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Chronique album jeunesse : Le Manoir Croquignole – Tome 1- Coup de foudre à l’école

Manoir Croquignole 1Une nouvelle série mignonne et originale débarque… Le Manoir Croquignole !

L’auteur Antoine Dole (que vous connaissez pour ces nombreux romans pour ados) signe ici sous le pseudonyme de Mr Tan pour vous proposer une toute nouvelle série pour la jeunesse située entre la bande-dessinée et l’album : Le Manoir Croquignole. Il est aidé en cela par l’illustratrice Camille Roy au trait créatif, original et coloré !

Le premier tome de cette nouvelle série jeunesse est paru en mars 2015 aux éditions Milan, mais il y a déjà quatre albums de parus au total, et déjà d’autres en prévision…

Manoir Croquignole inside 3Méchanceté obligatoire, sinon….

Être un méchant, un vrai ça s’apprend, et il y a même une école pour cela ! Ainsi, petits loups-garous, fantômes, monstres bizarres et diablotins vont-ils tous dans le même établissement… le Manoir Croquignole !

La première règle à respecter au Manoir Croquignole, c’est d’être bien méchant, sinon, on est puni. Comme par exemple, si tu souris, tu va au coin. Si tu es gentil, pareil. Alors, est-ce que tomber amoureux est autorisé par l’école ? Vous allez bientôt le savoir en découvrant la rentrée d’une petite nouvelle dans l’école : Coralia, une jeune sirène. Et quand Garou (le… loup-garou !) la voit, il tombe instantanément sous le charme…

Manoir Croquignole inside 2Charmant et étrange

Assez inattendue, cette nouvelle série jeunesse s’adresse à des enfants dès l’âge de 5 ans, mais elle peut également être lue de façon autonome dès le CE1 environ. Elle est à situer entre la série de bd Adèle pour le côté irrévérencieux et graphique et la série de romans jeunesse Les petits monstres.

Au Manoir Croquignole, on découvre une foule de petits personnages tous étranges mais très mignons ! Glotte, Bigleu, Clac-Clac, Pépin, Gaa, Igor, Garou, Lady Cracra… pour ne citer qu’eux.

Outre le graphisme très joli de Camille Roy, on appréciera sa façon de coloriser ses œuvres. C’est à la fois vif et coloré, sans oublier une part plus sombre… (on est dans une école de monstres tout de même !). Il y a beaucoup de menus détails au fil des pages, ainsi la lecture n’est pas la seule distraction possible, loin de là !

Rien qu’à partir de la première page, on dénote une foule de petites choses à découvrir : une lampe fantôme, un sarcophage comme lit pour pépin la momie, des lampes en forme de plante carnivore…

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Manoir Croquignole insideL’histoire en elle-même est sympathique et on espère vite lire la suite de cette série. Découvrir de nouveaux personnages et voir cet univers se développer sera très plaisant, en tout cas, on compte dessus !

Le Manoir Croquignole, c’est déjà quatre tomes de parus chez Milan, et ce n’est que le début…

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique – Resurectio – Tome 1

ResurectioUn très bon début de série pour les ados qui aiment les romans sombres, bien sombres…

Resurectio est le premier tome d’une série écrite par la française Amélie Sarn. Déjà bien installée dans le monde de la jeune et des ados, l’auteur assure également la traduction de nombreux romans anglais du même genre.

Elle a écrit notamment : Les proies (Milan, collection Macadam), Le voleur de goûter (Milan cadet), et surtout, Les aventures fantastiques de Sacré-Coeur, une très belle série d’albums pour la jeunesse qui permet de découvrir Paris autrement (Le petit lézard). En traductions, on lui doit entre autres : L’élite (Milan, collection Macadam), Lili Goth (Milan) ou encore Entre chiens et loups  (Milan, collection Macadam)…

Avec Resurectio, Amélie Sarn signe un début de saga sombre et terriblement attirant…

D’étranges cicatrices, et aucune mémoire…

Marie se réveille dans une pièce immaculée et ne se souvient de rien, voilà comment tout commence. Peu à peu, Victor, son protecteur lui fait faire une foule de tests et d’analyses : mémoire, aptitudes physiques, endurance, intelligence, mémoire musculaire… Mais à quoi donc servent toutes ces études sur elle ? Et d’où lui viennent ses étranges cicatrices qu’elle a aux bras, aux jambes et sur le torse ? Et surtout, où sont ses vrais parents ? Victor à beaucoup de choses à cacher à Marie, qu’il protège excessivement…

