Archives de l’auteur : Laura

Chronique : Deux enquêtes de Lilith Tereia

La beauté des îles… l’évasion… et des dangers mortels.

Connaissez-vous le sous-genre littéraire nommé « noir azur » ? Peut-être pas et pour cause, il est nommé ainsi par Patrice Guirao et se veut doté d’une spécificité : l’insularité pacifique. Idée intéressante qui si elle réussit à se développer peut donner quelque chose de plus grand.


Ainsi donc, les deux romans qui constituent les enquêtes de Lilith Tereia font partie de ce sous-genre. Bienvenue à Moorea et ses paysages de cartes-postales où l’horreur trouve également sa place !

Une journaliste qui fouille partout et surtout où elle ne devrait pas…

Des cadavres retrouvés autour d’un mystérieux bûcher ou encore de nombreuses disparitions sur une île vivant en huis-clos, voici ce qui vous attend dans les enquêtes de Lilith.
Elle est journaliste à La Dépêche de Papeete et s’investit à fond dans son travail, quitte prendre tous les risques pour trouver les réponses là où parfois la police piétine.
Elle a les contacts, connaît tout le monde ou presque et est connue comme le loup blanc ce qui l’aide grandement dans ses investigations !

Une ambiance plaisante mais des intrigues qui laissent quelque peu à désirer

J’ai adoré découvrir le concept de polar noir azur, mais j’ai été contrariée de découvrir que ces deux romans n’étaient pas à la hauteur de mes attentes de lectrices.
Tout d’abord, le personnage de Lilith est bien trop stéréotypé : une femme forte, parfois rebelle, très intelligente et immensément belle bien sûr (et tatouée, ce qui n’est pas du goût de tout le monde). Pas de pression pour celles qui ne collent pas à cette image…

De plus, la partie policière m’a également peu emballée. Au début du premier tome, Le bûcher de Moorea, j’étais très enthousiaste à l’idée de découvrir un nouveau genre, un nouvel auteur, etc. Mais j’ai été fortement déçue car Lilith n’est pas la seule à être un stéréotype, et l’intrigue policière ne se tient pas au point de captiver le lecteur…

Et je fais les mêmes reproches au second tome, Les disparus de Pukatapu, tout cela sans parler de la vulgarité gratuite dont sont parsemés les livres. Je trouve que le vocabulaire vulgaire parfois utilisé assouvi plus un fantasme de l’auteur qu’une réelle recherche de style.
Seul côté intéressant, le fait que l’on bascule dans l’étrange à un certain point de l’intrigue, tout particulièrement dans ce second tome dont le final est bien trouvé.

Une chose est toutefois plaisante, c’est l’intégration légère d’un peu de surnaturel et de croyances locales. On en apprend un peu plus quelques légendes et la notion de « mana » que nous appelons en occident « sixième sens ». Cette facette des romans apporte une touche d’originalité fort bienvenue, j’aurais même apprécié en apprendre encore plus sur cette culture dont on ne connaît quasiment rien.

Pour conclure, ces deux tomes ne sont pas mauvais en soi, mais ils ne correspondent absolument pas à ce que je recherche dans un polar qu’il soit noir azur ou non. Je trouve que les deux enquêtes policières qui nous sont ici offertes n’offrent pas assez d’allant ni de suspense pour tenir en haleine. De plus, le personnage de Lilith ne m’a pas séduite car je la trouve trop créée de toutes pièces pour être crédible.
Je m’arrêterais donc là avec les aventures de cette journaliste un peu trop badass, si il y a un troisième tome, ce sera sans moi !

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Sexy Summer

Paru en 2020 aux éditions Flammarion, Sexy Summer est le troisième ouvrage de l’autrice belge Mathilde Alet. Ses deux précédents textes sont publiés chez Luce Wilquin, un petit éditeur 100% belge.

Adieu Bruxelles, bonjour le village paumé de Varqueville

Rarement on aura vu une famille chercher à tout prix à s’éloigner de la civilisation et de sa densité. Leur but en quittant Bruxelles ? Vivre dans le lieu le plus « perdu » possible, et surtout là où il y a le moins d’ondes qui circulent.
Juliette, adolescente de quatorze ans a été diagnostiquée EHS (acronyme pour Électro Hyper Sensibilité) elle est allergique à toute forme de technologie. Les ondes des téléphones portables, la radio, la télévision, et même l’électricité quand elle est trop forte peut lui causer des vertiges, des trous noirs.

