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Chronique : La Reine sous la neige

Un roman poétique, sensible et délicat qui nous plonge dans une Angleterre où la Reine n’est plus… mais où son esprit perdure.

Si vous aimez la littérature de jeunesse, le nom de François Place vous parle nécessairement. Il est l’un des auteurs phare de la maison Gallimard même si tous ses ouvrages ne sont pas exclusivement chez eux. On peut citer Le vieux fou de dessin (souvent prescrit dans les écoles primaires) ou encore La douane volante.

Mais la particularité de ce grand monsieur de la littérature de jeunesse, c’est qu’il est également illustrateur. C’est lui qui a fait les couvertures de la plupart des romans de Michael Morpurgo (Le royaume de Kensuke, Le roi de la forêt des brumes, etc.).

Il est également l’auteur et illustrateur d’une série de premières lectures chez Folio Cadet : Lou Pilouface.

La reine sous la neige est son dernier roman en date, il est à destination des préados.

Une atmosphère étrange plane sur l’Angleterre

Une violente tempête s’abat sur Londres, et c’est une quantité de vies qui s’en trouvent bouleversées. Et en premier lieu, celle de Samantha qui devait faire escale à Londres avant de retrouver sa famille… mais elle devra rester plusieurs jours et se débrouiller par elle-même. Et ce n’est que le début des ennuis, l’adolescente est seule car personne ne l’a accompagnée dans ce voyage et pire encore, elle se fait rapidement voler son téléphone portable…

En parallèle, on suit une enquête menée par deux policiers anglais censés résoudre le mystère d’un tigre enfuit d’un zoo… et ils ont intérêt à le retrouver rapidement sous peine de fâcheuses conséquences !

Mais ce n’est pas la seule histoire à s’enrouler autour de la présence fortuite de Samantha, et comme vous allez le découvrir, tout n’est peut-être pas hasard, mais destin ?

Un roman atypique extrêmement plaisant à lire…

Impossible de cataloguer ce roman, mais est-ce vraiment nécessaire ? Bien sûr que non. Ce qu’on peut en dire, c’est qu’il s’agit d’une belle histoire où tout s’entremêle savamment au fil des pages… le tout teinté de réalisme magique à peine saupoudré.

Il ne s’agit pas d’un roman policier, ni d’un roman d’aventures à proprement parler, même si il y a bien du suspense et un mystère à résoudre.

Avant tout cela, La reine sous la neige, c’est d’abord un style, une ambiance, une atmosphère. L’univers de François Place est aussi beau que rassurant pour celui/celle qui le lit. On se régale de voir découler un hasard, puis un autre, puis un autre… jusqu’au portrait d’ensemble réussit d’une histoire originale qui fonctionne bien.

Plus qu’une histoire, c’est donc une écriture et un univers particuliers que vous découvrirez. J’ai beaucoup aimé cet ouvrage même si au final j’en garde un souvenir diffus. Il faisait partie des belles surprises que j’ai pu découvrir en fin d’année 2019 (mais que je ne chronique que maintenant).

Alors si vous aimez vous faire surprendre, si la particularité ne vous fait pas peur, ce roman est pour vous. Il est touchant, très poétique et laisse planer un doute sur le fait – ou non ? – qu’il y a toujours un peu de merveilleux dans le quotidien.

Her Majesty the Queen inspects 1st Battalion the Welsh Guards at Windsor. The Queen, Colonel-in-Chief, accompanied by The Duke of Edinburgh, and The Prince of Wales, accompanied by The Duchess of Cornwall, presented New Colours to the 1st Battalion Welsh Guards at Windsor Castle today, before joining the regiment and their guests at a Regimental Garden Party in the castle grounds.

Pour en savoir plus :

C’est dans ce roman que j’ai découvert que la Reine avait des avantages parfois étranges ! Elle possède ainsi tous les cygnes sauvages qui vivent au bord de la Tamise (il faut qu’ils ne soient pas marqués). Et en creusant un peu le sujet j’ai aussi découvert qu’elle n’avait pas besoin de passeport pour voyager et qu’elle n’a pas de permis de conduire !

Pour en revenir aux animaux, suite à un texte datant de 1324 qui nous vient d’Edouard II, « le monarque possède de fait les baleines et esturgeons pris en mer ou n’importe où dans le royaume« .

