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Chronique : Les étincelles invisibles

Un magnifique ouvrage qui nous parle sorcellerie au Moyen-âge et autisme à notre époque, le tout porté par une héroïne atypique et attachante comme rarement.

Magnifique ouvrage d’Elle McNicoll à paraître, voici Les étincelles invisibles. Un roman qui parle de différence, d’autisme et de chasse aux sorcières (au propre comme au figuré).
Elle McNicoll est une autrice écossaise, l’histoire de son roman se réfère à sa propre vie et expérience puisqu’elle est elle-même autiste. Voilà pourquoi elle en parle aussi bien… ! Son roman Les étincelles invisibles à été nominé pour la renommée Médaille Carnegie, et elle a gagné quantité de prix avec cet ouvrage : Waterstones Children’s Book Prize ou encore le Blue Peter Book Award. Une écrivaine de talent est née, c’est certain !

Bienvenue à Juniper, petite ville écossaise pleine de charme… au passé qui l’est moins.

Addie est une jeune autiste qui vit à Juniper, en Ecosse. Depuis qu’elle a appris en cours que des supposées sorcières avaient été tuées par les habitants de Juniper il y a des siècles, elle essaye de faire lever un monument à leur mémoire. Pourquoi ? Tout simplement car ces femmes devaient être différentes, atypiques, et à l’époque on pouvait être accusée de sorcellerie pour un détail, une différence minime.

Addie étant elle-même différente (ou neuroatypique), elle se met parfaitement à la place de ces femmes injustement ostracisées, et tuées. Pour elle, ce combat est une évidence et va lui permettre de faire entendre sa voix, mais si cela n’est pas toujours compatible avec l’autisme : prise de parole en public, aller à la rencontre des gens, subir une pression monumentale, aller contre sa nature parfois renfermée…

Cet ouvrage est une ode à la différence et au courage qui permet d’aller au-delà de ses limites.

Le portrait d’une jeune fille immédiatement attachante

Dire que j’ai aimé cet ouvrage n’est pas assez fort. Je l’ai vécu et adoré en très peu de pages. Je me suis mise à la place d’Addie avec passion, au point de ressentir les injustices avec la même force qu’elle.

Les étincelles invisibles est un roman merveilleux. Oui, il parle d’autisme, mais c’est à la fois le sujet central sans l’être. Le thème est surtout celui de la différence aux autres. Le fait de se sentir en marge ou légèrement à côté du monde dans lequel on évolue. C’est le cas d’Addie et de sa grande sœur toutes deux autistes. C’est le cas de ces femmes injustement tuées pour sorcelleries qui devaient être différentes à leur manière…

J’ai rarement lu d’ouvrage sur l’autisme aussi bien traité. Il y a bien entendu Le bizarre incident du chien pendant la nuit, devenu un classique sur le sujet. Il y a également l’ouvrage La disparition de mon cousin Salim qui était fort réussit dans cette thématique. Mais avec Les étincelles invisibles, je n’ai pas été simple spectatrice, j’ai vécu avec Addie les différentes épreuves qu’elle va traverser. Je ne saurais vous expliquer pourquoi, mais j’ai trouvé cette lecture immersive et captivante.

Si vous êtes à la recherche d’un livre touchant et original, Les étincelles invisibles devrait vous combler. L’autrice étant elle-même autiste, cela explique le réalisme criant de l’ouvrage. Quand on voit les épreuves que la jeune Addie traverse au quotidien, on ne peux qu’être admiratif. Ce qui semble normal pour nous, neurotypiques, est une véritable épreuves pour les personnes différentes.
Par exemple, Addie adore les requins, à tel point qu’elle veut tout savoir sur eux, mais dès qu’elle essaye de partager sa passion on la regarde bizarrement. De même en classe, elle est mise à l’écart par certains de ses camarades car jugée trop différente. Même sa professeure censée la protéger participe à sa mise à l’écart par des remarques désagréables et l’accuse de recopier sur ses voisins lors des contrôles…

Alors quand Addie prend son courage à deux mains pour faire entendre l’injustice qui a sévit à Juniper il y a plusieurs siècles, c’est aller contre son naturel, et c’est beau.

Lire Les étincelles invisibles c’est donc s’ouvrir à la différence. Découvrir qu’il n’y a pas de normalité unique mais bien des quantité de façon d’être soi. Je ne saurais donc que trop vous conseiller ce roman et j’espère que L’école des Loisirs sortira les autres ouvrages de l’autrice !

