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Chronique jeunesse : Zoom sur la collection jeunesse Le Grand Bain chez Seuil Jeunesse

La promesse de la collection ? « Des romans illustrés pour se jeter dans le grand bain de la lecture, avec ou sans bouée !« 

Marie-Aude Brosse – Denis Baronnet & Roxanne Lumeret

Une jeune fille découvre que l’univers de son jeu vidéo préféré : Diego 3D Mundo débarque dans son quotidien. C’est assez difficile à croire au premier abord, mais elle accepte rapidement ce postulat. Ainsi, la vie ordinaire se retrouve assortie de choses étranges, de bonus, et évidemment boss de fin de niveau.
Outre le jeu de mot du titre en référence au célèbre plombier de Nintendo, ce roman est une également une référence à Alice au Pays des merveilles : entre rêve burlesque et réalité étrange.

J’ai trouvé ce roman franchement bizarre et trop déstabilisant à mon goût. Je m’interroge fortement sur le fait que les jeunes lecteurs trouvent leur compte dans cette histoire. Trop délurée, trop illogique et débridée pour moi en tout cas. Je l’ai lu en entier, mais je n’en ait rien retiré et j’ai même eu du mal à me rappeler du contenu… Dès 9 ans.

Mission aventure – Gauthier David & Marie Caudry

Cette fois-ci, les parents de Julie et Théodore en ont plus que marre. Il faut bien se l’avouer, le frère et la sœur de ce roman son particulièrement détestables l’un en vers l’autre. Jamais avares de vacheries et de coups bas en tous genre… Sauf qu’ils n’avaient pas prévu que leurs parents en aient marre au point de les laisser en pleine forêt. Ainsi débute Mission Aventure, sorte de réécriture de Hansel et Gretel contemporaine un peu loufoque.

Encore une fois, j’ai eu un peu de mal avec la narration et le côté très débridé de l’histoire. Je n’ai eu aucun attachement pour ces enfants insupportables, de même que pour leurs folles aventures. Et encore une fois, cette lecture ne m’a laissé que très peu de souvenirs, expliquant mon très court avis à son sujet. Dès 9 ans.

Pétunia – Karen Hottois & Lili Scratchy

Voici l’histoire de Pétunia, une jeune fille… pétulante ! Et pour ajouter à l’originalité de ce petit personnage, il y a également Koto, sono ami imaginaire. Koto est tout petit, il se cache dans un poche ou dans sa trousse quand c’est nécessaire, et surtout, il ajoute une pointe de distraction à sa vie !

Des trois romans de la collection Le Grand Bain que j’ai lu, c’est celui qui m’a le plus paru potentiellement plaisant aux enfants. Entre quotidien, amitié et humour, le tout illustré joliment par Lili Scrtachy, le tout fonctionne bien. Le tout est mignon, tout en rondeurs aussi bien graphiquement que narrativement. Je n’en garde pas un souvenir impérissable mais toutefois plaisant.
Comme les autres titres, il serait parfait à découvrir dès 9 ans.

Le pire Noël n’existe pas – Suzanne Bogeat & Edith Chambon

Thomas est un doux rêveur, mais passé un certain âge, ce qui est était vu comme une qualité devient une caractéristique ostracisante. La preuve, son air naïf et ses souhaits hérissent tout le monde… Alors quand un de ses camarades de classe trouve son carnet avec des dessins du père noël, ça ne rate pas : il obtient des ricanements. Mais Thomas est bien décidé à prouver à tous et à toutes que si l’on souhaite le meilleur, voir l’impossible, il peut survenir ! Et que la magie de noël existe, quel que soit l’âge que l’on a…

Ce texte est pour moi le plus abouti des quatre titres de la collection que j’ai pu lire. Il est clair, avec un déroulé logique, tout trouve un sens à la fin de l’ouvrage (et cela de façon poétique). Là où j’ai trouvé les autres ouvrages décousus et parfois même complètement délirants (dans le mauvais sens du terme), Le pire noël n’existe pas fonctionne parfaitement.
Du début à la fin, on suit avec un petit sourire les aventures de Thomas pour reboucher le trou de la cour de récré et prouver à tous que voir le verre à moitié plein peut changer la donne.

Mignon et agréable à lire. Il sera parfait à découvrir pour les enfants entre 9 et 11 ans.

Ainsi donc, j’ai pu lire quatre titres dans la collection Le grand bain. Et pour être honnête, en dehors d’une excellente lecture, le reste m’a laissée fort dubitative. Ce n’est pas une collection que je suivrais à l’avenir. On peux toutefois saluer l’originalité du format proposé : des ouvrages de petite taille avec jaquette au papier de qualité. C’est rare de voir un aussi beau travail de fabrication pour des romans jeunesse dits « middle-grade« .
En ce qui concerne le contenu, il ne m’a pas convaincue, mais le mieux est encore que chacun.e se fasse son propre avis !

