Archives du mot-clé manipulation

Chronique Jeunesse : Typos – Tome 1 – Fragments de vérité

Typos 01Un roman d’action qui met l’accent sur l’information… et ceux qui détiennent le pouvoir de la transformer

Typos est le premier tome d’une nouvelle série de l’Italien Pierdomenico Baccalario. Fragments de vérité sortira ainsi le 7 mai prochain aux éditions Flammarion. Le nom de l’auteur ne vous dit peut-être rien, mais il a écrit une série de romans fantastiques pour la jeunesse très connue : Ulysse Moore (dont le douzième tome vient de sortir en avril dernier). Il a également écrit la série Century.

Avec Typos, l’auteur entre cependant dans un tout nouvel univers où il est question de manipulations de l’information et d’exploitation des masses par ce biais. Entre roman d’espionnage et d’action, partez à la découverte de la technologie et des méfaits qu’elle peut engendrer…

Typos : Journal clandestin pour ceux qui veulent une autre version de l’information

Ils sont quatre adolescents à combattre la désinformation à leur échelle par le biais du journal clandestin Typos, diffusé dans des lieux très précis et sûrs. Mais ils ne sont pas seuls : aidés par la Sibyl Grace, professeur ainsi que le mystérieux Seth. Cette petite troupe lutte contre le K-Lab, une entreprise qui permet à tous ceux qui en ont les moyens de falsifier l’information.

Évidemment, ceux qui en ont les moyens font partie des plus hautes strates de la société : politiques, grosses entreprises… Vous voulez cacher le fait que votre structure est extrêmement polluante ? Pas de problème. Le financement de votre dernière campagne politique n’est pas très net ? K-Lab est là pour ça aussi…

C’est contre cette désinformation assumée et décomplexée que luttent les quatre adolescents Gipsy, Morph, Arlequin et Dusker… mais sont-ils à la hauteur face à une organisation d’une telle puissance ?

Typos 01 VODe l’espionnage teinté de fantastique dans une ville d’un futur proche

Nous ne savons pas quand se déroule l’intrigue de Typos, mais quelques indices nous permettent de deviner que c’est dans notre futur. En effet, les objets dont nos héros se servent sont légèrement plus évolués, les technologies plus avancées… L’intrigue se déroule à Maximum City, une super métropole imaginaire (est-ce un clin d’œil au roman éponyme de l’auteur indien Suketu Mehta ?).

Mais où est donc la partie légèrement fantastique dans tout cela ? Elle réside dans ce que sont les quatre héros, ainsi que certains de leurs ennemis. Morph peut ainsi changer son apparence et déplacer ses yeux, sa bouche, etc. Gipsy ne ressent ni la douleur ni de plaisir d’ordre physique. Arlequin est allergique aux mensonges : quand quelqu’un tente de lui conter une fable, des démangeaisons le parcours sur tout le corps… Voilà pour une partie des capacités surnaturelles de la petite équipée.

Ces pouvoirs étranges dont ont ne sait d’où ils sortent leur seront très rapidement utiles… d’autant qu’un grand événement se prépare, ils en sont sûrs. Mais quel est-il ? Quoi qu’il en soit, le K-Lab est sur les dents… et les réseaux sont extrêmement surveillés, y compris ceux censés êtres cachés.

Un bon roman introductif qui pousse les lecteurs à l’interrogation

Typos n’est pas un roman à l’intrigue explosive, mais il pousse à se forger sa propre opinion sur notre monde d’aujourd’hui. Que ce soit notre présent ou notre passé, les puissants de ce monde ont toujours tenté de manipuler ou de déformer la réalité à leur avantage. Il en est de même dans le roman futuriste de Pierdomenico Baccalario, aiguillant le lecteur vers l’introspective et la réflexion. Cette première incursion dans l’univers de Typos est distrayante et nous fait découvrir de nombreuses technologies.

L’action se révèle être directe et rapide, les chapitres sont courts. Tout est fait pour immerger facilement et avec efficacité le lecteur. Les fans des séries telles qu’Alex Rider, Conspiration 365 ou encore Cherub devraient aimer ce nouvel univers et ses enjeux. On appréciera également le petit côté fantastique du roman, sans que cela tourne uniquement autour de cela.

 …..

Que conclure de ce premier opus ? Le plus important à mes yeux est vraiment l’accent mis sur la remise en question des informations que l’on nous donne : sont-elles fiables ? Faut-il les vérifier ? Typos est également le genre de livre qui montre qu’il n’est pas nécessaire d’être nombreux contre un ennemi puissant et qui semble inébranlable ; il faut avant tout être plus malin que lui et motivé.

