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Chronique : C’est pas grave

C'est pas graveUn court roman ado qui laisse une impression éphémère

Paru en janvier 2014 chez Milan, dans la collection Macadam, C’est pas grave est un court récit de l’auteur française Jo Hoestlandt, à lire dès l’âge de 13-14 ans environ.

Son nom vous dira peut-être quelque chose, et pour cause ! Elle a écrit une foule de romans et récits pour les enfants et les adolescents. Géant (Magnard), La rentrée des mamans (Bayard), Le complexe de l’ornithorynque (Milan, Macadam), ou encore Trois sœurs (Gallimard Jeunesse) c’est elle.

De déconvenues en déceptions pour Chloé…

Rien ne va plus pour Chloé. Ni avec sa mère, qui la traite de trainée, ni avec sa soi-disant meilleure amie, ni non plus avec son petit ami ou plus tout ex petit ami… sans oublier son père absent et peu réceptif.

La vie a décidé de lui donner un grand coup de pied aux fesses, ce qui va obliger Chloé à dire à tout le monde ce qu’elle a sur la conscience… cela avec plus ou moins de véhémence !

Règlement de compte sous forme de livre

C’est pas grave met en mots toute la colère que peuvent ressentir les adolescents face à l’injustice en général. L’ouvrage commence d’ailleurs assez violement avec une scène de dispute entre Chloé et sa mère. La narration de début est fort accrocheuse d’ailleurs car Jo Hoestland ne fait parler que Chloé, on n’entend que sa partie et ses répliques à elle lors de la confrontation mère/fille. Par la suite, on retourne à une narration plus traditionnelle.

Malgré cette mise en scène intéressante, l’histoire en elle-même laisse assez indifférent. On comprend les messages de l’auteur à travers sa narratrice en colère contre le monde entier, mais cela n’apporte pas grand-chose en soi.

L’histoire est trop courte pour que l’on s’attache à Chloé, et son quotidien même si il est totalement réaliste et identifiable ne réussit pas à convaincre.

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Ce court roman est donc pour moi un acte manqué. On passe à côté de l’histoire et de son fond. Ce petit coup de gueule sous forme de très court roman (à peine une centaine de pages) peut peut-être permettre à des ados de s’identifier à Chloé, mais sans aller réellement au bout des choses.

Chronique BD : Mots rumeurs, mots cutter

Mots rumeurs mots cutterDans la jungle sociale qu’est le milieu scolaire…

Parue en septembre 2014, Mots rumeurs mots cutter est la seconde bd des éditions Gulf Stream. Elle est parue dans la collection Les Graphiques, tout comme Rouge Tagada et se lit de façon totalement indépendante. Cette fois encore, l’ouvrage est signé par Charlotte Bousquet à l’écriture et Stéphanie Rubini au dessin.

La thématique générale est toujours la même : des tranches de vie d’adolescents qui ont des questionnements quant à leur personnalité, leurs sentiments. C’est aussi une façon d’illustrer tous les complexes et problèmes que l’on peut développer à cause de non-dits. Questionnements, harcèlement, relations ambigües, fausse amitié… le monde du collège est bien cruel.

Premiers émois, premiers amours

Tout commence à la rentre scolaire, quand notre jeune narratrice est placée par hasard à côté du beau Mattéo. Toutes les filles du collège ont très rapidement eu des vues sur lui. Charmeur, mignon, il a tout pour lui. Alors quand une complicité s’installe doucement entre elle est Mattéo, notre adolescente ne peut s’empêcher de rêver à une possible histoire d’amour…

Mais c’est sans compter sur les nombreuses jalousies qu’implique cette potentielle relation. Les amies ne sont peut-être pas aussi sympas que ça quand on se retrouve plus chanceuses qu’elles en amour. Et les technologies peuvent aider certains qui n’ont pas de scrupules à parvenir à leurs fin…

Mots rumeurs mots cutter insidePremières jalousies, premières tensions

Très bien fait en termes de narration, on ne peut s’empêcher d’appréhender les événements qui se déroulent autour de la jeune fille au fur et à mesure que l’étau social se resserre. Les dessins sont en parfaite corrélation avec le texte, c’est simple et très bien fait. On passe par toute une palette de sentiments (surprise, déception, révolte, indignation…), à l’image de notre jeune narratrice qui va de désillusion en désillusion.

Le trait coloré et vivant de Stéphanie Rubini fonctionne très bien avec l’esprit général du livre. Ses crayonnés travaillés avec simplicité sont simples et efficaces, sans regorger de détails.

