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Chronique album jeunesse : Le petit robot de bois et la princesse bûche

Un magnifique album jeunesse attendrissant et magique par sa beauté et son originalité… Plongez dans l’univers unique de Tom Gauld !

Voici un véritable événement dans la sphère éditoriale, l’illustrateur de génie Tom Gauld sort son tout premier album pour la jeunesse ! Connu avant tout pour ses courtes planches de bd à l’humour caustique, Tom Gauld est surtout connu Outre-Atlantique. Il a cependant déjà sorti des ouvrages en France, mais cela est resté à une échelle assez confidentielle.
Avec Le petit robot de bois et la princesse bûche, voici venu l’heure de Tom Gauld, il va être connu par des milliers de lecteurs et lectrices ! Pourquoi ? Tout simplement car cet album est une merveille de créativité tant au niveau visuel que narrativement… L’ouvrage arrive le 15 septembre prochain en librairie… préparez-vous !

Un roi et une reine heureux, mais sans enfants

Voici donc l’histoire d’un royaume où un couple royal règne dans la paix, l’harmonie. Mais ils n’ont pas d’enfants. C’est ainsi que le roi va consulter l’inventrice royale tandis que la reine s’adresse à la sorcière de la forêt. Grâce à ces deux femmes, le roi et la reine ont maintenant un petit robot de bois et une princesse issue d’une bûche à laquelle on insuffla la vie. Ils s’aimèrent immédiatement tous les quatre.
Mais alors, quelle est l’histoire ? L’histoire tient au fait que la princesse se transforme en bûche dès qu’elle s’endort. Et qu’il lui faut quelqu’un pour lui lancer les mots magiques qui la réveille chaque matin. Sinon, elle reste à l’état de bûche. Et c’est ainsi que l’histoire commence… le jour où le petit robot oublie de réveiller sa sœur et qu’une servante jette la bûche qui traîne dans le lit de la princesse !

Attention, beaucoup trop mignon !

Cet album est tout simplement un condensé de mignonnitude absolue. De l’histoire au graphisme si caractéristique de Tom Gauld, impossible de ne pas être sous le charme. Ce conte créé de toutes pièces reprend les codes du récit traditionnel tout en étant résolument moderne. La princesse bûche est loin d’être passive et n’attend pas d’être sauvée, le petit robot est un bijou de technologie (en bois), et les héros ne sont pas toujours où on les attend…

En ce qui concerne le dessin, il est absolument typique de ce qu’à toujours fait Tom Gauld : épuré et tout à la fois bourré de détails. Son dessin est reconnaissable entre mille. Il est à l’image de son conte, à la fois moderne et désuet. C’est un véritable bijou. Vous pourrez passer des heures avec vos enfants à farfouiller dans les détails extrêmement nombreux de certaines pages. Rien que sur la couverture, vous retrouvez tous les éléments qui font l’aventure du petit robot et de la princesse. Ils sont savamment disséminés, mais ils sont bien là !

Ainsi, je ne saurais que trop vous conseiller de découvrir cet album pour quantité de raisons mentionnés ci-dessus. Sa beauté, son originalité, la narration qui sait sortir des sentiers battu… C’est une pépite à découvrir dès l’âge de 4 ans. Et une chose est sûre, ce sera l’un des albums jeunesse à succès de cette fin d’année !

Chronique roman jeunesse : à la découverte de la série Lou Pilouface

Une série de romans pour la jeunesse à la fois originale et joliment réalisée

Il y a tellement de premières lectures à découvrir qu’il est parfois difficile de s’y retrouver dans l’offre pléthorique des éditeurs… Mais une chose est sûre, avec la série de romans Lou Pilouface, on ne peux pas se tromper !

Idéale à découvrir pour les 7/9 ans, cette collection écrite et illustrée par le talentueux François Place compte dix tomes au total, et il n’est pas nécessaire de les lire dans l’ordre de parution.

François Place est un auteur illustrateur français aux dessins très reconnaissables. On lui doit notamment : Le secret d’Orbae, Le prince bégayant, La reine sous la neige, La douane volante, Le vieux fou de dessin… et quantité d’autres ouvrages pour la jeunesse devenus des classiques !

Personnellement, j’ai découvert la série avec les titres Le fantôme de Monte-Cristo et Tempête sur l’Atlantique. Gageons qu’ils sont tous aussi sympathiques et distrayants à découvrir pour les jeunes lecteurs et lectrices !

De l’aventure, du mystère et l’air marin en toile de fond…

Lou Pilouface est une héroïne formidablement entourée ! Elle adore mener l’enquête et résoudre des mystères vieux de plusieurs décennies… En cela elle est aidée (ou plutôt entourée) de son oncle et de sa meilleure amie Anastasie (l’étrange jeune fille en robe jaune tout en os !). L’oncle de Lou est le capitaine du petit bateau nommé à juste titre Le Coriace.

Chaque tome se concentre sur une nouvelle aventure ou un nouveau mystère… Dans Tempête sur l’Atlantique, l’un des matelots du Coriace a le mal du pays. L’équipage va tout faire pour l’aider à surmonter son mal être mais cela ne va pas être sans croiser des dangers au passage. D’ailleurs, il n’y a pas que les héros qui sont récurrents dans les histoires de Lou Pilouface… Les affreux aussi reviennent régulièrement. Ainsi Gédéon Le Brutal sera également familier aux jeunes lecteurs qui se feront un plaisir de découvrir ses mésaventures !

