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Chronique bd : Elinor Jones – Tome 2 – Le bal de printemps

elinor jones 02Une série toujours aussi addictive

Aujourd’hui sort le second tome d’Elinor Jones, le bal de printemps. Les intrigues commencées dans le bal d’hiver continuent, d’autres prennent naissances et beaucoup de questions s’accumulent et restent sans réponses…

De retour dans la maison Tiffany

Le bal de printemps organisé par la prestigieuse maison de couture approche à grands pas et les difficultés s’amoncellent avec autant de rapidité : manque de couturières, travail en plus, modifications majeures de dernière minute sur la collection… d’autant plus que la thématique du bal n’est pas des plus simple, car il s’agit de la mythologie grecque, il faut donc transformer toutes les clientes en véritables déesses et porter un soin tout particulier à chaque détail.

Parallèlement à toute cette agitation, les machinations internes entre couturières continuent, ou plutôt, Bianca continue à rendre la vie impossible à ses petites mains si dévouées en dévalorisant leur travail et en leur faisant payer toute remarque. D’un point de vue interne, les Tiffany sont donc au plus mal, d’autant plus qu’Abel (le frère de Bianca) en a assez de vivre à travers l’entreprise et souhaite s’en aller vers d’autres horizons, loin des tissus et des broderies, chose rendue impossible par les caprices de Bianca.

Et de plus sombres secrets encore pèsent sur la famille qui devrait pourtant vivre dans le bonheur…

De drames en mésaventures, Elinor survit

Dans l’ambiance électrique et oppressante de ce second tome, les nerfs de notre chère Elinor sont mis à rude épreuve… mais elle tient tant bien que mal le coup. Toujours aussi altruiste et désireuse de bien faire, Elinor néglige sa santé et va jusqu’à faire des nuits blanches pour le succès de la collection…

elinor jones 02 insideUne intrigue toujours aussi bien ficelée

Vous l’aurez compris l’univers d’Elinor Jones n’a pas fini de faire parler de lui. Ce tome deux est excellent et même meilleur que le précédent et ce pour plusieurs raisons ; son ambiance et sa tension montent encore crescendo pour atteindre un final insoutenable. De nouveaux éléments font leur apparition, ajoutant aux spéculations et aux théories déjà nombreuses pour le lecteur.

Les superlatifs manquent pour dire tout le bien possible de cet album, les personnages déjà très bien travaillés dans le premier volume gagnent encore en profondeur, en réalisme. On ne peux que s’attacher au bel et jeune Abel, mais aussi au personnage discret mais imposant de monsieur Heng, le jardinier de la maison ainsi qu’à toutes ces couturières qui s’investissent corps et âme dans leur travail.

Les dessins d’Aurore sont encore une fois sublimes, les détails, les couleurs, mais aussi les expressions des personnages sont magnifiquement retranscrites. Un vrai délice pour les yeux.

Ce second tome est tout simplement un petit bijou de tension et de douceurs mêlées, une gourmandise dont il serait dommage de se priver.

Sur le lien ci-dessous, vous pouvez feuilleter et lire les premières planches du tome 2.

Elinor Jones, T2 : Le bal de printemps de Aurore et Algésiras, éditions Soleil

 

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Chronique bd : Elinor Jones – Tome 1 – Le Bal d’hiver

elinor jones 01Quand intrigues et haute-couture se rencontrent pour donner une bd sublime…

Le bal d’hiver est le premier tome de la série Elinor Jones qui comptera trois volumes au total. La série est parue en janvier dernier dans la collection baroque des éditions Soleil : Blackberry. Attention, gros coup de coeur.