Ce texte n’ayant jamais été supprimé, si il prenait l’envie un jour à la Reine de demander le fruit de la pêche de certains bateaux, elle le pourrait ! Tout cela dans un périmètre limité à 5 km des côtes du Royaume-Unis, mais tout de même, c’est déjà bien assez. Voilà pour les étranges avantages octroyés quand on est monarque du Royaume-Uni.

Chronique Jeunesse : Le Club de l’Ours Polaire – Tome 1 – Stella et les mondes gelés

Enfin un roman jeunesse qui me faire, sourire, rêver, m’évader ! Partez à l’aventure avec Le club de l’Ours Polaire, vous ne serez pas déçu.e.s…

Paru chez Gallimard Jeunesse en 2018, le premier tome du Club de l’Ours Polaire a bénéficié d’un fabuleux bouche à oreille… C’est ainsi qu’il fut l’un des succès de l’année dans les rayons jeunesse de nombreuses librairies ! Le second tome est quant à lui paru en juin 2019 en France… Le troisième opus est d’ores et déjà sorti en V.O. mais il faudra être patients pour le lire chez nous car Gallimard Jeunesse n’a pas encore annoncé sa sortie…

Un roman enlevé, et empli d’une imagination débordante

Nous voici partis pour une expédition un peu folle où les filles n’ont pas le droit de participer car c’est dans le règlement du Club de l’Ours polaire depuis toujours… Mais le père de Stella Flocus Pearl va faire pencher la balance en sa faveur !

C’est ainsi que la jeune fille accompagne son père pour une aventure haute en couleurs sous le signe de la magie, de l’amitié et du danger… Un combo gagnant mais risqué quand on sait ce qui attend nos héros…

La créativité d’un monde enchanteur au service d’une histoire captivante !

Si vous aimez les univers à la Harry Potter ou Gardiens des Cités Perdues, cette série est pour vous. On y retrouve les qualités extraordinaires d’un très bon roman jeunesse : un soupçon de magie, des inventions un peu folles, des créatures étranges et de furieuses bonnes idées.

Une fois lancé, impossible de lâcher ce premier tome à l’efficacité redoutable. Même les personnage détestables… ont les adore. Et surtout, Alex Bell a su insuffler de la vie à son univers. C’est magique, tout fonctionne et en même temps on s’évade en peu de pages. Elle a réussit à concocter un mélange de choses mignonnes (je pense aux Compagnons Polaires qui accompagnent Stella et qui donnent constamment le sourire) et créatives !

Et surtout, elle a su créer un univers mêlant magie et aventure qui sans être complexe sait être assez dense pour accaparer son lecteur. Tout fonctionne, de la guilde des explorateurs (composée de quatre factions à découvrir : L’ours polaire, le Chat de la Jungle, le Calmar Géant et le Chacal Doré, à l’image des maisons de Poudlard) avec chacune son règlement en passant pour une mythologie poussée.

Il y a même quelques références à certains contes de fées disséminées dans le roman, ce qui le rend encore plus plaisant selon moi !

Pour une fois qu’il est possible de lire un roman jeunesse sans trouver qu’il est trop classique ou une pâle copie d’un autre, c’est assez rare pour s’y intéresser.

En somme, si vous n’êtes pas encore allé chez votre libraire pour découvrir cette merveille, il est grand temps… Surtout que le premier tome est paru en Folio Junior, donc à prix assez réduit. Vous ne serez pas déçus, je vous en fait la promesse. Adapté dès l’âge de 9 ans pour ceux qui lisent déjà beaucoup, sinon dans l’idéal 10 ans.

Chronique album jeunesse : Petit Elliot et la grande famille

Le second album ayant pour héros Petit Elliot et son amie la souris. Toujours aussi mignon et empli de tendresse…

Second opus de la série d’albums jeunesse Petit Elliot… voici La graaaande famille !

Le premier album de Petit Elliot était un fabuleux coup de cœur ! Nous y découvrions un petit éléphanteau tout mignon perdu dans le Manhattan des années 30. Dessins détaillés, et un peu tristes, mais magnifiques ! Avec Petit Elliot – La grande famille, nous retrouvons l’éléphanteau et la petite souris qui nous avaient tant plu…

Une amitié indéfectible

Petit Elliot et la souris vivent ensemble depuis la fin du premier album. Leur amitié leur permet de constamment repousser les obstacles, les peines…

Mais aujourd’hui, c’est une journée un peu spéciale pour la petite souris : elle va voir sa famille. Ce qui implique, ses parents, ses grands-parents, ses 15 frères, ses 19 sœurs, ses 25 tantes, ses 27 oncles… et ses 147 cousins ! C’est ainsi que la petite souris s’en va d’un bon pas rejoindre sa famille… et que Petit Elliot se sent bien seul. Très seul. Tellement, qu’il commence même à déprimer… Alors, que va-t-il pouvoir bien faire pour aller mieux ?

