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Chronique Jeunesse : Le corbeau de nuit – Tome 1 – Les mystères de Mika

Une enquête policière sombre dans le Stockholm de la fin du XIXème…

Paru chez Thierry Magnier en fin d’année 2023, Le corbeau de nuit est un roman à destination de la jeunesse écrit par Johan Rundberg. Il s’agit du premier tome d’une série de cinq. On y découvre le Stockholm de la fin du XIXème et le mode de vie des orphelins qui tentent de survivre dans une ville et une époque bien cruelles…

Mika, orpheline parmi tant d’autres

Notre héroïne se prénomme Mika, du moins c’est le nom qu’on lui a donné quand elle a été recueillie à l’orphelinat. Elle ne sait rien de ses origines, comme tant d’autres enfants et nourrissons abandonnés… Son quotidien est difficile, tout comme celui de ses camarades d’infortune. En effet, l’hiver est extrêmement rigoureux à Stockholm, et cette année encore plus. L’établissement n’a même pas les moyens de nourrir et de chauffer correctement tous ses jeunes réfugiés.

C’est dans ce contexte difficile qu’arrive un nouveau bébé abandonné. Mais chose étrange, il est accompagné d’un bracelet. En parallèle de cette nouvelle bouche à nourrir, il se passe des choses étranges à la capitale. Les deux événnements sont-ils liés ? Rien n’est sûr, mais Mika a toujours eu l’oeil acéré et les oreilles qui trainent pour assurer sa survie. Fine observatrice, maligne et pleine de ressources, la jeune fille va être repérée par un enquêteur de la police de Stockholm. Ce dernier va utiliser ses talents pour avancer sur une dangereuse enquête qui piétine… Au mépris du danger pour elle, et pour lui.

Un cadre passionnant et original… mais si peu exploité !

Quand je me suis procuré cette ouvrage, j’étais très heureuse de voir qu’il ne s’agissait pas d’une ennième traduction issue de l’anglais. Un roman à succès suédois, voilà de quoi changer un peu des lectures habituelles ! L’autre plus qui m’avais attirée, c’est qu’il s’agissait d’un roman historique en plus d’être policier. Cependant, je fut quelque peu déçue sur ce point… En effet, le cadre historique estrêmement réduit. Point d’utilisation des lieux emblématiques de l’histoire de la ville ou du pays, pas ou très peu d’explications sur le mode de vie à cette époque… On aurait aussi bien pu se trouver en Angleterre, cela ne faisait pas grande différence, et c’est bien dommage !

Pour moi, quand on propose de faire lire un roman historique, le décor et l’époque se doivent d’être au moins un peu développés. Ici, il n’en est rien ou presque, il est donc assez difficile de se projeter dans l’ambiance et l’atmosphère de la ville de Stockholm au XIXème siècle…

En ce qui concerne l’intrigue en elle-même, elle fonctionne tout à fait, avec une narration efficace, un duo d’enquêteurs original et fonctionnel. C’est tout à fait réussi. Les personnages sont le point fort de ce roman, car ils sont à la fois crédibles et attachants, pour ceux que l’on apprécie et inquiétants pour d’autres… Quoi qu’il en soit, ça marche parfaitement.

J’ai donc apprécié cette lecture, mais je trouve extrêmement dommage que l’auteur n’ai pas fait un travail de documentation, même léger, pour camper au mieux son histoire. S’il l’a fait, il n’en a pas fait bénéficier ses lecteurs malheureusement.
C’est donc un roman efficace, qui fonctionne bien et qui fera passer un bon moment aux lecteurs entre 11 et 13 ans.

Je trouve qu’il ne faut pas lire Le corbeau de nuit avant 11 ans car certaines scènes et réalités de la vie de l’époque sont assez explicites : la faim, la cruauté des adultes envers les pauvres et les orphelins, la méchanceté gratuite…

Chronique Jeunesse : Journal d’une sorcière

Un ouvrage de fonds à découvrir absolument ! Entre roman historique et récit d’aventure, découvrez le cheminement risqué d’une jeune fille au 17ème siècle qui tente de s’émanciper alors que tout ce qui est différent est apparenté au diable.

Celia Rees est une autrice anglaise qui a connu un succès incroyable avec son roman Journal d’une sorcière, paru en 2002 en France. Cet ouvrage est d’ailleurs le seul d’elle qui soit encore disponible et commandable en librairie (nous sommes en juillet 2023 lorsque j’écris ces lignes). Elle a par ailleurs écrit d’autres romans historiques : La balade de Sovay, Vies de sorcières ou encore Illyria (tous parus au Seuil Jeunesse).

Fuir à tout prix un destin funeste

La jeune Mary vient de voir sa grand-mère exécutée presque sous ses yeux pour sorcellerie. Bien qu’elle ne soit pas en danger immédiats, il est clair que la vindicte populaire s’en prendra certainement à elle avec le temps… C’est ainsi que Mary, aidée d’amies de sa défunte grand-mère va trouver place à bord d’un bateau en partance pour le Nouveau-Monde. Mais là où l’on pourrait croire que tous les possibles s’ouvrent à Mary en quittant l’Angleterre puritaine, il n’en est rien. Dès qu’elle pose un pied à bord du navire, elle sait qu’elle devra rester méfiante durant toute la traversée… et au-delà.

