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Chronique bd : Dans les yeux de Lya – Tome 1 – En quête de vérité

L’histoire d’une jeune femme déterminée en quête de vérité sur les zones d’ombres de son accident qui lui a coûté l’usage de ses jambes… Lya trouvera-t-elle les réponses à ses questions qui l’occupent depuis des années ?

Parue en mai 2019 aux éditions Dupuis, En quête de vérité est le premier tome d’une série de bd qui sortirons sous le titre Dans les yeux de Lya.

Le scénario est signé Carbone (La boîte à musique, série de bd en trois tomes), et l’illustration est de Justine Cunha, il s’agit de son premier ouvrage.

Un terrible accident pour démarrer dans la vie

Lya est une jeune femme dynamique, elle arrive à bout de toutes les adversités, et cela malgré son handicap. Au contraire même, c’est son handicap qui lui donne la force d’aller toujours plus loin. C’est ainsi que pour connaître la vérité sur son accident, elle décide de faire des études poussées en droit. Pourquoi ? Afin d’être embauchée dans le cabinet qui s’est occupé de l’affaire il y a des années, et découvrir l’identité du conducteur à qui elle doit son fauteuil roulant…

Mais évidemment, rien n’est aussi simple, et un stage au cabinet ne suffira peut-être pas à extraire un dossier – elle va s’en rendre compte – aussi bien protégé…

Une bd à suspense qui fonctionne

Immédiatement on est pris par l’histoire de Lya et par son besoin de réponses. Les personnages sont aisément reconnaissables, tout y est efficace. Les graphismes épurés sont très beaux, très travaillés, et c’est un plaisir de lire une bd qui nous plonge directement au coeur de l’intrigue.

Cependant, le développement est un peu plus long et traîne un peu en longueur. Pourquoi ? Etant donné qu’il s’agit d’un premier tome, celui-ci est donc très introductif… peut-être un peu trop justement. Vous n’apprendrez rien sur l’affaire de Lya ici, ce tome étant consacré uniquement à l’acquisition du fameux dossier. On se perd dans des circonvolutions pendant un assez long moment, et quand ça devient enfin intéressant… c’est la fin ! Dommage…

En somme, cette bd est intéressante et bien ficelée, mais on peut regretter l’absence de la moindre réponse (ou début de réponse). Nous sommes désormais obligés d’attendre le second tome pour en savoir un peu plus… mais avec rien à se mettre sous la dent, pas sûre que l’on y revienne…

Chronique rédigée pour le site ActuSF.

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Chronique : Le dernier message de Sandrine Madison

Le dernier message de Sandrine MadisonAuscultation d’un couple en plein délitement

Paru en poche en mai 2015 aux éditions Points dans la collection Roman Noir, Le dernier message de Sandrine Madison est écrit par Thomas H. Cook.
Vous connaissez peut-être l’auteur, très prolifique dans le domaine du roman policier : L’étrange destin de Katherine Carr, Les ombres du passé, Les feuilles mortes, La preuve de sang… et ceci n’est qu’une courte liste de son œuvre.

Suicide ou meurtre ?

Le postulat de départ est simple : Sandrine Madison a été retrouvée morte par son mari. Mais une question est sur toutes les lèvres : s’agit-il d’un suicide ou son mari s’est-il débarrassé d’elle ? Toute la ville de Coburn est en émoi suite à cette question.

En effet, le couple Madison, tous deux professeurs à l’Université de Coburn semblait comme tous les autres, avec ses hauts et ses bas… Mais durant le procès de Samuel, la suspicion apparaît, l’accumulation de signes lui portant préjudice n’étant pas en sa faveur…

Alors, Sandrine est-elle une victime de son pernicieux et cynique mari ? Ou a-t-elle décidé d’en finir pour d’obscures raisons ? De quoi parlait le dernier mot qu’elle a laissé avant de disparaître ? Le procès va tenter de mettre en lumière ces très nombreuses zones d’ombres.

Un procès pour intrigue

Le roman correspond en réalité aux dix jours du procès de Samuel Madison, le tout étant narré de son point de vue. Toutes ses hypothèses et pensées vous seront ainsi livrées (ou presque). Mais surtout, de très nombreuses réminiscences de Samuel parsèment le procès de façon parfois chaotique.

