’êtres surnaturels, sauf quand de grandes batailles surgissent et transparaissent dans leur monde er dans leur histoire. Ainsi, la chasse aux sorcières et les persécutions ont-elles commencées à cette période : la magie ambiante étant trop évidente pour que les hommes ne s’en rendent pas compte. (Ces préludes annoncés pour le courant 2012-2013 promettent beaucoup, d’autant plus qu’Andrea Cremer est historienne, ajoutant à l’intérêt de l’histoire et à son réalisme, autant dire que l’on en attend beaucoup à leur sortie).

nightshade tome 3La bib. de Glow : Comment votre texte a-t-il été accueillit par les éditeurs ? Combien de maisons d’éditions avez-vous contactées avant d’être publiée ?

Andrea Cremer : Il faut savoir que le système pour être publié aux Etats-Unis est différent de celui que vous connaissez. Il faut obligatoirement avoir un agent qui « vend » vos livres aux éditeurs. J’ai eu assez de chance car mon texte n’a été refusé que deux fois avant d’être choisi  à la publication par un éditeur. J’ai fini d’écrire Nightshade en 2008, signé avec mon agent en 2009 et avec une maison d’édition la même année.

La bib. de Glow : Hormis Nightshade, avez-vous d’autres projets en cours ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

Andrea Cremer : Effectivement, j’ai d’autres projets : certains concernent Nightshade, d’autres de nouveaux écrits. Pour Nightshade, en plus des trois tomes qui composent la série il y aura deux préludes qui sortiront. Ils se dérouleront à la période des origines de la guerre.

Pour les autres projets, j’ai écrit un livre de steampunk qui sortira en janvier 2013, il s’appellera The inventor’s secret. L’histoire se déroulera aux Etats-Unis au 19ème siècle. La guerre d’indépendance a échoué et les Anglais qui possèdent des machines de guerre surpuissantes continuent l’oppression, de même que les français et les espagnols. Les personnages sont des jeunes ados et enfants résistants qui ont décidés de se dresser contre l’ennemi commun.

J’ai également écrit un roman en collaboration avec David Levithan qui sortira lui aussi en 2013 : il raconte l’histoire d’un garçon invisible que seule une jeune fille peu voir. Il s’intitulera The Invisibility Curse. (L’auteur, un ami proche d’Andrea Cremer a d’ailleurs publié un livre pour adolescents chez Gallimard dans la collection Scripto sous le titre : Will et Will).

La bib. de Glow :Vous avez-écrit exclusivement des livres pour adolescents (Young-adults), avez-vous des projets d’écritures pour les adultes ?

Andrea Cremer : Et bien, j’ai déjà écrit pour les adultes, mais il s’agissait d’articles concernant l’histoire pour des revues et non pas des romans. Pour le moment je ne souhaite pas écrire pour un public adulte, je trouve le public adolescent bien plus enrichissant et stimulant, il donne une constante motivation à l’auteur que je suis !

Vous pouvez donc vous plonger dans ce second tome maintenant que l’univers d’Andrea Cremer a un peu moins de secrets pour vous. Le troisième et dernier tome de la série sortira quand à lui au printemps 2012. Merci à Mme Frédérique Cuissot et aux Éditions Gallimard pour leur proposition d’interview. Et merci à Andrea Cremer pour son enthousiasme à répondre aux questions, et pour m’avoir accordée cette interview emplie de bonne humeur.

Chronique : Jumanji

jumanji

Tout le monde connait le film américain Jumanji produit en 1995, mais beaucoup moins l’oeuvre qui l’a inspiré. Ecrit et dessiné par Chris Van Allsburg, un auteur américain né en 1949 dans le Michigan, ce dernier est l’auteur de nombres de succès dans le domaine de la littérature enfantine et a reçu de nombreux prix.

Parmi les livres de cet auteur qui ont une renommée certaine (souvent grâce à leur adaptation au grand écran plutôt qu’à leur version papier) on peux compter : Le Pôle-express, Zathura (sorte de Jumanji qui se déroule dans l’espace), ou encore les mystères de Harris Burdick. En France, tous les livres de l’auteur sont parus aux éditions de l’Ecole des Loisirs.

Jumanji, un jeu très…immersif. 

