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Chronique ado : L’estrange malaventure de Mirella

Sombre, sublime et magnifique, cette réécriture du conte du Joueur de flûte de Hamelin vous restera en mémoire…

Flore Vesco est une autrice française que j’ai découverte il y a quelque temps avec De cape et de mots (Didier Jeunesse). Depuis, je veux découvrir TOUT ce qu’elle a fait. Elle écrit diablement bien, se joue des mots et de leurs sonorités et propose toujours des histoires aussi belles qu’originales.
Son tout dernier roman en date est De délicieux enfants, à L’école des Loisirs. On peux également citer dans ses précédents titres le roman D’or et d’oreillers, il est paru en 2021 à L’école des Loisirs. Quant à L’estrange malaventure de Mirella, également paru à L’école des Loisirs, l’ouvrage a raflé quantité de prix littéraires prestigieux. Notamment le fameux Prix Vendredi.

Une héroïne emplie de bonté à qui la vie ne sourit pas…

La jeune Mirella est une porteuse d’eau travailleuse, contrairement à quantité de ses camarades, elle court, s’essouffle et fait au mieux pour que chaque habitant de la ville d’Hamelin soit bien pourvu en eau. Même les mendiants. D’ailleurs, à bien y réfléchir, les mendiants sont encore mieux traités que les porteurs d’eau dans cette ville… Mais s’il n’y avait que cela…
Mirella est aussi gentille que très belle, ce qui n’a pas manqué de retenir l’attention de certains porteurs d’eau. Mais s’il n’y avait que la pauvreté et les difficultés inhérentes à sa condition, cela irait encore, mais le sort s’acharne sur Mirella… et la peste sur la ville d’Hamelin.

Une réécriture féministe du joueur de flute de Hamelin

Que ce soit au niveau de l’écriture, de l’intrigue ou des personnages et de leurs répliques, tout est bon à lire dans L’estrange malaventure de Mirella. Ce livre est incroyable en premier lieu car la plume de Flore Vesco est d’une fluidité et d’un style inouï. Rares sont les auteurs à lier avec efficacité qualité d’écriture et style limpide, Flore Vesco fait partie de ceux-là. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle pourrait écrire des pavés entiers, ils se liraient tout aussi biens !

Outre cette écriture si qualitative, l’intrigue en elle-même est parfaitement construite. Jusqu’au bout, vous ne savez pas jusqu’où osera aller l’autrice. Comment va-t-elle faire entrer la jeune Mirella dans la légende ? Car l’histoire de la jeune femme est la VERITABLE histoire du joueur de flûte de Hamelin, et pas la version édulcorée que les contes nous ont laissée depuis presque deux-cent ans…
Et surtout, Flore Vesco réussit le coup de maître d’insérer un humour mordant à des moments les plus inattendus, un régal !

« Soyez sages et pieux, et jamais vous ne poserez les pieds sur les pavés brûlants qui mènent aux portes du Diable. L’Enfer est réservé aux meurtriers, aux voleurs, aux assassins et aux femmes caractérielles.« 

Et sans avoir l’air d’y toucher, ce récit est résolument féministe. Mirella est un héroïne totalement hors des cadres, elle est libre dans sa façon d’aider les plus faibles, de puiser une énergie insoupçonnée pour combattre l’adversité et… se jouer de la mort.

Si l’on doit retenir un mot de cet ouvrage pour le définir, ce serait charmé : par l’atmosphère étrange et unique, l’écriture envoûtante… l’univers à la fois historique et surréaliste. Ce roman est un coup de maître que je relirais sûrement avec un immense plaisir dans quelques années. A découvrir dès l’âge de 14 ans, et à savourer sans limites.

Chronique : Cendres et Rouge

Cendres et rougeUn roman inclassable, où l’on assiste à une descente aux enfers… dans un pays mystérieux où sévit un singulier virus

Premier roman de Pyun Hye-young à paraître en France, Cendres et rouge est sorti en 2012 aux éditions Picquier. Depuis, un autre de ses ouvrages est paru en 2015 aux éditions Decrescenzo : Dans l’antre d’Aoï Garden.

Dans ce récit, nous découvrons le pays C, qui ressemble à n’importe quel autre à notre époque, mais dont les normes sociales et tout ce qui fait le quotidien ont totalement disparus à cause d’un mystérieux virus… C’est à la loi du plus fort qu’il faut se soumettre dans le pays C.

Un job de rêve pour qui a de l’ambition ou un talent d’exterminateur…

La seule caractéristique positive de T-K, c’est sa capacité à tuer… des rats. Il n’y a pas meilleur que lui. Il n’a pas peur de les écrabouiller ni de se salir, ou même d’entendre leurs couinements d’agonie. Il est même capable d’arracher votre sac à main et de l’envoyer s’écraser sur un rat si il en voit un.

Et étonnamment, cette qualité d’exterminateur de nuisibles n’est pas passée inaperçue aux yeux de son employeur… A tel point que c’est T-K qui est choisi pour le merveilleux poste que tout le monde convoite. C’est ainsi qu’il est rapidement muté dans le pays C.

