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Chronique ado : Ils sont venus du froid

Caryl Férey est un auteur français qui écrit principalement pour les adultes. Ses univers sont souvent très sombres et mélangent tensions géopolitiques et suspense : Zulu ou encore Mapuche sont les ouvrages qui l’ont fait connaître.
Il a écrit également quelques rares romans pour les jeunes lecteurs avec Krotokus et Mapuce. Ils sont venus du froid est son premier roman à destination d’un public adolescent. L’ouvrage est paru en 2022 chez PKJ.

Un univers post-apo glacial

De ce qu’il se passait avant, on ignore tout. La seule chose que l’on sait, c’est qu’il y a eu une Catastrophe. Personne ne sait quelle forme elle a prise, mais elle a tout détruit sur son passage… Et maintenant, le peu d’hommes et de femmes qui ont survécus tentent de rester en vie, mais tout est contre eux : les éléments et l’hiver glacial qui persiste, les animaux qui semblent tous avoir disparus… Et ce n’est que le début.

C’est dans cet univers glacial et extrêmement hostile que nous allons découvrir trois adolescents qui vont tout faire pour se battre et rester en vie. Quel qu’en soit le prix, peu importe l’adversité terrible qu’il y a en face d’eux, ils vont lutter. Mais le pire dans cette histoire, ce ne sont même pas les éléments qui se déchaînent et la famine qui guette, non. Le pire, c’est la horde d’hommes qui enlève toute personne qui croise son chemin. Dans quel dessein ?

Une histoire qui m’a laissée de marbre

En à peine quelques pages, le décor est posé avec efficacité, les personnages sont aisément distinguables et l’intrigue se déroule bien. Mais pourtant, je n’ai pa été séduite. Ni par la plume de Caryl Férey, ni par l’intrigue qu’il nous offre ici. Ce qui m’a le plus interrogé dans ce roman, c’est la psychologie des personnages que j’ai trouvé parfois peu logique, de même que les relations qu’ils ont entre eux. Ils prennent parfois des décisions assez incohérentes alors que la situation nécéssite une toute autre réaction.
On sent que ces réactions sont nécessaires pour les ressorts narratifs de l’histoire, mais cela dessert sa crédibilité, ce qui est dommageable au roman dans son ensemble.

Pour ce qui est donc de l’intrigue, je n’ai pas été captivée bien que j’ai lu le roman très rapidement. Il faut bien avouer que Caryl Férey a une écriture très fluide qui rend la lecture aisée. Mais une écriture efficace ne fait pas tout et si l’histoire manque de fond, je n’arrive pas à apprécier un ouvrage. Ce fut le cas ici : impossible de m’attacher aux personnages. Ceux qui auraient pu être intéressants restent malheureusement très en surface, impossible de s’y attacher, de les comprendre.

Et puis… je pense tout simplement que l’univers littéraire de Caryl Férey n’est pas pour moi. Je trouve que ses romans contiennent beaucoup trop de violence gratuite et j’ai vraiment du mal avec ça. Cela ne m’aurait nullement dérangée si cela était pour des adultes, mais là, je bloque. Je n’avais d’ailleurs pas aimé non plus Krotokus, l’histoire de ce lion et de son harem… destiné aux 9 ans et plus.

Mais surtout, ce one-shot présenté comme un roman jeunesse par l’éditeur me dérange un peu. Pour moi il y a une réelle distinction de lectorat entre jeunesse (12 ans max), préado (de 12 à 14 ans environ) et ado (14+).
La quatrième de couverture présente l’ouvrage comme étant « le premier grand roman jeunesse de Caryl Férey ». Or, quand il y a le meurtre par strangulation d’un nourrisson et des menaces de viol à peine voilées, je ne pense pas que la cible soit jeunesse. Je trouve donc qu’il y a une erreur de ciblage d’un point de vue marketing sur cet ouvrage.

En somme, je pense que les romans dits jeunesse de Caryl Férey ne sont pas pour moi, tout simplement. Si toutefois vous aimez les univers où la violence imprègne chaque page et que la littérature ado vous plaît, cette lecture se tente. Pour le reste, je pense qu’il y a plus prenant et mieux construit dans le même genre. Ellia la passeuse d’âme chez le même éditeur par exemple m’avait beaucoup plu.

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TRANCHE d´ÂGE :

Chronique jeunesse : A la découverte de la série jeunesse Liz et Grimm

Ils viennent de paraître chez PKJ, voici les romans d’une toute nouvelle collection qui se propose de réécrire les contes de fées pour les adapter à notre époque et ses problématiques.

Les deux premiers ouvrages sont parus en septembre et lancent la collection Liz et Grimm. Ils sont écrits par Nicolas Chandemerle, Christophe Guignement et Audrey Siourd. Chaque ouvrage propose un conte contemporain remanié et le conte original dont il est inspiré.

Les contes de fées comme vecteur de prudence ?

Réécrire Le vilain petit canard ou Le petit chaperon rouge pour encourager les enfants à la patience ou à la prudence, voilà ce que se propose de faire cette nouvelle collection. Liz est une petite fille qui comme tout le monde au quotidien vit certaine déconvenues… c’est là que Grimm entre en scène !

Dans Le petit Chaperon bleu, Grimm nous conte l’histoire d’une petite fille qui se fait beaucoup d’amis par le biais d’un jeu en ligne très populaire. Un jour, elle devient amie avec un joueur de son âge qui veut absolument TOUT savoir d’elle… C’est ainsi qu’elle place sa confiance dans une personne inconnue et peut-être dangereuse pour elle et sa famille.