Chronique : Une étincelle de vie

Un extraordinaire roman-chorale sur la société américaine et sa politique sur l’avortement…

Jodi Picoult est une autrice américaine dont l’œuvre est fascinante. Elle a notamment écrit : Mille petits riens (Actes Sud/Babel), Comme un loup solitaire (Michel Lafon), ou encore La tristesse des éléphants (Actes Sud/Babel). Une étincelle de vie est son dernier roman paru en France. Il traite de la difficulté qu’on les femmes à avorter aux États-Unis, plus particulièrement dans le Mississipi, l’état le plus restrictif et conservateur en matière d’avortements…

Une clinique d’avortement comme centre névralgique de l’intrigue

Bienvenue dans l’une des rares cliniques d’avortement au Mississipi (dans le roman il y en a trois, mais en réalité il n’y en a qu’une seule dans cet état), des dizaines de femmes sont dans la salle d’attente pour des motifs tous extrêmement différents. Leur vie va basculer sous la forme d’un homme qui débarque, et les prend en otages. Pourquoi ? Il est question de vengeance, de revanche… mais pourquoi et contre qui exactement ? Ou quoi ?

Parmi les otages, il y a la fille du négociateur de crise de la région, Hugh McElroy, accompagnée par sa tante. Pourquoi est-elle ici ? Sa présence dans la clinique peut-elle être un avantage dans cette terrible situation ? Ce que Hugh ignore encore, c’est qu’il va être l’interlocuteur du preneur d’otages… sans savoir que sa fille est à l’intérieur. Et ce n’est que le début.

Un entrecroisement de destins magistralement construit

Magnifique toile que celle offerte par Jodi Picoult dans ce roman. Tout se croise, se recoupe, trouve sens, peu à peu au fil de l’intrigue. Parfois, les fils tissés entre les personnages sont très légers, mais changent leur destin à jamais. Et quand on remarque enfin le lien ténu entre eux, on ne peux que saluer le génie de Jodi Picoult pour la construction de son histoire…

Parmi les nombreux personnages majoritairement féminins, forcément étant donné le lieu de cette histoire, il y a donc Wren, fille du négociateur, ainsi que sa tante. Mais également Joy, une patiente au passé terrible mais qui fait tout pour s’en sortir.

Il y a également Janine, une pro-vie (mais que fait-elle ici ?), c’est très intéressant que Jodi Picoult ait introduit un personnage aussi complexe (et détestable au premier abord) à l’intérieur de cette terrible prise d’otages.

Il y a également Izzi, infirmière à la clinique, son histoire est également difficile mais fascinante…

Il y a aussi Beth, à l’histoire atroce et à laquelle on ne peut que compatir… c’est dur, injuste et terrible, le procureur veut se servir de son cas particulier (mais malheureusement pas isolé) comme d’un exemple.

Enfin, n’oublions pas Olive, une femme âgée qui était aussi dans la clinique au moment de la prise d’otages…

Et le médecin ! Un homme noir qui pratique des avortements au Mississippi c’est aussi suicidaire qu’extrêmement courageux. Son histoire à lui également n’est pas facile et explique pourquoi il est là aujourd’hui. Il est obligé de prendre l’avion pour exercer dans cette clinique car très peu de médecins acceptent de pratiquer des avortement, cela est encore plus vrai dans le Mississippi…

« Janine connaît un tas d’informations de ce genre. Elle sait aussi comment les différentes cultures et religions considèrent les êtres vivants. La catholiques croient que la vie apparaît dès la conception. Chez les musulmans, il faut attendre quarante-deux jours à partir de la conception pour qu’Allah envoie un ange qui transforme l’ovule et le sperme en être vivant. Selon Thomas d’Aquin, l’avortement est un homicide au bout de quarante jours pour un embryon mâle et quatre-vingt jours pour un embryon femelle […]« .

Au travers de ce roman-choral, c’est toute l’histoire actuelle des États-Unis qui nous est dépeinte à travers le prisme de l’avortement. Il a beau être légal, tout est fait pour l’empêcher… ou le retarder jusqu’aux 15 semaines fatidiques l’interdisant (dans le reste des USA l’avortement est encore légal entre 22 et 24 semaines).