Pour ce qui est du Fantôme de Monte-Cristo, la jeune Lou va tenter de percer le mystère d’une habitation désertée depuis très longtemps qui semble avoir un lien avec un fantôme…

Chaque tome apporte son lot d’étrangetés, d’aventure et de rires. En effet, cette série se veut résolument dynamique, positive mais sans être infantilisante. C’est le genre d’ouvrage où les jeunes lecteurs ne sont pas sous-considérés.

Il y a du vocabulaire, l’écriture y est assez travaillée pour les pousser à acquérir de nouveaux mots sans même y penser… En un mot, c’est malin.

Ainsi, si vous recherchez une série de romans parfaite pour des enfants de niveau CE2/CM1, Lou Pilouface est peut-être bien ce qu’il vous faut !

Mini-chroniques jeunesse #3 – Des romans rafraîchissants pour l’été quand on est jeune lecteur et qu’on déteste les huîtres

Le monstre des glaces – David Walliams & Tony Ross – Albin Michel Jeunesse, collection Witty

Si vous ne connaissez pas encore l’œuvre de David Walliams, sachez qu’il est présenté comme étant le digne héritier de Roald Dahl. Chacune de ses sorties est un succès de librairie aussi bien en Angleterre qu’en France. Mais je dois avouer que le temps passant, je trouve que ses ouvrages baissent en qualité…
Malheureusement, Le monstre des glaces m’a confortée dans cette idée. Pour moi, David Walliams a perdu son petit grain de folie et de génie qui me faisait sourire dans ses premiers ouvrages.

L’histoire ici est celle d’un mammouth qui est retrouvé parfaitement conservé. Un savant un peu fou décide de le faire revivre pour des raisons plus ou moins avouables… Mais c’était sans compter sur Elsie, une petite orpheline courageuse qui n’a pas froid aux yeux !

La première partie du roman était assez sympathique, mais dès lors que le fameux mammouth est réveillé, l’histoire part dans tous les sens. C’est totalement ubuesque, décousu et pas très drôle…
Et j’ai ce sentiment persistant sur mes dernières lectures de David Walliams, à tel point que je ne pense pas en relire avant longtemps…

Je vous conseille cependant de lire ses premiers ouvrages, ils sont géniaux et méritent le détour. C’est d’ailleurs grâce à eux qu’il est désormais présenté comme l’héritier naturel de Roald Dahl. Présentation à nuancer, donc, mais pas totalement fausse…
Parmi ses meilleures titres (selon moi), lisez Joe Millionaire, Ratburger ou encore Monsieur Kipu. Ils valent le détour !

Les guerriers de glace – Estelle Faye & Nancy Pena – Nathan, collection Premiers Romans

Un super roman fantastique et français à destination des 8/10 ans, ça vous tente ? Bienvenue dans le petit village de Rosheim, où vivent Alduin et Léna, ils sont amis depuis toujours…

Leur vie est tranquille, sans aucune ombre au tableau sauf quand les Guerriers de glace réapparaissent au village pour enlever une jeune fille… Le village se réunit en secret et décide que ce sera Léna qui sera « offert » aux Guerriers pour préserver la paix. C’était sans compter sur la loyauté d’Alduin et le courage de Léna !

J’ai trouvé ce court roman jeunesse absolument parfait : écriture travaillée, univers original… En effet, il renouvelle gentiment le genre avec une histoire qui ne tombe pas dans un déroulement classique. Pour l’âge ciblé, c’est assez rare pour être souligné car nombre de romans usent d’une intrigue lue et relue…

Il faut dire qu’Estelle Faye est familière des histoires qui sortent des sentiers battus, et cela pour tous les âges (elle est surtout connue pour écrire à destination des adultes – Porcelaine aux Moutons Électriques, Un éclat de givre, Folio SF).

Après avoir terminé cet ouvrage, j’ai découvert que Les guerriers de glace est le premier tome d’une trilogie (et un quatrième tome est à paraître au moment où cette chronique est publiée) ! Il n’est pas indispensable de lire la suite pour que les enfants y prennent plaisir, mais si ils aiment… les deux suites ont de grandes chances de leur plaire !

Poules renards vipères – Tome 1 – Albin – Paul Ivoire – Poulpe Fiction

Dans la même tranche d’âge que les Pépix ou encore la collection Witty, Poulpe Fiction a réussi à se tailler une place de choix dans l’univers ultra-compétitif de la littérature jeunesse.

Ce premier tome d’une série qui en compte trois ravira tous les enfants amoureux d’aventure, de révélations et d’animaux ! On y suit trois personnages censés ne JAMAIS se rencontrer… et pour cause, il sont chacun d’une espère différentes dont les royaumes se font la guerre depuis toujours. Albin est un poussin, Célis est un serpent et Zora une renarde. A eux trois et grâce à leur rencontre fortuite, ils vont déjouer un complot terrible à l’échelle de leurs trois royaumes… Mais le chemin sera semé d’embuches et de dangers.