Dans Stridouille, le Super Vilain Petit Canard, c’est l’histoire d’un petit caneton qui chante extrêmement fort et de façon insuportable que Grimm nous raconte. Jusqu’à ce que Stridouille trouve enfin sa voie…

Chaque conte a ainsi pour but de faire prendre du recul aux enfants sur certaines situations du quotidien. Dangers, réflexions désagréables, contrariétés… L’idée est bonne, mais sa mise en œuvre l’est moins. Les dialogues manquent franchement de naturel, ce qui donne des échanges très artificiels. Ainsi, les histoires de Liz et Grimm ont beau exister dans un but louable, la façon dont elles sont mises en avant ne passe guère. Bien sûr, je dis cela avec mes yeux d’adulte, mais je trouve que ces deux titres ont un gros défaut, c’est leur manque de fluidité, de sincérité. On sent trop le but derrière le texte et c’est fort dommage.

Autre idée sympathique à souligner cependant, dans chaque ouvrage on retrouve le conte original dont est inspirée chaque histoire.

C’est donc un avis en demi-teinte que je vous donne sur cette nouvelle collection. Une idée intéressante, mais pas réalisée de la meilleure des façons pour moi. Peut-être aurait-il fallut plus d’illustrations pour les ouvrages ? Une mise en page à la façon des petites poules ? Le texte s’adresse à de jeunes lecteurs vu la façon très didactique dont il est écrit, alors il aurait peut-être fallu étoffer cela avec quelques dessins.
Ces romans sans texte donnent l’illusion qu’ils s’adressent à des enfants d’environ 9 ans, mais dans les faits, ce sont des enfants de 7 ans qui sont ciblés… Il y a donc pour moi un petit décalage entre la présentation et l’âge visé par le texte.

Chronique ado : Warcross – Tomes 1 & 2

Une série en deux tomes absolument géniale et addictive ayant pour fond les jeux-vidéo et le hacking !

Marie Lu est une autrice américaine dont l’œuvre fut remarquée à l’origine pour sa trilogie Legend (Castelmore/Le livre de poche Jeunesse). Depuis, elle a fait son chemin avec d’autres romans jeunesse et séries pour ados… Parmi elles, la duologie Warcross. Deux tomes terriblement efficaces qui nous transportent de l’univers d’un jeu qui prend le pas sur la réalité et qui ressemble fortement à League of Legends !

Quelques pages pour plonger dans un autre monde baigné de technologie…

Bienvenue dans un monde qui ressemble très fortement au notre, à ceci près que tout le monde porte des lunettes connectées NeuroLink, créés par le génie de l’informatique Hideo Tanaka. A quoi servent-elles ? A se plonger à corps perdu dans le jeu le plus populaire au monde et de loin : Warcross.
Son fonctionnement est simple, deux équipes s’affrontent pour récupérer l’artefact de l’équipe ennemie, la première qui réussi à gagné.

Le jeu est devenu extrêmement populaire dans le monde entier et les NeuroLink servent maintenant à bien plus que simplement jouer à Warcorss. On peut quitter sa réalité pour voir d’autres mondes à travers ses NeuroLink et s’évader… dépenser, etc.

C’est dans ce monde à la pointe que vit Emika, une petite crack en informatique qui va pirater la finale mondiale de Warcross. Cet acte va faire basculer sa vie à tout jamais et la faire connaître à des milliards de personnes dans le monde.

Accrocheur, dynamique, addictif… vous voulez d’autres adjectifs pour vous convaincre ?

En très peu de pages, on plonge dans l’intrigue de Warcross comme si avait chaussé nous-même des NeuroLink. L’intrigue que Marie Lu dessine peu à peu pour ses lecteurs est maline, subtile, savamment dosée… Entre thriller technologique et roman d’action, Warcross ne nous laisse pas une seconde de repos. Et cela est valable pour les deux tomes que comporte la série.

J’ai adoré les très nombreux clin-d’oeils fait au jeu League of Legends, auquel je joue beaucoup. Ainsi retrouve-t-on des références, notamment au niveau des noms des joueurs : Jena ou encore Asher (qui ressemble à Ashe, un personnage de LoL). De même, le fonctionnement du jeu en lui-même est très similaire à LoL, et pour ce qui est de l’engouement mondial, c’est aussi le cas dans notre monde ! La seul différence, c’est qu’il n’y a pas d’équipe de LoL mixte contrairement à Warcross. Dommage.

L’intrigue de loin ce que l’on pourrait imaginer au premier abord, Warcross n’est qu’une sorte de très jolie façade rutilante… mais vous découvrirez tout cela en lisant la saga. Car vous allez la lire, n’est-ce pas ?

Les deux tomes de cette saga sont extrêmement différents mais complémentaires. Dans le premier, c’est la découverte, l’émerveillement, l’action qui monte au fil des matchs. Dans le second, c’est beaucoup plus tendu, feutré et les enjeux sont encore plus énormes qu’une finale mondiale de Warcross. Comment est-ce possible ? A vous de le découvrir !

J’ai par ailleurs également beaucoup apprécié la légère romans qui parsème les ouvrages. Pas centrale, mais bien présente, elle apporte un petit goût d’interdit et de rêve parfaitement dosé pour faire rêver…

Vous avez donc compris, Warcross est une série ado courte, géniale et impossible à lâcher. Pour moi, c’est une série de fonds à avoir dans toute bonne bibliothèque quand on aime la litté ado/jeunesse. De plus, le côté hacking et jeux-vidéo est un mélange pas assez exploité pour ce lectorat, qui en est très friand. A découvrir dès l’âge de 13 ans.

