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Chronique : Sang Chaud

Un roman noir qui nous vient tout droit de Corée du Sud… préparez-vous à découvrir la pègre de Busan… ainsi que leur sens de l’honneur !

Si vous ne connaissez pas la littérature coréenne mais que les polars vous plaisent, Sang Chaud pourrait bien être votre prochaine lecture.

Paru dans la toute jeune maison d’édition Matin Calme, l’ouvrage est sorti en librairie en début d’année 2020. Les éditions Matin Calme sont spécialisées dans le polar coréen, cela peut paraître réducteur pour qui ne connaît pas bien la Corée et sa littérature. Mais en réalité, la Corée du Sud est un pays à l’œuvre culturelle qui mérite d’être découverte (littérature et cinéma notamment). Pour en savoir plus, je vous conseille de découvrir l’article dédié à la littérature coréenne que j’ai rédigé ici.

En ce qui concerne Kim Un-Su, il ne s’agit pas de son premier ouvrage en France. Deux autres de ses ouvrages sont déjà parus : Les planificateurs (L’aube/Points) et Le Placard (Ginkgo).

Busan, son bord de mer, ses petits restaurants, ses réseaux illégaux…

Ville balnéaire très prisée en Corée du Sud, Busan est aussi dense que fascinante. Mais derrière la jolie vitrine et les plaisirs de la plage se cachent un monde tentaculaire… celui de sa pègre. C’est d’ailleurs l’un des meilleurs hommes de main de la ville que l’on couvre : Huisu. Il a la quarantaine, n’a rien construit dans la vie, sinon en aidant son boss à développer son empire.

La prison, les coups, les jeux de pouvoirs, les menaces… Huisu à tout vu.

Mais le quarantenaire en a marre des petits délits, des traquenards, des arrangements monnayés avec une police corrompue… Huisu est passé à côté de sa vie, car après plus de vingt ans de bons et loyaux services, il n’a rien. Il vit dans une chambre miteuse, boit et fume beaucoup trop et n’a aucune perspective d’avenir… Si ce n’est de devenir trop vieux pour ce boulot. Car qui héritera de l’entreprise florissante et illégale du boss à la fin ? Pas lui, qui n’est qu’un homme de main, tout sera pour le fils héritier de la maison. Alors, à quoi bon tout ça ?

Un roman qui monte en puissance pour qui sait attendre

Pour ceux et celles qui aiment les polars rapides, incisifs, percutants, Sang Chaud n’est pas de ceux là au premier abord. Il vous faudra apprivoiser son univers et ses très nombreux personnages pour en savourer tous les méandres. Et cela prend du temps, plus de cent pages personnellement.

J’ai trouvé l’immersion dans la pègre de Busan difficile car j’ai eu beaucoup de mal à assimiler les nombreux personnages. En effet, ils sont tous coréens, donc leurs prénoms également, et au début il est difficile de cerner qui est qui. Mais peu à peu, on se familiarise avec chacun d’entre eux (l’univers du roman est presque exclusivement masculin) et on fini par les apprécier. Ou les détester viscéralement pour certains d’entre eux.

Une fois cette étape franchie, ce n’est que du plaisir. Plaisir de découvrir une intrigue aux personnages extrêmement denses, vivants, crédibles. Plaisir à se rendre compte qu’on l’aime bien, ce Huisu qui semble totalement en roue libre. Plaisir à s’immerger dans un univers que l’on méconnaît totalement mais que l’on aime explorer…

« Il n’existe aucun lien entre l’argent, la culture et le statut. L’argent c’est l’argent, c’est tout. »

J’ai adoré découvrir cette pègre que le commun des mortels ne connaît pas mais qui prolifère grâce à toutes sortes de trafics à Busan. Certaines de leurs machinations font sourire tant elles sont minimes, d’autres plus graves, font froid dans le dos. Mais tout cela concoure à nous faire découvrir une Corée que l’on n’imaginait même pas.

Si vous aimez les intrigues très denses, les personnages tellement travaillés qu’ils ont l’air vrais, les histoires sombres et géniales à la fois, Sang Chaud est pour vous.

Ce fut une totale découverte pour moi qui n’avait encore pas essayé les polars coréens (uniquement la littérature blanche), et j’en redemande !

Alors, certes le début est difficile, mais une fois que vous êtes dedans, impossible de lâcher l’histoire de ce bandit/héros qu’est Huisu. Quand je dis héros, il ne faut rien exagérer, mais c’est un malfrat qui a de sacrés principes, et il s’y tient. C’est pour ça que je le trouve admirable et d’un charisme fou.