Mais ça se sont les questions simples. Il y en a d’autres plus opaques et plus dangereuses, notamment celle concernant cette brume noire qui l’entoure constamment et que Marie semble être la seule à voir… est-ce bien normal ? Et en parallèle à toutes ces interrogations Marie va avoir l’autorisation d’intégrer un lycée avec d’autres jeunes de son âge. L’adaptation risque d’être difficile, elle qui n’a connu que la sécurité et la présence de Victor…

Un roman noir comme il en faudrait plus

Sombre, c’est le premier mot qui me vient à l’esprit pour décrire ce nouveau roman d’Amélie Sarn. Et soyons clairs, ça n’est pas pour me déplaire, bien au contraire. Là où l’on peux penser tomber sur un énième roman pour ados avec ses grandes lignes cousues de fil blanc, il n’en est rien.

Bien entendu, Marie a ses questionnements, ses doutes, et ils sont courants. Mais son tempérament et sa façon d’être la rende différente, surtout avec cette ombre qui rôde près d’elle et dont on ignore tout.

Très rapidement, on comprend que l’auteur a souhaité revisiter le mythe du monstre de Frankenstein… et c’est extrêmement réussit ! Il y a donc pas mal de fantastique dans ce récit, mais il est savamment mélangé avec la normalité. Marie rencontre les mêmes problèmes que tout le monde pour s’intégrer, elle aussi est séduite par le beau nageur que toute l’école admire, elle aussi se fait des ennemies… Et surtout, la noirceur doucement amenée au fil des pages est parfaite. Là où on aurait pu croire que l’histoire resterait dans les sentiers battus, nous avons quelques surprises (elles ne sont pas belles ni plaisantes, mais parfaitement menées).

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Vous l’aurez compris, nous sommes bien loin du récit classique et un peu assommant qui est parfois servi aux ados. Ici ça bouge, ça crépite et ça ne va pas forcément mieux après. Marie va vivre des trucs pas cool, et c’est justement ce qui fait qu’on l’aime et qu’on s’y attache.

Il s’agit là d’un très bon roman à destination des 14-16 ans. Que l’on aime le fantastique ou non, le message est assez universel pour qu’il parle à tout le monde. Bref, c’est un petit coup de cœur inattendu, et ce sont justement les meilleurs. A très vite pour la suite qui vient tout juste de sortir : Trop Humaine.

Chronique rédigée pour le site ActuSF.

Chronique : Plus de morts que de vivants

Plus de morts que de vivantsLe roman ado le plus trash de l’année !

Guillaume Guéraud est un auteur français pour les adultes et la jeunesse. On lui doit une foule de romans pour tous les âges et dans tous les genres : Déroute sauvage (Doado Noir), La brigade de l’œil (Folio SF), Anka (Rouergue), King Kaloumar (Sarbacane)… et une foule d’autres livres encore !

Avec Plus de morts que de vivants paru en mars 2015, Guillaume Guéraud signe un ouvrage magnifiquement sanglant. Il y en a partout, c’est furieusement brutal et ça se dévore…

Une touffe de cheveux qui tombe, quelques boutons qui grattent… ou les prémices d’une hécatombe

Les signes étaient extrêmement ténus, impossible pour qui que ce soit de deviner ce qui allait se passer dans moins d’une heure au collège Rosa Parks à Marseille. Et pourtant de qui va suivre va s’avérer être un véritable carnage.

Corentin, Yasmina, Slimane, ou encore Lila ne savent pas ce qui va leur tomber dessus, mais personne n’a été préparé à cela. Que ce soient les élèves, les professeurs et même les plus hautes instances du gouvernement, nul ne sait réellement ce qui se passe au collège Rosa Parks. Tout ce que l’on peut constater c’est que de plus en plus d’élèves meurent dans des circonstances extrêmement sanglantes… et douloureuses.

Ça va saigner ! (et c’est bien)

A peine démarré, tout de suite immergé. Plus de morts que de vivants (titre très éloquent soit dit en passant) est un page-turner à la française chargé d’hémoglobine et de tensions. Le récit se partage entre les faits se déroulant dans le collège et les dialogues à faire froid dans le dos entre le proviseur dépassé par la situation et le Rectorat puis plus tard d’autres instances gouvernementales.

Dire que l’on est absorbé par ce roman est encore en dessous de la réalité. Les premiers chapitres sont tellement surprenants et surréalistes qu’il est impossible de décrocher après un début pareil.