Dans la plus prestigieuse entreprise de couture d’Angleterre

Elinor Jones est une jeune fille qui débarque tout juste dans la société familiale de haute-couture Tiffany, une des plus courue d’Angleterre dans les hautes sphères de la bonne société. Si Elinor a réussi à être employée chez Tiffany c’est grâce à son don hors du commun pour la couture, car seules les meilleures réussissent à y être prises, mais moins nombreuses encore sont celles qui y restent…

Bianca est la responsables des créations de la maison Tiffany, c’est la cadette de la famille mais malgré son très jeune âge, son talent pour la couture et les créations est incroyable et ses travaux sont très prisés. La mère de Bianca, Madama Tiffany, voyage souvent et s’occupe de l’achat de tissus et de nouvelles matières pour confectionner les plus beaux habits de la haute bourgeoisie, c’est elle qui a le dernier mot sur les créations de Bianca. Enfin Abel, le grand frère de Bianca s’occupe des finances de l’entreprise.

Soupçons, mesquineries… le plus dur sera demeurer dans la prestigieuse maison sans y laisser son âme.

Comme le disais Abel « Bianca ira très loin, Miss Jones, et à ce moment là, nous verrons qui a eu assez de force et de volonté pour la suivre…« . Le travail chez les Tiffany est très dur, il y a beaucoup de commandes et peu de temps pour les accomplir, tout doit donc être parfait dans les moindres délais.

Mais en plus du travail éreintant de petite main voué à Elinor, les mesquineries, cachotteries et autres intrigues internes rendent l’atmosphère de plus en plus pesante… Apparemment tout le monde n’est pas ravi de voir la jeune et discrète jeune fille travailler aussi bien et avec autant d’assiduité…

elinor jones biancaUne atmosphère feutrée et baroque qui ne peux qu’enchanter

Le monde d’Elinor Jones est plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. Sous couvert de conter une histoire qui parle broderies et tissus, toute une histoire de famille aux côtés sombres est dévoilée. Les personnages sont très bien exploités, et dévoilent au fil de l’ouvrage de réels traits de caractères qui les rendent sinon mémorable, du moins charismatiques. Certaines craqueront très certainement pour le jeune et mystérieux Abel, qui est loin d’avoir dévoilé tout ses talents…

Enfin, le dessin, qui est l’âme de cette bd, est tout en finesse et subtilité avec des traits empruntés au monde du manga et de la bd française. La colorisation des planches est elle aussi sublime, on nage en plein bonheur à chaque page. Un plaisir pour les yeux et pour l’âme qui se régale d’une histoire captivante et originale.

J’espère vous avoir convaincu de lire Elinor Jones, vous n’y resterez pas indifférent, surtout les jeunes filles qui en sont évidemment le lectorat majeur. La suite sort demain, et se prénomme Bal de Printemps.

Enfin pour les curieux(ses), voici les premières planches de la bd à lire en ligne ! : Elinor Jones, T1 : Le bal d’hiver de Aurore, Algésiras, éditions Soleil

Chronique Jeunesse : Les illuminations d’Albert Einstein

Les illuminations d'Albert EinsteinVoici un petit nouveau aux éditions Petits Platons ; après être passé par la philosophie avec Kant et Socrate, nous partons à la découverte de la science avec Albert Einstein. L’auteur, Frédéric Morlot, a fait ses études à l’école Polytechnique, quand à l’illustratrice, Anne-Margot Ramstein, elle a fait les Arts Décoratifs de Strasbourg.

Une initiation aux principes fondamentaux mis en scène de façon originale

Tout commence à la foire de Munich où Albert Einstein et sa soeur Maja ont pour mission d’illuminer à 10h00 pile la baraque Schottenhamel ; un immense chalet en bois de plus de trois cent mille kilomètres de long. Mais Albert et Maja se sont confrontés à un problème de taille… les ampoules ne s’éclairent pas toutes à 10h00 pile, celles du fond ne s’allument qu’à 10h00 et une seconde, ce qui est intolérable pour le propriétaire qui leur demande de recommencer à 11h00. Albert et Maja vont donc tenter de comprendre par le biais d’expériences concrètes le pourquoi du comment.

La physique pour les plus jeunes

La collection des Petits Platon s’adresse en général aux enfants dès l’âge de 9 ans, mais pour ce titre il vaut mieux attendre 11-12 ans. Le principe de la vitesse constante de la lumière ou encore la célèbre formule e = mc2 qui explique la relation entre énergie et masse sont difficiles à appréhender avant cet âge. Mais la mise en scène des expériences est bien pensée et assez simple.
Quand à l’illustration de l’ouvrage, elle est superbe, épurée et fine, un vrai plaisir des yeux.

