Archives du mot-clé amour

Chronique : La mémoire des couleurs

Chronique : Coup de foudre à Pékin

Une histoire d’amour touchante ayant pour toile de fond la Chine d’aujourd’hui

Peut-être connaissez-vous Chloé Cattelain, grande spécialiste de la Chine, sur laquelle elle a rédigé un mémoire et où elle a vécu.

Elle nous avait déjà fait le plaisir d’écrire le fabuleux roman Ma vie à la baguette, sur un ado franco-chinois. L’autrice de talent récidive avec cette fois-ci une adolescente française qui part vivre en Chine avec sa mère… et on s’y croirait.

Tout quitter pour aller vivre en Chine ? OUI !

Voici l’histoire de Clémence, une jeune française qui part vivre en Chine avec sa mère qui a été mutée. Et pour l’adolescente, c’est un rêve qui se réalise… Elle qui apprend le chinois depuis de nombreuses années va enfin pouvoir mettre en pratique ses acquis !

En parallèle, nous suivons le jeune Yonggui, un adolescent Chinois qui fait partie des meilleurs de sa classe et même de son école. Et rien ne pourra le distraire de son but : être le meilleur en tout pour s’assurer un avenir meilleur à lui et à sa famille…

Comment ces deux là vont-ils pouvoir se rencontrer et peut-être s’aimer ? Vous le saurez en plongeant à cœur perdu dans Coup de foudre à Pékin !

Une douceur de roman… 

Chloé Cattelain est pour moi une de mes autrice préférées en seulement deux romans. Pourquoi ? Car elle nous dépeint la Chine de manière unique et nous la fait aimer comme personne. Elle est si passionnée qu’elle ne peut que nous transmettre le « virus » de la Chine à travers des personnages vrais et sincères… Ainsi, après Ma vie à la baguette, ce second roman ado est une réussite.

Cette romance franco-chinoise fonctionne en tout cas à merveille (sans une once de guimauve), tant au niveau des deux protagonistes principaux qui sont très attachants, qu’au niveau narratif. L’humour est très présent, mais ça n’empêche pas Chloé Cattelain de traiter de sujets plus difficiles : le divorce, le côté très hermétique de la société chinoise, le travail à la chaine qui frise l’esclavage…

……..

Que dire de plus, sinon qu’il vous faut lire les livres de Chloé Cattelain, ce sont ce que j’appelle des livres-doudous. On s’y sent bien, on passe un excellent moment, et on n’a absolument pas envie des les quitter… A découvrir dès 13 ans environ.

Chronique : Once and for all

Peux-t-on encore croire en l’amour véritable quand sa chance est passée ?

Sorti aux éditions Lumen en mars 2018, voici Once and for all, le dernier roman en date (du moins en France) de Sarah Dessen ! Après les succès de ses précédents romans tels que Ecoute-la, Cette chanson-la ou encore Pour toujours… jusqu’à demain parus chez Pocket, c’est Lumen qui reprend le flambeau.

Organisation de mariages de mère en fille !

Dans ce nouveau roman, nous découvrons la vie de Louna, 17 ans, de sa maman débordée par l’organisation de nombreux mariages huppés, et de son ami et collègue (rien d’autre !) William, qui est comme un père pour la jeune fille.

Louna a cependant beau être encore une adolescente, cela ne l’empêche pas d’être déjà adulte par de nombreux aspects. Dès qu’elle n’est pas en cours, elle aide sa mère à organiser les nombreux et fastueux mariages de la société Natalie Barrett ! Et c’est loin d’être un travail de tout repos…

Et cela est encore plus dur à supporter lorsque l’on vous impose un collègue totalement tête en l’air et peu dégourdi… D’autant que pour Louna qui a vécu un drame, aider à unir deux êtres n’est pas toujours évident. De son point de vue, il faut se consacrer sur le travail et rien d’autre, elle a eu sa chance et l’a malheureusement perdue à jamais…

Un roman qui se veux positif et lumineux malgré les drames de la vie…

Le style de ce roman est le genre que l’on a envie de lire pour se sentir bien. Vous savez, ce genre de lecture qui nous rassure, nous fait se sentir bien… Sarah Dessen réussit-elle cet exercice ? Partiellement.