Les femmes qui doivent avorter subissent un véritable parcourt du combattant qui va leur coûter tant financièrement que psychologiquement. Tout est fait pour les culpabiliser, les décourager… Tout est à leur charge. Et comme le Mississippi impose un délai de réflexion de 24h entre le rendez-vous à la clinique et l’acte médical, il leur en coûtera également une nuit à l’hôtel. Et si elle ont surmonté toutes les étapes, il leur reste encore à passer la barrière humaine des pro-vie qui leurs crient qu’elle vont commettre un meurtre. Que le bébé va souffrir pendant l’avortement (ce qui est faux), qu’elle seront stériles si elles se font avorter (encore faux)…

Extrêmement bien documenté et réaliste, plus qu’une magnifique lecture, c’est un roman nécessaire : chaque personnage est le reflet d’un pan des États-Unis et de l’énorme paradoxe qu’est ce pays. C’est à découvrir absolument pour toutes ces raisons : des personnages magistraux, une intrigue magnifiquement pensée et une approche extrêmement documentée de ce que sont les États-Unis aujourd’hui.

Dans le même style et le même genre, il semblerait que le dernier roman de Joyce Carol Oates fasse également référence au thème difficile de la politique d’avortement américaine. Je vais d’ailleurs bientôt le lire pour vous en parler.

Son titre : Un livre de martyrs américains aux éditions Philip Rey.

Pour en savoir plus sur cette fameuse et unique clinique à pratiquer l’avortement au Mississippi, je vous invite à lire cet article du Sud Ouest : « Dans le Mississippi, une seule clinique pratique l’avortement ».

PS : J’ai adoré le petit clin d’œil fait à La Loterie de Shirley Jackson au travers d’une phrase d’Olive (p.325 pour les curieux). Ce genre de référence d’une autrice envers une autre me fait toujours sourire…

La loterie est un grand classique de la littérature américaine fort méconnu par chez nous. Il mérite pourtant le détour.
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Chronique : L’anti-magicien – Tome 1

Une nouvelle série fantastique pour ados qui s’annonce sous les meilleurs auspices !

Premier roman d’une saga qui en contiendra six, L’anti-magicien est un roman qui s’adresse à la jeunesse pour les 11-15 ans. Le tout premier volume est paru en 2018, le second en septembre.

Si vous ne connaissez pas l’auteur canadien Sébastien De Castell, sachez qu’un de ses romans fantastiques est précédemment paru en France, il s’agit des Manteaux de Gloire, chez Bragelonne en 2015.

La magie, un tremplin social indispensable

Dans le monde de Kelen, 16 ans, la magie fait partie intégrante de la société. En fonction du pouvoir que concentre votre famille, vous êtes plus ou moins bien placé dans l’échelle de la société…

La famille de Kelen est très bien placée dans la société grâce aux pouvoirs importants que possède ses deux parents, en particulier son père, Ke’heops. Il pèse d’une influence considérable tant magiquement que politiquement. La soeur de Kelen quant à elle possède également une magie extrêmement prometteuse… Mais qu’en est-il du jeune homme lui-même ? Le roman débute au moment d’une épreuve de magie très importante, et c’est ainsi que l’on découvre que Kelen ne possède AUCUNE magie. Il existe sept formes de magie différentes, et le jeune homme n’arrive même pas à faire étinceler en lui la première…

Va-t-il devenir un paria ou un Sha’tep (un esclave dénué de magie) ? Ou la magie va-t-elle se révéler à lui comme jamais étant donné la puissance des membres de sa famille ? Pourra-t-il enfin être un Jan’tep, un vrai magicien ?

Un premier tome engageant, dynamique et toutefois assez original

Il y a tant d’ouvrages fantastiques qui sortent pour la jeunesse et les adolescents qu’il devient difficile d’apprécier un roman pour son originalité. Mais l’Anti-magicien réussi à être à la fois classique (dans son déroulement initiatique pour Kelen), mais très original dans le fonctionnement de son univers.

En effet, Kelen est un anti-héros, certes, mais on découvre très rapidement qu’il l’est à un point rarement atteint. Là où beaucoup de héros se découvrent être des sortes d’élus, ou d’être uniques aux pouvoirs cachés colossaux, Kelen n’est rien d’autre que lui-même. Sans magie, juste sa malice et son intelligence. Et cela fait une différence de taille dans cette histoire où la magie est primordiale.

Comment va-t-il tirer son épingle du jeu ? Se faire respecter ? Ne pas se faire bannir de l’école pour cause d’absence de magie ?

Et puis, le jeune homme n’est même pas le plus intéressant et le plus attachant des nombreux personnages de cette histoire. Il y a surtout une femme étrangère, nommée Furia apporte son lot d’ennuis et de dialogues piquants ! Comme elle dit « Une femme, c’est un homme en plus malin et avec plus de couilles » pour vous donner une image du langage du personnage !