Dans le même genre, je vous conseille la série en cinq tomes La Cité, aux éditions Rue du Monde, d’une originalité folle et très mystérieuse…

Chronique : Le syndrome du spaghetti

Une belle et tendre histoire d’amour, certes, mais également bien plus que cela ! Un roman ado qui a le mérite d’être assez original pour surprendre

Marie Vareille est une autrice française à l’œuvre prolifique, elle écrit aussi bien pour les ados que pour les adultes.
Chacun de ses livres est un succès de librairie, on peut citer Je peux très bien me passer de toi (Charleston en 2015) ou encore sa trilogie Ellia la passeuse d’âmes parue chez PKJ (Prix Pierre Bottero en 2017).
Le syndrome du spaghetti est une romance contemporaine qui s’inspire en partie du vécu de l’autrice sur certains aspects.

Une vie et un avenir entièrement au dédiés basket

Léa à 16 ans et déjà un plan de carrière sportive tout tracé. Son père est coach de l’équipe de basket de la ville, et elle compte intégrer l’INSEP (Institut National du Sport de l’Expertise et de la Performance) afin de pouvoir toucher du doigt son rêve jouer dans l’équipe féminine de la NBA, l’une des plus sélectives au monde.

Alors, certes les objectifs sont écrits, Léa a le mental et les capacités pour les atteindre mais, c’était sans compter sur un drame qui va toucher sa famille…

En parallèle, nous allons suivre le jeune Anthony, 17 ans, qui vit dans une cité un peu plus loin de chez Léa. Ils ne se connaissent pas, mais leur passion commune pour le basket va les réunir de la plus belle des façons.

Une histoire qui fonctionne à merveille… et pour cause, il y a du vécu !

Je dois confesser que j’avais quelques à priori quant à ce roman. Je craignais qu’il soit trop « facile », trop prévisible et quelque peu fleur bleue. J’ai été vite détrompée en quelques pages à peine, j’étais dedans.
L’histoire de Léa et du drame qui va toucher sa famille est violent, va tout remettre en question et soulever des points vitaux dans sa vie.

Elle va devoir revoir totalement son plan de carrière à cause d’un syndrome dont elle n’a jamais entendu parler : le syndrome de Marfan.
Et c’est là que la partie très personnelle de ce roman rejaillit : Marie Vareille connaît très bien le syndrome de Marfan, elle en est elle-même atteinte.

Et c’est ainsi que Léa et toute sa famille vont devoir vivre avec ce syndrome dont ils ne connaissaient même pas le nom il y a quelques semaines. Les examens médicaux, les recommandations, les interdictions sportives… c’est un parcours du combattant qui s’annonce.
L’histoire prend un tournant aussi magnifique que terrible avec cette nouvelle information. Je ne vous dévoile pas plus d’éléments d’intrigue, mais sachez que le personnage de Léa est magnifique, poignant, combatif, désespéré… Et on l’aime pour ça. De même qu’Antony l’est à sa façon, bien que très différente.

Ces deux personnages sont fulgurants de beauté, beaux dans leur douleur et les épreuves qu’ils vont traverser côte à côte.
Impossible de lâcher ce roman présenté pour ado, mais qui pourra plaire à toute personne qui aime les belles histoires et les personnages qui ont du corps, de la présence.

Il faut dire que ce roman m’a également beaucoup touchée pour une raison simple : je connais relativement bien le syndrome de Marfan. J’avais été diagnostiquée potentiellement porteuse de ce syndrome, à la suite d’examens très nombreux, il s’est avéré que je ne l’avais pas malgré un faisceau de symptômes. Bien heureusement. Mais je me souviens des spécialistes, de leurs explications, des risques liés à ce syndrome. C’est donc en connaissance de cause que je peux dire que tout ce qui est dans ce roman est crédible et totalement réaliste. Le bon comme le mauvais. Voilà pour la petite parenthèse personnelle.  

Léa et Anthony crèvent la page (à défaut de l’écran), et ont les suivrait au bout du monde… Vous l’aurez saisi, c’est un énorme coup de cœur. A découvrir dès l’âge de 14 ans puis sans aucune limite d’âge ! 

PS : Autre sujet très intéressant et méconnu creusé dans ce roman : les joueurs de baskets de la NBA dont la carrière a été fauchée en plein vol suite à un diagnostic de Marfan. Les risques pour leur santé sont trop grands et la NBA refuse de recruter des joueurs qui ont ce syndrome…
Il faut dire que Marfan regroupe quelques caractéristiques qui prédisposent au basket : hyperlaxité ligamentaire, grande taille… pour les points positifs. Mais les gros problèmes sont une paroi du cœur très fine qui peut conduire à une rupture et donc à la mort. Dans ces conditions, on comprends que la fédération de américaine de Basket refuse de prendre le risque… Mais certains joueurs on pris leur responsabilités et refusent d’abandonner leur carrière et leur passion. Ainsi, ceux que la NBA a refoulés ont été recrutés par des fédérations d’autres pays : Danemark, Chine… etc.

C’est le cas du joueur de basket français Jonathan Jeanne dont vous pouvez lire l’histoire ici : Jonathan Jeanne, l’ex-espoir du basket qui défie la maladie sur les parquets. Et il est loin d’être un cas isolé (image ci-dessous).