Mais rien ne va se passer comme prévu… Ce qui devait se présenter comme l’occasion de démarrer une nouvelle vie loin de ses odieux collègues et de son ex-femme va vite tourner au cauchemar éveillé. Vous pensez que le début de cette histoire et bien sombre ? Vous n’avez pas vu la suite…

Un récit sombre qui ne laisse que peu de place à l’espoir ou à la beauté

Etrange que ce roman coréen, son ambiance est sombre, sale, glauque et malgré tout, ça ne le rend pas inintéressant, bien au contraire ! Le pays de C est aussi mystérieux que précaire, et le moindre indice lâché par l’auteur nous donne envie d’en savoir plus tant l’information est distillée.

De même, le personnage de T-K est tout aussi étrange. Nous avons beau être au cœur de sa psychologie, il nous reste très ambivalent, étrange, parfois même totalement illogique. On assiste à toutes ses réflexions face à l’adversité : tantôt lâche, tantôt très avide de subsister férocement par tous les moyens, il est très difficile à cerner.

T-K est même si égoïste parfois qu’il est difficile de s’attacher à lui, il n’est pas le genre de personne à laquelle on repense avec affection. Peut-être est-ce pour cela qu’il n’est guère apprécié de ses collègues, et on les comprend peu à peu… Mais de là à penser qu’il mérite ce qu’il va endurer tout au long du roman, il y a tout un monde !

 ……

En fait, Cendres et rouge est un roman sinistre et absolument inclassable. On apprécie avant tout son atmosphère délétère, et apocalyptique concernant le pays de C, où se déroule la majorité du livre.

Cependant, l’histoire s’articule à certains moments de façon assez désordonnée et nous laisse un sentiment d’inachevé qui persiste à la fin de l’ouvrage. En somme, c’est un roman unique, singulier mais à réserver à ceux qui aiment les histoires inattendues et aux fins très ouvertes…

Chronique Jeunesse : Ratburger

RATBURGER _couv_NEW.inddAttention, il y a un gros indice concernant l’intrigue dans le titre !

David Walliams est un auteur anglais (mais également acteur), digne successeur de Roald Dahl avec un humour décapant et un peu fou-fou. En France, on lui doit déjà quatre livres au total : Mamie Gangster, Monsieur Kipu ainsi que Joe Millionnaire, tous dans la collection Witty.

Son dernier roman en date en Angleterre se nomme Demon Dentist (auquel il fait d’ailleurs un petit clin d’œil dans Ratburger !).

Un événement malheureux qui va tout changer

« La fillette n’avait pas beaucoup d’amis à l’école. Et en plus, les autres la malmenaient parce qu’elle était petite, parce qu’elle était rousse et parce qu’elle portait un appareil dentaire. Une seule de ces caractéristiques aurait déjà suffit à lui compliquer la vie. Avec les trois, elle avait touché le jackpot. »

La mort du petit hamster Poil-de-carotte va bouleverser Zoé à un point que l’on n’imagine même pas. Après le chômage de son père, son remariage avec une horrible belle-mère qui n’aime que les chips cocktail crevettes, la mort de son hamster est vraiment la dernière et pire chose qui pouvait arriver…

Son moral est au plus bas, elle qui n’a plus son petit Poil-de-carotte chéri auquel elle avait appris tout un tas de tours. Il savait danser le hip-hop, faire le robot et était en train d’apprendre le moonwalk. Zoé avait déjà de grands projets pour lui : un spectacle pour sa cité pour commencer, puis une foule d’autres choses…

Alors, quand un bébé rat tout mignon s’immisce dans sa chambre, Zoé décide de tout faire pour le garder en le cachant. Impossible de le laisser seul à la maison, sa belle-mère s’en débarrasserait immédiatement, il lui faut donc l’emmener à l’école… Et c’est là que les ennuis commencent… !

rat and burgerUne course-poursuite déjantée

Zoé va vivre toutes sortes d’aventure toutes plus improbables les unes que les autres : elle va se faire renvoyer, se rebeller contre son horrible belle-mère, rencontrer un terrible vendeur de hamburgers et se faire des amis inattendus…

Encore une fois, David Walliams sait y faire pour attirer le rire du lecteur. Jeux de mots, devinettes ou encore tout simplement formulations bien trouvées, impossible de ne pas s’amuser d’autant de malice. Je pense notamment à la scène où Zoé enterre son cher Poil-de-carotte : elle y inscrit son nom sur un bâton de glace, mais celui-ci n’est pas assez grand pour y mette entièrement son nom, ce qui donne « Poil-de-C… », à vous de laissez parler votre imagination !

Dans Ratburger, on retrouve un personnage redondant dans les romans de David Walliams : le fameux épicier Raj. Parfois radin au possible ou très généreux, tout dépend d’avec qui il est. Avec Zoé, il est extrêmement gentil, allant même jusqu’à lui proposer de grignoter des sucreries, mais de les remettre après dans leur emballage, pour pouvoir les revendre.

Les autres personnages ne sont pas en reste, notamment Burt, l’étrange et horripilant bonhomme qui vend ses burgers aux élèves de l’école du coin, ou encore Sheila la belle-mère de Zoé qui ne sait rien faire d’autre que manger.

Plus cruel que ses autres romans, Ratburger est également le plus délicieux (et le moins ratgoûtant). L’humour y est corrosif à souhait, l’histoire efficace, on ne se lasse pas de la plume de David Walliams et de sa façon bien à lui de conter… On a déjà hâte de lire son prochain roman à paraître en France !

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TRANCHE d´ÂGE :