Tout cela sans oublier le génial et dangereux chacureuil (oui, c’est bien un mélange entre un chat et un écureuil !).

Ainsi, le premier tome de cette série est très prometteur. Il nous propose une intrigue fournie, qu sort assez des sentiers battus pour plaire à son lectorat. L’univers est dense, sa mythologie également, et on sent que l’on est loin d’avoir tout découvert sur son fonctionnement…

Et surtout, Kelen va traverser beaucoup d’épreuves du feu pour notre plus grand plaisir. Et rien que pour cela, ça vaut le coup.

La couverture du premier tome en version originale.

Chronique : Le petit terroriste

Omar Youssef Souleimane est un auteur d’origine syrienne. Son récit, Le petit terroriste, vient tout juste de paraître chez Flammarion, à l’occasion de la rentrée d’hiver 2018. Entre humour et drame, découvrez l’histoire d’une enfance très différente de la notre…

Une enfance normale dans une famille sunnite

Notre narrateur et auteur nous conte son enfance, comment il a été élevé dans l’idée que la religion primait par dessus tout et devait régir sa vie. Qu’il ne devait jamais avoir de pensée « impures », mais que le terrorisme était la meilleure arme pour vaincre ses ennemis… C’est paradoxal, mais c’est justement là qu’Omar Youssef Souleimane s’interroge, se cultive.

Il passera ainsi son adolescence à lire les grand poètes et auteurs français : Rimbaud, Eluard, Aragon… entre autres. A écouter les chansons de Jacques Brel et d’Édith Piaf (beaucoup écoutées en Orient pour apprendre le français). C’est d’ailleurs pour cela qu’il dit « Ne me quitte pas » au lieu de « ne quitte pas » quand il est au téléphone. Il a du mal avec le féminin et le masculin des mots français, et pour être tranquille il prend tout par paires : deux bananes, deux clémentines, deux… Car maintenant, il vit en France.

 De sa vie et de son adaptation en France, nous n’avons que quelques pages. Tout le reste nous retrace son enfance. Entre humour et récit de vie difficile, la vie de cet homme est très intéressante. Il a beaucoup de choses à dire, sur son enfance, sa vie, son parcours spirituel et comment il en est venu à ne plus croire à son qu’on lui enseignait de façon si insistante.

Un récit toutefois difficile à appréhender pour les non-initiés

J’ai trouvé l’enfance d’Omar Youssef Souleimane à Riyad (capitale de l’Arabie Saoudite) très intéressante, mais je dois reconnaître mon cruel manque de culture concernant l’Orient et ses enjeux. Quels conflits et pourquoi ? Quels préceptes de base régissent le salafisme dans lequel baigne l’auteur ? A un moment, il a peur du Moukhabarat, qu’est-ce donc ? Après une recherche, j’ai appris qu’il s’agissait des services de renseignement égyptiens. Une note de bas de page aurait été la bienvenue pour nous le dire.

Pour la plupart des Occidentaux (dont moi), tout cela est très flou, et le problème de ce livre, c’est qu’il n’éclaircit pas ces points. Si vous ne connaissez pas déjà un peu l’Islam, l’Arabie Saoudite et la Syrie, ça reste très nébuleux. J’ai donc pu apprendre des choses en creusant un peu : ce qu’est le sunnisme, par exemple. Ou le poids des traditions, par exemple, il est interdit de tendre la main gauche, elle n’est censée servir que pour les toilettes.

Cela ne retire en rien à la qualité d’écriture de l’auteur. Il n’est pas question de juger un récit de vie, d’autant que la sienne n’a pas été évidente sous bien des aspects.

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Le petit terroriste est donc un livre intéressant mais qui l’est encore plus si l’on possède une culture en lien avec l’Orient et ses nuances. On y rit, on est parfois triste ou en colère face à ce qu’il a vécu : les injustices, la dureté de son père, la cruauté de ses camarades d’école… Mais que cela nous réconforte, Omar Youssef Souleimane est maintenant en France où il profite (je l’espère !) de la vie parisienne et écrit. Car il n’est pas qu’auteur, mais également journaliste et poète.

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Chronique : Sorcières Associées

Une fantasy orientale plaisante, originale et qui rend vite accro… on en veut encore !

