Archives du mot-clé amitié

Chronique : Personne ne te sauvera

Personne ne te sauveraOubliez tout ce que vous croyez savoir sur les vampires et leurs prétendus pouvoirs…

Fabrice Colin est un auteur réputé dans le monde de l’imaginaire français. Il a notamment écrit la  série Les vampires de Londres, la série Les Petits Monstres, Arcadia, ou encore Bal de givre à New York.

Fabrice Colin fait aussi partie des fondateurs de la maison d’édition Super 8 – créée en 2014  – spécialisée dans les thrillers et la littérature de l’imaginaire.

Son roman Personne ne te sauvera est tout d’abord sorti en poche, dans la collection scolaire Etonnantissimes chez Flammarion en 2012. L’ouvrage a ensuite été réédité dans la collection grand-format Tribal, destinée aux adolescents et toujours chez Flammarion.

Manon, adolescente, et peut-être déjà sa vie derrière elle

Quand on a 17 ans et que l’on découvre que l’on a un anévrisme qui peut nous faire mourir d’un instant à l’autre, impossible de prendre les choses avec philosophie. La décision de Manon est prise : plutôt que de se faire opérer et risquer sa vie sur une table d’opération, elle décide de dépenser l’intégralité de ses économies pour fuguer… à Las Vegas.

Elle qui a vu de nombreuses photos de ses parents dans la ville mythique située en plein désert a ressenti un mystérieux besoin de « retour aux sources ». Ses errances et ses rencontres dans Las Vegas vont être pour le moins surprenantes, en particulier quand Manon croisera la route de Dorian, un homme qui donne un spectacle où il raconte sa soi-disant vie de vampire… Et si Dorian était réellement ce qu’il prétend être durant sa représentation ?

Personne ne te sauvera scolaireLe mythe du vampire revu et corrigé par Fabrice Colin

Ici, la légende du vampire est esquissée et garde tout son ténébreux mystère. Le personnage de Dorian est fascinant et captivant, mais ne se livre jamais vraiment, au grand dam de Manon. Elle qui est atteinte d’un anévrisme, vous devez vous douter de l’intrigue de fond qui va être soulevée : Manon va-t-elle céder à l’attrait d’une possible vie éternelle ou risquer une courte vie sur le fil ?

Bien que les enjeux soient annoncés dès le début, ça n’est pas cela le plus important. Pour moi, tout réside dans l’ambiance si particulière de ce monde de la nuit dans la ville de Vegas. On a l’impression d’évoluer dans un monde parallèle au notre tant les gens et leurs comportements sont différents.

Du monde des vampires, vous saurez donc au final peu de choses tant Dorian est secret. On apprend cependant que le sang humain est plus une drogue qu’un réel moyen de sustentation pour eux, de même qu’ils ne sont pas vraiment immortels mais vivent plusieurs centaines d’années.

La narration est faite sous forme d’enregistrements audios réalisés par Manon tout le long du récit aux chapitres très courts. Le tout rend le récit très rapide à lire, et surtout vivant. Le roman fait à peine 150 pages en étant très aéré au niveau de sa typographie, on peut presque parler ici d’une longue nouvelle.

…….

Alors que penser de cet ouvrage étrange au goût doux-amer ? La conclusion de cette lecture est très positive, il s’agit d’un bon récit fantastique qui ne part pas dans de grandes intrigues. On découvre un imaginaire délicat très ancré sur des problèmes réels. L’immersion est plaisante, l’expérience agréable. Le texte est à la longueur parfaite pour nous laisser un petit goût d’inachevé qui n’est pas pour déplaire. Dès 14 ans.

Chronique : Les Autodafeurs – Tome 2 – Ma soeur est une artiste de guerre

Les autodafeurs 02Un second tome sanglant et explosif !

Marine Carteron est l’heureuse auteur d’une série détonante : Les Autodafeurs. Le premier tome est paru en mai dernier, et le second tome vient tout juste de paraître en octobre 2014. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa série a su séduire très rapidement aussi bien les libraires que les blogueurs…

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce second tome est très largement à la hauteur de l’attente !

Un complot 2.0 d’ordre mondial

Suite logique et immédiate du premier tome, on retourne sans difficulté dans l’intrigue. Les problèmes de Gus et Césarine ne font que commencer : leurs grands-parents sont morts en essayant de protéger des éléments clés de la Confrérie. Leur mère est dans le coma, et Gus est sous surveillance policière par le biais d’un bracelet électronique.