Ainsi, c’est toute la famille qui déménage pour que leur fille puisse vivre aussi normalement que possible. Et si cela signifie vivre à Varqueville, où rien ne se passe, à eux de trouver un sens et un but à cette nouvelle vie. Pour les parents de l’adolescente, leur objectif est déjà tout trouvé.
Juliette quant à elle va découvrir un autre mode de vie et des habitants de tous âges avec qui elle se liera d’amitié pour certains, et d’autres dont elle devra se méfier…

Un roman d’ambiance dans la ruralité belge

Quand j’ai débuté Sexy Summer, j’avoue que je ne m’attendais pas à ce genre lecture. J’avais l’image d’un feel-good book de l’été, la couverture correspondant parfaitement à la charte graphique de ce genre d’ouvrage. Je dois avouer que c’est la couverture et le titre qui m’ont tout de suite attirée, et je n’ai pas regardé immédiatement lu le résumé, préférant me fier à mon instinct (comme souvent).

C’est ainsi que j’ai découvert qu’on était assez loin du feel-good que j’imaginais, mais plutôt dans un roman sociétal en forme d’ode à la campagne belge. Est-ce un mal ? Pas du tout.

J’ai aimé cette découvrir la petite ville de Varqueville, où tout le monde se connaît. Où la moindre rumeur sortie de nulle part devient un fait avéré. Ce dont Juliette va faire l’amère découverte.
De son allergie aux ondes, elle ne parlera pas, même à Tom, surnommé La tonne à cause de son excès de poids par les gamins du coin.
Aussi improbable que cela puisse paraître, la virginale et fragile Juliette va se lier d’amitié avec Tom. Sexy Summer, c’est l’histoire d’un début d’amitié improbable. L’histoire également de ce que peuvent avoir de plus cruel entre eux les adolescents…

Sexy Summer est un roman social qui parle d’un réel problème qui touche (pour le moment) très peu de personnes mais dont la vie est totalement gâchée. Le sujet aurait même pu être traité plus amplement par l’autrice, mais elle choisi une autre direction narrative. Plus terre à terre, avec des personnages vrais, qui ont du corps avec leur lots d’épreuves et de silences.

L’histoire de Sexy Summer n’est pas marquante ni même extraordinaire, mais son ambiance a suffit à me contenter. J’ai passé un agréable moment dans cette campagne belge où je n’ai jamais mis les pieds mais que j’ai imaginée avec facilité. C’est une parenthèse agréable qui se suffit à elle-même et sans prétention aucune.

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Mini-chroniques jeunesse #3 – Des romans rafraîchissants pour l’été quand on est jeune lecteur et qu’on déteste les huîtres

Le monstre des glaces – David Walliams & Tony Ross – Albin Michel Jeunesse, collection Witty

Si vous ne connaissez pas encore l’œuvre de David Walliams, sachez qu’il est présenté comme étant le digne héritier de Roald Dahl. Chacune de ses sorties est un succès de librairie aussi bien en Angleterre qu’en France. Mais je dois avouer que le temps passant, je trouve que ses ouvrages baissent en qualité…
Malheureusement, Le monstre des glaces m’a confortée dans cette idée. Pour moi, David Walliams a perdu son petit grain de folie et de génie qui me faisait sourire dans ses premiers ouvrages.

L’histoire ici est celle d’un mammouth qui est retrouvé parfaitement conservé. Un savant un peu fou décide de le faire revivre pour des raisons plus ou moins avouables… Mais c’était sans compter sur Elsie, une petite orpheline courageuse qui n’a pas froid aux yeux !

La première partie du roman était assez sympathique, mais dès lors que le fameux mammouth est réveillé, l’histoire part dans tous les sens. C’est totalement ubuesque, décousu et pas très drôle…
Et j’ai ce sentiment persistant sur mes dernières lectures de David Walliams, à tel point que je ne pense pas en relire avant longtemps…

Je vous conseille cependant de lire ses premiers ouvrages, ils sont géniaux et méritent le détour. C’est d’ailleurs grâce à eux qu’il est désormais présenté comme l’héritier naturel de Roald Dahl. Présentation à nuancer, donc, mais pas totalement fausse…
Parmi ses meilleures titres (selon moi), lisez Joe Millionaire, Ratburger ou encore Monsieur Kipu. Ils valent le détour !

Les guerriers de glace – Estelle Faye & Nancy Pena – Nathan, collection Premiers Romans

Un super roman fantastique et français à destination des 8/10 ans, ça vous tente ? Bienvenue dans le petit village de Rosheim, où vivent Alduin et Léna, ils sont amis depuis toujours…

Leur vie est tranquille, sans aucune ombre au tableau sauf quand les Guerriers de glace réapparaissent au village pour enlever une jeune fille… Le village se réunit en secret et décide que ce sera Léna qui sera « offert » aux Guerriers pour préserver la paix. C’était sans compter sur la loyauté d’Alduin et le courage de Léna !

