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Chronique : Doregon – Tome 2 – La guerre de l’ombre

Doregon 02Et maintenant, l’affrontement…

Second tome de la trilogie des Portes de Doregon, La guerre de l’ombre nous offre enfin la rencontre magistrale et tant attendue entre Mia et ses plus grandes peurs : la perte de l’être aimé et la confrontation avec son demi-frère Moone. Un second tome aussi fascinant que le précédent et qui annonce de belles surprises…

De retour en Doregon

Du temps a passé depuis que Mia a découvert pour la première fois Doregon. Elle sait maintenant se servir un peu mieux de ses pouvoirs et connaît les responsabilités et les sacrifices qu’implique le fait d’être le gardien de ce monde-portail.

Mais le plus dur reste à faire pour Mia : elle va devoir affronter Moone, dont la soif de pouvoir et de beauté menace de détruire Doregon et tous les mondes qui y sont entreposés.

« Ce qui va se passer…maintenant que les lignes du temps ont été modifiées »

Encore une fois, les jeux dans les passés et futurs possibles sont très présents, et il vous faudra avoir un minimum de concentration pour bien suivre le fil de l’histoire qui se corse un tantinet.

On en apprend encore un peu plus sur les mystérieux mondes de Doregon ainsi que la façon dont ils sont créés et comment faire pour les protéger d’une possible invasion ennemie. C’est là que l’on commence à apercevoir toute l’étendue de cet univers unique qui n’a pas fini de nous étonner.

Des moments complices, de l’humour, La guerre de l’ombre n’en est pas dépourvue, car elle nous permet de voir sous un nouvel angle la relation fusionnelle qu’entretient Mia avec Josh, mais aussi celle beaucoup plus malsaine, de Moone avec sa « sœur ».

Le début d’une guerre âpre s’annonce, et nous lecteurs, en sommes les spectateurs fascinés et impuissants. Tout se précipite dans ce second tome, on passe de révélations en surprises sans discontinuer.

La guerre de l’ombre, est donc une très bonne suite, elle ravira certainement tous ceux qui auront l’envie de tenter l’avenure, toujours dès l’âge de treize ans jusqu’à beaucoup plus grand. Vivement le troisième et dernier tome : les cracheurs de lumière, à paraître au printemps 2012.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Chronique BD Jeunesse : Hôtel Etrange – Tome 2 – La mélodie du Grogrouille

Hotel etrange 02Une nouvelle incursion dans l’univers merveilleux de l’Hôtel Etrange.

Second tome de la série de bd Hôtel Etrange, La mélodie du Grogrouille nous permet de renouer avec les personnages attachants découverts dans le premier tome : Kaki, Marietta, Mr Snarf et les autres sont là, et toujours fidèles à eux-mêmes !

Toujours édité aux éditions Sarbacanne, cet ouvrage sort un an demi après l’arrivée du premier tome, et Katherine et Florian Ferrier nous ont encore préparé de belles surprises.

L’été à l’Hôtel étrange…

Tous les résidents de l’Hôtel sont en pleins préparatifs pour la fête de la musique. Tous sauf… Kaki, la petite créature violette et polissonne qui n’arrête pas de se plaindre et encore de mauvaise humeur et ne demande qu’une chose : la paix. Mais impossible à avoir quand tout le monde est en train de clouer quelque chose ou de faire une répétition de chorale… Kaki s’en va donc le plus loin possible de tout ce tintamarre pour tomber sur… le Grogrouille.

Cette étrange créature a beau avoir un nom terrifiant elle est fait tout à fait inoffensive, et tout ce qu’elle demande, c’est de participer à la fête de la musique en chantant. Le seul problème, et de taille, c’est que le grogrouille chante faux, et même très faux et qu’il ne faudrait pas vexer une aussi grande créature.

Hotel etrange 02 livresEncore un mystère à résoudre pour Marietta et ses amis

Le problème du Grogrouille n’est qu’une partie de l’intrigue, on fait aussi la connaissance de trois brigands (ça ne vous rappelle pas quelques chose ?) qui vont faire une belle frayeur à nos héros. Comme dans le précédent tome on retrouve l’humour qui avait si bien fonctionné, mais aussi les magnifiques illustrations pleines de vies et de couleurs de Katherine Ferrier avec sa façon d’ajouter de petits détails drôles et subtils.

