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Chronique : Nox – tome 1 – Ici-bas

Nox - tome 1Plongez dans un nouvel univers dense, obscur, unique.

Nouvelle série d’Yves Grevet, Nox (éditions Syros) renoue avec ce qu’affectionne tant l’auteur : un futur sombre, où il faudra lutter pour avoir le moindre droit. Ainsi retrouvons-nous comme dans sa trilogie Méto, des personnages que la vie n’a pas épargnés.

Plus sombre mais aussi plus mûr que Méto, Nox nous entraîne au plus sombre de l’âme humaine, où les amitiés que l’on pensait indestructibles peuvent se défaire très facilement, et où la place dans la société est décidée dès la naissance, sans aucune possibilité d’évolution pour ceux qui sont au plus bas de l’échelle…

Dis-moi où tu habites et je te dirais ta position dans la société…

La Nox… ce brouillard qui fait vivre un calvaire à tous ceux qui n’ont pas la chance d’habiter à une altitude assez élevée. Les gens du petit peuple y sont nés, et y meurent dans l’indifférence la plus totale de la part de ceux d’en haut. En effet, la classe sociale est déterminée par l’altitude où vit chacun sur la colline. En bas, pas d’électricité sans effort, ainsi chacun pédale pour produire sa propre lumière, et marche avec des chenillettes pour accumuler de l’énergie pour plus tard.

Enfin, règle la plus terrible, toutes les filles doivent être enceintes avant l’âge adulte sous peine de devenir des parias…

C’est dans cette cruelle société que vit Lucen, un jeune homme né en bas, dans la fumée constante qui tue à petit feu tous les habitants. Il a une petite amie, Firmie, et comme tout le monde, va bientôt essayer d’avoir un enfant, sous peine qu’on lui impose une autre jeune fille, plus complaisante.

Lucen a également des amis, qui en sont à peu près au même stade que lui. L’un, Gerges a son père qui travaille dans la milice, organisme corrompu jusqu’à la moelle censé faire régner l’ordre, mais qui sert plutôt les propres intérêts de ce qui y travaillent. Il y a également ses amis Maurce et Jea. Ils sont toujours ensemble, malgré les années, mais jusqu’à quand ?

En parallèle à cette intrigue du bas, nous découvrons la jeune Ludmilla, issue de la classe aisée, et dont le point de vue qu’elle a de la société est sur le point d’évoluer.

Ah, et chose utile à préciser, il est strictement interdit au gens du bas de monter en haut…

Une histoire aussi sombre que saisissante

Alors que dans Méto Yves Grevet y allait de façon assez temporisée, dans Nox, il se laisse toute latitude. En cela, son univers est des plus dérangeant : violent, injuste et terriblement oppressant, nul ne peu faire confiance à personne dans le monde de Nox. Et c’est la dureté de cet univers qui le rend si fascinant.

La description de la milice de Nox en particulier est très sombre, censée protéger les citoyens, cette dernière préfère les racketter, les faire vivre dans la peur, et même user d’une violence souvent extrême. Dois-t-on y voir une extension de ce que pense l’auteur de notre propre société ? Les désillusions s’accumulent en tout cas pour certains personnages…

Ainsi, certaines scènes, diaboliquement réussies, nous font glisser lentement dans l’horreur de la « douce » violence. Le point de vue de ces personnages se laissant aller à ces accès est maitrisé avec art, nous faisant presque comprendre ce qui les a amenés à cette extrémité.

Le traitement des personnages est également très réussi, on y sent très vite les différents rapports de force et contraintes qui les animent. Le détail est poussé jusqu’aux prénoms : Lucen, Marha, Hectr, tous les prénoms de ceux d’en bas ont une lettre en moins, comme s’ils étaient moins que des êtres humains… il en est de même pour les aliments, des ersatz, le meilleur étant gardé par ceux d’en haut.

Évidemment on sent une révolte se profiler chez certains, mais sous quelle forme se présentera-t-elle ? Sera-t-elle sourde ? violente ? Quels en seront les leaders ? Une réponse se dessine, mais sans certitude, Yves Grevet nous ayant habitué à toujours nous surprendre, on en attend pas moins de lui maintenant.

Profondément révolté, ce roman laisse transparaître tous les travers d’une société qui se meurt et qui pourrait malheureusement être la notre si l’on se laisse gagner par le scepticisme.

Un bel ouvrage qui fait réfléchir, et qui surtout se dévore très vite ! Difficile d’attendre la suite, qui ne devrait par arriver avant un an.

9/10

Chronique jeunesse : Des yeux dans le ciel

Des yeux dans le ciel

Un bon roman d’initiation à la SF pour la jeunesse…

Paru aux éditions Syros dans la collection Soon, Des yeux dans le ciel nous fait découvrir notre Terre telle qu’elle pourrait être dans le futur.

Jean-Marc Ligny est un auteur de science-fiction qui a déjà une longue expérience d’écriture derrière lui. Il a déjà écrit pour la jeunesse dans des collections telles que Le livre de poche jeunesse, J’aime Lire, ou encore l’Atalante Jeunesse.