Dire que contrecarrer les plans des Autodafeurs va être compliqué relève de l’euphémisme…

Le complot visant la maîtrise des connaissances au niveau mondial a débuté, et même si la lutte semble inégale, elle nous réserve quelques surprises. Il se pourrait bien que la Confrérie possède quelques armes secrètes qu’elle ignore elle-même, notamment en la personne de Césarine ou encore de Néné…

Les Autodafeurs CésarineVous pensez-être prêts ? Rien n’est moins sûr !

Une fois le tableau de la situation dressée, place à l’action et aux révélations. Espionnage, biologie de pointe, piratage informatique, chantage, tous les moyens sont bons pour Gus, Césarine et Néné. Si vous pensez avoir tout lu, vous êtes bien loin du compte car de belles surprises nous sont concoctées dans ce second tome. Impossible de s’ennuyer une seule seconde, chaque phrase est soit drôle, soit terriblement efficace, l’écriture étant l’énorme point fort de Marine Carteron.

Si vous vous demandez d’où sort le titre original de ce second tome : Ma sœur est une artiste de guerre, il vous faudra chercher du côté du grand stratège Chinois de la guerre Sun Tzu. En effet, Césarine ne jure plus que par L’art de la guerre, dans lequel elle retrouve toute sa logique, y allant continuellement d’une citation chaque fois parfaite pour la situation.

Et cet art de la guerre va être fort nécessaire dans cet opus car tout s’accélère : fini les entraînements au dojo et place aux vrais combats. De même, vous êtes prévenus, mais cette fois-ci, le sang va couler…

Encore et toujours, les parties écrites par Césarine sont selon moi les meilleures. D’une logique implacable et d’une sensibilité inattendue, la jeune fille va faire montre de sentiments inconnus d’elle auparavant. Encore une fois, elle réussi à nous surprendre et à nous faire sourire grâce à sa façon de voir les choses. Son monde est d’une beauté simple, et elle fera tout pour le préserver. Et c’est celle qui fait le moins l’exposition de ses sentiments qui justement va nous en communiquer perpétuellement.

« Sara faisait une grande maison qui souriant avec deux bonhommes très moches sous un énorme soleil qui souriait. […] Comme ce n’était pas très logique, je lui ai expliqué que ce n’était pas possible parce que le soleil était une étoile […] et donc qu’ils ne pouvaient pas sourire. »

Ceci n’est qu’un petit extrait, mais voici la teneur des pensées qui traversent quotidiennement Césarine. C’est beau et touchant.

 …..

Mais ce second opus, c’est également des scènes plus intenses, plus violentes aussi bien physiquement que verbalement (Gus accuse le trop-plein d’émotions et d’injustices). En bref, cette suite est une petite perle explosive à ne manquer sous aucun prétexte ! Courage et patience pour le troisième tome prévu au printemps 2015.

Chronique Jeunesse : Reine du Fleuve

Reine du fleuveUne ode aux explorateurs naturalistes et à la nature sauvage qui entoure le mythique fleuve Amazone…

Écrit par Eva Ibbotson, Reine du Fleuve est un classique de la littérature jeunesse anglo-saxonne. L’ouvrage est paru en 2004 aux éditions Albin Michel, dans la collection jeunesse et ado Wiz. Outre-Atlantique, l’ouvrage a d’ailleurs reçu de nombreux prix prestigieux.

Eva Ibbotson a écrit une foule d’autres ouvrages destinés à la jeunesse : L’étoile de Kazan, Bienvenue à Griffstone, Le secret du quai 13, L’étang aux libellules… Chacune de ses nouveautés était un petit événement dans le domaine de la littérature jeunesse avant qu’Eva Ibbotson ne nous quitte en 2010 à l’âge de 85 ans.

Du pensionnat anglais à la jungle sauvage et mystérieuse du Brésil

Une histoire qui débute dans la bonne société anglaise du début du XXème siècle au cœur d’un pensionnat, c’est tentant. Mais quand on découvre que nous sommes en partance pour les contrées sauvages et exotiques du Brésil, au bord du fleuve Amazone, c’est une nouvelle dimension qui s’ouvre à nous et à Maia, héroïne charismatique de ce roman.