Sorti en 1982 en France, Jumanji nous conte l’histoire d’un frère et d’une soeur qui trouvent par hasard un jeu de plateau en jouant dehors. Très tentés d’y jouer, ils se rendent rapidement chez eux pour le tester, sauf que… tout ce qui se passe dans le jeu arrive dans la réalité. Ainsi, Judith et Pierre se retrouvent-ils avec des chimpanzés dans la cuisine, un alligator dans le salon, et une inondation dans la maison. Et tant que la partie n’est pas terminé, les jeunes enfants risquent leur vie à chaque lancer de dés…

jumanji insideJumanji est un superbe album pour la jeunesse, à lire ou à faire lire dès l’âge de 6 ans. Le dessin de Chris Van Allsburg est tout simplement fascinant, détaillé, minutieux. Le texte est assez court et se lira en une soirée ou deux pour endormir les enfants, toujours complété par une illustration. L’histoire est fascinante, surtout pour les plus jeunes, car enfant, qui n’a jamais rêvé de posséder un objet magique aussi fascinant que le Jumanji ?

Une histoire captivante, une leçon d’amour et d’amitié fraternelle, cet ouvrage réunis tous les ingrédients dignes d’un bon livre. Et petit plus, pour ceux qui ont aimé ou aimeront Jumanji, sachez qu’il y a un crossover (croisement de personnages ou d’objets dans différents ouvrages, sortes de clin d’oeil) avec l’ouvrage Zathura, qui se déroule chronologiquement quelques minutes après Jumanji.

L’album coûte 13€, un prix tout à fait honnête pour ce genre d’album, si toutefois vous le préféreriez en petit format, il est censé sortir très bientôt (29 ans après sa sortie en grand format !) dans la collection de poche des albums de l’Ecole des Loisirs : Lutin pour un prix de 5.5€.

9/10

Chronique Jeunesse : Les aigles de pluie

Les aigles de pluieUne jolie ode à la liberté pour les jeunes lecteurs

Eric Simard est un auteur français pour la jeunesse. Il a notamment écrit La femme noire qui refusa de ce soumettre, qui compte l’histoire vraie de Rosa Parks, et qui est souvent prescrit dans les écoles, de même que son roman Je te sauverai !, qui parle de l’amitié improbable d’un jeune garçon et d’un oiseau.

Cette fois, Eric Simard nous emmène dans un monde inventé avec les aigles de pluie, paru le premier septembre dernier aux éditions Syros dans la collection Soon-Mini Syros, destinée à faire lire de courts texte d’anticipation et d’imaginaire à des lecteurs âgés de 8 à 10 ans.

Le prix de la liberté

Tirdyk et de Choden sont deux enfants qui s’aiment, et qui aiment encore plus la liberté. Ils vivent en parfaite harmonie avec leurs aigles de pluie, qui les ont adoptés depuis leur plus tendre enfance. Grâce à eux, ils peuvent mêler leurs esprits et s’envoler.

Mais ce bonheur ne va pas durer : le peuple des deux jeunes enfants va être fait prisonnier par les Kins, un peuple qui vient de l’autre côté des montagnes et qui convoitaient leurs richesses depuis longtemps.

Une ode à la liberté

L’écriture du texte est composée de phrases courtes et efficaces. L’histoire de nos deux personnages est en fait un prétexte pour parler de liberté, de libre-arbitre, de retour aux sources.

Un joli texte court qui sera adapté à des enfants dès l’âge de 9 ans qui sans être marquant fera passer un agréable moment.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

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Chronique : Le bar de l’enfer

Le bar de l'enferUne lecture laborieuse et infernale.

Paru le 1er septembre dernier, Le bar de l’enfer est le premier roman de l’auteur américain A. Lee Martinez publié en France, dans la collection pour adolescents de Fleuve Noir, Territoires. L’auteur est spécialisé dans les écrits de fantastique et de science-fiction.

Destiné à un lectorat young-adult (entre douze et dix-huit ans), cet ouvrage nous conte les aventures déjantées de deux amis que tout oppose : Duke est un loup-garou et Earl est un vampire et ils vont croiser la route de Loretta, patronne du bar qui connaît plus de faits surnaturels que de clients.

Bienvenue Chez Gil.

Chez Gil, (c’est le nom du bar perdu dans lequel Duke et Earl ont décidé de faire une pause) il se passe des choses bizarres et même carrément étranges… En effet, le bar est régulièrement l’objet d’attaques de zombies et autres créatures mort-vivantes, comme si c’était une sorte d’aimant à créatures surnaturelles. Et bien entendu, comme à chaque fois qu’elles se rendent chez Gil, elles cassent tout sur leur passage.

Loretta, la tenancière du bar n’en peut plus. Elle ne comprend pas cette affluence de zombis, et de plus, c’est mauvais pour le commerce. C’est ainsi que Duke et Earl, de passage dans la bourgade, décident de venir en aide à Loretta moyennant quelques dollars, leur pouvoirs de loup-garou et de vampire ne devraient pas avoir trop de mal à venir à bout des ces créatures et de leur mystérieuse source.