La Terre, quelques siècles après les « Ages Sombres »…

Bienvenue sur notre planète, méconnaissable, verte, et… sans technologies. Les peuples qui y vivent ont une culture ancrée dans les croyances et les légendes, allant même jusqu’à la superstition. Ils vouent un culte sans borne à Mère-Nature depuis que les Ages Sombres ont faillit faire disparaître l’humanité… on ne sait pas exactement ce qui s’est passé, mais tout objet émanant de cette époque est tabou, pouvant créer des ennuis à leur possesseurs…

C’est dans ce nouveau monde que vit le jeune Jasmin ; ce dernier fait partie des rares à qui Mère-Nature a conféré un pouvoir. Celui de Jasmin est de rêver de l’avenir, et un jour, un de ses rêves va bouleverser son existence.

Sa vision est celle d’un homme vêtu d’argent : qui est-il ? D’où vient-il ? Est-ce  un bon ou un mauvais signe pour Jasmin et son village ? Peu de temps après cet étrange rêve  prémonitoire, Jasmin est choisi par Mère-Nature pour mourir, mais sa fuite le fait bannir de son propre village…

Aidé de Violette, la jeune fille qu’il aime, Jasmin décide alors de partir à la rencontre de son rêve et de trouver l’homme vêtu d’argent, lui qui n’a plus rien à perdre…

Une aventure dans le temps… et ailleurs

Au sortir de leur village, le voyage aventureux de Jasmin et Violette ne fait que commencer. Ils feront des rencontres improbables, parfois belles, tantôt dangereuses pour trouver finalement l’homme vêtu d’argent. Et surtout, ils devront dépasser leur limites pour entrer  dans le pays de la Malemort, un lieu désolé où la vie n’a plus sa place depuis longtemps suite aux Ages Sombres…

Un choc des cultures, c’est ce qui se produit lors de la rencontre de nos jeunes aventuriers avec l’étranger. Les découvertes sont équivalentes dans les deux camps, les menant à des conclusions bouleversantes pour l’humanité…

Viens ensuite une deuxième partie du roman, très bien construite elle aussi, qui nous fait découvrir une autre facette du roman, nous révélant tous ses enjeux. Difficile d’en dire plus sans trahir une intrigue simple mais efficace, parfaite pour de jeunes lecteurs.

 

Une chose est sûre, ce roman de SF pour la jeunesse ravira tous les jeunes fans du genre, mais aussi les autres, férus d’aventures et de péripéties. Adapté dès l’âge de douze ans, Des yeux dans le ciel a toutes les qualités requises pour plaire ; et chose plaisante, il donne matière à réfléchir à nos jeunes lecteurs !

Chronique rédigée pour le site ActuSF

Chronique : Starters – tome 1

Starters - tome 1

Une dystopie effrayante où la location de corps est aussi courante que celle de voitures…

Petit nouveau dans le monde de la dystopie, Starters a été écrit par l’américaine Lissa Price, scénariste de métier. Elle a écrit des programmes pour la jeunesse et la télévision. Starters a été son premier travail d’écriture destiné aux jeunes adultes.
Paru en France en mars dernier dans la collection R (collection de Robert Laffont destinée aux jeunes adultes), la série comptera deux tomes au total.

Prime Destination : l’entreprise qui vous fera retrouver votre jeunesse grâce à celle des autres…

Suite à la propagation d’un virus mortel, la population n’a vu survivre que ses extrêmes : les jeunes et les plus âgés, créant par la suite une société plus sombre que la précédente…
Les plus jeunes sont nommés les Starters, les plus anciens, les Enders. C’est dans ce nouveau monde que vit la jeune Callie. Jeune est synonyme de pauvre dans ce monde où les Starters n’ont aucun droit : ni celui de travailler, ni celui de voter. Si ils veulent « gagner leur vie » ils doivent travailler en passant par des systèmes souterrains et non officiels jusqu’à atteindre enfin leur majorité… s’ils y parviennent.
C’est ainsi que Callie a décidé de louer son corps à Prime Destination, pour gagner beaucoup d’argent en peu de temps et ainsi mettre à l’abri son fragile petit frère.
Mais les termes du contrat signé par Callie sont flous, trop pour qu’elle puisse savoir à quoi s’attendre à la suite de la location de son corps…

Un thriller futuriste au rythme effréné

La pression constante à laquelle sont soumis les Starters pousse les lecteurs à regarder tous les personnages que croise Callie come des ennemis potentiels. Tout est hostile dans cette nouvelle société américaine de l’après-guerre, en particulier devant les plus démunis.
Cependant, certains éléments qui sont la base même de cette nouvelle société sont un peu flous. Lissa Price n’explique que très vaguement pourquoi les Starters on aussi peu de droits au regard de la loi comparé à leurs aînés. La persécution des Starters n’est quand à elle pas du tout expliquée, laissant un trop gros flou dans l’intrigue qui s’avère gênant par certains moments.

Hormis ce point noir, l’intrigue est menée de main de maître. On sent l’expérience de scénariste de Lissa Price dans les enchaînements d’actions et de révélations. L’écriture est vive, haletante, comparable à un véritable film d’action dans ses enchaînements. On s’imagine facilement une adaptation sur grand écran de l’œuvre.

