Archives du mot-clé société

Chronique : É-Den – Tome 1 – Les survivants

E-den 01Nouvelle série signée Élodie Tirel, E-Den – Les survivants est le premier tome d’une trilogie. A conseiller à partir de 13 ans environ, l’auteur nous plonge dans un univers post-apocalyptique se déroulant sous terre…

Élodie Tirel est l’auteur de très nombreux romans, elle a notamment écrit la série L’Elfe de Lune qui s’est vendue à plus de 100 000 exemplaires au Québec.

Un futur loin d’être radieux…

En l’année 3261, les choses ne sont pas au beau fixe : la surface de la Terre est devenue inhabitable et le peu d’êtres humains encore en vie survivent dans Renaissance. Immense cité souterraine, Renaissance porte très mal son nom car la majorité des gens qui y vivent sont tout sauf en train de renaître.

En effet, la cité est divisée en trois parties : le Cocon, le Grenier et la Cave. La majorité de la population vie dans la Cave : condamnée à travailler pour une misère et survivre dans des habitations sordides… La mort guette tout le monde à chaque coin de rue ici. Ceux du Cocon sont quant à eux préservés : ils font partie de l’élite sociale et n’ont aucun contact avec ceux du bas de l’échelle. Quant au Grenier, bien que son nom soit un indice, on ne sait rien dessus au début du roman…

Voici donc le décor posé. Maintenant imaginez-vous une jeune fille bien née au Cocon qui décide coûte que coûte de retrouver son père disparu. Et imaginez également un jeune garçon de la Cave qui vit de larcins pour manger quand le destin est clément avec lui… comment ces deux là pourraient-ils bien se rencontrer et changer l’avenir des habitants de Renaissance ?

Un univers impitoyable qui tient bien en haleine

E-Den est un roman qui satisfera tous les lecteurs ayant besoin d’action, en particulier si ils ont entre 12 et 14 ans. Pourquoi ne pas conseiller ce roman pour des plus grands ? Tout simplement car E-Den a beau être un roman post-apocalyptique aux lois dures, les dialogues sont eux beaucoup plus « jeunesse ». Ca n’est pas un mal, mais ce contraste entre le genre et les dialogues en fait un roman très accessible.

De bonnes idées, il y en a dans ce premier opus, en particulier sur l’univers de Renaissance et sa hiérarchie. Peu à peu, on découvre tous les secrets de la ville, ainsi que ses pièges… Vous ferez également la connaissance d’une créature très étrange : le racureuil (c’est lui sur l’épaule de la jeune fille en couverture !), mignon mais pas seulement…

 ….

La grande force du récit réside dans sa capacité à nous emmener toujours plus loin dans l’histoire, et cela de façon très aisée. Nous qui commençons dans la Cave, nous passons par toutes les strates de la cité, allant même jusqu’à découvrir d’autres cultures et peuples qui en sont extérieurs. Chaque nouvelle péripétie apporte son lot de nouveaux personnages et d’enjeux renouvelés… En définitive, vous ne pourrez par vous ennuyer. A lire pour tous ceux qui aiment l’aventure sur fond de fin du monde ! A réserver à des lecteurs entre 11 et 13 ans environ.

Affaire à suivre avec le second tome de la saga qui vient de paraître en octobre 2014 : La Traque.

Chronique : Silo – Tome 1

Silo 01Pourquoi nécessairement mettre des graines dans un silo quand on peut y mettre des hommes ?

Premier roman de Hugh Howey à paraître en France, Silo est également l’ouvrage qui a ouvert la toute nouvelle collection sf d’Actes Sud : Exofictions. L’ouvrage est paru en septembre 2013, il est le premier tome de la trilogie Silo.

Pour la petite histoire, sachez que Silo était avant tout une nouvelle mise en ligne par Hugh Howey avant d’être un best-seller dans son pays d’origine.
Dans ce récit à l’idée aussi originale qu’étrange vit toute une population d’être humains dans un tube profondément enterré sur la longueur : un silo.

Survivre dans un monde apocalyptique sans perspectives d’avenir…

Nous ne savons ni où ni quand, mais des hommes (toute une communauté) vivent dans un silo géant, sous terre. Personne n’est à même de savoir depuis quand et pourquoi cela est ainsi, mais tous servent au mieux leur communauté afin qu’ils survivent. Chacun a une attribution précise et doit déclarer toute relation amoureuse. Pour avoir un enfant, il faut déposer une demande et croiser les doigts pour gagner à la loterie… voilà le tableau de la vie dans le silo.