La plus grande force de cette série réside dans le charisme et la facilité de reconnaissance de ses personnages. Kaki, le bonhomme violet jamais content, Mr Snarf, étrange créature qui brille dans le noir et parle étrangement (quand il ouvre la parole, ses bulles sont les seules à être « dégoulinantes ») ou encore Mr Léclair, le grand érudit qui ne peut passer une seconde sans un livre. Tous on un signe de reconnaissance fort et une vraie personnalité, les auteurs l’on bien compris en cultivant cette originalité.

Et donc encore une fois, pari réussi pour le couple d’auteurs. On ne peut qu’aimer l’Hôtel Etrange, c’est drôle, beau, rempli d’imagination et ça ravira tous les enfants dès l’âge de sept ans, et nous aussi les grands.

10/10

Chronique : Doregon – Tome 1 – Les portes de Doregon

Doregon 01A la découverte d’un univers unique, fascinant, envoûtant.

Carina Rozenfeld est une auteur de fantastique de nationalité française. Elle a notamment écrit la série La quête des Livre-monde, paru chez Intervista qui a rencontré un beau succès (et qui devrait bientôt être réédité), Les clefs de Babel paru chez Soon (la collection SF ado de Nathan) qui a remporté de nombreux prix, ou encore Lucille et les dragons sourds chez Kryos.

Doregon, le monde imaginé et peint par une artiste

Mia est une jeune femme passionnée par la peinture. Elle suit des cours au Beaux-Arts ; son frère Moone quand à lui est un artiste-photographe réputé et reconnu, et sa mère disparue depuis longtemps a su elle aussi à sa façon lui transmettre cette passion.

Et la soirée de vernissage à laquelle on assiste nous lecteur, est déterminante : pour Mia, pour Moone, pour Josh, mais aussi pour Doregon… mais qu’est Doregon ? C’est simple, c’est le monde que Mia a inventé, dessiné et peint. Mais c’est en fait bien plus que l’univers qui sort de la tête d’une artiste de talent… Doregon existe et existait bien avant que Mia ne l’imagine, et ses tableaux sont en réalité des passerelles pour se rendre en Doregon…

Une intrigue fascinante, des personnages mémorables

Les portes de Doregon est un roman surprenant par bien des aspects : non contente de se réapproprier le genre fantastique, Carina Rozenfeld créé ici un univers tout à fait original.

Les mondes-passerelles ne sont pas nouveaux en soi, mais l’utilisation que l’auteur en fait, et l’explication du monde et de son agencement nous poussent à y voir un monde fouillé, très détaillé et totalement enchanteur.

Et même si au début du roman le lecteur a un peu de mal à se situer d’un point de vue chronologique, l’horreur de la situation ne tarde pas à être révélée. Car en plus de voyager entre les mondes, le temps est lui aussi une donnée malléable, d’ailleurs, les différentes parties sont distinguées selon leur chronologie : Partie 1 : Ce qui se passe, Partie 2 : Ce qui aurait dû se passer

En plus de cela, les personnages sont peu nombreux mais extrêmements fascinants, leur psychologie étant très « complexe » (quand je dis complexe, entendez très creusée et non pas compliquée).

Ainsi vous avez le personnage central, Mia, héroïne et victime à la fois. Josh, le petit ami de Mia, mais aussi bien plus que cela. Moone, le demi-frère de Mia, qui est à la fois la source de beaucoup de joies et de malheurs pour Mia de par ses ambiguïtés, c’est aussi le personnage le plus intéressant dans sa personnalité. Enfin, il y a Garmon, sorte de maître spirituel pour Mia, c’est lui qui fera son apprentissage du monde de Doregon.

Voilà pour les personnages humains, il reste juste une espèce dont nous n’avons pas encore parlé : les lymbiotes (terme créé par l’auteur, mélange du mot lynx et symbiote). Ces créatures étranges et uniques ont un don très spécial et peuvent se lier par l’esprit pour la vie avec un humain, et un seul, mais rares sont les élus à avoir cette chances.