Un magnifique portrait de jeune fille combative et libre

Malgré un titre très « magique », il n’est pas réellement question de sorcières et de formules étranges. Non, Journal d’une sorcière est un texte qui dénonce la bien-pensance religieuse ainsi que la persécution subie par de nombreuses femmes au 17ème siècle (mais pas seulement). En effet, toute femme qui était un peu trop libre, qui se baladait en forêt, ou encore qui n’avait pas de mari devait forcément folâtrer avec le Diable en personne. C’est ainsi que Mary, en ne se faisant pas les bonnes relations ou en montrant simplement son désaccord par moments risque sa vie. Cela peut sembler totalement disproportionné, mais c’est pourtant vrai, et d’autant plus à l’époque où évolue la jeune fille.

Ce roman est d’une intelligence rare, il décrit avec subtilité les conditions très coercitives dans lesquelles vivent les femmes jugées trop libres. Mais il dénonce également comment les Anglais qui arrivent dans le Nouveau Monde se sont peu à peu approprié les terres des natifs, les indiens. Refoulés de leurs propres terres, mis à la marge et jugés durement puis tués, voilà le destin de ceux qui ont aidés les colons à s’installer.

Tout cela, Celia Rees le décrit à la perfection dans son roman aux allures de journal intime. Le ton n’est jamais accusateur, Mary n’étant pas non plus dans une posture victimaire. La jeune fille tente de trouver sa voie au travers de tous les écueils que l’on dresse sur son chemin. Même si cela n’est jamais dit, c’est le statut de femme libre qui fait peur aux hommes, se servant de la religion comme prétexte pour les ostraciser et/ou les éliminer.

Journal d’une sorcière est si bien fait que l’on croirait réellement tenir entre les mains le témoignage d’une jeune fille tentant de survivre de ce monde pieux. Pour ajouter à la confusion, l’autrice a eu l’idée géniale de mentionner que ce journal a été trouvé, caché dans une couverture en patchwork datant de l’époque coloniale. Et à la fin de l’ouvrage, elle ajoute le doute en enjoignant les lecteurs à la contacter s’ils ont plus d’information sur la narratrice de ces feuillets : Mary Newburn. Il y a même une adresse mél !

Après lecture, je comprends pourquoi Journal d’une sorcière est devenu un livre de fonds en librairie (bien qu’oublié de nos jours). Il a toutes les qualités d’un grand classique : ingénieux, poussant à la réflexion ceux qui le lirons, et documenté, le tout avec une narration captivante !
A découvrir dès l’âge de 13 ans environ. Parfait pour celles et ceux qui aiment les romans historiques plus vrais que nature.

Mini-Chroniques #7 : Un anniversaire royal à gâcher, une figure de l’Histoire au parcours inspirant, une dystopie chinoise à faire froid dans le dos et une femme trompée….

Pour une fois, il n’y a vraiment AUCUN rapport entre les livres présentés. Si ce n’est qu’ils ne nécessitaient pas une chronique complète. Mais ils ont tous leur petite particularité, même si je ne les ait pas tous pleinement aimés…

Le premier défi de Mathieu Hidalf – Christophe Mauri – Folio Junior

Cela fait extrêmement longtemps que j’ai lu ce premier tome des aventures de Mathieu Hidalf. Il ne m’en reste donc qu’un souvenir diffus bien que très positif, la mini-chronique semble donc tout indiquée.

Pour faire simple, cette histoire m’avait fait penser à du Harry Potter version délurée, décalée et originale. Le jeune Mathieu Hidalf prenant chaque année un malin plaisir à gâcher la fête d’anniversaire du roi. Et cette année, il va devoir faire encore plus fort que les années précédentes car un complot contre le roi s’organise…

C’est une lecture drôle, qui ne se prend pas au sérieux une seule seconde et qui recèle beaucoup d’imagination. On sent que ce n’est que le début d’une grande saga jeunesse (dont le succès s’est d’ailleurs amplifié au fil des tomes). Et en plus, c’est français ! Ce qui ne gâche rien, bien au contraire.

La révolte – Clara Dupont-Monod – Stock

La seconde partie de vie de l’incroyable Aliénor d’Aquitaine vue par son fils, Richard Cœur de Lion nous est ici magnifiquement romancée par Clara Dupont-Monod. L’autrice du roman Le roi disait que j’étais diable revient sur le sujet d’Aliénor, qu’elle n’a apparemment pas fini d’exploiter de façon romancée… Et c’est une réussite !

On plonge dans l’Histoire, la vraie, comme jamais. Et bien entendu, il y a quelques inexactitudes historiques, Clara Dupont-Monod le sait bien. Mais comme elle le dit si bien, elle n’est pas historienne mais romancière. Alors, si elle souhaite par exemple faire tenir une fourchette (ce qui historiquement n’est pas possible) à Aliénor, rien ne l’en empêche.