La collection des Petits Platon confirme donc son statut de maison d’édition de qualité et nous signe ici un très bel ouvrage à mettre entre toutes les mains dès douze ans, pour s’initier aux principes qui ont fait la physique d’aujourd’hui et pour les plus grands afin de se replonger avec fascination dans le monde des sciences.

Chronique : Rose et la maison du magicien – Tome 1

rose tome 1Un magnifique livre jeunesse à la croisée des genres entre « Une Petite princesse » de Burnett et « le voleur de Magie »

Rose et la maison du magicien est le premier tome d’une série qui en comptera quatre au total. La courte saga a débuté en 2009 en Angleterre et débarque tout juste en France aux éditions Flammarion.

Dans un orphelinat triste et gris

Rose est une jeune fille comme les autres dans l’orphelinat de St Bridget elle fait les corvées, suis les cours dispensés aux jeunes filles…elle est normale, à un petit détail près : elle sait faire apparaître des images sur les objets brillants. Elle ne sais pas pourquoi ni comment, mais elle le fait. Rose ne sait pas si avoir ce pouvoir est une bonne ou mauvaise chose et dans le doute, préfère le cacher à tous, sauf à sa meilleure amie Maisy, pour qui elle créé des images inventées de ses parents disparus.

Mais un jour, la vie grise et morose de Rose à St Bridget va prendre fin : une petite dame vient un jour et choisi la jeune fille parmi d’autres pensionnaires pour être seconde femme de chambre dans la maison d’un des plus grands magiciens et alchimistes du pays.

Une ambiance romanesque délicieuse…

L’atmosphère du livre fait beaucoup penser aux romans historiques qui se déroulent en Angleterre durant la période du 19ème et du début du 20ème siècle, on pense beaucoup à un roman en particulier celui de Frances Hodgson Burnett : Une petite princesse. Car on y retrouve le même dénuement, simplicité, et persévérance chez les deux héroïnes.

Un des points fort du livre ; l’ambiance feutrée, discrète et parfois acide de l’univers des servantes et femmes de chambre est retranscrite avec beaucoup de réalisme : ragots et rumeurs sur les maîtres de maison, intrigues et jalousies entre servantes… on s’immerge avec délice. Rose et la maison du magicien parcours différents genres littéraires, roman historique, fantastique et policier s’entremêlent pour donner une intrigue simple mais complètement adapté

…avec une magie de plus en plus présente au fils des pages

La magie est quasiment inexistante au tout début de l’histoire, mais au fur et mesure du roman, on apprend par-ci par-là ce qu’est l’alchimie, que fait exactement le maître de Rose, Mr Fountain, pourquoi la magie coûte aussi cher…etc. Il faut souligner une chose appréciable dans ce roman : le côté fantastique est bien dosé et il n’est pas trop imposant au point d’effacer l’histoire elle-même. Espérons que ça soit toujours le cas dans le second tome de la série.

Holly Webb signe donc ici un premier roman très prometteur pour la suite : personnages attachants, narration prenante, c’est un coup de coeur à lire dès l’âge de neuf ans.
Sortie du second tome en novembre, qui s’intitulera « Rose et la princesse perdue ».

9/10

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Chronique : La planète interdite

la planete interditeUne ode à la nature dans le plus pur style planet-opera

Laure-Marie Lapouge est journaliste et écrivain, son premier livre paru fin 2010 est un roman historique pour adulte : Moi, Ghisla, sœur de Charlemagne.
La Planète Interdite, qui vient de paraître en mars aux éditions Albin Michel Wiz est son premier roman jeunesse et SF, son titre n’est pas sans rappeler celui de l’ancien film de science-fiction qui raconte lui aussi l’histoire d’une planète hostile aux visiteurs, un joli clin d’œil.

