Archives de l’auteur : Laura

Chronique : Le passage de la nuit

le passage de la nuitUne magnifique incursion dans la littérature japonaise et dans l’imaginaire de Murakami

Haruki Murakami est l’un des écrivains japonais les plus lus dans son pays, mais aussi à travers le monde. Son œuvre, toujours teintée d’imaginaire, plonge souvent le lecteur aux frontières des genres où réalité et surréalisme se tutoient.

Murakami n’écrit pas seulement des romans, il les traduits : il a ainsi fait la traduction en japonais d’œuvre de John Irving ou encore Scott Fitzgerald. Le passage de la nuit est son onzième roman, écrit juste avant 1Q84, qui sortira à la fin du mois d’août prochain aux éditions Belfond.

Ebauches de vies croisées dans un tokyo nocturne

Minuit : tout commence dans un petit café-restaurant, à une table se trouve une jeune femme. Elle n’a rien de particulier, et pourtant le regard du narrateur omniscient du roman se fixe sur elle. Elle lit un gros livre, et rien d’autre autour d’elle ne semble la perturber : elle s’appelle Mari.

Un presque inconnu l’aborde, une connaissance de sa sœur, Eri. Et ça commence comme ça : des fils ténus se tissent entre les personnages, des liens que l’on croyait inexistants apparaissent rendant l’œuvre d’autant plus profonde, avec parfois un brin de moquerie et de cynisme quand au destin des personnages. Très peu d’êtres se croisent, mais ils sont d’une profondeur telle que l’on se plonge vite et à corps perdu dans cette histoire d’une nuit dans la capitale nippone.

Il y a donc Mari, la jeune fille du café, Takahashi, le jeune homme qui connaît la sœur de Mari : Eri (qui en étant le personnage le plus inactif est aussi le plus intéressant à mon sens). Il y a aussi Koorogi, la gérante un peu rustre d’un love-hotel comme il y en a des milliers à travers le pays. Et un dernier, que l’on découvre un peu plus tard.

Une caméra omnisciente pour narrateur

Chose étonnante dans cette œuvre ; son mode de narration pour le moins inhabituel. Le fait que le narrateur soit omniscient n’a rien de nouveau, mais le fait d’utiliser le vocabulaire du cinéma et des arts visuels pour expliquer les déplacements du narrateur : si. Tout au long du roman nous sommes une caméra qui fait ses zooms, change d’angle de vue…etc. et chose parfois frustrante, cette façon de voir impose de ne pas interférer sur le monde que l’on observe : c’est la règle d’or. Et cette obligation peut devenir frustrante pour le narrateur lui-même.

Cette façon de s’exprimer, qui peu sembler froide et distante au premier abord est en fait très humaine. Car la caméra s’attache peu à peu à ceux qu’elle observe, tout comme le lecteur.

Quand l’étrange s’en mêle

Bien entendu, le roman ne serait pas un vrai Murakami sans son soupçon de fantastique. Ce roman ne fait donc pas exception en insérant de petites touches d’extraordinaire et d’étrange dans des vies tout à fait normales mais sans jamais dénaturer l’histoire. Bien au contraire, le fantastique n’étant qu’une métaphore pour exprimer le ressenti de certains des personnages.

En ce qui concerne la fin du roman, elle pourra sembler étrange à certains, mais personnellement, je la trouve adéquate et plutôt réussie.

Vous l’aurez aisément deviné, j’ai adoré cette incursion dans le monde fantasque et onirique de Murakami qui pour moi fut une première. Pour ceux qui ne s’y sont pas encore essayé, c’est l’occasion, d’autant plus que le passage de la nuit est un court roman qui prend vite de l’ampleur, tant au niveau de l’évolution de ses personnages que de son intrigue. Prochaine chronique concernant Murakami : Les amants du Spoutnik.

