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Chronique : Miniaturiste

MiniaturisteLes grands secrets d’une maison parmi d’autres dans l’Amsterdam du 17ème siècle

Premier roman de l’anglaise Jessie Burton, Miniaturiste vient de paraître aux éditions Gallimard dans la collection Du monde entier en mars 2015. Lors de sa sortie en langue originale, cet ouvrage a su réunir les critiques les plus élogieuses de la presse. Espérons qu’il connaîtra le même accueil en France.

Pour son roman, Jessie Burton s’est directement inspirée d’une maison de poupées existante qui est exposée au Rijksmuseum d’Amsterdam (cf photo ci-dessous).

On y découvre le portrait d’une jeune femme à peine sortie de l’adolescence qui se retrouve femme mariée à l’un des hommes les plus puissants d’Amsterdam. Son entrée dans la famille des Brandt ne se fera pas sans anicroches et contrariétés plus ou moins gênantes…

« Bienvenue » dans la riche famille Brandt

A peine arrivée dans sa nouvelle demeure, la jeune Nella Oortman (nouvellement Nella Brandt) sait qu’elle aura beaucoup à faire pour se faire accepter. L’accueil froid de sa belle-sœur Marin, l’absence de son mari Johannes et le comportement peu avenant d’une des domestiques ne sonnnt guère comme de bons présages.

Les questions sont nombreuses quant à l’intégration de Nella chez les Brandt, mais plus que cela, elle sent qu’il y a de lourds secrets dans cette nouvelle famille. Alors que s’y passe-t-il réellement ? Et en quoi le cadeau de Johannes – une superbe maison de poupée semblable en tous points à la maison du couple – va-t-il mettre sa vie au sein des Brandt en perspective ?

Miniaturiste VOEnchanteur et parfaitement bien construit

A peine entré dans la maison des Brandt, on sent que l’on est dans ce genre d’atmosphère qui ne laisse pas indifférent. Tamisée, secrète, cachée… tout y est composite et délicat. Les non-dits et les signes discrets sont plus importants que les actes eux-mêmes. Les indices sont nombreux, et pourtant… certains glisserons sur vous innocemment.

La maîtrise dont fait preuve Jessie Burton quant à la psychologie de ses personnages est d’une justesse parfaite. Ils sont tous crédibles et bien campés.

Et surtout, ce parallèle entre la vie de Nella et sa magnifique maison miniature (réplique parfaite de la maison où elle vit désormais) et extrêmement bien construit. Impossible de lâcher ce roman tant il est fluide et captivant à la fois. La vie de Nella a une influence sur sa maison de poupée et les nouveaux objets qu’elle y ajoute, mais plus inquiétant, la maison de poupée a elle aussi un ascendant sur la vie de la jeune mariée. Inquiétant.

Vous découvrirez également toutes les conventions et pressions sociales de l’époque. Amsterdam avait beau être une ville extrêmement moderne sur de nombreux plans, il ne faut pas oublier que nous sommes au 17ème siècle.

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A classer avec le chef d’œuvre La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier (l’éditeur parle également du Chardonneret de Donna Tartt). Vous n’aurez peut-être pas toutes les réponses à vos questions, mais c’est si bien édifié que peu importe ! Il est bon parfois d’avoir une part de mystère… Miniaturiste est ainsi une petite perle dont il est impossible de se passer, surtout si vous aimer les mystères intimistes sur fond historique.

Chronique Jeunesse : Le mystère du majordome

Le mystère du majordomeImaginez le décor parfait : un château splendide, un cadre raffiné… et des disparitions étranges !

Écrit par Norma Huidobro – une auteur traduite de l’argentin – Le mystère du majordome est un roman jeunesse paru à l’école des Loisirs en 2013. L’histoire se déroule durant la période des vacances scolaires dans un lieu de charme : un véritable palais de style européen en pleine Amérique du Sud ! Norma Huidobro a également écrit Une soupe de diamants et Un secret à la fenêtre chez le même éditeur.

Impossible de se reposer pour Tomás… même en pleines vacances !

A chaque fois qu’un événement ou une festivité de taille se prépare dans la famille de Tomás, c’est toujours la même chose : il est mis à l’écart. Mais quelle meilleure mise de côté que d’être logé, nourri et blanchi dans un palais de charme pendant plus de 10 jours ? Pour une fois, cette situation plaît à Tomás… et on le comprend aisément.