A la conquête de l’univers

L’humanité a colonisé toutes les planètes possibles de tout les systèmes solaires, toutes sauf une : Bérénice. Une planète qui regorge de richesses que l’homme n’attend que d’exploiter, creuser, fouiller, sonder… sauf que Bérénice a été classée comme étant interdite d’accès par des explorateurs il y a plusieurs centaine d’années… pourquoi ? C’est ce que va tenter de découvrir le scientifique Justin Mac Lir.

Parallèlement, Bérénice est une planète bel et bien habitée, par des humains qui plus est, mais ils ignorent tout de la station spatiale qui flotte au-dessus de leur tête et du possible danger qu’elle représente pour eux et leur terre.

Le choc de deux univers hétérogènes

Le monde de Mac Lir reprend tout les codes de la science-fiction traditionnelle : hautes-technologies, voyages interstellaires, conquête de galaxies lointaines, opérations visant à prolonger sa durée de vie…
L’univers de Bérénice et de ses habitants en revanche, est tout le contraire : on se retrouve dans un monde typé fantasy : des territoires découpés en royaumes, des êtres humains normaux en majorité et d’autres aux pouvoirs hors du commun, un monde peuplé de créatures étranges…

La rencontre de ces deux univers disparates ne va pas se faire sans heurts…

Un monde trop foisonnant

Les personnages de Bérénice sont nombreux, presque trop, on aurait apprécié un résumé de ces derniers avec leur noms et leur affiliation à la fin du livre pour savoir qui est qui. Car entre Findchoen, Rahel, Glanis Dilshad et bien d’autres encore, il est difficile pour le lecteur de s’y repérer sans s’emmêler rapidement les pinceaux.
Mais cette faiblesse aurait tout aussi pu devenir une force quand on mesure l’ampleur de l’univers que l’auteure a créé.

Un récit plein d’enseignements

Cette mystérieuse planète où tous les explorateurs qui y ont posé le pied disparaissent sait se rendre intéressante sinon captivante. A l’image du roman Les yeux d’opale qui lui aussi avait pour sujet la confrontation de deux univers dissemblables, la planète interdite a des accents écologistes où il est question de respect envers la nature et ce qu’elle peut nous offrir. On y retrouve l’élément clé de tout planet-opéra : la planète interdite est un personnage a part entière… vous verrez dans quelle mesure.

En somme, la planète interdite est un roman sympathique qui sans être marquant fera passer un bon moment, son intérêt réside surtout dans le côté « initiation » à la science-fiction pour de jeunes lecteurs dès l’âge de 12 ans. Cet article a été rédigé pour le site ActuSF

 

Chronique album jeunesse : La mare aux têtards

la mare aux tetardsLa mare aux têtards, c’est avant-tout le projet d’un monsieur prénommé Guillaume Delaunay. Son idée est simple, raconter un lieu fascinant de vie, de fourmillements : l’étang.

Le livre, paru aux éditions Autrement en mars 2010, est l’expression sur papier d’une oeuvre qui est avant tout audiovisuelle. En effet, Guillaume Delaunay a réalisé un premier court-métrage (dit pilote) pour inciter de possibles financeurs à créer une série à partir de ce début d’oeuvre d’animation. Espéront pour ses auteurs que l’oeuvre sera un jour exploitée en série animée pour la jeunesse, car le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on a affaire à un petit bijou d’animation et de graphisme.

L’histoire de l’album est celle de Gobi : un petit triton tout rouge et tout mignon que l’on meurt d’envie d’adopter. Gobi ne demande rien à personne, tout ce qu’il souhaite c’est « se  dorer la nageoire sur son nénuphar« … sauf que tout les animaux et insectes de l’étang vont l’en empêcher, volontairement ou non…

L’humour de cet album est délicieux, le graphisme fin et sublime, d’une douceur et d’une naïveté touchantes, Gobi le triton ne pourra que vous séduire. A lire aux bouts de chou dès 4 ans, c’est un coup de coeur.

A l’intérieur du livre se trouve un dvd sur lequel vous pouvez voir le pilote des aventures de Gobi, vous pouvez aussi visionner le court-métrage ici.

