Archives du mot-clé fantastique

Chronique : Méduse par Jessie Burton

Une réécriture féministe et passionnante du mythe de Persée et Méduse… bien différent du conte d’origine et qui fait réfléchir à nos souvenirs collectifs !

Jessie Burton est une autrice anglaise que j’affectionne depuis presque une dizaine d’années maintenant. La lecture de Miniaturiste a été pour moi une véritable révélation littéraire. Avec Méduse, elle s’essaye à un autre type de roman : la réécriture mythologique à destination des jeunes adultes.

Une fille isolée sur une île austère…

Méduse est une jeune fille dont la vie et celle de ses sœurs a basculé à cause des dieux et de leurs caprices. De leurs désirs et de leurs chantages pour obtenir d’elle ce qu’ils souhaitaient. Loin de la légende que l’on connait tous partiellement, Méduse n’est pas une abomination dont il faut trancher la tête. Non, c’est une fille qui a eu le malheur de se faire remarquer par sa beauté et qui en a payé le prix fort… de nombreuses fois.

Mais ici, Jessie Burton décide de donner la parole à cette presque femme qui fut onnie, oprimée et violentée. Que décidera de faire Méduse quand le beau Persée arrivera sur son île ?

Oser repenser les mythes

A l’image de l’essai De grandes dents de Lucile Novat qui se proposait de comprendre autrement le conte du Petit Chaperon Rouge, ici Jessie Burton essaie de déconstruire notre imaginaire. Dans notre culture collective, Méduse est une femme à la chevelure en têtes de serpents, elle est bestiale et dangereuse… La tuer serait un bienfait pour tous. Mais… et si Méduse n’était que la victime de la violence des hommes ? (encore une, oui). Et si elle n’était que le produit du pouvoir des hommes exercé sur les femmes ? C’est une injustice que tente de réparer Jessie Burton en remettant en lumière certains faits mythologiques et en réécrivant d’autres, pour enfin donner une voix à Méduse.

« Eh bien, je pense qu’il est moins difficile de s’entendre répéter qu’on est beau quand on est un garçon que quand on est une fille. Lorsque la beauté t’est atrribuée en tant que fille, elle devient d’une certaine façon l’essence de ton être. Elle évince tout ce que tu peux être d’autre. Alors que chez les garçons, elle ne prend jamais le pas sur ce que tu pourrais être par ailleurs« .

Cette mise en évidence de nombreuses injustices fait froid dans le dos et donne envie de relire attentivement nos contes et mythes, et pas la version expurgée s’il vous plaît. Non, il va nous falloir aller à la source des mythes fondateurs pour comprendre que ce que l’on sait est parfois erroné ou déformé.

Bien plus qu’une simple réécriture, ce texte de Jessie Burton est résolument féministe et incitera les plus curieux.ses à se plonger à la source de ces écrits qui font au quotidien notre culture. Pour moi ce roman est à mettre pile entre De grande dents et Résister à la culpabilisation de Mona Chollet. Le travail est immense, mais à force de curiosité et de partages, nous arriverons tracer une route différente…

« Ecoute Persée, crois-en quelqu’un qui sait de quoi il parle : parfois il ne suffit pas de se recroqueviller pour devenir la forme la plus petite, la plus minuscule qui soit. Alors, autant garder la taille que l’on est censé avoir.« 

Ainsi oui, c’est un coup de cœur, mais pas au sens littéraire de la chose. La lecture était très plaisante, mais c’est surtout son fond de soft power féministe qui m’a convaincue. A lire et faire lire dès l’âge de 14 ans environ.

Chronique Jeunesse : L’enfant des ombres

Un roman sombre, très sombre, qui se déroule dans un internat quelques semaines avant la Toussaint… ambiance angoissante et mystérieuse à souhait.

En ce moment, j’essaye de lire autre chose que des nouveauté, d’alterner entre ce que l’on appelle le fonds (ouvrages de plus de deux ans) et l’office (les nouveauté pures). Et parfois, quand on est libraire, on en a marre de ne lire QUE des nouveautés. On a bien envie de faire une petite pause dans toutes ces parutions pléthoriques et de se poser devant un bon vieux livre.

C’est ainsi que je redécouvre le fonds de l’Ecole des Loisirs, une maison d’édition qui justement base le ciment et même les fondations de son catalogue dans le fonds, et ils ont bien raison. D’autant qu’ils ont un magnifique catalogue dans lequel il y a de quoi faire sur toutes les thématiques et pour tous les âges. C’est ainsi que je tombe un peu par hasard sur L’enfant des ombres, l’ancienne édition de 1994, quand les couvertures ne donnaient pas franchement envie de s’y mettre, à la lecture. Heureusement, ils ont changé la maquette depuis, comme vous pouvez le constater en fin d’article, plus esthétique mais aussi plus flippante il faut l’avouer.

Moka est un auteur emblématique du catalogue de l’Ecole des Loisirs, mais on connaît aussi d’autres de ses ouvrages, plus actuels, comme les Kinra Girls ! Mais avec L’enfant des ombres, autant vous dire qu’on ne va pas rire une seule seconde, certains vont même certainement flipper.