Conclusion, Sang Chaud est à découvrir absolument pour quantité de raisons : intrigue folle, personnages travaillés à l’extrême… C’est un polar fouillé digne d’un Don Winslow, mais à la sauce coréenne !  

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Chronique Jeunesse : Mamie Polar – Ramdam au musée

Tenez-vous bien, Mamie Jo mène l’enquête… et elle est en super forme !

Mamie Polar est une toute nouvelle série de romans pour la jeunesse parue chez Scrinéo Jeunesse. Deux tomes sont parus simultanément en avril 2017.

L’auteur, Régis Delpeuch, a déjà quelques livres à son actif : Quand Marcel et ses amis découvrirent la grotte de Lascaux (Scrinéo), et toute une série de romans pédagogiques.

Un troisième tome de Mamie Polar est déjà à paraître en septembre prochain, et chose utile à savoir, il n’y aucun ordre à respecter ! Vous pouvez lire l’histoire qui vous tente le plus.

Momo a disparu !

Momo, le SDF du quartier, celui qui aide tout le monde, qui est gentil, adorable, serviable… a disparu ! Pour la police, ce n’est qu’un SDF, et la disparition de Momo n’en est pas vraiment une. Mais pour Camille et Lucas, c’est un véritable drame car Momo fait partie de l’âme du quartier. Comment résoudre le mystère de sa disparition ?

Les enfants décident d’en référer à une personne dynamique, intelligente, vive d’esprit et bourrée d’humour : leur super mamie ! Mamie Jo est une fraiche retraitée qui a été directrice d’école pendant plus de vingt ans. Elle adore ses petits enfants et les prend toujours sérieux. Alors, s’ils ont un problème, elle va tout faire pour les aider à le résoudre, même si la police ne veut pas agir.

Un petit roman policier prenant, malin et plaisant

Que ce soit au niveau de l’histoire, des personnages, des dialogues, Ramdam au musée est un très bon roman pour la jeunesse. On peux le proposer aux lecteurs de 9 ans environ. Pour tous ceux qui ont envie d’une histoire dynamique et drôle avec un peu suspense, c’est parfait.

Les chapitres sont extrêmement courts (quelques pages à peine), ce qui est motivant pour les jeunes lecteurs. Il y a parfois de petits logos à côté des noms de personnages pour savoir qui est qui (très bonne idée, je trouve !), certaines phrases sont en gras pour attirer l’attention. Tout est fait visuellement pour que le lecteur soit à l’aise dans sa lecture.

L’histoire de ce petit roman est quant à elle simple mais très efficace. On découvre le monde des œuvres d’art et des trafics qu’il peut y avoir autour ! Mais très brièvement, car l’intrigue tourne énormément autour de Mamie Jo et de sa personnalité extrêmement vive. Mamie Jo ose tout, même le plus improbable, et c’est certainement pour cela qu’on l’apprécie…

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Alors, cette nouvelle série jeunesse vaut-elle le coup ? Oui ! Pour tous ceux qui cherchent des romans  policiers à lire dès 9 ans, c’est absolument parfait ! Il n’y a rien a redire, et c’est d’ailleurs pour cela que je vais lire l’autre tome de la série : Fallait pas toucher à l’école de Mamie Jo.

Chronique manga : Arbos Anima – Tome 1

arbos-anima-1Un manga qui fait honneur aux sciences botaniques !

Kachou Ashimoto, l’auteure d’Arbos Anima n’en est pas à son premier coup d’essai, en effet, elle avait précédemment sorti en France la série de mangas Cagaster, aux éditions Glénat (6 tomes, série terminée).

Avec sa nouvelle série Arbos Anima, toujours chez Glénat, Kachou Ashimoto nous propose de découvrir le quotidien d’un surdoué des plantes : Noah. Il possède le pouvoir très spécial et unique de « lire » les plantes ainsi que leur passé…

Le monde des plantes au 19ème siècle

Plantes rares, trafics en tous genre, il était facile pour certains de se faire beaucoup d’argent avec des plantes rares ou des fleurs extrêmement recherchée. En tant que chasseur de plante, le jeune Noah est considéré comme un véritable surdoué. Il peut débusquer les spécimens les plus extraordinaires. Mais son don attire aussi bien de riches notables que des pirates et autres spéculateurs désireux de se faire de l’argent facile… Mais Noah met une chose au-dessus de toute autre, certes il respecte et fait tout pour satisfaire ses clients, mais le bien-être des plantes est fondamental pour lui…

Un manga sympathique, mais au démarrage un peu long

Bien que la trame de l’histoire soit assez simple, on a du mal à rentrer vraiment dans l’intrigue car on ne comprend pas franchement où veut nous emmener l’auteure dans ce premier tome. L’installation des personnages et de leurs caractères prend un peu de temps, sans que l’on ne s’attache particulièrement à l’un d’eux. L’intrigue reste ainsi un peu brouillonne, les enjeux restent flous, et le tout ne nous permet pas de bien cerner les protagonistes.