Beaucoup de réflexions et d’interprétations de la part de notre narrateur, certaines apportant une potentielle nouvelle piste concernant la disparition de sa femme, d’autre le faisant tourner en rond, le torturant. Mais avant tout, il ne faut pas oublier que Sandrine et Sam Madison sont des Universitaire, et souvent leurs phrases et allusions on beaucoup plus de symboliques cachées que pour le commun des mortels. Références historiques et littéraires, histoire de la mort de Cléopâtre… Sam, en intellectuel élitiste qu’il est se met à décortiquer chaque phrase de sa femme décédée, espérant y trouver la réponse à toutes ses questions.

Mais dans cette guerre juridique et médiatique, leur fille Alexandria est également un personnage important, non pas prise à parti, mais véritable soutien moral pour son père. Il est selon moi dommage qu’elle soit aussi peu mise en valeur par l’auteur, mais Sam ne semble gère avoir autant de respect pour sa fille que pour sa superbe femme maintenant décédée.

Autre personnage notable, Morty, l’avocat de Sam. J’ai beaucoup aimé sa façon de gérer les jurés, sa façon de parler, son assurance… il est très amène à façon.

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L’intrigue de ce roman a beau être facile à suivre, elle n’est pas assez puissante. On comprend bien les enjeux et l’ambivalence de certains personnages, le doute étant partout. Mais cette perpétration de l’incertitude à ses limites… On tourne au final assez rapidement en rond, la psychologie de chacun est creusée encore et encore, mais ne nous amène pas à des révélations fracassantes. On comprend bien qu’il s’agit un récit policier se basant sur la psychologie des personnages et leur ambiguïté, mais cela ne suffit pas à ferrer durablement le lecteur. Cela rendant une lecture très étirée sur le dernier tiers du roman…

Un jeu de dupes à l’échelle d’un couple, voilà de quoi il s’agit. Nous vous laissons cependant libre de juger personnellement de l’issue du procès… qui peut rester ouverte à la réflexion.

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Chronique : Conversion

ConversionUn étrange mal frappe les élèves de l’école très élitiste St Joan, à Danvers… où puise-t-il ses origines ?

Il est paru aux éditions Albin Michel en avril dernier, voici Conversion un roman écrit par l’américaine Katherine Howe. L’auteur a un parcours et une histoire très atypique qui fait de ce roman un récit à part. En effet, elle est une descendante d’Elizabeth Howe, une des plus célèbres accusées du fameux procès des sorcières de Salem.

Katherine Howe est devenue historienne et s’est spécialisée dans l’époque qui a vu naître ce procès incontournable de l’histoire américaine. Conversion est un roman qu’elle a mis deux ans à écrire et qui fait le parallèle entre l’Histoire du procès des Sorcières de Salem (et comment le village de Salem en est arrivé là) et l’histoire qui se déroule dans l’école très sélective St Joan, de nos jours. Au premier abord, nous ne trouverons aucune similitude… et pourtant…

St Joan, établissement pour jeunes filles très prisé et image même de la réussite

Le cadre privilégié dans lequel évolue Colleen (notre narratrice) est merveilleux. De très bons professeurs y dispensent leurs cours, le bâtiment en lui-même en impose quand on passe devant ses gargouilles et ses vitraux anciens. En substance, c’est le genre d’endroit où l’on rêverait d’étudier pour mettre les meilleures chances de son côté et prétendre par la suite aux meilleures universités du pays…

Mais St Joan va devenir très rapidement un lieu où certaines de ses élèves présentent d’étranges troubles d’ordre physique et/ou psychologique… que s’y passe-t-il réellement ?

En parallèle à l’histoire de Colleen se déroulant en 2012 à Danvers, nous découvrons l’histoire d’Ann Putnam en 1706. Personnage historique qui a réellement existé, Ann Putman a été un des témoins les plus importants du procès des sorcières de Salem.

Un sujet atypique et captivant

Les ambiances mettant en scène des établissements scolaires très ancrés dans une culture traditionnelle (port d’un uniforme, règles strictes, bâtiments superbes et austères…) me laissent rêveuse. Alors si en plus, l’Histoire, la vraie est également invitée dans l’intrigue, c’en est d’autant plus plaisant !

Katherine Howe nous dépeint ici une lente descente aux enfers pour les élèves et les professeurs de St Joan, ainsi que la tempête médiatique que tout cela implique. Le réalisme et l’efficacité de son roman sont d’autant plus appréciés quand on sait que Conversion s’inspire directement d’un fait divers réel.