Pour ce qui est de se sentir bien, pas de problème. On sent immédiatement qu’on sera dans une histoire rassurante bien que triste par certains aspects. On sent par contre très rapidement comment va se dérouler l’histoire dans son ensemble… ça laisse très peu (voir aucune) place à la surprise…

De même, les personnages sont assez peu attachants car stéréotypés, et surtout on voit très rapidement où l’autrice veut en venir. Il y a le jeune homme agaçant mais mignon – Ambrose – qui va s’imposer dans la vie de Louna avec ses gros sabots. Il y a Louna elle-même, bloquée psychologiquement par son traumatisme (que l’on découvrira en cours de roman) qui s’interdit d’aimer quiconque à nouveau…

Le seul élément un peu drôle est le jargon que l’équipe de Nathalie Barrett utilise pour les mariages. Ils font des paris horribles pour savoir combien de temps le couple qu’ils viennent de marier va tenir. Ont des acronymes et des termes secrets pour une foule de choses : DRD pour Dernier Rang à Droite, un mariage horribles qu’ils ont rebaptisés « le désastre »… et plein d’autres choses. Cette facette du roman m’a beaucoup plu car bien que cynique, c’est très drôle.

…..

Alors, quel bilan tirer de cette lecture ? Il est certain que l’on ne lira par Once and for all pour son intrigue mais plutôt pour le sentiment de chaleur qu’il dégage. Si vous cherchez un roman sympathique mais cousu de fil blanc, cela pourrait convenir. Mais il a pour moi été difficile de terminer l’ouvrage, il y avait trop de longueurs et pas assez de contenu…

Cette lecture fut donc pour moi une véritable déception : trop gentillet, pas assez ambitieux… aussitôt lu, aussitôt oublié ! Dès 14/15 ans.

AUTEUR :
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Ma rentrée littéraire 2018 – Partie 1/2

Tous les ans, les libraires reçoivent des palettes de romans qui sortent tous à la même date, c’est la fameuse rentrée littéraire. Un phénomène bien français aussi fascinant que… très frustrant ! Impossible de lire les 567 romans de la rentrée, voici donc mon avis sur les 1,76% de romans de la rentrée que j’ai pu lire…

La femme de Dieu – Judith Sibony – Stock

La présentation faite pour La femme de Dieu était engageante. L’histoire d’un homme qui a une – énième – amante, sa femme a l’air de tout ignorer, tout comme leur fille unique… mais cette amante risque de briser l’équilibre fragile de la famille. Lui est un auteur de pièces de théâtre de renom, son amante elle, sort de nulle part… Et elle veut une seule chose de son amant : un enfant qu’elle chérira. Pourquoi ? Nul ne le sait, pas même elle, dont le besoin d’enfant issu des gènes de son amant est le but ultime… Et tous les moyens sont bons pour elle afin de parvenir à ses fins… y compris les plus tordus.

Pour être honnête je m’attendais à un roman original, mais pas retors. Et pourtant, La femme de Dieu est un livre qui m’a dérangée. Il n’a pas de véritable but selon moi, ne nous raconte rien, et il est rempli de lieux communs et de stéréotypes… Et surtout, je l’ai trouvé assez malsain. Quand on découvre jusqu’à quelles extrémités est prête cette femme pour avoir un enfant, c’est perturbant… Et puis, les ficelles tirées par l’auteure sont parfois un peu grosses…

En somme, la femme de Dieu fut un roman sur lequel je misais quelques espoirs, mais qui ont rapidement été soufflés.

Vivre ensemble – Émilie Frèche – Stock

Avant de vous faire lire la chronique de l’ouvrage, je tiens à préciser que j’ai lu et apprécié ce roman AVANT de connaître toute la polémique qu’il y a autour. D’ailleurs, suite au scandale suscité par la parution du roman, les éditions Stock ont du insérer un encart dans l’ouvrage afin de calmer les esprits. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur l’affaire en question, je vous laisse lire ces quelques liens :

Je vais donc uniquement parler du livre et de son intrigue, et pas du scandale qui s’y rapporte.

