Archives de l’auteur : Laura

Chronique ado : Ueno Park

Une incursion douce et passionnante dans le Japon d’aujourd’hui au travers du portrait de huit adolescent.e.s qui ne se connaissent pas mais qui vont tous à Ueno Park. Pour changer leur destin ?

Ueno Park est un roman de l’auteur Antoine Dole paru en 2018 chez Actes Sud Junior. Le nom d’Antoine ne vous dit peut-être rien ? Et pourtant… c’est également lui qui se cache derrière le très célèbre nom de Mr. Tan, l’auteur de Mortelle Adèle !

Il a également écrit quantité de romans pour les ados et la jeunesse et est publié aussi bien chez Le Rouergue que chez Talents Hauts ou encore Sarbacane…

Hanami, où l’occasion de l’introspection à travers la beauté éphémère des fleurs…

Ils sont huit adolescents à se questionner sur leur vie, leurs souhaits, la société japonaise qui pour certains les ostracise. Au détour du parc Ueno, chacun d’entre eux va profiter de l’Hanami (coutume japonaise où l’on apprécie la floraison des fleurs, principalement de cerisiers – sakura) pour faire le point et peut-être prendre un tournant dans leur vie…

La société nippone dans toutes ses contradictions fascinantes

Ce court roman ado que l’on peut assimiler à un recueil de nouvelles m’a fait passer un agréable moment. J’ai aimé passer ce court moment avec chacun des personnages, certains étant plus attachants et mémorables que d’autres.

Chacun d’entre eux étant le reflet d’un phénomène de société typiquement japonais.

On y retrouve une hikikomori (personne qui peut s’isoler dans une pièces plusieurs années sans jamais en sortir). Voir la chronique sur le roman Hikikomori ici.

Une autre ado qui pratique le Enjo kōsai (forme de prostitution où des lycéennes/collégiennes se font payer par des hommes bien plus âgés qu’elles pour s’acheter la plupart du temps des produits de luxe). Pour en savoir plus sur ce phénomène de société incroyable, je vous conseille de lire la chronique de Love and Pop, un roman de Ryu Murakami dont c’est le sujet central.  

Un second est un genderless boy, un jeune homme qui refuse les codes binaires et s’approprie tous types de modes. Qu’elle soit explicitée comme féminine ou masculine, le but est de brouiller les différences de genre. Sa mère n’assume absolument pas les codes vestimentaires de son fils et a honte qu’il sorte de la maison habillé en genderless boy. De même, le jeune homme essuie beaucoup de regards mauvais… mais également d’autres très positifs.

Une autre adolescente est quant à elle très lourdement malade. Elle a conscience que cet Hanami est très certainement le dernier et veut tout faire pour en profiter au maximum, même si elle est en fauteuil roulant…

Voilà pour l’aperçu des différents portraits que vous allez croiser. C’est très intéressant pour qui ne connaît que très peu le Japon et sa culture. Ueno Park est l’occasion de découvrir des termes, traditions et modes très spécifique au pays.

Pour ceux et celles qui se passionnent déjà beaucoup pour cette culture, Ueno Park est une lecture sympathique, mais peut-être pas assez étonnante. Ce fur le cas pour moi, même si j’ai eu plaisir à reconnaître certains phénomènes de sociétés, même quand ils n’étaient pas nommés.

Ueno Park est donc l’occasion de faire une incursion originale et touchante au Pays du Soleil Levant où tout est codifié, mesuré et où chacun doit faire le moins de vagues possible. Ce n’est pas ce que souhaite la nouvelle génération de japonais qui s’en défend comme elle peut. A lire dès 14 ans environ.

Chronique Jeunesse : La Cité des livres qui rêvent

L’un des ouvrages les plus étranges et mystérieux que j’ai pu lire… mémorable !

Connaissez-vous Walter Moers ? Véritable star outre-Rhin, en France son œuvre est beaucoup plus confidentielle. Il a écrit le roman Les 13 vies et demie du Capitaine Ours Bleu (Albin Michel Jeunesse, collection Wiz), et surtout le livre dont nous allons parler maintenant La cité des livres qui rêvent.
L’ouvrage est paru aux éditions Les Grandes Personnes en 2012 et vient tout juste d’être reprit en poche chez Folio Junior. Il a été traduit par François Mathieu et Dominique Taffin-Jouhaud. Mais avant, il a été traduit du zamonien par Walter Moers lui-même ! Les illustrations magnifiquement détaillées sont également assurées par Walter Moers.

Une histoire nébuleuse et atypique…

Voici l’histoire d’un jeune dragon prénomé Hildegunst Taillemythes (en portrait sur la couverture) de 77 ans qui décide de partir en quête. Quel genre de quête ? Celle de l’auteur du manuscrit parfait qu’il a eu la chance de lire.
Notre cher Hildegunst souhaitant par-dessus tout être le plus grand écrivain du pays, rencontrer cet auteur exceptionnel serait pour lui une chance inouïe.

C’est ainsi que le jeune dragon et auteur aspirant part à Bouquinbourg afin de retrouver la piste du mystérieux écrivain.

… comme une ode à l’émerveillement

J’ai lu cet ouvrage il y a plus de six ans maintenant, alors faire une chronique claire sur des points précis m’est difficile.