 9/10

Chronique : La cité de l’ombre – Tome 4 – Le diamant des ténèbres

la cité de l'ombre 04 - le diamant des ténèbresRemember, the city of Ember…

Quatrième et dernier tome de la série de Jeanne DuPrau paru en juin dernier aux éditions Folio Junior, le Diamant des ténèbres nous emmène à nouveau sur les traces de Doon et Lisa, quelques mois après le peuple d’en haut. Cette fois encore, les deux jeunes gens partent en quête de réponses sur leur monde, son passé et surtout son devenir.

Un manuscrit étrange

Tout commence avec une itinérante de passage dans la ville de Sparks : miséreuse et sans presque rien à échanger, son étal est triste à voir, elle possède si peu de choses qu’elle se voit obligée d’écourter la vente. Mais Doon aperçois un livre dans la carriole de l’itinérante et demande quel est son prix, cette dernière le lui cède pour bien peu au vu de sa valeur. Le titre de ce mystérieux livre : Pour les habitants d’Ember. Doon va alors tout faire pour déchiffrer le livre, ou plutôt ce qu’il en reste, c’est-à-dire moins d’une dizaine de pages.

De retour dans la ville souterraine

Il devient clair que le livre découvert par Doon oblige à retourner dans l’ancienne citée, mais comment y retourner sans alerter les adultes ? Doon fait part à Lisa de sa découverte et la convainc de l’accompagner à Ember, pour le meilleur et pour le pire. Mais évidemment, la quête ne va pas se dérouler sans anicroches et Ember a bien changé en quelques semaines sans lumières…

Une intrigue un peu trop redondante ?

Comparé aux tomes précédents, Le diamant des ténèbres possède une intrigue moins intéressante. On retrouve les mêmes mécanismes qui avaient fonctionnés avec la Cité de l’ombre sans quasiment aucune nouveauté, c’est dommage. Bien sûr il y a de nouveaux personnages qui apportent un petit plus à l’intrigue, mais rien de franchement nouveau ne survient dans l’histoire en général. On a même parfois affaire à des passages un peu longs qui cassent le rythme du livre.

Autre petit point noir dans ce roman, le ton un peu trop positiviste et plein de bons sentiments poussés parfois jusqu’à l’extrême pour certains personnages.

Mais ce dernier tome ne nous laisse tout de même pas en reste au niveau des révélations, car on saura enfin ce qu’a découvert Monsieur McCoy, un personnage du troisième livre, l’oracle de Yonwood, ou encore quel est ce mystérieux diamant des ténèbres, et enfin quelle est donc cette ville magnifique que voit Lisa en rêve depuis des années… et quelques autres choses encore.

Ce dernier tome est donc assez inégal, il est à lire pour avoir le fin mot de l’histoire, et non pas pour son intrigue qui est assez légère.

En conclusion, la quadrilogie post-apocalyptique de Jeanne DuPrau vaut le détour, c’est un énorme coup de cœur, en ce qui concerne les trois premiers tomes, complètement immersifs. Il n’y a plus qu’à espérer que d’autres ouvrages de l’auteure verront le jour en France, c’est tout le mal que l’on lui souhaite !

Chronique Jeunesse : La cité de l’ombre – Tome 3 – L’oracle de Yonwood

la cité de l'ombre 03 - L'oracle de YonwoodRetour vers le passé

Après la Cité de l’ombre et Le peuple d’en haut, la série de Jeanne DuPrau continue avec l’oracle de Yonwood, troisième tome de la série. Mais cette fois ci, ce n’est pas Doon et Lisa (les héros précédents) que nous croiseront car l’auteur nous emmène des centaines d’années précédant les deux tomes et avant le « Grand Bouleversement ».

Dans la petite bourgade tranquille de Yonwood…

Yonwood est une petite ville des Etats-Unis sans prétention aucune. Elle possède son église, son école, son quartier pavillonnaire… et son oracle. En effet, depuis quelques mois déjà, une femme a des visions de fin du monde. Beaucoup des habitants de Yonwood croient que ce qu’elle voit est l’avenir et suivent à la lettre les « instructions » de l’oracle pour éviter que ses visions d’apocalypse ne deviennent réalité.