Les chapitres sont courts, extrêmement efficaces. Constamment sous tension et surchargés d’hémoglobine, ils dopent la lecture. Bref, l’atmosphère du Collège Rose Parks devient très vite irrespirable… pour notre plus grand plaisir.

Vous aurez beaucoup de questions durant cette lecture : d’où vient cet étrange mal ? Comment va-t-il se gérer par les autorités ? Les ados que l’on suit depuis le début du récit vont-ils survivre ? Y a-t-il des gens immunisés ? Cette hécatombe va-t-elle durer longtemps ? Et encore, ce n’est qu’une petite partie de ce qui pourra vous passer par la tête.

Mais outre du sang, vous aurez également quelques beaux moments d’émotion : un garçon qui veut protéger son petit frère à tout prix, un couple d’ados qui s’aiment tellement qu’ils ne se quitteront jamais, un élève récalcitrant qui se découvre un courage insoupçonné… C’est aussi dans l’adversité que l’on trouve les plus beaux gestes de l’homme, et cela quel que soit son âge. Mais… peut-être aussi le pire ?

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Bon, que faut-il vous dire de plus pour que vous fonciez chez votre libraire découvrir cette petite merveille ? Vous n’avez plus aucune raison de ne pas vouloir vous procurer ce roman, sauf si vous êtes une âme sensible… ou que vous avez la phobie des contagions… A lire d’urgence dès l’âge de 15 ans !

Chronique : Adèle & les noces de la Reine Margot

Adèle et les noces de la reine MargotUn magnifique voyage dans le temps comme prétexte pour découvrir l’œuvre d’Alexandre Dumas, et on s’y croit !

Silène Edgar est une auteur française pour la jeunesse. Elle est notamment connue pour son roman 14-14 coécrit avec Paul Beorn qui s’est vu décerné le Prix Gulli du roman 2014. Elle a également écrit la trilogie Moana aux éditions du Jasmin.

En avril dernier, Adèle & les noces de la Reine Margot est paru aux éditions Castelmore. Un dossier pédagogique est même mis à disposition des professeurs pour étudier l’œuvre en profondeur.

Une lecture de vacances démotivante pour Adèle 

Les vacances commencent à peine pour Adèle, mais elle a déjà de nombreux soucis. Ses deux meilleurs amis ne se parlent plus depuis des mois, sa grand-mère est décédée il y a peu et ses résultats scolaires ne sont plus au rendez-vous depuis ces deux événements. Ses parents la poussent autant que possible vers le travail et l’école, mais cela n’a que pour effet de refroidir encore plus Adèle, d’autant qu’ils ne sont jamais là pour l’aider et discuter mais uniquement pour les remontrances. Alors quand M. Gérard donne une lecture de vacances à ses élèves, c’est encore pire. Le livre à lire est énorme : il s’agit de La Reine Margot d’Alexandre Dumas. Et en plus, la langue utilisée est si soutenue qu’Adèle est obligée d’utiliser le dictionnaire à presque chaque paragraphe !

Elle ne le sait pas encore, mais la lecture de La Reine Margot va transporter Adèle au-delà de ses rêves les plus fous…

Voyages temporels et aventure aristocratique

Depuis qu’Adèle lit La Reine Margot d’Alexandre Dumas, elle rêve la nuit des noces de la Reine. Ses rêves sont si réels que peu à peu, ils l’intriguent tant qu’elle se documente de plus en plus sur l’époque : Ambroise Paré et ses avancées majeures dans la science de la médecine, le Massacre de la Saint-Barthélemy, les relations entre les différents nobles, qui est important, qui l’est moins…

Au fil des pages, Adèle devient peu à peu passionnée par l’œuvre de Dumas grâce à ses rêves surnaturels qui la transportent dans une autre époque. Mais… elle devient aussi de moins en moins présente dans sa vie à elle et les soucis qui l’accompagnent.

Dans son voyage temporel et onirique, la jeune fille va faire une rencontre des plus inattendues en la personne du beau Samuel, de foi protestante. C’est cette rencontre qui va devenir le centre de la motivation d’Adèle à revenir de plus en plus souvent en 1572.

Une aventure passionnante qui se dévore

L’écriture de Silène Edgar se prête parfaitement à l’histoire. Elle est à la fois fluide et très actuelle, très parlante pour les lecteurs visés (12-14 ans environ). Les chapitres sont courts et alternent entre 2015 et 1572.