« Les sœurs partagent des friandises (et des secrets) »

Toujours empli de tendresse et de beauté mêlés

Encore une fois, Mike Curato à fait des merveilles ! Impossible de ne pas tomber sous le charme magique qui lie Petit Elliot et la petite souris dans le New York des années 30 (environ, on imagine vu le graphisme que c’est vers cette époque).

Les dessins sont toujours aussi travaillés et détaillés, fidèles à la réalité de l’époque. C’est encore une fois un immense coup de cœur. L’histoire est quant à elle touchante, tendre, vraie. Absolument parfaite pour passer un bon moment de lecture.

Toujours un peu mélancolique, magnifique, de toute beauté… Comme toujours, c’est une franche réussite à mettre entre toutes les mains dès l’âge de 3 ans. Alors, on a qu’une hâte, découvrir le troisième opus de Petit Elliot – la fête foraine.

Comme toujours avec Petit Elliot, on retrouve la tendresse et la mélancolie… mais avec toujours une fin qui donne le sourire et met du baume au cœur !
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Chronique album jeunesse : Petit Elliot dans la grande ville

Une nouvelle série pour les enfants dès l’âge de trois ans autour de l’entraide et l’amitié… bienvenue à New York, et suivez le guide !

Les éditions Casterman ont acquis les droits d’une très belle série d’albums jeunesse d’origine américaine : Petit Elliot (Little Elliot en langue originale).

Son auteur, Mike Curato, a fait des études d’illustration et exercé le métier de graphiste-designer. Cet album est son tout premier, il vit à Brooklyn, d’où certainement le choix du lieu où se déroule l’histoire de Petit Elliot !

N’est-il pas trop trop choupi ?

Un éléphant trop mignon… mais également trop petit

Comme son nom l’indique, Petit Elliot est minuscule. Tout est compliqué pour lui : faire les courses (personne ne le remarque), prendre les transports (il craint qu’on le bouscule on qu’on l’écrase), faire le ménage (il doit empiler des tas de choses pour atteindre tous ses meubles).

Mais malgré tout, Petit Elliot savoure les moindres petits plaisirs de la vie, et il lui sourit à chaque instant… Et c’est ce trait de caractère très positif va aider petit Elliot à toujours positiver et continuer et surtout… aider encore plus petit que soi !

Au fil des pages, on suit le quotidien calme et adorable de Petit Elliot dans la belle ville de New York.

Une petite merveille de graphisme

D’une douceur incroyable, magnifiquement illustré, l’histoire de Mike Curato est extrêmement touchante… D’un charme à la fois désuet et merveilleux, on ne peut que tomber amoureux de Petit Elliot. 

Petit Elliot est trop petit pour qu’on le remarque à la boulangerie, une petite souris est affamée dans un parc de New York… Leur amitié pourrait-elle changer la donne ?

Si vous souhaitez découvrir (et faire découvrir) le New York des années 20 ou 30, cet album est parfait pour se faire.

Et surtout, il est parfait pour illustrer aux enfants qu’il y a toujours plus petit que soi, et que l’aider et bien… c’est bon pour le karma ! (et l’estomac).

A découvrir dès l’âge de 3 ans pour s’émerveiller, découvrir, aimer… Retenez bien le nom de ce nouveau petit personnage, il fera chavirer nombre de petits cœurs d’enfants…du moins je l’espère !

En très peu de coups de crayons, avec un certain minimalisme, Mike Curato nous attendrit avec une émotion à vif.
L’histoire de Petit Elliot est avant tout une très belle leçon de vie et d’amitié qui s’appréciera à tout âge.

Chronique : Quatre filles et quatre garçons

Un roman qui dépeint avec talent et réalisme les difficultés de l’adolescence… Pour en ressortir grandit !

Florence Hinckel est une autrice française à qui l’on doit de très nombreuses œuvres à destination de la jeunesse et des ados : U4 – Yannis, Le chat pitre, Le grand saut, Nos éclats de miroir… Elle est très prolifique et sort très régulièrement un nouvel ouvrage.