Et pour cause, le climat du monde actuel est tout sauf rassurant : on parle d’une possible guerre contre la Phallange, un mystérieux réseau de groupes faisant pression sur les gouvernements du monde entier…

De plus en plus d’avions de combats sillonnent le ciel en prévision d’un affrontement, le climat est à la méfiance ; même les connaissances les plus proches suscitent le doute.

C’est dans ce climat de tension que débarque la jeune Nickie dont la tante va vendre la maison familiale située à Yonwood suite au décès de sa grand-mère. Mais la jeune fille ne l’entend pas de cette oreille ; elle veut tout tenter pour faire changer d’avis sa mère et sa tante pour ne pas vendre la maison de famille, et pourquoi pas, y vivre.

Un huis clos à la dimension d’une ville

En arrivant à Yonwood, Nickie s’est fixé trois buts dans la vie :

  • –          Garder à tout prix la maison familiale.
  • –          Trouver le grand Amour.
  • –          Faire quelque chose de bien pour l’humanité.

Trois objectifs et peu d’occasions d’en réaliser ne serait-ce qu’un seul. Au fil des jours Yonwood est une ville qui se replie de plus en plus sur elle-même : les « étrangers » à la ville sont soupçonnés des moindres maux, et ceux qui en font déjà partie font tout pour rester « dans le rang », c’est-à-dire à écouter les étranges instructions de l’Oracle, interprétée par la très religieuse Mme Beeson qui participe activement à l’accomplissement des demandes de l’Oracle.

Une dimension psychologique à grande échelle encore très présente dans ce tome, et ce pour le plus grand plaisir des méninges du lecteur qui lui aussi se monte des hypothèses plein la tête.

Le fait d’avoir fait un roman se déroulant quelques centaines d’années avant l’époque de Doon et Lisa apporte de nouveaux éclaircissements à l’intrigue générale de la série. Certains débuts de réponses apparaissent… et beaucoup de nouvelles questions aussi.

Une chronologie originale faisant de ce roman un des meilleurs de la série, aussi bien pour ses révélations que pour son atmosphère magnifiquement retranscrite.

Le dernier tome, Le diamant des ténèbres, nous fera retrouver Doon et Lisa et bouclera la série.

9/10

Chronique : Eternelle Jeunesse

Eternelle JeunesseRecueil de nouvelles publié aux éditions Asgard, Eternelle Jeunesse regroupe une dizaine d’auteurs français de l’imaginaire prometteurs ou confirmés : ils avaient tous le même et unique thème à traiter, l’immortalité.

Cet assemblage de douze nouvelles très diverses nous fait croiser aussi bien de la fantasy que de l’anticipation ou encore du fantastique et de la mythologie.

Des univers riches et multiples

Difficile de parler d’un recueil de nouvelles quand il s’agit d’auteurs différents aux imaginaires qui le sont tout autant. Chaque nouvelle ayant son univers et son intérêt propre, nous ne parleront ici que de quelques-unes.

Parmi les nouvelles marquantes, on peu citer L’illusion noire qui se classe dans la catégorie de l’anticipation. Il y est question de notre société dans un avenir très proche, un homme aurait trouvé le moyen de sauvegarder informatiquement tout nos fais et gestes, notre façon d’être, nous rendant immortel… sur un ordinateur. Cette nouvelle est en fait un dialogue entre la petite-fille du créateur de ce système et la sauvegarde de son grand-père. Intelligente, incisive, et très critique, cette nouvelle critique une société qui commercialise le deuil ou l’absence de deuil. Son auteure, Julie Blanc, n’a que dix-sept ans et déjà beaucoup d’inspiration.