Mais la construction a beau être souterraine, les habitants du Silo ont une vue imprenable sur l’extérieur à travers l’œil de trois caméras. Personne ne peut mettre un pied dehors à cause de l’air toxique… mais certains sont tout de même condamnés à y aller. En effet, si vous faite que ne serait-ce évoquer l’extérieur, vous êtes bon pour un aller simple et la mort garantie. C’est d’ailleurs ce qui va arriver au shérif du silo, et ce qui était arrivé précédemment à sa femme…

Et c’est ainsi qu’entre en jeu le personnage de Juliette : mécano surdouée qui travaille dans la partie basse du silo. Elle est pressentie pour remplacer le shérif du silo, mais la politique interne semble bien décidée à mettre des bâtons dans les roues de cette évolution. D’autant que Juliette préfère de loin le cambouis et le goût de l’effort aux machinations obscures qui se trament en haut…

Un roman policier ayant pour toile de fond l’anticipation

Le début du roman ainsi que la présentation de son univers est efficace et percutante. L’idée d’enterrer des hommes dans un silo est intéressante, elle attise la curiosité. Le tout est bien traité, les personnages sont assez creuses pour être attachants, en particulier Juliette : volontaire, douée, et dotée d’un fort sens de la justice. Je pense également à toutes les petites mains du fond qui sont décrite avec tant d’affection par Hugh Howey : Shirmy, Walker, Jenkins…

Au fil des pages, ce qui nous apparaissait uniquement comme un récit de sf prend de l’ampleur. Silo acquiert une dimension politique (à une échelle réduite, mais tout de même) et prend des pistes inattendues pour la suite de son intrigue.
Alors, certes le roman est avant tout un récit d’anticipation, mais il joue également sur les codes du roman à suspense. Chapitres conclus de telle façon que c’en est addictif, twists en fin de partie, tensions… Ce jeu de genres n’est pas pour déplaire, bien au contraire !

…..

En conclusion, Silo est un très bon premier tome avec tantôt une intrigue prévisible, tantôt des chutes choc. Il plaira aussi bien aux lecteurs de récits d’anticipation qu’aux autres, et c’est une belle façon de démocratiser la sf, Actes Sud étant réputé pour éditer des textes de qualité. L’équilibre est bien dosé entre les phases de suspense et les révélations, nous laissant toujours sur le fil du rasoir.
A suivre avec le second tome déjà paru : Silo Origines, et le troisième qui vient tout juste de sortir : Silo Générations.

Chronique : Le Passeur

Le passeurVingt ans avant même que le terme « dystopie » n’existe, le passeur était déjà écrit. Un récit initiatique empreint de valeurs et de bon sens à un point extrême.

Si on ne devait citer Lois Lowry que pour un seul de ses romans, ce serait certainement Le Passeur que l’on évoquerait en premier lieu. Paru aux Etats-Unis en 1993 sous le titre The Giver, ce roman destiné à la jeunesse n’a pas pris une seule ride : tous les objets qui y sont évoqués sont intemporels, sans aucun marqueur de temps dans le récit. Le passeur possède cette incroyable force d’être aussi actuel maintenant que dans 20 ans encore…

Le succès de ce récit ne s’est pas démenti en vingt ans d’existence : toujours régulièrement prescrit dans les écoles (américaines, anglaises mais aussi françaises), grand Lauréat de la Newbery Medal… c’est maintenant au cinéma que l’œuvre vient d’être adaptée (sortie le 29 octobre prochain en salles).

Enfin, sachez que Le Passeur n’est qu’un seul titre sur les quatre du cycle Le Quatuor. En France, le tout dernier sort en octobre sous le titre : Le Fils. Il est la suite directe du Passeur et dire qu’il est attendu est un doux euphémisme. Les deux autres volumes du cycle sont totalement indépendants en termes de chronologie et de personnages mais ils se déroulent dans le même univers, il s’agit de Messager et de L’élue.

Le passeur gf tie inUn monde parfait où la vie et ses saveurs sont aseptisés

 Dans le monde de Jonas, tout est pareil : les maisons, la nourriture, l’enfance…. Tout le monde vit dans l’égalité la plus totale. Ce monde ne laisse pas place à la spontanéité, qui est synonyme de danger. Dès la plus tendre enfance, chacun apprend à être précis dans les mots qu’il emploie afin de ne blesser personne, d’être le plus compréhensible possible. Il est interdit de poser des questions personnelles, de même que se vanter est répréhensible.