On découvre certains personnages importants de l’Histoire (Coligny, Catherine de Médicis…), les mœurs de l’époque, certains événements clés et le tout sans être dans une logique d’apprentissage. Silène Edgar réussit à nous faire aimer l’Histoire, la vraie, à travers une intrigue de son cru simple mais terriblement efficace.

Il ne faut toutefois pas oublier la grande partie du roman qui se déroule à notre époque. La mentalité d’Adèle est très bien faite et parlera très certainement à des lecteurs adolescents. Histoire d’amitiés, de perte, et le plus souvent d’incompréhension de la part des parents. La solitude d’Adèle se ressent de plus en plus au fil de l’histoire et l’oblige à se tourner vers le monde qu’elle s’est créé malgré elle. L’intrigue tourne ainsi parfaitement et sans anicroche.

Mais le point le plus positif de ce roman est pour moi l’attrait pour Dumas qu’il créé. On découvre un roman moins connu de cet auteur avec passion, et surtout on a envie de lire tous les autres ! Ainsi découvre-t-on que le livre La Reine Margot n’est que le premier tome d’une trilogie (les deux autres tomes étant La Dame de Monsoreau et Les Quarante-Cinq) qui a pour centre névralgique les Guerres de religions entre catholiques et protestants.

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Vous l’aurez deviné aisément, Adèle et les noces de la Reine Margot est pour moi un véritable coup de cœur. Je ne m’y attendais pas et j’ai été très agréablement surprise par cet univers simple et captivant, oscillant entre rêves et réalité. Bravo à Silène Edgar qui a su nous plonger dans le monde de la Renaissance et de Dumas avec talent, mais aussi dans le quotidien d’une adolescente de notre époque. Il ne nous reste plus qu’à nous perdre dans l’œuvre d’Alexandre Dumas, et ça, c’est merveilleux. Merci à vous Silène d’avoir aiguisé notre curiosité sur l’œuvre de ce grand auteur !

Chronique : C’est pas grave

C'est pas graveUn court roman ado qui laisse une impression éphémère

Paru en janvier 2014 chez Milan, dans la collection Macadam, C’est pas grave est un court récit de l’auteur française Jo Hoestlandt, à lire dès l’âge de 13-14 ans environ.

Son nom vous dira peut-être quelque chose, et pour cause ! Elle a écrit une foule de romans et récits pour les enfants et les adolescents. Géant (Magnard), La rentrée des mamans (Bayard), Le complexe de l’ornithorynque (Milan, Macadam), ou encore Trois sœurs (Gallimard Jeunesse) c’est elle.

De déconvenues en déceptions pour Chloé…

Rien ne va plus pour Chloé. Ni avec sa mère, qui la traite de trainée, ni avec sa soi-disant meilleure amie, ni non plus avec son petit ami ou plus tout ex petit ami… sans oublier son père absent et peu réceptif.

La vie a décidé de lui donner un grand coup de pied aux fesses, ce qui va obliger Chloé à dire à tout le monde ce qu’elle a sur la conscience… cela avec plus ou moins de véhémence !

Règlement de compte sous forme de livre

C’est pas grave met en mots toute la colère que peuvent ressentir les adolescents face à l’injustice en général. L’ouvrage commence d’ailleurs assez violement avec une scène de dispute entre Chloé et sa mère. La narration de début est fort accrocheuse d’ailleurs car Jo Hoestland ne fait parler que Chloé, on n’entend que sa partie et ses répliques à elle lors de la confrontation mère/fille. Par la suite, on retourne à une narration plus traditionnelle.

Malgré cette mise en scène intéressante, l’histoire en elle-même laisse assez indifférent. On comprend les messages de l’auteur à travers sa narratrice en colère contre le monde entier, mais cela n’apporte pas grand-chose en soi.

L’histoire est trop courte pour que l’on s’attache à Chloé, et son quotidien même si il est totalement réaliste et identifiable ne réussit pas à convaincre.

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Ce court roman est donc pour moi un acte manqué. On passe à côté de l’histoire et de son fond. Ce petit coup de gueule sous forme de très court roman (à peine une centaine de pages) peut peut-être permettre à des ados de s’identifier à Chloé, mais sans aller réellement au bout des choses.