Avec Quatre filles et quatre garçons, elle a réussit à s’installer durablement dans le paysage éditorial, car son ouvrage est devenu un titre de fonds aussi bien pour les librairies que pour les bibliothèques.

Huit ados très différents aux problématiques qui le dont tout autant

Ils se prénomment Benoît, Sarah, Dorian, Mehdi, Justine, Clotilde, Joséphine ou Corentin. Ils sont inséparables depuis de longues années, ont partagé tant de moment complices qu’ils lisent dans les pensées de l’autre sans problème…

Sauf que. Ils ont 15 ans, l’adolescence arrive, les questionnements également. Les interrogations, la peur, les doutes, les premiers émois, la rébellion vis à vis des parents pour certains…

Au travers de cette année si particulière pour chacun.e, ils décident d’écrire un journal. Chacun.e choisira la forme qu’il/elle souhaite, ils peuvent s’enregistrer, se filmer, écrire, peu importe ! Ce qui compte, c’est qu’ils partagent un moment clé de leur vie au travers de confessions qu’ils relirons peut-être, une fois qu’ils auront atteint l’âge adulte…

Un roman aux allures de recueil de nouvelles liées fortement entre elles pour former un grand tout

Il est difficile de faire une chronique globale de cet ouvrage, j’ai ainsi décidé de vous le présenter personnage par personnage. Les histoires ne sont pas toutes égales en qualité, et c’est justement plus intéressant d’en parler en utilisant cet axe.

Joséphine : Elle s’interroge énormément sur les autres. Se demande qui est cette mystérieuse fille qu’elle croise souvent à l’abribus. Lui créé une vie dans sa tête tout en se demandant ce qu’il en est réellement.

Une bonne nouvelle dans sa vie ? Ses seins ont doublé de volume en l’espace d’une nuit ! (ou presque). C’est l’occasion pour elle de s’interroger sur ce qu’est l’amour, et comment on embrasse, d’ailleurs ?

Mais elle a également peur d’une chose : que ses parents se séparent à nouveau… Et ça la mine.

Autre chose… elle sait plein de choses, mais ne s’en vente pas. A peur de passer pour une intello auprès des autres, y compris de ses amis proches…

Son histoire est intéressante, mais comme c’est la première narratrice, ont la voit encore évoluer au fil des autres histoires.

Benoît : Un peu « fort », son surnom, c’est BN à cause d’une histoire un peu folle. Quand il était plus petit, il s’est perdu en montagne pendant plusieurs heures (presque une journée) et a survécu en mangeant la seule chose qui lui restait : des BN.

Ses deux parents sont profs dans le collège qu’il fréquente, ce qui n’est pas toujours facile à accepter (ni à faire accepter aux autres…).

Il a réussit ont ne sait trop comment à se faire foudroyer durant la période où il devait tenir son journal ! Et ça l’a rendu cool aux yeux de ses autres camarades.

Benoît s’interroge beaucoup sur l’image qu’il a des filles, comment il les perçoit, et si ce qu’il pense est juste, ou non. C’est en tout cas au final un garçon aussi gentil que respectueux de son prochain.

Sarah : C’est LA fille canon du groupe. Elle est belle, et elle le sait… ce qui lui porte fortement préjudice car elle a une idée (trop) haute d’elle-même en ce qui concerne son physique, elle trouve ainsi qu’aucun garçon n’est assez bien pour elle. Cependant, elle ne se trouve douée en rien et mise tout sur son physique pour avancer dans la vie. Elle ne rêve que d’une chose : devenir mannequin professionnelle.

Du côté de ses parents, ce sont des gens modestes. Son père tient de façon obsessionnelle un journal qui contient tous les chiffres sortis au Loto, tous les jours, depuis des années.

Depuis quelque temps, Sarah veut tellement atteindre son objectif de devenir mannequin qu’elle commence à se sous-alimenter afin d’atteindre les standards de beautés imposés… jusqu’à y laisser sa santé en devenant peu à peu anorexique. Et cela s’exacerbe quand elle est repérée par une agence de mannequinat très prestigieuse.

