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Chronique : Ohan

L’histoire tragique d’un homme dont l’indécision a dévoré la vie…

Considéré comme le chef d’œuvre absolu de l’auteure japonaise Uno Chiyo, Ohan est devenu un classique. L’ouvrage fait à peine 120 pages, mais elle a mis une dizaine d’années à l’écrire ! Chaque mot y est réfléchit, pensé, pesé.

L’un de ses ouvrages avait déjà été publié en France : Confession amoureuse, toujours disponible aux éditions Denoël.

Un homme qui navigue de plaisirs en plaisirs…

Le « héros » de cette histoire est un homme qui toujours est guidé par con plaisir et son insouciance. Partagé entre Ohan et Okayo, l’une étant sa femme, et l’autre sa maitresse, notre narrateur n’a jamais su se décider, ce qui l’oblige à se mettre dans des situations invivables.

Il laisse toujours la force des choses prendre les décisions à sa place… mais un jour, peut-être regrettera-t-il son éternel tiraillement…

Un roman diffus, qui nous fait découvrir le Japon des années vingt

Après lecture, je n’arrive pas à vous dire si j’ai aimé ou non Ohan. Je sais que le personnage principal m’a agacée au plus haut point par ses actes (ou plutôt son manque d’actes !). Il se moque de tout et de tous, n’a aucune idée des conséquences et reste le plus possible en retrait tout en ne pensant qu’à lui.

On se dit que la vie de cet homme ne sert à rien, qu’il est inutile à la société sinon rendre son entourage malheureux… et on ne sait pas à quel point !

La fin du roman est quant à elle mémorable, que l’on aime ou non l’histoire qui nous est contée. J’ai trouvé cela d’une tristesse infinie. J’aurais tellement voulu que le narrateur change sa façon d’être. Jusqu’au bout, on a envie de se persuader que le pire n’arrivera pas…

J’ai apprécié découvrir le Japon d’antan avec ses ruelles, ses petites maisons, ses commerces, ses filles de joies… L’ambiance retranscrite tout au long du roman nous plonge aisément dans l’époque.

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En somme, Ohan est un roman atypique, très littéraire, et bien qu’il ait été écrit il y a soixante ans, son histoire reste tout aussi réaliste et poignante. Son rythme est assez lent, mais on lit avant tout cette histoire pour découvrir autrement le Japon et ses classiques.

Ohan fut pour moi une découverte littéraire intéressante mais pas décisive. Je ne suis pas certaine du ressenti que m’a laissé ce livre hormis un sentiment diffus de tristesse et d’agacement mêlés. Sa conclusion cependant reste absolument inoubliable : belle et triste, comme les japonais en ont le secret…

Chronique : Miso Soup

Rarement j’ai lu un roman japonais aussi génial, étrange et malsain…

Ryû Murakami (à ne pas confondre avec Haruki Murakami), est un auteur japonais très prolifique. En France, plus d’une vingtaine de ses livres sont publiés, tous aux éditions Picquier. Parmi ses titres les plus réputés, on peut citer Les bébés de la consigne automatique ou encore Bleu presque transparent.

Son style est toujours assez hard, il traite de tous les sujets, y compris les plus sordides : la prostitution des lycéennes dans Love & Pop par exemple, ou encore le thème du tueur en série avec Miso Soup. Et justement, Miso Soup est un roman fort étrange et fascinant à la fois…

A la découverte des quartiers chauds de Tokyo

Kenji est un jeune homme qui guide les touristes étrangers dans les ruelles les plus à vif de la capitale japonaise : Kabukichô. Bar à hôtesses, peep-show, rencontres et plus si affinité… C’est le paradis de la débauche version japonaise ! Alors, quand Kenji est contacté par un touriste américain nommé Frank pour visiter les coins les plus torrides du quartier, c’est avec plaisir qu’il accepte l’arrangement. Mais au fil des heures qui s’écoulent, les mimiques et les réactions de Frank travaillent beaucoup Kenji… Il est instable, a des réflexions malsaines, étranges. Au point que le jeune japonais se demande si son client n’aurait pas un lien avec le cadavre d’une jeune femme retrouvé la veille au soir dans des poubelles… Est-ce bien le cas ou le fruit d’une imagination débordante de la part de Kenji ?

Miso Soup, ou comment revisiter le thème du tueur en série

Rarement j’ai lu un roman aussi magnifiquement plongé dans l’ambiance sombre d’un autre Japon, celui de la nuit et des plaisirs. Tout en bizarreries, c’est la culture d’un monde différent et fascinant qui s’ouvre à nous : love hôtels, bars à hôtesses, etc., c’est une découverte totale.