J’ai beaucoup apprécié cette petite lecture, les personnages y sont mignons (tant graphiquement que dans leur personnalité), l’histoire fonctionne à merveille même si c’est légèrement manichéen par moments.
L’idée de montrer aux lecteurs que tout n’est pas si évident et qu’il faut parfois remettre en questions les informations que l’on nous donne est maline. C’est sur ce chemin dangereux et incertain que va se lancer Albin avec ses amis… avec tous les risques que cela comporte.

En somme, c’est une petite réussite qui ravira les 8/10 ans fans d’animaux, c’est certain !

Comment j’ai changé ma soeur en huître (et une huître en ma soeur) – Emilie Chazerand & Joëlle Dreidemy – Sarbacane, collection Pépix

Soyons clairs, j’ai rarement lu un roman jeunesse aussi barré que celui-là. Rien qu’en lisant le titre, on devine que ça va être détonnant… mais franchement pas à ce point. C’est fou, totalement décalé et génial !

On découvre l’histoire d’un jeune homme prénommé Germain. Pour lui, tout va bien… à l’exception d’une ombre au tableau en la personne de sa grande sœur. Agaçante, désagréable, toujours en train d’appuyer là où ça fait mal… bref Judith est la grande sœur par excellence.


Alors quand Germain a l’opportunité d’échanger la personnalité de sa sœur avec celle d’une huître lors d’un dîner, il n’hésite pas une seconde ! Mais il va très vite le regretter… les huitres ont peut-être 2 de QI, mais elles sont dangereuses… méfiez-vous aux prochaines festivités de Noël.

« C’était mou et froid et visqueux mais avec quelques endroits plus solides et presque… caoutchouteux. Ça devait faire tchouin tchouin sous les dents ça, sûr. »

« – Moi, je veux pas être une huître ! Je suis allergique aux huîtres !

Bah, t’as qu’à t’auto-manger, idiot ! a dit une autre huître à l(huître allergique aux huîtres.« 

Voilà. Je pense que ces deux petits extraits sont assez explicites sur le ton de l’ouvrage : fou et génial.

Je ne puis que vous conseiller de découvrir ce roman parfait pour les enfants dès l’âge de 9 ans… que l’on aime ou pas manger des huîtres, c’est un régal !

Chronique ado : Warcross – Tomes 1 & 2

Une série en deux tomes absolument géniale et addictive ayant pour fond les jeux-vidéo et le hacking !

Marie Lu est une autrice américaine dont l’œuvre fut remarquée à l’origine pour sa trilogie Legend (Castelmore/Le livre de poche Jeunesse). Depuis, elle a fait son chemin avec d’autres romans jeunesse et séries pour ados… Parmi elles, la duologie Warcross. Deux tomes terriblement efficaces qui nous transportent de l’univers d’un jeu qui prend le pas sur la réalité et qui ressemble fortement à League of Legends !

Quelques pages pour plonger dans un autre monde baigné de technologie…

Bienvenue dans un monde qui ressemble très fortement au notre, à ceci près que tout le monde porte des lunettes connectées NeuroLink, créés par le génie de l’informatique Hideo Tanaka. A quoi servent-elles ? A se plonger à corps perdu dans le jeu le plus populaire au monde et de loin : Warcross.
Son fonctionnement est simple, deux équipes s’affrontent pour récupérer l’artefact de l’équipe ennemie, la première qui réussi à gagné.

Le jeu est devenu extrêmement populaire dans le monde entier et les NeuroLink servent maintenant à bien plus que simplement jouer à Warcorss. On peut quitter sa réalité pour voir d’autres mondes à travers ses NeuroLink et s’évader… dépenser, etc.

C’est dans ce monde à la pointe que vit Emika, une petite crack en informatique qui va pirater la finale mondiale de Warcross. Cet acte va faire basculer sa vie à tout jamais et la faire connaître à des milliards de personnes dans le monde.

Accrocheur, dynamique, addictif… vous voulez d’autres adjectifs pour vous convaincre ?

En très peu de pages, on plonge dans l’intrigue de Warcross comme si avait chaussé nous-même des NeuroLink. L’intrigue que Marie Lu dessine peu à peu pour ses lecteurs est maline, subtile, savamment dosée… Entre thriller technologique et roman d’action, Warcross ne nous laisse pas une seconde de repos. Et cela est valable pour les deux tomes que comporte la série.

J’ai adoré les très nombreux clin-d’oeils fait au jeu League of Legends, auquel je joue beaucoup. Ainsi retrouve-t-on des références, notamment au niveau des noms des joueurs : Jena ou encore Asher (qui ressemble à Ashe, un personnage de LoL). De même, le fonctionnement du jeu en lui-même est très similaire à LoL, et pour ce qui est de l’engouement mondial, c’est aussi le cas dans notre monde ! La seul différence, c’est qu’il n’y a pas d’équipe de LoL mixte contrairement à Warcross. Dommage.

L’intrigue de loin ce que l’on pourrait imaginer au premier abord, Warcross n’est qu’une sorte de très jolie façade rutilante… mais vous découvrirez tout cela en lisant la saga. Car vous allez la lire, n’est-ce pas ?