Vivre ensemble, c’est l’histoire d’un couple qui s’aime passionnément, et qui décide d’emménager ensemble suite aux attentats du 13 novembre. Cette attaque en plein Paris a pour eux été une véritable claque qui leur a fait prendre conscience qu’il fallait profiter de l’instant présent. Déborah a eu un fils d’un précédent mariage, Léo. Pierre a également eu un fils d’une union précédente : Salomon. C’est donc à quatre qu’ils vivent, dans un appartement de Paris. Et très vite, on sent venir des tensions au sein de la famille recomposée…

D’ailleurs, la scène d’ouverture donne tout de suite le ton : on y découvre Salomon tenant un couteau de cuisine et menaçant tout le monde car il a été contrarié par une petite phrase…

Mais là où Emilie Frèche surprend, c’est dans le déroulement de son roman, on sent qu’un drame se prépare, mais impossible de deviner sous quelle forme… Ainsi, Vivre ensemble est un roman sous tension, que l’on pourrait presque assimiler à un thriller domestique.

Efficace, redoutable. C’est assurément une des belles surprises de cette rentrée, mais il faut mettre de côté la polémique qui l’entoure pour l’apprécier.

La papeterie Tsubaki – Ito Ogawa – Editions Picquier

Ce roman fabuleux de tendresse signe le grand retour d’Ito Ogawa. A placer au même niveau que Le restaurant de l’amour retrouvé (qui était une merveille), ce roman nous fait découvrir le métier désuet et passionnant d’écrivain public au Japon.

On y suit Poppo, une jeune femme d’à peine 25 ans qui vient de perdre « l’Ainée » comme elle l’appelle tendrement. C’était sa grand-mère, et maintenant qu’elle est partie, Poppo décide de reprendre la papeterie familiale. Elle y vend quantité d’articles, mais exerce également le métier plus confidentiel d’écrivain public. Si vous cherchez quelqu’un qui pourra vous rédiger une lettre pour écrire à une ancienne amante, ou que vous souhaitez refuser une demande d’emprunt tout en restant poli, ou encore imiter l’écriture d’un parent décédé pour réconforter celui qui vit encore, vous êtes à la bonne porte.

Tout y est décrit avec précision, chaque geste, chaque encre, chaque type de stylo/plume/crayon utilisé est décrit, de même pour le papier. Il y a une énorme charge symbolique dans chaque choix fait pour écrire une lettre, même le timbre a son importance… Tout cela sans oublier la quantité de formules rituelles différentes pour chaque situation.

L’esprit du Japon transparaît à merveille dans ce roman, c’est tout simplement un roman-doudou. On se sent bien entre ses pages, on savoure chaque histoire humaine qui va nous faire un nouveau talent de Poppo… C’est un petit bijou de délicatesse, et il ne faut donc pas vous en priver ! Un des plus beaux/doux romans de la rentrée….

« Le timbre devait être humecté avec des larmes de chagrin pour une lettre triste, et avec des larmes de joies pour une lettre gaie« .

PS : Pour ceux qui savent lire le japonais, vous trouverez chaque lettre écrite par Poppo à l’intérieur du roman.

PS** : Un second tome avec la même narratrice est prévu pour la rentrée littéraire de 2020, le titre sera La république du bonheur.

Les voyages de sable – Jean-Paul Delfino – Le Passage

Si je vous dit que ce roman raconte l’histoire d’un homme dont la vie commence à Marseille il y a 250 ans… jusqu’à maintenant ? Me croirez-vous ? Voici le récit de Jaume, un homme qui est dans l’incapacité totale de mourir… lui-même ignore comment une telle chose est possible, mais cela fait plus de deux siècle qu’il vit malgré lui. Il a tout vécu, tout connu, baroudé par delà le monde, rencontré l’amour, été trahi, assassiné, battu, exclu… il a également eu ses moments de gloire.

Tout cela, Jaume décide de le raconter au tenancier d’un petit bar, situé Rue Saint-André des Arts, un homme nommé Virgile. Depuis des années que Jaume fréquente le bistrot, il n’a jamais lâché qu’un ou deux mots. Mais ce soir, dans l’hiver froid de Paris, il décide de raconter son incroyable histoire…

Si vous rêvez de voyage, d’aventure et de passion, vous êtes au bon endroit. Les voyages de sable est une histoire à la Highlander (pour le côté narrateur immortel) qui nous transporte. C’est empli de poésie, d’amour, de beauté… On passe de l’Afrique à l’Amérique du Sud sans oublier l’Europe… c’est un merveilleux tour du monde et une fresque historique qui a tout pour transporter.