Un pensionnat comme tant d’autres, les mystères en plus

Tout commence avec Morgane, une élève qui a peu d’amis, discrète, pas super bien dans sa peau. Depuis quelque temps, elle voit des ombres. Seul problème, personne d’autre qu’elle ne les voit, alors un peu dur de la croire… Mais peu à peu, les fameuses ombres prennent en consistance autour de Morgane, qui tait ses inquiétudes à tous sauf à son amie la plus proche (également la seule). Des ampoules se cassent de plus en plus dans l’établissement, donnant encore plus de place aux ombres pour s’étaler, bientôt Morgane se sent acculée… Jusqu’à ce qu’elle décide de prendre le problème autrement, au détriment de tous les autres élèves du pensionnat…

Ambiance sombre et bizarre à souhait

Dire que j’ai adoré l’ambiance de ce roman est un véritable euphémisme. C’est simple, la prégnance de ces ombres, leur pouvoir qui s’accroit, tout concourre à nous offrir une atmosphère incroyablement sombre. Il y a des passages qui ont même réussit à me surprendre car je ne m’attendais pas à lire ça dans un roman destiné aux 13 ans et plus (un meurtre à coup de fourchettes dans la gorge, promis ce n’est pas gâcher l’intrigue que de vous le dire).

Petit à petit, les ombres resserrent leur emprise sur Morgane et sur l’établissement tout entier, à tel point qu’un groupe se forme pour mener l’enquête en secret. Nous sommes dans un pensionnat à l’ancienne où les filles et les garçons ne se mélangent pas, alors ils décident de se retrouver le soir clandestinement. Cette ambiance de club secret scolaire, ça aussi j’adore.

Je n’en dirait pas plus sur l’intrigue, mais ce roman vaut le détour pour ce qu’il transmet comme sensation de lecture. On navigue entre l’étrange, le bizarre, puis le carrément très flippant par moments. J’ai été à tel point séduite par l’histoire et l’ambiance que j’ai été un peu surprise de la fin abrupte du roman.
J’ai trouvé qu’il manquait un chapitre ou deux pour bien terminer « proprement » l’histoire. Ici, en quelques pages, c’est terminé, sans guère de développements. J’insiste sur le fait que ce n’est pas des réponses qui manquent, j’aime l’idée qu’on se fasse sa propre idée de la fin. Non, ce qui m’a manqué, c’est une conclusion un peu plus diluée et non pas deux ou trois pages qui clôturent presque deux-cent pages de suspesne angoissant. C’est juste cet aspect là qui m’a un peu déçue.

Cependant, si vous cherchez un roman flippant qui se déroule en huis-clos, L’enfant des ombres sera parfait pour vous faire passer une bonne mauvaise soirée ! Dès 13 ans, et pas pour ceux qui ont peur de leur ombre.

Chronique ado : Une pour toutes

A la découverte de Julie Maupin, une femme au courage sans bornes et à la volonté de fer !

Jean-Laurent Del Socorro est un auteur français à la plume incroyable. En quelques lignes, vous découvrirez un véritable style, une poésie latente… Et c’est le cas dans toute son œuvre. Il a déjà été chroniqué sur le blog avec l’ouvrage Boudicca qui reprenait l’histoire de la vie de la reine du peuple Icène. Boudicca avait réussi à bouter César et sa soif de conquête, rien que cela.
Car oui, Jean-Laurent Del Socorro aime les destins et les histoires hors du commun. Et il aime l’imaginaire également. Ce qui donne très souvent de magnifiques biographies historiques très documentées, écrites avec panache et un soupçon de fantastique…

C’est le cas ici avec Une pour toutes, qui nous fait découvrir le personnage incroyable et magnifique de Julie Maupin. Une femme qui a été grâciée deux fois par le roi, qui manie la rapière avec excellence et qui a assumé sa bisexualité sans que la question même soit soulevée. Elle aimait la vie, et elle en a profité comme peu l’ont fait, surtout à cette époque !

Une rencontre avec le Diable…

Tout commence quand Julie Maupin fait la rencontre fortuite du Diable. Se dernier est séduit immédiatement par l’allure et la verve incroyable de la jeune fille. Elle sait très bien ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas, et non, le diable ne la tente pas plus que cela. Elle préfère jouter à l’épée avec lui que de partager sa couche…
Et voilà le début d’une amitié aussi improbable que magnifique. C’est la seule partie fantastique de l’ouvrage et Julie Maupin n’a absolument pas besoin du diable pour céder à ses envies, elle le fait très bien toute seule !

Mais le génie de cette narration réside dans l’idée d’insérer un personnage fantastique dans une histoire totalement vraie. Alors si vous avez envie de découvrir l’histoire de cette femme incroyable qui même mariée a réussit à s’émanciper d’une égide patriarcale, ce livre est pour vous !