Les deux tomes de cette saga sont extrêmement différents mais complémentaires. Dans le premier, c’est la découverte, l’émerveillement, l’action qui monte au fil des matchs. Dans le second, c’est beaucoup plus tendu, feutré et les enjeux sont encore plus énormes qu’une finale mondiale de Warcross. Comment est-ce possible ? A vous de le découvrir !

J’ai par ailleurs également beaucoup apprécié la légère romans qui parsème les ouvrages. Pas centrale, mais bien présente, elle apporte un petit goût d’interdit et de rêve parfaitement dosé pour faire rêver…

Vous avez donc compris, Warcross est une série ado courte, géniale et impossible à lâcher. Pour moi, c’est une série de fonds à avoir dans toute bonne bibliothèque quand on aime la litté ado/jeunesse. De plus, le côté hacking et jeux-vidéo est un mélange pas assez exploité pour ce lectorat, qui en est très friand. A découvrir dès l’âge de 13 ans.

Dans le même genre, je vous conseille la série en cinq tomes La Cité, aux éditions Rue du Monde, d’une originalité folle et très mystérieuse…

Mini-chroniques jeunesse #2 : De l’imaginaire sinon rien !

Ils sont quatre romans tous très différents, mais avec un point commun : on s’évade dans un autre monde, l’imaginaire est omniprésent ! Féérie, monstres en tous genres ou encore concours culinaires d’ogres, il y en a pour tous les goûts…

Magic Faïnn – Aventures à New York – Slalom

Paru en 2020 aux éditions Slalom, Magic Faïnn est écrit par Fanny Gordon, alias Véronique Delamarre Bellégo et Pascale Perrier. Ce n’est pas la première fois que les deux autrices travaillent ensemble, elles avaient notamment écrit Le Bureau des Fantômes (que j’avais beaucoup apprécié).

Dans Magic Faïnn, la magie sert de prétexte pour découvrir la ville de New York au travers des yeux de trois préadolescents.

Tout débute avec une punition quelque peu sévère que doivent subir les trois adolescents : ranger de fond en comble la réserve décrépite de leur pensionnat. La punition ne sera pas levée tant qu’ils n’aurons pas tout rangé et mis au propre… Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a du travail !

Mais à peine débuté le grand ménage, le trio va tomber sur un étrange petit être : un magicien minuscule qui tient dans la paume de la main. Ils ne le savent pas encore, mais cette découverte va bouleverser leurs plans de rangement… et leur vie !

Cette lecture a beau remplir tous les critères d’un roman jeunesse qui fonctionne, je n’ai pas été transportée par l’histoire…

Premièrement, les personnages, notamment celui du magicien Faïnn Kalindor, sont très stéréotypés et n’arrivent pas à créer une émotion particulière.

Deuxièmement, j’ai trouvé que ce roman dans son ensemble manquait fortement de naturel. On dirait qu’il y avait un cahier des charges à remplir, et que certains éléments devaient absolument y figurer. Le tout manque de fluidité, et les infos intéressantes que les lecteurs vont découvrir sur New York sont parfois amenées de façon trop « scolaire ».

Enfin, l’histoire n’apporte pas grand chose aux lecteurs… c’est le genre de roman où l’on ne peux guère en dire grand chose. Ni bon, ni mauvais, il est là, il existe et c’est tout. Dès 9 ans.

L’ogre et sa princesse aux petits oignons – Sabrina Inghilterra – Didier Jeunesse

Atypique et étrange, voici l’histoire d’un ogre qui aime tant les plaisirs de la bonne nourriture qu’il vit parmi les humains pour se délecter de leurs meilleurs mets. Mais chez les ogres, il est vu d’un très mauvais œil car bien trop différent d’eux. Pas assez cruel, vorace… bref pas assez ogre.

Mais à l’occasion d’un grand concours de cuisine, le monstre décide de retourner aux sources et de prouver qu’il est le meilleur cuisinier de son espèce ! Quitte à renouer avec ses mauvais côté 100% ogre…

Je n’ai pas su quoi penser de cette lecture… elle est certes originale, mais il y a une facette qui m’a quelque peu mise mal à l’aise. Il faut avant tout mettre ça sur le côté très « brut » de l’ogre, certes, mais malgré cela il y a un quelque chose qui m’a déplu. Je n’arrive cependant pas à mettre le doigt dessus alors… impossible d’être plus claire. Dès 9 ans.

Peur de rien – Stéphane Gisbert & Alice A. Morentorn – Sarbacane, collection Pépix

Comme toujours avec les romans Pépix, voici un univers original et déluré à découvrir pour les lecteurs de 9/10 ans ! Dans Peur de rien, nous faisons la connaissance du jeune Kévin qui n’a VRAIMENT peur de rien.

Se balader dans un cimetière lugubre en pleine nuit ? Pas de problème. Défier un monstre qui a survécu à des décennies d’affrontements ? Même pas peur non plus ! Kévin est unique en son genre et étonne tout le monde par son courage… ou sa témérité ?