J’ai trouvé ce court roman jeunesse absolument parfait : écriture travaillée, univers original… En effet, il renouvelle gentiment le genre avec une histoire qui ne tombe pas dans un déroulement classique. Pour l’âge ciblé, c’est assez rare pour être souligné car nombre de romans usent d’une intrigue lue et relue…

Il faut dire qu’Estelle Faye est familière des histoires qui sortent des sentiers battus, et cela pour tous les âges (elle est surtout connue pour écrire à destination des adultes – Porcelaine aux Moutons Électriques, Un éclat de givre, Folio SF).

Après avoir terminé cet ouvrage, j’ai découvert que Les guerriers de glace est le premier tome d’une trilogie (et un quatrième tome est à paraître au moment où cette chronique est publiée) ! Il n’est pas indispensable de lire la suite pour que les enfants y prennent plaisir, mais si ils aiment… les deux suites ont de grandes chances de leur plaire !

Poules renards vipères – Tome 1 – Albin – Paul Ivoire – Poulpe Fiction

Dans la même tranche d’âge que les Pépix ou encore la collection Witty, Poulpe Fiction a réussi à se tailler une place de choix dans l’univers ultra-compétitif de la littérature jeunesse.

Ce premier tome d’une série qui en compte trois ravira tous les enfants amoureux d’aventure, de révélations et d’animaux ! On y suit trois personnages censés ne JAMAIS se rencontrer… et pour cause, il sont chacun d’une espère différentes dont les royaumes se font la guerre depuis toujours. Albin est un poussin, Célis est un serpent et Zora une renarde. A eux trois et grâce à leur rencontre fortuite, ils vont déjouer un complot terrible à l’échelle de leurs trois royaumes… Mais le chemin sera semé d’embuches et de dangers.

J’ai beaucoup apprécié cette petite lecture, les personnages y sont mignons (tant graphiquement que dans leur personnalité), l’histoire fonctionne à merveille même si c’est légèrement manichéen par moments.
L’idée de montrer aux lecteurs que tout n’est pas si évident et qu’il faut parfois remettre en questions les informations que l’on nous donne est maline. C’est sur ce chemin dangereux et incertain que va se lancer Albin avec ses amis… avec tous les risques que cela comporte.

En somme, c’est une petite réussite qui ravira les 8/10 ans fans d’animaux, c’est certain !

Comment j’ai changé ma soeur en huître (et une huître en ma soeur) – Emilie Chazerand & Joëlle Dreidemy – Sarbacane, collection Pépix

Soyons clairs, j’ai rarement lu un roman jeunesse aussi barré que celui-là. Rien qu’en lisant le titre, on devine que ça va être détonnant… mais franchement pas à ce point. C’est fou, totalement décalé et génial !

On découvre l’histoire d’un jeune homme prénommé Germain. Pour lui, tout va bien… à l’exception d’une ombre au tableau en la personne de sa grande sœur. Agaçante, désagréable, toujours en train d’appuyer là où ça fait mal… bref Judith est la grande sœur par excellence.


Alors quand Germain a l’opportunité d’échanger la personnalité de sa sœur avec celle d’une huître lors d’un dîner, il n’hésite pas une seconde ! Mais il va très vite le regretter… les huitres ont peut-être 2 de QI, mais elles sont dangereuses… méfiez-vous aux prochaines festivités de Noël.

« C’était mou et froid et visqueux mais avec quelques endroits plus solides et presque… caoutchouteux. Ça devait faire tchouin tchouin sous les dents ça, sûr. »

« – Moi, je veux pas être une huître ! Je suis allergique aux huîtres !

Bah, t’as qu’à t’auto-manger, idiot ! a dit une autre huître à l(huître allergique aux huîtres.« 

Voilà. Je pense que ces deux petits extraits sont assez explicites sur le ton de l’ouvrage : fou et génial.

Je ne puis que vous conseiller de découvrir ce roman parfait pour les enfants dès l’âge de 9 ans… que l’on aime ou pas manger des huîtres, c’est un régal !

Chronique : L’art et la science dans Alien

Paru en 2019 aux éditions indépendantes La ville brûle, L’art et la science dans Alien est un ouvrage qui intrigue immédiatement.
Si vous aimez les sciences sous tous leurs aspects et que l’art étrange de H.R. Giger vous fascine, cet ouvrage pourrait bien être pour vous… Il est écrit collectivement par quatre auteurs spécialistes dans leur domaine :

Christopher Robinson est maître de conférence à l’école Polytechnique, il est spécialiste de la sf et du fantastique en littérature, art et cinéma.

Frédéric Landragin est directeur de recherche au CNRS. Il travaille en linguistique et dans ses applications informatiques.