En conclusion, Starters est un très bon roman young adult qui pourra plaire à un très large public. Il conviendra aussi bien aux amateurs d’action et de suspense qu’aux fans de dystopies diaboliques. On y retrouve des personnages forts, bien campés auxquels on s’attache rapidement. Et retenez bien une chose, le monde ultra technologique de Starters n’est pas ce que vous croyez… il est pire.

Enfin, si vous avez une tablette numérique, vous pourrez lire en exclusivité et gratuitement la nouvelle inédite liée à Starters : Portrait d’un Starter, elle est notamment sur le site de vente en ligne Amazon.

Chronique : Le dernier jardin – tome 1 – Ephémère

Le dernier jardin 01

Terrifiant et envoûtant, le monde de Lauren DeStefano vous fera voir « l’humain » sous un angle terrifiant…

Premier roman de l’américaine Lauren DeStefano, Ephémère est le premier tome de la série Le dernier jardin, publié aux éditions Castelmore. Sa jeune auteur nous dresse une dystopie effroyablement réaliste…surtout pour la gent féminine. Attention, l’addiction n’est pas loin.

Les femmes sont l’avenir de l’homme

Le monde que Rhine connaît est très différent du nôtre. Nous ne savons pas à quelle époque se déroulent les faits, tout ce que l’on sait, c’est que l’homme à voulu « améliorer » les générations futures. Il a réussit. Il n’y a plus aucun virus, plus de maladie, de cancer.
Mais le prix à payer pour cette révolution biologique fut découvert trop tard, deux décennies plus tard : désormais tous les garçons meurent à l’âge de vingt-cinq ans, les jeunes femmes à vingt ans.
Ce bouleversement de l’espérance de vie va faire de la vie des femmes un véritable cauchemar. Enlevées de force et vendues comme épouses à de riches hommes, elles sont forcées à l’enfermement au nom de la survie de l’espèce. Et malheureusement pour Rhine, elle va faire partie des élues…

Un huis-clos magnifiquement angoissant

L’intégralité du roman se déroule dans la demeure où est enfermée Rhine avec deux autre jeunes filles. Elles vont toutes les trois être mariées et devenir alors des sœur-épouses et devoir honorer leurs devoirs conjugaux…
Difficile d’en dire plus sans en dévoiler trop, aussi allons nous nous concentrer sur le style du roman et ses personnages.

Écrit à la première personne par Rhine, elle incarne la féminité dans toute sa force et sa noblesse. Loin d’être prête à se soumettre à qui que se soit, elle essaye dès le premier jour de s’évader de sa prison dorée sans y parvenir… L’écriture, très fluide, nous fait partager les pensées de Rhine, ses sentiments versatiles envers ceux qui l’entourent, et ses désirs de vivre en liberté le peu de temps qu’il lui reste à vivre.

Mais l’histoire de notre héroïne ne serait pas aussi savoureuse sans la présence de ses deux sœurs épouses : Cecily et Jenna. Leur personnalité influence subtilement l’intrigue, laissant une Rhine et un lecteur perpétuellement sur le qui-vive.
Faux-semblants, jeux d’influence, récolte de faveurs auprès de leur époux, les jeunes mariées vont devoir composer afin d’être la favorite et ainsi avoir un peu plus de liberté…

En somme, Ephémère est une perle qui se dévore littéralement et réussit à faire naitre de fortes émotions à sa lecture. Sublimement terrible, le monde de Lauren DeStefano est à la fois dérangeant et fascinant pour la simple et bonne raison qu’il est très réaliste.
On n’attend qu’une seule chose, la suite, elle vient de sortir le 21 février dernier aux États-Unis. Patience donc, et très bonne lecture. Le tome 2, Fugitive, sortira le 17 août prochain.

Dans la même série (cliquez sur l’image pour lire la chronique) :

Le dernier Jardin 02

Interview : Rencontre avec Glenn Tavennec, créateur de la nouvelle collection pour adolescents : « R ».

   collection-r logo mini02Il est toujours intéressant de se positionner du point de vue de l’éditeur, notamment lorsqu’on assiste à la naissance d’une nouvelle collection. « R » est né officiellement en janvier dernier, lors de la sortie de son premier titre, La couleur de l’âme des anges, de Sophie-Audouin Mamikonian. Mais ce que l’on ne voit pas, c’est tout ce qui se déroule en amont. Du choix de la couverture en passant par l’achat de droits et les corrections des manuscrits, le travail d’éditeur est loin d’être de tout repos.

Glenn Tavennec a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à nos questions le temps d’une rencontre, et de nous illustrer à quel point le travail d’éditeur est un métier de passionné… et d’acharné.

Glenn Tavennec02Comment la création de la collection R s’est-elle faite ?

Depuis quelques années avec l’explosion de la série Uglies chez Pocket Jeunesse (Glenn Tavennec a travaillé plus de 7 ans en tant qu’éditeur chez Pocket Jeunesse), je me suis posé la question du public, il n’y avait pas de collection pour ados, c’était soit en adulte soit en Jeunesse… Alors, pour quel public est-ce ?
Nous sommes dans une époque du tout divertissement ; mais pas forcément dénué de fond, si des livres comme Uglies, Hunger Games ou encore Promise arrivent à toucher un autre âge et un public si large. On assiste à de plus en plus d’échanges de lectures au sein d’une même famille. Les parents lisent maintenant les livres de leur ados, soit par curiosité, soit pour en connaître le contenu.
Harry Potter, puis Twilight ont touchés et fédéré. Les familles se partagent de nombreux ouvrages entre eux. On assiste à la naissance d’une littérature pour tous, sans clivages.