L’univers quand à lui nécessiterai bien plus qu’une simple chronique pour le décrire et l’expliquer clairement, aussi je vous recommande plutôt de vous précipiter sur cet ouvrage qui mérite d’être connu, et qui se dévore littéralement. Bien que publié chez l’Atalante jeunesse, ce livre s’adresse à un public âgé d’au moins treize ans et plaira tout autant aux adultes.

Prochaine chronique sur la suite des portes de Doregon : La guerre de l’ombre ; quand au troisième tome : Les cracheurs de lumière, il devrait sortir au printemps 2012.

9.5/10

Chronique : Prophétie – Tome 1 – Le maître du jeu

prophétie - tome 1 - le maitre du jeuUne prophétie Maya pour ultimatum…

Premier tome d’une trilogie très attendue au tournant, Prophétie, Le Maître du jeu est un roman destiné aux jeunes lecteurs dès l’âge de 11 ans. Bayard jeunesse est un de ces éditeurs qui nous surprend par ses façons de mettre en avant un livre. Après Cathy’s Book, un des premiers livres interactifs publié en France qui avait rencontré un succès fulgurant, ou encore Skeleton Creek, sorti en début d’année qui proposait au lecteur de regarder des vidéos au fur et à mesure des chapitres, Prophétie se propose d’être un livre-objet, car il sera fourni avec un plateau de jeu maya et parallèlement, un site web sera ouvert pour jouer en ligne avec ledit plateau sur prophetie-lelivre.fr.

Les auteurs de Prophétie des auteurs qui n’en sont pas à leur premier roman : Mel Odom a écrit de nombreux livres pour des licences telles que Hellgate ou encore Diablo ; quand à Jordan Weisman, il n’est autre que le créateur du concept de Cathy’s Book.

Une mystérieuse boite de jeu maya.

Nathan, un jeune garçon d’une douzaine d’années a une vie un peu particulière, même avant son aventure. Il vit avec son père, son oncle et sa cousine qu’il déteste, il n’a jamais connu sa mère, morte en le mettant au monde. Son père exerce le métier d’archéologue, il est fasciné par tout ce qui date de plus de cinq-cents ans, mais ignore totalement son fils. Nathan ne sait pas grand-chose de sa mère à part le fait qu’elle avait des origines maya, et qu’elle l’avait désiré de tout son cœur.

Mais l’aventure commence vraiment lors d’une soirée comme les autres, où Nathan est dans sa chambre, il entend soudain un cliquetis régulier qui proviens de la chambre de son père… c’est ainsi qu’il trouve une boite jeu maya, et une photo de sa mère avant sa naissance et qu’il fait la rencontre…d’un ancien dieu maya : Kukulkan.

Ce dernier lui propose un défi simple qu’il n’a pas le droit de refuser : jouer contre lui pour sauver une humanité qui selon le dieu perd ses valeurs ; Nathan doit lui prouver par sa façon de jouer, et de penser, que l’homme mérite d’être sauvée… mais difficile de jouer à un jeu dont on ignore les règles…

Un roman jeunesse ficelé comme un policier

Prophétie est bien entendu un prétexte pour traiter d’une thématique d’actualité : selon le calendrier maya qui s’arrête le 21 décembre 2012, l’humanité est censée connaître un grand bouleversement. Et ce fil conducteur nous permet de découvrir la culture Maya, peu exploitée dans la littérature jeunesse et fort intéressante, en particulier en ce qui concerne les traditions et sa mythologie. On aurait d’ailleurs aimé en savoir un peu plus sur cette culture méconnue, avec pourquoi pas, un petit dossier de quelques pages à la fin du livre comme ça se fait parfois.

En ce qui concerne les fils de l’intrigue, Prophétie est clairement un roman policier à la base, même s’il utilise également les archétypes d’un roman fantastique : prophétie, élu, etc. D’ailleurs, ce côté enquête est plutôt réussi, et sans être extrêmement élaboré, il conviendra parfaitement à la cible, entre 10 et 14 ans.