Mais à peine arrivé, le jeune homme se montre vite trop curieux. Premièrement, Tomás n’aurait jamais dû commencer à compter les beignets qui étaient dans la cuisine : tout cela n’aurait jamais eu lieu… Alors qui vole la nourriture rangée dans la cuisine ? Est-ce quelqu’un qui gagne à ne pas être découvert ? Un bandit ? Un criminel ? Autre chose ? Et d’où viennent ces bruits étranges dans l’une des tours du château ?

Un parfait petit roman policier pour l’été… mais pas seulement

Une chose est certaine, ce roman est fort sympathique et plaira sans problèmes aux enfants dès l’âge de 9 ans. Le corps des mots est assez gros, permettant aux jeunes lecteurs de lire un vrai roman sans être submergés de texte.

L’intrigue est bien menée, l’idée de commencer tous ces mystères par des disparitions  de denrées alimentaires est amusante. Tomás est un jeune homme attachant dont la plume est simple et efficace. Il va se faire aussi bien des amis que des ennemis parmi les domestiques de la maisonnée et se faire une alliée inattendue en la personne de Camila, une petite fille fan de Barbie. Même si la communication est difficile au début, les deux enfants vont s’entendre afin de résoudre l’affaire.

« […] elle a fait demi-tour, emmenant la surprise et son sac de Barbie. Inutile de préciser que j’aurais préféré un plat de beignets à la pate de coings. S’il y a quelque chose que déteste c’est bien les Barbie. »

….

Drôle et parfait pour passer un bon moment, on appréciera de découvrir une auteur qui vient d’Argentine : cela a le mérite de changer des très nombreuses traductions anglo-saxonnes. A lire pour découvrir le style policier sans oublier une dose d’humour et de suspense !

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : La jeune fille à la perle

jeune fille perleUn très beau roman qui nous entrouvre les portes du monde feutré et fascinant des peintres flamands….

Vous connaissez sans doute la célèbre tableau de Jan Vermeer représentant une jeune fille aux grands yeux, parée d’un turban bleu et jaune.

Et bien ce que nous offre ici Tracy Chevalier, c’est l’histoire romancée derrière le tableau. Plongés dans une ville de Delft magique par son réalisme, c’est avec un plaisir sans bornes que l’on suit au fil des pages Griet, la nouvelle servante des Vermeer.

L’ambiance est vraiment telle que l’on peut l’imaginer à l’époque : l’univers dur des servantes avec leur dures corvées et leur statut peu élevé au sein de la société…cela additionné à un mépris, voir une haine, comme c’est le cas pour la maîtresse de maison qui hait Griet.

De plus, Tracy Chevalier a une écriture des plus sublimes, elle arrive à parler du peintre sans jamais écrire son nom, on le devine par sa plume subtile. Le voile est à peine levé sur la peinture et ses mystères, de même que sur les émotions des personnages…rendant l’atmosphère tendue et la lecture encore plus attrayante. Les références sont nombreuses sur les autres tableaux de Vermeer, on entend ainsi parler entre autres de « La laitière » et de sa création. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cet ouvrage, son réalisme, sa beauté…

Merci beaucoup à Tracy Chevalier pour ce voyage dans le temps et dans l’art secret de la peinture.

10/10

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique Jeunesse : Les orangers de Versailles

orangers de versaillesOh que j’ai aimé ce livre qui nous plonge sans distinction d’âge dans le monde Louis XIV et de sa cour (et de ses secrets…). Il nous conte l’histoire d’une petite fille de jardinier du Roi qui va être parmi les plus proches servantes de la Marquise de Montespan. Avouez que l’ambiance de l’époque déjà est attirante, et l’est encore plus quand c’est Annie Pietri qui nous fait découvrir les dessous de cette période.

Notre petite fille de jardinier qui n’a que 14 ans va devoir répondre à tout les désirs de la Marquise, aussi excentriques soit-ils. Pendant son temps libre elle se ballade dans les jardins à qui elle confie tout : ses bonheurs mais aussi ses soucis et les complots qu’elle découvre en servant les gens de la cour…

Sachez que ce livre ne requiert aucun âge maximum pour être lu, et c’est tant mieux. Le personnage de Marion est absolument charmant malgré tout ce qu’elle doit supporter de la part des autres femmes de chambres et servantes, mais aussi de certains gens de la cour… Mais ce pour quoi Marion est la plus douée, c’est la conception des parfums, qu’elle va se mettre à créer pour la Marquise, à sa plus grande joie. Ce don pour les odeurs me fait vraiment penser au Parfum de Süskind.