L’histoire de Mots rumeurs, mots cutter est sur le harcèlement moral (et parfois physique) à l’école. Cette thématique difficile mérite que l’on en parle car ce n’est pas en cachant les choses que l’on peut les résoudre. Par ailleurs, il s’avère que la passivité et parfois pire que l’acte malveillant lui-même… mais heureusement, tout le monde ne se comporte de la même manière, quitte à sortir des standards imposés par la vie scolaire…

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Cette courte bande-dessinée est encore une fois une petite réussite. Je la trouve meilleure que la première réalisée par les deux auteurs. Plus impliquant, plus frontal aussi, ce titre mérite que l’on s’y attarde. A faire lire pour informer, ou pourquoi pas déculpabiliser certains adolescents qui pourraient s’identifier à la narratrice de ce récit qui entre dans le vif. Dès 14 ans environ.

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Chronique : Lune Mauve – Tome 1 – La disparue

Lune Mauve 01Un roman fantastique où le côté réaliste est maitrisé avec talent… !

Premier roman de Marilou Aznar, Lune MauveLa Disparue est le premier tome d’une trilogie fantastique se déroulant à notre époque. Une histoire bien ancrée dans le réel, mais où il est également question d’un autre monde…

Le second tome de la série, L’héritière, est sorti le 2 mai dernier. Le troisième paraîtra quant à lui en octobre prochain sous le titre L’affranchie.

Premiers pas dans le monde chic et cruel d’une école privée parisienne

Séléné Savel est une jeune fille atypique dans le monde des adolescents de notre époque. Elle n’a été élevée que par son père, sa mère ayant disparu il y a des nombreuses années. Complètement déconnectée par rapport aux jeunes de son âge, elle n’a jamais eu de téléphone portable, ni même d’ordinateur, les livres ayant étés son seul réconfort.

La Bretagne est sa terre depuis toujours, mais les choses vont changer : son père a décidé que pour son avenir, elle devait intégrer une école de renom : l’établissement Darcourt… à Paris.

Darcourt… un établissement privé, élitiste et très difficile à intégrer dans tous les sens du terme. C’est dans cette jungle parisienne et cruelle qu’est lancée Sélénée, avec peu d’armes pour contrer les pièges de l’adolescence. Mais ce grand changement ne va pas aller sans un autre bouleversement plus important encore… des éléments concernant sa mère vont peu à peu refaire surface dans sa nouvelle vie…

Un roman dépeignant l’adolescence avec justesse

Le petit monde de Darcourt dans lequel Séléné tente d’évoluer est magnifiquement dépeint par Marilou Aznar. A croire qu’elle a évolué elle-même dans une école privée parisienne ultra-sélective, et pourtant non ! (cf interview de l’auteure sur le site).

On a qu’une seule envie, voir comment les liens ténus qu’elle entretien avec quelques élèves vont se développer, qui va devenir un ennemi, etc.

Personnellement, j’ai trouvé cet aspect réel du roman bien plus prenant que l’intrigue de fond fantastique tant il est réussi. Ce besoin d’être connu et reconnu par ses pairs quand on est adolescent peu parfois amener à se brûler les ailes, et ce que nous illustre avec art Marilou Aznar.

Un roman à classer dans le genre fantastique malgré tout

L’idée de base du roman reste très classique : une nouvelle école pour une nouvelle vie, des secrets de famille qui refont surface, de mystérieux messages, etc. Mais Marilou Aznar réussi à s’affranchir de la plupart des pièges propres au genre, et au final, ça fonctionne.

Lune Mauve est présenté et vendu comme tel : un roman fantastique : c’est-à-dire que l’intrigue se passe dans le réel, mais que des éléments fantastiques s’y intègrent doucement.

Cette partie fantastique de la série est très peu présente dans le premier tome, mais ça n’est absolument pas gênant, bien au contraire. On commence à la ressentir par petites touches de plus en plus insistantes à partir des deux tiers du roman. Jusqu’à un final résolument encré dans l’imaginaire.

A la fois cruellement réaliste, poétique et désespéré par certains aspects ; on se laisse prendre par Lune Mauve, mais pas nécessairement pour les raisons qui devraient primer, à savoir une intrigue résolument fantastique. Un premier roman réussi donc qui laisse présager une suite intéressante. Il n’y a plus qu’à espérer que l’auteure a su équilibrer au mieux le savant dosage entre intrigue réaliste et fantastique qui fonctionne si bien dans La disparue.

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Chronique : Antéchrista

AntéchristaÇa, pour être bon livre qui se lit vite, c’en est un. Antéchrista est vraiment une très bon livre, qui se lit tellement vite qu’en quelques heures à peine vous l’aurez terminé !

Les deux personnages sont littéralement opposés, et c’est vraiment le mal être que connaissent touts et toutes les ados qui nous sont ici racontés, autant physique que moral, les clans, les préjugés… et aussi, les amis quand on en as.

A la fois dérangeant et fascinant, on ne peut s’empêcher de se poser une question durant tout le roman : et si cela nous arrivait ? En effet, la narratrice est peu à peu remplacée par sa meilleure amie sur tous les plans… En bref, ce roman est vraiment bien écrit, et la dualité qui naît entre les personnages devient une vraie haine, qui va en coûter à tous…