Dorian : C’est un ado assez effacé, il ne dit rien, même quand les événements deviennent graves. Il y a quelques années, dans un autre établissement, il était le bouc émissaire d’un autre garçon de son âge. Cela l’a beaucoup traumatisé et placé dans une situation de victime dont il n’est jamais vraiment sorti. Le nom de ce garçon qui le harcelait ? Bastoche. Mais le hasard remet l’ancien bourreau de Dorian sur sa route, et les ennuis reprennent. Harcèlement, cruauté, lynchage, Bastoche resserre son emprise malsaine sur Dorian et le coupe peu à peu de ses amis… 

Mehdi : On suit le long cheminement du jeune homme à réaliser – et assumer – qu’il est gay. Pas facile pour lui quand on voit le comportement de certains, ou ne serait-ce que leur façon de parler… La situation est une véritable torture pour lui. Il est encore plus effacé que Dorian, c’est dire. Mais peu à peu, la solution va venir à lui… Il est d’une gentillesse extrême et va même devenir un très bon ami de la jeune fille mystérieuse du bus : Solène.

Justine : Avec Justine, on assiste à un changement radical de personnalité par amour. Elle qui est si gentille, ponctuelle, parfois même un peu fade, elle va se rebeller contre tous pour ressembler au garçon à qui elle veut plaire. Elle l’a rencontré lors de son stage en librairie, il est gothique, et Justine va tout faire pour l’attirer à elle. Sa mère est une autrice célèbre qui écrit de nombreux romans à l’eau de rose (mais elle n’assume pas et écrit sous pseudonyme…), et Justine déteste ces romans, qu’elle juge mettre systématiquement les femmes en position de victimes…

Clotilde : Elle est belle, métisse et orpheline de mère (qui a été tuée par son ex à cause d’une chute dans les escaliers). Elle vit donc seule avec son père. Elle est gentille, d’une douceur extrême, mais elle possède cependant de fortes convictions féministes !

Joséphine : Elle est un peu l’archétype de l’adolescente qui s’interroge sur tout ce qui l’entoure, mais également sur son corps qui change. Ce n’est pas le personnage qui m’a le plus marqué car elle manque quelque peu de profondeur selon moi…

Corentin : On peut le qualifier de beau-gosse du groupe… Et il s’est mis à la musique avec un groupe nommé Les bêtes sauvages, et très vite, ils rencontrent un sacré succès… Mais cela ne va-t-il pas leur faire tourner la tête ? Corentin reconnaîtra-t-il ses amis ou leur tournera-t-il le dos pour les paillettes et les projecteurs ?

En somme, ce roman pour ado est très complet et intéressant. Il propose une représentation juste et variée de quantité d’adolscent.e.s de notre époque, même si parfois le trait est un peu forcé. Il y a bien quelques longueurs (normal sur un roman qui fait 750 pages !) mais la lecture reste agréable car partitionnée par personnage. Parfait pour rassurer et se découvrir quand on a 15 ans, en plus l’ouvrage est sorti en poche il y a peu…

Chronique jeunesse : Hôtel Heartwood – tome 1 – Une maison pour Mona

Un roman jeunesse empli de mignonitude et d’aventures… un régal !

Hôtel Heartwood est une série en quatre tomes destinée à la jeunesse. Le premier est paru en octobre 2018 aux éditions Casterman. Désormais, elle est entièrement traduite et disponible en librairie. L’histoire est signée Kallie George et les illustrations tendres sont de la main de Stephanie Graegin.

Une petite souris en errance…

Mona est une souris orpheline qui vit dans la forêt : elle a tout perdu suite à une inondation, sa petite maison, ses maigres affaires… il ne lui reste plus rien hormis sa valise en coque de noix ornée d’un cœur gravé. C’est ainsi qu’elle cherche un abri qui pourrait devenir sa nouvelle maison… et elle tombe sur le magnifique (et caché) Hôtel Heartwood ! Et c’est tout un monde de joie et de douceur qui s’ouvre à elle, dommage qu’elle ne puisse y rester que pendant l’automne, à la saison pleine, l’hôtel n’a pas besoin de mains supplémentaires en hiver… ce n’est donc que du temporaire pour la malheureuse souris… mais c’est déjà ça !

De la tendresse et de la bienveillance en quantité

Lire Hôtel Heartwood, c’est un peu comme de se couvrir d’un plaid tout doux, s’installer confortablement dans son fauteuil préférée et savourer une délicieuse boisson chaude… C’est doux, apaisant… on est dans une petite bulle de plaisir ! Je ne puis que vous conseiller ce merveilleux début de saga pour les enfants. On y trouve à la fois de l’aventure, de l’humour, un peu de suspense, et beaucoup de beaux sentiments (sans tomber dans le niais, ce qui n’était pas facile !).