Tous sont surveillés, sous le regard bienveillant des Sages. Ce sont eux qui passent des messages audio dans la ville quand un vélo est mal garé dans la rue ou si quelqu’un ne respecte pas les règles de courtoisie élémentaires. Les personnes qui sont trop âgées ou les nouveau-nés inadaptés à cette société parfaite sont « élargis ». Enfin, le mensonge est prohibé, de même que les sentiments dans leur ensemble…

L’heure des affectations à sonné

Quand débute le récit, nous suivons les pas de Jonas, un onze-ans comme les autres. Il est très excité à l’idée qu’il saura dans quelques jours quel métier lui a été attribué. En effet, devenir un douze-ans implique de commencer à être formé pour son futur métier.

Le travail de chacun est déterminé par les Sages, qui observent les enfants dès leur plus jeune âge afin de déterminer dans quel domaine ils s’épanouiront le mieux.  Mais ce que Jonas ignore encore, c’est que son profil le destine à un métier unique au sein de sa communauté…

Le passeur vo the giverUne dystopie avant l’heure

A l’heure où les récits d’anticipation sont la grande mode littéraire, Lois Lowry avait au moins vingt ans d’avance sur son temps. En effet, à la lecture du Passeur, on retrouve tous ces ingrédients qui font les sociétés totalitaires du futur : prohibition des sentiments, avenir imposé, mariage sous réserve de compatibilité, l’uniformisation de la société pour le bien collectif…

A la lecture de récits tels que Promise, Divergent, La Cité de l’ombre, Le Tourneur de page ou encore Birth Marked pour ne citer qu’eux, il apparaît clairement que Le Passeur a largement contribué à créer les bases du genre.

Des idées fortes de leur simplicité, c’est ce que propose Lois Lowry avec succès. Impossible de ne pas se sentir happé par l’intrigue et le fonctionnement de cette étrange communauté. Tout n’est que détails, tous importants par la suite.

 …..

Le passeur vo the giver gift editionLes tenants et aboutissants sont au final simples et terriblement efficaces, mais impossible de développer plus l’intrigue sans en dévoiler trop. Je vous laisse donc ici, au tout début de l’histoire, quand Jonas ne sait pas encore ce qui l’attend.

Sachez simplement que le passé est le plus grand trésor de notre culture, et qu’il faut en prendre soin… Les sentiments ne sont pas une honte, ils sont là pour nous rappeler que nous sommes vivants. Et les couleurs… elles sont belles et on ne se rend pas compte à quel point elles sont précieuses. Jonas, lui, le sait.

Chronique : Le cycle d’Ender – Tome 2 – La voix des morts

Le cycle d'Ender 02Une suite excellente et très différente par rapport au premier opus du cycle d’Ender

Second tome du Cycle d’Ender, La voix des morts se déroule plus de trois mille ans après les événements du premier tome. Dans une approche plus sociologique et théologique, Orson Scott Card continue à nous montrer la complexité de la personnalité d’Ender…

Orson Scott Card est un auteur américain qui remporta de nombreux prix littéraires, notamment le Prix Nébula, le Prix Hugo, le Prix Locus ou encore le Prix Cosmos pour ne citer qu’eux !

Le cycle d’Ender est l’un de ses écrits les plus connus avec celui d’Alvin le Faiseur (encore inachevé à ce jour).

Ender, porteur de la voix des morts et d’un mode de pensée traversant les systèmes solaires

Lorsqu’Ender s’est exilé après l’annihilation des doryphores, lui-même qualifia son acte d’impardonnable. Il parcouru de nombreux système avec sa sœur Valentine, les voyages à la vitesse de la lumière ne les faisant pas vieillir. Ender traversa ainsi les millénaires, le monde pensant qu’il est mort depuis bien longtemps.

C’est ainsi qu’Ender est passé de stratège de la guerre à porte-parole des morts. Il reste le temps qu’il faut sur une planète afin de parler au nom de la défunte personne en étudiant ses anciennes relations, habitudes… Tout y est dit sur le défunt : le bon comme le mauvais, afin d’être le plus près possible de la réalité. Ses capacités d’empathie exceptionnelles rendent se travail parfait pour lui.

Mais plus que porte-parole des morts, Ender Wiggin cherche depuis des millénaires un endroit où pourra s’épanouir le dernier représentant vivant des doryphores : le cocon de la Reine. Aucune des planètes qu’il n’a visitée ne correspond à ses critères, ni à ceux de la Reine d’ailleurs (elle communique télépathiquement avec Ender).