Chronique : Quiz Show

Quiz ShowLa littérature coréenne regorge de petites pépites qui ne demandent qu’à être découvertes ! Voici l’une d’entre elles…

Paru en France pour la première fois en 2012, Quiz Show de Kim Young-ha vient de paraître en poche aux éditions Picquier, l’occasion de découvrir un récit inclassable et captivant issu de la littérature coréenne contemporaine !
Kim Young-ha il a déjà six romans à son actif en France, et plus encore en Corée. Son dernier roman paru est Ma mémoire assassine, toujours chez Picquier.
Dans Quiz Show, vous allez être plongé dans le frisson de la compétition du quiz… mais pas seulement !

La vie ordinaire d’un jeune Coréen

Notre narrateur et « héros » se nomme Min-Su, sa vie est une succession de navigations sur Internet et d’échanges virtuels… Mais le jour à sa chère grand-mère décède, le quotidien va vite le rattraper : traites de la maison, factures, dépenses quotidiennes… le train de vie de Min-Su de concorde pas avec ses revenus, qui frisent le zéro.
C’est ainsi que commence la lente descente de Min-Su dans l’échelle de la société. En effet, que peux bien devenir un jeune homme sans famille, peu sociable et sans travail ? Pas grand chose pensez-vous ? Et bien peut-être que si, mais pas comme vous pourriez l’imaginer… il sera question de fée dans un mur, de quiz et d’étranges sociétés…

Une narration envoûtante et une intrigue insaisissable

L’écriture de Kim Young-ha est envoûtante. Il ballade son héros et nous avec sans jamais nous laisser deviner le fil de ses pensées ou ses intentions. On suit Min-Su aveuglément, surpris de ses rebondissements de vie. Sa recherche d’emploi, ses tribulations amoureuses, son amour pour la lecture, sa passion animée pour les quiz sur le Net, ses relations avec ses semblables… où tout cela va-t-il le mener ?
Si vous arriver à deviner ne serait-ce que les prémices des intentions de l’auteur, vous êtes presque devin !
Se laisser surprendre par une histoire, en suivre le fil sans rien en attendre de spécial, c’est là toute la force de Quiz Show. On se prend au jeu de la vie de Min-Su, totalement ancrée dans notre époque. Et pourtant, certaines choses font que le récit n’est pas totalement réaliste dans le plus pur sens du terme.

Inclassable, mais génial

Difficile de développer plus cette chronique de l’ouvrage sous peine de se perdre dans ses nombreuses facettes. Tout ce que je puis dire de Quiz Show c’est que j’ai adoré ce récit. Il s’agit d’un roman totalement réaliste mais non dénué de mystères.
J’aurais aimé en apprendre plus sur la fameuse Société… et en même temps, le fait de garder une part d’obscurité est plaisante…

C’est une des particularités des romans asiatiques que l’on retrouve souvent : on reste dans le flou, parfois même dans une expectative… et c’est à nous de nous faire notre propre idée sur la question. Quiz Show est un récit mystérieux, qui ne révèle pas toutes ses facettes, et c’est parfait comme cela. On peux ainsi prendre le temps d’y repenser et se faire ses propres histoire dans l’histoire…

En somme, ce roman est une petite merveille qui mélange allègrement de nombreux genres : chronique sociale, histoire d’amour, technologies, sociétés secrètes… Et quitter son indicible ambiance a été un crève-cœur. Vous entendrez donc très bientôt parler à nouveau de Kim Young-ha sur le site !

Chronique BD : Mots rumeurs, mots cutter

Mots rumeurs mots cutterDans la jungle sociale qu’est le milieu scolaire…

Parue en septembre 2014, Mots rumeurs mots cutter est la seconde bd des éditions Gulf Stream. Elle est parue dans la collection Les Graphiques, tout comme Rouge Tagada et se lit de façon totalement indépendante. Cette fois encore, l’ouvrage est signé par Charlotte Bousquet à l’écriture et Stéphanie Rubini au dessin.

La thématique générale est toujours la même : des tranches de vie d’adolescents qui ont des questionnements quant à leur personnalité, leurs sentiments. C’est aussi une façon d’illustrer tous les complexes et problèmes que l’on peut développer à cause de non-dits. Questionnements, harcèlement, relations ambigües, fausse amitié… le monde du collège est bien cruel.