Une plume qui se dévore avec une aisance confondante

Pour moi, ce roman n’a que des qualités, peut-être que je manque d’objectivité, mais c’est mon ressenti suite à cette lecture. Une pour toutes est à la fois atypique et très classique. Atypique pour la partie fantastique insérée dans l’Histoire, la vraie. Très classique, car c’est une biographie romancée qui se déroule avec naturel. Il faut dire que la vie de Julie Maupin est parfaite pour faire un roman incroyable ! Elle n’est que suite de péripéties, aventures, coups de tête et de foudre…

Jean-Laurent Del Soccorro a le don de toujours trouver un personnage de l’histoire qui va nous intéresser. Souvent oublié par les manuels ou la culture populaire, il trouve toujours une porte par laquelle entrer afin de nous faire partager une époque, un personnage, un événement. Tout cela au travers du prisme (léger) du fantastique. Une pour toutes est ainsi un mélange de tout cela, et c’est diablement réussi.

Vous le verrez à la lecture, l’auteur a pris le parti de faire une partie de ses dialogues en vers, et ça rend extrêmement bien :

Libre à vous, joli cœur, de rêver de ma bouche
Moi je joue, je me bat et remporte la touche.

Je ne peux pas vous en dire plus sur la vie de cette femme incroyable qui a su très tôt ce qu’elle voulait et surtout ce qu’elle ne voulait pas pour elle. Je ne peux que vous enjoindre à découvrir son histoire, ses réussites, ses échecs et ses coups de folie. Julie Maupin a eu une vie extraordinaire, et Jean-Laurent Del Socorro signe ici un magnifique hommage à cette femme oubliée de l’Histoire…

Comme il l’avait fait auparavant avec Boudicca. C’est une réussite à découvrir dès l’âge de 14 ans environ, mais cet ouvrage peut tout à fait être lu par des adultes ! Personnellement je verrais bien une double publication en adulte et en ado à sa sortie en poche…

Chronique : La servante écarlate (The handmaid’s tale)

Une société où les femmes sont traitées en esclaves et n’ont que pour unique but que de satisfaire les pulsions des hommes ? C’est le futur effrayant imaginé par Margaret Atwood en 1985. Une véritable piqûre de rappel pour ne pas oublier les droits que les femmes ont acquis, mais qu’elles pourraient encore à tout moment perdre au prétexte d’un conflit, d’une crise… ou d’une élection.

Roman devenu culte dans son pays d’origine, mais également dans le monde entier, La servante écarlate est un texte de la canadienne Margaret Atwood. Elle a écrit quantité de romans, que je ne pourrais tous vous citer, mais en voici quelques-un qui me tentent : Le dernier homme, C’est le coeur qui lâche en dernier, Le tueur aveugle ou encore Captive. Et bien sûr, la suite de La servante écarlate : Les Testaments.
La servante écarlate était déjà un classique Outre-Atlantique bien avant son adaptation en série par HBO, mais cette dernière l’a révélée au monde entier. Avant cela, le texte était avant tout connu des fans d’anticipations et de dystopies. Maintenant, il est un véritable symbole, la tenue des fameuses « servantes » étant souvent réutilisée lors de manifestations pro-choix aux Etats-Unis. Preuve s’il en est que cette oeuvre a durablement marqué les esprits.

Plus terrifiant que le passé : le futur

Les femmes n’ont pas été gâtées par l’Histoire, mais ce que le futur de La servante écarlate leur réserve est bien pire… Fini la mise à l’écart, le « doux » machisme, les métiers de pouvoirs réservés aux hommes et arrachés par certaines femmes… Non, cette fois-ci la société américaine va prendre un virage terrible pour les femmes, les catégorisant par utilité : épouses, gestatrices, servantes… rien de plus. Tout à commencé avec les licenciement des femmes dans toutes les entreprises, puis peu à peu le totalitarisme s’est installé. Et désormais, dans chaque riche foyer, il y a une « servante », une femme qui sert de ventre pour la gestation d’un couple aisé. Mais la femme dudit couple n’est pas bien mieux lotie que la servante, à peine moins pire.

C’est dans cette version horrible et futuriste des Etats-Unis que vit Defred, servante dans une maisonnée respectable. Son but est d’enfanter pour le couple. Pour ce faire, elle est violée régulièrement par le mari pendant que la femme lui tient le haut du corps… Et c’est ce qu’il se passe dans toutes les maisons.

Le seul but de Defred est de fuir cette « république » et de retrouver sa famille éclatée. Mais peut-on fuir un régime totalitaire où le moindre de nos pas est surveillé ? Et où chaque femme est considéré comme une propriété ?

Terrifiant, passionnant, révoltant

Si ce roman a autant marché, c’est bien parce qu’il fait écho à quelque chose. Une crainte, un souffle qui éveille les consciences. Le monde dépeint par Margaret Atwood paraît lointain et irréel, mais je pense justement qu’il ne faut pas le voir de cette façon.
Cette lecture, que j’ai prise de plein fouet, me fait penser qu’il ne faut pas rester sur nos maigres acquis, cela d’autant plus quand on voit que les Etats-Unis ont révoqué l’arrêt Roe versus Wade pour laisser chaque état décider ou non de la légalité de l’avortement. Et ils sont très peu nombreux à vouloir encore l’autoriser… Ce contrôle du corps des femmes, c’est une partie de ce que dénonce Margaret Atwood dans ce terrible texte.

Et quand on voit l’actualité, il semble très visionnaire.