Je me dis que c’est d’avantage par le plaisir que l’on peut pousser les gens hors de leur univers. J’ai commencé à lire avec Tolkien, et ce fut pour moi la découverte d’une autre littérature. Il faut également arrêter de dire que les ados ne lisent plus. Les ados lisent ! Nous n’avons jamais eu autant de lecteur ados depuis les deux dernières décennies.

Créer R, c’est aussi lutter contre ce sentiment d’injustice qui fait que la littérature ado est considérée parfois comme une non-littérature, uniquement « pour les jeunes ». Casser le tabou et les frontières est aussi une des raisons d’être de cette collection. Je ne voulais pas créer cette collection chez un éditeur jeunesse, je souhaitais marquer une réelle différence.

La couleur de l'âme des anges 01 miniLa fille de braises et de ronces 01 mini

Est-ce vous qui êtes venu vers l’éditeur ou l’inverse ?

Le contexte de la création de R se résume en un seul mot : dingue.
Après sept ans chez Pocket et un passage éclair chez le Seuil/La Martinière, j’ai demandé un rendez-vous avec le PDG de Robert Laffont, Mr Leonello Brandolini. Il m’a reçu dans les dix jours et après une heure de conversation et plus d’une quarantaine de pages de power point, l’affaire fut conclue, R allait naître (c’était en novembre 2010).

Concrètement, la collection R fut commencée en janvier 2011. Un an pour créer une collection, c’est très court, et une joyeuse traversée du désert, mais également le bonheur de faire quelque chose de différent.

A force de surproduire des ouvrages vaches à lait, on ne s’en sort plus. Un éditeur se doit de faire un réel travail sur les textes qu’il publie, et ce par respect pour les lecteurs. J’ai gardé mes traducteurs, ayant construit avec eux une relation de confiance, il en est de même avec les auteurs anglo-saxons et leurs traducteurs. Certains perdent de leur force en anglais, il faut donc les adapter, c’est un réel travail. On accompagne le livre jusqu’au bout, à la publication.
Le but étant d’offrir une littérature qui donne à voir et à rêver.

Sur les quatre ouvrages sortis pour le moment, deux sont des dystopies, est-ce un hasard ou souhaitez vous orienter vos publications sur ce genre bien particulier qui marche actuellement extrêmement bien avec Hunger Games ?

Je n’aime pas vraiment le terme « dystopie », trop marketing, je préfère le mot anticipation. Une anticipation que ne serait pas négative n’en serait pas une. Sinon ce serait une utopie. Ce genre littéraire est un véritable phénomène anglais dont ont doit les bases à Margaret Atwood, c’est elle qui en parlait avant tout le monde avec son roman La servante écarlate.

Pourquoi de si noires anticipations donc ? Car c’est quelque chose que nous sommes déjà en train de proposer à notre jeunesse : une dystopie. Ce que j’ai choisi d’éditer, ce sont des livres qui s’inscrivent sur une réflexion sur la société.
Les adolescents sont dans une période de leur vie où tout est possible, un véritable carrefour s’offre à eux, ces ouvrages leur permettent de se poser des questions sur leur avenir : Comment rêver mon quotidien ? Me projeter ? Aller de l’avant ?

Comment procédez-vous au choix de vos futures parutions ?

Tous les ouvrages publiés dans la collection R sont des coups de cœur de coups de cœur (voire, de coups de cœur). Je ne veux pas exploser le nombre de titres par an. Il ne faut pas se diluer dans du quantitatif. Les ados cherchent quelque chose qui soit différent. C’est encore plus de prise de risque pour moi et l’éditeur, mais c’est aussi plus excitant.
Je travaille d’abord avec F. Leroy qui doit atténuer mon enthousiasme ou le remonter ainsi qu’une équipe de lectrices rodées. Ensuite, il me faut convaincre le PDG de Robert Laffont, Leonello Brandolini.

Starters - tome 1La sélection mini

Allez-vous maintenir le rythme d’une parution par mois ?

Je vais toujours m’efforcer de garder ce rythme même si les suites de série impliqueront parfois plus. Suite de Starters, Le second et dernier tome de la couleur de l’âme des anges, la suite de la fille de braises et de ronces, etc…

Le graphisme des couvertures a une place de choix dans cette nouvelle collection, jusqu’à quel point décidez-vous de leur orientation ? Est-ce que toute traduction reprend nécessairement la couverture du pays d’origine ?

La couverture occupe bien plus qu’une grande place : l’impulsion d’achat se fait pratiquement au 3/4 au visuel. Il faut séduire et créer une histoire par le contact visuel, et surtout la quatrième de couverture ; ne pas trop en dire, mais aussi en dire assez pour interpeller le lecteur potentiel…
Les lecteurs sont toujours à la recherche de quelque chose de « plus nouveau ». Je suis le décideur sur les couvertures, je ne reprends pas nécessairement les couvertures étrangères. Les couvertures anglaises sont très universelles, parfois trop. L’idée est de mettre le livre à l’honneur et pas uniquement la tendance, c’est très important.
Par ex, pour Kaleb (sortie le 7 juin) et Phaenix (sortie en septembre) j’ai choisi vraiment de surprendre, de ne pas laisser indifférent, l’intérêt est de créer.