Premiers émois, premiers amours

Tout commence à la rentre scolaire, quand notre jeune narratrice est placée par hasard à côté du beau Mattéo. Toutes les filles du collège ont très rapidement eu des vues sur lui. Charmeur, mignon, il a tout pour lui. Alors quand une complicité s’installe doucement entre elle est Mattéo, notre adolescente ne peut s’empêcher de rêver à une possible histoire d’amour…

Mais c’est sans compter sur les nombreuses jalousies qu’implique cette potentielle relation. Les amies ne sont peut-être pas aussi sympas que ça quand on se retrouve plus chanceuses qu’elles en amour. Et les technologies peuvent aider certains qui n’ont pas de scrupules à parvenir à leurs fin…

Mots rumeurs mots cutter insidePremières jalousies, premières tensions

Très bien fait en termes de narration, on ne peut s’empêcher d’appréhender les événements qui se déroulent autour de la jeune fille au fur et à mesure que l’étau social se resserre. Les dessins sont en parfaite corrélation avec le texte, c’est simple et très bien fait. On passe par toute une palette de sentiments (surprise, déception, révolte, indignation…), à l’image de notre jeune narratrice qui va de désillusion en désillusion.

Le trait coloré et vivant de Stéphanie Rubini fonctionne très bien avec l’esprit général du livre. Ses crayonnés travaillés avec simplicité sont simples et efficaces, sans regorger de détails.

L’histoire de Mots rumeurs, mots cutter est sur le harcèlement moral (et parfois physique) à l’école. Cette thématique difficile mérite que l’on en parle car ce n’est pas en cachant les choses que l’on peut les résoudre. Par ailleurs, il s’avère que la passivité et parfois pire que l’acte malveillant lui-même… mais heureusement, tout le monde ne se comporte de la même manière, quitte à sortir des standards imposés par la vie scolaire…

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Cette courte bande-dessinée est encore une fois une petite réussite. Je la trouve meilleure que la première réalisée par les deux auteurs. Plus impliquant, plus frontal aussi, ce titre mérite que l’on s’y attarde. A faire lire pour informer, ou pourquoi pas déculpabiliser certains adolescents qui pourraient s’identifier à la narratrice de ce récit qui entre dans le vif. Dès 14 ans environ.

Mots rumeurs mots cutter inside02

Chronique : Dualed – Tome 2 – Divided

Dualed 02La lutte pour la survie ne s’arrête jamais…

Écrite par Elsie Chapman, la série Dualed n’est composée que de deux tomes et vient tout juste de se clore en octobre 2014. L’auteur est d’origine Canadienne (côté anglophone) et vit maintenant dans la banlieue de Tokyo.

Divided est un tome qui nous en apprend plus sur les mécanismes de la ville de Kersh, dernier endroit au monde où il est possible de vivre sans guerre… mais à un prix très élevé.

De retour dans le monde ces chasseurs

West Grayer est à peine accomplie (elle a réussi à éliminer son double, son Alt) qu’elle doit déjà reprendre du service dans le monde tamisé et dangereux des chasseurs… Mais cette fois, sa mission est du genre que l’on ne refuse pas.

En effet, alors que son ancien travail de chasseuse est totalement illégal, le Conseil fait appel à elle pour qu’elle effectue trois éliminations exceptionnelles. Le Conseil sait tout de West et de ses agissements et compte bien en profiter à son avantage.

Mais accepter ne semble pas le choix le plus évident pour West, elle qui est encore hantée par les missions qu’elle a accomplies par le passé. Sa culpabilité la ronge à un tel point qu’elle va régulièrement voir une psychologue qui l’aide à s’accepter de nouveau telle qu’elle est.

 Enfin, n’oublions pas de préciser qu’il est tout à fait impossible de refuser une proposition du Conseil sans s’y bruler les ailes au passage…

Le mythe de Kersh enfin dévoilé dans toute sa laideur

Plus qu’une histoire tournant sur le personnage aux multiples facettes qu’est West Grayer, Divided exploite enfin les origines troubles de la ville de Kersh. Son passé, ses secrets, les projets qui y ont étés faits, et son but.

Au fur et à mesure que West avance dans ses missions, on découvre peu à peu toute la trame qui a fait de la ville ce qu’elle est maintenant avec son système d’Alts, de culture de la survie et du combat… On comprend un peu mieux pourquoi la ville est ainsi faite, même si tout n’est pas toujours justifié de façon satisfaisante. Et surtout, les origines inavouables de la cité guerrière nous sont enfin contées. Mais malgré toutes ces nombreuses révélations (dont certaines captivantes), on aurait voulu en savoir énormément plus sur tout ce qui fait Kersh.

Certaines pistes et idées sont à peine esquissées : la stérilité des habitants depuis des générations, la mystérieuse grille électrifiée qui empêche quiconque de sortir par tous les moyens possibles… et c’est justement là que l’on aurait aimé avoir un réel développement du pourquoi et du comment.