Chronique bd : 109 rue des soupirs – Tome 1 – Fantômes à domicile

Parue initialement en 2019, la série de bd 109 rue des soupirs est une série de bd pour la jeunesse scénarisée par Mr Tan (rien d’autre que le créateur et illustrateur de Mortelle Adèle) et dessinée par Yomgui Dumont (La brigade des cauchemars, qui a remporté le Prix des lycéens d’Angoulême).

109 rue des soupirs est une bd qui a eu son petit succès, l’éditeur Casterman y croit beaucoup, et a décidé de refaire toutes les couvertures de la série. Ainsi, j’ai pu découvrir l’ancienne édition ! Les nouvelles versions seront en couleur à l’intérieur (et non plus en bichromie) et les couvertures beaucoup plus distinguables. Dans l’ancienne version elles étaient toutes les mêmes, et seule les couleurs changeaient. Dans la nouvelle version elles sont toutes différentes et beaucoup plus colorées.

Une nouvelle maison pour une nouvelle vie

Le jeune Elliott déménage au 109 rue des soupirs avec ses parents, et très vite c’est le désenchantement. Il pensait que ce nouveau lieu de vie allait changer les mauvaises habitudes prises par ses parents, mais il n’en est rien. Au lieu d’être présents pour leur fils dans cette nouvelle étape de leur vie, ils le quittent précipitamment car débordés de travail.
C’est ainsi qu’Elliott se retrouve seul avec des monceaux de cartons de déménagements à ouvrir… Et des fantômes pas très ravis d’être dérangés dans leur immortelle tranquillité…

Parfait pour les fans d’histoires surnaturelles pas trop flippantes

Dans le genre bd facile à lire et dans un format un peu plus grand qu’un BD Kids, 109 rue des soupirs est sympathique. L’histoire de cet enfant totalement délaissé par ses parents et cajôlé par des fantômes est assez originale. J’ai passé un agréable moment à cette lecture, même si ce n’est pas un coup de coeur.

Ainsi, c’est la lecture idéale pour les enfants entre 8 et 11 ans qui aiment le fantastique et l’humour dans une ambiance à la Ghostbusters ! Ce gigantesque manoir à l’allure gothique est un théâtre parfait pour quantité d’aventures surnaturelles…

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Chronique littérature américaine : Se perdre ou disparaître

Kimi Cunningham Grant, c’est l’autrice du roman Le silence des repentis, un texte qui fut pour moi une véritable claque littéraire. Alors quand j’ai vu que son troisième roman sortait, j’ai été extrêmement impatiente de le découvrir !
En France, ses ouvrages paraissent chez Buchet Chastel avant de sortir en poche chez 10/18. Son second roman Les rancœurs et la terre vient d’ailleurs de sortir en poche.

Enfin, l’autrice est également poétesse, mais nous n’avons pas encore la chance en France de lire cet autre versant de son œuvre.

Les Parcs Nationaux Américains, objet de fascination, d’admiration et de danger…

Avec cette belle entrée en matière, on sait déjà que l’on va avoir notre content de nature sauvage, de survie et de dangers. Vous ne serez pas déçus, c’est une certitude.

Dans ce roman, nous suivons Emlyn, guide forestière de renom dans l’Idaho. Elle est parmi les meilleurs pisteurs de la Côte Ouest, et ça se sait. Mais quand une de ses anciennes connaissance reprend contact pour l’aider à trouver une amie commune disparue dans la vastitude d’un Parc National, elle hésite. Cette personne, c’est Tyler, son ex, qui a failli la faire tuer en pleine nature sauvage il y a quelques années, et la personne disparue est son ancienne meilleure amie…
Mais a-t-elle envie de renouer avec un passé douloureux et des personnes qui ont fait tant de mal à son estime de soi ?

Des difficultés de renouer avec son passé sans régresser

Roman d’aventure au caractère des personnages bien développé, Se perdre et disparaître nous donne à voir une autre facette de l’autrice. Ici, point de huis-clos, mais une intrigue tout de même assez resserées sur peu de personnage. Et surtout, la nature : belle, omniprésente, dangereuse et sauvage.

Dans cette intrigue, il y a un mélange réseau sociaux avec la disparition d’un couple de campeurs stars avec efficacité. Le tout étant hautement crédible grâce aux connaissances de survie en milieu hostile de l’autrice. Les réflexes pour évoluer en territoire quasi-sauvage sont totalement inconnus du tout venant, et lire ce roman, c’est explorer une façon de vivre fascinante et au plus proche de la nature, plus vraie aussi. Comme si notre vie citadine n’était qu’un simulacre et que la vie réelle était là-bas, dans les bois… C’est la sensation que j’ai eu en tout cas en lisant ce texte.