Alex Evans est une auteure francophone qui n’en est pas à son premier coup d’essai. Férue de fantasy et de merveilleux, elle a déjà une dizaine de titres à son actif, Sorcières Associées est son premier roman à paraître aux éditions ActuSF, il était auparavant auto-édité.

Dans un univers de fantasy aux influences orientales, on découvre un duo d’enquêtrices aussi acharnées que douées, où la magie est aussi dangereuse qu’omniprésente…

Pour aller plus loin, sachez que Sorcières Associées est paru dans la collection Bad Wolf. Une gamme de romans qui regroupe différents auteurs, différents styles et genres… Mais tous les ouvrages regroupés sous cette bannière ont un point commun mystérieux… Que nous lecteurs devons deviner ! Il est écrit ceci au début de chaque ouvrage : « Complices, tous leurs auteurs se sont adonnés à un même jeu littéraire… Trouverez-vous lequel ? ».  Je trouve l’idée géniale, car cela attise l’attractivité de la collection pour chaque ouvrage qui la compose.

Une intrigue simple en apparence

La ville de Jarta : tout commence avec une affaire de sabotage dans une usine. Comme le coût de la main-d’œuvre humaine est exorbitant pour tout entrepreneur, les zombies sont devenus une masse salariale attrayante. Pas de salaires, pas de réclamations ni de plaintes, bref, les zombies sont une véritable manne financière. Mais depuis quelque temps, des choses étranges se passent sur la chaine de montage… c’est ainsi que Tanit débute son enquête.

Tout cela sans oublier une obscure affaire de vampire piégé dans notre dimension, mais aussi un artefact d’une valeur inestimable qui aurait été dérobé, et une série de disparitions étranges… Padmé, l’associée de Tanit va elle aussi avoir du fil à retordre.

Bienvenue dans le monde de Sorcière Associées, où la magie fleure avec le danger, et où les succubes gèrent comme personne les maisons de passe… Bref, bienvenue dans un monde coloré, vivant et créatif qui baigne dans une magie… épicée !

Un univers plaisant et une histoire qui se densifie au fil des pages…

Sorcières Associées, c’est à la fois la découverte d’un roman captivant et d’une auteure. On n’a qu’une envie en refermant le livre, découvrir les autres univers d’Alex Evans !

Au fil de l’intrigue qui s’étoffe peu à peu, des liens se font, des pistes se créent… le tout avec fluidité et logique. Seul petit bémol, on n’est pas toujours très au fait de la mythologie très dense qu’a créée l’auteure autour de son roman, alors certains enjeux ne nous sautent pas aux yeux par moments. On sent que l’univers a été travaillé avec cœur et détails, mais un glossaire ou un autre support du même type aurait pu nous aider à mieux appréhender certains tenants et aboutissants.

En dehors de cela c’est un sans faute ! Les dialogues sont piquants et savoureux à souhait, les personnages de Padmé (que j’aime tout particulièrement) et Tanit sont délectables… Et que dire de leurs aventures sinon qu’elles sont captivantes de bout en bout ?

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Vous trouverez ainsi de tout dans Sorcières Associées : de la magie, un nœud d’intrigues à la hauteur, pas de temps-mort, des personnages charismatiques… et un véritable plaisir de lecture, tout simplement.

Espérons que ce roman ne soit qu’une introduction et qu’il y aura d’autres ouvrages dans le même univers ! J’ai passé un si bon moment que je n’ai qu’une envie : retrouver le duo de choc que forment Padmé et Tanit, ou au moins, l’univers dans lequel elles évoluent…

Chronique : La Sélection – Tome 3 – L’élue

Un troisième et dernier opus qui fonctionne bien, mais que l’on aurait voulu plus dense en termes de développements

On ne présente plus l’auteur américaine Kiera Cass, auteur de la saga à succès La Sélection. A la base, La Sélection était une trilogie, mais depuis, deux autres tomes sont sortis, faisant partie d’un second cycle se déroulant de nombreuses années plus tard. Des nouvelles autour de l’univers de La Sélection sont également parues, toujours dans la collection R sous le nom La Sélection – Histoires secrètes. Enfin, le 22 septembre 2016 est paru son tout dernier roman : La Sirène.

Une compétition âpre à son apogée

Elles ne sont plus très nombreuses à convoiter le cœur du Prince Maxon, et donc toutes proches du trône… America est de plus en plus hésitante quant à son avenir, son cœur, ses convictions… Car aimer Maxon, c’est également épouser les conviction de sa potentielle future belle-famille, mais America saura-t-elle convaincre et incarner tout cela ? Et en a-t-elle envie ? Voici enfin le dénouement que l’on attendait tant !