La notion d’injustice sociale y est encore plus marquée que dans le premier tome car cette fois-ci,  nous pouvons voir ce à quoi à droit l’élite en termes d’entrainement par rapport à la population normale, voire pauvre. Cette vision de l’autre côté de la scène est très intéressante, même si elle est trop marquée bons/méchants selon moi. On aurait apprécié voir plus de nuances dans la façon dont sont traités tous les personnages, car il n’y a au final que West qui se balance des deux côté sans jamais réellement savoir elle-même où elle se situe.

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En conclusion ce second tome se lit très rapidement car très efficace, tout comme le précédent. Cependant, beaucoup de questions restent ouvertes… Est-ce pour qu’Elsie Chapman reprenne la plume dans l’univers de Dualed si l’envie l’en prend plus tard ? Peut-être, mais nous restons un peu sur notre faim au niveau des révélations. Quant à l’action, elle est bien là, et bien ficelée comme il faut.

Chronique : Le liseur du 6h27

Le liseur du 6h27Un court roman qui met à l’honneur de la littérature sous toutes ses formes, sans prétentions et sans complexes…

Paru en mai 2014 aux éditions au Diable Vauvert, Le liseur du 6h27 est le premier roman de Jean-Paul Didierlaurent. Sa sortie a été très médiatisée et a créée un véritable petit succès de librairie. Il s’agit du premier roman de l’auteur, mais se dernier a déjà vu une de ses nouvelles publiée.

Au service de l’horrible de Zerstor 500

Guylain Vignolles est un homme tout ce qu’il y a de plus commun, hormis peut-être son nom qui peut devenir une malheureuse anagramme. Il se lève très tôt le matin pour prendre son RER de 6h27 afin de se rendre à son travail où il broie des livres à longueur de journée…

Pour lui qui est amoureux des mots, il n’y a pas pire métier que de transformer des livres en pâte à papier. Et c’est là que Guylain Vignolles devient à nos yeux une personne beaucoup moins plate qu’il n’y paraît : il récupère les feuilles rescapées dans les entrailles de la Zerstor 500 (qu’il nettoie quotidiennement) et en fait la lecture à voix haute dans la rame du RER de 6h27. Les extraits n’ont aucun rapport entre eux, et c’est justement ça qui les rend intéressants, vifs, savoureux.

C’est devenu le rendez-vous quotidien de nombreux usagers du RER, leur petite touche de soleil dans le morne de leur journée grise. Ainsi commence l’histoire aussi incroyable qu’ordinaire de Guylain Vignolles.

Des morceaux de vie qui tournent autour de l’amour des lettres

De la petite vieille amoureuse des lectures de Guylain Vignolles dans le RER, en passant par Yvon, le collègue de Guylain fou de bon vers à déclamer sans oublier Giuseppe qui recherche ses jambes broyées  dans la Zerstor 500 en rachetant les livres issus de la pâte à papier qui contient ses deux membres… tout est écrit par et pour l’amour des livres.

L’histoire de Guylain est aussi belle que simple, on apprivoise facilement son univers quotidien et la façon qu’il a de fuir son travail de bourreau des livres.

Et si vous êtes romantique, vous aimerez certainement la tendre histoire d’amour qui se profile au milieu du roman en l’objet d’une toute petite clé USB.

En ce qui concerne l’écriture de Jean-Paul Didierlaurent, elle est facile mais pas simpliste. On est rapidement emporté par l’histoire de chacun des personnages aussi charismatiques que normaux de cette histoire. S’immerger dans cette petite bulle littéraire est aisé. Si vous êtes un amoureux des lettres sous toutes leurs formes, vous serez servis dans ce court roman où tout est une référence à nos classiques littéraires.

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A lire pour se faire plaisir, pour découvrir une nouvelle plume et voir une nouvelle façon de « vivre livre ». L’histoire de Guylain Vignolles donne envie d’aller dans le RER déclamer quelques pages au hasard le temps de quelques stations… Une jolie découverte qui se dévore !

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Humains

HumainsA peine arrivé en librairie, Humains fait déjà beaucoup parler de lui. Gros succès aux Royaume-Unis et en Allemagne, c’est au tour de la France de découvrir le talent narratif de Matt Haig.

Le nom de l’auteur vous dit peut-être quelque chose ? C’est normal. Matt Haig a précédemment écrit le roman Les Radley (Le livre de Poche) ou encore l’ouvrage jeunesse La forêt interdite (Bayard Jeunesse). Il a également écrit pour des journaux tels que The Guardian, The Face, ou encore The Sidney Morning.