Night School 01 mini

Merci encore à Glenn Tavennec pour cette interview-conversation fort instructive d’un point de vue de libraire, mais également très intéressante pour les lecteurs, quels qu’ils soient. Nous n’avons plus qu’à espérer que cette nouvelle collection aura de beaux jours devant elle, ce qui semble pour le moment très bien parti, avec de beaux piliers en guise de base.

La naissance d’une collection, d’un éditeur (ou d’une librairie) étant toujours une heureuse nouvelle pour le monde de la culture.

Chronique : La peau des rêves – tome 2 – Nuit Brûlée

La peau des rêves  - 02

Retour en territoire hostile…

Second tome de la nouvelle série pour ados de Charlotte Bousquet, La peau des rêves, voici Nuit Brûlée. Publié aux éditions Galapagos, cette œuvre se propose de nous décrire un monde post-apocalyptique futuriste : cruel et désarticulé dont l’héroïne, Cléo, n’a pas froid aux yeux et qui porte en elle « la flamme ».

Chez « l’ennemi »

Comme dans le premier tome, nous suivons le récit de la femme prisonnière qui nous conte l’histoire de Cléo… mais entre temps, elle a fait une nouvelle promesse : celle de conter une autre histoire une fois celle-ci achevée (une promesse alléchante en perspective…).

Mais retournons à Cléo. Suite logique du premier tome, nous retrouvons Cléo dans le camp ennemi. Reniée par son clan de naissance, cette dernière a été emmenée et soignée dans le camp des Chimères (les hommes mi-hommes mi-animaux), où elle retrouve Lyn, sa jumelle découverte dans le premier tome. Ses relations tendues avec Axel, sont particulièrement étranges, tantôt amicales, tantôt franchement hostiles, on ne sait sur quoi se baser pour décrypter les sentiments de l’homme ailé tandis que ceux de Cléo sont également très fluctuants…

De plus, l’arrivée de la jeune fille au sein du Nid des chimères provoque beaucoup de polémiques dans le clan relativement uni des hommes-animaux. De nouveaux personnages font leur apparitions, simples, francs, ils sont tout simplement humains ; peut-être même plus que le clan dont vient Cléo…

Echos Shakespeariens

Outre l’intrigue amoureuse et la tentative d’intégration de Cléo, le cœur du récit se trouve dans cette lutte sanglante entre camps disparates. Charlotte Bousquet nous offre une vision à la fois actuelle et très futuriste de l’exclusion et du racisme sur des critères aussi absurdes que ceux que l’on connaît : à priori, physique, mode de vie, etc…

Comme dans le premier tome, nous retrouvons les très nombreuses références culturelles de l’auteure. L’intrigue nous fait retrouver les élans des tragédies d’antan avec un effet des plus réussit, le tout tournée avec une très belle plume, ce qui ne gâche rien.

Encore plus féroce que le premier si c’est possible, ce second tome est réussit à tous points de vue. La psychologie de certains personnages est poussée dans ses derniers retranchements pour nous donner des portraits absolument terrifiants. Vengeance, non-dits, malveillance, répulsion, c’est une vraie palette de la haine que nous décrit Charlotte Bousquet pour nous amener à des sentiments plus nobles par la suite…

Le récit de Cléo qui commençait comme une aventure avec une héroïne aventurière se termine en apothéose : sublime, grandiose, la fin en demi-teinte a ce petit goût de non-dit qui laisse le lecteur s’imaginer le pire comme le meilleur. Une fin à la hauteur de son héroïne et des valeurs qu’elle a véhiculées durant ces deux volumes.

Ces deux tomes sont une franche réussite, merci pour cette part de rêve dans le cauchemar. Ainsi s’achève le récit de Cléo, le troisième tome sera une nouvelle fable de la conteuse Gypsie nommée Najma. Elle nous promet pour la prochaine fois une histoire de sirènes…et on a déjà hâte.

Notons également les deux magnifiques couvertures signées Mélanie Delon. La première couverture représentait Cléo, la seconde étant un portrait d’Axel.

8/10

Chronique : La peau des rêves – tome 1 – Nuit Tatouée

La peau des rêves  - 01Une magnifique quête dans un Paris dévasté…

Premier roman inaugurant la nouvelle collection Galapagos (maison d’édition l’Archipel) dédiée aux adolescents, Nuit Tatouée nous plonge dans un Paris post-apocalyptique où la notion de méfiance et de prédation est omniprésente…

Son auteure, Charlotte Bousquet, est une habituée de l’écriture. Elle a notamment réalisé nombre de romans pour ados dans la collection Courants Noirs, chez Gulf Stream : Noire Lagune, Princesse des os. Elle écrit également pour les adultes avec ses romans parus chez Mnémos : Matricia, Cytheriae

Paris…comme ont ne l’a jamais vu.