L’histoire de cette disparition de campeurs en début de roman m’a beaucoup fait penser (du moins au début) au fait divers Gabby Petito qui avait mis en émois les Etats-Unis. Il s’agissait d’un couple parti faire un voyage en van à travers les différents différents Parc Nationaux de l’Ouest Américain. Ils documentaient leurs différents point d’arrêts et faisaient des post régulier… tout comme l’amie disparue d’Emlyn. Donc, en lisant le début du roman, je n’ai pu m’empêcher d’y voir une référence (légère) à ce fait divers marquant du pays. Mais comme vous le verrez si vous faites des recherches sur cette affaire et que vous lisez ce roman, il y a des différences notables.
Cependant, il est pour moi impossible de ne pas y voir au moins une référence à cette histoire vraie qui a tant déffrayé la chronique.

Ainsi, bien que Se perdre ou disparaître fasse pour moi référence à ce fait divers, l’histoire diverge fortement et s’attache à un autre problème d’actualité aux Etats-Unis. Je ne vous en dirais pas plus, mais c’est un mal qui gangrène le pays depuis des décennies et qui ne semble en rien diminuer…

Pour ce qui est de mon appréciation personnelle de ce roman, je l’ai apprécié, en partie la plume experimentée de l’autrice pour tout ce qui concerne la nature sauvage. Cependant, je n’y ait pas retrouvé l’âpreté géniale du Silence des repentis. Il y a certes des tensions interpersonnelles et du suspense, mais sans commune mesure avec son premier roman qui pour moi reste le meilleur actuellement.

Alors, faut-il se perdre ou disparaître ? A vous de trouver la réponse, de même que les personnages paumés de cette histoire… Certains sont perdus depuis longtemps, d’autres trouvent un nouveau chemin et d’autres encore se sont égarés parfois volontairement.
A découvrir pour tous les amoureux d’aventure et de nature sauvage, le tout avec des personnages intéressants et parfois tellement réussis qu’ils en deviennent vicéralement détestables.

PS : Après cette lecture, j’ai maintenant très envie de continuer l’immersion en pleine nature avec Et au milieu coule une rivière de Norman Maclean (Rivages) ou encore La rivière pourquoi de David James Duncan (Monsieur Toussaint Louverture), ouvrages mentionnés par le personnage d’Emlyn en début de roman.

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Chronique YA : Cendrillon est morte

Si le nom de Kalynn Bayron ne vous dit trop rien, c’est assez normal. Cendrillon est morte est son premier ouvrage à paraître en France, mais il était déjà très attendu.
Outre-Atlantique, sa réécriture du conte de Charles Perrault a rencontré un très vif succès, tout comme sa série This Poison Heart qui, espérons-le arrivera en France un jour !

Une société ultra-patriarcale qui ne laisse aucune chance aux femmes

A Lille, et dans tout le royaume, le conte de Cendrillon n’est pas seulement une histoire à lire le soir aux enfants. Non, le conte a été érigé au rang de mythe et même de loi. Chaque jeune fille et femme du royaume se doit de connaître par coeur le conte sous peine de lourdes représailles. Cendrillon est morte depuis longtemps, il est vrai, mais son souvenir perdure d’une façon des plus étranges et injustes. Ainsi le conte de fées sert-il de prétexte pour asservir les femmes. Leur absolu ? Faire tout comme Cendrillon, pour peut-être espérer être choisie par un homme lors du bal annuel organisé par le Roi.

Mais que faire quand on est une jeune fille qui n’est pas attirée par les hommes dans ce monde où tout tourne en fonction d’eux ? C’est là tout le problème de Sophia. Le bal approche et elle doit à tout prix attirer un homme pour ne pas être répudiée par ses parents. Une fille qui n’est pas choisie par un homme au bout de trois bals est exilée du royaume et vivra dans la misère, elle est également la honte de sa famille. Ainsi pour Sophia, peu importe que l’homme qui la choisit la batte ou la violente par la suite selon ses parents. Elle sera mariée, et c’est bien là tout ce qui compte, peu importe qu’ellle préfère les femmes et la liberté…

Une réécriture efficace

Clairement, cette version féministe et actuelle du conte de Cendrillon dans un royaume patriarcal est plaisante. L’ouvrage réussit à nous proposer une réécriture cohérente avec des personnages qui fonctionnent très bien. Ils sont crédibles, bien campés… tout fonctionne.
Mais il m’a manqué un petit quelque chose pour avoir un réel coup de cœur. J’ai beau avoir passé un excellent moment de lecture, j’ai trouvé le tout assez linéaire et un peu facile. L’intrigue fonctionne, ce n’est pas cela le souci, c’est plus dans le déroulé que j’ai été un peu gênée. Les péripéties de Sophia sont un peu trop « scolaires » et ne laissent pas assez de créativité à l’histoire. Les personnages ont tous un rôle assez clair et il y a peu de flou ou d’originalité pour que ce soit plus singulier. Certes l’héroïne et noire et lesbienne et c’est super, mais ce n’est pas un argument suffisant pour porter l’intrigue à son meilleur. Il manque quelque chose, même si j’ignore quoi.