Je peux cependant parler de mon ressenti, des merveilleux souvenirs que j’ai grâce à cette lecture… Et de ses magnifiques illustrations !

Avant toute chose, La cité des livre qui rêvent est un livre qui parle de livres pour les amoureux des livres. Il n’en a peut-être pas l’air, mais c’est un ouvrage extrêmement exigeant, dense, parfois complexe mais toujours passionnant.
Il regorge de références littéraires, de clins-d’oeil, d’humour et d’étrangetés.

C’est véritablement un énorme roman fantastique et initiatique qui plaira à tous ceux et celles qui aiment les ouvrages atypiques, bizarres, étranges et inclassables. Ce roman réunit tout cela et plus encore. De plus, si vous aimez les livres-objet, le grand-format est une merveille, il est épuisé, mais il est encore possible de le trouver d’occasion.

Vous l’aurez compris, ce roman est pour moi une « petite » merveille qui comblera tous les amoureux des livres. L’équilibre parfait entre fantastique et étrange tout en faisant la part belle à la littérature sous toutes ses formes !

L’ouvrage est suggéré à partir de 13 ans, mais je ne saurais dire si c’est le bon âge. Alors le mieux, c’est de tenter et de voir.

Mini-chroniques jeunesse #2 : De l’imaginaire sinon rien !

Ils sont quatre romans tous très différents, mais avec un point commun : on s’évade dans un autre monde, l’imaginaire est omniprésent ! Féérie, monstres en tous genres ou encore concours culinaires d’ogres, il y en a pour tous les goûts…

Magic Faïnn – Aventures à New York – Slalom

Paru en 2020 aux éditions Slalom, Magic Faïnn est écrit par Fanny Gordon, alias Véronique Delamarre Bellégo et Pascale Perrier. Ce n’est pas la première fois que les deux autrices travaillent ensemble, elles avaient notamment écrit Le Bureau des Fantômes (que j’avais beaucoup apprécié).

Dans Magic Faïnn, la magie sert de prétexte pour découvrir la ville de New York au travers des yeux de trois préadolescents.

Tout débute avec une punition quelque peu sévère que doivent subir les trois adolescents : ranger de fond en comble la réserve décrépite de leur pensionnat. La punition ne sera pas levée tant qu’ils n’aurons pas tout rangé et mis au propre… Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a du travail !

Mais à peine débuté le grand ménage, le trio va tomber sur un étrange petit être : un magicien minuscule qui tient dans la paume de la main. Ils ne le savent pas encore, mais cette découverte va bouleverser leurs plans de rangement… et leur vie !

Cette lecture a beau remplir tous les critères d’un roman jeunesse qui fonctionne, je n’ai pas été transportée par l’histoire…

Premièrement, les personnages, notamment celui du magicien Faïnn Kalindor, sont très stéréotypés et n’arrivent pas à créer une émotion particulière.

Deuxièmement, j’ai trouvé que ce roman dans son ensemble manquait fortement de naturel. On dirait qu’il y avait un cahier des charges à remplir, et que certains éléments devaient absolument y figurer. Le tout manque de fluidité, et les infos intéressantes que les lecteurs vont découvrir sur New York sont parfois amenées de façon trop « scolaire ».

Enfin, l’histoire n’apporte pas grand chose aux lecteurs… c’est le genre de roman où l’on ne peux guère en dire grand chose. Ni bon, ni mauvais, il est là, il existe et c’est tout. Dès 9 ans.

L’ogre et sa princesse aux petits oignons – Sabrina Inghilterra – Didier Jeunesse

Atypique et étrange, voici l’histoire d’un ogre qui aime tant les plaisirs de la bonne nourriture qu’il vit parmi les humains pour se délecter de leurs meilleurs mets. Mais chez les ogres, il est vu d’un très mauvais œil car bien trop différent d’eux. Pas assez cruel, vorace… bref pas assez ogre.

Mais à l’occasion d’un grand concours de cuisine, le monstre décide de retourner aux sources et de prouver qu’il est le meilleur cuisinier de son espèce ! Quitte à renouer avec ses mauvais côté 100% ogre…

Je n’ai pas su quoi penser de cette lecture… elle est certes originale, mais il y a une facette qui m’a quelque peu mise mal à l’aise. Il faut avant tout mettre ça sur le côté très « brut » de l’ogre, certes, mais malgré cela il y a un quelque chose qui m’a déplu. Je n’arrive cependant pas à mettre le doigt dessus alors… impossible d’être plus claire. Dès 9 ans.

Peur de rien – Stéphane Gisbert & Alice A. Morentorn – Sarbacane, collection Pépix

Comme toujours avec les romans Pépix, voici un univers original et déluré à découvrir pour les lecteurs de 9/10 ans ! Dans Peur de rien, nous faisons la connaissance du jeune Kévin qui n’a VRAIMENT peur de rien.

Se balader dans un cimetière lugubre en pleine nuit ? Pas de problème. Défier un monstre qui a survécu à des décennies d’affrontements ? Même pas peur non plus ! Kévin est unique en son genre et étonne tout le monde par son courage… ou sa témérité ?

Dans le catalogue Pépix, je trouve que Peur de rien est un peu à part. Il est en effet pour les enfants entre neuf et dix ans, cependant son contenu est un peu plus sombre qu’à l’accoutumée.