Tout commence avec une prisonnière : Najma, une Gypsie qui possède un don incroyable, celui de conteuse. L’un des enfants du peuple qui la retient prisonnière remarque alors un jour ses étranges tatouages et lui demande ce qu’ils signifient. Najma explique alors que chaque tatouage raconte une histoire, celle de gens qu’elle a rencontrés. Alors quand l’enfant curieuse lui demande de lui en conter une, Najma ne peux que dire oui à cette demande, son don ne lui permet pas de refuser. Ainsi commence l’histoire de Cléo…

Bienvenue dans l’ancienne capitale de la France, ou plutôt ce qu’il en reste. Immeubles en ruines, paysages déchiquetés… c’est dans cet univers que vis la jeune Cléo avec son clan.

Clan qui a la même façon de fonctionner que ceux des hommes des cavernes, avec une guérisseuse, un chef, des guerriers, etc. L’humanité a connu un événement dévastateur inconnu qui l’a faite évoluer…vers une régression.

D’autres espèces ont également vu le jour : les Chimères, hybrides entre l’homme et l’animal, il y a également les dégénérés, des hommes cannibales qui donnent des assauts sur tous les regroupements d’hommes qu’ils croisent. Tous ces genres découlant de l’homme n’arrive pas à vivre en paix et s’entretuent dès qu’ils se croisent.

C’est dans ce monde cruel que depuis quelque temps, Cléo se pose des questions sur ses origines… plus le temps s’écoule, moins elle trouve sa place dans ce clan où chacun a une attribution qui lui est propre. Ce sentiment de différence va d’ailleurs en s’accentuant depuis qu’elle fait des cauchemars tous plus réalistes les uns que les autres…

Elle sait qu’elle a été adoptée, mais qui sont ses vrai parents ? Elle n’en sait absolument rien, et elle sent que la réponse sera importante pour son avenir…

Un univers dépeint avec efficacité

Le monde que nous offre Charlotte Bousquet est dangereusement imprévisible. Les risques de mort imminente y sont multiples. Cette approche très noire et pessimiste de notre avenir a un petit goût très plaisant, laissant le lecteur toujours sur le qui-vive, à l’image de Cléo.

Autre point fort de ce roman : la psychologie des personnages, ici exploitée avec brio. Ils sont tous très particuliers, chacun ayant des traits de caractères bien à lui, et comme l’univers dans lequel ils évoluent, ils sont imprévisibles.

C’est ce qui est le plus appréciable dans l’œuvre : l’intrigue ne suit pas un consensus où l’on sait d’avance qu’aucun des personnages important ne disparaîtra, tout est possible.

En plus de cela, l’auteur se permet de part sa passion pour les contes et les récits en tous genres immiscer de nombreuses références littéraires, notamment théâtrales. Le roman est habité par Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand et Horace de Corneille. Ce goût pour les tragédies, s’en ressent dans le passé sombre de Cléo, mais aussi dans certains pans son avenir…

Enfin, la relation conflictuelle entre Axel et Cléo est très intéressante, finement exploitée, déboussolante également, à vous de voir si vous y verrez plus clair que Cléo…

Ce premier tome est une très belle mise en abîme, à l’image des contes des Milles et Unes nuits, un récit débute, et l’on se retrouve plongé malgré nous dans une histoire dans l’histoire… Très bien réussi, parfait pour s’essayer à du post-apocalyptique avec une héroïne forte et attachante, d’autant que l’écriture est fluide et belle, ce qui ne gâche rien.

La suite avec la chronique du second tome de la peau des rêves : Nuit Brûlée.

8/10

Chronique manga : Suicide Island – Tome 1

Suicide Island 01Et si le Japon décidait d’expatrier tous ses suicidaires récidivistes sur une île déserte ?

Nouveau seinen publié aux éditions Kazé en novembre dernier, Suicide Island nous offre le portrait dérangeant et cruel d’une société pas si surréaliste qu’il n’y paraît. Il s’agit du premier manga paru en France créé par le trio Kouji Mori, Kenji Iked a et Ryôta Iguchi.

« Si je ne peux pas mourir, je n’ai pas d’autre choix que de vivre »

C’est ce que se dit le jeune Sei, un jeune homme d’une vingtaine d’année qui a déjà tenté de se suicider plusieurs fois après avoir été transféré sur «l’île du suicide ». Beaucoup de gens pensent que c’est une légende urbaine… mais pour les suicidés ratés de la société nippone, le mythe va devenir réalité.

C’est ainsi qu’une vingtaine de personnes sont débarquées sur la fameuse ile. Ils sont libres de faire ce qu’ils souhaitent : ils peuvent se jeter du haut d’une falaise ou essayer de survivre dans ce nouvel environnement qu’importe, puisqu’ils ont étés supprimés des registres d’Etat Civil.

Alors que vont-ils faire de cette opportunité ? Mettre enfin fin à leur jours ? Essayer de survivre ? De créer une nouvelle société ? Ou de revenir à leurs instincts les plus primaires ?

Vivre est-il un signe de faiblesse ?