Malgré cela, j’ai passé un très bon moment de lecture, car comme dit précédemment, j’adore tout ce qui concerne les réécritures de contes et associé. D’autant que c’est la grande mode en YA depuis quelques années : Un sort si noir et éternel (Rageot), la saga ACOTAR (Seuil Jeunesse), Déracinée (Pygmalion) ou encore Le royaume assassiné (De Saxus). Tous ces romans et des dizaines d’autres encore mélanges sujets actuels et contes de fées classiques. Et ça fonctionne !

L’autre chose appréciable dans ce roman ado, c’est que l’intrigue se passe dans un univers de fantasy moyenâgeux comme je les aime : une ville très paysanne, des lois injustes, un couvre-feu pour les femmes, une magie latente dont tout le monde a presque oublié l’existence… Tous ces éléments concourent à dépeindre une ambiance qui fonctionne plutôt bien.

Ainsi, même si je n’ai pas eu de véritable coup de cœur pour Cendrillon est morte, je suis très contente de l’avoir lu. Il réunit des sujets très actuels sous couvert de réécrire l’un des contes les plus connus au monde. C’est donc plutôt réussit, même si l’autrice n’a pas réussit à insuffler le petit élément en plus qui fait basculer un livre de « bien » à « excellent ».
A découvrir dès 14/15 ans.

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Chronique : La trilogie La maison des Jeux de Claire North

Claire North est une autrice anglaise à l’œuvre encore assez rare, mais remarquée. L’un des plus connus est Les quinze premières vies d’Harry August, qu’elle a écrit en 2014. De son véritable nom Catherine Webb, elle a écrit plusieurs ouvrages, mais c’est sous le nom de Claire North qu’elle réserve la partie imaginaire de son œuvre… Pour notre plus grand plaisir

Une étrange maison de jeux qui apparaît au fil du temps et des lieux

Le premier tome de cette trilogie de novellas (très courts romans) se déroule à Venise, au 17ème siècle. Mais ne vous y trompez pas. La Maison des Jeux est bien plus ancienne que cela et survit à toutes les époques et à tous les virages simportants de l’humanité. Dans ce tome-ci donc, nous suivons une jeune femme – Thene – mariée à un joueur invétéré qui peu à peu va tout perdre. Mais Thene, sous ses apparences de femme soumise à son mari est bien plus que cela.
Peu à peu, elle va prendre goût au jeu également, mais ce qu’elle va miser et gagner vaudra bien plus que ce que son diable de mari n’a jamais rêvé avoir…

Autre temps, autre lieu, dans le second tome nous sommes dans le Bangkok du vingtième siècle. Une sorte de jeu du chat et de la souris (en plus étendu et élaboré) va avoir lieu. Cette fois-ci, nous ne verrons pas Thene, mais un tout autre personnage : Remy Burke. Il a parié beaucoup sur cette partie qui semble déséquilibrée… Chose normalement impossible car la Maison des Jeux veille.

Dans l’opus final, le tableau prend enfin forme. Nous sommes à notre époque, en tous lieux, et certains personnages vus précédemment refont surfance… de manière inattendue.

Une trilogie à la fois mystérieuse et géniale

J’ai adoré dès les premières pages cette trilogie de Claire North. En très peu de temps, on est dans une ambiance enveloppante qui allie mystère, étrangeté et Histoire. Mon tome préféré de la trilogie restera le premier opus car j’ai trouvé le personnage de Thene et l’époque dans laquelle elle évolue absolument parfaits. Claire North écrit à merveille, et nous avons la chance d’avoir une très bonne traduction assurée par Michel Pagel.

Il est difficile de développer sur l’univers de La Maison des Jeux, car une grande partie de l’intérêt de cette histoire réside dans son mystère latent. Je vais donc rester en surface dans cette chronique censée vous venter les mérites de la trilogie.

Premièrement, elle se dévore. Les trois tomes font chacun à peine cent-cinquante pages chacun. Cela se lit vite, bien, avec un plaisir de lecture évident.