Mini-Chroniques ado #1 : Zoom sur quatre thrillers YA

Les romans pour ados comportent énormément de sous-genre, tout autant qu’en littérature en fait. Et parmi ces nombreux styles littéraires différents, celui du thriller/policier YA plaît beaucoup. En tout cas, les éditeurs en proposent une pléthore aux potentiels lecteurs… à nous ensuite de faire le tri entre le bon grain et l’ivraie.

Trouble vérité – E. Lockhart – Gallimard Jeunesse

L’autrice américaine E. Lockart a fait une entrée remarquée en France avec son tout premier roman Nous les menteurs, dont le final est aussi réussi que mémorable.
Qu’en est-il avec Trouble vérité ? Pour moi, ce fut une déception… L’autrice a tenté d’utiliser la même recette qu’avec son précédent ouvrage, mais sans réussite.

On retrouve l’univers de la jeunesse dorée et insouciante américaine où tout est facile, parfait, brillant… On suit une adolescente qui semble devoir cacher aux yeux du monde entier qui elle est car elle est poursuivie… Par qui ? Pourquoi ? Les réponses arrivent par flash-back, le roman remontant peu à peu le temps pour arriver au dénouement tant attendu. La façon dont est construite l’histoire, en reculant dans le temps est originale et exacerbe l’intérêt du lecteur.
Mais ce ne fut pas suffisant pour rendre cet ouvrage mémorable. Les révélations sont lentes à arriver, les personnages assez stéréotypés… Pour moi, ce fut une réelle déception.

Plein gris – Marion Brunet – PKJ

Marion Brunet est une autrice française dont la plume acérée a déjà su me séduire (aussi bien en jeunesse qu’en roman noir…). Avec Plein Gris, elle nous propose un thriller en huis-clos maritime où des adolescents partis en mer vont devoir survivre à une terrible tempête et à une ambiance délétère…
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’en quelques pages, on est en plein dans l’intrigue. Les personnages sont bien campés, chacun avec son histoire personnelle crédible, ses blessures, ses traumas pour certains…
Malgré cela, je n’ai pas passé un aussi bon moment qu’escompté. Je n’ai pas retrouvé la verve qui m’avait tant plus dans L’été circulaire, notamment.

Peut-être est-ce l’accent énormément mis sur l’univers maritime (normal, me direz-vous pour un thriller sur un bateau) qui m’a lassée. En fait, je pense que l’histoire est trop longue pour ce qui s’y déroule, Plein Gris aurait fait une très bonne novella, mais sous forme de roman, c’est trop.

Je m’attendais à une intrigue plus surprenante, retentissante, mais tout jusqu’à la conclusion été assez prévisible. C’est dommage, car c’est un bel effet de surprise que je recherche dans les thrillers YA, et ce n’est pas si aisé que cela à trouver…

7 secondes – Tom Easton – Lumen

Une course-poursuite dans une Europe futuriste où la technologie nous poursuit à chaque seconde de notre vie, voici le monde dans lequel vit Mila.
Un monde où pour vivre décemment, il faut avoir la chance d’habiter en Angleterre ou un autre pays riche qui a les moyens de se protéger des vagues de migrants voulant un avenir meilleur.
C’est le cas de Mila, une jeune femme qui veut tout faire pour survivre et vivre décemment. Un rêve qu’elle partage avec des millions d’exilés qui tentent leur chance en traversant la Manche. Mais après avoir foulé le sol anglais, c’est loin d’être fini. Mila et ses semblables sont traqués, capturés, et même tués… Comment convaincre le gouvernement qu’elle a quelque chose de plus que les autres ? Qu’elle mérite un avenir meilleur ?

Elle l’ignore encore, mais Mila possède en effet quelque chose de spécial… et de dangereux. C’est ainsi qu’une course-poursuite s’engage. Et Mila n’a que 7 secondes d’avance sur ses assaillants, qui voient tout ce qu’elle voit et savent à tout moment où elle est…

L’idée était intéressante, mais malheureusement ce thriller futuriste manque d’ambition. Je m’attendais à une intrigue remettant en question ce terrible système inégalitaire, mais ce n’est pas le cas.
On ne se concentre que sur Mila et sa petite personne, les autres qui souffrent comme elle ne sont pas son souci, alors même qu’elle arrive à monter assez haut dans les strates du système… C’est dommage, mais c’est un loupé.
Dans le genre du thriller futuriste et chez le même éditeur, la duologie Dualed est géniale elle.

Cogito – Victor Dixen – Collection R

L’œuvre de Victor Dixen est aussi passionnante que très éclectique. Il a aussi bien réécrit des contes de fées que créé de toutes pièces une intrigue contemporaines incroyable avec des fées dans un camp d’été aux États-Unis. Sans parler de sa quadrilogie Phobos qui se propose de mélanger sciences et téléréalité sur fond de suspense ultra addictif…
Avec Cogito, on découvre un autre pan de son œuvre qui se focalise cette fois sur les Intelligences Artificielles et leurs potentiels dangers envers l’humanité. L’émergence, ça vous dit quelque chose ? Si ce n’est pas le cas, vous allez en faire l’expérience…

Dans Cogito, Victor Dixen imagine notre société avec des avancées technologiques aussi merveilleuses que terribles. Les robots ont remplacé énormément d’humains dans quantité de corps de métiers, ce qui a créé énormément de chômage, de dénuement. Cette société de « rêve » a créé un degré de précarité sans précédent qu’aucune crise avant elle n’avait vécu. En encore une fois, ce sont les moins qualifiés, les moins dotés, qui en sont les victimes collatérales.