La plupart des suicidaires récidivistes déposés sur l’île avec Sei ont en tout cas fait le pari fou d’essayer de survivre dans cet environnement qui, même s’il n’est pas hostile, n’est pas non plus convenable pour vivre. Chaque minute qui passe est une petite lutte contre la mort, la faim et la soif guettant les plus faibles d’entre eux…

Outre ces problèmes de premier ordre, les « survivants » vont devoir édicter leurs propres règles s’ils veulent pouvoir vivre en communauté… et c’est là que les travers les plus lugubres de l’homme font surface. Pervers refoulés, témoin passif d’horreurs, victime démunie… âmes sensibles s’abstenir. L’ambiance dépeinte est ici angoissante, malsaine, mettant à mal le lecteur.

La psychologie des personnages a ici une place prépondérante, et pour cause, leur vie dépend de leur capacité à s’accepter mutuellement. Et même s’ils ont en commun les affres de la souffrance, certains sont prêts à se libérer prenant le rôle à la fois craint et convoité du tortionnaire…

Suicide Island 01 insideCe premier tome introductif est donc très réussit, aussi bien pour son intrigue que pour son atmosphère sous haute pression (où l’on ne peut s’empêcher de ressentir la forte influence de Battle Royale). L’œuvre est aussi un moyen de critiquer la société japonaise, pour tous ceux qui « ne rentrent pas dans le moule » de cette dernière. Le seul reproche que l’on pourrait faire est au niveau du dessin des personnages. Certains ont des traits si semblables qu’il est facile de les confondre, perdant un peu le lecteur dans les dialogues et les enjeux.

A la fin de se premier tome, nombre de questions restent sans réponse et surtout de nouvelles surgissent. Sont-ils réellement ignorés pour toujours par la société ? Sont-ils seuls sur l’île ? Peut-être sont-ils les cobayes d’une expérience gouvernementale ? ou autre chose encore ?

En tout cas, Suicide Island est une curiosité qui séduira tout amateur d’huis-clos et de psychologie humaine poussée dans ses plus sombres retranchements. Cette nouvelle série est à classer entre Battle Royale et Sa majesté des mouches (ou Lost, pour comparer avec une œuvre cinématographique). A lire d’urgence ! Le second tome paraîtra le 22 février, affaire à suivre très bientôt donc !

8/10

AUTEUR :
GENRE : Horreur, Japon, Mangas
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Black Rain – Saison 1 – Episodes 1 et 2

Black Rain 01Welcome, to the « real » world.

Premier tome d’une série young-adult à la croisée entre le thriller psychologique et le cyberpunk, Black Rain revisite le genre « réalité virtuelle » avec une foule de références cinématographiques, musicales et littéraires.

Chris Debien, son auteur, n’en est pas à son premier roman. Il s’était déjà essayé à l’écriture de roman pour les jeunes entre 12 et 15 ans avec la très bonne série de fantasy les Chroniques de Kheradön (malheureusement épuisée maintenant). Il a également écrit un cycle de fantasy pour un public plus adulte : Le cycle de Lahm, chez J’ai Lu.

L’Inside, thérapie révolutionnaire pour jeunes personnes déséquilibrées

Adam est un adolescent comme les autres, son seul problème c’est qu’il entend des voix. Trois. Il vit dans un centre pour les jeunes qui comme lui ont un problème psychologique grave. Quand il est dans l’Inside, Adam s’évade, il oublie presque ses voix. Il y fait ce qu’il veut. Il peut courir dans les immenses rues créées par l’intelligence artificielle, aller dans les immenses buildings et même aller dans « La Zone Aveugle », un endroit caché de l’Inside où il ne peut pas être tracé par le Professeur.

Et dans cette Zone Aveugle, Adam y va avec son meilleur ami Vince. Ils y ont un secret : ils sont en train de réaliser leur rêve… écrire l’une des meilleures histoires de tous les temps.

Et c’est lors d’une de ces escapades dans la « Zone Aveugle » qu’Adam et Vince se retrouver face à un danger inconnu dans l’Inside. Eux qui pensaient être en sécurité vont craindre pour leur vie… et leur santé mentale, du moins ce qu’il en reste. Et puis il y a cette pluie noire qui s’abat dur l’Inside, comme pour les prévenir du pire…

Un roman aux fortes influences cyberpunk

Pour ceux qui ne sont pas familiers des réalités virtuelles et autres technologies futuristes alliant l’homme à la machine, Black Rain est une introduction très accessible au genre cyberpunk. Cette branche de la science-fiction est spécialisée dans les monde ultra-technologique ou rien ne se fait sans un ordinateur ou des IA (intelligence artificielle) et où les êtres humains peuvent « se brancher » à un terminal leur permettant d’entrer dans une réalité virtuelle (ex : le film Matrix).

Les figures du genre telles que Mel Gibson et Philip K Dick ne sont pas loin, et Chris Debien n’hésite d’ailleurs pas à citer Dick pour l’une de ses célèbres phrases : « La réalité n’est qu’un point de vue », phrase d’autant plus percutante aux vues des problèmes de visions et de voix récurent que vit Adam.

Ici, la réalité virtuelle créée par Chris Debien, l’Inside, a une particularité notable : elle sert à guérir des personnes atteintes de maladies mentales… comment ? Vous le saurez bien assez tôt…

La première partie du roman est la plus déroutante, car ont ne sait pas où l’on a atterri. Violent et cruel, l’Inside ne vous laissera aucun répit. Le rythme est soutenu, et ont suit les deux protagonistes sans n’avoir aucune idée de là où l’on veut nous emmener. Une expérience en demi-teinte qui ne séduira pas forcément immédiatement.