On y parle harcèlement, problèmes de quartiers, vie désargentée… C’est intéressant d’aborder ces thèmes dans des romans pour la jeunesse.

J’ai passé un moment agréable à cette lecture même si ce n’est pas un coup de cœur. Je pense que c’est le roman parfait pour ceux qui aiment l’aventure, le frisson et le fantastique tout à la fois ! Peur de rien fera moins peur qu’un Chair de Poule, mais peut être une lecture idéale pour commencer à se faire un peu peur gentiment…

Après Minuit -Tome 1 – Trop de sel dans les pâtes – Clémentine Mélois & Rudy Spiessert – L’école des Loisirs, collection Mouche

Comment un plat de pâtes trop salées peut mener à la découverte la plus insensée sur sa maîtresse ? C’est simple, Romy et sa petite sœur ont très soif durant la nuit à cause du plat de pâtes bien trop salées préparées par le père… Ils se lèvent donc pour aller boire un verre d’eau et… entendent un étrange bruit. Qui va les mener à une terrible découverte : leur maitresse se transforme en loup-garou !

Mais cette découverte n’est que l’arbre qui cache la forêt…

Si vous recherchez un court roman qui mélange frissons légers et aventure pour les enfants de CE1/CE2 ce roman est PARFAIT ! A la fois drôle, mystérieux, intriguant… il fera passer un bon moment de lecture aux jeunes lecteurs friands d’enquête.

Et la bonne nouvelle, c’est que ce n’est que le premier tome !  

Et saluons au passage les très colorées et jolies illustrations de Rudy Spiessert. Je n’ai d’ailleurs pas résisté à l’idée d’en partager avec vous car je les trouve magnifiques.

Belle découverte donc, et n’hésitez pas à faire découvrir cette nouvelle série dans la collection Mouche, elle est top moumoute. J’ai d’ailleurs hâte d’en découvrir la suite… même si je n’ai plus huit ans depuis longtemps.

Chronique : Un été avec Albert

Le nouveau roman de Marie Pavlenko, comme un mélange condensé de toutes ses œuvres précédentes…

Marie Pavlenko est une autrice française que j’affectionne tout particulièrement, et ce depuis plus de dix ans, quand j’ai découvert sa trilogie Saskia chez Scrinéo.

Elle écrit aussi bien pour les adultes que pour les ados, et semble à l’aise avec tous les genres : humour, suspense, imaginaire…

Un été avec Albert est son tout dernier roman en date, il est paru début mai 2021 aux éditions Flammarion Jeunesse.

Des vacances au calme, isolée dans la campagne des Pyrénées… très isolée…

Soledad vient d’avoir son bac, elle est heureuse et se réjouit d’avance des supers vacances qu’elle pouvoir passer sans pression. Sauf qu’au lieu de voir ses amis régulièrement et d’organiser des sorties avec eux, son père décide de l’envoyer chez sa grand-mère, dans les Pyrénées.

Alors, certes Soledad adore sa grand-mère, mais ce n’était pas vraiment ce qu’elle avait en tête en pensant à de la détente… Mais on ne lui laisse pas franchement le choix et elle part donc rejoindre sa mamie adorée.

Une chose est certaine, il va se passer beaucoup de choses dans la petite maison des Pyrénées. Des choses belles, de nouvelles amitiés, mais également des choses terribles effrayantes. Que se passe-t-il vraiment au village de la grand-mère de Soledad ?

Du suspense, une ambiance particulière, et toujours ce profond amour de la nature

La nature sous toutes ses formes est l’un des thèmes récurrents de Marie Pavlenko. Elle nous l’avait déjà prouvé avec Le désert disparaîtra, et Un été avec Albert en est la confirmation.

Les personnages sont proches de la nature, de ce qu’elle offre pour peu qu’on l’écoute et la respecte.

Mais ici, tout n’est pas qu’apaisement et tranquillité, bien au contraire. Peu à peu, le roman s’installe dans une dynamique où la tension monte, le suspense devient oppressant… L’étau se resserre autour d’Adélaïde et de sa charmante grand-mère.

On a ici un mélange de genres qui fonctionne bien, et même une très belle surprise à la fin en découvrant un genre auquel on ne s’attend pas.

Mais malgré un effet de surprise qui fonctionne très bien, j’ai trouvé des longueurs à ce roman. L’ambiance est là, les personnages sont parfaits, attendrissants et humains, mais… il manque quelque chose. Pour moi, Un été avec Albert aurait pu être une longue novella plutôt qu’un court roman.

Cela aurait accru la tension plutôt que de l’étaler sur des faits parfois minimes qui rendent le tout un peu long.

J’ai passé un bon moment avec cette histoire, mais elle ne m’a pas percutée comme a su le faire Un si petit oiseau ou encore Le désert disparaîtra, dont les messages étaient clairs, forts.

Ici, nous avons en effet un mix de plusieurs romans de l’autrice, que ce soit en termes de genres ou de personnages, on pourrait presque le présenter comme un composite de ce qu’elle a fait avant. Mais il n’a pas la puissance des précédents, c’est en cela que j’ai été déçue.