C’est dans ce contexte que l’on va suivre Roxane, sélectionnée parmi des adolescents triés sur le volet pour se voir implanter une puce qui changera sa vie. Plus de difficultés pour apprendre, plus d’examens insurmontables et de stress pour s’intégrer dans la société. Cette puce expérimentale est une aubaine, un véritable tremplin technologique et social.
Roxane se voit ouvrir un véritable pont d’or, elle qui n’était vouée à aucun avenir, issue d’une famille touchée par le deuil et le chômage…

Mais quel peut bien être le revers de la médaille de ces promesses d’avenir meilleur ? Les Intelligences Artificielles sont-elles vraiment sous contrôle ? C’est ce que Cogito se propose d’imaginer…

J’ai beaucoup aimé l’ambiance de ce roman YA qui mélange technologie, histoire de la robotique et analyse d’une société future crédible et effrayante. Victor Dixen a fait beaucoup de recherches pour son intrigue, et ça se voit. C’est un thriller futuriste pour ados qui fonctionne à merveille, même si certains aspect y sont prévisibles, ça reste un régal. La fin est un petit peu rapide comparée à la mise en place de l’univers qui prenait vraiment son temps.
Mis à part ces petites remarques, Cogito est un bon roman pour ado qui sait tenir ses lecteurs en haleine, et c’est tout ce qu’on lui demande !

PS : J’ai adoré le petit caméo fait à propos de sa saga Phobos. C’est ainsi que l’on découvre que Phobos et Cogito se déroulent dans le même univers bien que la temporalité soit très éloignée.

Chronique : Killing November – Tome 1

Un premier tome addictif qui nous donne le meilleur de la littérature ado !

Paru en janvier 2020 chez Pocket Jeunesse, Killing November est le premier tome d’une série young-adult. Il s’agit du premier ouvrage d’Adriana Mather a paraître en France. Le second opus de la saga est déjà programmé en langue originale pour le mois de mai 2020 sous le titre Hunting November, mais il faudra patienter un moment avant de le voir arriver chez nous.

Une entrée en matière immédiate

November se réveille, elle est dans un établissement scolaire privé qui semble sortir tout droit du moyen-âge. A peine accueillie par la chef d’établissement, la jeune fille a plein de questions : quel est cet endroit ? Pourquoi ne se souvient-elle pas de son voyage vers l’école ? Pourquoi n’a-t-elle pas le droit de parler de sa vie personnelle sous peine de renvoi ? Et où se trouve cette école ?

Ce n’est que le début des questionnement pour l’adolescente, qui risque de ne pas se remettre des cours inculqués par cette école, et encore moins de la façon dont les autres élèves vont « l’intégrer ».

Attention, roman sous haute tension…

Dès les premières pages, on est déjà dans le vif. Et ça ne s’arrête jamais vraiment. Il y a très peu de temps morts dans Killing November : toujours beaucoup d’action, des révélations (même si certaines restent attendues), des personnages nombreux et tous particuliers dans leur genre…

Tout prend vie facilement, et Killing November se lit avec aisance. Ainsi, les presque 450 pages de ce roman passent à une vitesse insoupçonnée…

Le plus intéressant dans cet ouvrage est certainement le mystère entier que représente l’Académie Absconditi ainsi que la totalité de ceux qui y séjournent. Tous semble penser que November sait ce qu’il y a à savoir, donc elle ne peut poser aucune question sous peine de paraître faible… Et comme tout l’établissement semble baser les relations entre les élèves sur celui ou celle qui dupera mieux l’autre, elle ne peut se fier à personne. La connaissance, c’est le pouvoir et l’Académie en a fait son fer de lance, de même qu’elle invite ses élèves à en jouer…

Alors dans ce cas, à qui faire confiance ? A qui confier ses secrètes interrogations ? Et pourquoi ses aptitudes à la survie ou au lancer de couteau sont-elles si appréciées ? Pourquoi avoir des cours de poisons ? Et en quoi l’extrême connaissance en étymologie de November pourrait l’aider ?

Non, nous ne sommes pas dans une énième version de Harry Potter… ou alors, à la croisée entre l’ambiance scolaire et mystérieuse de la saga à succès et une autre série de roman : Night School. Si vous ne connaissez pas cette série de roman ados, sachez qu’elle se base sur les mêmes ressorts (avec moins d’éclat que Killing November selon moi) : beaucoup de secrets, des sociétés obscures, des retournements de situation…

Ainsi ce premier tome est à la croisée entre le roman policier et le roman ado classique avec son lot de romance (assez réussie !) et de rebondissements. Malgré quelques « révélations » qui ne tromperons personnes, l’ambiance est très  travaillée et fonctionne à merveille.

Une chose est sûre, on a très envie de connaître la suite des dangereuses (voir mortelles) aventures de November… Alors à quand la suite en France ? On en peut déjà plus !

Chronique : Douze ans sept mois et onze jours

Un très bon roman à destination de la jeunesse qui mélange nature writing, et aventure mâtiné de suspense… 

Vous qui aimez la jeunesse et la littérature ado, vous devez déjà connaître le très prolifique auteur français Lorris Murail. On lui doit une quantité impressionnante de romans, tous particuliers et mémorables, chacun à sa façon. On peut ainsi citer : GOLEM (PKJ), Les cornes d’ivoire (PKJ), Shanoé (Scrinéo), L’horloge de l’apocalypse (PKJ), L’expérienceur (École des Loisirs).