A peine ses parents décédés, la jeune Maia se retrouve « accueillie » par un côté très éloigné de la famille qu’elle ne connaissait pas… au Brésil. Alors qu’elle s’imagine déjà côtoyer les autochtones et découvrir la vie exotique du pays ainsi que sa faune et sa flore, rien ne va se dérouler comme elle l’imaginait.

Exilés au Brésil pour affaires, les Carter ne recueillent pas leur nièce par bonté d’âme, la pension qui leur est reversée pour son éducation en revanche motive au plus haut point son oncle et sa tante, qui vivent bien au-dessus de leurs moyens. Mais le portrait n’est pas encore complet si l’on ne parle pas des deux cousines de Maia : horribles, méchantes, égoïstes… elles n’ont vraiment rien pour elles et vont tout faire pour lui nuire.

C’est ainsi que l’avenir de la jeune demoiselle s’annonce très sombre, même si il y a un soupçon d’espoir en la personne de sa tutrice, Mademoiselle Milton.

Reine du fleuve VOUne très belle fresque historique mettant l’accent sur la Nature, la vraie

Ce roman d’Eva Ibbotson n’est pas un classique pour rien, on y trouve tous les éléments qui en font un superbe roman jeunesse. Une héroïne curieuse de tout et rebelle, de cruels beaux-parents, un pays sauvage qui ne demande qu’à être découvert, une amitié improbable qui se tisse…

On appréciera particulièrement la part belle qui est faite aux sciences sous toutes leurs formes : biologie, botanique, Histoire, sociologie, ethnologie… La tutrice de Maia est une femme moderne et folle de livres, quels que soient leurs sujets, c’est à travers elle que la jeune fille et nous-mêmes nourrissons notre fascination pour le fleuve Amazone et ses mystères.

Mélanger une intrigue dans le plus pur style anglais du début du XXème siècle à un récit d’aventures haut en couleurs en cœur même de l’Amazonie est à la fois audacieux et enchanteur. Tout ce que l’on espère, c’est de ne jamais quitter cette atmosphère idyllique et sauvage, entouré de Maia et de son ami indien.

La prose d’Eva Ibbotson est quant à elle captivante, efficace tout cela sans être dénuée de poésie, elle n’est toutefois jamais lourde. En somme, on rentre très rapidement dans l’intrigue sans jamais qu’elle s’essouffle. C’est un véritable mélange entre les récits saisissants de Mary Hooper et ceux touchants de Charles Dickens, tout cela sans jamais tomber dans le misérabilisme.

 ….

Vous l’aurez aisément compris, Reine du fleuve est un véritable coup de cœur. Cette lecture a pour moi été une double révélation : celle d’une auteur de talent, et celle d’un lieu à une époque absolument fascinante. C’était l’époque où tout était encore possible pour les scientifiques, où des foules de découvertes restaient à faire… et ça fait tout simplement rêver.

A lire dès l’âge de 12 ans, sans limite d’âge.

Chronique : Dualed – Tome 2 – Divided

Dualed 02La lutte pour la survie ne s’arrête jamais…

Écrite par Elsie Chapman, la série Dualed n’est composée que de deux tomes et vient tout juste de se clore en octobre 2014. L’auteur est d’origine Canadienne (côté anglophone) et vit maintenant dans la banlieue de Tokyo.

Divided est un tome qui nous en apprend plus sur les mécanismes de la ville de Kersh, dernier endroit au monde où il est possible de vivre sans guerre… mais à un prix très élevé.

De retour dans le monde ces chasseurs

West Grayer est à peine accomplie (elle a réussi à éliminer son double, son Alt) qu’elle doit déjà reprendre du service dans le monde tamisé et dangereux des chasseurs… Mais cette fois, sa mission est du genre que l’on ne refuse pas.

En effet, alors que son ancien travail de chasseuse est totalement illégal, le Conseil fait appel à elle pour qu’elle effectue trois éliminations exceptionnelles. Le Conseil sait tout de West et de ses agissements et compte bien en profiter à son avantage.

Mais accepter ne semble pas le choix le plus évident pour West, elle qui est encore hantée par les missions qu’elle a accomplies par le passé. Sa culpabilité la ronge à un tel point qu’elle va régulièrement voir une psychologue qui l’aide à s’accepter de nouveau telle qu’elle est.