Anatomie de l’amant de ma femme – Raphaël Rupert – L’Arbre Vengeur

Si il y a bien un roman de la rentrée auquel je n’ai pas compris grand chose (notamment la fin !), c’est bien celui-là ! Le début était pourtant aussi drôle qu’attrayant : un homme découvre dans l’un des nombreux journaux intimes de sa femme qu’elle a un amant.

Dans tous ses carnets, il n’est mentionné qu’une seule fois ! Mais qui est-il ? Et qu’à-t-il de plus que lui exactement ? Est-la la longueur de ses attributs ? La largeur ? Autre chose ? Cet homme essaye de comprendre ce qui attire sa femme chez cet amant et en fait une véritable fixation. Tantôt drôle, tantôt tragique, c’est un roman assez inclassable… Au final, malgré un début très drôle, je n’ai pas réussi à m’approprier ce roman. Et surtout, les dernières pages sont tellement barrées que je n’ai pas bien compris si le narrateur était dans un rêve ou dans la réalité…

Chronique : Les garçons de l’été

Un roman happant qui ne vous lâche pas une seule seconde, tel un requin vorace. Plongez corps et âme dans une histoire sombre à souhait…

Paru initialement en grand format aux éditions P.O.L, Les garçons de l’été est un roman génial et assez inclassable. Il aurait très bien pu entrer dans la catégorie « romans noirs », mais c’est finalement en folio, dans la collection blanche qu’il paraît en poche au mois d’avril 2018.

Il s’agit officiellement du premier roman de l’auteure française Rebecca Lighieri… Mais en réalité, elle a écrit une dizaine d’ouvrages sous le nom d’Emmanuelle Bayamack-Tam (parmi lesquels Si tout n’a pas péri avec mon innocence, Je viens ou encore Une fille du feu).

Sous son pseudonyme, elle a également écrit un autre roman, toujours aux éditions P.O.L : Husbands. Il a l’air également assez sombre…

L’histoire de deux frères qui ne vivent que pour et par le surf

Voici l’histoire de Zachée et de Thadée. Deux frères très différents mais dont la passion commune les transcende, les lie de façon unique : le surf. Ils sont constamment emplis de ce besoin viscéral de se mesurer au plus belles vagues, aux plus beaux et plus difficiles spots…

Mais un jour, le drame va frapper sous la forme d’un requin. De la jambe de Thadée, il ne reste que quelques lambeaux de peau… Personne ne le sait encore mais ce terrible événement signera la fin du bonheur pour une famille entière. Et révèlera le pire chez certains membres de cette famille aisée à qui tout souriait jusque là…

Glaçant, captivant et absolument mémorable

Je dois l’avouer, j’ai d’abord pris ce roman à cause de son bandeau très accrocheur : « Du Stephen King à la française ! ». Même si j’y allais avec curiosité et envie, j’avais peur d’être déçue, mais c’est tout le contraire qui s’est produit. Les garçons de l’été est une merveille de noirceur… Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi poussif en termes de détails et de faits glauques, mais ça ne m’a pas dérangée tant c’est bien amené.

L’atout majeur de ce roman, c’est sans aucun doute ses nombreux personnages. Ils sont tous distinguables facilement, l’auteure réussissant à nous les faire aimer (ou détester) en quelques pages seulement.

Par exemple, la mère de Thadée et Zachée – Mylène – m’a horripilée au plus haut point (ce qui veux dire que l’auteure a réussi son coup !). Elle est tellement coincée, rigide et hautaine qu’on a qu’une envie, la gifler. Constamment en adoration devant ses fils, tout particulièrement son ainé Thadée qu’elle couve de façon étouffante, elle est un cliché ambulant. Mais on sent que c’est une volonté de l’auteure et qu’il ne s’agit pas là d’un écueil dans lequel elle serait tombée.

Mais tous les autres protagonistes du drame sont également magistraux. Nous avons le point de vue de chacun à tour de rôle, et au fil des chapitres le portrait d’ensemble devient de plus en plus sombre…

Ainsi découvrons-nous ce qu’il se passe dans la tête du frère de Thadée, de leur père Jérôme (plus complexe qu’il n’y paraît), de Cindy la petite amie de Thadée, ou encore de Ysée, la petite sœur étrange des frères surfeurs.