L’idée de créer une intrigue autour des plantes est cependant excellente, mais reste à savoir si la mise en œuvre sera assez efficace pour passionner le lecteur. En effet, la cible de ce shônen commence vers les 11 ans, mais je ne suis pas certaine que le sujet les intéresse franchement. Il y a beau avoir des pirates et des trafiquants en tous genres, cela ne suffira pas nécessairement à créer un sentiment d’addiction à cette nouvelle série.

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Affaire à suivre donc avec le second tome de la série qui vient tout juste de paraître en octobre 2016, car il est difficile de juger de la qualité d’un manga à la lecture de son premier opus… D’un point de vue graphique, Arbos Anima est un joli manga, et les dessins des fameuses plantes en particulier sont très détaillés.

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Chronique : La couleur de l’eau

La couleur de l'eau ss bandeauTiraillée entre bonheur et tragique, voici une histoire d’amour que vous n’oublierez pas de sitôt

Kerry Hudson est une auteur d’origine Écossaise. En France nous ne la connaissons encore que pas assez, mais elle fait peu à peu son chemin dans le fourmillement des nouveautés littéraires. Son premier roman avait déjà fait très bonne impression auprès de la presse, son titre : Tony Hogan m’a payé un ice-cream soda avant de me piquer maman (il est disponible en poche chez 10/18).

La couleur de l’eau quant à lui vient de paraître aux éditions Philippe Rey en août 2015, l’ouvrage a par ailleurs remporté le très prestigieux Prix Femina étranger 2015.

Un rêve qui se délite pour la belle Alena

L’amie de sa mère lui a promis un doux rêve à travers la ville de Londres : du shopping, des virées entre filles, de nouvelles rencontres et amitiés… mais Alena n’a trouvé que le désespoir dans la capitale anglaise. Jusqu’à ce que son chemin croise celui de Dave, vigile dans un très luxueux magasin de Londres… Commence alors une histoire d’amour et de ressentis mêlés aussi improbable que merveilleuse…

Beau et féroce à la fois… mais surtout incontournable

A peine le roman commencé, on s’attache aux moindres détails que relève Dave grâce à son expérience de vigile. L’air sûr d’Alena, sa vulnérabilité aussi. Ses vêtements et la façon qu’elle a de regarder ces magnifiques chaussures qu’elle convoite tant… tout commence ainsi, avec un larcin.

Ainsi commence l’histoire incroyable d’Alena et Dave, que rien ne réunit, et qui pourtant va peu à peu tisser des liens solides entre eux… sauf si le passé obscur d’Alena les rattrape, ou bien celui de Dave.

Ici, ce sont des personnages brisés par la vie malgré leur jeune âge que nous découvrons. Ils sont terriblement attachants, si justes et si humains dans leurs réactions que l’on ne peut que les aimer sans bornes. Ils sont beaux dans leurs nombreuses souffrances et leurs petits bonheurs.

Ici, vous découvrirez le côté sombre de Londres : ses réseaux de prostitutions qui transforment en esclaves des jeunes femmes étrangères. Ses prix exorbitants qui rendent précaires mêmes les gens les plus travailleurs, la détresse sociale qui se dégage de nombre de gens de cette ville si élitiste et dure au quotidien.

La couleur de l'eau VO ThirstIci, vous découvrirez un bijou de tendresse et d’amour. Un récit créé par une auteur de talent qui mérite qu’on le découvre tant il est d’une beauté glaciale et fascinante. Une histoire d’amour peu commune, loin des affectations et de la facilité… Vous y trouverez également des scènes épouvantables et difficiles à lire tant elles sont réalistes en ce qui concerne Alena. Pour Dave, il s’agit plus d’une détresse continuelle due à son passé, et le sentiment d’avoir été piégé très tôt par l’amour inconditionnel qu’il voue à sa mère…

Ces deux personnages complexes et leur parcours si atypique nous rendent très vite soucieux de leur avenir, on ne peut que les suivre les yeux fermés tant on les aime dès les premières pages…

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Mais alors, est-ce une histoire d’amour qui se termine bien ? La réponse n’est pas si simple : c’est un magnifique champ des possibles qui s’ouvre à nous et à ses personnages si uniques et attirants… Entre Londres et la Russie profonde, à travers les accents chantants d’Alena et son amour pour ce qui brille, elle qui a vu ce qu’il y a de plus sale en l’homme, découvrez une histoire à nulle autre pareille.