 Enfin, n’oublions pas de préciser qu’il est tout à fait impossible de refuser une proposition du Conseil sans s’y bruler les ailes au passage…

Le mythe de Kersh enfin dévoilé dans toute sa laideur

Plus qu’une histoire tournant sur le personnage aux multiples facettes qu’est West Grayer, Divided exploite enfin les origines troubles de la ville de Kersh. Son passé, ses secrets, les projets qui y ont étés faits, et son but.

Au fur et à mesure que West avance dans ses missions, on découvre peu à peu toute la trame qui a fait de la ville ce qu’elle est maintenant avec son système d’Alts, de culture de la survie et du combat… On comprend un peu mieux pourquoi la ville est ainsi faite, même si tout n’est pas toujours justifié de façon satisfaisante. Et surtout, les origines inavouables de la cité guerrière nous sont enfin contées. Mais malgré toutes ces nombreuses révélations (dont certaines captivantes), on aurait voulu en savoir énormément plus sur tout ce qui fait Kersh.

Certaines pistes et idées sont à peine esquissées : la stérilité des habitants depuis des générations, la mystérieuse grille électrifiée qui empêche quiconque de sortir par tous les moyens possibles… et c’est justement là que l’on aurait aimé avoir un réel développement du pourquoi et du comment.

La notion d’injustice sociale y est encore plus marquée que dans le premier tome car cette fois-ci,  nous pouvons voir ce à quoi à droit l’élite en termes d’entrainement par rapport à la population normale, voire pauvre. Cette vision de l’autre côté de la scène est très intéressante, même si elle est trop marquée bons/méchants selon moi. On aurait apprécié voir plus de nuances dans la façon dont sont traités tous les personnages, car il n’y a au final que West qui se balance des deux côté sans jamais réellement savoir elle-même où elle se situe.

 …..

En conclusion ce second tome se lit très rapidement car très efficace, tout comme le précédent. Cependant, beaucoup de questions restent ouvertes… Est-ce pour qu’Elsie Chapman reprenne la plume dans l’univers de Dualed si l’envie l’en prend plus tard ? Peut-être, mais nous restons un peu sur notre faim au niveau des révélations. Quant à l’action, elle est bien là, et bien ficelée comme il faut.

Chronique : Silo – Tome 1

Silo 01Pourquoi nécessairement mettre des graines dans un silo quand on peut y mettre des hommes ?

Premier roman de Hugh Howey à paraître en France, Silo est également l’ouvrage qui a ouvert la toute nouvelle collection sf d’Actes Sud : Exofictions. L’ouvrage est paru en septembre 2013, il est le premier tome de la trilogie Silo.

Pour la petite histoire, sachez que Silo était avant tout une nouvelle mise en ligne par Hugh Howey avant d’être un best-seller dans son pays d’origine.
Dans ce récit à l’idée aussi originale qu’étrange vit toute une population d’être humains dans un tube profondément enterré sur la longueur : un silo.

Survivre dans un monde apocalyptique sans perspectives d’avenir…

Nous ne savons ni où ni quand, mais des hommes (toute une communauté) vivent dans un silo géant, sous terre. Personne n’est à même de savoir depuis quand et pourquoi cela est ainsi, mais tous servent au mieux leur communauté afin qu’ils survivent. Chacun a une attribution précise et doit déclarer toute relation amoureuse. Pour avoir un enfant, il faut déposer une demande et croiser les doigts pour gagner à la loterie… voilà le tableau de la vie dans le silo.

Mais la construction a beau être souterraine, les habitants du Silo ont une vue imprenable sur l’extérieur à travers l’œil de trois caméras. Personne ne peut mettre un pied dehors à cause de l’air toxique… mais certains sont tout de même condamnés à y aller. En effet, si vous faite que ne serait-ce évoquer l’extérieur, vous êtes bon pour un aller simple et la mort garantie. C’est d’ailleurs ce qui va arriver au shérif du silo, et ce qui était arrivé précédemment à sa femme…

Et c’est ainsi qu’entre en jeu le personnage de Juliette : mécano surdouée qui travaille dans la partie basse du silo. Elle est pressentie pour remplacer le shérif du silo, mais la politique interne semble bien décidée à mettre des bâtons dans les roues de cette évolution. D’autant que Juliette préfère de loin le cambouis et le goût de l’effort aux machinations obscures qui se trament en haut…