Lire La servante écarlate est important selon moi car il permet d’éveiller les consciences. Il montre le mécanisme incroyable qui se met à l’œuvre pour retourner les esprits, y compris les plus innocents. Car si cette république fonctionne, c’est grâce au bon vouloir de chacun et chacune… comment en est-on arrivé là ? C’est expliqué succinctement, par bribes grâce au travail d’un historien du futur. Nous n’avons pas toutes les réponses, mais c’est encore une fois passionnant.

Alors, oui, c’est une dystopie mais La servante écarlate est avant-tout un ouvrage politique qui met en garde. Il illustre à quel point la soumission à l’autorité peut lentement glisser vers une forme de dictature. Alors, lisez La servante écarlate au moins pour son côté sf/anticipation réussit, mais aussi et surtout pour ce qu’il dénonce. Ce n’est pas arrivé, mais ça pourrait… L’actualité internationale nous le rappelle chaque jour (Trump vient d’être réélu au moment où paraît cet article, et quand je l’ai rédigé il y a plus d’un an, je ne pensais jamais écrire ces lignes…).

Chronique : Belladonna – Tome 1

Chronique d’un roman fantastique qui avait tout pour me plaire mais qui fut une déception…

Adalyn Grace est une autrice américaine qui a connu le succès avec deux séries : la duologie All the stars and teeth et la trilogie Belladonna. Tous ses romans sont publiés chez De Saxus, l’éditeur au jolis livres reliés.
Mais même si l’écrin de Belladonna est magnifique, qu’en est-il du texte ?

Un pouvoir unique, tel une malédiction

Signa, orpheline seulement après quelques mois de vie, a maintenant 19 ans. Elle a été ballottée dans nombre familles d’accueil… et cela à cause d’une chose toute simple : elle tue (malgré elle) ceux qui ont sa garde. Et sa dernière mère adoptive acariâtre et atroce ne fera pas exception, elle qui l’a surtout gardée pour sa fortune à gérer plus que par amour sincère… Mais chose inattendue, alors qu’elle subit un déclassement systématique depuis qu’elle est adoptée, la nouvelle famille lointaine qui la prend sous son aile est richissime. Peut-être Sygna va-t-elle enfin trouver un endroit où elle sera aimée pour elle-même ?
Cette fois-ci, Signa va devoir faire très attention à ne tuer personne, y compris sa cousine à la santé très fragile qui est déjà aux portes de la mort… mais comment maîtriser un pouvoir dont on ignore le fonctionnement depuis presque deux décennies ?

Gothique et sombre à souhait

L’atout principal de Belladonna, avant tout autre chose, c’est son atmosphère. A la fois feutrée et très obscure, c’est un régal de lecture. On se croirait juste à côté de Signa, en trait de savourer une ambiance délétère et sublime.

Cependant, malgré une idée originale quant à la conception des pouvoirs obscurs et empoisonnés de Signa, l’intrigue se tient assez mal. Trop longue, trainant en longueur, dotée de personnages tous plus énigmatiques les uns que les autres (mais pas passionnant malgré leurs nombreux secrets), l’histoire flétrit au fil des chapitres.

Le premier tiers du roman se lit fort bien, mais après, c’est assez emmêlé, le rythme déjà assez lent devient encore plus étiré… Passée la seconde moitié, la lecture devient encore plus laborieuse alors que l’on voit déjà se profiler beaucoup d’éléments décisifs de l’intrigue.
De plus, les personnages ont beau être peu nombreux (une dizaine), ils sont très faciles à confondre. J’ai eu beaucoup de mal à chaque fois à déterminer qui était qui et quels étaient les enjeux de chacun… Pour ce qui concerne Signa, notre héroïne, elle m’a laissée totalement indifférente. Je n’ai eu que très peu d’affect pour sa personne, de même que pour sa quête de rédemption face au mal qu’elle sème.

Autre point négatif, je n’aime pas quand les auteurs.ices mettent un cliffangher pour relancer leur roman aux deux dernières pages du livre. Et c’est bel et bien ce qui se passe dans Belladonna. Là où l’histoire s’essoufle durant le dernier tiers, l’autrice nous relance dans le vif de l’intrigue avec un nouveau personnage. Oui, on sait que ça va devenir intéressant, mais je trouve ce genre de schéma narratif assez malhonnête. Car clairement, le roman aurais pu être plus court. Peut-être même qu’il n’était pas nécessaire d’en faire une trilogie ?

Ce premier tome était donc une déception, et j’en suis la première déçue… Belladonna reprend les codes du roman gothico-fantastique sans parvenir à tenir son intrigue par la même occasion. Dommage que le déséquilibre soit si net…

AUTEUR :
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique Jeunesse : L’ignoble libraire

Un véritable hommage aux Livres Dont Vous Êtes le Héros et à l’aventure ! Un pur régal de lecture entre distraction et divertissement.

L’ignoble libraire est le nouveau roman d’Anne-Gaëlle Balpe et Ronan Badel, ils avaient déjà sévit avec deux autres romans, se déroulant eux aussi dans l’univers du livre : L’écrivain abominable et L’épouvantable bibliothécaire.
L’ignoble Libraire est paru en début d’année 2023 donc, et il fait la part belle aux livres dont vous êtes le héros. Si vous aviez une dizaine d’années ou un peu plus dans les années 80/90 et que vous avez des enfants, vous allez adorer partager cette lecture !