Chronique : Un stagiaire presque parfait

Un stagiaire presque parfaitQui a dit que les récits policiers ne pouvaient pas être drôles ? Qui ?

Paru en grand format sous le titre Guide de survie en milieu hostile chez Sonatine, ce roman de Shane Kuhn a été réédité en poche aux éditions 10/18 sous le nouveau titre Un stagiaire presque parfait. Il s’agit actuellement du seul roman de l’auteur paru en France.

Quand l’âge de la retraite sonne pour John Lago

Il a été stagiaire de très nombreuses fois, mais curieusement, là où il passe certains trépassent… John Lago est tout sauf un stagiaire, et son nom n’est qu’un écran de fumée pour les plus curieux. John est un tueur à gage. Il a commencé aux alentour de douze ans, et maintenant qu’il approche doucement des vingt-cinq, se faire passer pour un gentil petit stagiaire devient de plus en plus compliqué.

La retraite est donc la prochaine étape pour John Lago, mais il lui reste à accomplir une toute dernière mission, un peu corsée, mais pas beaucoup plus que d’habitude. C’est à cette occasion qu’il va nous conter son parcours et sa mission actuelle en parallèle. Pour vous, les futurs stagiaires sous couvertures, voici un guide de survie qui pourrait bien pour sortir de situations fort compromettantes !

Hilarant et plein d’action, le tout avec une écriture complètement déjantée !

Il faut l’avouer, l’intérêt principal de cette lecture n’est pas (pour moi) son intrigue (bien ficelée par ailleurs), mais son écriture totalement mordante. C’est drôle, osé, parfois cru… en bref un vrai régal !

« Tu as déjà entendu parler des ninjas. Et si tu te bidonnes à la simple mention de ce nom, c’est parce que tu es un crétin d’Occidental persuadé que tout ce qui vient d’autres cultures peut être résumé en quelques blagues dans un talk-show de deuxième partie de soirée… »

Les délires de John Lago ainsi que ses nombreuses références cinématographiques (en particulier les films de gangsters, mais sans oublier Pretty Woman ou encore Eternal Sunshine of the Spotless Mind) sont aussi pertinentes qu’amusantes.

« Ca va, moi aussi, j’ai vu Le Ninja de Beverly Hills avec Chris Farley. Le ninjutsu, ça fait marrer les gens, mais si tu n’es pas complètement demeuré, tu devrais savoir qu’il n’y a pas de quoi rigoler. »

Tout l’écriture est ainsi : très orale, emplie de références contemporaines et surtout, extrêmement vivante. Pour faire simple, c’est génial.

Et qu’en est-il de l’intrigue alors ? Si vous avez soif de quelques fusillades, beaucoup de surprises et un soupçon de trahisons, vous êtes au bon endroit. L’histoire est bien ficelée, tient bien la route et se lit avec curiosité. Le tout est vif, sans temps mort, et surtout rempli de bonnes répliques qui mériteraient toutes d’être dans un bon film.

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Vous l’aurez compris, être un « stagiaire », et être mandaté par une compagnie très spéciale pour éliminer certaines personnes, ça n’est pas de tout repos ! Un stagiaire presque parfait est ainsi un excellent roman qui fait un beau mélange de genres. Humoristique, suspense, un peu de romance (mais pas trop !), c’est juste parfait et indispensable.

Chronique : La Boîte

La boîteDe l’action à foison, une écriture mouvementée qui nous entraîne dans une course folle… la boîte, ça déboite !

Petit dernier de l’auteur Anne-Gaëlle Balpe, La boîte est paru aux éditions Sarbacane dans la très bonne collection pour ados Exprim’.

Très prolifique, l’auteur a plus d’une vingtaine d’ouvrage à son actif, et cela pour tous les âges et dans tous les formats. Albums jeunesse, livres pour ados, recueil de nouvelles… elle fait de tout !

Avec La boîte, préparez-vous à vous lancer sans réserves dans une affaire qui va être pour le moins accidentée…

Une simple boîte source d’une foule de tracas

Tout commence avec une boîte toute simple, posée là sur un banc. Malt est Jen zonent comme à leur habitude dans leur ville de toujours, Edens. Plongée dans une misère sociale et culturelle profonde, la ville semble réunir les pires cas humains possibles. Alors quand le couple d’adolescents tombe sur cette boîte contenant un billet de 20€ c’est jour de fête.