En effet, au printemps 2012, seize lycéennes de la ville de Le Roy ont été victimes d’étranges symptômes physiques énigmatiques. Beaucoup d’hypothèses différentes ont été avancées pour expliquer cet étrange mal (ces mêmes hypothèses se retrouvant au fil du roman). Conversion est ancré dans ce fait divers qui a énormément fasciné aux États-Unis. Tout le monde aime les mystères, alors quand l’étrange et l’inexplicable s’invitent dans notre société, on est entraîné par cet effet de masse… et c’est ce que retranscrit méthodiquement Katherine Howe.

A lire pour (re)découvrir l’Histoire américaine

Avec Conversion, on découvre l’histoire du procès des sorcières de Salem du point de vue d’Ann Putnam, la seule femme de l’affaire a avoir présenté des excuses publiques pour ses actes, et surtout ses paroles… Si l’on connaît l’histoire des États-Unis et plus particulièrement celle du procès, la lecture est fluide. Par contre pour ceux qui auraient quelques lacunes sur cette période, situer les personnages peut s’avérer difficile au début. Une petite révision des faits avant de plonger corps et âme dans la lecture peut donc être nécessaire.

Autre fait culturel intéressant, Conversion fait très souvent référence à un classique de la littérature américaine au travers de l’œuvre d’Arthur Miller : Les sorcières de Salem. En France, il est beaucoup moins lu et étudié, mais les nombreuses mises en abîme entre le roman de Miller et celui de Katherine Howe sont bien trouvées et apportent une belle profondeur à l’intrigue générale.

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La conclusion du roman est plutôt aboutie, mais on aurait pu aller encore un peu plus loin dans l’explication même si celle fournie par Katherine Howe est tangible, elle n’est pas assez développée selon moi.

Conversion est ainsi un bon roman à lire pour approfondir ses connaissances d’un point de vue historique, mais pas seulement. C’est aussi un bon récit à suspense qui retranscrit assez fidèlement un fait divers qui avait fait grand bruit… Enfin, il ne faut pas oublier que la narratrice est une adolescente avec des problématiques de son âge, ce roman peut ainsi être lu aussi bien par des adultes que par des jeunes adultes !

Articles de presse sur l’affaire Le Roy :

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Chronique : La messagère de l’au-delà

messagere au-dela

Pour les friands de romans historiques biens ficelés, un nouveau roman de Mary Hooper vient de paraître aux éditions Les Grandes Personnes (anciennement les éditions de Panama), il nous raconte l’histoire vraie et atroce d’Anne Green, une jeune servante…

Tout commence dans un cercueil, celui d’Anne Green, qui vient d’être pendue haut et court devant des centaines de personnes, restée suspendue au gibet pendant plus de vingt minutes. Dans ce cercueil, son corps, mais aussi son esprit : Anne Green n’est pas morte, c’est une miraculée. Sauf que personne ne le sait et que son corps a été donné à la science : il va être bientôt disséqué à l’université d’Oxford…

Anne Green a été pendue pour fornication, car l’acte sexuel sans le mariage était puni de mort à l’époque, cela d’autant plus quand on est une petite servante sans aucun pouvoir… l’autre condamnation à l’encontre d’Anne est dévoilée plus tard dans le livre, je vous laisserais donc la découvrir par vous-même.

L’auteur, Mary Hooper a vraiment réussi à retranscrire cette époque et cette ambiance si particulière : le travail dur des servantes dans les manoirs des familles riches, le harcèlement de la gent masculine vis-à-vis d’elles, car considérée comme des « filles faciles ». Les injustices sociales  à cette époque sont plus que flagrantes, de plus, l’auteure a développé une  documentation pointue, en particulier sur le plan juridique.

C’est donc un livre qu’il faut absolument lire, et même dévorer. Pour l’âge de lecture, je le conseillerais à partir de 15 ans, à cause du cru de certaines scènes et langages, traduisant la réalité de cette période de l’histoire qui a marqué la médecine anglaise, mais aussi la société.

Si vous aimez, La messagère de l’au-delà, Mary Hooper a écrit d’autres romans historiques dont aux éditions Gallimard : Espionne de sa majesté et sa suite : La maison du magicien, dès 11 ans.