Avec la nouvelle Y a-t-il une vie après le lycée ?, on est confronté au fantastique avec deux adolescents qui se rejouent années après années les meilleures et pires scènes de leur vie. Touchante et terrible à la fois, il est difficile d’en raconter plus sans en raconter trop.

Une autre nouvelle qui laisse une impression durable, c’est celle du Livre du Musicien, où l’on a cette fois affaire de la plus pure fantasy. L’histoire est celle d’un jeune homme qui montre des aptitudes à la magie et qui va devenir l’apprenti d’un très grand magicien… mais ce dernier ne lui apprend quasiment rien, et son élève décide d’acquérir du pourvoir par ses propres moyens… Un très bon récit où l’on sent qu’à partir d’un certain moment tout bascule. Une intrigue qui monte crescendo jusqu’à son apogée, superbe. Son auteur, Julien d’Hem est en passe de finaliser son tout premier roman.

Eternelle jeunesse recèle donc de nouvelles de qualités que nous ne pouvons pas toutes raconter ici, mais parmi les nouvelles marquante on peut aussi citer : Sue 3 de Elodie Meste, ou encore Issu de la glaise de Jean Millemann.

Eternelle Jeunesse est donc un très bon recueil sur une thématique très intéressante, pourvu qu’il y en ait d’autres ! Cet article a été rédigé pour le site ActuSF.

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Chronique : La cité de l’ombre – tome 2 – Le peuple d’en haut

la cité de l'ombre 02 - Peuple d'en hautMais qu’y a t-il après la cité d’Ember ?

Suite de la cité de l’ombre parue aux éditions Folio Junior, ce second volume de la quadrilogie post-apocalyptique de Jeanne DuPrau nous fait retrouver avec plaisir Doon et Lisa, et d’autres habitants de la ville d’Ember; mais aussi et surtout, une foule de nouveaux personnages.

Un monde de lumière

Les Emberiens viennent de découvrir qu’ils n’étaient pas seuls au monde, que leur ancienne cité était cachée des kilomètres sous terre. Pourquoi était-elle dissimulée ? Quel était le but des Bâtisseurs quand ils ont construits Ember ? Beaucoup de questions qui resterons pour le moment sans réponses, car les habitants d’Ember on tout quitté pour aller à la surface, mais ils ne sont guère préparés à ce monde nouveau et hostile par bien des aspects.

Bienvenue dans la ville de Sparks

Le peuple d’en Haut est un livre en deux parties : il parle tout d’abord de la découverte de « la surface » par les habitants d’Ember. Eux qui n’ont connu que leur ville souterraine découvrent le vent, les arbres, les animaux, la pluie, et surtout : une autre ville avec d’autres personnes ; Sparks.

La seconde partie est en quelque sorte le revers de la médaille : comment une petite ville comme Sparks pourrai-t-elle nourrir plus du double de bouches du jour au lendemain ?

Car les Emberiens ne savent rien faire de leur mains : dans leur ville sous terre ils avaient tout ou presque : entrepôts de nourriture, réserves de produits de nécessité… ils ne savent donc pas jardiner, ni même poser une clôture, autant de choses que les habitants de Sparks vont devoir leur enseigner s’ils veulent voir les Emberiens s’autonomiser et partir le plus rapidement possible. En attendant, les Sparkiens partagent leurs denrées avec eux.

Mais la question de la nourriture reste la même : à ce problème, diverses réactions surviennent et certains se prennent à penser que les Emberiens feraient mieux de retourner dans leur cité mourante. Le peuple d’en haut ne vit pas avec autant de confort que les Emberiens avant qu’ils ne quittent leur ville. Ils ne connaissent pas l’électricité, qui a pour eux des allures de légende. Ainsi dès qu’il fait nuit, il n’y a plus rien à faire, les bougies sont rares et précieuses. Le troc reste encore le meilleur moyen de subvenir à ses besoins, surtout quand des itinérants s’arrêtent en ville pour y échanger leur trouvailles dans les anciennes villes.