Des tergiversations en grand nombre qui desservent l’intrigue

Ce troisième tome devait être celui du dénouement, celui où la géopolitique de ces pays du futur nous serait expliquée. Mais au final, les motivations de chacun restent encore bien trop floues. De nombreux secrets entourent encore les attentats menés par certains activistes durant la Sélection.

Cependant, quand il s’agit de politique, America devient un personnage brillant, plein de verve. Elle est tout simplement lumineuse. On l’admire pour ce qu’elle est en train de devenir et qui pourrait changer la donne aux yeux du public… pour la famille royale, c’est autre chose !

Malheureusement, ces épisodes de réflexion ne sont pas assez nombreux pour rendre L’élue captivant. Le reste du roman se perd en hésitations, errements amoureux… C’est un peu trop long et prévisible pour rendre le tout aussi efficace que les deux premiers tomes.

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Trop de questions en suspens, un final relativement prévisible, L’élue offre une conclusion qui satisfera surtout la partie romance de l’intrigue. Pour ce qui est de la partie sociale et politique, on peut supposer que les nouveaux tomes parus depuis apportent leur lot de réponse ? Affaire à suivre car il faut avouer une chose, La Sélection est une saga extrêmement captivante, et son côté fleur bleue ne déplaît pas !

Chronique : The Ones – Tome 1

the-onesUne dystopie pour ados aux thèmes éminemment actuels… le tout sur fond de manipulations génétiques !

Premier tome d’une nouvelle saga dystopique, The Ones est paru le 6 octobre 2016  aux éditions Hugo, dans la collection destinée aux adolescents New Way. L’ouvrage est paru il y a à peine quelques mois aux États-Unis. Il s’agit du premier roman de Daniel Sweren-Becker.

Une société malade de ses avancées scientifiques

Il y a de cela une vingtaine d’années, l’État a fait modifier génétiquement 1% des nouveau-nés de la population de façon aléatoire. Ce fragment minuscule de la société est nommé Les Élus. En effet, les  modifications de leur patrimoine génétique les a tous rendus plus beaux, plus intelligents, plus forts… Ils font systématiquement de l’ombre aux gens normaux dans quelque domaine que ce soit : le sport, la bourse, la création d’entreprise, les sciences… Et cette prédominance évidente des Elus sur la population lambda commence à en agacer certains : les Élus prennent trop de place et mettent au chômage les autres… Le mouvement Égalité est né, et il ne compte pas laisser les Elus tranquilles, bien au contraire : harcèlement, injures, coups… cela n’est que le début. The Ones signe ici l’histoire d’une société proche de la notre au seuil de la fracture.

C’est dans ce contexte que nous suivons le couple que forment Cody et James, deux Élus de 17 ans. Comment vont-ils réagir face à la population qui remet en cause leur existence même ?

Un roman d’anticipation aux thèmes malheureusement très actuels…

Exclusion, terrorisme, haine, tolérance, harcèlement… voici autant de thèmes complètement ancrés dans notre actualité. En cela, Daniel Sweren-Becker réussit The Ones. On se projette facilement dans la peau de ces pauvres Élus, dont les libertés diminuent au fil des chapitres…

En ce qui concerne l’intrigue pure, malgré quelques petites surprises qui coupent le fil rouge de l’histoire, on reste dans les sentiers battus. Cependant, le thème de la manipulation génétique de la population est intéressant à lire, on aurait même adoré le voir développé plus amplement !

Par ailleurs, l’auteur ne creuse pas assez la question de la naissance du mouvement Égalité. On comprend que les Elus soient vus d’un mauvais œil par les personnes dites normales, mais l’échelle de cette haine graduelle n’est pas assez décrite. Après tout, ils ne composent que 1% de la population… Ainsi, la situation aurait nécessité un meilleur historique afin d’apporter au lecteur une vision d’ensemble plus réaliste, plus crédible.

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Alors, oui, on passe un bon moment de lecture malgré tout car l’action se déroule à 100 à l’heure. Les chapitres sont courts, efficaces, les personnages bien campés et peu nombreux, aisés à appréhender… Mais les habitués de dystopies auront peut-être un sentiment de déjà lu…

Affaire à suivre toutefois avec la suite de The Ones, pas encore parue aux États-Unis (donc patience !). Les derniers chapitres de ce premier tome ont su malgré tout faire mouche pour donner envie de découvrir la suite… car de nombreuses questions sont encore en suspend !