L’aventure comme maître mot

Sohan est un jeune garçon tout ce qu’il y a de plus normal. Il a cependant une particularité : il adore les Livres dont vous êtes le héros. Non, c’est même plus que cela, il les adule et dès qu’une nouvelle aventure de La Quête d’Aliantys sort en librairie, il se précipite et ne pense plus qu’à ça ! Et justement, l’ultime va sortir, et il compte bien l’acheter dès l’ouverture de la librairie… sauf que, sa libraire n’est plus là. C’est un étrange remplaçant peu commode et franchement flippant qu’il va trouver à la place. L’étrange libraire lui vend le fameux livre tant convoité… mais il va se passer des choses étranges, notamment avec le marque-page qui glisse du nouvel ouvrage…

Sohan l’ignore encore, mais c’est le début des ennuis pour lui. Et surtout, sa perception du monde va être changée à jamais !

Génial, distrayant et efficace !

En grande fan des Livres dont vous êtes le héros, j’ai été heureuse de voir l’hommage qui en est fait tout au long du livre. Mais il y a un second hommage à voir dans ce roman, celui fait aux libraires (merci Anne-Gaëlle Balpe !). Il y a même une explication de ce qu’est le métier et on parle même prix unique du livre lors d’un aparté (très bonne initiative, la Loi Lang étant encore et toujours aussi méconnue malgré ses décennies d’existence).

Ainsi, L’ignoble libraire poursuit la série de la chaîne du livre un peu tordue qui est la leur : en effet, on a eu affaire à L’écrivain abominable (mon préféré de tous) puis à L’épouvantable bibliothécaire (qui m’avais beaucoup déçue) et maintenant le libraire ! Peut-être y aura-t-il un autre opus avec un Atroce Editeur ? Ou un Monstrueux Traducteur ? ou un Terrible Représentant ? Là, la chaîne du livre serait vraiment complète !
Quoi qu’il en soit, les ouvrages se lisent totalement indépendamment donc pas besoin de les lire tous ou dans l’ordre. Il y a bien une légère et subtile référence à L’épouvantable bibliothécaire en fin d’ouvrage, mais cette lecture est tout à fait dispensable.

Ici, il est question de magie, de mondes cachés dans des livres et de vie éternelle. Et Sohan va se retrouver embarqué bien malgré lui dans des aventures qui le dépassent totalement. Heureusement, il est bien entouré, même si rien n’a été planifié et encore moins réfléchi. Et là il va, les jets de dés, bons ou mauvais ne lui seront d’aucune aide…

Avec cette lecture, j’ai retrouvé l’âme de ce qui fait un Pépix : l’amusement, la créativité, l’intrigue originale qui fait que ça fonctionne, et l’irrévérence ! Je dois avouer que depuis quelque temps, j’avais un peu perdu cela dans les derniers ouvrages de la collection, j’ai donc eu un plaisir encore plus grand à lire L’ignoble libraire. C’était un peu comme retrouver un doudou perdu, une sorte de réconfort. On sait pourquoi on est là, et on sait que l’on va se régaler.

Ainsi pour moi, L’ignoble Libraire est un très bon roman Pépix. On y retrouve tous les ingrédients qui font que c’est à la fois rempli d’aventure et d’humour, et plus encore ! Les illustrations de Ronan Badel font comme toujours leur office et complètent à merveille le roman. C’est donc un petit coup de cœur que vous avez là ! Foncez pour découvrir les aventures de Sohan et de sa petite sœur, c’est un régal ! Dès 9 ans.

Chronique ado : Ici n’est plus ici

Une satire crue et parfois violente de la vie scolaire écrite de façon originale et captivante

Christelle Dabos est une autrice pour la jeunesse connue et reconnue de par sa quadrilogie La Passe-Miroir parue chez Gallimard Jeunesse. Elle était à l’époque la gagnante de la première édition du concours du Premier Roman Jeunesse organisé par Gallimard. C’est ainsi qu’en un seul tome, elle s’est taillé un nom que tout le monde connaît désormais.
Elle quitte le monde onirique de la Passe-Miroir pour nous offrir une version sombre et déformée du système scolaire. Etrangement efficace et inclassable !

Ici

Avec une majuscule pour le nommer, Ici est presque une entité, un personnage à part entière. Il cristallise les craintes, les attentes, la peur, l’angoisse, les amitiés qui se font et se défont, les rumeurs… tout ce qui fait la vie scolaire. Mais depuis quelque temps, un jour précis et à une heure précise, toutes les semaines, il se passe quelque chose d’étrange Ici. Certains savent de quoi il retourne, d’autres ont oubliés, mais tous se doutent que quelque chose se trame Ici, et qu’ils font partie de quelque chose de plus grand…et de plus inquiétant ?

Un roman-chorale qui donne une voix à des élèves très différents

Il est extrêmement difficile de présenter et/ou de résumer ce roman de Christelle Dabos. On sent qu’elle a voulu se détacher de ce qui faisait jusqu’à maintenant sa marque de fabrique. Ici, point d’onirisme ni de rêveries, on est dans un univers beaucoup plus cru et – même sale – que dans la Passe-Miroir. Mais cessons de comparer ces deux œuvres et développons.

