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Chronique jeunesse : David Eliot – intégrale des deux tomes

Écrit neuf ans avant Harry Potter, cette duologie recèle tous les ingrédients qui ont très certainement inspiré J.K. Rowling pour les aventures de son célèbre jeune sorcier ! Un classique moins connu que Harry Potter à découvrir, plus sombre, plus osé et très créatif… découvrez les aventures de David Eliot !

Anthony Horrowitz est un auteur anglais à l’œuvre très importante. Ses ouvrages sont très régulièrement prescrits dans les écoles : L’île du crâne, La photo qui tue ou encore Le faucon malté étant devenus des classiques.

Pour ce qui est de L’île du crâne, il s’agit du premier tome de la série des David Eliot, qui en comprend deux au total. Cette courte série mélange magie noire, école aux moeurs étranges et professeurs qui le sont tout autant…

Encore renvoyé !

Le jeune David Eliot n’est pas dans une bonne situation quand nous faisons sa connaissance dans le premier tome. Il vient tout juste d’être renvoyé de sa dernière école en date, ses parents ne savent plus quoi faire de lui… Mais ils viennent de recevoir une mystérieuse lettre provenant d’une école dont ils n’ont jamais entendu l’existence : Groosham Grange. L’établissement se propose de prendre David comme élève, le tout avec des cours adaptés à un élève aussi indomptable et difficile que lui. Ainsi commence l’étrange aventure de David Eliot, septième fils d’un septième fils…

Entre similitudes et originalité

Quand j’ai lu les deux tomes de la série David Eliot, je n’ai pas pu m’empêcher de relever les très nombreuses similitudes entre ces romans et l’univers de Harry Potter. On ne peux pas parler de copie, ni d’hommage mais il est certain que J.K. Rowling a lu les romans d’Anthony Horrowitz.

Comment expliquer sinon cette école étrange et isolée qui donne des cours très mystérieux ? Voici une petite liste non exhaustive de tout ce que j’ai vu de similaire entre les deux univers, tout en sachant que les David Heliot sont paru neuf ans avant le premier tome de Harry Potter

  • Une lettre mystérieuse qui arrive de l’école
  • Un établissement étrange et isolé de tout et invisible de tous
  • Des parents atroces (oncle Vernon et tante Pétunia pour Potter)
  • Une tante qui se met à gonfler et grossir
  • Un professeur lycanthrope
  • Un membre du corps enseignant qui possède deux têtes pour un seul corps
  • Une plume pour écrire qui n’a pas besoin d’encre mais plutôt de sang
  • Un trio d’amis qui se serrent les coudes (une fille deux garçons)
  • Un système de point distingue les élèves pour leurs actions, comme avec les maisons chez Poudlard, mais à l’échelle individuelle.

Voilà pour les plus gros points communs entre les deux sagas. Lire David Eliot, c’est découvrir un univers bien plus sombre que celui de Harry Potter, mais aussi des personnages plus ambivalents et étranges. J’ai beaucoup aimé ce mystère qui plane autour de l’école tout au long du roman. Même si l’on se doute de quoi il est question, ce n’est que dans les vingt dernières pages que le héros découvre ce qu’est exactement Groosham Grange et ce qu’on y apprend réellement.

Dans le second tome, David est pleinement intégré et fait même partie des meilleurs élèves de l’établissement. Bientôt, nous saurons qui remportera le Graal Maudit, la plus haute distinction de l’école. Mais quelque chose se trame et tente de faire saboter la remise du prix….

J’ai énormément aimé l’esprit de cette série fantastique. Elle est vraiment sombre et ose des choses que je n’aurais pas cru lire en jeunesse que ce soit dans l’intrigue ou les dialogues. C’est savoureux d’humour noir, l’intrigue est bien construite et surtout l’ambiance est parfaite ! Très inquiétante dans le premier tome, elle réussit à changer peu à peu, se réchauffe tout en gardant une part menaçante… Impossible à décrire, mais c’est savoureux !

Je ne puis que vous conseiller de découvrir cette courte série pour quantité de raisons. Vous aurez à découvrir un imaginaire atypique et bien dosé qui sait appuyer sur la fibre effrayante quand il le faut. Les dialogues sont excellents, la dynamique de l’histoire parfaite pour que ça se dévore… Et surtout, ça étoffe la culture générale et fait réfléchir aux sources (nombreuses) de l’inspiration de J.K. Rowling : Poudlard et Grossham Grange sont très certainement des établissements magiques cousins, l’un étant beaucoup plus tordu et étrange que l’autre, mais cousins tout de même. Dès 10 ans.

Chronique Jeunesse : De cape et de mots

Un mirifique roman !

Paru en 2015 aux éditions Didier Jeunesse, De cape et de mots est un roman qui saura séduire son lectorat par des pirouettes littéraires originales.
Flore Vesco est une autrice française, véritable étoile montante dans le domaine de la littérature jeunesse et ado, elle a écrit : L’estrange malaventure de Mirella (Prix Vendredi en 2019, paru à L’école des Loisirs), 226 bébés (Didier Jeunesse), D’or et d’oreillers (L’école des Loisirs, 2021) et bien d’autres encore…

En quelques années, elle a réussi à se faire une place de choix dans les librairies et les bibliothèques, et c’est un succès totalement mérité !

De cape et de mots et le premier ouvrage que je lis d’elle, et autant vous le dire immédiatement, je compte découvrir tous ses autres ouvrages.