Mais les choses vont être bousculées lorsqu’un appel est émis en provenance de la planète Lusitania : il faut là-bas au plus vite un porte-parole, et Ender est le plus proche. Seul bémol, le voyage dure trente ans, et… il n’y pas que des humains sur cette planète. La seconde espèce intelligente après les doryphores vient d’être découverte par l’humanité en la personne des Piggies… et ils viennent de tuer des scientifiques qui les étudiaient. Que faut-il faire d’eux ? Les éliminer ou essayer de comprendre leur acte ?

Le cycle d'Ender 02 old coverBeaucoup plus dense et axé sur les relations sociales humaines et extraterrestres

Ce second tome n’a rien à voir avec le premier. Alors que La stratégie Ender était axée sur l’évolution d’Ender et sa manipulation pour le bien commun, nous avons affaire avec La voix des morts à un roman beaucoup plus fouillé et philosophique.

Nous faisons la connaissance des Piggies, nommés ainsi à cause de leur ressemblance avec des cochons. Leur société est extrêmement hiérarchisée et mystérieuse. On n’y voit que les mâles, les femelles étant cachées aux yeux de tous.

Enfin, un autre personnage – immatériel celui-là – fait irruption dans l’histoire. Il s’agit de Jane, une Intelligence Artificielle qui maîtrise tout ce qui est informatisé à travers les systèmes solaires colonisés par l’homme. Elle est issue de la complexité des réseaux de communication humains, née de nulle part, elle n’a jamais osé se montrer, de peur que l’humanité ne veuille la détruire tant elle est puissante. Il n’y a qu’à Ender qu’elle s’est dévoilée… leur relation est aussi étrange que belle.

Alors de quoi parle ce second tome ? Tout d’abord de l’humanité qui se retrouve de nouveau confrontée à une race extraterrestre qui semble encore une fois hostile. Mais les hommes vont-ils refaire la même erreur et éliminer les Piggies ? Ou bien vont-ils essayer de comprendre leur geste ?

Certains disent déjà qu’il faut les éliminer, mais d’autres essayent par-dessus tout de comprendre cet acte, notamment les chercheurs et xhénobiologistes qui travaillent sur les Piggies depuis des années comme Miro ou encore Novinha.

Le cycle d'Ender 02 VOFascinant par sa différence

Ce second tome est très différent en de nombreux points. Tout d’abord, découvrir un Ender de 35 ans environ change la donne. Ses réflexions sont encore plus poussées qu’auparavant, son personnage a évolué avec une recherche perpétuelle du pardon, torturé par son état de Xénocide.

Le monde de Lusitania créé par Orson Scott Card est très intéressant et surtout original : une colonie de type hispanique y a été installée. Les dialogues sont ainsi parsemés de mots en espagnol, rendant le tout plus « vrai », plus authentique.

Mais le plus intéressant dans La voix des morts reste encore les étranges Piggies. On ne sait pas si l’on doit être terrifié par eux ou autre chose. Car ils n’ont pas fait que tuer des scientifiques, ils les ont tout d’abord torturé. Et le cheminement pour découvrir la vérité est semé d’embûches : mal-être en leur présence, peur, désir de certain de les tuer et d’en finir… Les Piggies, créés de toutes pièces par l’auteur sont des êtres mystérieux dont le langage est étrange, de même, les noms qu’ils se donnent sont bizarres. Toute cette culture extraterrestre est créée de main de maître et fascine.

Certains pourraient trouver ce second tome ennuyeux, mais je le trouve beaucoup plus aboutit que le premier tome, qui restait beaucoup plus dans l’action. Ici on parle de beaucoup de  théologie contre sciences, de survie des hommes contre droit de vie des Piggies.

Le tout est développé d’une telle façon que l’on se prend d’intérêt pour les Piggies et leur étrange mode de vie. Et une question réside : Ender sera-t-il uniquement porte-parole d’un mort ou jouera-t-il encore une fois un rôle qui le dépasse ?

En conclusion, La Voix des morts est un second opus efficace bien que dérangeant au début, car très différent de ce à quoi nous avions étés habitués. Il est toutefois très bon et réussit à nous intéresser à de nombreux sujets de réflexions, sous couvert de faire de la science-fiction. Beaucoup plus complexe et étrange, il ne pourra pas plaire à tout le monde, c’est certain. Affaire à suivre avec le troisième tome de la série, Xénocide, qui est la suite directe (sans sauts de milliers d’années) car nous laissons nos Lusitania dans une posture délicate…

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Nox – tome 1 – Ici-bas

Nox - tome 1Plongez dans un nouvel univers dense, obscur, unique.