Jean-Sébastien Steyer est quant à lui paléontologue au CNRS, il aime vulgariser les sciences par le biais des oeuvres de fiction.

Enfin, Roland Lehoucq est astrophysicien, il est spécialiste des relations entre sciences et scicne-fiction, il préside les Utopiales, un grand festival dédié à la sf qui a lieu à Nantes. Il a écrit quantité d’ouvrages de vulgarisation.

Un ouvrage à réserver aux fans ultimes d’Alien et de sciences…

Je suis une grande fan de la saga Alien (je parle des quatre volets d’origine uniquement) que je regarde très régulièrement, c’est à dire au moins une fois par an.
Et j’aime également beaucoup les sciences, sous toutes leurs formes… alors quand j’ai vu cet ouvrage arriver en librairie, mon intérêt était éveillé.

… mais est-ce suffisant ?

J’ai trouvé une bonne partie des interventions intéressantes, mais pas toujours bien mises en exergue par la saga Alien. Parfois il s’agit plus d’un prétexte que d’un vrai parallèle avec cette dernière selon moi.

On apprend cependant une foule de choses. Notamment, est-ce que le personnage d’Alien est vraiment crédible d’un point de vue biologique ? Qu’en est-il de la reine, créature qui n’apparaît pour la première fois que dans le quatrième volet étrange et merveilleux réalisé par Jean-Pierre Jeunet ?
Toutes les étapes de la vie et l’évolution d’un alien sont également disséquées : le facehugger, le chestbuster et enfin l’alien dans sa version finale.

C’est assez intéressant mais parfois on part dans des réflexions un peu trop techniques qui n’apportent pas nécessairement grand chose.

On appréciera les analyses de Roland Lehoucq qui checke la crédibilité de certains passages des films. Et il y a parfois de sacrées erreurs ! Cette facette est assez amusante à découvrir.

Autre pan intéressant de la saga qui est analysé : l’intelligence artificielle et le paradoxe entre Maman (IA du vaisseau dans le premier volet de la saga) et sa technologie très archaïque comparée aux droïdes qui ressemblent à s’y méprendre à des humains.

On découvre également à quel point la science du langage est extrêmement difficile à mettre en œuvre quand il s’agit d’intelligence artificielle. C’est l’un des plus grands défis que les scientifiques ont à relever dans les prochaines années (décennies ?). Ce pan des sciences que j’ignorais totalement est absolument fascinant.

Enfin, pour ceux qui aiment l’art étrange, dérangeant et malsain, on termine notre tour de la saga Alien par le monde de H.R. Giger, créateur « physique » de l’Alien. Jean-Sébastien Steyer nous conte la génèse de la création de l’Alien, qui existait déjà en mont de son œuvre…

En somme, cet ouvrage a des aspects fort intéressants même si il y a parfois des digressions qui nous font perdre un peu de vue l’essentiel. Il n’est pas indispensable et s’adressera aux fans ultimes de la saga Alien, pour les autres, je pense qu’il est dispensable !

Chronique : L’Année de Grâce

Un roman young-adult percutant qui donne à réfléchir, longtemps après sa lecture…

Paru en fin d’année 2020 aux éditions Casterman, l’ouvrage L’année de grâce était très attendu en France par de nombreuses personnes. Pourquoi ? Car il a eu un beau succès outre-Atlantique, et qu’il est présenté comme la fusion entre La servante écarlate et Hunger Games. Et bien ce n’est pas usurpé !

Il s’agit du premier roman de Kim Liggett à paraître en France mais elle a déjà d’autres ouvrages à son actif. Une chose est sûre cependant, c’est celui qui a le plus marqué ses lecteurs…

Une société patriarcale à la temporalité floue

Nous ne savons où ni quand se passe L’année de Grâce, il semble que ce soit dans l’avenir mais ce n’est pas le plus important.

Ce qu’il faut retenir, c’est que nous sommes dans un lieu et une époque où les femmes ont à peine le droit d’exister. Elles vivent en pointillés, leur vie étant gérée de leur naissance à leur mort par les hommes… Les femmes sont des biens que l’on échange, troque par le biais des mariages, et l’amour n’a rien à voir là-dedans.

C’est dans cet univers cruel et anxiogène que vit Tierney, une adolescente qui est à quelques heure de vivre son année de grâce. Qu’est-ce donc ? Celles qui y ont survécu n’en parlent pas, c’est interdit. Et celles qui vont y aller craignent le pire tant le secret autour de cette année charnière de leur vie est complet. 