La palette des sentiments humains exploitée au maximum

Quand la survie est en jeu, c’est souvent le pire de l’homme qui transparaît, c’est ici ce que Jeanne DuPrau veut mettre en avant dans son roman. Et nous, que ferions-nous si notre vie était en jeu pour cause de manque de nourriture ?

La peur de l’étranger est aussi très présente : tous les a priori que l’on peut avoir dans notre vie courante sont ici illustrés dans un monde aux allures d’apocalypse.

Le mystère du passé

Ce second tome permet d’en savoir aussi un peu plus sur ce qui aurait pu se passer il y a quelques centaines d’années sur terre. Il y est question du « Grand Bouleversement », et même si on n’en sait guère plus, on peu bâtir de nombreuses hypothèses sur les villes en ruines et le désert omniprésent. Quoi qu’il en soit, ce qui a causé la quasi extinction de la race humaine devait être terrible…

Ce second opus nous en apprend donc un peu plus sur le pourquoi de l’existence des Emberriens, tout en laissant le mystère s’épaissir.

Encore une fois, Jeanne DuPrau met en avant des êtres avant tout, avec leurs lots de bons et de mauvais sentiments. Cette romance autour de la psychologie humaine fait de ce roman une leçon de vie qui sans être moraliste, invite au questionnement sur ce qui fait de nous des êtres bons ou non. Un bon livre donc, à lire tout de suite après avoir dévoré la Cité de l’ombre si ce n’est déjà fait.

Chronique cinéma : Harry Potter et les reliques de la mort seconde partie

Harry-Potter-and-the-deathly-hallows-part-II-Banner-US-01Une bonne adaptation cinématographique

Alors que la première partie des Reliques de la Mort était très introductive, la seconde nous fait entrer dans le vif du sujet : la guerre ultime du bien et du mal se prépare, le combat d’Harry contre Lord Voldemort va enfin avoir lieu.

harry potter reliques film 03La première partie se terminait sur une image de Voldemort venant de récupérer la Baguette de Sureau (la baguette la plus puissante du monde des sorciers). Le second film continue tout de suite après l’événement ; Harry, Ron et Hermione poursuivent leur chasse aux Horcruxes. La poursuite aux reliques s’accélère, les événements tragiques qui en émanent aussi.

Effets spéciaux nombreux du plus bel effet, musique sublime en parfaite harmonie avec l’image, ce dernier opus est immersif, jouissif. Les quelques deux heures et demie du film passent en un éclair.

On a enfin droit à certaines scènes que l’on attendait avec beaucoup d’impatience : comme la scène romantique de Ron et d’Hermione sur fond de fin du monde, mais aussi le fameux combat entre Harry et Voldemort (combat qui n’est pas forcément le meilleur de la saga au niveau visuel, celui qui avait eu lieu dans le cinquième opus, Harry Potter et l’ordre du phénix, qui se déroulait dans le Ministère de la Magie était d’une toute autre dimension).

Un des plus beaux passages restera, selon moi, celui de la préparation des élèves de Poudlard contre l’invasion de Voldemort, l’unité face à l’adversité, le courage mis en œuvre contre la dictature sont magnifiquement mis en valeur.

Harry-Potter-and-the-Deathly-Hallows-Part-2 02Alors, oui les fans ultimes trouveront certainement que le film n’est pas assez fidèle au livre, mais ce dernier est si dense que même deux films ne pourront combler la densité de l’univers de Rowling. Le rare reproche que l’on pourrait faire à la série adaptée en général, c’est parfois son manque d’explication du monde magique, mais ça devient vite compliqué quand on se retrouve confronté à des centaines de sorts et de créatures magiques inventés de toutes pièces.

Alors pour cette adaptation, un grand bravo. C’est la fin d’une grande saga qui a marqué pendant plus d’une décennie toute une génération de fans.