D’ailleurs, la partie narrative d’Ysée, qui arrive en toute fin de roman est très intéressante. Elle m’a beaucoup fait penser à des écrits tels que Le bizarre incident du chien pendant la nuit ou Les Autodafeurs avec le personnage de Césarine. Leur point commun ? Une narration extrêmement originale car leur héros est atteint d’autisme. Et même si ce n’est officiellement pas le cas d’Ysée, elle a certaines caractéristiques autistiques flagrantes qui la rendent singulière et attachante.

Outre la grande qualité du roman apportée par ses personnages, les nombreux changements de genres sont pour beaucoup dans le caractère unique de l’ouvrage. On passe d’un roman de littérature dite « blanche » au policier voir au thriller psychologique avant de basculer dans un flottement où le fantastique est également possible. Bref, le lecteur n’a aucun répit, et cela à aucun moment.

Petit détail sur le thème principal du roman, le surf. Il y a quantité de termes issus de ce sport, et que l’on soit passionné ou non, ce n’est pas un frein à la lecture. Je ne connais aucunement le surf, ni ses figures, ni ses lieux-phares ou son vocabulaire, mais ça n’a jamais bloqué ma compréhension du roman. On voyage avec Thadée, Zachée et Cindy sur l’océan comme si nous y étions, l’auteure a dû énormément se documenter pour arriver à ce niveau de précision.

Enfin, il y a une grande dimension symbolique dans ce roman, notamment au niveau biblique, entre autres choses… Et ces nombreux parallèles et références aux mythes sont très intéressants et ajoutent encore à la qualité de ce texte déjà prégnant. Sans parler de tout ce que vous trouverez en sachant lire entre les lignes.

…….
Ainsi, vous l’aurez compris au travers de cette longue chronique, Les garçons de l’été m’a porté un coup au cœur comme rarement j’en ai eu pour un livre. Ce roman-chorale d’une famille en plein éclatement est marquant, grandiose et saura surprendre ceux qui oseront le lire…

J’ai donc hâte de retomber dans l’univers de Rebecca Lighieri !

Chronique : Eleanor & Park

Une des plus belles histoires d’amour jamais écrites. Magique. Percutant. Mémorable.

Rainbow Rowell  est une auteure d’origine américaine. Cinq de ses romans sont déjà parus en France. Mais si on ne devait parler que d’un seul de ses ouvrages, c’est forcément Eleanor & Park que l’on se doit de citer. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est l’un des meilleurs romans que j’ai lu.

Par-delà les aprioris et le harcèlement

Eleanor est nouvelle au lycée. Elle subit déjà les remarques, les quolibets, les bousculades… elle essaye d’être discrète, de se faire toute petite. Quand on est ronde et rousse, c’est un peu comme si on cherchait les ennuis d’après certains…

Eleanor s’installe tous les jours dans le bus au même endroit : juste à côté de Park, qui l’ignore royalement.

Park ne veut rien avoir à faire avec cette fille. Il est américain, mais on le tanne toujours sur ses origines coréennes. Lui aussi essaye de ne pas trop se faire remarquer, même si il n’est le souffre douleur de personne. Il est juste très discret et peu bavard…

Comment une histoire peut-elle naître d’une rencontre quotidienne de quelques minutes dans un bus scolaire ?
Et pourtant… aussi improbable que cela paraisse, Eleanor et Park vont vivre une histoire unique. Belle, sucrée, terriblement douce et déchirante… Voici l’histoire d’un couple mythique de la littérature ado (mais pas seulement !).

Un roman absolument mémorable

Lire Eleanor & Park, c’est un peu comme manger un fraisier (oui, j’aime les fraisiers). On le commence, puis, on en reprend un bout, puis un autre… Jusqu’à la fin ! Dès les premières pages, on s’attache à cette drôle de fille qu’est Eleanor. Personnalité rugueuse, toujours hors des sentiers battus, un  look peu probable, réparties cinglantes (et géniales)… Eleanor est unique.

Il en est de même pour Park. Il a beau être de nature réservée, ses goûts musicaux et littéraire font de lui une personne à part (bien que relativement respectée) au lycée.

