Chronique : Un blog trop mortel

un blog trop mortelImmersion réussie en territoire zombie

En cette année 2011, Fleuve Noir met à l’honneur la littérature fantastique pour young adults avec une toute nouvelle collection : Territoires. Destinée aux 14 et plus, cette collection a pour vocation de proposer à un public entre-deux âges des lectures lisibles aussi bien pour eux que pour des adultes.
Deux titres viennent de paraître en avril dans la nouvelle collection, le tome 1 de Chat Blanc de Holly Black et Un blog trop mortel de Madeleine Roux.

Une tueuse de zombie blogueuse

Alisson Hewitt est la leader de son « clan » de survivants ; les sales décisions, c’est elle qui les prends, les expéditions pour aller chercher de la nourriture pour tous, c’est elle aussi, mais elle est en fait loin d’être une héroïne. Allisson Hewitt est avant tout une jeune femme coincée avec ses collègues dans la réserve du supermarché dans lequel elle travaillait comme libraire avant l’Invasion, et elle déteste devoir tout gérer. En effet, les morts ne le sont plus vraiment, et les vivants luttent pour le rester. Alors que le monde est plongé dans le chaos, Alisson tient un blog sur ce qui reste du réseau Internet. Officiellement pour coucher ses idées sur la toile ; en réalité pour ne pas complètement péter les plombs.

Un univers immersif et impitoyable

Un blog trop mortel est un roman imprégné par une tension qui doit beaucoup à une ambiance pesante et la psychologie des personnages. L’horreur de la situation vécue par ces derniers, teintée d’un soupçon d’humour et de cynisme, crée toutefois une atmosphère originale.
Le réalisme avec lequel les personnages sont traités, leur profondeur, leur façon d’interagir font plus que fonctionner, on s’y croit, on a presque le sentiment d’être enfermé avec eux, de participer aux « intrigues » internes.
C’est ici ce que l’auteur déploie son talent : en créant des personnages prévisibles dans la vie de tout les jours mais complètement ambivalents voire schizophrènes dans ce nouveau monde, donnant d’autant plus de poids à leurs actions ou à leur moindre parole.

De plus, les scènes vécues par les personnages illustrent aussi les principes de base à respecter absolument en cas d’invasion zombie, ceux que Max Brooks expliquaient déjà dans son Guide de survie en territoire zombie : ne faire confiance à personne, avoir toujours une arme sur soi, se rationner, trouver plusieurs fonctions à un seul objet pour en porter le moins possible…

Ce livre post-apocalyptique contient également de bonnes idées originales qu’il convient de relever.
Madeleine Roux a imaginé certains de ses personnages perdant complètement le sens des réalités (rien d’illogique), certains n’hésiteraient pas à créer une sorte de secte au but vraiment très sombre… Il ne faut pas trop en savoir avant de lire le livre, pour ne pas gâcher son plaisir, mais on peut tout de même indiquer que l’idée est très bonne, faisant réfléchir de par sa plausibilité dans un contexte catastrophique et malsain.

L’auteur (ou son éditeur ?) a également créé de la valeur ajoutée à son roman en créant un blog sur Internet, Un blog trop mortel apparaît alors comme le texte intégral du blog d’Allisson Hewitt (http://helptheyarecoming.wordpress.com/). Chaque chapitre correspond à un post du jour, avec son lot de commentaires provenant d’autres survivants à travers les Etats-Unis. Le lecteur peut donc poursuivre l’aventure dans un univers qui ne paraît que plus solide.

En conclusion, Un blog trop mortel est un one-shot détonnant qui ajoute vraiment quelque chose au genre tout en reprenant les codes. À ajouter à sa bibliothèque zombiesque si on en a une. Si on n’en a pas, voilà l’occasion d’en créer une : ce roman se dévore littéralement. Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF

 

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