Ainsi, pour découvrir Marie Pavlenko et son œuvre, il vaut mieux commencer par l’un des ouvrages cités précédemment dans l’article. Les fans de l’autrice pourront y trouver leur compte, mais sans retrouver l’éclat de ce qui a fait son succès selon moi…

Chronique : The Machineries of Empire – Tomes 1 & 2

Une saga de science-fiction militaire ambitieuse où il faut sérieusement s’accrocher pour en apprécier toute la teneur

Premier tome de la trilogie The Machineries of Empire, Le Gambit du Renard est paru dans la collection Lunes D’encre chez Denoël en fin d’année 2018. Depuis, le second tome intitulé Le Stratagème du Corbeau est paru quant à lui en janvier 2020.

Le troisième tome est encore en attente de parution en France à la date où cet article est rédigé (mai 2021).

Yoon Ha Lee est un auteur américain d’origine coréenne, il a écrit quantité de nouvelles avant de publier son premier roman, Le Gambit du Renard.

Une guerre aux enjeux terribles se prépare…

Dans le premier tome, nous suivons la capitaine en disgrâce Kel Cheris. Pour son précédent combat, elle a fait usage d’armes non conventionnelles, cette incartade va lui coûter cher… Sa punition est aussi étrange qu’originale : elle va devoir fusionner son esprit avec un ancien général de guerre mort et travailler avec lui lors de son prochain combat.

Et justement, cette guerre à venir ne se fait pas attendre : Kel Cheris est promue général à titre temporaire et doit tout faire pour mater l’hérésie qui se profile dans la forteresse des Aiguilles Diffuses…

C’est ainsi que Cheris va tout faire pour redorer son blason aux yeux de l’Hexarcat, mais sans avoir nécessairement tous les éléments pour avoir un avis objectif sur cette guerre…

D’une complexité harassante

La saga The Machineries of Empires est d’une ambition folle, c’est le moins que l’on puisse en dire. Mais elle est également d’une complexité telle qu’elle ne conviendra pas à tout le monde. Ce fut mon cas, passée la moitié du premier tome, j’ai commencé à perdre pied.

Mais j’ai voulu insister car j’ai trouvé l’univers intéressant bien que trop nébuleux. En effet, ne vous attendez pas à la moindre explication sur le système des Six Factions ou l’Hexarcat. Vous souhaitez connaître les enjeux ? Comprendre ce qu’est une guerre calendaire ? Il vous faudra lire entre les lignes le peu d’éléments concrets qu’on vous laisse vous mettre sous la dent. Pour le reste… c’est très peu accessible (de mon point de vue).

Ainsi, passée la seconde moitié du roman, j’ai commencé à réellement perdre pied dans l’intrigue même si c’était encore compréhensible dans les grandes lignes. Et surtout, la fin du premier tome donnait tout de même envie de découvrir le second ouvrage…

Qu’en est-il donc du second tome ?

Moi qui ai eu du mal avec Le Gambit du Renard, j’ai été totalement larguée par Le Stratagème du Corbeau. Une quantité de nouveaux personnages est très rapidement introduite, les lieux d’intrigues sont beaucoup plus nombreux, les enjeux n’en parlons pas… Le premier tome était difficile à appréhender pour moi, le second à eu raison de ma patience et de mes efforts.

J’ai abandonné à la moitié de l’ouvrage, et cela avec beaucoup de frustration car j’avais réellement envie d’aimer cette saga.

Quand je vois le nombre d’avis extrêmement positifs, je me dis que beaucoup de gens ont aimé et surtout COMPRIS la saga. J’avoue être assez dubitative et m’interroge quelque peu : n’y a-t-il pas un peu de paraître derrière ces critiques élogieuses à cinq étoiles sur cinq ? (notamment sur Goodreads).

J’ai lu très peu d’avis tels que le mien où les lecteurs n’ont pas tout compris ou peu apprécié, ce qui me semble assez étonnant. Je ne dis pas que mon avis est une référence – bien au contraire – mais je suis étonnée de voir le nombre de personne qui ont lu, compris et apprécié les romans ! J’ai l’impression d’être passée totalement à côté de quelque chose de génial…

Tout cela pour dire que cette saga n’est clairement pas pour tout le monde, même si on aime la SF comme moi. C’est un mélange de SF militaire et de hard-sf bien poussive alors si c’est votre came, foncez. Sinon, restez sur des terrains plus connus et rassurants pour ne pas être trop déçu.e.

Saluons les magnifiques couvertures de la saga qui sont à chaque fois un régal pour les yeux. Celle du troisième tome n’échappe pas à la règle !
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Mini-chroniques #12 : Une poupée gonflable malvenue, la survie dans ses pires aspects, une correspondance unique et merveilleuse… et un monstre légendaire qui sévit dans la brume de Prague…

Elles sont de retour pour une douzième fois, voici les mini-chroniques ! Au programme cette fois-ci : de l’humour débridé, du post-apocalyptique survivaliste, une correspondance unique qui traverse les océans entre un libraire et une lectrice atypique et charmante, et un nébuleux classique pour découvrir Prague. Bon voyage !

Wilt 1 – Tom Sharpe – 10/18

Depuis le temps que j’avais envie de découvrir ce grand classique contemporain de l’humour, voici donc le premier tome de Wilt.

Professeur désespéré qui n’aime plus son travail d’enseignant depuis fort longtemps car fatigué d’expliquer à des classes professionnelles l’intérêt de l’œuvre de George Eliot.