Deuxièmement, je n’avais jamais lu un texte de SFF qui mélange à la fois fantastique, géopolitique et technologie et… autre chose. C’est un mélange étrange qui fonctionne à merveille, mais même si cela a l’air simple au premier abord, Claire North a réalisé un travail titanesque. Elle réusit à nous abreuver de détails, de nuances et d’une atmosphère particulière sans jamais nous perdre. Et pourtant, bien que courts, les ouvrages sont très denses en informations. Beaucoup de symboliques, de savoirs et de données sensibles actuelles se mélangent pour donner quelque chose de plus grand encore.

Troisièmement, les personnages sont incroyables. Même les plus calculateurs pourrons vous sembler géniaux tant ils anticipent les coups. C’est la partie la plus plaisante des romans pour moi : le calcul. La prise de risque. Les enjeux qui montent en puissance au fil des tomes. Vous découvrirez ainsi que La Maison des Jeux permet de parier à peu près tout sauf de l’argent, bien trop vulgaire.

Ainsi, j’ai vraiment adoré cette trilogie fantastique qui brasse différentes catégories de l’imaginaire. C’est original, délectable, malin, un véritable plaisir de lecture qui change vraiment de ce qu’on peux lire habituellement en SFFF.

Chronique YA : Vortex – Tome 1 – Le jour où le monde s’est déchiré

Il est paru lors de la rentrée littéraire ado, en août 2022, et gageons qu’il reste longtemps dans les rayonnages des librairies. Voici le premier roman d’Anna Benning à paraître en France. Lors de sa sortie allemande, l’ouvrage s’est vendu à plus 100 000 exemplaires en quelques semaines. Certes, les ventes ne sont pas gage de qualité, mais c’est tout de même révélateur d’un intérêt certain de la part des lecteurs.ices ! Et ce succès est-il mérité ? La suite dans cet article !

De multiples déchirures dans le monde

Le monde tel qu’on le connaît n’existe plus depuis des décennies, plus précisément depuis le Grand Amalgame et la survenue des Vortex. Ces portails apparus mystérieusement permettent de voyager à travers le monde instantanément. Mais se placer à travers les vortex n’est pas donné à tout le monde et ceux qui s’y risquent ont eu une formation très spéciale. Et même parmi les plus entrainés, il y a des disparitions, des blessés et des morts. Les voyages en vortex sont donc très risqués et nécessitent une maîtrise de tous les instants.
C’est dans ce monde que vit Elaine, 14 ans et bientôt participante à la grande Course de Vortex. Son classement déterminera son avenir dans cette société très hiérarchisée et qui fait la chasse aux Amalgamés (aussi nommés Splits). Qui sont-ils ? Des êtres humains dangereux qui lors du Grand Amalgame ont fusionné avec la nature : la Terre, l’Eau ou encore le Feu. Les Vortex sont la seule façon de les poursuivre efficacement. Il faut donc qu’Elaine soit dans les premiers si elle veut devenir une coureuse de vortex et venger la mort de sa mère, tuée par des Splits.

Addictif en peu de pages

En quelques courts chapitres, on plonge dans l’intrigue originale et maline de l’autrice. Au premier abord, on peut la trouver assez classique (ce qui est le cas), mais très vite il n’est plus seulement question de vortex qui déplacent d’un point A à un point B, et ça devient autrement plus captivant, pour ne pas dire renversant par moments.

Dès lors que l’on voyage en quatre dimensions, c’est une lecture assez exaltante qui sait surprendre son lectoat même si certains éceuils ne sont pas évités. Ce n’est pas gênant en soi car l’autrice a su créer son propre style et univers. Parmi ses nombreuses bonnes idées, je retiens surtout celle de la ville de Sanctum. Magnifique de beauté et sylvestre dans chaque aspect de son existence. C’est beau, et les images qu’on se fait à cette lecture sont tout simplement magiques.

Il y a quelques bonnes révélations bien efficaces qui sont savament disséminées et bien dosée, ce qui rend l’intrigue de plus en plus dingue au fil des chapitres. Mais à aucun moment on a un sentiment de précipitation comme dans certains romans dits haletants où tout est balancé en fin d’ouvrages. Ici, Anna Benning pose quelques petites « bombes » qui rendent l’intrigue à la fois surprenante et surtout durable. On ne sait pas toujours quand ça va nous tomber dessus, et rien que pour cela c’est agréable.

La notion de bien est de mal semble par ailleurs très claire dans Vortex, qui est écrit entièrement du point de vue d’Elaine. Mais peu à peu, les questionnements vont affluer, aussi bien pour elle que pour nous lecteurs, qui avons une vision très partiale de son univers. Quoi qu’il en soit, ça fonctionne à merveille !