En somme, Prophétie – le maître du jeu est un bon premier tome dont on espère une suite au  moins aussi bonne. Le plus, étant bien entendu le plateau de jeu fourni avec le livre, qui permettra aux jeunes femmes de prolonger l’aventure après sa lecture. Il semblerait aussi que le lecteur puisse « dépasser » le stade de l’enquête atteind par Nathan en jouant en ligne sur le site prophetie-lelivre.fr.

Affaire à suivre pour la suite, qui verra le jour en cours d’année prochaine, pour un final avant la fin du monde…

7/10

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Comme des fantômes

comme des fantomesUn faux ouvrage posthume sauvé des flammes…

Fabrice Colin, auteur français très prolifique (surtout dans le domaine fantastique) notamment connu pour ses romans adultes : Confessions d’un automate mangeur d’opium, Le syndrome Godzilla, et également pour ses romans jeunesse : la série Les étranges sœurs Wilcox, ou encore le Projet oXatan.

Comme des fantômes, précédemment publié aux éditions des Moutons Electriques, et maintenant publié en poche aux éditions Folio SF, est une compilation d’idées, de nouvelles, dont certaines épuisées, et fait aussi office de faux ouvrage posthume.

Dans le monde foisonnant et déconcertant de Fabrice Colin

Difficile de parler de ce recueil si abondant de nouvelles et dont chacune a son univers propre. On passe du steampunk, à l’histoire vampirique tout en faisant un détour par le fantastique et la fantasy urbaine. On croise aussi de courts textes ainsi que des dialogues, réels et fictifs, sur la vie passée de Fabrice Colin, ses relations avec les autres auteurs, les éditeurs.

Beaucoup de genres et de styles se confondent pour donner un recueil intéressant et surtout très hétéroclite. Nous n’allons évidemment pas traiter de toutes les nouvelles contenue dans ce livre, car elles sont très nombreuses (plus d’une vingtaine), mais uniquement de celles qui sont, selon moi, les plus marquantes et les plus appréciables.

Intervention forcée en milieu crépusculaire est sans doute la plus poétique des nouvelles, mais aussi la plus étrange. Le lecteur se retrouve plongé dans un monde mourant, pourrissant, coincé avec le personnage principal dans une pièce où s’affrontent du regard deux hommes inspirés des héros de Jules Verne. Etrange, direz-vous… et vous n’êtes pas au bout de vos surprises.

Passer la rivière sans toi, nouvelle aux échos féeriques très touchants séduira par son écriture intimiste. Elle nous raconte l’histoire d’une jeune femme vivant à New York qui a des ascendances féeriques. Tiraillée entre ses origines et le monde où elle a toujours vécu, la jeune femme trouvera un moyen de concilier (douloureusement) les deux. Magnifique.

Arnastapi, très belle nouvelle sur l’oubli et la maladie est aussi un beau clin d’œil à l’œuvre de Caroll, car la vieille Miss Liddell n’est autre qu’Alice, et son chat semant des sourires dans toute la pièce est bien plus qu’un simple matou… mais Miss Liddell a tout oublié, hormis certains épisodes de sa jeunesse.

Seul témoin de la longue descente d’Alice : le jeune homme qui la garde et qui prend soin d’elle et dont elle écorche en permanence le nom. L’écriture de cette nouvelle est simple, percutante, empreinte d’une triste et douce poésie.

« Je pose mes lèvres sur sa peau. J’ai l’impression d’embrasser un vieux livre ».

Vous l’aurez remarqué, ce recueil de nouvelles est rempli d’hommages à des classiques de la littérature, Alice au pays des merveilles, Jules Verne ou encore Peter Pan, Fabrice Colin se joue des codes et des références.

Mais vous trouverez aussi nombre de récits « originaux » tels que Retour aux affaires, une histoire de fantômes et d’arnaques bien tournée et d’autres histoires étranges dont une vampirique très réussie.

Alors, bien sûr, parmi la vingtaine de nouvelles que contient Comme des Fantômes, tout n’est pas bon à prendre, mais la majorité des écrits qui nous sont offerts ici sont plaisants et feront passer un très agréable moment à tout amateur de fantastique et de belle plume.