Et quand peu après on leur propose 10 000€ contre service, il devient difficile de refuser une telle somme… Malt et Jen vont tout tenter pour goûter ne serait-ce qu’un court moment à une vie dorée. Quels que soient les risques.

Rythme effréné et deals glauques au rendez-vous

Bien que le récit commence avec insouciance qui frise l’inconscience, nos deux ados vont vite en baver dans tous les sens du terme. Des plus beaux quartiers de la capitale nommée Concorde aux pires lieux de perdition du Pays d’Olan, il n’y a aucun répit pour personne. Ça part dans tous les sens et ça empire au fil des pages, bref, on est aussi paumé que les « héros » de cette histoire de fous.

Dans certains romans réussis, il arrive que l’on croise des personnages que l’on adore maudire, haïr… c’est le cas avec Jen, amoureuse de tout ce qui brille, elle est superficielle au possible. Son rapport à l’argent la rend irrationnelle et détestable. Tout est disproportionné chez elle : ses réactions égoïstes, ses sautes d’humeur… bref, elle est aussi réaliste que

Ecrit par Mal lui-même, le récit qu’il fait de ses agissements est très vivant et parfois très drôle, y compris dans des situations critiques. Certaines de ses formulations sont étranges, mais ceux qui sauront lire entre les lignes comprendrons peut-être avant que le temps des révélations n’arrive. En tout cas, il est possible de se faire sa propre idée du scénario avant sa conclusion, et ça, c’est plaisant.

Il est à noter un élément original concernant l’ouvrage : le lieu de l’intrigue. En effet, le Pays d’Olan n’existe pas, de même que les villes citées tout au long de l’intrigue. Quand on voit la pauvreté et la misère qui sévissent dans les endroits décrits, on peut comprendre que l’auteur n’ait pas voulu situer dans le réel son intrigue. Personne ne voudrait reconnaître sa ville dans les lieus de perdition mentionnés.

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Ainsi, La boîte est un excellent roman d’action qui tourne à 100 à l’heure. Ses dialogues sont vivants, bien trouvés et percutants. Son intrigue est efficace et entre immédiatement dans le vif… En bref, c’est un excellent roman pour ados (dès 14 ans) avec des côtés glauques que j’adore.  À quand un autre récit se déroulant dans le même univers avec une prose tout aussi efficace ? Si l’auteur nous entend…

Enfin, je souhaiterais ajouter une petite mention spéciale à la couverture que je trouve très accrocheuse et totalement détonante comparé à la production littéraire actuelle.

Chronique : Coup de Meltem

Coup de meltemParu en avril 2014 aux éditions La Joie de Lire dans la collection Encrage, Coup de Meltem est un ouvrage signé par l’auteur française Sigrid Baffert. Elle est déjà connue pour certains de ses écrits, notamment Blue Cerise saison 1 et 2 (coécrit avec trois autres auteurs).

Virgil, un héros battu pas les vents

On peut décrire Virgil comme un adolescent américain normal, sans problèmes particuliers. Il fait de la natation à un niveau soutenu, poussé fortement par son père dans toutes les compétitions possibles. Virgile n’est pas un féru de natation, mais il fait le nécessaire pour être ce que l’on attend de lui.

Mais ça, c’était avant que l’on découvre son problème au cœur… Virgil est atteint d’une maladie génétique extrêmement rare : la maladie du cœur de verre. Les parois de son cœur s’épaississent avec le temps, jusqu’au jour où elles deviendront trop denses… A ce moment là, le cœur de Virgile cessera tout simplement de battre.

Et comme un problème n’arrive jamais seul, c’est à cette occasion que Virgile découvre que cette maladie génétique lui a été transmise par un donneur de sperme. En effet, le père de Virgile n’est pas son père biologique… et ce donneur malade a semble-t-il revendu ses gènes à bon nombres de sociétés médicales d’aide à la procréation…

Alors, quel sursis pour Virgile ? Aucune idée, chaque cas est unique en termes de temps : certains partent vite, d’autres moins… il n’y a pas de justice ni de logique là-dedans, mais la vie l’est-elle ? Combien de demi-frères et demi-sœur possède Virgile ? Est-il possible de tous les retrouver afin de les prévenir de ce qui les attend potentiellement ? La chasse aux réponses est lancée…

Mais qu’est donc Meltem dans tout ça ?