Une histoire et des personnages peu convaincants

Le gros défaut du bar de l’enfer est qu’il utilise tous les stéréotypes de base censés « plaire aux ados » mais qu’en fait il en résulte plutôt l’effet inverse.

Les personnages de Duke et Earl sont tout sauf drôles et sympathiques, et surtout, « la méchante » de l’histoire que l’on connaît quasiment dès le début du roman ne laisse aucune place au suspense. Son personnage se cantonne à être une méchante peu subtile affublée d’un sous-fifre servile est amoureux d’elle (ou plutôt de son corps).

Enfin, autre faiblesse de taille : l’écriture. Tantôt vulgaire, tantôt débitée comme du langage parlé on a affaire à un style des plus rébarbatifs.

En somme Le bar de l’enfer est loin d’être un bon roman pour ados, vite lu et vite oublié, amateurs en tous genres, passez votre chemin. Une suite est sortie aux Etats-Unis, mais n’est pour le moment pas annoncée en France.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Chronique BD : Contes cruels du Japon

Contes cruels du JaponLa culture nippone adaptée en bd avec talent

Recueil de courtes planches reprenant des légendes ancrées dans la culture nippone, Contes cruels du Japon est une très belle bande-dessinée pour découvrir ce pays dont les légendes sont toujours très présentes dans le quotidien de ses habitants.

Publiée aux éditions Delcourt en août dernier, l’adaptation est signée Jean David Morvan, qui a déjà adapté un texte traditionnel d’origine chinoise : Au bord de l’eau, le dessin et la couleur sont quand à eux signés Saito Naoki. Cette première incursion en bande-dessinée dans la culture nippone nous permet d’en apprendre un peu plus sur ses croyances.

Sept légendes cruelles et fascinantes

Les yôkai, créatures de légendes au Japon peuvent se montrer sous de nombreuses formes et possèdent de nombreux pouvoirs : fantômes, démons, créatures, etc… ce que nous propose ici cet ouvrage, c’est de nous en présenter quelques-unes de ces créatures par le biais de légendes complètement omniprésentes dans la culture japonaise.

Contes cruels du Japon planche 01La première légende est celle de Yuki-Onna (ou femme des neiges) qui est en fait une métaphore de l’hiver et du froid qui tuent de nombreux voyageurs. Elle nous conte l’histoire d’un homme piégé sur les routes enneigées qui trouve in-extremis un endroit où s’abriter… mais le refuge est hanté par la légendaire et terrible femme des neiges : la rencontre bouleversera à jamais la vie de notre voyageur. Une belle légende dont la leçon est aussi simple que percutante.

En tout, six légendes du Japon nous sont ici présentées ; parmi les plus mémorables ont peu énoncer celle fantômes d’anciens combattants japonais qui hantent les vivants jusqu’à les posséder ou les rendre fous : c’est ce qui arriva à un jeune joueur de biwa (luth traditionnel japonais).

Une autre légende magnifique est celle du cerisier du 16ème jour qui nous compte l’histoire d’un homme valeureux ayant perdu tout ce qu’il aime au monde, excepté son cerisier… mais ce dernier commence à se mourir…

Le dessin de Saito Naoki est de tout beauté, entre le manga et la bande-dessinée, son trait est beau, net et précis. La grande force des dessins réside surtout dans leur couleurs et les palettes de dégradées utilisées. Au cours d’une des légendes, ont tombe parfois sur une pleine-page dédiée à une seule image, et dont le travail est très recherché, détaillé.

Toujours teintée de mélancolie et de cruauté, à l’image de nos contes européens, les légendes japonaises nous apportent un sentiment de petitesse et de sagesse retrouvée qu’il serait dommage d’ignorer. Un plaisir pour l’âme et pour les yeux qui fait de cet ouvrage un indispensable.

10/10

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF

 

Chronique : Alice au pays des merveilles – Livre-accordéon

IMG_7269Fiche signalétique : 

  • Edition : ???
  • Illustrateur : ???
  • Traduction : ???
  • Type : Album jeunesse, livre miniature
  • Date de sortie : ???
  • Prix : ???
  • Isbn : ???

Je n’ai malheureusement que peu d’informations sur ce titre d’Alice au pays des merveilles. Présenté sous forme d’accordéon, ce petit ouvrage alterne une page de texte, suivie d’une page illustrée.

Le texte est une réécriture extrêmement simplifiée et rapide de l’œuvre de Carroll, destiné à des enfants âgés entre 4 et 5 ans.