Il s’agit de son tout premier roman à destination des adolescents à paraître en France, mais Humains ne se cantonne pas uniquement à ce lectorat…

Un mathématicien d’Oxford remplacé par un mystérieux extraterrestre

Le professeur Andrew Martin est sans conteste le mathématicien le plus brillant du monde, mais personne ne le saura jamais. En effet, à peine a-t-il résolu la plus grande énigme mathématique du siècle qu’il a été supprimé et remplacé par un extraterrestre.

Humains formule zêta Riemann

Ce Graal des mathématiques, c’est l’Hypothèse de Riemann, une conjecture qui permettrait de trouver une suite logique aux nombres premiers. Et alors me direz-vous ? Et alors cela changerai le monde pour toujours, et l’extraterrestre le sait. Supers-ordinateurs, voyages dans l’espace… l’humanité possèderait alors un pouvoir qui la dépasse.

Aussi a-t-il pour mission d’éliminer toutes les personnes qui savent ou soupçonnent ce qu’à découvert Andrew Martin… L’humanité ne doit pas savoir, elle n’est pas prête et elle dangereuse pour elle-même.

Humains VOLes humains sont étranges, illogiques, déconcertants… mais attachants

Notre extraterrestre narrateur conte ainsi ses nombreux déboires en tant qu’apprenti humain. Il commence fort en se passant de vêtements, la pudeur étant pour lui un concept complètement étranger. Son incompréhension de notre monde est d’une logique implacable quand on se met de son point de vue… mais il passe surtout pour un fou aux yeux des autres.

La tâche d’éliminer les humains au courant de la prouesse mathématique d’Andrew Martin va être plus dure à accomplir que prévu. Entre son mariage avec une humaine qui voit sa vie de couple s’effondrer depuis des années et un fils complètement étranger… la mission s’avère corsée. Et d’autant plus que depuis qu’il a couru nu sur le gazon, il est presque prêt pour entrer dans une maison de fous…

Maladresses, incompréhension, bourdes, échanges sociaux ratés, notre hôte lointain est loin de faire illusion auprès des humains, mais ses pouvoirs de persuasion vont lui permettre de mener à bien sa mission. Et pourtant, malgré l’absurdité de notre existence, ce dernier commence peu à peu à trouver les humains moins laids, et même à apprécier certaines de leurs créations telles que la musique ou les poèmes d’Emily Dickinson. Par contre, il est consterné de découvrir notre journal du 20h00 qu’il appelle « Le journal de la guerre et de l’argent »… en même temps, il n’a pas tort.

Humains couverture allemande« Léonard de Vinci n’était pas des vôtres. Il était des nôtres. »

Le gros point fort de ce roman pour le moins atypique, c’est son écriture, et surtout le point de vue à partir duquel c’est écrit. Matt Haig a réussi le joli tour de force de décrire la nature humaine sans artifices et avec une énorme dose d’humour. C’est de l’humour en barre face au sérieux déconcertant de notre narrateur. Il est drôle malgré lui, et pour notre bonheur de lecteur, il ne s’améliore guère dans la compréhension de notre espèce mortelle et ennuyeuse.

« Space Oddity, de David Bowie, ne t’apprend rien sur l’espace, mais ses motifs musicaux sont très plaisants pour l’oreille. »

« Ton espèce compte beaucoup d’idiots. Beaucoup, beaucoup. Tu n’en fais pas partie. Ne lâche pas le terrain. »

Des citations du même genre, vous en trouverez des centaines, toutes plus drôles les une que les autres ! On appréciera particulièrement le moment de terreur absolue que ressent notre extraterrestre face à la fameuse formule mathématique résolue.

Le passage où il donne un cours magistral (et magistral) sur l’équation de Drake (elle permet de calculer les probabilités que l’humanité a de rencontrer un jour une forme de vie extraterrestre intelligente avec laquelle elle pourra entrer en contact). Cette scène est excellente et permet de nous initier aux sciences actuelles avec passion !

En somme, que vous aimiez les sciences ou non, Humains saura vous intéresser par son intrigue efficace. Les situations grotesques et/ou cocasses s’enchaînent et ne se ressemblent pas ! A lire pour rire de nous, de nos problèmes d’humains, mais également pour s’émerveiller de ce que nous sommes et de e qu’il nous reste encore à découvrir… Alors levons la tête vers les étoiles et rêvons…

Humains équation de Drake artist view