Dans Ici et seulement Ici, il y a beaucoup de personnages narrateurs. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, que ce soit pour que l’on comprenne le tableau global d’Ici ou pour nous montrer des élèves extrêmement différents. Vous avez Iris, celle qui tente de se détacher de son meilleur ami pour être acceptée dans un groupe. Il y a Pierre, qui se découvre une passion pour l’un de ses camarades Pierre et pour l’usage exceptionnel que fait ce dernier du hautbois, sans oublier l’étrange Club Ultra-Secret qui semble regrouper ceux qui en savent le plus sur Ici…

Mais rien n’est vraiment rationnel ni concret dans ce lieu scolaire hors du temps et qui pourrait se trouver n’importe où. Christelle Dabos insère peu à peu des éléments fantastiques dans son intrigue, comme une métaphore de la vie scolaire et de ses nombreuses cruautés. On y parle invisibilisation, harcèlement, amours cachés, secrets, système de classement entre élèves (Ici, ils sont inscrits sur un tableau alors que dans la vraie vie, tout est plus implicite).

A mes yeux, ce roman est un prétexte pour parler de tous les problèmes que l’on rencontre au collège ou au lycée : difficultés à s’intégrer, avoir peur de commettre un impair, respirer le moins fort possible pour ne pas se faire remarquer… Pour moi qui n’ai pas connu des années collège très heureuses, j’avoue que ce livre a fait écho à pas mal de choses (parfois oubliés ou minimisées). Pourtant, il est important d’en parler, et ce roman semble servir de catharsis à l’autrice, si ce n’est pour elle, au moins pour ses lecteurs.ices.
En effet, il montre que la vie scolaire est difficile pour tout le monde, y compris pour celleux qui veulent vous faire croire qu’ils sont en haut de la chaine alimentaire. Leur position est enviable, certes, mais pas nécessairement confortable.

Vous l’aurez compris, j’ai aimé le message de fond de ce roman, qu’il faut lire à différents niveaux pour apprécier. Je ne suis même pas certaine d’avoir tout saisi, mais il y a en tout cas assez de matière pour que chacun.e trouve quelque chose qui lui parle profondément au sein de ce roman.
Ici et seulement Ici est un texte inclassable, irrésumable, dérangeant et clairement atypique. Il faut le lire pour se faire une réelle idée de ce qu’il est, en tout cas, il taille dans le vif et laisse en mémoire des scènes spectaculaires et vertigineuses. A découvrir vers 14 ans environ.

PS : Si Christelle Dabos lit un jour cette chronique (rêver est autorisé), y a-t-il une référence à un épisode de Buffy contre les vampires avec l’élève invisible ? Je n’en dis pas plus pour les lecteurs à venir.

Chronique manga : Tokyo Kaido, l’intégrale

Un manga étrange et déstabilisant qui frise à la fois le fantastique et l’ubuesque sans oublier l’étrange de façon omniprésente… Accrochez vous, c’est du jamais lu.

Minetaro Mochizuki est un mangaka dont l’œuvre paraît en France chez Le Lézard Noir, son travail a été très remarqué lors de la parution du manga en 4 tomes Chiisakobé. Avec Tokyo Kaido, l’auteur nous montre une autre facette de son travail, plus étrange et dérangeante…

Une clinique aux patients bien particuliers

Bienvenue dans la Clinique Christiania, un établissement spécialisé dans la recherche sur le cerveau. Son but ? Aider enfants et adolescents à surmonter leurs problèmes psychologiques, qu’ils soient issus d’un accident ou d’une maladie.

Ainsi cette trilogie de mangas se concentre sur cinq personnages principaux : Hashi, 19 ans, qui suite à un accident a un morceau de métal dans la tête. Ledit morceau métallique semble l’avoir totalement désinhibé et il dit absolument tout ce qu’il pense, parfois même les pires horreurs.

Il y a également Hana, 21, qui suite à une affection touchant con cerveau est prise d’orgasmes subit à n’importe quel moment. Cela la mettant parfois dans des situations extrêmement gênantes et invivable en société.

Parmi les cas les plus étranges, vous ferez la « rencontre » de Mari, 6 ans. Elle a la particularité incroyable de ne voir aucun être humain. Elle pense être la seule au monde et n’a aucune interraction avec personne. Cependant, si elle voit des êtres humains à la télévision, elle les voit, c’est donc par ce biais que les médecins communiquent avec elle ainsi qu’à l’écrit. De même, elle a l’étrange habitude de ne manger que la moitié exacte de ses plats.

Enfin, il y a Hideo, 10 ans, persuadé d’être doté de supers pouvoirs et d’être en contact avec des forces supérieures. Il est toujours affublé d’une cape et tente diverses expériences de contact avec ces fameuses forces…

Le cinquième personnage est le Docteur Tamaki, central car il gère tous ces étranges patients, mais aussi parce qu’il a une part plus sombre et inavouée que l’on découvrira par la suite. Il est un mystère lui aussi à sa façon.