Cette chronique a été réalisée pour la site ActuSF

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Chronique : L’épouse de bois

L'épouse de boisEntre poésie, nature et féérie…dans les terres arides et hypnotiques de l’Arizona

Premier roman (et pour le moment le seul) de Terri Windling paru en France, l’épouse de bois était sorti en 2010 aux éditions les Moutons électriques dans la collection La bibliothèque Voltaïque avant de sortir en poche en juin dernier chez Le livre de poche.

Loin d’être uniquement écrivain et anthologiste, Terri Windling est aussi dessinatrice, peintre et directrice littéraire. Elle travaille également sur des ouvrages concernant la féérie en collaboration avec le couple Brian et Wendy Froud.

Une mort inexpliquée

Tout commence à Tucson, dans l’Arizona à la frontière du Mexique, où le célèbre (et fictif) poète Davis Cooper vient de trouver la mort dans d’étranges circonstances. C’est ainsi que l’auteure Maggie Black hérite bien malgré elle de la maison de l’écrivain, qu’elle n’avait connu que de façon épistolaire… elle décide alors de s’atteler à une tâche titanesque : réaliser la biographie de cet homme qui a été son père spirituel.

S’installer dans la dernière demeure du poète deviens donc une évidence pour Maggie pour s’imprégner de la façon de penser de Cooper avant qu’il ne quitte cette terre de façon si abrupte.

brian froud 01Un roman fantastique aux échos réalistes

Beaucoup des éléments qui constituent L’épouse de bois sont réels ou tout du moins très inspirés de la vie de l’auteure. Terri Windling vit entre l’Angleterre et Tucson (dans l’Arizona), tout comme le personnage central du roman : Maggie Black.

Et tout comme son personnage, l’auteur entretien un lien très fort avec les arts aussi bien littéraires que visuels.  L’illustrateur féérique Brian Froud, (ami de Terri Windling dans la vraie vie), trouve lui aussi sa place dans cette fresque placée entre nature et imaginaire. Cette relation fusionnelle qu’entretien ici l’homme avec la nature est d’une importance capitale pour apprécier l’œuvre dans son entier.

Une autre vision de la fantasy

L’épouse de bois est typiquement le genre de roman qui redonne un souffle de vie au genre de la fantasy. Bien loin des quêtes épiques et des créatures mythiques, on entre dans un univers feutré, mystérieux empli d’une beauté bien souvent silencieuse.

Cette vision d’une fantasy naturaliste fait penser au roman de Robin Hobb, Le dieu dans l’ombre, également centré sur la beauté de la nature, sa façon de nous envouter et de nous amener à croire en des créatures évanescentes, fuyantes mais également dangereuses…

Autant le dire tout de suite, l’intrigue de la mort de Davis Cooper passe très vite au second plan, car la raison d’être de ce roman, ce sont ses descriptions foisonnantes de paysages mythiques, de collines rougeoyantes sous le soleil du soir… et on est servis, une fois l’épouse de bois terminée, les grands espaces désertiques décrits tout le long sont comme un appel des sirènes… Le rythme d’écriture est donc assez lent (parfois trop), mais on passe vite outre pour laisser place à une rêverie continuelle.

L’épouse de bois n’est pas un roman de suspense, ni même un roman de fantasy comme on l’entend habituellement, mais il est de la trempe de ceux qui marquent durablement les esprits. Espérons que cette première incursion dans le monde féérique de Terri Windling donne envie aux éditeurs français de nous offrir d’autres occasions de la découvrir.

7.5/10

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique Jeunesse : Alice au pays des merveilles – un Pop-up aux éditions du Seuil par Sabuda.

Alice Seuil

Fiche signalétique :

  • Edition : Seuil Jeunesse
  • Illustrateur : Robert Sabuda
  • Traduction : Henri Parisot (extraits)
  • Type : Album Pop-up, livre jeunesse.
  • Date de sortie : 2 novembre 2004
  • Prix : 30€
  • Isbn : 9782020678513

Voici le premier ouvrage qui ouvre le dossier consacré à Alice au pays des merveilles, et pour son côté exceptionnel, il méritait d’ouvrir le bal.