Pour ceux qui aiment les romans sombres et très noirs, Miso Soup est fait pour vous. Il s’y trouve des scènes absolument mémorables. La façon dont la psychologie des deux personnages est mise en place par l’auteur est superbe. Et diabolique. Difficile de savoir qui affabule et qui franchi la ligne rouge… C’est construit de telle façon que l’ambigüité autour de Frank suscite de très nombreuses interrogations, aussi bien par Kenji que par nous lecteurs !

Ce roman est tout simplement génial et marquant. Certaines scènes vous resterons à jamais gravé dans la mémoire tant elles sont choquantes/malsaines/horribles (rayez la mention inutile). Et c’est justement cela que j’ai adoré. J’ai enfin trouvé un auteur qui va assez loin dans mes désirs de littérature. On découvre un univers fascinant et sombre totalement assumé. Ryû Murakami ne s’arrête jamais dans son obsession d’aller plus loin. Il nous pousse dans nos retranchements et nous interroge jusqu’aux ultimes pages…

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C’est une superbe réussite dans le domaine du roman noir asiatique. C’est magnifique de perversité, c’est glauque et ça tient bien la route… Au point que c’en est terrifiant.  Âmes sensibles, attention à vous toutefois !

Si vous tombez sur cet ouvrage, il vous faut donc vous le procurer absolument ! L’ouvrage est actuellement épuisé, mais il n’est pas difficile à trouver dans des magasins qui font du livre d’occasion. J’espère de tout cœur pouvoir le vendre à nouveau en librairie un jour : l’histoire, la couverture, tout es parfait.

Chronique : Qu’est devenu l’homme coincé dans l’ascenseur ?

quest-devenu-lhomme-coince-dans-un-ascenceurUn recueil de nouvelles étranges qui nous viennent tout droit de Corée ! Dépaysement littéraire garanti…

Kim Young-ha est l’un des auteurs les plus populaires de Corée, où chacun de ses titres est un succès. Il est même traduit en langue anglaise. En France, il reste encore assez peu connu mais gagnerait à l’être… Son œuvre est fascinante, originale, inclassable. Il est notamment l’auteur d’un de mes plus grands coups de cœur littéraire : Quiz Show.

Il a également écrit : L’empire des lumières, Ma mémoire assassine, ou encore La mort à demi-mots.

Des nouvelles étranges, loufoques, et parfois même frustrantes

Si vous aimez les nouvelles de Dino Buzzati ou de Kafka, le recueil ici proposé par les éditions Picquier pourrait vous séduire… Voici ma petite sélection des deux nouvelles les plus marquantes de ce petit recueil qui en contient quatre au total :

Qu’est devenu l’homme coincé dans l’ascenseur :

Rarement j’aurais lue une nouvelle aussi… frustrante ! Et pourtant je l’ai adorée. Cette journée commence très mal pour le narrateur. Problème de rasoir, d’ascenseur, de bus…

Un homme est coincé dans l’ascenseur, le narrateur descend les escaliers et croise cet homme à qui il promet de prévenir immédiatement les secours. Mais personne ne semble l’écouter quand il sort de son immeuble pour alerter les gens… La loi des séries s’applique avec acharnement dans cette nouvelle d’une trentaine de pages. Attention, la fin pourra en frustrer certains…

Vampire :

Quelle étrange nouvelle que celle-ci ! Elle semble en partie autobiographique en plus d’être fantastique… Ce qui ajoute à la sensation d’étrangeté.

Tout commence avec une lettre envoyée à… Kim Young-Ha lui-même ! Car c’est lui le narrateur de cette curieuse nouvelle.

Une femme lui fait part de ses soupçons quant à la condition étrange de son mari, écrivain de métier, tout comme lui. Au fil des mois et des années de vie commune, la femme est persuadée qu’il lui cache quelque chose et mène son enquête.

J’ai adoré cette nouvelle ! Kim Young-ha possède le don rare de créer des histoires très simples, captivantes et extrêmement fluides. Son phrasé est efficace, les pages s’enchainent sans mal… Vampire est le parfait exemple de son talent. Avec art, il nous transporte dans un ailleurs proche de notre réalité ou peu à peu l’étrange et les questionnements s’installent.

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Qu’est devenu l’homme coincé dans l’ascenseur ? est donc un bon petit recueil de nouvelles 100% coréennes. Seul bémol, les nouvelles ont beau être très plaisantes à lire, on les oublie au final assez vite, excepté les deux que je vous ai présentées qui restent un peu plus en mémoire…

Quoi qu’il en soit, c’est le type d’ouvrage parfait pour découvrir la littérature coréenne car il est rapide à lire, facile d’accès et pu cher (6,50€).

Enfin, il ne faut pas oublier qu’en Corée, le format de la nouvelle est très courant contrairement à la France où c’est le roman qui prime. Alors, c’est le genre d’ouvrage parfait pour s’imprégner de cette culture.