Chronique album jeunesse : Chœur de grenouilles

Choeur de grenouillesPublié aux éditions Mijade, choeur de grenouilles est un album pour la jeunesse qui séduira petits et grands. Il est écrit par Luc Foccroulle et Annick Masson, déjà réunis pour un précédent ouvrage chez Mijade : Le secret du potager.

L’histoire se déroule dans un étang, où toute une colonie de grenouilles s’épanouit au rythme de la rivière. Parmi elles se trouve Berta, une jeune et grande grenouille qui souhaite faire partie de la chorale pour que ses parents soient fiers d’elle. Sa meilleure amie Lucie souhaite également faire partie de la chorale mais pour d’autres raisons : le chant, c’est sa toute sa vie.

Mais malheureusement, les deux amies ne font pas l’affaire du maître de chorale qui les envoie promener : l’une chante comme une casserole et la seconde est bien trop petite pour intégrer le groupe. Mais les deux coquines de grenouilles ont de la ressource et vont tout faire pour accomplir leur rêve : chanter dans la chorale.

Choeur de grenouilles est un très bel album pour la jeunesse, de 4 ans jusqu’à 6 ans. On y parle d’amitié, de persévérance, de passion… tout ça avec des grenouilles, ça change des poussins et des ours ! Les dessins à l’aquarelle sont charmants, les mimiques des batraciens ravissantes. On appréciera aussi les quelques clin d’oeils fait à la musique avec par exemple une reprise de « J’ai du bon tabac dans ma tabatière » version grenouille.

Vous l’aurez compris, ce livre jeunesse mérite le détour autant pour sa fraîcheur que son humour.

Chronique : Nightshade – Tome 1 – Lune de sang

nightshade tome 1  Et si tout ce que vous connaissiez devait être remis en question ?

Premier roman de l’auteur américaine Andréa Cremer, Nightshade est une nouvelle série fantastique (et dystopique) qui a toutes les chances de fonctionner auprès des adolescentes fans de bit-lit. On pourrait le comparer un peu trop aisément à Twilight car on y trouve beaucoup de similitudes : histoire d’amour impossible, monde des humains et du paranormal ne devant se mélanger sous aucun prétexte, ambiance tournant autour du monde du lycée…etc. Mais Nightshade est plus creusé, en particulier sur la dynamique entre les personnages et leurs attributs.

Une adolescente comme les autres…ou presque.

Aux yeux de tous, Calla semble être une jeune fille des plus normale, très jolie, mais rien d’extraordinaire mais elle a une petite particularité : elle peut se transformer en louve, et c’est l’Alpha (la femelle dominante) de sa meute. Et surtout, elle est promise à l’Alpha d’une autre meute.
Mais, vous vous en doutez, ça ne peux pas être aussi simple : Calla va faire la rencontre inopinée d’un jeune humain prénommé Shay qui va découvrir son secret…et troubler Calla bien plus qu’il ne faudrait, surtout qu’elle est déjà promise à un autre.

La remise en question d’un formatage créé depuis la naissance

Il faut avouer que l’histoire en elle-même n’a rien de spécialement original, mais la façon dont elle est traitée est intéressante.
Calla vit donc en tant qu’humaine, mais avec les systèmes instaurés par le mode de vie des loups. Elle vit avec sa « meute » (sa famille) et est promise au mâle le plus fort d’un autre groupe de loups, Ren, pour préserver la lignée pure et forte. Elle n’a donc aucun choix, pas de libre arbitre.
C’est en ça que son personnage est intéressant, petit à petit Calla va se poser des questions sur sa nature, son but dans la vie, la pression faite sur cette union, ses désirs, etc… et bien qu’un peu trop fleur bleue par bien des côtés, on se laisse prendre par l’histoire, qui ne tourne pas uniquement autour de ce triangle amoureux.