Chronique : La cité de l’ombre – Tome 1

la cité de l'ombre 01Et si tout ce que vous connaissiez du monde était une ville souterraine ?

Jeanne DuPrau est une auteure américaine de fantastique très prolifique, les quatre livres constituant la série de la Cité de l’ombre sont les seuls de l’auteure à être publiés en France pour le moment. Le premier roman de la quadrilogie a été adapté au cinéma en 2008 sous le même titre.

Dans la cité souterraine d’Ember

A peine commencé, le lecteur se retrouve plongé dans la ville de Doon et Lisa, deux jeunes gens qui vont bientôt commencer à entrer dans la vie active grâce à la cérémonie des Attributions, le métier de chacun est attribué par tirage au sort d’un petit papier, selon les besoins de la ville, les attributions changent chaque année.

Parallèlement à ces deux nouvelles vies qui commencent, celle de la ville elle, s’essouffle : les matières premières viennent à manquer et pire que tout ; la cité est en proie à des pannes d’électricité, son générateur peine de plus en plus à satisfaire les besoins des habitants.

C’est donc une ville mourante à laquelle on est confronté, mais personne n’a l’air de s’en inquiéter au point de faire bouger les choses… personne sauf Doon.

Une quête… mais vers quoi ?

La cité de l’ombre est un roman jeunesse assez simple dans sa construction, mais très riche dans ses idées. On ne sait pas directement quelle est la « quête » à accomplir par nos deux héros car eux-mêmes ignorent ce qu’ils cherchent, ni même si elle est matérielle ou spirituelle, le mystère est bien gardé et les lecteurs dès l’âge de 11 ans s’épanouirons dans cette lecture remplie d’aventures et de secrets bien gardés.

Amitiés naissantes, d’autres brisées, le tout sur fond de manigances obscures, Ember est une ville pleine de secrets.

Un mode de vie très différent et organisé très intelligemment.

Le charme de l’œuvre réside dans la découverte pour le lecteur d’une nouvelle forme d’organisation. En effet, la ville d’Ember est très différente de ce que l’on pourrait connaître : personne ne choisi son métier, il est défini selon les besoins de la ville, et si au bout de quelques années quelqu’un n’est pas efficace dans la branche qu’on lui a définie, on l’en change jusqu’à trouver la bonne pour lui et pour la ville.

Tous les objets de la vie courante non fabriqués par Ember sont entreposés dans de gigantesques entrepôts, et chacun doit faire une demande pour obtenir ce qu’il désire, que ce soit des conserves, des chaussettes ou encore des ampoules ; tout est rationné. Cette logistique entraîne parfois certaines dissensions au sein de la ville, certains ayant obtenu ce qu’ils souhaitaient alors que d’autres n’ont rien, c’est injuste mais c’est la loi d’Ember.

En conclusion, la cité de l’ombre est un très bon premier tome très axé « social » dans son exploitation des facettes humaines sur fond de fin du monde. Riche en découvertes et rebondissements, il séduira tous les amateurs d’aventures et les autres aussi.

Site officiel de Jeanne DuPrau.

Chronique Manga : Divine Nanami ! – Tome 1

divine nanami 01Comment mener de front une vie de lycéenne et de déesse ?

Divine Nanami est le premier manga de Julietta Suzuki publié en France. Cette série est plus connue ailleurs sous le nom de Kamisama Kiss. La créatrice de ce shôjo a notamment fait beaucoup de one-shot et travaille actuellement sur plusieurs séries.

Une héroïne pas vraiment aidée par la vie…

Nanami Momozono n’est pas ce que l’on pourrait appeler une adolescente ordinaire… Sa mère n’est plus là et son père dilapide au jeu le peu d’argent que la jeune fille s’évertue à obtenir. Mais un jour, la vie de Nanami va vraiment basculer : son père est parti en la laissant avec les dettes qu’il a accumulées, et les huissiers sont à la porte pour saisir les meubles et la maison. Nanami se retrouve à la rue.