Dans le catalogue Pépix, je trouve que Peur de rien est un peu à part. Il est en effet pour les enfants entre neuf et dix ans, cependant son contenu est un peu plus sombre qu’à l’accoutumée.

On y parle harcèlement, problèmes de quartiers, vie désargentée… C’est intéressant d’aborder ces thèmes dans des romans pour la jeunesse.

J’ai passé un moment agréable à cette lecture même si ce n’est pas un coup de cœur. Je pense que c’est le roman parfait pour ceux qui aiment l’aventure, le frisson et le fantastique tout à la fois ! Peur de rien fera moins peur qu’un Chair de Poule, mais peut être une lecture idéale pour commencer à se faire un peu peur gentiment…

Après Minuit -Tome 1 – Trop de sel dans les pâtes – Clémentine Mélois & Rudy Spiessert – L’école des Loisirs, collection Mouche

Comment un plat de pâtes trop salées peut mener à la découverte la plus insensée sur sa maîtresse ? C’est simple, Romy et sa petite sœur ont très soif durant la nuit à cause du plat de pâtes bien trop salées préparées par le père… Ils se lèvent donc pour aller boire un verre d’eau et… entendent un étrange bruit. Qui va les mener à une terrible découverte : leur maitresse se transforme en loup-garou !

Mais cette découverte n’est que l’arbre qui cache la forêt…

Si vous recherchez un court roman qui mélange frissons légers et aventure pour les enfants de CE1/CE2 ce roman est PARFAIT ! A la fois drôle, mystérieux, intriguant… il fera passer un bon moment de lecture aux jeunes lecteurs friands d’enquête.

Et la bonne nouvelle, c’est que ce n’est que le premier tome !  

Et saluons au passage les très colorées et jolies illustrations de Rudy Spiessert. Je n’ai d’ailleurs pas résisté à l’idée d’en partager avec vous car je les trouve magnifiques.

Belle découverte donc, et n’hésitez pas à faire découvrir cette nouvelle série dans la collection Mouche, elle est top moumoute. J’ai d’ailleurs hâte d’en découvrir la suite… même si je n’ai plus huit ans depuis longtemps.

Chronique Jeunesse : De cape et de mots

Un mirifique roman !

Paru en 2015 aux éditions Didier Jeunesse, De cape et de mots est un roman qui saura séduire son lectorat par des pirouettes littéraires originales.
Flore Vesco est une autrice française, véritable étoile montante dans le domaine de la littérature jeunesse et ado, elle a écrit : L’estrange malaventure de Mirella (Prix Vendredi en 2019, paru à L’école des Loisirs), 226 bébés (Didier Jeunesse), D’or et d’oreillers (L’école des Loisirs, 2021) et bien d’autres encore…

En quelques années, elle a réussi à se faire une place de choix dans les librairies et les bibliothèques, et c’est un succès totalement mérité !

De cape et de mots et le premier ouvrage que je lis d’elle, et autant vous le dire immédiatement, je compte découvrir tous ses autres ouvrages.

Un départ pour le palais et ses nombreuses machinations…

Serine quitte sa famille pour partir en direction du palais royal, elle va devenir demoiselle de compagnie de la reine. Ce qu’elle ignore encore, c’est que cette dernière est tellement atroce avec ses aides qu’elles ne font pas long feu…
Mais c’est sans connaître Serine et son esprit vif et créatif qui sait sortir des sentiers battus !
Certes être dame de compagnie est l »un des postes les plus prestigieux du royaume, mais de fil en aiguille, Serine va devenir bien plus importante que n’importe qui au palais…
Si elle survit aux nombreux pièges que lui tendent nombre des sangsues (pardon, des nobles) qui gravitent autour du couple royal !

Empli de verve, vif comme l’éclair et d’une belle originalité

Ce roman est d’une qualité rare, et cela pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, l’écriture élaborée de Flore Vesco. Que ce soit du début à la fin, ce roman est travaillé dans le moindre détail. Chaque phrase est pleine de style, de classe même. Et il y a toujours ce petit charme désuet permanent qui ajoute au plaisir de la lecture. Sans compter les mots inventés de toutes pièces par l’autrice ou encore les mots oubliés qui ne sont plus usités depuis longtemps…
Flanconades, esperlune, clysopompe, cubistérères… saurez-vous deviner lesquels sont inventés de toutes pièces ?

Outre donc le merveilleux style de cet ouvrage, l’intrigue en elle-même est fort truculente. Flore Vesco a su créer une intrigue simple, certes, mais aux enjeux élaborés et parfois même très recherchés. Les nombreux personnages y concurrent évidement beaucoup de part leur épaisseur et leur réelle présence. Vous en détesterez beaucoup, d’autre vous feront sourire, mais aucun ne vous laissera indifférent.

C’est en cela que De cape et de mots est une réussite, ce texte est la fusion parfaite entre une histoire de qualité mêlée à un style élaboré mais loin d’être inaccessible.
Je lis énormément de romans pour la jeunesse et les ados, et je tiens à souligner qu’il est rare de lire des textes aussi travaillés pour cet âge, et c’est dommage. A vouloir tout simplifier ou rendre tout facile d’accès on expurge des livres qui auraient pu être merveilleux, créatifs, originaux.
Ce roman et son succès est la preuve que les jeunes lecteurs peuvent et aiment les histoires qui changent et qui ne les prennent pas pour des idiots !