Personnage aussi atypique que peu doué, à la femme détestable et écervelé (selon lui du moins car nous n’avons que son point de vue), Wilt essaye justement de se débarrasser de sa femme. Et comme le divorce semble tout bonnement inenvisageable, il ne lui reste qu’une solution : la tuer.

Mais qui dit meurtre planification, vigilance, rigueur… et c’est tout le contraire qu’il va faire ! Pour s’entraîner au meurtre de sa femme, il n’a rien trouver de mieux qu’une… poupée gonflable ! Alors oui, c’est assez drôle car tout va de mal en pis pour lui et ses funestes projets, mais ça m’a tiré quelques sourires, pas plus.

En fait, je trouve que Wilt est un texte qui a mal vieilli. L’image qu’il donne de sa femme est si horrible qu’elle n’en est pour moi aucunement réaliste. Et à l’heure d’aujourd’hui un texte aussi manichéen que celui-ci ne serait peut-être pas passé aussi facilement.

Bien sûr, tout est fait pour que l’on reste sur de l’humour, mais c’est parfois un peu trop gros et potache pour moi… Je ne dois pas être le public cible de ce roman.

J’ai toutefois passé un bon moment de lecture, même si je ne lirais pas les aventures rocambolesques de ce monsieur Wilt (en cinq tomes, tous chez 10/18 pour ceux que ça tente).

Et toujours les forêts – Sandrine Collette – JC Lattès

Connaissez-vous l’autrice Sandrine Collette ? Dans le monde du polar français, elle est extrêmement appréciée et reconnue. Elle écrit des romans assez lugubres, trash et glauques dans leur genre… Mais ici avec Et toujours les forêts, elle change d’horizon littéraire et passe du polar au roman d’anticipation post-apocalyptique. Une réussite ? Pas de mon avis…

Il s’agit de mon premier roman de cette autrice, et je compte bien lire ses polars, mais je pense que l’anticipation n’est pas un genre qu’elle maîtrise. Pourquoi ? Tout simplement car tout ce qu’il y a dans ce roman est du déjà lu. Pas d’originalité dans l’intrigue ou dans l’ambiance (glauque, mais ça on s’en doute quand il ne reste qu’une poignée d’humains c’est vite le bordel).

*ATTENTION SPOIL*

J’ai détesté son soi-disant héros qui fait tant de choses « par amour », y compris un viol réitéré de très nombreuses fois sur une femme qu’il aime à sens unique (heureusement nous n’avons le droit qu’à une seule description déjà bien malaisante et horrible).

* FIN DU SPOIL*

Je n’ai pas aimé tout simplement car ce roman ne nous apporte pas grand chose. On attend qu’il se passe quelque chose. On attend tellement qu’on est super excité quand une pousse de pomme de terre germe… et c’est tout en fait. Il ne se passe rien.

La fin n’est guère surprenante, mais elle a le mérite d’être relativement réussie comparé au reste de l’ouvrage….

Ce que je reproche à ce roman, c’est que quand on l’achète, c’est un nom, une autrice que l’on achète et pas nécessairement un ouvrage de qualité. Je ne doute pas de sa maîtrise des polars, elle a voulu s’essayer à un nouveau genre pour elle, je peux le comprendre. Mais il n’y a rien dans ce livre qui mérite qu’on s’y attarde, que ce soit en termes d’écriture ou d’intrigue…

84, Charing Cross Road – Helene Hanff – Autrement, collection Les grands romans

Grand classique du roman épistolaire, grand classique américain, grand classique tout court. Cela faisait de très nombreuses années que je souhaitais lire et découvrir ce bonbon littéraire… et je n’ai pas été déçue.

Paru il y a plus d’une vingtaine d’années en France chez Autrement, l’ouvrage était depuis longtemps épuisé. Jusqu’à ce que les éditions Autrement se chargent – à nouveau – de remettre au goût du jour cet indispensable somme toute assez méconnu en 2018.

De quoi parle ce roman ? Tout d’abord, il faut savoir qu’il s’agit d’une histoire vraie. Les échanges sont réels, toutes les lettres que vous lirez dans cet ouvrage ont été envoyées entre 1949 et 1968. Cela fait une sacrée correspondance, bien que parfois très espacée dans le temps. Tout ça peut sembler tellement étrange à notre époque de mails et de sms qu’un courrier puisse attendre une réponse pendant de longs mois… Mais c’est là toute la magie de cette époque !

Ainsi, 84, Charing Cross Road est l’adresse de la librairie de livres rares et anciens située à Londres. Suite à une annonce publicitaire, Helen Hanff, autrice de livres pour la jeunesse, décide de leur passer commande de plusieurs ouvrages. C’est comme cela que de mois en années, une complicité s’installe entre l’autrice new-yorkaise et l’un des libraires londoniens, Frank Doel. 

Je n’en dirais pas plus sur cette pépite (n’ayons pas peur des mots), mais c’est tellement touchant, beau et drôle à la fois… Et c’est bourré de références littéraires, bien que parfois ardues, ça reste un régal ! Alors si vous n’avez pas déjà lu cet ouvrage… foncez le découvrir, il vaut le coup.

PS : En faisant des recherches pour cette chronique, j’ai découvert qu’il y avait eu un film tiré de ce roman. Avec notamment Anthony Hopkins dans le rôle du libraire !