C’est ainsi qu’elle va faire la connaissance d’un très étrange inconnu qui, au cours d’une conversation tout aussi bizarre, va lui faire don de sa maison en lui laissant un plan pour s’y rendre. Nanami n’ayant rien à perdre, elle y va et ne se doute pas encore de la nature du cadeau qui lui a été fait…

De lycéenne sans le sous à déesse d’un temple

Nanami se rend donc à l’adresse indiquée : un petit temple dans un piètre état. C’est ainsi que commence la double vie de la jeune fille. Car en acceptant la maison (ou plutôt le temple), elle a aussi accepté implicitement d’être la déesse de ce lieu. Mais elle va devoir faire ses preuves aux yeux des serviteurs de cet endroit sacré… en particulier Tomoé, le bras droit de l’ancien dieu du temple, qui ne croit pas une seule seconde au départ de son ancien maître.

Une intrigue drôle et originale fidèle aux croyances japonaises

Divine Nanami est un shôjo des très classique qui fonctionne à merveille. Le jeu du chat et de la souris entre Nanami et Tomoé est à la fois drôle et effrayant, tout en laissant un doute au lecteur sur leurs sentiments respectifs : haine ? entente cordiale ? amitié ?

L’histoire en elle-même est sympathique, originale et drôle. On se retrouve avec des situations loufoques, cocasses et souvent bien compliquées pour notre jeune déesse. Un vrai petit brin de fraîcheur dans le monde du manga.
Le petit plus de ce manga : on apprend comment fonctionnent les petits temples locaux au Japon, chacun étant dédié à un kami (dieu local). Chaque kami possède une spécialité. Il existe ainsi des dieux pour pratiquement tout : réussite scolaire, amour, soleil…

Le dessin, quant à lui est tout, ce qu’il y a de classique. Agréable à regarder et souvent humoristique, il colle parfaitement au ton résolument décalé de la série.

En somme, Divine Nanami est une bonne nouvelle série qui mérite de sortir du lot de la masse monstrueuse des nouveautés manga. Le second tome est sorti début juillet et le troisième verra le jour à la mi-septembre. Cette chronique a été réalisée pour le site ActuSF 

9/10

GENRE : Japon, Mangas
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Chronique : Ramsès au pays des points-virgules

ramses au pays des points-virgulesUn voyage dans l’imaginaire débridé d’un passionné de littérature

Pierre Thiry a été vendeur de disques, administrateur de théâtre, programmateur de concerts et bien d’autres choses encore. Il se consacre maintenant à l’écriture et à l’animation d’ateliers d’écritures.

« Fiction pour tous lecteurs de dix à cent-dix ans »

Le livre est annoncé en couverture comme étant une fiction à lire de de dix à cent-dix ans, ce qui peut laisser en sceptiques certains, mais ça fonctionne. Dès sept ans, on entre dans le monde abracadabrantesque de Sissi et de son oncle avec lequel elle s’est lancée dans un pari un peu fou. Et pour les plus grands, ce roman est une vraie bouffée d’air frais, de clins d’œil à la littérature de tous horizons.

Un récit plein d’humour et une aventure complètement « barrée »

Tout commence donc quand Sissi met au défi son oncle de trouver un livre écrit par un certain Jérôme Boisseau (inventé de toutes pièces par cette dernière)… un pari presque impossible à réaliser, sauf pour l’oncle plein de ressources de Sissi qui va donc se lancer dans l’écriture d’un roman sous le pseudonyme dudit auteur…

C’est ainsi que le roman de Ramsès au pays des points-virgules commence (cette introduction étant elle-même un clin d’œil aux circonstances de la naissance de ce livre).