Dans ce roman paru il y a maintenant 4 ans, Lorris Murail nous offre un mélange surprenant d’action, de suspense tout en nous proposant de (re)découvrir la nature d’un autre œil…

Abandonné au fin fond d’une forêt, dans le Maine…

Une cabane spartiate, une carabine, un livre de Thoreau, quelques conserves… C’est tout ce que possède maintenant Walden, dont le père l’a abandonné ici sans autre forme de procès. C’est un violent apprentissage de la vie auquel est confronté le jeune homme…

Que va-t-il faire pour s’en sortir ? Pourquoi son père lui fait-il traverser une épreuve aussi terrible ?

Entre le récit d’apprentissage et le thriller psychologique, Lorris Murail nous ballade de fausse-piste en traquenard…

Un roman qui détonne dans son style unique

Si vous souhaitez découvrir ou faire découvrir dès l’âge de 13 ans un livre qui sort vraiment des sentiers battus, celui-ci sera parfait !

Plusieurs genres littéraires sont mélangés avec talent par Lorris Murail : le fameux nature writing (faisant l’éloge de la beauté de la nature à chaque instant), le thriller avec le jeune Walden se démenant corps et âme pour survivre et peut-être un jour comprendre le geste cruel de son père… Tout cela étant mis au service d’un roman dit « pour ados » très efficace. Mais, personnellement je le conseille également aux adultes.

De plus, si vous êtes friands de twists et autres apparences trompeuses, vous en aurez tout votre content. Tout cela sans oublier les personnages : ils sont peu nombreux, mais très intéressants. Il y a le père de Walden, bien sûr, mais également cette mystérieuse femme… dont je ne dirais rien de plus, mais qui m’a fascinée.

……..

Le style incisif, sans artifices de Lorris Murail s’adresse ainsi à tous, sans exceptions. Pour ceux qui aiment les histoires qui ont du sens, de la profondeur, un message derrière la lecture-plaisir, c’est l’ouvrage parfait. Et ce retour aux sources bien que violent pour le héros de cette histoire n’est pas sans nous procurer un dépaysement plaisant…

Chronique : La mémoire des couleurs

Chronique : Ma vie cachée

Un très bon roman à suspense doublé d’une belle romance !

Paru en fin d’année 2017 aux éditions Pocket Jeunesse, Ma vie cachée est un one-shot (pour une fois !) qui nous met dans la peau d’une ado qui est sous protection policière.

Si vous ne connaissez pas encore Becca Fitzpatrick, c’est l’occasion ! L’auteure avait eu un grand succès il y a quelques années de cela grâce à sa saga fantastique Hush-hush (je me rappelle avoir bien aimé le premier tome, mais je n’ai jamais eu l’occasion de lire la suite…).

Une vie emplie de dangers

Stella a été le témoin d’un meurtre lié à la drogue, depuis elle est sous protection policière. Pour pouvoir témoigner lors du procès, elle est donc obligée de changer d’identité, d’adresse, de vie. Avec cette nouvelle vie, Stella dit également adieu à son petit ami Reed, qui lui aussi doit changer d’identité. Ils ne pourront plus jamais se revoir sous peine de griller leur couverture et de se faire tuer. La mère de Stella, toxico reconnue, est quant à elle mise dans un centre de désintoxication… Commence alors pour Stella une nouvelle vie : adieu Philadelphie… et bonjour le Nebraska, dans une petite ville paumée qui lui promet de mourir d’ennui…

Un roman aux allures de thriller diablement efficace

Aussitôt commencé, aussitôt dévoré. Ma vie cachée est le genre de roman qui recèle toutes les qualités d’un bon roman YA, et ça se ressent très rapidement. Tout concoure à nous mettre dans cette ambiance de petite ville perdue au fin fond de la campagne américaine : un diner, des habitants un peu bruts de décoffrage qui se connaissent évidemment tous, un sheriff quelque peu surmené…

Le décor est posé, nous sommes prêts pour l’intrigue en elle-même !

Stella est une ado débrouillarde et volontaire. Bien que dotée d’un assez sale caractère, on apprend vite à l’apprécier pour son dynamisme, son humour et son envie de constamment de dépasser. C’est ainsi que lorsqu’elle est hébergée par une agente de police à la retraite – Carmina – ça fait beaucoup d’étincelles entre les deux femmes, mais leur relation va devenir un des piliers de cette belle histoire.

C’est ainsi que Stella va se retrouver contrainte par Carmina à trouver du travail, ce qui en fait va s’avérer très bénéfique pour le moral en berne de Stella… Mais ce qui va surtout l’aider à tenir, c’est de penser tous les jours à Reed, son amour qu’elle se jure de retrouver un jour, quand tout sera fini. Enfin, ça c’était sans compter sur la présence de Chet, le jeune voisin de Carmina. Un jeune homme indépendant qui a le don de la faire sourire et de la rassurer… Mais auquel elle ne peut rien révéler de son ancienne vie.

Dire que j’ai adoré Ma vie cachée est un euphémisme. Tout est génial dans cette histoire, de sa construction à son développement sans oublier sa conclusion. On est constamment sous tension à cause de la situation de danger permanent subie par Stella. Mais il y a aussi une bonne partie qui fait la part-belle à la romance avec toutes ces ambiguïtés, ses petits signes, etc. Stella cèdera-t-elle au charme rustique de Chet alors qu’elle ne restera que quelques mois dans le Nebraska ?