Ainsi, je vous conseille vivement de découvrir ce roman, qui sera parfait dès l’âge de 11/12 ans, mais si vous êtes un adulte, je vous en supplie ne vous empêchez pas de le lire !

Chronique Jeunesse : Trois romans de William Steig à découvrir

Connaissez-vous William Steig ? Je pense que vous seriez tenté de dire non, et pourtant… je pense que oui !

Pourquoi ? Car cet auteur jeunesse n’est rien d’autre que le créateur du monstre et de l’album jeunesse nommés Shrek ! (paru lui aussi aux éditions Gallimard Jeunesse, cf image en fin d’article ).

Ici, je vais vous présenter trois de ses romans dans la collection Folio Junior. Parfaits pour découvrir la fantasy animalière quand on a environ 10 ans.

L’île d’Abel

Voici l’histoire d’une petite souris prénommée Abel. Il est marié, très amoureux et part pique-niquer avec sa chère et tendre épouse Amanda.

Sauf que… une tempête arrive violemment et oblige le couple à se cacher dans une grotte avec d’autres animaux. Mais à cause d’un coup de vent qui va emporter l’écharpe de sa femme, Abel va prendre tous les risques et tenter de la récupérer. Il ne va malheureusement jamais retrouver le chemin de la grotte et se retrouver isolé sur une île, seul au monde. Une sorte de Castaway ou de Robinson Crusoé version enfants !

Petit roman attendrissant rempli de bon sens et d’humour, l’histoire d’Abel vous fera parfois sourire, d’autres fois attendrir…

C’est un véritable roman de survie pour les enfants. Abel va faire preuve d’ingéniosité et de persévérance pour s’en sortir, surtout qu’il va rester de très longs mois sur l’île…

Ce n’est pas mon préféré des trois romans, mais il m’a malgré tout fait passer un moment agréable.

Dominic

Ici nous avons affaire à un conte philosophique qui nous narre le voyage de Dominic, un chien qui décide de quitter sa maison du jour au lendemain pour partir découvrir le monde.


C’est curieux, attendrissant et assez original. Dominic, c’est en fait une réécriture de Candide pour les enfants selon moi. De nombreux messages et symboliques parsèment ce court roman philosophique.

Chaque rencontre que Dominic va faire est pour lui l’occasion de réfléchir au mieux à comment faire le bien autour de lui. Cela peut sembler un peu niais de présenter les choses comme ça, mais c’est un personnage profondément bon qui semble au-dessus de toute corruption.

Que ce soit la richesse, l’oisiveté ou tout autre chose, Dominic n’est jamais atteint et trouve toujours une parade.

L’éditeur suggère cette lecture à partir de 9 ans, mais je pense qu’il n’est pas aussi aisé à lire qu’il n’y paraît. Alors 9 ans, pourquoi pas, mais il pourra se savourer jusque 11 ans environ.

Le vrai voleur

Voici mon préféré des trois petits romans de William Steig ! Pourquoi ? Parce que le personnage principal est une oie, et qu’il y a une enquête policière à la clé !

L’histoire est celle d’un des membre les plus fiables du royaume : Gauvain l’oie est Gardien en chef du Trésor Royal, et c’est le seul à détenir les clés de la chambre forte du palais. Un poste prestigieux mais qui est également lourd de responsabilités…

Sauf que : depuis peu, il semblerait que de petites choses aient disparu du trésor royal. Au début, c’était une pièce, puis un autre, puis de la joaillerie… Jusqu’à ce que les disparitions deviennent très visibles.


Et comme Gauvain l’oie est le seul à avoir accès au trésor fermé à double-tour, c’est forcément elle qui est accusée !
Seul problème, elle est totalement innocente, mais n’a aucune preuve pour appuyer ses dires…

Cette histoire est ma favorite des trois romans de William Steig, déjà car le personnage est une oie, et ensuite car l’histoire est maline, touchante. De plus, les illustrations de l’auteur sont magnifiques. Rien que le dessin de couverture avec cette petite oie toute fière de son travail, sa posture confiante… c’est adorable !


Mais surtout, l’histoire d’une bataille contre l’injustice est lancée pour que Gauvain sauve ses plumes, mais ce n’est pas une affaire évidente… Cette histoire courte d’à peine soixante-dix pages plaira aux enfants qui aiment les mystères et les enquêtes.

Alors, qui est le vrai voleur de cette histoire ?

Et voici le fameux Shrek original, bien plus terrifiant que celui que l’on connait tous !

Chronique Jeunesse : SOS Créatures fantastiques – Tome 1 – Le secret des petits griffons

Le premier tome d’une série alliant humour, aventure et fantastique par l’une des autrices des Royaumes de Feu et de La Guerre des Clans, rien que ça !

Pour ceux et celles qui aiment les animaux, qui se rêvent déjà vétérinaires mais qui aiment aussi l’imaginaire, voici SOS Créatures Fantastiques. Le parfait compromis entre magie et animaux est réunit ici pour les jeunes lecteurs dès l’âge de 10 ans environ, voir 9 pour ceux qui sont déjà bien accros à la lecture.