L’heure est venue pour Tierney et de nombreuses autre de jeunes femmes de partit s’isoler et vivre leur année de grâce. Quand elle reviendrons (si elles reviennent), elles seront privées de leur « magie » si crainte par les hommes et pourrons se marier à celui qui les a choisies…

Un texte beau et terrible qui donne à réfléchir encore et toujours sur la condition féminine passée, présente et future

L’année de grâce est le genre d’ouvrage à la fois violent, terrible et nécessaire pour ne jamais céder sur le peu de droits et libertés que les femmes ont par rapport aux hommes. Et continuer à se battre pour avoir l’égalité sur tous les plans.

Il montre à quel point les choses peuvent être pernicieuses, sournoises et comment il est facile de céder à un système patriarcal très bien installé.

Heureusement, Tierney est là pour nous réveiller et nous faire ouvrir les yeux. Son attitude rebelle, sa « magie » que certain.e.s craignent, sa combativité sont mémorables. Elle fait partie des héroïnes fortes issue des meilleures dystopies.

Quand l’éditeur présente l’ouvrage comme une fusion entre Sa majesté des mouches, Hunger Games et La servante écarlate on pourrait penser à un argument de vente. Mais il n’en est rien ! L’année de grâce est réellement l’association de ces trois œuvres majeures toutes mémorables à leur façon.

Il y a de la violence dans ce roman, mais pas nécessairement où on l’attend. Les hommes sont manipulateurs amoraux certes, mais les femmes entre elles font les trois quart du travail de sape pour les hommes eux-mêmes sans s’en rendre compte. C’est là que réside le génie et l’atrocité de la chose… Les décisions courageuses et téméraires de Tierney vont peut-être ouvrir la voie à autre chose dans l’avenir… mais ce sera aussi long que douloureux, soyez-en sûrs.

J’ai beaucoup aimé ce roman à la fin atypique en demi-teinte et pas nécessairement retentissante. C’est plus un chuchotement qui va rester dans votre tête qu’une explosion finale. Et c’est peut-être la meilleure solution pour traverser le temps et les méfaits de la société dans laquelle vit Tierney…

A découvrir dès l’âge de 14 ans minimum, puis sans aucune limite. Je suis persuadée que quantité d’adultes pourront lire et apprécier cet ouvrage.

Chronique : La trilogie The Curse

The Curse est une trilogie young-adult parue aux éditions Lumen en 2017. Elle allie avec efficacité espionnage, politique, passions… pour le plus grands plaisir de ses lecteurs et lectrices.
Marie Rutkoski est une autrice à succès aux États-Unis, mais en France, son œuvre est encore peu connue.
Un de ses romans jeunesse était paru il y a longtemps aux éditions Albin Michel dans la collection Wiz : Les chroniques de Kronos, dont seuls les deux premiers tomes sont parus.

Avec The Curse, l’autrice fait une magnifique entrée dans le young-adult… et le moins que l’on puisse dire c’est qu’on aimerait lire d’autres de ses ouvrages !

Un esprit rebelle qui refuse de choisir trop tôt sa destinée…

Kestrel est la fille du plus célèbre général de l’empire, deux voies royales s’ouvrent à elles : se marier aventageusement ou intégrer l’amée dirigée par son père. Le problème, c’est que Kestrel est encore trop jeune pour se fermer la moindre porte. Elle ne sais pas encore ce qu’elle veut et n’est pas prête à renoncer à sa liberté pour le moment… Sauf si le sens des convenances vient lui forcer la main. Ou autre chose…

Une trilogie envoûtante qui fonctionne à merveille

Ce que j’ai beaucoup aimé dans cette saga, c’est l’évolution impressionnante de l’intrigue, de son échelle. On débute dans le microcosme de Kestrel pour finir le troisième tome à la stature du royaume tout entier.

De plus, chaque tome a son style bien à lui : dans le premier, on est dans de la romance pure, avec toute l’ambivalence et les sentiments contraires que cela implique ; dans le second on découvre tous les secrets d’alcôve du royaume, ses faux-semblants, ses traitrises… (c’est mon favori) ; dans le troisième on passe à l’action avec une facette très guerrière de l’œuvre.

Pour ceux que les intrigues à base de romance hérissent, sachez que The Curse pourrait bien vous faire changer d’avis. La trilogie est bien plus profonde et intéressante que peuvent le laisser penser les apparences (les couvertures sont d’ailleurs magnifiques !).
J’ai beaucoup aimé ce mélange entre intrigues de cour et romance, joliment dosé.

Ainsi, je vous conseille vivement de découvrir cette belle trilogie, Lumen trouve toujours de belles pépites et The Curse le prouve encore une fois !
A découvrir dès l’âge de 14 ans puis sans limites, les personnes aimant la romance et les univers créés de toutes pièces avec des royaumes à conquérir ou à défendre devraient adorer…

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Chronique ado : Warcross – Tomes 1 & 2

Une série en deux tomes absolument géniale et addictive ayant pour fond les jeux-vidéo et le hacking !