Les illustrations sont assez anciennes, et font penser à celles des anciens albums du Père Castor, telles que Michka, ou encore Boucle d’Or et les trois ours. N’ayant ni isbn ni code-barres sur le livre, il est impossible d’en savoir plus sur l’éditeur, qui lui non plus n’est pas apparent. Ce petit livre provient probablement d’une collection de petits romans classiques réécrits pour les enfants.

Voilà pour ce petit livre bien mystérieux, qui mérite que l’on s’y intéresse dans ce dossier spécial Alice

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Chronique : Sommeil

sommeilPoétique, mémorable, original.

Sommeil est une des nouvelles les plus représentatives du monde si étrange et particulier de Murakami. C’est pourquoi les éditions Belfond en 2010, et maintenant les éditions 10/18 ont sorti cette nouvelle de son recueil originel L’éléphant s’évapore afin de la sublimer.

Illustré par l’artiste d’origine allemande Kat Menschik, Sommeil prend un sens plus profond, plus inquiétant également. Le graphisme est très précis dans les traits mais complètement surréaliste dans ses scènes, à l’image du texte de Murakami. Le livre est quand à lui très beau, couverture pelliculée avec rabats. Images internes sur papier glacé et couleurs argentées et bleu profond, un petit bijou.

L’histoire est celle d’une femme japonaise dont la vie est stable, tranquille, heureuse, sauf qu’elle ne dort depuis maintenant dix-sept nuits. Elle ne ressent pas la fatigue, bien au contraire, ses capacités intellectuelles semblent être au meilleur de leur forme. C’est juste qu’elle ne dort plus.

Elle profite de ce temps offert pour faire ce dont elle a envie : lire, se faire plaisir, penser à elle… et petit à petit elle se rend compte qu’elle a oublié de vivre.

Sommeil illustrationCette nouvelle est très étrange et surtout percutante dans sa simplicité. Murakami nous fait entrer dans la vie d’une famille japonaise somme toute banale, qui vit plutôt bien, mais qui en fait cache beaucoup de malaises et de non-dits.

Les phrases sont courtes, incisives, marquantes. Certaines mériteraient même d’être gravées à jamais dans nos esprits : « Je trouve qu’une existence humaine, même si elle dure très longtemps, n’a aucun sans si on n’a pas le sentiment de vivre. »

Sous leur apparent calme, elles sont en fait des cris au secours contre cette vie si terrifiante de banalité, de commun. Et comme souvent dans les écrits de Murakami, la fin est étrange, en demi-teinte, libre de nombreuses interprétations, magnifique, telle un baisser de  rideau majestueux.

Sommeil vous marquera pour toutes ces raisons, et fait partie de ces œuvres qui vous poussent à l’introspection et à la réflexion et c’est aussi pour ça qu’on aime.

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TRANCHE d´ÂGE :

Chronique bd : Princesse Bari

Princesse BariUn one-shot qui aurait pu être une réussite

Princesse Bari est un conte classique d’origine Coréenne très populaire. Repris en bd aux éditions Delcourt dans la collection Terres de légende par l’artiste Gyu (adaptation, dessin, couleur) ainsi que par le Studio 9 et Wang Peng pour la couleur, ce dernier ayant notamment participé à la réalisation de la bd en deux tomes Au bord de l’eau, adaptation d’un texte incontournable de la culture chinoise.

Le septième enfant du roi…

Princesse Bari sera le septième et dernier enfant du roi, lui qui voulait à tout prix un héritier se retrouve avec sept enfants filles. La dernière, la Princesse Bari subira la colère du roi en étant abandonnée à sa naissance, car en plus de ne pas avoir d’héritier mâle, le roi se voit annoncé une bien funeste prophétie : la dernière de ses filles le tuera et mènera le royaume à sa perte.

Bien des années plus tard, le roi est atteint par un mal incurable que seul l’eau d’une source miraculeuse pourra guérir, mais ce dernier étant un tyran, personne ne se précipite pour le sauver excepté une jeune fille qui dit se prénommer Bari ; Princesse Bari.

Un scénario bien vite expédié

Quand on voit la beauté des dessins tout le long de l’œuvre, on ne peut que regretter que la qualité de l’histoire ne soit pas au même niveau.

Les personnages sont à peine présentés, sans réelles explications sur leurs motivations, que ce soit pour la Princesse Bari qui a été abandonnée et qui décide de sauver celui qui l’a toujours reniée, ou encore pourquoi le moine Munjang s’est décidé à l’accompagner dans sa quête jusqu’à la mort s’il le faut.