Il vous faudra attendre le second « épisode » pour comprendre tous les éléments du premier. Une fois tous les éléments imbriqués, le tableau final est sinistre et surtout laisse le lecteur impatient d’en savoir plus sur le fameux organisme qui s’occupe des jeunes malades, et surtout, dans quel but…

Une série qui emprunte sans réserve les codes de la cinématographie

Black Rain est un roman très déroutant au premier abord. Truffé de références littéraires,  musicales, et cinématographiques, le lecteur doit s’accrocher dès le début dans cet univers très dense.

Chris Debien ne cesse d’emprunter au cinéma de nombreux éléments de son histoire. Mais c’est également la mise en forme du livre qui en fait une continuité au monde de l’image. On ne parle pas ici d’un premier tome divisé en deux parties, mais d’une saison 1 et de l’épisode un et deux. De plus, les deux premier « épisodes » ont droit à une bande-annonce comme toute série digne de ce nom. Cette bande-annonce se traduisant en fait par cinq planches de bande-dessinée.

Le plaisir de lecture est décuplé quand on devine à quoi fait référence tel ou tel élément du livre. Ainsi, on passe du film allemand Run Lola Run (Cours Lola Cours en France) au manga Ghost in the Shell tout en ayant en même temps de très nombreuses références musicales, en particulier dans la branche Metal du Rock (Evanescence, Rammstein, Symphony X…).

En somme, c’est un vrai jeu que de trouver l’œuvre d’origine. A vous de découvrir également les références parfois moins évidentes…

En somme Black Rain est un livre original qui plaira certainement à des adolescents dès l’âge de 15 ans. Il ne faut pas se laisser déstabiliser par la première partie (dont le but est bien de nous perdre dans l’Inside) pour pouvoir apprécier la seconde. Très noir, ce roman ne laisse aucune place aux bons sentiments et nous montre le plus vil de l’homme…

Un tome introductif qui je l’espère laisse présager du meilleur par la suite… à bientôt pour le prochain épisode.

Chronique : L’homme bicentenaire

L'homme bicentenaireUn très bon recueil pour un retour aux sources des plus enthousiasmant

Isaac Asimov, scientifique et écrivain de science-fiction mondialement connu n’est plus à présenter. Il est surtout célèbre pour son cycle des Robots et ses « trois lois de la robotique » qu’il a inventées. Il a remporté de nombreuses fois des grands prix de science-fiction tels que le prix Locus, le prix Nebula, ou encore le prix Hugo.
L’homme bicentenaire ici présenté est une réédition parue chez Folio SF constitué de nouvelles aussi bien de nouvelles en rapport avec son univers des robots que des short-stories faites sur commande pour des magazines de science-fiction ou autres.

Nouvelles à chute et anticipation

Parmi les douze nouvelles au total que contient ce recueil, nous en retiendront quelques-unes en particulier pour le message qu’elles contiennent ainsi que leur poésie, leur beauté.
Toutes sont basées sur les fameuses trois lois de la Robotique crées par Isaac Asimov, mais chaque nouvelle a une façon bien a elle d’en user ou de les détourner avec art, rendant ces courtes histoires fascinantes et laissant au lecteur une seule envie : celle de les relire et d’y penser posément, d’imaginer toutes les possibilités que nous offre l’auteur.

Voici une liste des nouvelles les plus marquantes selon moi :

La vie et les œuvres de Multivac : Les hommes ont créés les robots et ne peuvent plus se passer d’eux, à tel point que la moindre de leur action nécessite l’autorisation d’un robot dès qu’elle sort du cadre normal. Multivac est la centrale des Robots, l’entité par laquelle tout passe aussi bien les ordres donnés aux robots que le fonctionnement d’équipements moins élaborés. Mais certains humains commencent à trouver cette « assistance » bien trop pesante et communiquent en secret pour parler de cette dictature en douceur des machines.

L’homme bicentenaire : Nouvelle incontournable de l’œuvre d’Asimov, elle a été adaptée au cinéma en 1999. Le problème soulevé par Asimov est très simple : qu’est-ce qui différencie un être humain d’un robot ? Est-ce que ce sont ses organes qui déterminent son humanité ? Son apparence ? Sa façon de penser ? Son niveau d’intelligence ? Ou autre chose encore ?
Un magnifique récite empli de beauté qui ne laissera pas indifférent.

Trombes d’eau : Très bien pensé, ce récit de qualité fait partie de ceux dont il faut en dire le moins possible afin de garder le mystère intact. Un huis clos des plus immersifs.

Isaac Asimov a également une vision des plus philosophique quand à l’homme et à ses motivations, ses aspirations. Certaines de ces nouvelles (Pour que tu t’y intéresses, L’homme bicentenaire) sont une façon de remettre en question l’homme lui-même et ce qui fait son statu d’homme dans la société.

Ces questions sont et resteront encore pour longtemps d’actualité. Et c’est aussi ce qui fait la popularité d’Isaac Asimov depuis aussi longtemps : sa capacité à soulever les questions éthiques et existentielles qui étaient pertinentes à l’époque et qui le sont toujours maintenant.
A lire et à relire sans modération !

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

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