Suite à ces révélations en chaîne, Virgil fait la découverte d’un réseau nommé le RIAD – Registre des Inséminés Avec Donneur où certains enfants issus d’un même donneur (le père de Virgil s’appelle GCP136) peuvent se contacter. C’est ainsi que le jeune homme fait la connaissance de Meltem, une jeune femme incroyable de fraîcheur (Meltem signifie vent du nord violent en termes météorologiques). Un peu folle, complètement impertinente, cette dernière ne se pose pas autant de questions que Virgile… elle fait tout pour vivre à fond ce qu’elle fait et ne cherche pas à retrouver ce père au legs génétique mortel.

Le sujet du don de sperme et de ses pièges est un thème pour le moins original et inexploité en littérature (ado ou autre). Sigrid Baffert soulève des problématiques que nous ne connaissons pas nécessairement, d’autant plus que la législation change selon les pays (tout cela est très bien expliqué en fin d’ouvrage). Le business de la procréation assistée que l’on entraperçoit à de quoi effrayer, surtout s’il n’est pas contrôlé.

Pour ce qui est de la maladie du cœur de verre, ne la cherchez pas sur Internet, elle n’existe pas ! L’auteur s’est en partie inspiré de la cardiomyopathie hypertrophique mais a préféré rester dans la métaphore pour ne pas rentrer dans des termes trop techniques.

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Alors ce roman fonctionne-t-il ? Convainquant, certes, on aurait cependant aimé avoir plus d’explications sur les problèmes inhérents aux dons de sperme et le « trafic » qui y est associé, notamment aux Etats-Unis, où se déroule l’intrigue. Cette thématique n’y est au final pas assez creusée à mon goût. L’histoire se centre avant tout sur le héros, ses ressentis, ainsi que sa façon de percevoir sa nouvelle famille élargie. L’acceptation de la maladie y prend également une grande place.

Un roman sympathique donc, même si il ne fait pas de réelles étincelles. Coup de Meltem a le mérite de soulever une problématique inhérente à notre époque. Maladies génétiques détectées trop tard et transmise à des centaines de descendants, incestes fortuits qui peuvent en découler… le problème commence a réellement inquiéter les américains. Dès 14 ans.

Pour aller plus loin : Un article du Huffington Post (en français)traitant du sujet – Une américaine découvre qu’un donneur de sperme a engendré plus de 150 enfants.

Chronique : Zombie Ball

Zombie BallUn roman pour devenir vegan… à vie !

Dernier roman en date de l’auteur prodige Paolo Bacigalupi, Zombie Ball est un petit inclassable qui se positionne entre humour et morts-vivants. L’auteur est déjà connu pour ses précédents ouvrages, dont une bonne partie est  déjà dans les classiques de la sf et du fantastique. On doit notamment à l’auteur américain La fille automate  et la série en deux tomes Ferrailleurs des mers (Prix Locus du meilleur roman pour jeunes adultes en 2011).

Paru aux États-Unis sous le nom Zombie Baseball Beatdown, cette nouveauté n’est pas clairement estampillée ado ou adulte ; et pour cause… il n’est pas si évident que cela à cataloguer !

Tu aimes le baseball ? Tu aimes Left 4 dead ? Ce livre est pour toi.

Tout débute dans une petite ville des États-Unis où est implantée l’immense usine agro-alimentaire Milrow. Elle fait vivre un nombre conséquent de personne aux alentours, mais a l’énorme désavantage de puer à des centaines de mètres à la ronde… Et pour cause, l’usine possède des milliers de vaches entassées dans des corrals : engraissées, mal traitées et vite dépecées, les bêtes vivent dans des conditions épouvantables avant de tomber dans les assiettes des citoyens américains.

C’est dans la ville où se trouve l’usine Milrow que vit Rabi, un jeune américain d’origine indienne : c’est lui qui nous conte son histoire. Ce dernier est fou de statistiques : il peut vous sortir le pourcentage de chances qu’a un joueur de faire un home run. Malheureusement, Rabi a beau être bon en statistiques prévisionnelles concernant n’importe quel match, il est loin d’être excellent en tant que joueur de baseball. C’est ainsi qu’il va contribuer à une énième défaite de son équipe… l’ambiance est électrique à la fin du match, et leur entraineur tyrannique Mr Cocoran ne va rien faire pour arranger le tout.