Le Golem – Gustav Meyrink – GF Flammarion

Prague est une ville qui m’attire depuis que j’ai lu Fille des chimères de Laini Taylor. Alors, je suis partie là-bas grâce à elle, et c’est une ville magnifique, empreinte d’une architecture fabuleuse. Et quand on part en voyage, même quelques jours, on prend un livre ! Et c’est encore mieux si le livre se déroule dans le lieu que l’on visite, n’est-ce pas ?

Me voici donc dans un bus pour une durée de 13 heures pour Prague ! Et… c’est totalement illisible. Je l’ai lu en entier et je l’ai même relu en partie, mais tout est si alambiqué, touffu, complexe… mélangeant croyances populaires, ésotérisme, religion… Le Golem avait tout pour me plaire mais je m’y suis perdue autant que son héros, Athanasius Pernath, qui ne sait pas si il navigue dans un rêve ou dans la réalité.

J’ai cherché des analyses ou des explications de texte, mais ce roman semble être totalement tombé en désuétude.

Mais même si je n’ai pas tout saisi de ce roman, il y a une chose que j’ai su apprécier, c’est son atmosphère. A la fois mystique et nébuleuse, la Prague du début du XXème siècle y est magnifiquement dépeinte. Même si cela n’est pas suffisant pour apprécier un ouvrage dans son entièreté, cela m’a au moins consolée…

« A peu près tous les trente-trois ans, se répète dans nos rues un événement qui en soi n’est pas particulièrement ébouriffant, et qui pourtant répand une épouvante que rien n’explique ni ne justifie vraiment« .

Chronique Jeunesse : Jefferson

Un roman jeunesse époustouflant de justesse et de finesse d’esprit, le tout au service d’une intrigue policière originale !

Jean-Claude Mourlevat est un auteur qui écrit à la fois pour les enfants, les ados et même les adultes. Parmi ses ouvrages les plus marquants, on peut citer La rivière à l’envers (qui m’a fait pleurer par sa beauté rare), Le combat d’hiver (au final saisissant, à l’intrigue magistrale), chez les adultes ont peut citer Et je danse aussi coécrit avec Anne-Laure Bondoux.

Une histoire épineuse…

Tout allait bien pour Jefferson, il s’était préparé un bon repas, était prêt à recevoir un ami dans quelques heures… et se rendait tranquillement chez le coiffeur. Sauf qu’en arrivant chez ce dernier, il ne découvre qu’un cadavre !

Jefferson réagit très mal dans le vif de la situation, il enlève la paire de ciseaux coincée dans la gorge de son coiffeur préféré… et se retrouve injustement accusé de meurtre. C’est donc apeuré et en fuite que Jefferson quitte le salon de coiffure, sa maison et finalement sa ville. Son objectif, prouver son innocence en retrouvant le meurtrier. Une affaire d’autant plus délicate qu’il est poursuivit par la police et déjà coupable aux yeux de tous… ou presque.

Un roman sociétal puissant sous couvert d’une histoire policière

Vous pensez avoir à faire à un énième roman jeunesse ? Original, mais pas extraordinaire ? Détrompez-vous. Tout dans Jefferson mérite qu’on s’y attarde et qu’on y réfléchisse sérieusement.

Déjà, le roman est très original : l’histoire de Jefferson se déroule dans un pays habité par des animaux. Mais il est possible de passer la frontière et d’arriver en territoire humain. Et les deux peuples se parlent et se comprennent. S’apprécient-ils ? Cela est délicat, car les humains sont loin d’avoir renoncé à leurs défauts, notamment celui de manger de la viande.

Ainsi, il y a trois échelles dans la société dépeinte par Mourlevat. Tout en haut, les êtres humains, juste en dessous, les animaux anthropomorphes doués de parole comme Jefferson, et en troisième position, les animaux que nous connaissons, sans parole ni pensée.

Il est ainsi très malaisant pour les animaux doués de raison de voir les humains manger leurs congénère sans aucun égard ni regret. Ainsi, des touristes animaux qui visitent le pays des humains passent-ils devant des abattoirs sans le savoir… terrible. Mais le pire, c’est encore au restaurant, où certains ont l’indélicatesse de leur faire des blagues douteuses sur un potentiel lien de parenté avec la viande qu’ils pourraient ingérer… Eurk.

L’univers dépeint, parfois seulement esquissé par Mourlevat est assez dense, et extrêmement intéressant. C’est ce qui rend toute l’histoire de Jefferson et de son enquête fascinantes. Dans la résolution de cette intrigue, tout est lié et savamment bien déroulé. C’est une réussite totale aussi bien en termes d’écriture que d’histoire.

Mais même si Jefferson est un petit hérisson tout mignon aux habitudes charmantes, l’âge du lectorat n’est pas celui que j’imaginais initialement. En effet, l’histoire est assez dense, de même que son intrigue et ses enjeux ce qui le rend idéal à partir de 12 ans minimum. Il y a toute une dimension philosophique qui interroge fortement : faut-il manger les animaux ? Pour paraphraser le titre de l’ouvrage de Safran Foer. Est-ce moral ?