Chronique : The Book of Ivy – Tome 2 – The Revolution of Ivy

the-book-of-ivy-2-the-revolution-of-ivySuite et fin d’une dystopie mélangeant exil, dictature, jeux de pouvoirs et survie…

Amy Engel est une auteur d’origine américaine. The Book of Ivy est sa première série de livres pour ados qui comprend deux tomes : The Book of Ivy et The Revolution of Ivy. L’histoire a beau être assez simple, elle fonctionne bien car elle est efficace.

Après les hautes sphères du pouvoir, l’exil

A la fin du premier tome, nous laissions Ivy sur une conclusion très dangereuse. Tout juste exilée de Westfall pour haute trahison, la jeune femme se doit de survivre malgré l’hiver qui approche. Mais cela s’annonce extrêmement difficile et dangereux car elle est du même côté de la barrière que des violeurs et des tueurs… Pourra-t-elle s’en sortir ? Quel nouveau but Ivy peut-elle se fixer dans ce monde de silence et de précarité ?

Un roman qui va droit au but

On appréciera l’efficacité qu’a réussit à mettre Amy Engel dans sa courte saga. Jamais de longueurs dans la narration, des dialogues précis, simples, efficaces. On comprend le succès de la saga tant elle se lit vite.

Les sentiments de la jeune femme sont à la fois simples à comprendre, et surtout, on les ressent au même titre qu’elle. On a peur pour sa vie et pour son intégrité physique, on craint le froid et la faim avec elle… On se prend également d’attachement pour le fameux couple Ivy/Bishop qui réussira à être développé de façon très intéressante malgré les obstacles au fil des pages !

La trame est ainsi très classique et on s’attend à pas mal de choses tout au long de ce roman qui se révèle assez prévisible, mais pas décevant. La seconde partie est celle qui réussit le plus à étonner le lecteur par ses enchainements de révélations… Nous faisons la découverte d’une ville de Westfall absolument transfigurée et traumatisée dont le déclencheur n’était autre… qu’Ivy !

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C’est donc une belle réflexion sur la politique, la société et ses diktats sous couvert de proposer un roman young-adult. En effet, la saga d’Ivy a beau proposer une duologie divertissante et efficace, elle pousse également à s’interroger et réfléchir. Ils posent également une question : une personne peut-elle tout changer ? A classer avec Hunger Games, Divergente, Dualed ou encore La Sélection.

On sent qu’Amy Engel n’en est qu’aux prémices de son œuvre, il faut donc la suivre de près !

Chronique : Forget Tomorrow – Tome 1

forget-tomorrowRarement un titre de roman aura aussi bien porté son nom !

Il est paru en janvier 2016 aux éditions Lumen, et cette lecture d’anticipation à de quoi fédérer de très nombreux lecteurs… Forget Tomorrow, c’est un roman futuriste haletant doublé d’un thriller. Le tout porté par une idée diabolique et visionnaire (c’est le cas de le dire…). Le second tome de la saga paraîtra en fin d’année aux États-Unis sous le titre Remember Yesterday.

Un souvenir du futur pour gage d’un avenir radieux…

La société a été totalement bouleversée depuis que le premier souvenir du futur nous est parvenu. Désormais, lorsqu’on est majeur, on reçoit un souvenir envoyé par notre futur nous. C’est ce souvenir qui nous détermine et nous ouvrira un avenir radieux… ou non. Soigneusement sélectionné par votre vous du futur, son choix est absolument crucial. C’est d’ailleurs ce que va constater Callie, qui vient tout juste d’avoir 17 ans et dont le souvenir du futur est aussi impensable que terrible. Là où les autres se voient champions olympiques, parents accomplis ou banquiers, Callie elle se voit en train de tuer de sang froid… sa chère et tendre sœur Jessa.

Pourquoi sa future elle commettrait-elle un tel acte, elle qui aime tant sa petite sœur ? C’est ce que Callie va tenter de découvrir… mais les obstacles sont nombreux, à commencer par les limbes, la Présidente Dresden et toutes les forces d’Eden City réunies.

Un premier tome rythmé et accrocheur malgré quelques longueurs

Pour ceux qui aiment les jeux de pistes temporels quelque peu torturés, Forget Tomorrow pourrait bien être votre prochaine lecture !