Pour ceux qui ne connaissent pas Tui T. Sutherland, sachez qu’il s’agit de l’autrice de la saga à succès Les Royaumes de Feu (qui comprend déjà dix tomes, et c’est n’est pas terminé…). Elle est également la co-autrice de La Guerre des Clans, l’un des plus gros succès de la littérature jeunesse qui dure depuis plus de 15 ans avec plus d’une trentaine de tomes parus. Le nom de l’auteur de La Guerre des Clans est Erin Hunter, me direz-vous, mais il s’agit d’un pseudonyme qui réunit en réalité deux écrivains, dont Tui T. Sutherland.

La saga SOS Créatures Fantastique est quant à elle écrite par Tui T. Sutherland et sa sœur, Kari.

Un nouveau monde s’ouvre à nous…

Vous pensiez que toutes ces légendes et ces mythes sur les sirènes, les dragons ou les vodianoï n’étaient que des histoires ? Des récits distrayants pour faire un peu rêver les enfants ?

Et si au contraire ces histoires étaient réelles ? C’est l’incroyable découverte que va faire le jeune Logan. En la personne d’un petit griffon tout mignon caché sous son lit, Logan va découvrir qu’un monde entier et méconnu s’ouvre à lui… Ce griffon est le membre d’une portée nombreuse, et il va falloir tous les retrouver. Si l’un des griffons tombe entre de mauvaises mains, c’est l’avenir de la Ménagerie qui risque de basculer…

Qu’est-ce donc que cette ménagerie ? C’est l’espace protégé où vivent des centaines de créatures fantastiques bien sûr !

De l’aventure, de bonnes idées, et des légendes remises au goût du jour

Ce premier tome d’une nouvelle série est une vraie réussite. Tout y est très cadré, classique certes, mais c’est si bien amené que l’on tombe sous le charme en peu de pages.

Ces petits griffons sont certes attendrissants, mais c’est surtout toutes les autres créatures de la Ménagerie qui sont fascinantes. Et chose plaisante, on y découvre certaines créatures beaucoup moins connues que les dragons ou les sirènes…

L’alchimie fonctionne à merveille entre le jeune Logan et ses nouveaux mystérieux amis en charge de la Ménagerie. Le ton usité est très souvent celui de l’humour mais l’aventure n’est jamais bien loin…

Dans un certain sens, cette série m’a fait penser à une autre que j’adore : Pip Bartlett. C’est une série en deux tomes qui raconte la vie d’une jeune fille qui a le pouvoir de parler aux créatures fantastiques. Au choix, j’avoue préférer Pip Bartlett par rapport à SOS Créatures Fantastiques pour la simple raison que la série est plus originale, le ton plus vif et un peu irrévérencieux.

Car c’est à la fois une qualité et un défaut que d’avoir un texte très cadré, très « scolaire ». Il n’y a guère de surprises, et même si les personnages sont très attachants et l’histoire plaisante.

Ce roman a donc les qualités de ses défauts : plaisant, drôle, mignon, mais ultra classique, sans rien qui dépasse… Mais cela ne m’a à aucun moment empêchée de passer un excellent moment de lecture ! Ce sera donc la lecture parfaite pour les jeunes lecteurs de 9/10 ans, car il y a tout pour leur plaire.

Chronique : Chaleur

Un roman qui s’inspire directement du dernier championnat du monde de sauna, en Finlande !

Vous aimez les pays du nord de l’Europe et leurs excentricités ? Chaleur de Joseph Incardona est le roman parfait à découvrir. Inspiré d’un fait réel (j’ai vérifié) qui a eu lieu en 2010 en Finlande, le pays de Children of Bodom et des aurores boréales.

Joseph Incardona est l’auteur de nombreux romans dont : La soustraction des possibles (Finitude), Une saison en enfance (Pocket) ou encore Derrière les panneaux il y a des hommes (Pocket).

Chaleur est paru initialement aux éditions Finitude avant de sortir chez Pocket.

La Finlande : ses groupes de heavy-métal, ses forêts, et son championnat de sauna !

Cela peut paraître improbable voir fantaisiste, mais les compétitions mondiales de sauna ont vraiment existé. Elles n’ont plus court depuis maintenant dix ans pour des raisons que vous découvrirez en lisant Chaleur.

Quoi qu’il en soit, ces compétitions requéraient un haut niveau de préparation et s’avéraient même dangereuses pour qui les prenait à la légère. Mais Chaleur, c’est avant tout l’histoire de deux compétiteurs qui vont aller au bout de leur volonté.

Un roman atypique et génial

Une écriture vivante, parfois très crue mais toujours amusante, Chaleur est un roman qui m’a beaucoup plu.

Quand j’ai commencé à lire Chaleur, j’ai cru que cette histoire de mondial du sauna était une création (géniale) de Joseph Incardona, mais tout ce qu’il a écrit est vraiment arrivé. Je ne vous raconte rien de plus quant aux faits ayant eu lieu il y a dix ans, sous peine de trop en dire. Je me suis d’ailleurs divulgaché une partie de l’intrigue en voulant vérifier si l’histoire était réelle.