Marie Lu est une autrice américaine dont l’œuvre fut remarquée à l’origine pour sa trilogie Legend (Castelmore/Le livre de poche Jeunesse). Depuis, elle a fait son chemin avec d’autres romans jeunesse et séries pour ados… Parmi elles, la duologie Warcross. Deux tomes terriblement efficaces qui nous transportent de l’univers d’un jeu qui prend le pas sur la réalité et qui ressemble fortement à League of Legends !

Quelques pages pour plonger dans un autre monde baigné de technologie…

Bienvenue dans un monde qui ressemble très fortement au notre, à ceci près que tout le monde porte des lunettes connectées NeuroLink, créés par le génie de l’informatique Hideo Tanaka. A quoi servent-elles ? A se plonger à corps perdu dans le jeu le plus populaire au monde et de loin : Warcross.
Son fonctionnement est simple, deux équipes s’affrontent pour récupérer l’artefact de l’équipe ennemie, la première qui réussi à gagné.

Le jeu est devenu extrêmement populaire dans le monde entier et les NeuroLink servent maintenant à bien plus que simplement jouer à Warcorss. On peut quitter sa réalité pour voir d’autres mondes à travers ses NeuroLink et s’évader… dépenser, etc.

C’est dans ce monde à la pointe que vit Emika, une petite crack en informatique qui va pirater la finale mondiale de Warcross. Cet acte va faire basculer sa vie à tout jamais et la faire connaître à des milliards de personnes dans le monde.

Accrocheur, dynamique, addictif… vous voulez d’autres adjectifs pour vous convaincre ?

En très peu de pages, on plonge dans l’intrigue de Warcross comme si avait chaussé nous-même des NeuroLink. L’intrigue que Marie Lu dessine peu à peu pour ses lecteurs est maline, subtile, savamment dosée… Entre thriller technologique et roman d’action, Warcross ne nous laisse pas une seconde de repos. Et cela est valable pour les deux tomes que comporte la série.

J’ai adoré les très nombreux clin-d’oeils fait au jeu League of Legends, auquel je joue beaucoup. Ainsi retrouve-t-on des références, notamment au niveau des noms des joueurs : Jena ou encore Asher (qui ressemble à Ashe, un personnage de LoL). De même, le fonctionnement du jeu en lui-même est très similaire à LoL, et pour ce qui est de l’engouement mondial, c’est aussi le cas dans notre monde ! La seul différence, c’est qu’il n’y a pas d’équipe de LoL mixte contrairement à Warcross. Dommage.

L’intrigue de loin ce que l’on pourrait imaginer au premier abord, Warcross n’est qu’une sorte de très jolie façade rutilante… mais vous découvrirez tout cela en lisant la saga. Car vous allez la lire, n’est-ce pas ?

Les deux tomes de cette saga sont extrêmement différents mais complémentaires. Dans le premier, c’est la découverte, l’émerveillement, l’action qui monte au fil des matchs. Dans le second, c’est beaucoup plus tendu, feutré et les enjeux sont encore plus énormes qu’une finale mondiale de Warcross. Comment est-ce possible ? A vous de le découvrir !

J’ai par ailleurs également beaucoup apprécié la légère romans qui parsème les ouvrages. Pas centrale, mais bien présente, elle apporte un petit goût d’interdit et de rêve parfaitement dosé pour faire rêver…

Vous avez donc compris, Warcross est une série ado courte, géniale et impossible à lâcher. Pour moi, c’est une série de fonds à avoir dans toute bonne bibliothèque quand on aime la litté ado/jeunesse. De plus, le côté hacking et jeux-vidéo est un mélange pas assez exploité pour ce lectorat, qui en est très friand. A découvrir dès l’âge de 13 ans.

Dans le même genre, je vous conseille la série en cinq tomes La Cité, aux éditions Rue du Monde, d’une originalité folle et très mystérieuse…

Chronique : L’ère des miracles – Tomes 1 & 2

Une saga futuriste qui mélange grands mythes et fantastique dans un univers sf avec réussite. Mais…

Richelle Mead est une autrice américaine à l’œuvre très prolifique : Vampire Academy, c’est elle ! Mais également la saga Succubus, ou encore Cygne Noir

Avec sa série L’ère des miracles, l’autrice nous propose une œuvre ambitieuse et originale qui joue avec les légendes, les mythes et autres croyances. Un curieux mélange très efficace. Seul bémol et pas des moindres : la trilogie n’a que deux tomes de parus que ce soit en France ou en langue originale. La raison ? Les ventes pas assez conséquentes de la saga pourtant très bien accueillie par les lecteurs…

Des meurtres rituels comme début de piste

Tout débute avec une série de meurtres liés à des castes religieuses très différentes. Nous suivons Justin March, un enquêteur de génie – dont la psychologie altérée lui fait entendre des voix bizarres – qui a été exilé pour de mystérieuses raisons… mais les crimes qui sévissent sont si atypiques que l’on fait de nouveau appel à lui.