A découvrir dès l’âge de 14 ans, pour ceux qui aiment les dystopies à la façon de Divergente et La Faucheuse ! On y retrouve le côté addictif de ces deux séries emblématiques du genre. A confirmer avec le second tome, mais le premier est pour le moins très prometteur.

Chronique Fantasy : La Guerre du pavot – Tome 1

Rebecca F. Kuang est une autrice américaine d’origine chinoise. Elle a fait ses études à Cambridge, et elle a par ailleurs fait sa thèse sur la littérature de propagande en Chine durant la seconde guerre sino-japonaise. Et justement, on a beau être dans un univers de fantasy, l’autrice s’inspire énormément de l’histoire de la Chine et du Japon au travers d’un prisme guerrier. Accrochez-vous, c’est le genre de roman qui marque et qui réussit à surprendre ses lecteurs.ices.

Une héroïne d’une force mentale rare

Rin est une jeune femme qui en a bavé depuis sa plus tendre enfance. Elle vit avec son oncle et sa tante depuis presque toujours, maltraitée, parfois affamée par ces derniers. Son rêve : intégrer la prestigieuse école de guerre du pays, Sinegard. Mais pour cela il faut beaucoup d’argent ou alors des compétences et un savoir exceptionnel. Savoir qui justement ne peux s’obtenir qu’en ayant les plus coûteux précepteurs… et donc il faut de l’argent.
Comment Rin va-t-elle pouvoir amasser autant de connaissance en travaillant jour et nuit pour son oncle qui l’exploite ? Tout cela sans parler du fait qu’elle est sans le sou…

C’est ainsi que l’on découvre une héroïne qui part de rien et qui va tout dévaster sur son passage… pour notre plus grand plaisir.

Un roman flamboyant et incroyable

Dès les premières pages, on sent que l’on trempe dans un roman à la fois sombre et cru. L’écriture de R.F. Kuang (et l’excellente traduction de Yannis Urano) ne nous épargne aucun détail sale de la guerre ni tous les sacrifices que va consentir Rin (bienvenue dans la grimdark fantasy). Rien que la scène d’ouverture vous donnera un bon aperçu de la teneur du roman : brutal, magnifique et incroyable.

Si vous avez envie d’épique, de batailles et de magie (latente, étrange et incontrôlable) c’est le roman parfait. Bien que l’ouvrage s’intitule La guerre du Pavot, cette dernière n’a lieu qu’à partir de la seconde moitié de l’ouvrage. Les trois cent premières pages étant dédiées à la formation de Rin ainsi qu’à celle de ses camarades.

L’autrice a fait preuve d’une incroyable créativité dans son histoire, ce qui réussit à la rendre vraiment unique. Dans la première partie de l’ouvrage, vous avez toute la cession « formation » des élèves. Les entrainements, l’intégration (ou non) de Rin parmi les autres, l’apprentissage difficile et injuste qui mène à l’art de la guerre… Et seulement ensuite, vient la fameuse guerre du pavot.

J’ai adoré les deux parties du roman, même si j’ai toujours eu une préférence pour les phases d’apprentissage et de transmission (que ce soit dans les romans ou dans les films). Mais ici, même la partie martiale du roman m’a plu. On y parle stratégie, manipulation, coups de génie, horreurs de la guerre…
L’autrice s’étant directement inspiré de l’histoire de la Chine et du Japon pour son roman. Nous sommes cependant bien dans un monde créé de toute pièce, le royaume de Rin étant le Nikara et le pays de l’ennemi se nommant Mugen (il s’agit d’une petite île face aux grandes terres du Nikara).

L’ouvrage fait presque six cent pages, mais il se dévore à une vitesse ahurissante. D’ailleurs, c’était une si bonne lecture que j’ai vraiment tout fait pour en ralentir le rythme… je ne voulais pas quitter Rin et ses coups de folie bravaches, ni même sa verve et son panache. J’ai vraiment tout aimé dans ce premier tome très complet et magnifique…

Je ne puis que vous conseiller de lire ce premier tome de la trilogie de la Guerre du Pavot. L’ouvrage a paru en 2020 en grand format, et est depuis disponible en poche chez Babel, la collection de poches d’Actes Sud. Cependant, une ombre plane sur ce magnifique roman… l’éditeur n’a toujours pas annoncé la publication de la suite. Alors, Actes Sud Exofictions a-t-il toujours les droits pour sortir la suite de la saga ? Rien n’est moins sûr… (MAJ les livres ne sont plus dispos chez Actes Sud, qui a perdu les droits d’exploitation. Réédition du premier tome en mai 2025 chez De Saxus)
Une chose est certaine cependant, c’est que l’ouvrage n’a pas nécessairement rencontré un public aussi large qu’il aurait dû. Cette couverture n’est pas inesthétique, mais elle ne donne pas non plus envie de se précipiter sur le roman. Je la trouve trop sombre, pas assez épique comparé au contenu de l’ouvrage. Actes Sud n’est clairement pas un éditeur pour ce type d’ouvrage, ou alors ils auraient dû « casser » cette image élitiste qu’on associe immédiatement à la maison d’édition…