Nouvelle série d’Yves Grevet, Nox (éditions Syros) renoue avec ce qu’affectionne tant l’auteur : un futur sombre, où il faudra lutter pour avoir le moindre droit. Ainsi retrouvons-nous comme dans sa trilogie Méto, des personnages que la vie n’a pas épargnés.

Plus sombre mais aussi plus mûr que Méto, Nox nous entraîne au plus sombre de l’âme humaine, où les amitiés que l’on pensait indestructibles peuvent se défaire très facilement, et où la place dans la société est décidée dès la naissance, sans aucune possibilité d’évolution pour ceux qui sont au plus bas de l’échelle…

Dis-moi où tu habites et je te dirais ta position dans la société…

La Nox… ce brouillard qui fait vivre un calvaire à tous ceux qui n’ont pas la chance d’habiter à une altitude assez élevée. Les gens du petit peuple y sont nés, et y meurent dans l’indifférence la plus totale de la part de ceux d’en haut. En effet, la classe sociale est déterminée par l’altitude où vit chacun sur la colline. En bas, pas d’électricité sans effort, ainsi chacun pédale pour produire sa propre lumière, et marche avec des chenillettes pour accumuler de l’énergie pour plus tard.

Enfin, règle la plus terrible, toutes les filles doivent être enceintes avant l’âge adulte sous peine de devenir des parias…

C’est dans cette cruelle société que vit Lucen, un jeune homme né en bas, dans la fumée constante qui tue à petit feu tous les habitants. Il a une petite amie, Firmie, et comme tout le monde, va bientôt essayer d’avoir un enfant, sous peine qu’on lui impose une autre jeune fille, plus complaisante.

Lucen a également des amis, qui en sont à peu près au même stade que lui. L’un, Gerges a son père qui travaille dans la milice, organisme corrompu jusqu’à la moelle censé faire régner l’ordre, mais qui sert plutôt les propres intérêts de ce qui y travaillent. Il y a également ses amis Maurce et Jea. Ils sont toujours ensemble, malgré les années, mais jusqu’à quand ?

En parallèle à cette intrigue du bas, nous découvrons la jeune Ludmilla, issue de la classe aisée, et dont le point de vue qu’elle a de la société est sur le point d’évoluer.

Ah, et chose utile à préciser, il est strictement interdit au gens du bas de monter en haut…

Une histoire aussi sombre que saisissante

Alors que dans Méto Yves Grevet y allait de façon assez temporisée, dans Nox, il se laisse toute latitude. En cela, son univers est des plus dérangeant : violent, injuste et terriblement oppressant, nul ne peu faire confiance à personne dans le monde de Nox. Et c’est la dureté de cet univers qui le rend si fascinant.

La description de la milice de Nox en particulier est très sombre, censée protéger les citoyens, cette dernière préfère les racketter, les faire vivre dans la peur, et même user d’une violence souvent extrême. Dois-t-on y voir une extension de ce que pense l’auteur de notre propre société ? Les désillusions s’accumulent en tout cas pour certains personnages…

Ainsi, certaines scènes, diaboliquement réussies, nous font glisser lentement dans l’horreur de la « douce » violence. Le point de vue de ces personnages se laissant aller à ces accès est maitrisé avec art, nous faisant presque comprendre ce qui les a amenés à cette extrémité.

Le traitement des personnages est également très réussi, on y sent très vite les différents rapports de force et contraintes qui les animent. Le détail est poussé jusqu’aux prénoms : Lucen, Marha, Hectr, tous les prénoms de ceux d’en bas ont une lettre en moins, comme s’ils étaient moins que des êtres humains… il en est de même pour les aliments, des ersatz, le meilleur étant gardé par ceux d’en haut.

Évidemment on sent une révolte se profiler chez certains, mais sous quelle forme se présentera-t-elle ? Sera-t-elle sourde ? violente ? Quels en seront les leaders ? Une réponse se dessine, mais sans certitude, Yves Grevet nous ayant habitué à toujours nous surprendre, on en attend pas moins de lui maintenant.

Profondément révolté, ce roman laisse transparaître tous les travers d’une société qui se meurt et qui pourrait malheureusement être la notre si l’on se laisse gagner par le scepticisme.

Un bel ouvrage qui fait réfléchir, et qui surtout se dévore très vite ! Difficile d’attendre la suite, qui ne devrait par arriver avant un an.