Un départ pour le palais et ses nombreuses machinations…

Serine quitte sa famille pour partir en direction du palais royal, elle va devenir demoiselle de compagnie de la reine. Ce qu’elle ignore encore, c’est que cette dernière est tellement atroce avec ses aides qu’elles ne font pas long feu…
Mais c’est sans connaître Serine et son esprit vif et créatif qui sait sortir des sentiers battus !
Certes être dame de compagnie est l »un des postes les plus prestigieux du royaume, mais de fil en aiguille, Serine va devenir bien plus importante que n’importe qui au palais…
Si elle survit aux nombreux pièges que lui tendent nombre des sangsues (pardon, des nobles) qui gravitent autour du couple royal !

Empli de verve, vif comme l’éclair et d’une belle originalité

Ce roman est d’une qualité rare, et cela pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, l’écriture élaborée de Flore Vesco. Que ce soit du début à la fin, ce roman est travaillé dans le moindre détail. Chaque phrase est pleine de style, de classe même. Et il y a toujours ce petit charme désuet permanent qui ajoute au plaisir de la lecture. Sans compter les mots inventés de toutes pièces par l’autrice ou encore les mots oubliés qui ne sont plus usités depuis longtemps…
Flanconades, esperlune, clysopompe, cubistérères… saurez-vous deviner lesquels sont inventés de toutes pièces ?

Outre donc le merveilleux style de cet ouvrage, l’intrigue en elle-même est fort truculente. Flore Vesco a su créer une intrigue simple, certes, mais aux enjeux élaborés et parfois même très recherchés. Les nombreux personnages y concurrent évidement beaucoup de part leur épaisseur et leur réelle présence. Vous en détesterez beaucoup, d’autre vous feront sourire, mais aucun ne vous laissera indifférent.

C’est en cela que De cape et de mots est une réussite, ce texte est la fusion parfaite entre une histoire de qualité mêlée à un style élaboré mais loin d’être inaccessible.
Je lis énormément de romans pour la jeunesse et les ados, et je tiens à souligner qu’il est rare de lire des textes aussi travaillés pour cet âge, et c’est dommage. A vouloir tout simplifier ou rendre tout facile d’accès on expurge des livres qui auraient pu être merveilleux, créatifs, originaux.
Ce roman et son succès est la preuve que les jeunes lecteurs peuvent et aiment les histoires qui changent et qui ne les prennent pas pour des idiots !

Ainsi, je vous conseille vivement de découvrir ce roman, qui sera parfait dès l’âge de 11/12 ans, mais si vous êtes un adulte, je vous en supplie ne vous empêchez pas de le lire !

Chronique Jeunesse : Les Royales baby-sitters – Tome 1 – Les bébés, ça pue !

les-royales-baby-sitters-1Un nouveau roman de Clémentine Beauvais débarque pour les jeunes lecteurs… et il est complètement loufoque !

Jeune auteur pour la jeunesse, Clémentine Beauvais a déjà beaucoup de romans à son actif, à la fois pour les ados et les enfants. Elle est éditée aussi bien par Sarbacane que par les éditions Hachette, qui publient la série Les Royales baby-sitters.

Sa carrière d’écrivain a connu un véritable bond lors de la parution de son roman à destination des ados : Les petites reines. Avec cet ouvrage, elle a raflé tous les meilleurs prix destinés à la jeunesse !

Pour le moment, la série est en deux tomes, le second venant tout juste de paraître en janvier 2016.

Tout un monde imaginaire (et un peu barré) s’ouvre à vous !

Bienvenue dans le royaume de Brittonie, gouverné par un roi et une reine aussi attachants qu’irresponsables ! La preuve, ils confient leurs enfants à deux gamines qu’ils n’ont jamais vues pour partir en vacances… et laissent leur royaume à la merci du premier venu !

Et le premier venu arrive en la personne du Roi de Danelandie, Oroméoroméo qui profite de l’absence de tous pour réaliser une invasion en bonne et due forme… Mais c’est sans compter sur le courage et la pugnacité des sœurs Anna et Holly !

Un tout petit peu trop déjanté ?

L’histoire concoctée par Clémentine Beauvais est très simple : deux gamines sans expérience mais ultra motivées doivent garder les très nombreux bébés de leurs monarques pendant un court week-end. Mais les choses ne se passent évidement pas comme prévu… !

Pour ce qui est de l’action et de l’humour, pas de problème, il y en a à revendre… Mais j’avoue ne pas avoir été franchement emballée par le style déjanté à l’excès (totalement assumé par l’auteur).

Il y a trop d’infos superflues et pas assez de données qui apporteraient un plus à l’univers créé par l’auteur. Même si l’univers est déluré, cela ne devrait pas l’empêcher d’être plus homogène, moins éparpillé. Les personnages du roi et de la reine sont si déconnectés de la réalité que l’illogisme est le maître mot de toute l’histoire ; et même si c’est volontaire, c’est assez déstabilisant au bout d’un moment.

Pêle-mêle vous trouverez ainsi : une bibliothèque à fromages, des sirènes robots, des bébés catapultés et une foule d’autres choses encore !

Petite remarque supplémentaire, je trouve dommage que l’ouvrage soit traduit de l’anglais alors que Clémentine Beauvais est une auteur française. Même si elle a écrit l’ouvrage directement dans la langue de Shakespeare, passer par une phase de traduction supplémentaire n’est jamais souhaitable quand on peut l’éviter.

……

Alors que penser au final des Royales baby-sitters ? L’histoire est assez imaginative pour plaire à de jeunes lecteurs, c’est incontestable. Peut-être ais-je un peu trop perdu mon âme d’enfant pour pleinement apprécier ce roman destiné aux 9-10 ans ? C’est possible !

En tout cas, Clémentine Beauvais excelle selon moi dans son art quand elle s’adresse aux ados et non pas aux enfants.