Ce premier tome est donc plutôt réussit et se lit très vite ! On attend d’en savoir plus sur le mystérieux K-Lab et les enjeux globaux du journal clandestin Typos qui n’en a pas fini avec les mensonges en tous genres…

Chronique : Cleer, une fantasy corporate

Cleer (une fantasy corporate)Un roman d’une nébuleuse clarté

Cleer est un roman qui avait fait parler de lui dans le petit monde de la science-fiction française à sa sortie en 2010. A la fois fascinant et étrange, urbain et fantastique, ce texte aux multiples facettes est difficile à cerner. Paru chez Lunes d’Encre en grand format, l’édition de poche est quant à elle sortie chez Folio SF en mars dernier, comme les autres titres de l’écrivain.

Son auteur, Laurent Kloetzer et sa femme Laure ont notamment écrit ensemble l’Anamnèse de Lady Star (Lunes d’Encre) qui vient de paraître en avril dernier. Docteur en psychologie et consultant, Lautent Kloetzer noue à la fois sa passion pour l’anticipation et ses connaissances professionnelles pour nous offrir le portrait d’une entreprise qui engloutit tout sur son passage.

L’image corporate avant l’humain

Cleer est une superpuissance économique, elle touche à tous les domaines, tous les secteurs d’activité et englobe même des marchés dont on ignore tout. Cleer est immense, omniprésente et donne l’image d’une entreprise tentaculaire et inébranlable. Et c’est le cas. Mais si il y a bien une chose à laquelle on peut s’attaquer, c’est son image et la façon dont le monde la perçoit.

Ainsi, pour protéger ses intérêts et son image, Cleer possède un service bien spécial où travaillent la jeune et prometteuse Charlotte ainsi que l’ambitieux Vinh. Ce duo peu probable mais complémentaire va devoir affronter des problématiques bien différentes, mettant toutes d’une façon ou d’une autre le doigt sur un disfonctionnement de l’entreprise. A eux de résoudre les problèmes sous peine de remettre en question leur carrière au sein du groupe… mais est-ce seulement cela qui est en jeu ?

Suicides en chaîne dans un centre d’appels, mutations génétiques dans des champs, ou encore trafics dans une usine… les missions seront nombreuses.

CleerUn roman complexe et exigeant

Autant l’annoncer d’emblée, Cleer est un texte à l’écriture assurée et fluide, mais pas aisément accessible. Trop de non-dits, de symboliques à élucider pour prendre un réel plaisir à la lecture. Les différentes enquêtes que traitent Vinh et Charlotte sont de plus en plus étranges et mènent le lecteur à un point de non-retour où il devient difficile de suivre l’auteur dans son cheminement.

La première moitié du roman est très plaisante, on apprend à découvrir l’univers froid et cruel du monde en entreprise et ses pressions. La relation ambigüe qu’entretiennent nos deux protagoniste, entre attirance et aversion est également fort bien nourrie par leur dialogues, leur comportements.

Mais la seconde moitié du roman nous amène au cœur de ce qu’est réellement Cleer : quelque chose de plus grand encore que ce que l’on croyait. Une entreprise qui mène ai cieux ou tout droit en enfer…

On arrive alors à des scènes nébuleuses, peu compréhensibles qui dissipent le plaisir premier de la première partie, même si cela reste volontaire de la part de l’auteur. En effet, les voies de Cleer sont impénétrables….

cleer-barelogoEn conclusion, Cleer est un roman qui tranche définitivement avec l’idée que l’on pourrait se faire de la science-fiction. A la fois roman psychologique teinté d’un côté aseptisé propres aux grandes institutions déshumanisées, on en sort changé et déstabilisé.

Une chose est certaine, il s’agit là d’un texte de qualité, mais difficile d’accès par son manque de précision et d’explications (voulues par l’auteur), à réserver à ceux qui n’ont pas peur de se perdre dans les méandres de la superpuissance qu’est Cleer (logo de l’entreprise ci-dessous)…

Cet article a été chroniqué pour le site ActuSF.

AUTEUR :
EDITEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : BZRK – tome 1

BZRK - Tome 1Bienvenue dans le monde incroyable et repoussant du corps humain à l’échelle nano…

 Nouveau roman événement de Michael Grant, BZRK est une trilogie dont le premier tome vient de paraître aux éditions Gallimard Jeunesse en septembre dernier. Michael Grant est un auteur mondialement connu pour sa série pour adolescents Gone (cinq tomes, série en cours, Pocket Jeunesse), il est le mari de l’auteure K. A. Applegate, avec qui il a écrit la série de sf pour la jeunesse Animorphs (Folio Junior) et Everworld (Gallimard Jeunesse).