Mais Rabi est loin de ce douter que quelques heures plus tard il sera en train d’user de sa batte sur la face de son cher entraineur…

Zombie Baseball BeatdownLeçon n°1 : Les vaches zombies ne sont pas comestibles

Une odeur épouvantable ayant pour épicentre l’usine Milrow s’étend autour de la ville. Personne ne sait ce qu’il se passe, mais d’étranges voitures circulent dans la ville. En parallèle à cet événement, Miguel – le meilleur ami de Rabi – vient de vivre un drame : son oncle et sa tante viennent d’être arrêtés par le service d’immigration des États-Unis. Ils vont être raccompagnés à la frontière mexicaine. Miguel ne peut s’empêcher de penser que l’usine est pour quelque chose dans le délitement de sa famille : tous travaillaient chez Milgrow avant que l’Immigration ne vienne les chercher. Qu’a donc à cacher l’usine pour dénoncer ainsi ses travailleurs en situation illégale ? Quelque chose d’encore plus illégal ?

La piste se précise quand les deux adolescents tombent sur Mr Cocoran se précipitant sur Rabi pour lui manger la cervelle… Leur entraîneur travaillait chez Milrow avant d’être un zombi : une chose est sûre, ça vient de ce qu’ils donnent aux vaches pour les faires grossir encore plus vite… L’oncle de Miguel leur en avait parlé la veille avant d’être arrêté :

« Ils inventent de nouveaux médicaments pour que la viande ait meilleur goût, pour que les vaches soient plus grasses, et ces médicaments… ces trucs qu’ils leur refilent… ça rend les vaches bizarres. Les animaux ne se comportent pas normalement, leur viande ne sent pas bon et, quand on les découpe, ils ne saignent pas et ne meurent pas comme ils devraient… »

Du baseball et des zombis à foison

Une chose est certaine, Paolo Bacigalupi a du s’amuser comme un fou à écrire ce livre. Complètement barré, à la fois drôle et très sérieux sur le fond (l’élevage de masse et ses nombreuses dérives) ce roman revêt une couche de saleté urbaine bien particulière. On se complaît dans les descriptions glauques de l’usine Milrow, de ses combines pour vendre plus et rentabiliser encore mieux ses produits écœurants vendus comme étant naturels.

On adorera les nombreuses confrontations avec les zombis auxquelles ont droit Rabi, Joe et Miguel. Les dernières pages du roman nous faisant d’ailleurs assister à un magnifique match de baseball humain vs zombies. Bref, c’est un festival de zombies dans tous les sens !

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Si vous aimez les romans où l’on rit de voir des passages gores et des scènes totalement improbables, vous êtes au bon endroit. Le but n’est pas d’être absolument crédible en tout, mais de divertir avec des vaches zombies, des steaks zombies et… des têtes de vaches zombies ! Sans oublier les nombreux humains transformés en non-morts…

A lire pour s’éclater au moins autant que les personnages de ce roman à l’ambiance si particulière. Dès 14-15 ans.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Si vous avez aimé, alors essayez :

un blog trop mortel

Chronique : Féline

FélineUn chat ne recherche pas l’affection de tout le monde ; seulement de ceux qu’il a choisi d’aimer – Helen Thomson

Premier roman de Hui-ryeong Bu à paraître en France, Féline nous conte l’histoire d’un chat des rues qui vit de nombreuses péripéties à travers les rues de Séoul. Traduit du coréen, l’ouvrage est paru en 2009 aux éditions Picquier Jeunesse, et pour le moment c’est le seul de l’auteur qui soit disponible en France. L’ouvrage est paru en Corée sous le titre original Koyangi Sonyeo.

Dans la peau d’un petit chat survivant seul dans les rues de Séoul…

Livré à lui-même, notre héros félin est plutôt mal en point : affamé, croisant souvent des matous bien plus gros et fort que lui, la survie est une lutte sans trêve. En effet, les quartiers abritant restaurants et marchés sont très prisés par tous, la loi du plus fort est ainsi la seule qui fasse foi dans ce monde de chats parallèle à celui des humains.

Mais la courte vie de notre chat héros (et errant) va se retrouver bouleversée par une rencontre inattendue avec une jeune demoiselle : le chat se sent attiré par elle d’une façon inexplicable. Cette fille qui hypnotise notre chat narrateur s’appelle Minyeong, elle vit avec sa grand-mère, est en plein âge ingrat et a une réputation plutôt mitigée au sein de ses camarades.

Pourquoi Minyeong recueille-t-elle tous les chats qu’elle croise sur son chemin alors que sa grand-mère ne tolère pas les animaux dans son appartement ? Et que fait-elle de tous ces chats accueillis chez elle et qui ne restent que quelques jours ? Cette attraction que ressent le chat est-elle une dangereuse erreur de jugement ou Minyeong mérite-t-elle vraiment que l’on s’attache à elle ?