Voilà pour les présentations formelles des personnages, mais alors que raconte exactement Tokyo Kaido ? Il illustre comment chacun tente de s’en sortir et de trouver sa propre voie malgré ses pathologies plus ou moins lourdes et un passif qui l’est parfois tout autant…

Un manga intéressant mais qui laisse sur sa faim…

Tokyo Kaido est une trilogie, et quand j’ai terminé la lecture du premier tome j’étais très enthousiaste. Tout me plaisait : le graphisme, l’histoire, les personnages atypiques… tout ! Sauf qu’à partir du second tome, ça commence à devenir un peu trop bizarre et surtout je n’ai pas saisi les symboliques (s’il y en avait ?).
Je me doutais que c’était le genre de manga à laisser des questions en suspend, mais là, nous n’avons en réalité aucune réponse sur aucun sujet. C’est très déstabilisant et assez frustrant.

Vous ne saurez jamais pourquoi Mari ne mange que la moitié parfaite de ses plats ou pourquoi à la fin, toute sa perception se coupe en deux. Vous ne saurez jamais si les forces supérieures avec qui Hideo discute sont réelles ou uniquement dans sa tête… On sait pas non plus pourquoi Bibi le vigile, porte une fausse moustache (ça m’a bien perturbée ça d’ailleurs).

Par ailleurs, chose importante, le personnage principal, Hashi, qui possède un corps étranger dans le cerveau et qui dit tout haut ce qu’il pense, dessine un manga. Ce manga très sombre et morbide, vous le découvrirez peu à peu au fil des chapitres et des tomes. Et il est intéressant bien qu’une fois encore, le sens profond me soit totalement passé à côté.

En fait, pour apprécier ce manga, il faut absolument lâcher prise et ne pas chercher à avoir forcément une explication. C’est un exercice difficile car nous sommes souvent en quête de sens ou de révélations fracassantes. Mais Tokyo Kaido ne s’embarasse pas d’explications et encore moins de réponses claires.
Si vous aimez les ambiances étranges, bizarres et curieuses vous êtes au bon endroit. Par contre, si vous avez envie d’un manga clair où tout trouve un sens à la fin, passez votre chemin. C’est ce qui n’a pas marché pour moi, j’ai été déçue de ne pas comprendre ni trouver de réponses par moi-même. Par contre, j’ai adoré toutes les planches de ce manga atypique. Les dessins de Minetaro Mochizuki sont d’un réalisme exceptionnel. C’est du grand art, et chaque trait est d’une précision remarquable.

A découvrir si l’on est fan de mangas et d’étrange. Mais surtout, ne cherchez pas les réponses, mais plutôt une atmosphère. A réserver aux amateurs pointus de manga (dont je ne fais point partie je crois). Je retenterais ma chance avec Chiisakobé, qui m’a l’air plus classique dans l’intrigue, le travail de Minetaro Mochizuki mérite une seconde chande à mes yeux.

Et bravo aux éditions du Lézard Noir pour leur travail exceptionnel. Chaque nouvel ouvrage qui sort chez eux est un bijou de fabrication (choix du papier, format plus grand qu’un manga normal, couvertures soignées et solides… ).

GENRE : Japon, Mangas
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique ado : L’estrange malaventure de Mirella

Sombre, sublime et magnifique, cette réécriture du conte du Joueur de flûte de Hamelin vous restera en mémoire…

Flore Vesco est une autrice française que j’ai découverte il y a quelque temps avec De cape et de mots (Didier Jeunesse). Depuis, je veux découvrir TOUT ce qu’elle a fait. Elle écrit diablement bien, se joue des mots et de leurs sonorités et propose toujours des histoires aussi belles qu’originales.
Son tout dernier roman en date est De délicieux enfants, à L’école des Loisirs. On peux également citer dans ses précédents titres le roman D’or et d’oreillers, il est paru en 2021 à L’école des Loisirs. Quant à L’estrange malaventure de Mirella, également paru à L’école des Loisirs, l’ouvrage a raflé quantité de prix littéraires prestigieux. Notamment le fameux Prix Vendredi.

Une héroïne emplie de bonté à qui la vie ne sourit pas…

La jeune Mirella est une porteuse d’eau travailleuse, contrairement à quantité de ses camarades, elle court, s’essouffle et fait au mieux pour que chaque habitant de la ville d’Hamelin soit bien pourvu en eau. Même les mendiants. D’ailleurs, à bien y réfléchir, les mendiants sont encore mieux traités que les porteurs d’eau dans cette ville… Mais s’il n’y avait que cela…
Mirella est aussi gentille que très belle, ce qui n’a pas manqué de retenir l’attention de certains porteurs d’eau. Mais s’il n’y avait que la pauvreté et les difficultés inhérentes à sa condition, cela irait encore, mais le sort s’acharne sur Mirella… et la peste sur la ville d’Hamelin.

Une réécriture féministe du joueur de flute de Hamelin

Que ce soit au niveau de l’écriture, de l’intrigue ou des personnages et de leurs répliques, tout est bon à lire dans L’estrange malaventure de Mirella. Ce livre est incroyable en premier lieu car la plume de Flore Vesco est d’une fluidité et d’un style inouï. Rares sont les auteurs à lier avec efficacité qualité d’écriture et style limpide, Flore Vesco fait partie de ceux-là. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle pourrait écrire des pavés entiers, ils se liraient tout aussi biens !