Un roman policier ayant pour toile de fond l’anticipation

Le début du roman ainsi que la présentation de son univers est efficace et percutante. L’idée d’enterrer des hommes dans un silo est intéressante, elle attise la curiosité. Le tout est bien traité, les personnages sont assez creuses pour être attachants, en particulier Juliette : volontaire, douée, et dotée d’un fort sens de la justice. Je pense également à toutes les petites mains du fond qui sont décrite avec tant d’affection par Hugh Howey : Shirmy, Walker, Jenkins…

Au fil des pages, ce qui nous apparaissait uniquement comme un récit de sf prend de l’ampleur. Silo acquiert une dimension politique (à une échelle réduite, mais tout de même) et prend des pistes inattendues pour la suite de son intrigue.
Alors, certes le roman est avant tout un récit d’anticipation, mais il joue également sur les codes du roman à suspense. Chapitres conclus de telle façon que c’en est addictif, twists en fin de partie, tensions… Ce jeu de genres n’est pas pour déplaire, bien au contraire !

…..

En conclusion, Silo est un très bon premier tome avec tantôt une intrigue prévisible, tantôt des chutes choc. Il plaira aussi bien aux lecteurs de récits d’anticipation qu’aux autres, et c’est une belle façon de démocratiser la sf, Actes Sud étant réputé pour éditer des textes de qualité. L’équilibre est bien dosé entre les phases de suspense et les révélations, nous laissant toujours sur le fil du rasoir.
A suivre avec le second tome déjà paru : Silo Origines, et le troisième qui vient tout juste de sortir : Silo Générations.

Chronique : Le Passeur

Le passeurVingt ans avant même que le terme « dystopie » n’existe, le passeur était déjà écrit. Un récit initiatique empreint de valeurs et de bon sens à un point extrême.

Si on ne devait citer Lois Lowry que pour un seul de ses romans, ce serait certainement Le Passeur que l’on évoquerait en premier lieu. Paru aux Etats-Unis en 1993 sous le titre The Giver, ce roman destiné à la jeunesse n’a pas pris une seule ride : tous les objets qui y sont évoqués sont intemporels, sans aucun marqueur de temps dans le récit. Le passeur possède cette incroyable force d’être aussi actuel maintenant que dans 20 ans encore…

Le succès de ce récit ne s’est pas démenti en vingt ans d’existence : toujours régulièrement prescrit dans les écoles (américaines, anglaises mais aussi françaises), grand Lauréat de la Newbery Medal… c’est maintenant au cinéma que l’œuvre vient d’être adaptée (sortie le 29 octobre prochain en salles).

Enfin, sachez que Le Passeur n’est qu’un seul titre sur les quatre du cycle Le Quatuor. En France, le tout dernier sort en octobre sous le titre : Le Fils. Il est la suite directe du Passeur et dire qu’il est attendu est un doux euphémisme. Les deux autres volumes du cycle sont totalement indépendants en termes de chronologie et de personnages mais ils se déroulent dans le même univers, il s’agit de Messager et de L’élue.

Le passeur gf tie inUn monde parfait où la vie et ses saveurs sont aseptisés

 Dans le monde de Jonas, tout est pareil : les maisons, la nourriture, l’enfance…. Tout le monde vit dans l’égalité la plus totale. Ce monde ne laisse pas place à la spontanéité, qui est synonyme de danger. Dès la plus tendre enfance, chacun apprend à être précis dans les mots qu’il emploie afin de ne blesser personne, d’être le plus compréhensible possible. Il est interdit de poser des questions personnelles, de même que se vanter est répréhensible.

Tous sont surveillés, sous le regard bienveillant des Sages. Ce sont eux qui passent des messages audio dans la ville quand un vélo est mal garé dans la rue ou si quelqu’un ne respecte pas les règles de courtoisie élémentaires. Les personnes qui sont trop âgées ou les nouveau-nés inadaptés à cette société parfaite sont « élargis ». Enfin, le mensonge est prohibé, de même que les sentiments dans leur ensemble…

L’heure des affectations à sonné

Quand débute le récit, nous suivons les pas de Jonas, un onze-ans comme les autres. Il est très excité à l’idée qu’il saura dans quelques jours quel métier lui a été attribué. En effet, devenir un douze-ans implique de commencer à être formé pour son futur métier.