Un récit à la tendre beauté…

Point besoin de toujours avoir une intrigue extrêmement développée pour créer un récit de qualité. Féline est un livre aussi charmant qu’efficace : attendrissant, parfois triste, souvent axé sur les sentiments et les ressentis de chacun.

Écrit du point de vue du chat, nous vivons ce récit original à travers ses peurs et ses désirs. C’est une Corée du Sud à la fois urbaine et naturelle que nous découvrons grâce à ce récit. Ses parcs, ses rues marchandes et ses dangers d’un point de vue félin…

Le récit en devient trop court… on aurait adoré se plonger un peu plus dans ce pays exotique dont on sait si peu de choses. Féline est un roman jeunesse parfait pour faire découvrir à des lecteurs d’environ 11 ans une nouvelles culture, en particulier culinaire ! En effet, le chat errant et narrateur n’en finit pas de nous conter les différents mets que l’on consent à lui donner… et certains ont l’air délicieux : Kimbap, kimchi ou encore ramen vont devenir des nouveaux mots indispensables !

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En conclusion ce court roman est à conseiller sans bornes : de l’exotisme asiatique tout en restant dans un univers très familier, le mélange est parfait. Le tout sans oublier la légère partie fantastique… il ne faut pas oublier que notre narrateur est un chat tout de même !

Chronique ado : La brigade des fous – Tome 1 – Blackzone

La brigade des fous 01Une équipe complètement barrée pour faire front aux plus grands problèmes écologiques mondiaux

Blackzone est le premier tome de La brigade des fous, paru chez Rageot, dans la collection Thriller. La série est écrite par Philip Le Roy, un auteur déjà bien connu dans son domaine : le thriller.

Pour les adultes, il a notamment écrit les romans suivants, tous chez Points : La dernière arme, Le dernier testament ou encore, Couverture dangereuse.

Avec La brigade des fous, il s’essaye au roman pour adolescents.

Des adolescents en marge de tout

Tout commence avec un meurtre et un adolescent autiste qui semble violent et renfermé sur lui-même. Il a été trouvé près de son père tué. Est-ce lui le coupable ? Sa force surhumaine et son comportement semblent le désigner selon la police, mais c’était sans compter sur l’avis du Docteur Anton Sheffer… Notre jeune s’appelle Diego, et il vient d’être recruté par une mystérieuse association…

La brigades des fous est en marche : elle comprend six adolescents aux talents bien particuliers. Petit génie de l’informatique, jeune fille totalement désinhibée, une autre qui n’a peur de rien…

Ils ont étés rassemblés par le Docteur Sheffer au cours de ses travaux, et maintenant, ils vont passer à l’action. Le nom de leur première mission : Blackzone. Leur but ? Mettre à jour un immense trafic en allant dans le fief même du principal suspect. Ainsi commence l’aventure, qui ressemble fort à une mission suicide. En effet, comment six jeunes sans éxpérience sur le terrain vont-ils pouvoir se débrouiller face à des professionnels mafieux surentraînés ?

Un roman qui se lit comme on regarde un bon film d’action

Si vous aimez les romans où l’action démarre au quart de tour et où le rythme est soutenu, Blackzone sera un roman parfait. Aucun temps mort. Beaucoup de tension et de surprises.

Les adolescents sont des antihéros parfaits, et loin des stéréotypes que l’on aurait pensé pouvoir croiser. Ils sont complètement sur une autre planète, et ils s’en fichent. Leur réactions et répliques sont très souvent imprévisibles, tellement parfois qu’elles en deviennent drôles. Je pense notamment à Laurie, qui ne semble jamais avoir connu le sentiment de peur. Elle effraye tout le monde par son manque total de peur, la mort, la douleur, rien de tout cela ne la fait sourciller, bien au contraire : ça la fascine.

Sans vous en dire trop, sachez que leur mission, bien élaborée au départ va devenir comiquement catastrophique. Tout part dans tous les sens, rien ne se passe comme prévu… et on a droit à de belles surprises en retour.

Ce premier tome de la série est un très bon départ. La collection Rageot Thriller promet toujours à ses lecteurs de l’action et du suspense, mission accomplie. Blackzone est un bon page-turner qui donne envie d’en savoir plus sur cette brigade des fous qui ne se livre pas tant que cela au final dans ce premier opus. Affaire à suivre de près donc avec le second tome de la série, Red Code, paru en juin dernier.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.