J’ai trouvé le tout savamment équilibré, entre suspense, romance et pas mal de psychologie également. Ce romand de près de 45O pages fonctionne à merveille, il se dévore ! On appréciera ce retour aux sources qui nous permet d’apprécier la nature, la campagne, les amitiés franches et le goût des choses manuelles, faites avec amour. Plus qu’un roman policier, c’est aussi une ode aux petites bourgades américaines et aux nombreux charmes qu’elles cachent sous leur aspect fruste. Personnellement, j’ai tout de suite été sous le charme du Nebraska et de Chet…

La partie policière de l’intrigue est très bien menée également. Nous n’avons que le point de vue de Stella tout au long du roman. Nous ne savons donc que très peu de choses sur sa mère ou sur son copain Reed, mais les réflexions de Stella qui évoluent au fil du temps nous apportent une vision très intéressante de l’intrigue. Surtout qu’il y a un secret dans le secret !

…..

Becca Fitzpatrick sait donc très bien mener sa barque et nous entraîne avec une facilité déconcertante dans cette nouvelle histoire. C’est un sans-faute, grâce à la force de ses personnages, même les pires d’entre-eux sont intéressants et crédibles… c’est justement cela qui fait peur…

Si vous voulez un bon thriller mâtiné de romance, c’est donc le roman idéal ! Vous serez immédiatement happé ! A découvrir dès l’âge de 14 ans.

Chronique : My dilema is you – Tome 1 & 2

A la découverte d’un des grands succès de la plate-forme Wattpad : My Dilemma is you. Trois tomes. Quinze millions de lecteurs. Qu’en est-il donc ?

Écrite par l’italienne d’origine moldave Cristina Chiperi, My dilemma is you est une trilogie de romance prenant place sous le soleil de Miami.

Si vous ne connaissez pas encore cette auteure, sachez qu’elle a rencontré un succès phénoménal avec la trilogie My Dilemma is You avec plus de 15 millions de lecteurs sur Wattpad, c’est un véritable phénomène. Mais alors, est-ce aussi bien que ça en a l’air ou est-ce simplement un bel achat de droits pour s’accaparer un lectorat potentiel énorme ?

Par ailleurs, un tout nouveau roman de Cristina Chiperi vient de paraître chez PKJ : I still love you. Un roman indépendant qui n’a rien à voir avec My Dilemma is You.

Un déménagement = un cataclysme dans une vie d’ado

Chris avait tout pour être heureuse à Los Angeles : deux amis extraordinaires pour qui elle aurait tout fait, un lycée où elle se sentait bien, une maison agréable… Mais tout cela va être balayé en quelques semaines à cause d’un déménagement. En effet, le père de Chris vient d’être muté à Miami, et ça n’enchante pas du Chris, qui a tout à perdre dans la manœuvre… mais qui n’a pas le choix !

Voici le début d’une nouvelle vie pour Chris et sa famille, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle va être très riche en émotions…

Une vie stéréotypée au possible au service d’une intrigue qui l’est tout autant

Avant de développer plus cette chronique, je tiens à préciser que j’apprécie la romance quand elle est bien faite. Je ne fais donc aucun reproche au genre lui-même mais bien à son utilisation ici par l’auteure.

Tout d’abord, les personnages. Ils sont tous hautement stéréotypés. Chris est évidemment la petite nouvelle, mais elle réussit en quelques jours à peine à connaître tous les mecs populaires du lycée. Chose que d’autres filles qui sont là depuis des années n’ont jamais réussit à faire… Pourquoi pas, mais c’est hautement improbable.

Parmi ces personnages, il y a la grande méchante : Susan, la petite amie de Cameron. N comprend très rapidement que Susan a décidé de faire de la vie de Chris un enfer. Pourquoi ? Parce qu’elle la considère comme une menace pour son couple. Elle fait donc tout pour éloigner Chris et la martyriser au passage. C’est bien trop manichéen, mais passons…

Il y a également le personnage de Matt, le petit copain que Chris va avoir au bout de quelques semaines à Miami. Il a l’air gentil, mais perd ses moyens dès qu’il s’agit pour elle de se lier d’amitié avec certains garçons… Mais même si Chris veut être indépendante et choisir elle-même ses amis, elle capitule en restant en couple avec Matt et subissant ses crises régulières… S’ensuit un nombre impressionnant de rupture/rabibochage entre Chris et Matt…

Ah, et j’allais oublier Lexy. LA journaliste des potins du campus. Au courant de tout avant tout le monde, elle a le rôle de la paparazzi qui n’a aucune empathie pour qui que ce soit. Ce qui compte pour elle, c’est d’avoir un scoop, et cela à n’importe quel prix.

Ils sont également bien trop familiers les uns envers les autres. Cameron rentre dans la chambre de Chris par la fenêtre à l’improviste comme si de rien n’était. Chris dors dans le lit de Cameron par mégarde… Mais qui peut dormir dans le lit de quelqu’un par mégarde ? Et plusieurs fois en plus ! Et sans aucune arrière pensée, cela se fait en toute innocence à chaque fois…

Ceci n’est qu’un extrait des nombreux exemples qui peuvent illustrer mes dires. Pour résumer sur les personnages, ils sont peu crédibles, stéréotypés et soit tous gentils soit très méchants. Et surtout, ils ont souvent des réactions totalement disproportionnées. Le tout les rend donc peu crédibles et encore moins attachants.