Mona, l’héroïne de la série.

Il se peut que vous détestiez Tilly, la petite écureuil, mais le temps passant, vous réussirez certainement à l’apprécier malgré les apparences, qui sont contre elle… Pour les autres personnages, ils ont tous un petit quelque chose qui vous fera les aimer : Mr Heartwood et sa manie de parler tout le temps en rimes, Mme Prickles la cuisinière avec ses fameux palets aux graines exquis, le pic qui donne l’alerte en cas de danger, Ted l’ours (jeu de mot en VO avec Teddy Bear, ourson en peluche)…

On a une seule envie en refermant le premier tome des aventures de Mona à l’Hôtel Heartwood, c’est d’y retourner ! Et quelle chance, c’est possible puisqu’il y a encore trois autres tomes à découvrir… Le second se déroule pendant l’hiver (à la Saint Édredon) et s’intitule Un hiver si doux.

Chronique jeunesse : Mimi et le dragon des montagnes

Une histoire d’amitié autour du thème des dragons pour les enfants dès l’âge de six ans environ.

Michael Morpurgo est un auteur britannique à l’œuvre très large. Nombre de ses romans sont prescrits dans les écoles anglaises et françaises. Parmi ses très nombreux romans, on peut citer : Le royaume de Kensuké, Le roi Arthur, Cheval de guerre (dont il y a eu une adaptation cinématographique)…

Avec Mimi et le dragon des montagnes (paru chez Gallimard Jeunesse), l’auteur nous offre un petit conte de son cru à lire aux enfants qui savent lire… ou non !

L’histoire d’une amitié inattendue

Mimi est une jeune fille qui vit dans un petit village tout ce qu’il y a de plus calme. Attention toutefois à la terrible dragonne qui vit en haut de la montagne ! Elle est aussi dangereuse que terrible, et il serait totalement suicidaire d’aller la déranger…

Mais quand Mimi découvre dans l’étable de sa ferme un bébé dragon endormi, elle décide immédiatement de le ramener à se maman, au risque d’encourir son terrible courroux !

Mignon, parfait pour les enfants qui souhaitent une petite histoire de dragons

L’histoire de Mimi et du dragonnent qu’elle découvre est très courte, elle peut se lire en une nuit ou deux pour les parents qui souhaiteraient en faire la lecture à haute voix. Sinon, des enfants de CE2 pourront s’y essayer sans aide.

Dans son traitement, l’histoire étant courte, il n’y a guère de développement. C’est aussi simple qu’efficace. Les illustrations d’Helen Stephens sont adorables, en particulier quand on voit le dragonnet recroquevillé en train de dormir !

En somme, c’est une histoire, mignonne. Pas certaine qu’elle soit mémorable, mais on passe un agréable moment de lecture. C’est un bon mélange entre fantastique et aventure !

Chronique : Qui a peur de la mort ?

Un roman d’anticipation mémorable qui mélange magie, post-apo et tant d’autres choses qu’il est impossible de tout énumérer… Découvrez le continent Africain comme vous ne l’avez jamais lu !

Premier roman de l’américaine Nnedi Okorafor d’origine nigériane à paraître en France, Qui a peur de la mort ? est paru en octobre 2017 aux éditions ActuSF. Mais une chose est certaine ce ne sera pas le seul… Aux Etats-Unis, elle a déjà écrit plus d’une douzaine de romans, dont une partie ont été primés : Binti a reçu le prix Hugo et le prix du Nebula du premier roman court. Elle a également eu le prix World Fantasy pour Qui a peur de la mort ?

Pour la petite histoire, Qui a peur de la mort ? est tout d’abord paru aux feues éditions Panini, dans la collection Eclipse en 2013. Ces dernières ont mis la clé sous la porte, et le texte de Nnedi Okorafor s’est perdu avec. Mais grâce aux éditions ActuSF, ce texte majeur de l’imaginaire connaît maintenant une seconde vie !

Autre bonne nouvelle, HBO a acquis les droits en vue d’une adaptation en série télé.

Quel destin pour Onyesonwu, enfant du viol et de la guerre ?