Pour assurer sa protection, une soldate nommée Mae Koskinena est mandatée, ce qui est vécu comme une punition pour la jeune femme.

Ce duo improbable va se glisser dans le microcosme des sectes religieuses, mais cela ne va pas se faire sans heurts. Un univers passionnant s’ouvre à vous…

Un univers dense et fascinant

Richelle Mead a une maîtrise en religion comparée, et ça se voit. Bien que les religions dont elle parle soient créés de toutes pièces, elle s’inspire très fortement des mythes et légendes de notre histoire. Vous le découvrirez au fil des pages… c’est de plus en plus en plus flagrant quand on avance dans l’intrigue.

Et cela jusqu’aux derniers chapitres où une belle révélation vous attend si vous ne connaissez pas sur le bout des doigts la mythologie… (en tout cas, je fus étonnée !).

Pour ce qui est de l’univers créé par l’autrice, il est très intéressant, dense et extrêmement cohérent. On sent que tout a été réfléchi de bout en bout et qu’elle n’a pas tout développé et qu’elle a encore de quoi nous immerger dans ce monde futuriste mais pétri de croyances ancestrales… Un paradoxe intéressant traité avec originalité.

Et le tome deux poursuit dans cette voie…

Le second tome poursuit les enjeux du premier avec une tension qui monte… surtout que certaines révélations nous font revoir notre façon d’appréhender les personnages. Et cela de façon radicale.

Cependant, j’ai abandonné la lecture de La couronne de l’Elue une fois que j’ai appris que cette trilogie n’en serait jamais une… En effet l’éditeur de Richelle Mead aux Etats-Unis a décidé de ne pas donner suite aux deux tomes car les ventes ne sont pas au rendez-vous malgré la qualité de l’œuvre. C’est franchement dommage et même regrettable que les fans de la série qui s’y sont engagés et l’ont appréciés soient abandonnés, surtout qu’il ne manquait qu’un seul volume.

C’est donc contrariée que j’ai décidé de laisser les personnages passionnants de Richelle Mead, de même que son univers… la frustration est grande.

Ainsi, la saga de L’ère des Miracles méritait le détour, ne serait-ce que pour ses thématiques rarement abordées en sf, mais l’arrêt brutal du cycle et rédhibitoire. C’est tellement dommage…

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Actualité éditoriale : A la découverte de la collection Hanté

Dans la famille des romans jeunesse qui font froid dans le dos, je demande la collection Hanté ! Débutée en 2016, cette petite collection de six titres pour le moment (dont le dernier est paru en avril 2021) se propose de faire découvrir des textes français courts et horrifiques aux 11/13 ans. Et ça fonctionne assez bien de mon point de vue.

A peine une centaine de pages, chapitres très courts pour tenir le lecteur en haleine. Des maquettes old-school à la fois graphiques et percutantes, un effet collection qui fonctionne… Casterman réussit à proposer des textes qui saurons plaire aux jeunes lecteurs devenus trop grands pour les Chair de Poule et pas encore assez pour les Stephen King.

La collection Hanté se positionne assez bien dans le paysage éditorial, cela faisait longtemps que je n’avais pas vu de collection de romans horrifique pour cette âge-ci . Souvent, la production éditoriale se borne à la tranche des 9/11 ans. Ici, Hanté s’adresse à des enfants un peu plus âgés qui trouverons leur content de frissons.

A chaque texte, on change d’auteur, de style, de source d’angoisse… leur point commun outre la peur inoculée à ses lecteurs ? Une chute finale terrible qui remet en question tout ou une partie du roman…

Pour vous en parler plus amplement, j’ai eu l’occasion de lire trois des titres de la collection :

La maison sans sommeil – Benoît Malewicz

Une maison fraîchement investie par une famille et des voix effrayantes qui hantent le jeune Paul.

A peine a-t-il emménagé avec ses parents que la maison semble lui parler, le menacer, lui demander de faire des choses étranges…

Le démarrage est rapide, efficace, et la chute n’est pas trop mal…

Des trois que j’ai lus, c’est cependant celui qui m’a le moins plu, mais il est malgré tout efficace.

L’amie du sous-sol – Rolland Auda

Une amitié intense unit Létho et Alma, à tel point que quand la jeune fille commence à être absente en cours le jeune homme va tout faire pour savoir ce qu’il se passe. Quitte à rater lui-même le collège et ses leçons au conservatoire. 