Ce livre pop-up d’alice au paux des merveilles est tout simplement un indispensable, que l’on soit fan d’alice ou non. Réalisé par Robert Sabuda, réputé pour ses magnifiques livres animés (les magnifiques pop-up de Peter Pan, du magicien d’Oz, ou encore l’encyclodino, c’est lui).

Pour ceux qui ne sauraient pas ce qu’est un livre pop-up, c’est très simple, il s’agit d’un ouvrage qui quand il est ouvert, découvre une scène en volume (voir photos ci-dessous), faisant du livre un objet, une œuvre. On y trouve des pliages habillements travaillés, des animations à l’ouverture des pages (personnages qui bougent, mouvement des yeux, etc…).

alice seuil photos (4)Alors, bien entendu, il ne s’agit pas du texte intégral d’Alice, mais d’extraits adaptés au format pop-up assez contraignant : peu de pages et un livre rapidement épais. Ces extraits sont tirés de la traduction d’Henri Parisot. Un texte très court donc, mais qui n’est pas l’intérêt central du livre de toute manière, car évidement, c’est pour ses magnifiques pliages qu’il mérite le détour.

Chaque page contient un pop-up de grande envergure ainsi que des petits volets sur les côtés contenant le texte avec à l’intérieur de ces volets, de minis animations en pliages. De plus, certaines animations et personnages sont recouverts d’un fin duvet doux. Ainsi, le chat du Cheshire (photo ci-dessous) et d’autres personnages en sont recouverts.

Parmi les scènes animées marquantes, il y en a surtout deux à retenir : le moment où Alice est coincée dans la maison du lapin blanc quand elle est géante. Ce pop-up est extraordinaire à voir quand il se déplie pour rendre la scène dans son entier. On peux y voir les yeux d’Alice à travers les fenêtres, et même le papier peint à l’intérieur de la maison. La seconde « scène » incontournable de ce livre est le final : l’arc-en-ciel de cartes qui tourne autour d’Alice. Il y a moins de travail que sur la maison du lapin blanc, mais l’effet n’en reste pas moins saisissant et magnifique.

Adapté dès l’âge de sept ans, cette version d’Alice est à avoir dans sa bibliothèque, que l’on soit adulte ou non, pour sa beauté aussi bien au niveau des illustrations que des animations.

…..alice seuil photos (7)

Photos : Bibliothèque de Glow : tous droits réservés

Chronique comics : The Traveler – Tome 1

The Traveler 01Un super-héros complexe comme on les aime !

Présentée en juin dernier par les éditions Emmanuel Proust lors d’une conférence de presse, The Traveler est l’une des trois nouvelles séries imaginées par Stan Lee, qui a présidé dans les choix des scénaristes et dessinateurs. L’ouvrage français regroupe quatre comics américains.
Kronus, notre nouveau héros, est doté d’un pouvoir bien particulier et que beaucoup aimeraient posséder : malaxer le temps à sa guise.
Le scénario est signé Mark Waid. Il a travaillé chez DC Comics avant de passer chez Marvel. L’illustration est de Chad Hardin, qui a un nombre d’œuvres impressionnant à son actif.

Kronus, un nouveau héros Marvel

De Kronus, on sait peu de choses. Son pouvoir, faire évoluer le temps à sa façon, est à la fois très puissant et très limité. Il ne peut pas l’utiliser très longtemps, et seulement sur une courte période.
Ses ennemis sont également extrêmement puissants. L’un contrôle l’électromagnétisme, un autre peut désintégrer n’importe quelle matière.

Kronus n’est pas un super-héros comme les autres. Il recèle un côté sombre que les autres n’ont pas, ou alors de façon peu exploitée. Ce qui motive ce « super-héros », c’est justement la douleur et la noirceur. Il sauve des vies, mais on ne sait pas vraiment dans quel but. On devine une motivation moins altruiste qu’il n’y paraît, mais sans pouvoir en deviner plus.