Un univers régi par une foule de règles injustes

Les règles sont édictées par les Gardiens, ce sont eux qui décident des unions, des lignées à créer et de bien d’autres choses encore. Ils sont supérieurs en tous points aux hommes-loups, dont ils sont les maîtres : ce sont eux qui leur offrent protection, mais aussi le confort d’une belle maison, d’une éducation élitiste en échange de quelques « menus » services.
Certains Gardiens profitent d’ailleurs un peu trop de leur statut d’intouchable, ce que Calla commence d’ailleurs à remettre en question trop ouvertement…

En somme, Nightshade est un roman agréable, mais pas marquant. Il plaira aux lectrices aimant les histoires d’amour impossibles sur fond de fantastique. Sa force réside surtout dans le système des castes créées et tous les engrenages « politiques » et sociaux qu’elles impliquent. Je suis tout de même curieuse de lire la suite qui sortira certainement en fin d’année, le titre de ce second opus : Wolfsbane.

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Chronique : Tokyo ne dort jamais

tokyo ne dort jamaisUn court roman incisif, percutant, vivant

Après la nuit des Yakuzas chez Flammarion, Anne Calmels poursuit les aventures de Toshi dans la mafia nippone avec le titre Tokyo ne dort jamais. Ce second opus est lui aussi publié chez Flammarion, dans la collection Tribal, destinée à des lecteurs de 13 ans et plus, mais il n’est en aucun cas nécessaire d’avoir lu le premier pour apprécier le texte.

Dans un Japon vif et étouffant

Toshi vient de s’enrôler dans la mafia Japonaise sur les traces de son père chef de gang, mais il doit encore faire ses preuves au sein de l’organisation pour être considéré comme un vrai Yakuza.
Tout commence par une réunion entre gangs, un regard échangé avec une serveuse, un incident, la honte de Toshi face à son inaction…

Le lecteur se retrouve mêlé à de sombres histoires d’immigrés clandestins, de guerres entre gangs japonais (Yakuzas) et chinois (Snakehead), d’intrigues, le tout à un rythme effréné.

Dans ce roman qui démarre au quart de tour dans une ambiance électrique, le lecteur ne peux qu’être immergé dans l’univers japonais, magnifiquement retranscrit par Anne Calmels. L’utilisation des termes du pays : onigiri, tsuka, combini, mama-san...  apporte un vrai plus au roman, on s’y croit.
L’auteure m’a fait retrouver la nostalgie de ce pays où je suis déjà allée. Sa façon de conter les modes de vies, les attitudes de cette population si fascinante, ses croyances : le voyage est plaisant, immersif.

Mais qui est vraiment Toshi ?

L’évolution de la façon d’être de Toshi se remarque de plus en plus au fil des pages, elle est d’ailleurs d’autant plus frappante quand on a lu la nuit des Yakuzas : de victime, il passe à commanditaire.
Plus qu’un simple roman d’aventures et de fricotages bien ficellé et mis en scène comme un petit thriller, Tokyo ne dort jamais est un roman tourné vers la personnalité, l’introspection, le côté bon et la face obscure que chacun cache en soi. Car Toshi ne sait plus vraiment où il en est, il ne se reconnait plus. Est-il un méchant type rempli de bonnes intentions ou est-il un criminel en puissance ?
Ces réflexions en amenant d’autres au lecteur lui-même : qu’est-ce que la définition du mal ? où s’arrête la légitime défense, où commence le crime ?
Tout ces questionnements rendent le roman angoissant, éprouvent le lecteur avide de réponses.

Tokyo ne dort jamais est un bon roman pour découvrir les ruelles sombres de la capitale Nippone que l’on voit d’un autre oeil… qui sait si derrière un petit restaurant de ramen ne se cache pas le quartier général d’une grandes organisation mafieuse…

Ce second tome vous fera donc passer un très agréable moment et vous donnera peut-être envie retourner au pays du soleil levant par le biais d’autres livres ?

Chronique : C’était demain

C'était demainA la poursuite de Jack l’éventreur…en 1979…à San Francisco.