Quand au final de l’histoire, il arrive de façon très précipitée après un combat très brouillon entre la princesse Bari et des monstres des enfers. Et même si on comprend l’intrigue, on aurait apprécié un peu plus de développement sur certains points, quitte à en faire deux tomes au lieu d’un seul, c’est dommage.

Les dessins sont quand à eux très beaux et d’une appréciable finesse, mais ne peuvent malheureusement pas sauver un scénario aussi faible. Les couleurs, pâles et discrètes illustrent avec justesse l’atmosphère pesante qui règne dans le Royaume, son côté accablant. Ainsi Princesse Bari nous offre un intéressant mélange entre bande-dessinée, manga, mais aussi cinéma, auquel l’œuvre empreinte des angles de vue très caractéristiques ainsi que des effets de mouvements dynamiques plutôt réussis.

En somme, Princesse Bari est une belle bande-dessinée d’un point de vue esthétique, mais une mauvaise adaptation du côté scénaristique. C’est dommage, car la réinterprétation de cette légende coréenne avait de quoi être intéressante pour découvrir un pays, sa culture et ses croyances. Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

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Chronique : L’héritière du temps

L'héritière du tempsUne bonne intrigue, des personnages forts, le tout sur fond d’une époque féodale fascinante.

L’héritière du temps et le second roman de l’écrivain français Ludovic Rosmorduc, publié aux éditions jeunesse Baam ! Son premier roman, le Tertre des âmes, publié en janvier de cette même année avait connu un véritable petit succès. C’est ainsi qu’en septembre l’auteur récidive avec un second ouvrage qui reprend certains personnage du premier ouvrage mais qu’il n’est absolument pas nécessaire d’avoir lu pour comprendre le roman.

Dans un royaume tiré typiquement du moyen-âge

Nous sommes dans la grande ville fortifiée de Setiladom ; c’est ici que vivent les futurs héros de cette histoire : Yorel, Dungal et Sixéla. Mais au commencement était surtout une jeune femme qui annonce aux quatre coins de la ville que le Diable est de retour et qu’il a amené un étrange mal sur ses pas. En effet, dans des villes et villages où est passées la jeune femme, beaucoup d’habitants souffraient d’un mal inconnu : leur peau s’enlève par lambeaux, leur souffrances sont terribles, et tout ceux qui sont touchés finissent sous terre : il semble qu’il n’y ait aucun remède à ce mal.

En plus de cela, de nombreux signes sont annonciateurs de la venue du Diable, en particulier celui d’une grossesse qui a très mal tourné. Pour l’émissaire de Dieu qui officie à Sétiladom, c’est certain, la jeune femme qui annonce ce mal n’est autre qu’une émissaire du Diable lui-même… mais les apparences sont parfois très trompeuses, et les coupables ne sont pas toujours là où ont voudrait qu’ils soient…

Un roman prenant qui imbrique les intrigues et les mystères

L’héritière du temps est un roman que l’on peu assimiler à un roman historique, même si le pays est inventé de toutes pièces par son auteur, on y retrouve les éléments typique du moyen-âge (puissance de l’église, mode de vie, etc…). Mais c’est aussi un roman policier de qualité pour les jeunes dès l’âge de douze ans.
L’intrigue est vraiment au cœur de l’histoire, et chose intéressante, il est loin de n’y en avoir qu’une seule. On se rend compte au fil des pages que plus on avance et plus les mystères à élucider s’accumulent. Il y a d’abord celui de la mystérieuse maladie du Diable, mais aussi celui du manuscrit caché retrouvé par Sixéla, et d’autres encore au fur et à mesure du roman.

Dans la deuxième partie du roman, c’est aux intrigues internes de l’église que nous avons affaire en plus de l’enquête à la base du roman, et les hommes de foi sont loin d’être aussi pleins de bonté qu’en apparence : pressions, machinations et chantages sont au rendez-vous pour savoir qui aura le plus de pouvoirs au sein de l’Eglise.

Pour achever cette chronique, on peut dire de l’Héritière du temps beaucoup de choses très positives : un récit rythmé, rempli d’intrigues et aux personnages aisément identifiables et attachants. Ce roman est parfait pour tous les jeunes dès l’âge de douze et leur permettra d’apprécier ce jeune auteur. Car plus qu’un roman divertissant et bien écrit, c’est aussi un peu de sagesse que nous distille ici Ludovic Rosmorduc.

Prochain rendez-vous avec l’auteur lors de sa troisième publication en janvier 2012, toujours aux éditions Baam ! sous le titre Trahisons et faux semblants, on a hâte ! Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

8/10