Une intrigue folle

Au début, le lecteur se sent complètement perdu : certes, il y a un héros, des méchants (les split-second men – hommes apparaissant une fraction de seconde de façon aléatoire), des gens à sauver… mais où tout cela nous mène-t-il ?
Eh bien, cela nous mène loin, très loin, dans un scénario machiavélique très bien ficelé. Le manque de compréhension du début et la sensation d’être complètement largué par l’intrigue s’estompent au fil des pages pour donner une vue générale de la situation à faire froid dans le dos. C’est dans cette construction de mystères imbriqués les uns dans les autres que l’on reconnaît la touche qui séduit dans les Marvel et les comics en général.

Un crayonné dans le plus pur style des comics

The Traveler ne fait pas partie des œuvres qui innovent au niveau graphique et c’est très bien comme cela. Le dessin est bien fait, net, assez détaillé, même si parfois les traits des personnages ne sont pas toujours bien retranscrits d’une page à l’autre. Les couleurs sont quant à elles magnifiques, avec des dégradés fort esthétiques.

On se plonge à corps perdu dans ce comics à l’histoire et aux visuels de qualité. Ce nouveau héros Marvel est digne de prendre la relève. Espérons qu’il en soit de même pour les deux autres : Soldier Zero et Starborn, chez le même éditeur.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF

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Chronique : La Société des S

PLAT1-<COUVHubbardLasocie te desSGF_Mise en page 1Un superbe roman de vampires qui sort des sentiers battus

La société des S est le premier roman d’une trilogie vampirique destinée aux ados, paru dans la collection Medium de l’Ecole des Loisirs. Son auteure, Susan Hubbard est d’origine américaine, c’est son premier roman pour adolescents traduit en France.

Une enfance surprotégée

Ari est une jeune fille de douze ans qui a une vie étrange comparées aux autres jeunes de son âge : elle suit des cours particuliers, lit couramment  plusieurs langues et peux soutenir sans problème une réflexion philosophique.

Elle n’a guère le droit de sortir, mais ça ne l’a jamais dérangée, son bonheur se trouve dans ses lectures et les moments silencieux qu’elle partage avec son père, un homme sombre, mystérieux très attaché à ses habitudes, elle n’a jamais connu sa mère qui a disparu mystérieusement.

Et puis Ari n’est pas si seule que ça, il y a Dennis, l’assistant de son père qui lui donne aussi des cours, ainsi que Mme Roots et Mme McGarrit, la femme qui s’occupe de la maison. C’est d’ailleurs cette dernière qui va demander à son père l’autorisation de « sortir » un peu Ari et de l’amener chez elle. C’est ainsi qu’elle se retrouve un soir chez Mme McGarrit et qu’elle découvre les bruits, les odeurs de la vie et surtout : d’autres personnes de son âge. C’est ainsi qu’elle va comprendre qu’il y a quelque chose qui cloche dans Sa famille à elle…

A la recherche d’une identité

Ari se doute de plus en plus que son père a « quelque chose qui cloche », mais n’ose mettre un mot dessus. D’autant que ces investigations ne sont que les prémices d’autres, plus importantes.

Parallèlement à ses recherches, Ari s’épanouit, elle commence à sortir, se faire des amis : Kathleen, la fille de Mme McGarrit va devenir sa meilleure amie et elles feront les quatre-cent coups ensemble.

Cette recherche d’identité et de référents prend une très grande place dans le roman, car avant d’être un récit vampirique, La société des S est avant tout un livre qui cherche à explorer les chemins qui mènent à l’âge adulte. Les premières fois, la question de ses origines etc… d’une façon atypique et complètement captivante.

Une narration originale et bien construite.

Tout le récit est en fait le journal d’Ari, qu’elle destine à quelqu’un dont on ignore l’identité. Elle y conte ses doutes, ses nouvelles amitiés, émois, réflexions et les faits qui changent subrepticement sa vie.

Raconté comme un journal d’ado et ficelé comme un polar, la Société des S est un roman qui démarre d’une façon des plus atones pour monter crescendo dans la tension et les révélations.