Autant le dire : Eleanor et Park détonnent totalement. On ne voit pas du tout comment ces deux-la vont pouvoir finir ensemble… Et pourtant, peu à peu, la magie opère… Raibow Rowell arrive à rendre ses deux personnages plus vrais que nature. Ils existent à travers nos yeux de lecteur. Et ils sont géniaux.

Vous allez apprendre à aimer ces deux personnages charismatiques et touchants. Tous les sujets sensibles sont traités avec talent dans ce fabuleux roman : la maltraitance, le harcèlement scolaire, l’amour, les premiers émois, la relation parent/enfant… Impossible de ne pas tomber sous le charme unique de cette histoire.

…..

Rainbow Rowell est une magicienne des mots. Ici, rien de magique cependant, tout le récit est à 100% réaliste. Mais dès les premières pages, vous serez transportés par cette histoire d’amour à nulle autre pareille… Quand vous approcherez de la fin, vous ne pourrez pas vous empêcher de dévorer les pages pour connaitre la conclusion !

C’est une véritable pépite, ne passez pas à côté, et cela quel que soit votre âge.

Chronique : Les sœurs Hiroshima

Un roman magnifique et très percutant nous retraçant la terrible réalité qu’a subi la ville d’Hiroshima le 6 août 1945. Un véritable classique au Japon à découvrir enfin en France. Inspiré du récit d’une survivante de la tragédie…

Mariko Yamamoto est une auteure japonaise. Son roman, Les sœurs Hiroshima est un véritable classique au Japon, le voici enfin en France, publié aux éditions Bayard en septembre 2017.

L’histoire d’une tragédie que personne ne doit jamais oublier

Voici le début d’une nouvelle journée, nous sommes au Japon, dans les environs de la ville d’Hiroshima. Nous découvrons deux sœurs qui vivent en très bonne entente. Toujours à s’entraider, à faire de sprojets sur la comète où elles rêvent d’ouvrir une petite entreprise ensemble… pourquoi pas un restaurant ? Ou autre chose ? Akiko et sa grande sœur (nous n’aurons jamais son prénom) sont inséparables… jusqu’à l’explosion.

Leur petit village soufflé. Des maisons effondrées, des villageois blessés ou morts… Voici le récit de la lutte pour la survie écrit du point de vue d’Akiko.

Ne jamais oublier

Le roman a beau avoir été écrit par Mariko Yamamoto, ce roman est issu d’un entretien qu’elle a eu avec la vraie Akiko. Cette survivante de la bombe H a témoigné auprès de l’auteure, mais a refusé pendant de très nombreuses années de voir son récit publié. Ce qui l’a fait changer d’avis ? Le devoir de mémoire. Akiko a décidé qu’il fallait que son histoire et celle de sa sœur (et de toutes les victimes) soit connu pour qu’une telle horreur ne se reproduise jamais.

Très pudique et intimiste, on navigue entre les souvenirs d’enfance heureuse des deux sœurs et leur présent aux allures d’apocalypse. Au début, on est perdu, comme elles. On ne comprend pas immédiatement que c’est la bombe qui a frappé, la description faite par Akiko étant très floue. Elle est totalement déstabilisée et perdue… comme nous en la lisant.

Plus qu’un roman, c’est donc un récit et un témoignage que l’on découvre ici. Une fois que l’on sait cela (grâce à l’introduction), tout est exacerbé : l’injustice, la souffrance, la peur… Seul bémol quant à cette introduction, elle nous raconte comment se termine l’histoire. On aurait pu se passer de cette information et avoir une suite d’analyse de l’œuvre dans un épilogue…

….

Terrible et touchant à la fois, Les sœurs Hiroshima est donc un très beau roman. Il est en effet nécessaire et devrait être lu par tous, en tout cas c’est le souhait d’Akiko. La réalité des choses est parfois difficile, mais il vaut mieux la connaître que l’occulter.

A découvrir dès l’âge de 13 ans minimum.

Chronique : Le vide de nos cœurs

La recherche d’un partenaire de suicide peut-elle amener à autre chose qu’un terrible passage à l’acte ?

Premier roman de l’américaine Jasmine Warga, Le vide de nos cœurs est paru chez Hugo Roman en 2015. En mars 2018 paraîtra son tout nouveau roman, toujours chez le même éditeur : Là où je me suis retrouvée.