Au programme, des nanotechnologies capables de prendre le contrôle de votre corps : un œil comme porte, et les nanobots font leur office en manipulant les nerfs de votre matière grise pouvant même aller jusqu’à vous rendre totalement fou…

Et pour ceux qui se le demandent, BZRK signifie berserk, une référence à la mythologie nordique (désigne des guerriers qui rentrent dans une fureur telle qu’elle les rend invincibles), on en sait guère plus à ce propos hormis que c’est sous ce nom que se regroupe ceux qui sont du bon côté de la barrière.

Mais c’est quoi les nanotechnologies exactement ?

Pour ceux qui ne sont pas familiers des sciences, une petite explication de ce que sont les nanotechnologies s’impose. En voici une définition : la nanotechnologie regroupe la recherche sur les principes et propriétés existant à l’échelle nanométrique, c’est-à-dire au niveau des atomes et des molécules (source : http://www.actu-environnement.com). Un des objectifs principaux des nanotechnologies est de créer des nanomachines.

Une fois ce postulat intégré, nous pouvons nous attaquer au monde créé par Michael Grant autour de ces technologies. Dans BZRK il existe deux types de robots, les nanobots (issus d’éléments biologiques) et les nanobots (issus de la pure mécanique). Ces machines sont le nerf d’une guerre à l’échelle mondiale.

En effet, le groupe BRZK lutte pour le libre arbitre et l’initiative individuelle alors que leur ennemi, les jumeaux Armstrong prônent une pensée unique et veulent créer un « homme nouveau » en manipulant le maximum d’individus par le biais des technologies nanos.

Un renouveau dans le young adult ?

Avec cette nouvelle série, Michael Grant frappe fort en nous proposant un tout nouvel univers. En effet, le thème des nanotechnologies n’a été que très peu utilisé en littérature mais on peut tout de même citer Isaac Asimov avec le voyage fantastique, ou encore destination cerveau.

L’univers nano qui nous est ici offert est violent, d’ailleurs, le corps s’appelle la viande pour les lignards, ceux qui manipulent les nanorobots, et cela quel que soit leur camp.

Si renouveau il y a, il réside uniquement dans la thématique abordée, car malheureusement, BZRK ressemble franchement trop à une énième lutte entre le bien et le mal. D’un côté, un mégalo richissime (les jumeaux peuvent-être considérés comme une seule personne car ils sont fusionnés) qui veut contrôler le monde et les pensées, de l’autre un regroupement d’irréductibles qui savent ce qui se trame en secret et luttent jusqu’à la mort.

C’est fort dommage, mais je n’ai pas l’impression qu’il y ait plus de profondeur derrière cette intrigue développée dans le premier tome. Cela est d’autant plus fâcheux que certaines scènes du roman restent mémorables, je pense notamment à celle de l’avion au tout début du roman, digne d’un film d’action, les images défilent dans la tête du lecteur pour donner une magnifique impression en fin de chapitre.

Au niveau des personnages, malgré un effort de développement, certains manquent tout de même de profondeur, notamment le fameux Bug Man, l’ado le plus doué pour manipuler un nombre de nanorobots impressionnant. Ses motivations, bien qu’expliquées, restent tout de même nébuleuses.  Il en est de même pour le jeune Noah Cotton, nouvelle recrue du BZRK, on comprend ses motivations, mais sans être totalement emballé.

En somme, ce premier tome de la série BZRK donne un tableau très mitigé. Le début était vraiment explosif et captivant, mais on glisse vite vers un terrain beaucoup plus connu, en particulier au niveau de la trame principale de l’histoire.

C’est très dommage aux vues de ce qu’aurais pu faire Michael Grant d’un univers encore vierge de toute œuvre du même genre ou presque… Affaire à suivre malgré tout avec le second tome, mais nous avons le temps, car il n’est pas prévu avant octobre 2013 Outre-Atlantique…

Chronique : Version Bêta – Tome 1

Version Beta 01Un futur aussi sombre que captivant… entrez dans un univers où le clonage humain est devenue chose commune…

Paru le 29 novembre dernier, version Bêta est la dernière publication en date de la collection R. Il s’agit d’une série contre-utopique prévue en quatre tomes écrite par Rachel Cohn. Ayant suivi des études politiques, puis souhaitant devenir journaliste, Rachel Cohn s’est petit à petit tournée vers l’écriture en s’inspirant des personnes de son entourage, c’est ainsi que son premier roman, Gingerbread, est paru…

Résolument futuriste, Version Bêta nous illustre les travers terribles d’une société où le clonage humain est possible… on y imagine aisément les pires dérives possibles pour ces fameux clones qui n’ont aucune existence légale aux yeux du monde, uniquement des devoirs envers leur possesseurs, et aucun droit…

Demesne : une île paradisiaque pour tous… ou presque

Elysia vient de naître, ou plutôt de se réveiller ; en effet, elle est un clone et a déjà l’apparence d’une jeune femme de dix-huit ans. Comme tous les clones, son original est le corps d’une personne morte, car il est impossible de créer un clone à partir d’un être vivant.