Le travail de chacun est déterminé par les Sages, qui observent les enfants dès leur plus jeune âge afin de déterminer dans quel domaine ils s’épanouiront le mieux.  Mais ce que Jonas ignore encore, c’est que son profil le destine à un métier unique au sein de sa communauté…

Le passeur vo the giverUne dystopie avant l’heure

A l’heure où les récits d’anticipation sont la grande mode littéraire, Lois Lowry avait au moins vingt ans d’avance sur son temps. En effet, à la lecture du Passeur, on retrouve tous ces ingrédients qui font les sociétés totalitaires du futur : prohibition des sentiments, avenir imposé, mariage sous réserve de compatibilité, l’uniformisation de la société pour le bien collectif…

A la lecture de récits tels que Promise, Divergent, La Cité de l’ombre, Le Tourneur de page ou encore Birth Marked pour ne citer qu’eux, il apparaît clairement que Le Passeur a largement contribué à créer les bases du genre.

Des idées fortes de leur simplicité, c’est ce que propose Lois Lowry avec succès. Impossible de ne pas se sentir happé par l’intrigue et le fonctionnement de cette étrange communauté. Tout n’est que détails, tous importants par la suite.

 …..

Le passeur vo the giver gift editionLes tenants et aboutissants sont au final simples et terriblement efficaces, mais impossible de développer plus l’intrigue sans en dévoiler trop. Je vous laisse donc ici, au tout début de l’histoire, quand Jonas ne sait pas encore ce qui l’attend.

Sachez simplement que le passé est le plus grand trésor de notre culture, et qu’il faut en prendre soin… Les sentiments ne sont pas une honte, ils sont là pour nous rappeler que nous sommes vivants. Et les couleurs… elles sont belles et on ne se rend pas compte à quel point elles sont précieuses. Jonas, lui, le sait.

Chronique : King’s Game – Tome 1

King's Game 01Tout commence et finit par un sms…

 Paru en mai dernier dans la collection de romans des éditions Ki-oon, King’s Game est un thriller pour adolescents issu du japon. Il s’agit du premier roman de l’auteur Nobuaki Kanazawa, qui l’a écrit sur téléphone portable (c’est la grande mode au Japon, de nombreux succès littéraires ayant été écrit par ce procédé nommé le keitai shosetsu).

Suite à la parution de ce roman au Japon, c’est un véritable engouement qui s’est développé autour de l’œuvre, cette dernière comprenant 5 tomes au total. Le tout fut suivi d’une adaptation en manga, puis en film (sous le nom d’Ōsama Game). En manga, il existe une suite à la série sous le nom de King’s Game Extreme. Une préquelle a également été sortie au Japon, qui explique les origines du Jeu du roi…

C’est donc un univers riche et captivant qui vous attend si vous décidez de vous lancer dans cette nouvelle aventure littéraire ! Et à l’aube où des romans tels que Battle Royal, Hunger Games, L’élite ou encore L’épreuve rencontrent un franc succès, il est clair que cette nouvelle série a toute sa place.

« Toute votre classe participe à un jeu du roi. Les ordres du roi sont absolus et doivent être exécutés sous 24 heures »

Voilà comment l’ambiance est donnée dès le début du roman : la classe de Nobuaki Kanazawa (le roman est écrit à travers son point de vue, et c’est également le nom de l’auteur !) est choisie pour participer à un jeu du roi. Les règles sont cruellement simples, de même que les punitions si les élèves ne jouent pas le jeu. Tous les élèves reçoivent un sms les notifiant chaque jour d’un nouveau défi à relever, cela peut concerner toute la classe d’un coup, ou seulement un ou deux élèves. Quand le jeu du roi commence, les élèves sont au nombre de 32, mais cette donnée va vite être revue à la baisse…

Tout commence avec un défi simple : deux élèves de la classe doivent s’embrasser, s’ils ne le font pas, ils aurons un gage (dont on ignore encore la teneur), puis le second défi demande à ce qu’un élève lèche les pieds d’une autre. Jusque là, il n’y a pas mort d’homme, même si les requêtes du roi sont de plus en plus sordides. Mais quand le quatrième ordre arrive sur les téléphones portables, l’amusement malsain de certains se transforme en terreur pour tous…

King's Game 01 mangaUne suite d’actions captivantes, mais pas toujours très crédibles ou expliquées

Il faut bien le reconnaître, King’s Game est de ces romans qui sait nous happer du début à la fin. Cependant, tout n’est pas clairement expliqué quant au contexte, le tout donnant lieu à des situations peu crédibles. De même, aucune explication ou début d’explication n’est donné quant à la façon dont le roi s’y prend pour exécuter ses ordres.