Jasmine Warga a été professeure de sciences pour les élèves en difficulté avant de se tourner définitivement vers l’écriture young-adult, en particulier dans le genre de la romance.

L’envie de mettre en terme à sa propre existence

Aysel est une ado qui va mal. Elle a l’impression d’être une pièce rapportée dans sa famille où vivent joyeusement sa mère, son beau-père et ses demi-frères et sœurs… C’est encore pire maintenant que son père biologique est en prison pour meurtre. Son nom de famille est connu à des kilomètres alentour, tout le monde sait ce qu’a fait son père… Et la plus grande crainte d’Aysel, c’est que le sang et les pulsions de son père coulent également dans ses veines.

Aysel refuse d’être un monstre criminel comme son père. Sa décision est donc prise, elle va en finir. Mais pour cela, il lui faut un partenaire de suicide car elle a peur de ne pas passer le cap seule et de se débiner au dernier moment…

Un roman aussi touchant qu’inattendu

L’idée de base de ce roman est surprenante, mais tiens la route. Au gré de ses aléas sur le net, Aysel tombe sur le site Smooth Passages, dédié au suicide. C’est très glauque, mais le ton du roman ne l’est pas le moins du monde ! C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de FrozenRobot, un jeune homme qui vit à quelques kilomètres de chez elle, et qui lui aussi veut en finir.

Difficile au début de s’apprivoiser quand on sait quel est le but de ces deux là. Le suicide est un acte très intimiste, et le concept même de compagnon de suicide pour accomplir l’acte est paradoxal. Peu à peu, ils s’obligent à se connaître, à s’apprivoiser, à décider du lieu de la fin, à apprendre comment l’autre fonctionne…

Mais où commence la démarche de suicide et où se trouvent les balbutiements d’une histoire d’amour ? Car ils ont beau faire comme si de rien était, leur relation devient de plus en plus ambigüe.

Le vide de nos cœurs est un beau roman pour ados. Il parle de la souffrance, de la sensation de ne pas se sentir à sa place dans sa famille (cela arrive à nombre d’ados), des regrets, des erreurs des autres membres de sa famille et comment les dissocier de soi-même.

L’histoire a beau avoir des facettes prévisibles, cette lecture est superbe. Les deux personnages principaux que sont Aysel et Roman sont extrêmement touchants dans leurs faiblesses. Il y a tout même quelques petits rebondissements en cours de route…

……

Une chose est sûre, c’est le genre de roman-doudou que l’on affectionne lire. On voit les personnages se démener et être bringuebalés par la vie, puis peu à peu, ils la prennent eux-mêmes en main. Malgré un sujet difficile, on arrive à rire et à positiver au final, ce qui n’était clairement pas évident en début de partie.

Donc, si vous cherchez un roman qui évolue peu à peu tout comme ses personnages, c’est l’histoire parfaite. A découvrir dès l’âge de 15 ans minimum.

Chronique : Killarney Blues

Un roman social qui nous fait découvrir l’Irlande dans ce qu’elle a de plus simple et de plus beau… et dur. Une histoire âpre et réaliste qui frôle avec le roman noir…

Premier roman de Colin O’Sullivan à paraître en France, Killarney Blues est paru aux éditions Rivages lors de la rentrée littéraire 2017. L’auteur a d’ores et déjà écrit un autre roman, encore non traduit en France. Il vit au Japon où il enseigne l’anglais.

Un portrait de l’Irlande profonde

Bienvenue à Killarney, une très belle ville d’Irlande qui se situe au sud-ouest du pays, dans les terres, au bord d’un magnifique lac. La ville bénéficie du tourisme, ce qui fatigue autant les habitants que cela les fait vivre…

C’est ici que vit Bernard, un jeune homme un peu simple d’esprit, mais toujours prêt à aider son prochain. Il vit de son travail, avec son cheval Ninny qui conduit sa calèche pour les touristes. Bernard est « secrètement » amoureux d’une jeune femme de Killarney depuis des années : Marian. Mais la jeune femme ne regarde jamais Marian comme lui la regarde, et le jeune homme est souvent l’objet de moqueries… Tout cela sans oublier Jack, celui qui boit toujours trop, dont la violence sous-jacente vibre.