Pour ceux et celles qui aiment les purs romans historiques, c’est l’ouvrage parfait. On est transporté par le destin de cette femme qui s’est mariée au Roi de France, en a divorcé (impensable pour l’époque !) et puis s’est remariée avec le Roi d’Angleterre ! Ici, c’est tout particulièrement la seconde partie de sa vie que nous allons découvrir. Sa tentative de retournement du pouvoir en Angleterre, ainsi que sa captivité…

Un paradis – Sheng Keyi – Editions Philippe Picquier

Présenté comme La servante écarlate version chinoise, Un paradis avait tout pour me plaire. Une dystopie chinoise, ce n’est pas tous les jours qu’on en découvre une ! Mais très vite, j’ai été assez perplexe et déçue.

Je n’ai pas aimé l’écriture, même si elle se justifie tout naturellement car l’ouvrage est narré par une jeune femme un simple d’esprit qui ne comprend pas tout ce qu’on lui impose. Elle a été mise dans une sorte de clinique clandestine à bébés. Inséminée, on attend ensuite qu’elle accouche pour vendre le nourrisson, et on recommence jusqu’à ce que son corps s’épuise. Et comme elle est simple d’esprit, elle n’est même pas rémunérée, considérée uniquement comme un ventre fécondable, contrairement aux autres femmes qui elles sont venues par nécessité, elles sont payées par chaque bébé viable qu’elle « fournissent ».

Notre jeune narratrice se fait régulièrement abuser, agresser, tout étant écrit de son point de vue, rien n’est crument dit, mais on comprend qu’il se passe quelque chose de terrible. C’est une enfant dans un corps d’adulte qui nous raconte son calvaire…

Le roman est clairement dérangeant et c’est voulu, mais je n’ai pas réussi à adhérer à cette dystopie, bien trop terrible (et peut être trop réaliste ?). On appréciera les jolies aquarelles en couleur réalisées par l’autrice pour la version française de son roman. Elles sont superbes.

Martine est sur Gleeden – Martine S. – Editions de La Martinière

Peu mémorable, mais certes sympathique sur le moment. On y suit les « aventures » d’une femme d’une cinquantaine d’année dont le couple bat de l’aile. Son mari la trompe, elle décide de se venger en allant voir ailleurs elle aussi… mais ce n’est pas comme ça que les choses vont se passer.

Avec des noms de chapitres tels que « Martine va au sex-shop », « Martine à la piscine » ou encore « Martine Reporter », on ne peux s’empêcher de penser à la célèbre série pour enfants version salace… Mais ici, rien de cru, c’est plus une réflexion sur le couple quand on passé le cap de la cinquantaine. Je me suis sentie très éloignée de Martine pour de nombreuses raisons, mais avant tout parce que l’histoire est assez plate malgré une écriture drôle et vive. Lecteurs curieux, passez votre chemin…

Chronique : Le Prix

L’histoire romancée du Prix Nobel de Chimie de 1944, Otto Hahn, père de la découverte sur la fission nucléaire… mais était-il seul à faire cette avancée majeure ?

Paru lors de la Rentrée d’hiver 2019, Le Prix de Cyril Gely est aux éditions Albin Michel. Ecrit sous forme de dialogue en huis-clos qui dure quelques heures à peine, on découvre l’histoire qui se cache derrière la grande…

A quelques heures de la remise du plus prestigieux des prix…

Otto Hahn est au Grand Hôtel de Stockholm, il attend avec fébrilité d’aller chercher le Prix qui couronnera sa carrière. Celui pour lequel il a fait tous les sacrifices, où il ne comptait pas son temps… Et où la montée d’Hitler au pouvoir a eu une influence majeure sur sa façon de travailler avec sa collaboratrice pendant plus de trente ans, Lise Meitner.

Mais à quelques heures de la remise du Prix, Lise s’invite pour le confronter à la vérité des faits… La lumière va se faire sur le contexte dans lequel Otto Hahn a découvert la fission nucléaire…

Un huis-clos fascinant !

J’ai appris tellement de choses dans ce roman qu’il m’est impossible d’être exhaustive, mais sachez que Le Prix est hautement instructif. On y apprend l’Histoire et son influence sur les avancées scientifiques dans les années 1940 en Allemagne notamment.

On découvre comment Lise Meitner a été totalement occultée de l’Histoire… et après quelques recherches, j’ai découvert que cet effet avait un nom : L’effet Matilda (définition : désigne le déni ou la minimisation récurrente sinon systémique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins – lien ici).

Évidemment, on en apprend énormément sur la relation fusionnelle – jamais charnelle -qu’avaient Lise Meitner et Otto Hahn et qui laissait très peu de place aux autres… y compris à la femme de se dernier, qui a su rester en retrait à son détriment. Et comment Lise Meitner a dû quitter précipitamment l’Allemagne à cause de ses origines juives, son statut de chercheuse ne la protégeant pas.

Ils ont collaboré pendant trente ans ensemble, mais c’est uniquement Otto Hahn qui a reçu le Nobel de Chimie, pire, il ne l’a jamais citée dans son discours selon le roman de Cyril Gely (je n’ai pas réussit à vérifier si cette partie est romancée ou réelle…).

Et vous voulez une dernière blague ? J’ai découvert que Lise Meitner avait eu le Prix Otto Hahn en 1955… c’est vraiment indécent.

La seule bonne nouvelle, c’est qu’elle a eu un hommage sous la forme de l’élément chimique n°109, nommé en son honneur : le Meitnérium.

En somme, Le Prix est un roman atypique et fascinant. Il nous parle d’une avancée majeure qui a changé nos vies à tous, encore aujourd’hui, et de ses nombreux secrets… C’est un roman à découvrir d’urgence que l’on aime l’Histoire ou non, il transcende les genres et les styles !

Chronique : Une enquête à la Belle Époque – Tome 1 – La lettre froissée

Une enquête à Cannes dans les années 1880, ça vous tente ? Ce roman se déroulant à la Belle époque est fait pour vous !

Alice Quinn est une auteure française à l’œuvre très variée. Elle a déjà écrit quantité de romans papiers et numériques. Avec La lettre Froissée, elle signe une nouvelle saga de romans policiers à teneur historique prenant place dans Cannes. Une ville qui déjà à l’époque été prisée par les plus aisés…

La mort étrange d’une femme de chambre…

Tout commence avec la mort abrupte d’une jeune femme. Elle meurt à quelques pas de son lieu de travail : l’Hôtel Beau Rivage. Mais ce n’est que le lendemain que son corps froid est découvert, laissant le mystère planer sur sa mort…

Parallèlement à cette mort – ou ce meurtre ? – on découvre une jeune femme qui cherche du travail. Presque n’importe lequel… On voit à ses airs et son allure qu’elle est issue de la haute bourgeoisie, mais elle semble avoir perdu tous ses privilèges… C’est ainsi qu’elle toque à la porte de Lola Deslys, une courtisane.

Comment ces deux faits diamétralement opposés vont-ils pouvoir se trouver réunis au sein d’une intrigue maîtrisée ? Vous le saurez en lisant La lettre froissée, un roman historique qui a su me plaire par bien des aspects…

Une histoire fort bien construite, des personnages vivants et engageants

Je l’avoue, au début de ma lecture j’étais assez sceptique à propos de ce roman. L’argumentaire avait beau être tentant, je n’aimais guère la couverture, et j’avais peur que le contenu du livre ne me plaise que moyennement.

Mais tous ces à-priori ont vite été balayés en quelques chapitres ! Car il faut bien reconnaître que tout se met en place rapidement et que les personnages sont efficaces dans leur façon d’être et d’agir.

On y croise Guy de Maupassant, mais également quelques personnages issus de la Couronne britannique ayant réellement existé. Avoir fait se croiser personnages fictifs et réels historiquement parlant est très malin. Cela ajoute un vrai plus à l’histoire, la rendant plus crédible, plus solide.

Et en ce qui concerne Maupassant, c’est un personnage très important dans l’histoire, on le voit énormément. Et on découvre également comment son œuvre a été reçue à l’époque, notamment pour son roman Une vie, qui a été interdit dans les gares car trop osé pour tomber entre les mains des demoiselles. Il y a aussi de nombreuses références à son roman Bel-ami, qui est en cours de correction au moment où nous lisons le roman.

Ainsi, La lettre froissée réunit de très nombreuses qualités : plusieurs mystères à résoudre : un meurtre, une héroïne dans une situation délicate (financièrement et socialement), un orphelinat qui voit ses jeunes pensionnaires mourir d’un mystérieux mal… Tout est parfait pour passer un bon moment de lecture ! Et c’est tout à fait le cas malgré quelques petits creux où le temps s’étire un peu parfois, notamment à la fin du roman.

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J’ai personnellement beaucoup aimé le duo original, drôle et fringuant que forment Lola Deslys et Miss Gabriella Fletcher. Elles sont totalement surprenantes et géniales sous bien des aspects. C’est donc une très bonne équipe de choc qui s’est formée dans ce premier tome, et je serais curieuse de découvrir le second quand il sortira. Vous aurez une réponse à tous les mystères posés dans ce premier tome, Alice Quinn réussissant le difficile exercice de tout expliquer et connecter de façon cohérente dans son intrigue.

……

Petite remarque subsidiaire : A la lecture de La lettre froissée, je suis tombée sur différentes expressions telles que « C’est trop bath ! » ou encore « ça me botte ». J’ai été très surprise de tomber sur ces phrases, que je jugeais totalement anachroniques !

Mais en réalité il n’en est rien. Pour la petite info, « C’est bath » ne vient pas des années 1970/80 comme je le croyais mais trouve sa source au XIXème siècle, dans l’argot.

Pour « ça me botte », que je pensais venir du XXème, l’expression trouve son origine vers 1850 (notamment avec Flaubert qui serait l’un des premiers à l’utiliser).

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Chronique : Cité 19 – Tomes 1 & 2

Cité 19, une série en deux tomes qui vous transportera dans un univers unique : entre Histoire pure et science-fiction… comment un tel mélange est-il possible ? Il va falloir les lire pour le découvrir…

Stéphane Michaka est un auteur complet : il écrit aussi bien pour les adultes que pour la jeunesse et les adolescents.

Il a ainsi fait des polars chez Rivages, des versions abrégées de classiques de la littérature (en livre et aussi à la radio)… et il a écrit la duologie Cité 19, parue chez PKJ en 2015. Les deux tomes de cette courte saga viennent tout juste de sortir en format poche, toujours chez PKJ. C’est l’occasion de découvrir cette excellente œuvre pour ados, mais pas seulement.

Un fabuleux voyage dans le temps…

Faustine est une adolescente atypique. Passionnée d’Histoire, elle ne vit que et pour elle. Loin de s’entendre ou de s’intégrer avec ceux de son âge, elle ère entre une ou deux amitié et sa passion pour l’Histoire. Depuis que sa mère n’est plus, Faustine se plonge ainsi corps et âme dans le travail qu’elle exerçait, elle était spécialisée dans le Paris du 19ème siècle.

Mais un jour, tout va brutalement basculer pour Faustine. Un terrible drame va l’acculer dans ses derniers retranchements… Et quand elle se réveille, elle est dans le Paris du 19eme siècle ! La Tour Eiffel est en cours de construction, et elle se retrouve par la force des choses avec des jeunes filles qui vivent de leurs travaux de couture… voici « l’avenir » de Faustine.

Mais que s’est-il passé ? Comment a-t-elle fait pour voyager de 150 ans en arrière dans le temps ? Que va-t-elle devoir faire pour survivre dans ce Paris dont elle ignore tout en dehors des livres d’Histoire qu’elle a compulsé pendant des années ?

Une histoire immédiatement captivante et terriblement singulière

Cité 19 est une série en deux tomes, et c’est juste parfait. Ce n’est ni trop (tant de séries sont en trois, quatre, six ou dix tomes !), ni pas assez. En quelques chapitres à peine, on est plongés dans ce Paris du 19ème Siècle aussi étrange que fascinant.

On se prend à vouloir connaitre tous les secrets de ce Paris que l’on découvre sous un jour nouveau… Il y a temps de questions posées par le début de l’intrigue que ces deux tomes ne sont pas de trop pour élucider les nombreux mystères qui entourent le voyage de Faustine à travers le temps.

A la fois polar, roman historique, livre de science-fiction et de bien d’autres choses encore Cité 19 est un incontournable de la littérature ado à lire absolument. Faustine est une héroïne tout particulièrement intéressante qui vous réservera énormément de surprises. Loin d’être une petite chose sans défense, elle réussit à se créer elle-même sa chance et à tirer son épingle du jeu en de nombreuses situations…

Et encore, nous n’avons pas parlé de la mystérieuse Bête qui sévit dans les rues sombres de Paris et qui tue froidement les gens assez fous pour se balader tard…  Et il y a encore tant d’autres choses à découvrir autour de Cité 19 ! C’est un univers extrêmement dense et bien pensé (et écrit avec talent). Le tout ne manque pas de rythme ni de révélations en cascades.

Et surtout, le final est absolument génial, car il vous laissera réfléchir à la conclusion comme bon vous semble (j’adore les fins ouvertes qui laissent un énorme champ des possibles).

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En somme, c’est un coup de cœur pour ce duo de romans aussi inclassables que particulièrement marquants. A découvrir d’urgence pour cogiter, s’émerveiller et s’évader un peu… Dès 13/14 ans environ.

Chronique : Autopsie – Tome 1 – Whitechapel

L’histoire de Jack l’éventreur revue et corrigée avec talent… Le tout dans une ambiance des plus réussies et de nombreuses références cachées…

Premier tome d’une nouvelle série destinée aux adolescents (mais pas seulement), AutopsieWhitechapel nous fait découvrir autrement le mythe de Jack l’éventreur… mais pas seulement !

Il s’agit du premier ouvrage de Kerri Maniscalco à sortir en France et on espère vivement voir la suite sortir chez nous prochainement…

L’ouvrage est paru chez Milan, avec une couverture des plus captivantes et terriblement explicites réalisée par Guillaume Morellec.

Une apprentie médecin-légiste à l’époque victorienne

Etre une femme curieuse des sciences et plus particulièrement des cadavres est une « qualité » peu répandue pour l’époque… Et surtout extrêmement mal vue. C’est pourtant la passion d’Audrey Rose, qui assiste son oncle dans l’étude des dépouilles, au service des forces de police. Mais depuis peu, les morts pleuvent à Londres, et Audrey Rose tente par tous les moyens de trouver le point commun entre toutes ces femmes tuées froidement… tout en faisant fi du danger pour elle-même et ses proches.

Un roman historique passionnant et bien campé

Dès les premières pages, on est plongé dans l’ambiance morbide et sombre de ce roman pas comme les autres. Pour un roman destiné aux ados, il est très noir ! Et ce n’est pas pour déplaire, bien au contraire.

L’héroïne, Audrey Rose, est indépendante, volontaire, et se bat coûte que coûte pour garder la mainmise sur sa vie malgré la surprotection de son père et de son frère… mais c’est loin d’être un acquis. Elle se bat tous les jours pour avoir le droit de continuer à disséquer et apprendre les différentes méthodes d’analyse des cadavres avec son oncle.

Outre la partie polar et suspense, vous découvrirez également un mélange de genres inattendu, mais je ne vous en dit pas plus pour vous préserver la surprise ! Et malgré le fond très sombre de cette sordide histoire, il y a même une légère romance (très plaisante).

Autre fait plaisant, Kerri Maniscalco fait de nombreux clins-d’œil à la littérature du 19ème siècle. C’est amené de façon subtile et fort intéressante, ce qui laisse présager de nombreuses autres références dans les tomes à venir…

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Alors, qui est le fameux Jack L’éventreur de cette histoire qui s’inspire très librement des faits historiques ? A vous de le découvrir en lisant Autopsie – Whitechapel !

C’est un roman enlevé, intelligent, parfois drôle dans ses dialogues (qui nouent suspense et romance), et très sombre… Ce mélange détonnant est très efficace et ne donne qu’une seule envie, lire la suite qui sera elle aussi truffée de références littéraires classiques/gothiques, je l’espère !

A découvrir dès l’âge de 15 ans minimum, mais je pense que les adultes eux-mêmes pourront apprécier ce très bon roman. A classer juste à côté de Petits Meurtres à Mangle Street pour ceux qui aiment les polars victoriens.

Pour aller plus loin :

Le site de l’illustrateur de couverture (il est extrêmement doué), Guillaume Morellec : http://guillaumemorellec.com

Chronique : Les sœurs Hiroshima

Un roman magnifique et très percutant nous retraçant la terrible réalité qu’a subi la ville d’Hiroshima le 6 août 1945. Un véritable classique au Japon à découvrir enfin en France. Inspiré du récit d’une survivante de la tragédie…

Mariko Yamamoto est une auteure japonaise. Son roman, Les sœurs Hiroshima est un véritable classique au Japon, le voici enfin en France, publié aux éditions Bayard en septembre 2017.

L’histoire d’une tragédie que personne ne doit jamais oublier

Voici le début d’une nouvelle journée, nous sommes au Japon, dans les environs de la ville d’Hiroshima. Nous découvrons deux sœurs qui vivent en très bonne entente. Toujours à s’entraider, à faire de sprojets sur la comète où elles rêvent d’ouvrir une petite entreprise ensemble… pourquoi pas un restaurant ? Ou autre chose ? Akiko et sa grande sœur (nous n’aurons jamais son prénom) sont inséparables… jusqu’à l’explosion.

Leur petit village soufflé. Des maisons effondrées, des villageois blessés ou morts… Voici le récit de la lutte pour la survie écrit du point de vue d’Akiko.

Ne jamais oublier

Le roman a beau avoir été écrit par Mariko Yamamoto, ce roman est issu d’un entretien qu’elle a eu avec la vraie Akiko. Cette survivante de la bombe H a témoigné auprès de l’auteure, mais a refusé pendant de très nombreuses années de voir son récit publié. Ce qui l’a fait changer d’avis ? Le devoir de mémoire. Akiko a décidé qu’il fallait que son histoire et celle de sa sœur (et de toutes les victimes) soit connu pour qu’une telle horreur ne se reproduise jamais.

Très pudique et intimiste, on navigue entre les souvenirs d’enfance heureuse des deux sœurs et leur présent aux allures d’apocalypse. Au début, on est perdu, comme elles. On ne comprend pas immédiatement que c’est la bombe qui a frappé, la description faite par Akiko étant très floue. Elle est totalement déstabilisée et perdue… comme nous en la lisant.

Plus qu’un roman, c’est donc un récit et un témoignage que l’on découvre ici. Une fois que l’on sait cela (grâce à l’introduction), tout est exacerbé : l’injustice, la souffrance, la peur… Seul bémol quant à cette introduction, elle nous raconte comment se termine l’histoire. On aurait pu se passer de cette information et avoir une suite d’analyse de l’œuvre dans un épilogue…

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Terrible et touchant à la fois, Les sœurs Hiroshima est donc un très beau roman. Il est en effet nécessaire et devrait être lu par tous, en tout cas c’est le souhait d’Akiko. La réalité des choses est parfois difficile, mais il vaut mieux la connaître que l’occulter.

A découvrir dès l’âge de 13 ans minimum.

Chronique : La fille du rivage

A la découverte de l’Indonésie du début du XXème siècle… A découvrir !

Pramoedya Ananta Toer était un auteur indonésien. Son œuvre est très dense, il a écrit plus de trente ouvrages. En France, son travail est peu à peu traduit et apprécié, son roman Le monde des hommes (premier tome de la saga Buru Quartet) a notamment été remarqué lors de sa parution aux éditions Zulma.

En ce qui concerne le roman La Fille du Rivage – Gadis Pantai, il vient de paraître il y a quelques mois à peine en poche, chez Folio, c’est donc l’occasion de découvrir un pays, un auteur, une œuvre…

Une petite fille de pécheurs modestes

Gadis Pantai est une jeune fille issue d’une famille pauvre qui vit au bord de la mer. Comme tous les gens de leur village, ils sont pauvres. Mais le jour où elle est remarquée par le Bendoro, un homme issu de la haute noblesse indonésienne. C’est ainsi que du jour au lendemain, elle est emmenée contre son gré dans la grande et belle demeure de cet homme.

Commence ainsi pour Gadis Pantai le difficile apprentissage de la vie noble, elle qui n’est que fille de pécheur et qui a du mal à trouver sa place… Tiraillée entre ce que l’on attend d’elle et ce qu’elle est de façon fondamentale et entière, Gadis Pantai n’a pas d’autre choix que de grandir… et d’évoluer.

Un pays et une époque à découvrir

Cette lecture fut pour moi une incursion totalement nouvelle à tous points de vue. Je n’avais jamais lu de littérature indonésienne et ça a été une découverte intéressante. Que ce soit d’un point de vue culturel : vocabulaire, traditions, mœurs… et géographique avec un dépaysement garanti, ce roman est une belle lecture.

Peu à peu, on voit Gadis Pantai grandir, devenir femme, apprendre à donner des ordres aux servantes… Et le Bendoro semble être une personne qui sait la respecter. Mais le temps vous dira si c’est bien le cas jusqu’au bout ou non.

Il s’agit d’un très beau (et triste) roman sur l’Indonésie du XXème siècle. Au fil des pages, on ne peut que s’attacher à ce petit bout de femme qui tente de comprendre le monde qui l’entoure.

La fin en particulier donne tout son sens au roman. Nous avions bien entendu eu des indices par le biais des nombreuses servantes passées par la maison du Bendoro, mais la conclusion est absolument déchirante et belle. On aurait aimé en savoir plus sur Gadis Pantai et sur son devenir, mais la conclusion est et restera à jamais ouverte…

……..

La fille du rivage est donc un très beau roman asiatique, simple, captivant, qui sait dépeindre les traits de caractère humains sous tous ses aspects, les meilleurs comme les plus cruels. Une chose est certaine, je lirais d’autres romans de Pramoedya  Ananta Toer.

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Mes idées de livres à offrir pour Noël 2017 – Romans adulte

De mon point de vue, cette année 2017 à été un bon cru en termes de littérature dite « blanche » ou généraliste. J’ai fait de très belles découvertes, dont une qui m’a littéralement marquée comme ça ne m’étais pas arrivé depuis longtemps. D’autres vous feront rire, sourire, vous surprendrons, vous blufferons même ! En bref, cette année, j’ai beaucoup de coups de cœur littéraires dans les romans dédiés aux adultes. Que ce soit du roman historique, de l’imaginaire, de l’inclassable… vous trouverez de TOUT pour tout le monde !

L’embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard – Isabelle Duquesnoy – La Martinière 

Si on me demandait de choisir LE livre qui a marqué cette année 2017, pour moi ce serait sans conteste l’Embaumeur. Roman immersif dans la France du XIXème siècle, nous faisons la connaissance du jeune Victor Renard. Quand débute le roman, on apprend qu’il a fait une terrible chose… quelle est-elle ? Ce roman de plus de cinq-cent pages en est la confession. De son enfance à ce qui l’a mené derrière les barreaux, découvrez le parcours unique de Victor Renard.

Ce roman est de toute beauté, une véritable claque ! Le lire a été un régal, un tel plaisir de lecture que j’ai eu du mal à m’en remettre. Je ne voulais pas quitter la plume exceptionnelle d’Isabelle Duquesnoy… Elle a mis dix ans à écrire L’embaumeur, et on comprend pourquoi quand on la lit… C’est exceptionnel de qualité : le choix des mots, les tournures de phrase, sa façon d’être drôle dans le drame même… Sombre, parfois cru, mais toujours superbement écrit. Évidemment, ce roman n’a pas été sans me faire penser au Parfum de Süskind, ne serait-ce que par con titre, c’est aussi ce qui m’a tenté en premier lieu !

En bref, n’hésitez pas une seule seconde à découvrir (et faire découvrir) ce fabuleux roman, c’est une merveille…

Parce que je déteste la Corée – Kang-myoung Chang – Picquier

Énorme coup de cœur dans le monde de la littérature coréenne ! Si vous cherchez un roman frais, drôle, vivant, vibrant… c’est le roman qu’il vous faut ! Découvrez la vie de Kyena, une jeune femme coréenne comme les autres à un détail près : elle déteste son pays. Marre de voir que les dés sont jetés dès la naissance, que les classes sociales ne se mélangent jamais en Corée, que l’on survit plus que l’on ne vit… C’est ainsi qu’elle décide de tout plaquer et de partir… en Australie !

Courageux ? Stupide ? Vous le saurez en lisant ce roman qui fait sourire, mais également réfléchir à notre société au sens large. Une belle histoire, une héroïne géniale, une plume vivante… que demander de plus ?

Valet de Pique – Joyce Carol Oates

Pour les amateurs de romans à suspense et sous tension, ce roman de la grande Joyce Carol Oates sera absolument parfait. Diabolique, magnifique de maîtrise, vous serez subjugués par l’histoire sombre et séduisante de Valet de Pique, c’est une promesse.

L’histoire est celle d’un écrivain à succès qui a une « double vie », ou plutôt une double identité. Il écrit des romans qui se vendent par milliers d’exemplaires sous son vrai nom. Mais, sous un autre nom il écrit tout autre chose…avec une écriture bien plus sombre. Son héros et sa série s’intitulent Valet de Pique : ils sont subversifs, glauques, sombres… et bien loin de l’univers de ses autres écrits bien plus traditionnels et même un peu communs.

Mais le jour où sa fille trouve par hasard sur son bureau un exemplaire du Valet de Pique et qu’elle découvre des scènes de leur vie de famille, tout bascule. Sans compter les accusations de plagiat pour ses romans à succès qui le mènent au tribunal… Et ce n’est que le début d’une descente aux enfers qui va de pire en pire…

Sorcières Associées – Alex Evans – éditions ActuSF

Dans le genre fantasy orientale mâtinée de steampunk, Sorcières Associées est un petit bijou à découvrir d’urgence… et sa magnifique couverture ne gâche rien ! Dans un monde où les morts-vivants sont une manne financière énorme pour les usines (pas de charges sociales, pas de réclamations ni de grèves…), où la magie est omniprésente et où les enquêtes mystiques pullulent et ou vampires et autres monstres sévissent, vous avez tout un univers qui s’ouvre à vous…

Suivez un duo de femmes enquêtrices extrêmement douées dans leur domaine au service d’une mythologie ultra dense ! C’est fascinant, non dénué d’humour et d’une fraicheur bienvenue dans le paysage de l’imaginaire français. Pour découvrir plus amplement Sorcières Associées, je vous laisse découvrir la chronique en dessous pour plus d’explications…

Heurs et malheurs du sous-majordome Minor – Patrick deWitt – Actes Sud

Dans le genre génial ET inclassable, il y a ce roman. Certes, le statut de sous-majordome n’existe pas, mais il illustre parfaitement le côté fou et débridé du roman…

Peu importe l’époque, peu importe l’endroit… ce qui compte, c’est l’atmosphère. Nous sommes dans un magnifique château aux allures gothiques, entouré d’un village à ses pieds et escorté d’une forêt juste derrière. C’est ici que Minor va exercer l’étrange poste de sous-majordome ! Dans ce château, il faut veiller à fermer sa porte à clé la nuit, d’étranges bruits rôdent… c’est là que la partie étrange et inclassable se dévoile peu à peu….

Magnifique roman, magnifique traduction/écriture, c’est un sans faute pour cet ouvrage à offrir sans réserve pour ceux qui souhaite une autre littérature…

Il y a un robot dans le jardin – Deborah Install – Super 8

Dans le genre « je voudrais un roman fell good génial et original », Il y a un robot dans le jardin est PARFAIT. Il est à rattacher très légèrement à la science-fiction, mais uniquement car le robot qui en est le héros – Tang – est d’une intelligence quasi-humaine.

C’est l’histoire d’un couple qui se délite, qui est sur la fin… Ils sont encore jeunes, mariés, mais ne s’aiment plus et surtout, ne se comprennent plus. L’arrivée d’un robot tout rouillé et cassé dans leur jardin va être le déclencheur pour Ben. Peut-être est-il temps de prendre sa vie en main ? Et cela va passer par un tour du monde complètement fou afin de retrouver le créateur de Tang, ce fantastique robot à l’intelligence peu commune (et à l’humour particulier !).

Si vous voulez pour vous ou pour offrir un roman qui détonne, à la fois drôle et extrêmement original, c’est l’ouvrage parfait. Drôle, mignon, et bourré de dialogue absolument épique.

Boudicca – Jean-Laurent del Socorro – éditions ActuSF

Connaissez-vous Boudicca, la reine des Icènes ? Personnellement, c’est tout un pan historique qui m’étais totalement méconnu que j’ai découvert grâce à cette lecture. Au temps où l’Empire Romain écrasait les peuples pour assoir sa domination, les Icènes se situaient dans une partie de ce qui est maintenant la Grande-Bretagne.

Le livre a beau être édité chez ActuSF, Boudicca est bel et bien un roman historique ! Et quel roman… C’est l’histoire d’une femme à la fois maternelle, guerrière, courageuse, qui a porté son peuple et tout sacrifié pour lui… Ce roman est l’histoire complète de Boudicca (bien entendu romancée, parfois), de sa naissance, à sa mort. Si recherchez un magnifique roman historique aux élans épiques et guerriers, c’est le livre qu’il vous faut !

Il ne nous reste que la violence – Eric Lange – La Martinière

Ma grosse claque de cette fin d’année, c’est ce livre ! Je l’ai découvert juste avant de faire cette fameuse liste de Noël.

L’histoire est celle d’un chroniqueur radio (comme l’auteur), son émission un peu underground ne fait pas assez d’audience, et « un tueur » vient d’être recruté au sein de la radio pour faire le ménage et réduire les coûts… Il sait déjà que son émission est menacée, et donc son travail, sa vie, sa situation… C’est alors qu’au détour d’un verre, il retrouve une connaissance du temps où il était reporter de guerre… De fil en aiguille, ils en viennent à parler de l’émission de radio en danger que gère notre narrateur et anti-héros. C’est alors que l’homme lui fait une proposition inimaginable : envoyer à l’hôpital cet homme chargé de faire le ménage pour que lui, ai le temps de développer l’audience de son émission…

Brut, violent, noir, Il ne nous reste que la violence est un roman inattendu, magnifique, et terrible à la fois. Au fil du texte (qui se dévore presque d’une traite tant c’est bien écrit et captivant), on plonge dans la noirceur de l’âme humaine. Et ce que va faire ce chroniqueur radio, on le comprend malgré tout à notre façon… Il a décidé de s’en sortir par la violence, car c’est la seule alternative qu’il a, et il transforme ainsi sa passivité en action brutale.

Ce roman est un coup de poing. C’est à lire/offrir absolument pour le contenu, l’histoire, et l’image de l’âme humaine si parfaitement retranscrite par Eric Lange. Qui sait ce que nous ferions si nous étions acculés ? Désespérés ? Un livre excellent, au final bluffant que je n’ai pas vu venir…. ce qui m’a encore plus époustouflée.