Elle n’était pas destinée à exister ou à naître, mais la fatalité en a décidé autrement. Notre histoire commence avec un énième conflit entre les Nurus et les Okekes. Les Nurus sont persuadés d’être supérieurs aux Okekes et cherchent à les dominer par tous les moyens…

C’est ainsi que violée par des guerriers Nurus ennemis, ayant traversé le désert enceinte, Najiba, une Okeke, accoucha sans aucune aide… Elle a traversé des villes hostiles avec son bébé avant de trouver un endroit qui les accueillerait toutes les deux : Jwahir. Voici pour l’histoire de la naissance d’Onyesonwu qui porte sur elle la marque du viol de par sa couleur de peau métissée. Maintenant, place à l’Histoire elle-même.

Au commencement de cet étrange roman, il y a la mort du père adoptif et bien aimé d’Onyesonwu… et son enterrement qui va tourner au cataclysme dans la ville de Jwahir.

Un roman initiatique fort aux symboliques mémorables

Pour ceux qui aiment les récits qui forgent et abiment leurs héros, c’est LE roman parfait. Si les histoires lisses et peu mouvementées vous lassent, vous êtes au bon endroit. C’est simple, Qui a peur de la mort ? est un roman qui frappe, qui salit, et qui laisse une empreinte mémorable chez son lecteur.

De nombreuses scènes y sont mythiques. Certaines sont d’une dureté difficilement supportable (viols, morts, excision…), d’autres d’une beauté unique (amour, sacrifice, force). Une chose est sûre, vous ne resterez pas indifférent face à une telle œuvre.

Nnedi Okorafor se fiche totalement des genres qu’elle utilise et use de tout sans réserve pour servir son propre style et cheminement. Il y a de la magie, des croyances, des guerres, une déesse qui trace les destins : Ani. Et surtout, il y a un apprentissage de longue haleine, un voyage initiatique, une guerre qui se profile… L’histoire peut sembler assez classique dans les grandes lignes, mais détrompez-vous, son traitement, son écriture, tout y est unique.

J’ai particulièrement apprécié la personnalité d’Onyesonwu, sa pugnacité, ses capacités à se jouer de l’adversité sont impressionnantes. Elle n’est jamais aussi belle que dans la difficulté… c’est une véritable belle héroïne de roman. J’ai surtout aimé ses phases d’apprentissage et son enfance/adolescence.

De plus, le vocabulaire très spécifique à l’univers de Nnedi Okorafor et à sa culture nigériane nous aide immédiatement à nous plonger dans cette Afrique post-apocalyptique. On apprend énormément de choses, on est touchés en plein cœur par certaines scènes, c’est aussi beau que terrible.

…..

C’est donc un roman incontournable à lire absolument si vous voulez un dépaysement garanti et une intrigue bien loin d’être cousue de fil blanc. Entre violence et onirisme, magie et rites de passage, c’est une véritable plongée dans l’inconnu.

Sachez enfin que ce roman peut se lire comme un tome unique, mais qu’il y a un second tome de paru aux Etats-Unis : The book of Phoenix.

Chronique : Le vide de nos cœurs

La recherche d’un partenaire de suicide peut-elle amener à autre chose qu’un terrible passage à l’acte ?

Premier roman de l’américaine Jasmine Warga, Le vide de nos cœurs est paru chez Hugo Roman en 2015. En mars 2018 paraîtra son tout nouveau roman, toujours chez le même éditeur : Là où je me suis retrouvée.

Jasmine Warga a été professeure de sciences pour les élèves en difficulté avant de se tourner définitivement vers l’écriture young-adult, en particulier dans le genre de la romance.

L’envie de mettre en terme à sa propre existence

Aysel est une ado qui va mal. Elle a l’impression d’être une pièce rapportée dans sa famille où vivent joyeusement sa mère, son beau-père et ses demi-frères et sœurs… C’est encore pire maintenant que son père biologique est en prison pour meurtre. Son nom de famille est connu à des kilomètres alentour, tout le monde sait ce qu’a fait son père… Et la plus grande crainte d’Aysel, c’est que le sang et les pulsions de son père coulent également dans ses veines.