Publié pour la première fois en France en 1981 aux éditions Seghers dans la collection Les fenêtres de la nuit, C’était demain fut adapté à la même période sur grand écran par Nicholas Meyer et il est possible que le lecteur connaisse mieux le long métrage de 1979 que le livre dont il fut inspiré.
Les éditions Mnémos rééditent aujourd’hui ce titre de Karl Alexander situé à la frontière des genres : mélange de polar et de steampunk, C’était demain est un roman aussi plaisant qu’inattendu.

Tout commence avec H.G. Wells…

Le héros de ce roman n’est autre que le célèbre auteur de science-fiction H.G. Wells, connu pour ses titres qui comptent parmi les précurseurs de la littérature fantastique et de science-fiction : La Machine à voyager dans le temps, La Guerre des mondes, ou encore L’Île du Docteur Moreau.

Le roman débute en Angleterre avec une scène glauque et effroyable : l’un des meurtres de Jack l’éventreur en direct, rien n’étant épargné au lecteur.
Au même moment dans la ville de Londres, à quelques pâtés de maison de là, Mr Wells a décidé de montrer le résultat d’années de recherches et de travaux à un cercle de vieux amis : la machine à explorer le temps. Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu, et Mr Wells se retrouve malgré lui à San Francisco en 1979, à poursuivre le tueur qui terrorise le Londres de son époque.

Un anachronisme vivant à notre époque

Comment se fait-il que la machine passe de Londres à San Francisco ? L’explication (assez technique) nous est donnée par le biais des pensées d’un Wells tout aussi surpris que nous. La première partie du roman est donc celle de l’initiation. Les deux ennemis vont devoir apprendre et s’adapter très vite à ce nouveau monde qui est le nôtre.
L’humour est omniprésent dans le début du roman. H.G. Wells découvre de nouvelles technologies. Tout l’émerveille, l’éblouit. Le lecteur passe un très bon moment en découvrant le monde à travers les yeux d’un homme du XIXe/début du XXe siècle. Les situations sont ainsi parfois très cocasses et ce petit soupçon d’humour que l’on retrouve à travers tout le livre est très plaisant.

L’exploitation des personnages et peut-être, par contre, légèrement trop stéréotypée. Wells est le gentil « type », qui ne veut de mal à personne, qui croit en la bonté de l’âme humaine au plus au haut point. Sa bonne humeur et sa naïveté sont d’ailleurs parfois incroyables. Mais il est très attachant, et on ne peut s’empêcher de désirer la réussite de la mission qu’il s’est imposée : ramener Jack l’éventreur à Londres, en 1893, et le remettre à la justice. On peut d’ailleurs s’amuser du contraste avec le personnage réel, quand on sait que Wells, dans son dernier ouvrage (L’Esprit au bout du rouleau) montrait un certain cynisme en évoquant l’idée que remplacer l’espèce humaine par une autre forme de vie ne serait pas une si mauvaise idée.
Jack l’éventreur lui, est aussi légèrement stéréotypé, trop exploité d’un côté « maléfique ». Dans les scènes en aparté avec le meurtrier, il est question de Satan qui guide ses pas et de dialogue avec l’entité maléfique qui l’aide à accomplir sa destinée : semer le chaos et la désolation.
Ce contraste trop marqué entre les protagonistes rend l’histoire un peu trop légère, prévisible : un des rares points négatifs.

Une escalade vers l’affrontement ultime

Comme on peut s’en douter, le jeu du chat et de la souris que mènent Wells et L’éventreur se termine en affrontement ultime : celui du Bien contre le Mal. Tous les éléments techniques concernant la machine (donnés au début du roman) sont en fait des pièces à ajouter au puzzle du dénouement final. Prévisible, ce dernier laisse un léger regret au lecteur : celui de deviner sans mal la fin.
Ainsi, C’était demain peut être considéré comme un ouvrage de référence non pas pour son scénario, mais pour son caractère uchronique original et son personnage principal complètement utopiste et attachant.

Ce roman est une lecture plaisante, enrichissante, à avoir absolument dans sa bibliothèque. Fan ou pas du genre, c’est à lire sans limite d’âge ou de goût ! Chronique réalisée pour le site ActuSF

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