« C’est dingue ça, quand même, grognait-il […] : des spaghettis au basilic, du gratin dauphinois, des pizzas quatre saisons, des tartes aux framboises, des omelettes aux pommes de terre, des gâteaux à la noix, des soupes de lentilles corail avec du lait de coco, des crêpes à la confiture, des pommes, des poires, des abricots, des poêlées de champignons, des salades de tomate, des croissants, des tagliatelles au pesto, des crèmes à la vanille, des fraises, des melon, du riz, de la purée, des petits pois, du velouté du potiron, du chocolat aux noisettes… et ça leur suffit pas ! Ils trouvent que c’est pas assez, alors ils tuent les animaux pour les bouffer ! Je comprends pas… »

Ainsi, Jefferson est un roman que l’on peut assimiler à de la fantasy animalière, mais sans le côté fantastique que l’on y découvre habituellement. Plus sérieux et terre à terre par certains côtés, ce roman jeunesse offre une réelle réflexion sur notre société et ses écueils.

 Jefferson est donc un petit inclassable, mais quelle belle découverte !

PS : Saviez-vous que les bébés hérissons se nommaient des choupissons ?

Chronique : Pachinko

Un roman-fleuve qui nous conte l’histoire de coréens forcés de quitter leur patrie pour le Japon dans les années années 20. Un pan fascinant et totalement méconnu de l’histoire.

Premier roman de l’autrice coréano-américaine Min Jen Lee à paraître en France, Pachinko est publié par Charleston en début d’année 2021.
L’ouvrage a connu un très beau succès et a même été finaliste du National Book Award en 2017. Pachinko est traduit dans 25 langues et est en cours d’adaptation pour le cinéma.

Bienvenue dans un petit village de Corée…

La vie est difficile pour beaucoup de gens en Corée dans les années 20. La jeune Sunja et sa famille ne font pas exception, et tous les membres de sa famille redoublent d’ardeur pour s’en sortir au mieux.
Tout est à l’économie, à l’examen de la moindre dépense qui pourrait faire basculer dans le cercle de l’endettement le ménage modeste. Mais tout va basculer pour Sunja le jour où elle va s’éprendre d’un riche japonais faisant des escales régulières en Corée. Elle découvre quelque temps plus tard qu’elle est enceinte… Et comme dans toute culture à cette époque, être enceinte et sans mari est plus que mal vu, c’est jeter l’oprobe tout entière sur sa famille.

C’est ainsi que la vie de Sunja et de toute sa descendance jusqu’à la fin des années 80 va nous être contée.

Un pavé passionnant

Ouvrir Pachinko, c’est découvrir tant de choses que je ne pourrais pas toutes vous les mentionner. Mais une chose est certaine, ça se dévore. Le cheminement personnel et familial de Sunja et de tous ses descendants est passionnant. Et en filigrane, l’histoire de la Corée et du Japon, deux pays aux relations très complexes.

L’ouvrage fait six-cent pages, et pourtant on ne les voit pas défiler. Ainsi, ce sont plus de soixante ans d’histoire qui nous sont offert au travers de tranches de vies.

Certains membres de la famille de Sunja sont plus charismatiques que d’autres, je pense notamment aux enfants de cette dernière : Noa et Mozasu. Leur parcours de vie va être incroyable et vous captivera comme rarement. Entre Noa qui adore les livres et qui ne pourrait vivre que de lecture et d’eau fraîche et son frère Mozasu qui ne sait pas pour quoi il est fait mais use parfois trop de ses muscles, ce n’est pas évident.
Tous deux sont extrêmement attachants à leur façon… je les ai vraiment aimé. J’ai été heureuse et triste avec eux dans toutes les phases importantes de leur vie, et plus encore !

Découvrir cette vie d’une famille coréenne installée au Japon, c’est également ouvrir les yeux sur l’énorme tension qui réside au Japon entre les deux peuples. Les coréens installés au pays du soleil levant doivent montrer patte blanche de quantité de façons différentes.
Et même si un enfant est né au Japon de parents coréens, il n’est pas reconnu par l’État et reste apatride.
Ni coréen car n’ayant jamais vu ni connu son pays d’origine, ni japonais alors qu’il parle la langue comme n’importe autre enfant, le cas de Noa et Mozasu concerne des milliers d’enfants. Perdus entre deux cultures, se considérant comme japonais mais non reconnus comme tels par le pays qui les a vu naître. Cette fracture va créer de nombreuses blessures visibles encore des décennies plus tard…

Et ce sujet des enfants ballotés entre deux cultures n’est pas le seul objet de ce roman, il y a quantité d’autres bouts d’Histoire et phénomènes de sociétés qui sont recensés dans Pachinko. D’ailleurs, pourquoi un tel titre pour ce livre ? Le pachinko est un type de machine à sous très prisé au Japon. Travailler dans un pachinko est mal vu au Japon (en tout cas à l’époque où se déroule le roman entre les années 60/80) et ce sont au final souvent des coréens qui travaillent dans ce milieu.
Et là encore il y a beaucoup à dire sur l’image qu’à le Japon de ses enfants nés d’expatriés sur son propre sol…

Vous l’aurez compris, ce roman fut pour moi une belle et poignante découverte. Ses personnages sont empreints d’un réalisme tel qu’ils existent au travers des pages…

Empli d’émotion et terriblement passionnant, Pachinko est un bout d’Histoire à découvrir avec curiosité et exaltation !