Aysel refuse d’être un monstre criminel comme son père. Sa décision est donc prise, elle va en finir. Mais pour cela, il lui faut un partenaire de suicide car elle a peur de ne pas passer le cap seule et de se débiner au dernier moment…

Un roman aussi touchant qu’inattendu

L’idée de base de ce roman est surprenante, mais tiens la route. Au gré de ses aléas sur le net, Aysel tombe sur le site Smooth Passages, dédié au suicide. C’est très glauque, mais le ton du roman ne l’est pas le moins du monde ! C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de FrozenRobot, un jeune homme qui vit à quelques kilomètres de chez elle, et qui lui aussi veut en finir.

Difficile au début de s’apprivoiser quand on sait quel est le but de ces deux là. Le suicide est un acte très intimiste, et le concept même de compagnon de suicide pour accomplir l’acte est paradoxal. Peu à peu, ils s’obligent à se connaître, à s’apprivoiser, à décider du lieu de la fin, à apprendre comment l’autre fonctionne…

Mais où commence la démarche de suicide et où se trouvent les balbutiements d’une histoire d’amour ? Car ils ont beau faire comme si de rien était, leur relation devient de plus en plus ambigüe.

Le vide de nos cœurs est un beau roman pour ados. Il parle de la souffrance, de la sensation de ne pas se sentir à sa place dans sa famille (cela arrive à nombre d’ados), des regrets, des erreurs des autres membres de sa famille et comment les dissocier de soi-même.

L’histoire a beau avoir des facettes prévisibles, cette lecture est superbe. Les deux personnages principaux que sont Aysel et Roman sont extrêmement touchants dans leurs faiblesses. Il y a tout même quelques petits rebondissements en cours de route…

……

Une chose est sûre, c’est le genre de roman-doudou que l’on affectionne lire. On voit les personnages se démener et être bringuebalés par la vie, puis peu à peu, ils la prennent eux-mêmes en main. Malgré un sujet difficile, on arrive à rire et à positiver au final, ce qui n’était clairement pas évident en début de partie.

Donc, si vous cherchez un roman qui évolue peu à peu tout comme ses personnages, c’est l’histoire parfaite. A découvrir dès l’âge de 15 ans minimum.

Chronique jeunesse : Esther et Mandragore – Tome 2 – D’amour et de magie

Suite des aventures de la jeune sorcières et son chat bavard… toujours dans le monde des humains non sorciers !

Il est arrivé en librairie en octobre 2016, voici le second opus des aventures d’Esther et Mandragore ! La petite série jeunesse est toujours chez Talents Hauts, dans la collection Zazou. L’histoire est issue la plume de Sophie Dieuaide, et c’est toujours Marie-Pierre Oddoux qui donne vie à ses personnages.

Correspondance secrète… et magique !

Esther est toujours en territoire humain, à parfaire ses connaissances sur ce monde si différent du sien, sans magie. Mais avec de l’amour ! En effet, dans le monde d’Esther, il n’y a pas d’hommes, et donc pas de couples… C’est à se demander comment toutes ses amies sorcières et elles-mêmes sont nées ! La jeune sorcière décide donc d’élucider le mystère de l’amour pour son amie Hermine qui se pose la question : qu’est-ce donc que l’amour ? Comment naît-il ? Comment sait-on quand on est amoureux ?

Un roman aussi plaisant que le premier !

Ce second tome de la série jeunesse Esther et Mandragore est très sympathique. On passe un excellent moment de lecture entre rires et sourires, surtout grâce à Mandragore !

Après, j’avoue que ce second tome reste moins mémorable que le premier car très ressemblant. La problématique du questionnement autour de l’amour reste sympathique, mais pas aussi captivant que le premier tome. Peut-être aurait-il fallu changer à nouveau d’univers pour mieux garder le fil ?

Le plus drôle restera toutefois la correspondance qu’entretien Esther avec ses amies. Quand la jeune sorcière découvre à quel point l’image que nous avons des sorcières dans notre monde est vilaine, elle va s’empresser de le cacher à ses amies ! Et oui… les sorcières ne sont pas toutes laides avec de verrues et un balai comme moyen de transport.

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Pour conclure, ce roman restera absolument parfait pour des lecteurs et lectrices dès l’âge de 9 ans. On y retrouve tous les ingrédients qui font un bon roman jeunesse : de l’amitié, beaucoup d’humour et un soupçon de magie ! Alors… à quand un troisième opus ?

PS : Petit conseil, je vous conseille de lire/découvrir la série dans l’ordre, car il y a un fil rouge qui mérite d’être découvert dans l’ordre. Donc il faut d’abord lire Une sorcière et son chat, puis D’Amour et de magie !