L’éditeur mentionne la nouvelle de Philip K. Dick Minority Report qui se base sur la punition de crimes non encore commis. En effet, l’idée est la même ici concernant Callie qui se voit envoyée directement en prison pour un crime futur… Mais dans Forget Tomorrow, la solution est encore plus retorse et malsaine, et même violente. J’ai ainsi trouvé le traitement de l’idée très réussit et bien poussif comme j’aime avec force détails et précisions sur le système créé.

Le seul bémol à apporter serait à mettre au niveau de la justification de toutes ses atrocités. On apprend les motivations de la Présidente Dresden qui ordonne des choses aussi absurdes que terribles, mais on ne comprend pas pourquoi. L’explication donnée est un peu trop « facile » et j’espère en voir une autre plus profonde et justifiée dans le second tome. Car pour le moment elle tient juste le rôle de la grande méchante de l’histoire.

En ce qui concerne le rythme pur de l’histoire le début et la fin sont les meilleurs moments de lecture. Il y a un petit passage à vide en milieu de roman qui essouffle un peu l’intrigue générale. L’auteur essaye dans ce passage plus lent de créer un relationnel plus profond entre les personnages. Cela fonctionne certes, mais c’est parfois un petit peu trop sentimental à mon goût…

Dernière petite remarque, j’ai vu que le nom de l’assistante de la Présidente est MK. MK, c’est aussi le nom d’un programme visant à développer des techniques de manipulations mentales. Le nom exact du programme est MK-Ultra, mais il y en a bien d’autres avec le dénominateur commun MK : MK-Naomi, MK-Often… Tous ont étés créés par la CIA. Le nom de cette mystérieuse assistante revêt-il une symbolique particulière ? J’aurais tendance à dire que oui, surtout qu’on en sait au final très peu sur elle… Affaire à suivre !

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Le meilleur dans ce roman, c’est donc son idée principale et la façon dont elle est exploitée. Callie est une héroïne forte et inventive que l’on prend plaisir à suivre au fil des pages ! Même si parfois elle est un peu fleur bleue… Forget Tomorrow est donc un bon roman d’anticipation malgré quelques petites faiblesses qu’on lui pardonne facilement. C’est donc avec une grande fébrilité que l’on aimerait avoir le mot de la fin ! Courage, car la sortie française n’est pas encore annoncée…

Chronique : L’élite – Tome 2 – Le Test

L'élite 02La suite des intrigues autour de Cia n’ont pas fini de nous surprendre, et le Test est bien loin d’être terminé…

Second tome de la trilogie dystopique L’élite, Sous surveillance est paru en février 2015 aux éditions Milan, dans la collection Macadam. Le premier tome de la saga avait forte impression sur le site, et lire la suite était quelque chose que j’attendais avec beaucoup d’impatience… Alors cette suite est-elle à la hauteur ? Vous allez le savoir à la suite de ces lignes…

L’Université de Tosu enfin à la portée de Cia

Après de nombreuses épreuves mortelles, des trahisons en nombre, des complots de grande ampleurs et autres coups tordus, Cia est enfin sélectionnée pour étudier à l’Université de Tosu. Mais ce qu’elle et ses futurs camarades de promos ignorent, c’est que le Test ne fini jamais vraiment… en effet, l’admission passée, une multitude d’examens visant à sélectionner encore les élèves sont à a venir. Certains sont pénalisants, mais d’autres sont encore et toujours… mortels.

Quand l’Université de Tosu et le gouvernement cesseront-ils les Tests afin d’améliorer le quotidien de leurs administrés ? La réponse à venir reste floue, et le pourquoi de tout cet écrémage par le haut encore plus…

Toujours efficace, toujours dans l’action

Joelle Charbonneau tire des ficelles similaires au premier opus de la saga, mais elles sont toujours efficaces malgré quelques petites redondances. Certaines surprises nous permettent de rester en haleine, et surtout l’échelle des complots mené s’avère être beaucoup plus étendue que ce que l’on croyait au premier abord… C’est à en faire froid dans le dos.

Pour faire simple sans trop développer, sachez juste que les jeux de pouvoirs se jouent là où on ne les attend pas…

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Ce second tome de la saga post-apocalyptique de Joelle Charbonneau est ainsi plaisant à lire et à découvrir. On adorera ces moments sur le fil quand les tests mortels se cachent là où on ne les attend pas.

C’est donc avec impatience que l’on attend la suite et fin de L’élite qui peut se hisser au rang des meilleures dystopies même si elle est beaucoup moins plébiscitée. Bref, c’est une belle découverte !