Chronique : Le meurtre du Commandeur tome 1 & 2

Une magnifique saga étrange et mémorable écrite par le grand auteur japonais Haruki Murakami

On ne présente plus Haruki Murakami, un auteur aussi prolifique que passionnant dont quantité d’ouvrages ont connu un beau succès.
Les chroniques de l’oiseau à ressort, Kafka sur le rivage, Le passage de la nuit… Il est également essayiste et traducteur. Il a également tenu pendant de nombreuses années un bar jazz, car c’est un mélomane passionné.

Le Meurtre du Commandeur est une série de deux volumes parue en 2018 aux éditions Belfond. Elle était très attendue en France et a remporté un énorme succès au Japon à sa parution (comme toujours avec une nouveauté de cet auteur).
Depuis, les deux tomes sont parus en poche chez 10/18.

Un artiste peintre qui vit reclus, concentré sur son art

Voici une histoire qui commence comme toujours dans un environnement normal, mais qui peu à peu va « glisser » vers autre chose…
On y découvre un peintre qui vit de son travail. Il est très peu productif, mais n’a pas besoin de beaucoup pour subvenir à ses besoins. Son œuvre est assez rare et recherchée par un petit cercle d’amateurs.

Mais un jour, son quotidien calme va être bousculé par une commande bien particulière. Un riche homme d’affaires nommé Wataru Menshiki veut que le narrateur fasse son portrait. Et depuis cette demande, il se passe des choses minuscules mais bien étranges dans son quotidien… A commencer par la découverte d’un tableau magnifique mais très étrange…

Du bizarre, de l’étrange… du grand Murakami !

« J’étais rassuré de voir que je n’étais pas fou et, en même temps, je ne pouvais nier que les mots de Menshiki avaient bel et bien transformé l’irréalité suggérée jusque-là comme possible en une réalité, provoquant par conséquent un léger décalage dans la jointure des mondes.« 

En cette seule phrase, on retrouve ce qui va caractériser l’entièreté de ces deux romans, et plus largement l’œuvre de Murakami dans son ensemble. Ce basculement lent mais certain vers autre chose… d’étrange et d’irréel.

J’ai adoré le premier des deux livres qui composent la saga car tant qu’on ne sait pas à quoi on à faire, c’est assez exaltant. Le bruit de cette clochette qui perturbe tous les soirs le narrateur, les découvertes étranges qu’il va faire…
Tout s’installe très lentement, mais jamais on ne s’ennuie, Murakami nous plongeant dans le monde de la peinture et de ses arcanes avec délices. On en apprend plus sur les différentes techniques utilisées par le narrateur, sur l’histoire de la peinture nippone et son importation en Europe et quantité d’autres choses.

Alors, qu’en est-il du second tome ? Étant donné la fin du premier, il est impossible de lâcher l’histoire en plein milieu, ce qu’il s’y passe est bien trop captivant. Mais on bascule dans quelque chose de totalement différent en terme de genre, de style. J’ai beaucoup pensé au mythe d’Orphée en lisant cette seconde partie. Une réécriture très libre et bien étrange, certes, mais assez flagrante selon moi.

Même si j’ai clairement préféré le premier tome, le second est indispensable à la résolution de cette histoire bien étrange. Et comme toujours, c’est un véritable régal de se plonger dans l’imaginaire de Murakami.

Je ne saurais que vivement vous conseiller de découvrir cette duologie qui mérite le détour pour son ambiance extraordinaire. Étrange et fascinante, elle plaira à tous types de lecteurs et saura en déstabiliser plus d’un !

Chronique bd : The Wendy Project

Une réécriture « réaliste » du fameux roman fantastique de James Matthew Barrie.

Paru en mai 2019 aux éditions Ankama, The Wendy Project traite le sujet de la perte et du deuil de façon originale… en faisant la passerelle avec le classique qu’est Peter Pan.

Il s’agit du premier ouvrage qui associe Veronica Fish et M.J. Osborne.

Un accident comme point de départ…

Tout débute avec un terrible accident de voiture, à l’intérieur, une famille au complet. Après l’accident, l’un de ses membres sera définitivement perdu. La voiture étant tombée dans un cours d’eau, le corps d’un de ses frères à disparu… Mais Wendy est persuadée que Michael n’est pas mort, qu’il est seulement ailleurs…

C’est ainsi que les rendez-vous chez la psychiatre s’enchainent, tout le monde la regarde de travers, personne ne prend en compte sa parole. Wendy délire-t-elle ? Est-ce qu’elle a vraiment vu Michael s’envoler ? Ou est-ce un bouclier créé par son esprit pour faire face à la mort ?

Un hommage contemporain à l’œuvre de J. M. Barrie

The Wendy Project est une belle bd, mais il faut vraiment aimer l’univers de Peter Pan. Truffé de références et de citations de l’auteur, l’ouvrage se propose d’être un pont entre deux mondes que tout oppose.

Il y a du mystère, de l’émotion, et surtout, de magnifiques illustrations qui servent parfaitement l’histoire. C’est à la fois poétique et onirique bien que triste…

Le jeu des couleurs est également très important dans cette bd. La majorité de l’histoire est en noir et blanc, sauf quand Wendy frôle le fameux monde imaginaire de Peter Pan… Cette mise en scène de la colorisation est très bien faite.

Ainsi, si vous êtes fans de bd ET de l’univers de Peter Pan, ce livre est pour vous ! Il s’agit d’un one-shot, et pour une fois que ce n’est pas une énième série à rallonge, ça fait du bien.

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TRANCHE d´ÂGE : ,