Ainsi donc, la suite possible en France de La guerre du pavot reste pour le moment en suspend… Peut-être pourrait on espérer qu’une autre maison d’édition se penche sur le sujet ? Après tout, R.F. Kuang va bientôt être publiée chez De Saxus pour son roman Babel. On peux toujours rêver d’une reprise et d’un redémarrage de sa trilogie chez eux (MAJ bis, cette chronique écrite en mai 2024 était prémonitoire). Clairement, cette saga mérite d’avoir une seconde chance en France, elle est trop exceptionnelle pour être abandonnée !

La magnifique couverture de la réédition du premier tome de La Guerre du Pavot prévue pour mai 2025 chez De Saxus. Cette publication va être épique : en plus de la quantité limitée, le papier sera de qualité supérieure et la couverture a été choisie par l’autrice elle-même comme étant sa favorite parmi toutes les publications qu’a connu ce titre.
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Chronique ado : Ma part de l’ours

Un roman survivaliste aux allures de retour à l’état sauvage…

Second roman de Marine Veith, Ma part de l’ours est paru chez Sarbacane en novembre 2022. Son précédent ouvrage était également paru chez Sarbacane, dans la collection Exprim’. Il s’agissait d’un ouvrage sur la migration : Ceux qui traversent la mer reviennent toujours à pied, paru en 2020.

Réunion familiale au sommet

Nous sommes sur une route escarpée, dans les Pyrénées. Nous découvrons Tim, 13 ans et Aurore, 20 ans. Ils sont sur la route pour rejoindre leur mère. Elle ne vit pas avec eux car elle est internée depuis la disparition de leur père. Ainsi, c’est Aurore qui gère tous les aspects de leur vie au quotidien, la charge mentale, les difficultés financières, la crise d’adolescence de son petit frère… Aurore gère tout et plus encore.
Mais lorsque leur voiture se retrouve prise au piège en pleine montagne sans aucune possibilité de faire demi-tour, la vie d’Aurore et Tim va basculer. Ils vont faire une première rencontre stimulante, puis une autre, encore plus incroyable qui va leur donner confiance en l’avenir… Mais qu’elle est cette rencontre ?

Un roman aux allures de récit initiatique

L’idée d’un roman formateur qui va forger deux antihéros un peu perdus me plaisait beaucoup. Alors, quand en plus il est question de nature et de liberté, j’ai été encore plus emballée par l’histoire. Malheureusement, j’ai attendu tout au long de l’histoire un événement qui n’est jamais vraiment arrivé. Je ne sais pourquoi, mais j’attendais un point de bascule. Pas nécessairement une révélation fracassante, mais quelque chose qui bouleverse à jamais nos héros. En un sens, c’est effectivement le cas, mais cela à manqué d’envergure pour moi.

Cependant, la révolution pour les personnages est bien là, bien que trop lattente à mon goût. Je ne puis bien évidemment pas vous en dire plus, mais il est clairement ici question de révolution silencieuse. D’ailleurs, il y a toute une partie anti-système et hors des conventions qui m’a séduite, même si je trouvais que l’on allait au final pas assez loin.
Ce qui m’a déplu en réalité c’est que l’on se retrouve dans un entre deux jamais clairement défini. Certes il y a du changement dans la psychologie des personnages, ainsi que dans leur façon de voir le monde, mais ce ne fut pas suffisant à mon goût.

En somme, Ma part de l’ours fut pour moi une lecture décevante. Ce n’est pas à cause du texte selon moi, mais plus à cause des attentes que j’avais. J’avais une image plus « thriller » de ce roman, ce qui n’est absolument pas le cas. Si vous êtes cependant à la recherche d’un roman proche de la nature et qui questionne sur notre place dans la société, vous êtes au bon endroit. Dès 14 ans.

Chronique roman graphique : La vie rêvée de Willow

Un roman graphique au début engageant mais qui ne réussit pas à transformer l’essai

Paru début 2023 dans la nouvelle collection Hachette Romans Graphiques, La vie renversée de Willow est un one-shot. On y suit le destin de Willow qui va se retrouvé chamboulé par la découverte d’un étrange livre…
Les dessins et le texte sont réalisés par Tara O’connor

Une vie normale chamboulée

Willow Sparks est une adolescente qui n’est pas très à l’aise dans sa peau. Elle ne se sent pas à sa place, a très peu d’amis, et subit des moqueries de la part de certains. Mais un jour, elle découvre à la suite d’un énième harcèlement une pièce secrète dans la bibliothèque où elle travaille… et dedans, un livre qui va bouleverser sa vie.