Outre cette écriture si qualitative, l’intrigue en elle-même est parfaitement construite. Jusqu’au bout, vous ne savez pas jusqu’où osera aller l’autrice. Comment va-t-elle faire entrer la jeune Mirella dans la légende ? Car l’histoire de la jeune femme est la VERITABLE histoire du joueur de flûte de Hamelin, et pas la version édulcorée que les contes nous ont laissée depuis presque deux-cent ans…
Et surtout, Flore Vesco réussit le coup de maître d’insérer un humour mordant à des moments les plus inattendus, un régal !

« Soyez sages et pieux, et jamais vous ne poserez les pieds sur les pavés brûlants qui mènent aux portes du Diable. L’Enfer est réservé aux meurtriers, aux voleurs, aux assassins et aux femmes caractérielles.« 

Et sans avoir l’air d’y toucher, ce récit est résolument féministe. Mirella est un héroïne totalement hors des cadres, elle est libre dans sa façon d’aider les plus faibles, de puiser une énergie insoupçonnée pour combattre l’adversité et… se jouer de la mort.

Si l’on doit retenir un mot de cet ouvrage pour le définir, ce serait charmé : par l’atmosphère étrange et unique, l’écriture envoûtante… l’univers à la fois historique et surréaliste. Ce roman est un coup de maître que je relirais sûrement avec un immense plaisir dans quelques années. A découvrir dès l’âge de 14 ans, et à savourer sans limites.

Chronique YA : Three Dark Crowns – Tome 1 – Three Dark Crowns

Le premier tome d’une fantasy sombre et envoûtante aussi dense que très surprenante. Si vous aimez les lectures qui vous transportent et vous font vivre une chute vertigineuse en fin de tome, c’est la saga qu’il vous faut !

Troisième roman de l’autrice américaine Kendare Blake à paraître en France, Three Dark Crowns (ou TDC pour les intimes) fait partie des ouvrages très remarqués de la fin d’année 2021.
Les éditions Leha frappent fort et comptent bien continuer sur leur lancée en écrasant tout sur leur passages avec quantité d’autres grosses séries de SFFF. Et avec TDC, les fans de fantasy sombre trouverons de quoi se repaître… La traduction est assurée par Hermine Hémon (elle traduit régulièrement et qualitativement pour les éditions Lucca ou encore ActuSF).

La série compte cinq tomes au total, plus un recueil de nouvelles.

Trois soeurs pour un seul trône

Bienvenue dans un monde autarcique où chaque reine donne naissance à des triplées, uniquement des filles, et chacune avec un pouvoir différent. Quand ces dernières sont assez grandes, la reine s’exile et laisse ses trois filles s’entretuer pour la couronne. C’est juste avant la cérémonie qui lancera la sanglante compétition que nous découvrons ce monde étrange et cruel…
Imaginez les Hunger Games avec de la magie et un trône à la clé ! Le tout sans oublier toute la complexité géopolitique de l’intrigue… Bien malin qui saura démêler le vrai du faux.

Une intrigue de haute volée

Il faut l’avouer, il n’est pas évident d’entrer d’emblée dans l’univers de TDC. L’autrice nous lance énormément d’explications (nécessaires) sur l’univers qu’elle a créé, ses intrigues, ses enjeux… C’est parfois un peu indigeste, surtout en début d’ouvrage. Mais une fois passé ce cap d’explications où le décor se pose doucement, on est lancé.

L’intrigue est maline, dense et très surprenante. TDC est une littérature YA exigeante, ce qui n’est pas un gros mot, mais un compliment. C’est bien écrit, avec un vrai style (que la traduction a su rendre au mieux) et on est loin de certains romans ados ultra simplistes. En fait, cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un bon roman ado avec un peu de matière. Les trois quarts de la production sont si prévisibles et conditionnés pour un public type qu’il est impossible d’avoir un quelconque effet de surprise. De même pour le plaisir de lecture, c’est tout aussi rare.


Avec TDC, on demande au lecteur de faire en effet un effort, mais quelle récompense ensuite ! Une fois passées les cent premières pages, on comprend à peu près l’environnement dans lequel évoluent les trois sœurs. Et là, on se régale à découvrir les trahisons, complots et machinations qui se trament… Sans parler de malheureux hasards du destin !

C’est malin, très réussit et Kendare Blake a su garder un réel effet de surprise jusqu’à l’ultime page de ce premier tome. Mais quelle fin ! J’avoue que j’ai beaucoup regretté que le second tome n’ait pas encore été traduit quand j’ai terminé ce premier opus. Le final est tellement fou, c’est impossible de ne pas vouloir relire certaines scènes qui apparaissent sous un jour nouveau…

Bref, vous l’aurez compris, j’ai été conquise malgré quelques débuts un peu lents pour moi. C’est sûr qu’à force de lire des romans aux phrases courtes et au vocabulaire simpliste, on oublie que parfois il faut faire un effort pour découvrir de nouveaux univers. Efforts très largement récompensés ! Alors, je lirais la suite avec beaucoup de plaisir, d’autant qu’en plus d’être bons à l’intérieur, les livres sont superbes à l’extérieurs.
Les couvertures sont les mêmes que la VO, et elles sont un régal pour les yeux…