Bienvenue donc à Killarney, petit ville de 15 000 habitants où tout le monde est avide de commérages et où les non-dits et la misère frappent soudainement…

Un roman intéressant aux personnages très réalistes dans leur humanité

Lire Killarney Blues, c’est un peu comme avoir un petit bout d’Irlande sous le bras. Dans l’esprit, Colin O’Sullivan nous offre de magnifiques paysages, des personnages forts en caractère et en réalisme. Le rythme est lent, très lent, mais cela ne rend pas la lecture inintéressante, bien au contraire. On s’intéresse à chaque détail, chaque trait de caractère, tout prend peu à peu sens et monte en puissance… et dangerosité.

En effet, on est dans le roman noir, mais alors, dans le genre très doux. La quatrième de couverture laisse présager un roman policier et une enquête, ce qui n’est pas franchement le cas. Si on devait décrire rapidement Killarney Blues, on pourrait le qualifier de roman social noir, mais pas à proprement parler de roman noir.

On y lit la détresse, le dénuement financier, parfois intellectuel… Bernard est le personnage central de cette histoire que l’on n’imagine tourner mal… mais ce n’est pas vraiment le cas. La vie réserve des surprises, et elles ne sont pas nécessairement mauvaises.

……

Alors, si vous recherchez un roman bien écrit, corsé, de qualité, et sauvage (avec de belles descriptions de la nature), Killarney Blues vous ravira. C’est un bon roman, mais il ne faut pas l’assimiler à un roman à suspense. Une fois ce fait intégré, vous passerez un excellent moment de lecture, à la fois nostalgique, triste, mais laissant un sentiment positif malgré tout.

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique Jeunesse : L’enfaon

Une nouvelle de science-fiction destinée à la jeunesse absolument belle et touchante qui ravira les lecteurs par sa justesse et sa beauté…

Dans la série des Humanimaux, je demande… L’enfaon ! L’ouvrage a été écrit par Eric Simard en 2010. Mais depuis cette année où L’enfaon est né, d’autres Humanimaux ont vu le jour : L’emperroquet, L’engourou, L’enbeille, L’encygne, L’enlouve… et d’autres encore !

Mais outre la série des Humanimaux, Eric Simard a écrit nombre de romans pour la jeunesse : La femme qui refusa de se soumettre (Oskar), Roby ne pleure jamais (Syros), Le cycle des destins (Syros), Le souffle de la pierre d’Irlande (Magnard Jeunesse)…

Un enfant pas comme les autres…

L’enfaon vient du CHGM, le Centre des Humains Génétiquement Modifiés. Quand il n’était encore qu’un embryon, l’enfaon s’est vu détectée une maladie très rare. Pour le sauver, ses gènes ont été entremêlés à ceux d’un cerf car la maladie ne les atteint pas. Ainsi est-il devenu avant même de naître un enfaon.

Il a des yeux un peu plus grand que ceux des autres enfants et répond « absent », la tête vers la forêt visible à travers la fenêtre de l’école quand on fait l’appel. Et peu à peu, Leïla, une de ses camarades de classe se sent happée par le charme de l’enfaon…

Une histoire d’amitié et d’amour d’enfance

Lire L’enfaon, c’est découvrir une prose exceptionnelle de douceur. Eric Simard a écrit de très nombreux textes, mais celui-ci a une résonance particulière. Il parle de tant de sujets différents en si peu de pages (et cela avec adresse), qu’on comprend pourquoi il est souvent conseillé ou prescrit par les professeurs. On y parle de la différence, de l’intégration, du harcèlement, de l’amitié, des barrières qui sont parfois posées par les autres à notre place…

L’enfaon a beau être une histoire typée science-fiction, son contenu est absolument universel. L’histoire nous est contée du point de vue de Leïla, qui découvre l’enfaon avec ses yeux d’enfant amoureuse… et cela jusqu’à son âge adulte. Et la conclusion du roman est d’une beauté, d’une poésie, infinie !

………

En conclusion, L’enfaon est un véritable petit chef-d’œuvre dans son genre. En seulement quarante-deux pages, on découvre une vie, un univers totalement nouveau, à la fois très normal et très différent du notre. Les manipulations y on cours, mais le monde de l’école ressemble à celui que nous avons connu dans notre enfance… Un beau mélange entre anticipation et normalité pour nous aider à réfléchir sur de très nombreux thèmes qui font notre quotidien.