De plus, c’est une version bêta, un des premier modèles de clones adolescents, un véritable pas dans l’avenir du clonage qui à terme aimerais fournir des enfants clonés… Elysia est donc l’une des premières d’une nouvelle génération.

Comme les autres, elle est parfaitement éduquée, formatée, et ne peux ressentir aucune émotion, qu’elle soit positive ou négative. Elle n’existe que pour servir d’autres être humains. Mais la révolte gronde dans différents camps…

Un récit aux nombreuses surprises

Version Bêta use les ficelles bien connues du récit futuriste : haute technologie banalisée, îles artificielles ou tout est contrôlé (jusqu’à la couleur de l’eau et l’atmosphère)… les clones sont une spécificité de l’île de Demesne. Ils n’ont aucune existence légale ailleurs que sur ce petit bout de terre.

Tout au long du roman, nous suivons Elysia, et l’évolution de ses sentiments (qui ne devraient pas exister). De soumise et agréable, la jeune clone va commencer à avoir une opinion personnelle de sa condition et de celle des autres clones. Cette prise de conscience ne se faisant pas sans heurt, et la pression de sa famille adoptive se faisant de plus en plus oppressante…

Version Bêta prend ainsi peu à peu des allures de thriller, où il vaut mieux ne rien laisser paraître, sous peine d’être éliminée sans que personne ne sourcille face à une telle injustice.

De chutes en rebondissements, ce premier tome nous offre la joie de dévorer et non pas de lire. L’attente sera très longue pour l’arrivée du second tome, qui n’est pas encore paru non plus aux États-Unis.

Chronique : 0.4

0.4Une bizarrerie littéraire qui ne laissera pas indifférent

0.4 est le premier livre de Mike A. Lancaster publié en France dans la collection Blast (collection pour ados des éditions Nathan), cet auteur a été inspiré depuis son enfance par des lectures telles que les voyages de Gulliver ou encore les voyages extraordinaires de Jules Verne, et c’est donc tout naturellement qu’il s’est tourné vers les littératures de l’imaginaire.

Quatre personnes hypnotisées et une foule d’interrogations

Ils sont quatre, deux adolescents et deux adultes à être hypnotisés lors du spectacle annuel de la petite ville de Millgrove (mille habitants). Et ce sont les seuls à percevoir les changements qui ont eu lieu pendant leur hypnose, les gens sont devenus « différents »… à moins qu’ils n’aient pas quitté leur état de transe hypnotique ?

Un récit court, précis, haletant

Ce roman est en fait le témoignage sur cassettes d’un des quatre individus hypnotisées : Kyle. On ne sait pas vraiment à quelle époque se situe son témoignage, ni d’où proviennent toutes les petites annotations qui complètent les paroles de Kyle.

0.4 insideTout ce qu’on sait, c’est qu’apparemment, il s’est passé quelque chose de grave lors de la petite fête du village, quelque chose qui transfiguré Millgrove excepté « Les Quatre ».

Les chapitres sont courts, et jouent à fond la carte du suspense avec un découpage qui donne envie de se jeter sur le prochain. Et le pire c’est que plus on avance dans l’intrigue, moins on y comprend quelque chose, et quand on commence à ne serait-ce qu’envisager les faits, il se dessine un schéma inquiétant pour le lecteur… (voir aussi image ci-dessous).

Vous l’aurez deviné, 0.4 fait partie de ces livres peu descriptibles dans les faits mais qui donne envie de s’y plonger. Lire 0.4, c’est modifier la vision de notre monde d’une façon complètement surprenante, un voyage dont on ressort changé.

La suite de ce roman est parue en langue originale sous le titre 1.4, mais il semble qu’elle ne sera jamais traduite en France…

EDITEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Antéchrista

AntéchristaÇa, pour être bon livre qui se lit vite, c’en est un. Antéchrista est vraiment une très bon livre, qui se lit tellement vite qu’en quelques heures à peine vous l’aurez terminé !

Les deux personnages sont littéralement opposés, et c’est vraiment le mal être que connaissent touts et toutes les ados qui nous sont ici racontés, autant physique que moral, les clans, les préjugés… et aussi, les amis quand on en as.

A la fois dérangeant et fascinant, on ne peut s’empêcher de se poser une question durant tout le roman : et si cela nous arrivait ? En effet, la narratrice est peu à peu remplacée par sa meilleure amie sur tous les plans… En bref, ce roman est vraiment bien écrit, et la dualité qui naît entre les personnages devient une vraie haine, qui va en coûter à tous…