Tout cela sans parler du cadre lui-même qui est tout ce que le rêve américain apporte en préjugés : magnifiques villas avec piscine, plage de rêve, tous les gens y vivant étant parfaits et faisant soit du skate soit du surf, campus d’élite, soirées et fêtes nombreuses… On dirait que le roman entier est passé au travers d’un filtre Instagram pour le rendre plus beau, plus fun, plus génial.

Autre gros point noir selon moi, les nombreux concours de circonstances qui peu à peu rapprochent Chris et le beau Cameron. Ils sont tous d’heureux hasards bien trop énormes pour que l’on y croie réellement. Ça retire une part de magie à la romance que de voir aussi peu de délicatesse dans la mise en scène des événements.

Ainsi, Chris et Cameron se détestent au début du roman, mais peu à peu vont se rapprocher à force d’être fourrés ensemble malgré eux. Et sans oublier que leur petit.e ami.e respectif.ve font tout pour ne pas qu’ils se croisent car ils sentent toute la tension romantique qu’il il y a entre ces deux là… Admettons.

Quels sont donc ces concours de circonstances ? Pour commencer, la nouvelle meilleure amie de Chris n’est autre que la demi-sœur de Cameron, elle le voit donc souvent en allant chez elle. Ensuite, ils « réussissent » à se faire punir ensemble par un prof et doivent nettoyer le gymnase. Evidemment, le gymnase de l’école est un endroit qui ne capte pas. Et comme Chris est évidemment maladroite, elle réussit à s’enfermer par mégarde avec Cameron dans le cagibi. Et comme ça ne capte pas, ça dure un moment…

Tout cela sans oublier les nombreux jeux à boire et autres action ou vérité qui vont les « forcer » à s’embrasser. Bref, tout concoure de façon plus ou moins crédible à les mettre ensemble.

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Je ne peux pas tout vous raconter dans cette chronique, mais voilà mon ressenti sur les deux tomes de My Dilemma is You que j’ai lu. C’est une grosse déception, quoique pour être déçu il faut déjà avoir des attentes…

Dommage car PKJ est une maison d’édition qui globalement propose de bons textes, mais ici, on est clairement sur une manne financière apportée par le succès de la saga que sur un vrai choix éditorial.

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Mais plus que tout ce que je viens de citer plus haut, il y a vraiment une chose qui m’a choquée dans cette lecture. Il s’agit d’une révélation que l’on fait à la moitié du second tome, alors pour ceux qui ne veulent pas être spoilés (ou divulgachés pour ceux qui souhaitent franciser le terme), passez votre chemin. Pour les autres, voici.

Alors qu’elle se croyait vierge, Chris découvre qu’elle a déjà couché avec Cameron une première fois. Elle avait trop bu un soir, et elle était par un étrange concours de circonstance (encore un !) dans le lit de Cameron en train de dormir. Ce dernier, bien trop tenté par la situation a couché avec une Chris qui n’est absolument pas en pleine possession de ses moyens. Et le lendemain, Chris ne se rappelle absolument de RIEN. Et Cameron s’est bien entendu abstenu de lui dire ce qu’il s’était passé…

C’est ainsi que dans le second tome, on découvre que Chris a perdu sa virginité dans le premier ! Et que son petit ami, Cameron ne le lui a jamais dit. Il a attendu qu’elle se pose énormément de questions (elle se demande pourquoi elle n’a pas saigné lors de sa supposée première fois qui est en fait la seconde – encore un stéréotype à casser au passage, non, toutes les filles ne saignent pas lors de leur première fois !) pour lui avouer enfin que oui, ce n’était pas sa première fois. Et la réponse de Cameron est extraordinaire :

« Si tu te rappelais comment ça s’est passé cette nuit là, tu serais heureuse ». Non, mais sérieusement ? Il faudrait presque qu’elle le remercie pour ça ? Alors, certes elle était consentante et n’a jamais dit non, mais Chris n’était clairement pas en pleine possession de ses moyens… Et surtout, le fait de lui cacher qu’ils ont couchés ensemble est bien une façon de maquiller l’acte lui-même, pourquoi faire ça si il n’y a pas culpabilité et que c’est mutuellement consenti ? D’autant qu’il le lui avoue uniquement parce qu’elle se pose des questions…

Alors, oui Chris s’énerve face à toutes ces révélations… mais elle lui pardonne toutefois très rapidement !

Cette scène est pour moi choquante car elle banalise l’acte en faisant croire de façon insidieuse (volontairement ou non) que les rapports sexuels sous l’influence de l’alcool, ben c’est pas grave. Et que si tu t’en rappelles pas, tant pis, mais que tu as franchement bien aimé sur le coup et que c’est ça qui compte, non ?

Personnellement, cela m’a mise hors de moi. Autant je n’avais pas aimé le premier tome mais si les lecteurs qui aiment y trouvent leur bonheur tant mieux. Mais dans ce second tome, c’est un message grave qui est adressé aux lecteurs. Et même si chacun est à même de se faire son propre avis sur la question, je trouve ça flippant qu’une telle scène soit publiée car ce qu’elle sous-entend une certaine banalité dans la façon dont les choses se sont produites. Le personnage de Chris passe l’éponge si facilement face à ça que s’en est sidérant.

Et comme tout est conté du point de vue de Cameron, qui était sobre, impossible de savoir si elle était d’accord, enthousiaste ou apathique.

Suis-je la seule à avoir perçu cette scène de façon aussi violente ? Je l’ignore, mais je tenais vraiment à en parler car je trouve que ce n’est pas le genre de chose à laisser passer. C’est trop important pour être banalisé, y compris dans un livre.