Chronique : L’Année de Grâce

Un roman young-adult percutant qui donne à réfléchir, longtemps après sa lecture…

Paru en fin d’année 2020 aux éditions Casterman, l’ouvrage L’année de grâce était très attendu en France par de nombreuses personnes. Pourquoi ? Car il a eu un beau succès outre-Atlantique, et qu’il est présenté comme la fusion entre La servante écarlate et Hunger Games. Et bien ce n’est pas usurpé !

Il s’agit du premier roman de Kim Liggett à paraître en France mais elle a déjà d’autres ouvrages à son actif. Une chose est sûre cependant, c’est celui qui a le plus marqué ses lecteurs…

Une société patriarcale à la temporalité floue

Nous ne savons où ni quand se passe L’année de Grâce, il semble que ce soit dans l’avenir mais ce n’est pas le plus important.

Ce qu’il faut retenir, c’est que nous sommes dans un lieu et une époque où les femmes ont à peine le droit d’exister. Elles vivent en pointillés, leur vie étant gérée de leur naissance à leur mort par les hommes… Les femmes sont des biens que l’on échange, troque par le biais des mariages, et l’amour n’a rien à voir là-dedans.

C’est dans cet univers cruel et anxiogène que vit Tierney, une adolescente qui est à quelques heure de vivre son année de grâce. Qu’est-ce donc ? Celles qui y ont survécu n’en parlent pas, c’est interdit. Et celles qui vont y aller craignent le pire tant le secret autour de cette année charnière de leur vie est complet. 

L’heure est venue pour Tierney et de nombreuses autre de jeunes femmes de partit s’isoler et vivre leur année de grâce. Quand elle reviendrons (si elles reviennent), elles seront privées de leur « magie » si crainte par les hommes et pourrons se marier à celui qui les a choisies…

Un texte beau et terrible qui donne à réfléchir encore et toujours sur la condition féminine passée, présente et future

L’année de grâce est le genre d’ouvrage à la fois violent, terrible et nécessaire pour ne jamais céder sur le peu de droits et libertés que les femmes ont par rapport aux hommes. Et continuer à se battre pour avoir l’égalité sur tous les plans.

Il montre à quel point les choses peuvent être pernicieuses, sournoises et comment il est facile de céder à un système patriarcal très bien installé.

Heureusement, Tierney est là pour nous réveiller et nous faire ouvrir les yeux. Son attitude rebelle, sa « magie » que certain.e.s craignent, sa combativité sont mémorables. Elle fait partie des héroïnes fortes issue des meilleures dystopies.

Quand l’éditeur présente l’ouvrage comme une fusion entre Sa majesté des mouches, Hunger Games et La servante écarlate on pourrait penser à un argument de vente. Mais il n’en est rien ! L’année de grâce est réellement l’association de ces trois œuvres majeures toutes mémorables à leur façon.

Il y a de la violence dans ce roman, mais pas nécessairement où on l’attend. Les hommes sont manipulateurs amoraux certes, mais les femmes entre elles font les trois quart du travail de sape pour les hommes eux-mêmes sans s’en rendre compte. C’est là que réside le génie et l’atrocité de la chose… Les décisions courageuses et téméraires de Tierney vont peut-être ouvrir la voie à autre chose dans l’avenir… mais ce sera aussi long que douloureux, soyez-en sûrs.

J’ai beaucoup aimé ce roman à la fin atypique en demi-teinte et pas nécessairement retentissante. C’est plus un chuchotement qui va rester dans votre tête qu’une explosion finale. Et c’est peut-être la meilleure solution pour traverser le temps et les méfaits de la société dans laquelle vit Tierney…

A découvrir dès l’âge de 14 ans minimum, puis sans aucune limite. Je suis persuadée que quantité d’adultes pourront lire et apprécier cet ouvrage.

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