Ce qu’il va découvrir peu à peu après avoir retrouvé Alma va le hanter. Au début, c’est juste de la curiosité pour un trappe. Mais cette curiosité évolue en autre chose… Et pour le coup, la chute est excellente et fait bien froid dans le dos.

Ce roman horrifique est très réussit.

On ne s’attend pas à ce que Létho va découvrir, et surtout, la façon dont sont construits les chapitres ajoutent au sentiment d’angoisse. Impossible d’en dire plus sur la chronologie, mais c’est bien fait.

Le camping de la mort – Thibault Vermot

Une bande de copains décide de se faire un peu frissonner en partant pour quelques jours dans les bois. L’ouvrage est une référence constante au film Stand by me (cité dans l’ouvrage), tiré lui-même d’une nouvelle de Stephen King nommée Le corps que vous pouvez trouver dans le recueil Différentes Saisons (Le livre de poche). Une nouvelle du grand maître de l’horreur qui pour une fois n’a rien à voir avec du fantastique.

En ce qui concerne Le camping de la mort cependant, il y a des éléments étranges et surnaturels qui peu à peu prennent une place conséquentes. Et si vous aimez les anagrammes il se peut que la fin vous saute aux yeux quelques pages avant la conclusion !

C’est mon préféré de la collection pour le moment, et les références à Stand by me n’y sont pas pour rien. Mais outre cela, l’ambiance, l’idée de ces gamins paumés en pleine forêt, la conclusion… Tout fonctionne à la perfection !

Gros coup de cœur donc pour Le camping de la mort, parfait pour les 11/13 ans.

Chronique : Mindjack – Tome 1 – Esprits libres

Une saga de romans young-adult qui mêle habillement fantastique et futurisme !

Susan Kaye Quinn est une autrice américaine très prolifique. En France, elle est publiée aux éditions MxM Bookmark. Sa série Mindjack est une trilogie, dont les deux premiers tomes sont d’ores et déjà parus chez MxM. La petite particularité de cet éditeur est qu’il s’agit d’ouvrages en impression à la demande. En général, vous devrez les commander en librairie, ils sont ensuite expressément imprimés pour vous chez le fournisseur et arrivent chez votre libraire préféré ! C’est encore une chaine particulière rarement utilisée, mais l’idée se développe chez plusieurs éditeurs (notamment pour des livres épuisés).

Dans un futur où plus personne ne peut garder ses secrets

Dans un avenir glaçant, l’humanité a évolué. Quand on atteint la puberté, on développe des capacités mentales devenues la norme : on entend les pensées de tout le monde et tout le monde entend les nôtre. Sauf les ratés, nommés les Zéros. Eux n’ont pas « évolué », ils ne trouveront jamais de travail gratifiant (ils sont réservés à tous les autres) et resterons à tout jamais des inadaptés. C’est le cas de l’héroïne de Mindjack : Kira. Elle a beau souhaiter de tout son cœur développer les fameuses capacités mentales qui lui permettraient de s’intégrer, rien ne vient. Et pour Kira, c’est de pire en pire : stress, tension, mise à l’écart… elle craint le pire pour son avenir, qui semble fichu avant même d’avoir commencé…

Jusqu’à ce qu’elle découvre que ses capacités mentales commencent finalement à se développer – enfin ! – mais qu’elles ne sont pas exactement comme celles des autres… C’est le début d’une terrible course poursuite pour la jeune fille qui va devoir quitter sa maison et sa famille pour survivre… Elle n’est pas une Zéro, mais une Mindjack. Elle peut « hacker » l’esprit des gens et les manipuler…

Une dystopie plaisante qui sait malmener ses personnages

Si vous avez envie d’une histoire où l’héroïne traverse de nombreuses épreuves, vous êtes au bon endroit. Bien qu’assez classique dans son déroulement, Esprits Libres est un bon roman YA car il contient de nombreuses bonnes idées.

Pour ceux et celles qui ont aimé la saga Divergente, cela peut être une lecture plaisante. On y trouve un mélange de science-fiction, d’anticipation sociale et de thriller qui fonctionne très bien.

Et puis… vous aurez quelques surprises quant au déroulement de l’histoire, la jeune Kira va devoir se battre contre tout le système érigé depuis des décennies autour de la télépathie. Et une personne seule paraît bien faible face à une mécanique aussi écrasante… Mais les pouvoirs hors du commun de Kira pourront être le grain de sable qui changera les choses. Peut-être.

En somme, le premier tome de la saga Mindjack nous permet de passer un bon moment de lecture. Tous les ingrédients sont là pour que ça fonctionne !