Un voyage onirique et poétique dans un monde vivant et coloré

L’univers de Pierre Thiry est rempli d’une masse impressionnantes de références littéraires et culturelles diverses. Les clins d’œil à Jules Verne sont assez présents, et pour cause, c’est un de ses auteurs favoris. On croise aussi la vraie Alice de Lewis Caroll qui a une mission pour Sissi, et vous en saurez un peu plus sur la « vraie histoire » du roi Ramsès, mais aussi sur les poissons…

C’est dans un récit qui peut paraître très décousu au premier abord que le lecteur doit laisser son esprit errer. L’écriture de Pierre Thiry fait le reste, très bien tournée, plaisante et souvent drôle, on ne peut qu’être séduit par cet univers si particulier.

En somme, Ramsès au pays des points-virgules est un ovni littéraire à lire pour s’évader, sans préjugés aucun. Adapté aux enfants pour ses aventures simples et vivantes et parfait pour les adultes qui veulent sortir des sentiers battus. Bien sûr, tout le monde ne sera pas conquis, mais ça vaut le coup de s’y essayer.

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Chronique : Le landau du rat – Recueil de nouvelles

le landau du ratUn recueil de nouvelles déjantées à lire sous acide

Jacques Barbéri est un auteur français de SF qui a écrit nombres de romans, parmi les plus marquants : L’homme qui parlait aux araignées, Narcose, ou encore Le crépuscule des chimères. Un de ses auteurs de référence est Philip K. Dick.

Avec Le Landau du rat, Jacques Barberi signe un recueil de nouvelles folles, noires, et complètement hors contrôle. Cette anthologie a été réalisée par Richard Comballot, fan de la première heure (dès l’âge de dix-sept ans) et éditeur. Il fut l’un des premiers à « remarquer » l’auteur atypique et prometteur qu’était Barberi, et il lui a déjà consacré plusieurs dossiers dans la revue Bifrost ou encore Galaxies.

Cette intégrale est le deuxième recueil de nouvelles de Barberi publié chez La Volte, le premier était L’homme qui parlait aux araignées.

Des nouvelles à l’ambiance bien particulière

Lire du Barberi, c’est un peu retrouver la nostalgie que peuvent nous apporter les nouvelles de K. Dick ; et pour cause, les deux auteurs ont une chose en commun essentielle : ils se jouent de la réalité et des apparences pour muer le tout en un magma étrange, bizarre et souvent fascinant.

Parmi les nouvelles marquantes, on retiendra certainement Concordance des temps dans un lieu-dit, sorte d’Alice au pays des merveilles encore plus déjanté que l’original où l’on part en incursion dans un univers totalement psychédélique.

La grande oiseau, très belle romance sur fond d’impossible saura aussi marquer durablement les esprits par sa beauté, son atmosphère de nostalgie et d’amour mêlés.

Mais certaines des nouvelles ne relèvent pas du tout de la science-fiction, comme L’éternel retour, qui est une très courte nouvelle basée sur les souvenirs d’enfance, la nostalgie, la famille… magnifique et poignante avec une très belle chute.

Vous l’aurez compris, ce livre a de quoi contenter des goûts divers et variés en matière littéraire.

Une plume marquante et sublime

Rarement un texte a su toucher aussi bien celui qui le lit. Barberi a le don des mots, et il le montre à chaque instant. Que ce soit dans l’horreur ou la magnificence, ses phrases portent et font mouche pour atteindre le lecteur dans son âme, ou du moins dans son amour des belles phrases.

Parmi les nouvelles, vingt-sept au total (dont certaines co-écrites), vous en trouverez certainement une à votre goût.

Mélange subtil de violence, de paranoïa (et autres travers humains) et de poésie, Le Landau du rat séduira les fans de Dick, les fans de SF mais pas seulement : les amoureux de la langue française ne seront pas en reste avec ce beau recueil qui mérite une place dans toute bonne bibliothèque.

Cette chronique a été réalisée pour le site ActuSF

8/10

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