9/10

Chonique : Days

days.jpg

Days est un livre très prenant par son originalité, d’habitude on parle de mégastore mais là c’est carrément un gigastore, et il est même fait mention du terastore ! C’est pourquoi je l’ai lu en quelques jours, on très vite entraîné par la vague du gigastore Days avec les différents personnages ayant chacun un rôle dans la vie du magasin et la magasin étant la vie de chacun, le livre nous montre une vision du consumérisme assez effrayante dans un style cyberpunk (c’est à dire qu’il critique la société actuelle tout en écrivant une histoire pouvant être réalité dans un futur proche).

Ainsi, vous avez les personnages qui ne se connaissent pas au début de la journée qui seront amenés a avoir des interactions entre eux, et certaines moins plaisantes que d’autre. On croise une femme qui a économisé plus de 5 années avec son mari pour obtenir un compte chez Days (eh oui, le gigastore n’est pas ouvert à tous, il faut un minimum de capitaux…), un employé de chez Days blasé de son travail de Fantôme qui veux quitter le gigastore avant de devenir fou… mais aussi les roi de l’empire Days les sept frères de Septimus Day, le créateur de ce royaume de la consommation où tout s’achète.

Ce qui m’a vraiment plu dans ce livre, c’est la démonstration des extrêmes possibles du comportement humain, ses limites et ses pouvoirs à les repousser, cela aussi bien dans un but de préservation du bien, que dans les des situations amenant aux pires horreurs…en bref, je trouve ce livre vraiment intéressant dans son concept et en même temps horrible : fascinant.

Le seul bémol sera la fin, que je trouve un peu plate et qui peut-être se morfond un peu trop dans le sordide et l’horreur du futur, à chacun de voir… en tout cas, bienvenue dans un genre à part et très intéressant de la SF : l’apocalypse sociale.

 

Chronique : Balades Indiennes

Balades indiennesCette œuvre est un recueil de nouvelles venant d’Inde et écrit par des auteures d’origine indienne. Ce sont des histoires contemporaines dans l’air du temps, mais avec une culture indienne qui est confrontée à l’occidentalisation de ses codes.

Chitra Banerjee Divakaruni a écrit La maîtresse des épices ou encore le roman Mariage arrangé. Anita Nair a quant à elle écrit entre autres Quand viennent les cyclones, ou Compartiment pour dames. Bulbul Sharma enfin est connue pour ses romans La colère des aubergines ainsi que Mes sacrées tantes. Leurs courts récits sont le reflet d’une société indienne en pleine métamorphose.

Dans Balades indiennes, on  découvre ainsi qu’en Inde, les femmes sont parfois obligées par leurs familles à avorter quand on apprend que leur premier enfant est une fille, ce qui est horrible, mais bien réel. Mais d’autres on eu la chance de pouvoir se cacher, et de partir loin de leur famille et de celle de leur mari. Une par exemple, à la chance d’avoir choisi son mari, de culture indienne tout comme elle, mais la vie n’est pas toujours rose quand même, elle s’en rend compte à ses dépends… Ainsi, chaque histoire nous raconte une partie de la culture Indienne, bien complexe dont on ne peut qu’apercevoir un pan ténu, mais fascinant.

En conclusion, Balades indiennes est un recueil de nouvelles prenantes et de toute beauté qu’il ne faut pas manquer. De plus, le livre se lit vraiment très rapidement pour ceux qui auraient envie d’explorer une autre littérature, c’est un bon début.

Chronique : Stupeur et tremblements

stupeurettremblements.jpg

Voila un bon petit roman d’Amélie Nothomb qui se lit vite. L’histoire est vraiment prenante, car on découvre la culture Japonaise et son mode de fonctionnement dans une entreprise, surtout vis à vis d’une personne étrangère salariée… C’est vraiment l’enfer pour la narratrice, à côté, notre travail est peut-être un peu plus attrayant. Quoi qu’il en soit, ce portrait fait du monde professionnel au Japon n’est autre qu’un témoignage du vécu de l’auteur.

On aime surtout, les passages qui sont tellement extrêmes qu’ils en deviennent absurdes, après tout personne d’intelligent ne relèguerai quelqu’un capable de faire du très bon travail en étudiant un marché au service des toilettes pour changer le papier… et c’est pourtant ce qu’il va arriver !

vraiment pas mal, sauf petit reproche : était-on obligé d’user tant de papier en utilisant une typographie de corps 14 ?

 

GENRE : Littérature
TRANCHE d´ÂGE : ,