Ce début de trilogie est un coup de cœur à ne pas manquer, aussi bien pour les ados que pour les adultes ce roman séduira les fans de vampires mais aussi et surtout les gourmands de bonnes lectures. La série continuera bientôt avec le second tome intitulé : Le temps des disparitions.

Cette chronique a été réalisée pour le site ActuSF

Chronique : Le passage de la nuit

le passage de la nuitUne magnifique incursion dans la littérature japonaise et dans l’imaginaire de Murakami

Haruki Murakami est l’un des écrivains japonais les plus lus dans son pays, mais aussi à travers le monde. Son œuvre, toujours teintée d’imaginaire, plonge souvent le lecteur aux frontières des genres où réalité et surréalisme se tutoient.

Murakami n’écrit pas seulement des romans, il les traduits : il a ainsi fait la traduction en japonais d’œuvre de John Irving ou encore Scott Fitzgerald. Le passage de la nuit est son onzième roman, écrit juste avant 1Q84, qui sortira à la fin du mois d’août prochain aux éditions Belfond.

Ebauches de vies croisées dans un tokyo nocturne

Minuit : tout commence dans un petit café-restaurant, à une table se trouve une jeune femme. Elle n’a rien de particulier, et pourtant le regard du narrateur omniscient du roman se fixe sur elle. Elle lit un gros livre, et rien d’autre autour d’elle ne semble la perturber : elle s’appelle Mari.

Un presque inconnu l’aborde, une connaissance de sa sœur, Eri. Et ça commence comme ça : des fils ténus se tissent entre les personnages, des liens que l’on croyait inexistants apparaissent rendant l’œuvre d’autant plus profonde, avec parfois un brin de moquerie et de cynisme quand au destin des personnages. Très peu d’êtres se croisent, mais ils sont d’une profondeur telle que l’on se plonge vite et à corps perdu dans cette histoire d’une nuit dans la capitale nippone.

Il y a donc Mari, la jeune fille du café, Takahashi, le jeune homme qui connaît la sœur de Mari : Eri (qui en étant le personnage le plus inactif est aussi le plus intéressant à mon sens). Il y a aussi Koorogi, la gérante un peu rustre d’un love-hotel comme il y en a des milliers à travers le pays. Et un dernier, que l’on découvre un peu plus tard.

Une caméra omnisciente pour narrateur

Chose étonnante dans cette œuvre ; son mode de narration pour le moins inhabituel. Le fait que le narrateur soit omniscient n’a rien de nouveau, mais le fait d’utiliser le vocabulaire du cinéma et des arts visuels pour expliquer les déplacements du narrateur : si. Tout au long du roman nous sommes une caméra qui fait ses zooms, change d’angle de vue…etc. et chose parfois frustrante, cette façon de voir impose de ne pas interférer sur le monde que l’on observe : c’est la règle d’or. Et cette obligation peut devenir frustrante pour le narrateur lui-même.

Cette façon de s’exprimer, qui peu sembler froide et distante au premier abord est en fait très humaine. Car la caméra s’attache peu à peu à ceux qu’elle observe, tout comme le lecteur.

Quand l’étrange s’en mêle

Bien entendu, le roman ne serait pas un vrai Murakami sans son soupçon de fantastique. Ce roman ne fait donc pas exception en insérant de petites touches d’extraordinaire et d’étrange dans des vies tout à fait normales mais sans jamais dénaturer l’histoire. Bien au contraire, le fantastique n’étant qu’une métaphore pour exprimer le ressenti de certains des personnages.

En ce qui concerne la fin du roman, elle pourra sembler étrange à certains, mais personnellement, je la trouve adéquate et plutôt réussie.

Vous l’aurez aisément deviné, j’ai adoré cette incursion dans le monde fantasque et onirique de Murakami qui pour moi fut une première. Pour ceux qui ne s’y sont pas encore essayé, c’est l’occasion, d’autant plus que le passage de la nuit est un court roman qui prend vite de l’ampleur, tant au niveau de l’évolution de ses personnages que de son intrigue. Prochaine chronique concernant Murakami : Les amants du Spoutnik.

 9/10