Une histoire totalement oubliable et dispensable

J’ai lu ce roman graphique il y a moins d’un mois et pourtant, je n’en ai gardé quasiment aucun souvenir. La jeune Willow est un personnage intéressant bien que peu attachant, de même que les autres personnages qui font cette intrigue. Tout est traité en surface, et comme c’est un one-shot, on a peu de temps pour apprendre à les aimer suffisamment avec leurs failles et leur détresse. Pour moi, ce fut en tout cas une lecture sans affect malgré le sujet délicat du harcèlement.

Que dire de plus ? En ce qui concerne la partie fantastique de l’ouvrage, elle est assez commune. Nombreuses sont les intrigues où un personnage se voit offrir la possibilité de changer son existence pour quelque chose de meilleur (en apparence). Mais ici, rien de bien marquant ni de captivant. De plus, les dessins de Tara O’connor ne sont pas non plus à mon goût, ce qui n’aide pas à apprécier cet ouvrage.

La vie renversée de Willow est donc un roman graphique qui m’a beaucoup déçue. Je lis très peu de bd et autres formats illustrés, et j’avoue être très difficile. Alors les ouvrages passables, très peu pour moi. Ne perdez pas non plus votre temps avec cet ouvrage !
Âge du lectorat : dès 14 ans.

Chronique : Les archives des collines chantantes – Tome 1 – L’impératrice du sel et de la fortune

Une superbe novella de fantasy asiatique qui nous conte l’Histoire et le destin d’un royaume au travers de ses objets. Epuré, stratège et surprenant, ce premier opus séduit en quelques pages à peine…

L’ouvrage avait remporté le Prix Hugo du meilleur roman court en 2021, le voici enfin en France sous le beau et mystérieux titre L’impératrice du Sel et de la Fortune. Son autrice, Nghi Vo, est américaine, il s’agit de son premier ouvrage publié en France.
A l’occasion de la parution de cette nouveauté, L’Atalante a mis les petits plats dans les grands en proposant deux versions différentes de l’ouvrage : une normale, et une autre collector avec couverture reliée, texture peau de pêche et signet en tissu inséré dans la reliure. Un écrin tout à fait à la hauteur du contenu.

Le destin d’une impératrice venue d’ailleurs

Au travers d’un dialogue entre deux personnages que rien ne lie, nous découvrons peu à peu la vie et le destin de l’impératrice du Sel et de la Fortune. Chaque chapitre s’ouvre à nous lors de la présentation d’un objet particulier qui apporte son lot d’histoire et de révélations sur qui était l’impératrice et les sacrifices qu’elle a fait pour son peuple. Mais au fil des chapitres, on sent se profiler autre chose que l’histoire officielle…

Tout en subtilité et en beauté

Voilà longtemps que je n’avais pas lu un texte aussi atypique et beau tout à la fois. C’est le genre d’ouvrage que l’on commence sans réellement savoir où il va nous mener, mais qu’une fois fini, on veut relire encore et encore. Sa mythologie semble simple en apparence, mais il n’en est rien, de même pour les très nombreux enjeux et symboles sous-jacents. Chaque mot est pesé, chaque objet choisi avec soin. Tout n’est pas dit, il vous faudra vous approprier cette lecture et mener de vous-même votre propre investigation… Et encore, il ne s’agit que du premier tome. Je gage que les titres suivants seront au moins aussi captivants et oniriques que ce premier opus !

Et que dire des nombreuses scènes marquantes et touchantes de cet ouvrage ? Elles sont nombreuses, et c’est en cela que je trouve cet ouvrage remarquable. Le texte fait à peine plus de cent pages, et pourtant il a réussit à m’entraîner dans des légendes créées de toutes pièces que j’avais envie d’écouter, de découvrir et même de m’y abreuver. Je voulais percer les mystères de cette impératrice maline et secrète qui n’est pas ce qu’elle semble être.

Impossible d’en dire plus car c’est le genre d’ouvrage qui se découvre réellement par la lecture, avec un univers qui s’infuse lentement. Ce premier tome est ainsi une vraie belle découverte et j’ose espérer que les suites arriverons relativement rapidement ! Au total, ce sont cinq tomes qui sont prévus, avec des couvertures tout aussi magnifiques que ce premier opus, toutes signées Alyssa Winans.

AUTEUR :
GENRE : Fantasy, LGBTQIA+
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :