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Chronique Jeunesse : Une histoire terrifiante – Le miroir aux sortilèges

Une histoire terrifiante - Le miroir aux sortilègesLe monde des yôkais s’ouvre à vous à travers un récit pour la jeunesse réussi !

Il est paru en juin 2014 aux éditions Flammarion Jeunesse et constitue le second volume de la série Une histoire terrifiante écrite par N. M. Zimmermann (le premier s’intitulait Peur sur la ville). Les deux ouvrages sont totalement indépendants l’un de l’autre et racontent deux histoires très différentes.

L’auteur N. M. Zimmerman est de nationalité française et a déjà écrit une foule de livres. On lui doit la série Alice Crane (Seuil), la saga Eden City (Milan), Dream Box (l’école des Loisirs), ou encore Super héros, ça craint grave (paru récemment chez PKJ).

L’intrigue du miroir au sortilège se déroule au Japon, et pour cause ! L’auteur y a vécu quelques années et connaît bien la culture de ce pays aux mœurs si particulières, ainsi que leur mythologie…

Une annonce bien étrange sur internet

Tout commence lorsque la jeune Misaki découvre l’annonce d’un très joli miroir sur la toile. L’objet est magnifique, et surtout son prix terriblement attractif. A croire que l’annonce n’a été faite que pour elle. Le site internet sur lequel elle se le procure est toutefois étrange, une fois son achat passé, elle n’a aucune confirmation de sa commande et n’a même pas eu à renseigner son adresse… de plus, le site marchand est par la suite introuvable !

Et depuis l’arrivée de ce beau miroir dans la vie de Misaki, les choses qu’elle y voit deviennent étranges : placards qui bougent, visions, bruit inquiétants… Ce miroir est magique, c’est certain, mais est-il bienveillant envers sa toute nouvelle propriétaire ?

Culture nippone moderne et frissons au rendez-vous

L’intrigue de ce roman destiné aux 10-12 ans est simple mais très efficace. En effet, l’histoire de ce miroir magique est le point de départ pour découvrir tout un pan d’une culture qui nous est méconnue (à fortiori pour les enfants). Sans oublier la notion de frisson, qui est bien présente !

On découvre à travers l’histoire de Misaki certaines traditions japonaises ancestrales qui malgré l’époque actuelle ont toujours prise sur nombre de japonais, en particulier les anciens. Les yôkais sont de ce nombre, mais pas seulement, les nombreuses fêtes que le pays compte participent également à ce lien entre culture passée et présente.

Et bien entendu, ce sont avant tout les yôkais qui sont ici mis à l’honneur tout au long de ce roman. Et il y en a un nombre incalculable ! Ici, nous avons en particulier à faire à des tsukumogami, des objets dotés d’une âme (cela peut-être un parapluie, une lampe, des sandales, des théières…). Le sujet est aussi inépuisable que passionnant ! Notons par ailleurs à la fin de l’ouvrage un lexique d’une dizaine de mots japonais qui se révèle très utile aussi bien pendant qu’après la lecture.

M. Zimmerman sait mener son lecteur dans l’effroi avec une montée en puissance douce mais pernicieuse. Là où l’on ne voit que de petits signes surnaturels peu inquiétants, le temps nous les transforme en d’autres choses plus sombres, plus mauvaises. Et cela à un tel point que sur les dernières pages du roman, ça en devient terriblement angoissant !

Le moindre craquement, la plus petite parcelle d’imagination et vous voilà aussi alarmé que la pauvre Misaki.

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Une histoire terrifiante - Le miroir aux sortilèges KarakasaLe nom de la série Une histoire terrifiante tient ainsi toutes ses promesses ! Je ne peux que vous conseiller de lire ou de faire lire ce livre. Pas avant 10 ou 11 ans tout de même, car certains passages savent inspirer la peur. Pour ceux qui aiment ce genre de récit, c’est parfait après avoir dépassé le niveau de lecture des romans Chair de Poule, et en plus, on découvre une culture passionnante !

A quand un autre titre dans la même série ?

Pour aller plus loin : N‘hésitez pas à découvrir le merveilleux imagier des yôkai publié chez Actes Sud Junior : Yôkai – Le monde étrange des monstres japonais.

Chronique : La Dame en noir

La dame en noirVous ne croyez pas aux fantômes ? Ça va changer…

La Dame en noir de Susan Hill (the woman in black) est un classique incontournable de la littérature anglaise au même titre que ses ouvrages I’m the king of the castle (Je suis le maître du château, Albin Michel – livre désormais épuisé) ou encore the mist in the mirror (pas de traduction en France). Outre quelques romans fantastiques, Susan Hill est aussi très connue pour ses polars : Meurtres à Lafferton, Au risque des ténèbres, Où rodent les hommes
La parution de la dame en noir en France n’est pas anodine puisqu’elle coïncide avec la sortie sur grand écran de son adaptation cinématographique, le 14 mars prochain. Adaptation portée à l’écran par Daniel Radcliffe (Harry Potter) qui joue le rôle du personnage principal, Arthur Kipps (voir bande-annonce ci-dessous).

Dans la petite ville de Crythin Gifford…

Arthur Kipps, jeune notaire qui a l’avenir devant lui se voit investi d’une mission en dehors de Londres, il doit se rendre au plus vite dans la bourgade de Crythin Gifford afin de s’occuper de la succession d’une cliente décédée, Mme Alice Drablow. Elle n’a apparemment aucun légataire, aucune famille proche…
Arthur Kipps va donc devoir se rendre dans la maison de la défunte propriétaire afin de trouver des quelconques traces d’héritiers potentiel et doit estimer ses nombreux biens. Un travail bien simple en vérité, sauf quand le surnaturel s’invite et fait vivre à Arthur Kipps les pires frayeurs de sa vie…

Un roman noir, cruel et saisissant

Susan Hill de ménage pas son personnage, tout comme ses lecteurs d’ailleurs. L’ambiance oppressante et silencieuse de Crythin Gifford et de ses habitants n’est pas pour réconforter, bien au contraire.
Mais le pouvoir de persuasion du roman va plus loin que dans les descriptions du manoir d’Alice Drablow perdu au milieu des marais dans une brume continuelle. Les non-dits sont pires qu’une description élaborée, ainsi ont se retrouve complètement immergé avec Artur Kipps dans cette maison aux phénomènes angoissants.
La Dame en noir fait peur, et elle maudit ceux qui ont le malheur de s’intéresser de trop près au « Manoir du Marais » comme ont le nomme dans la région.
Pourquoi une telle haine ? De quoi ou qui cherche-t-elle à se venger ? Ces questions trouveront leur réponse sans pour autant nous faire bondir de surprise, l’intérêt de l’œuvre résidant plus dans son style et dans sa conclusion finale.

Alors la dame en noir est-il un bon roman ? Oui, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord pour sa qualité d’écriture (la traduction est de qualité), très fidèle au style des écrivains d’il y a plus d’une centaine d’années : Poe, Maupassant…
Ensuite, je sais que le rythme ne plaira pas à tous, ce dernier étant très lent dans le déroulement de l’intrigue, mais c’est justement cette lourdeur, cette épaisseur, qui fait que le moindre signe suspect d’activité paranormale soit sinistre aux yeux du lecteur.

A lire pour tous ceux qui veulent s’essayer à une histoire de fantôme dans une ambiance gothique et baroque. Le seul regret à avoir, c’est qu’il a fallu que l’œuvre soit portée sur grand écran pour être traduite en France.