Les deux vrais compétiteurs aux championnats mondiaux de sauna, en Finlande, qui ont inspiré directement Jospeh Incardona.

Le mieux est encore de lire Chaleur et ensuite de vous renseigner sur cette fameuse compétition. Quoi qu’il en soit, ça devait être génial de participer à un tel événement ! Que ce soit en termes d’ambiance et d’atmosphère, les mondiaux du sauna semblent refléter la Finlande telle que je la vois. Un peu folle, totalement festive et unique en son genre.

Mais plus qu’une facette inattendue d’un pays, Chaleur nous offre le portait de deux hommes prêts à tout pour remporter cette compétition. Ils sont diamétralement opposés.

L’un a un succès fou et en profite largement avec de nombreuses groupies. Son succès est autant dû à son ancienne carrière dans la pornographie qu’à ses nombreuses victoires.  

L’autre s’astreint à un mode de vie ascétique où le moindre écart serait un désastre… Il est un ex-militaire et ça se voit. Qui gagnera ? L’ancienne star du porno ou le militaire russe ?

Certes la réponse importe, mais pas autant que la tension qui monte entre les deux concurrent et l’atmosphère qui se condense peu à peu autour d’eux.

Plus qu’une histoire vraie romancée, Chaleur est le portrait d’une Finlande que l’on brûle de connaître. C’est également un portrait intimiste de personnages hauts en couleurs et touchants à leur manière. Aussi atypique que très prenant !

Je vous propose une autre façon de découvrir la Finlande avec le merveilleux groupe de métal Children of Bodom (qui tire son nom d’un terrible fait divers…).

Chronique Jeunesse : De l’autre côté du pont

Un roman jeunesse qui nous vient d’Inde pour découvrir le quotidien difficile de certains enfants et leur combativité pour s’en sortir. Un ouvrage issu de la collecte de nombreux témoignages d’enfants par l’autrice.

Padma Venkatraman est une écrivaine indienne, De l’autre côté du pont est son premier roman paru en France. L’ouvrage est paru en 2020 à l’école des Loisirs, et la magnifique couverture est réalisée par Jennifer Bricking. Quant à la traduction française, elle est assurée par Amandine Chambaron-Maillard.

Une fuite en avant pour éviter les coups

Viji et sa petite sœur Rukku vivent en Inde, dans un petit appartement avec leurs deux parents. Problème, leur père est une personne très violente, tout particulièrement sur leur mère. Cette dernière le laisse revenir à chaque fois et se laisse avoir par son charme… et les coups pleuvent à nouveau quelque temps plus tard.

C’est ainsi que Viji vit dans la peur que la violence de leur père ne s’abatte bientôt sur elles et décide donc de prendre les devants. Elle fait une valise pour elle et sa petite sœur Rukku et fuient le domicile familial. Et leur village de toujours.

Voici donc les deux jeunes filles à la merci du destin et de ses dangers… Viji devra être prudente et s’adresser aux bonnes personnes pour survivre. En effet, beaucoup de personnes malintentionnées sont attirées par la solitude des deux fillettes…

Un récit prenant et original qui nous ancre dans une réalité méconnue

Rares sont les romans jeunesse à nous faire plonger dans une histoire contemporaine réaliste sans fard. En effet, De l’autre côté du pont conte et raconte, mais il dénonce également.

Il dénonce le travail des enfants qui font office de chiffonniers pour à peine pouvoir se payer à manger. Il parle des nombreux enfants enlevés pour être réduits en esclavage moderne dans des usines. Il parle d’adultes prêts à tout pour capturer des enfants pour des buts certainement encore moins avouables… L’histoire ne le dit pas explicitement, mais avec un œil adulte on comprend malheureusement de quoi il retourne.

J’ai beaucoup aimé cette histoire, notamment pour deux choses importantes à mes yeux : la belle amitié entre les quatre enfants de ce roman. Une amitié si forte qu’elle les transforme en frères et sœurs de sang quand l’adversité voudra les séparer.

Le second socle du roman, c’est le personnage emblématique de Rukku, la petite sœur que Viji veut protéger quel qu’en soit le prix. Car ce n’est jamais dit explicitement, mais Rukku a un handicap. On ne sait pas lequel, mais ce n’est pas le plus important. Ce qui l’est en revanche, c’est la transformation de la petite fille face à ses nouvelles amitiés. Le gommage de son handicap face un tout nouveau quotidien fait d’aventures, de dangers et de colliers de perles à vendre.

Et chose vraiment intéressante, l’autrice s’est servi de très nombreux témoignages et récits d’enfants pour son roman. Rien n’a été déformé, tout lui a été inspiré directement de leurs vies, c’est à la fois bluffant et terrible.

Je ne sais pas si ce livre fera date dans le monde de l’édition jeunesse, mais il a éveillé quelque chose en moi. J’ai eu envie de découvrir plus amplement la littérature jeunesse indienne (peu fournie chez nous, mais à creuser). Et si elle est ancrée dans l’actualité, même difficile, c’est encore mieux.

Ainsi, De l’autre côté du pont est un beau (parfois terrible) roman à découvrir dès l’âge de 12 ans environ.