Par exemple, à un certain moment dans le livre, un des camarades de classe de Nobuaki décède alors qu’ils ont passé la soirée ensemble. La police est évidemment appelée, une mort par strangulation ne laissant personne indifférent. Mais ce qui est gênant, c’est que Nobuaki réussi malgré tout à aller tranquillement en classe sans rater un seul cours le matin, alors qu’il a dormi dans la même pièce que son camarade mort… un peu léger.

De même, aucun éclaircissement n’est donnée sur le roi lui-même et sa façon d’en savoir autant sur chacun des membres de la classe. C’est dommage que l’intégrité de l’intrigue n’ait pas été plus creusée, cela nous empêchant en tant que lecteur de tenter de deviner qui est le roi de ce terrible « jeu ».

 …..

Le roman est donc un bon récit à suspense, mais ne laissant guère de moyens au lecteur d’enquêter lui-même sur l’affaire de cette classe nippone qui se fait décimer au fil des défis de plus en plus fous du roi…

Cependant, malgré ce manque de cohérence tout le long du récit, on ne peut s’empêcher de dévorer les pages et de vouloir arriver le plus vite possible à la conclusion. Et étant donné la fin de ce premier tome, il nous reste une foule de choses à apprendre sur le terrible jeu du roi et ses origines. Espérons donc que la suite saura répondre aux nombreuses questions soulevées par cette ouverture ! A lire dès 15 ans.

Si vous avez aimé, alors essayez :

Dualed 01

Chronique : Zombie Ball

Zombie BallUn roman pour devenir vegan… à vie !

Dernier roman en date de l’auteur prodige Paolo Bacigalupi, Zombie Ball est un petit inclassable qui se positionne entre humour et morts-vivants. L’auteur est déjà connu pour ses précédents ouvrages, dont une bonne partie est  déjà dans les classiques de la sf et du fantastique. On doit notamment à l’auteur américain La fille automate  et la série en deux tomes Ferrailleurs des mers (Prix Locus du meilleur roman pour jeunes adultes en 2011).

Paru aux États-Unis sous le nom Zombie Baseball Beatdown, cette nouveauté n’est pas clairement estampillée ado ou adulte ; et pour cause… il n’est pas si évident que cela à cataloguer !

Tu aimes le baseball ? Tu aimes Left 4 dead ? Ce livre est pour toi.

Tout débute dans une petite ville des États-Unis où est implantée l’immense usine agro-alimentaire Milrow. Elle fait vivre un nombre conséquent de personne aux alentours, mais a l’énorme désavantage de puer à des centaines de mètres à la ronde… Et pour cause, l’usine possède des milliers de vaches entassées dans des corrals : engraissées, mal traitées et vite dépecées, les bêtes vivent dans des conditions épouvantables avant de tomber dans les assiettes des citoyens américains.

C’est dans la ville où se trouve l’usine Milrow que vit Rabi, un jeune américain d’origine indienne : c’est lui qui nous conte son histoire. Ce dernier est fou de statistiques : il peut vous sortir le pourcentage de chances qu’a un joueur de faire un home run. Malheureusement, Rabi a beau être bon en statistiques prévisionnelles concernant n’importe quel match, il est loin d’être excellent en tant que joueur de baseball. C’est ainsi qu’il va contribuer à une énième défaite de son équipe… l’ambiance est électrique à la fin du match, et leur entraineur tyrannique Mr Cocoran ne va rien faire pour arranger le tout.

Mais Rabi est loin de ce douter que quelques heures plus tard il sera en train d’user de sa batte sur la face de son cher entraineur…

Zombie Baseball BeatdownLeçon n°1 : Les vaches zombies ne sont pas comestibles

Une odeur épouvantable ayant pour épicentre l’usine Milrow s’étend autour de la ville. Personne ne sait ce qu’il se passe, mais d’étranges voitures circulent dans la ville. En parallèle à cet événement, Miguel – le meilleur ami de Rabi – vient de vivre un drame : son oncle et sa tante viennent d’être arrêtés par le service d’immigration des États-Unis. Ils vont être raccompagnés à la frontière mexicaine. Miguel ne peut s’empêcher de penser que l’usine est pour quelque chose dans le délitement de sa famille : tous travaillaient chez Milgrow avant que l’Immigration ne vienne les chercher. Qu’a donc à cacher l’usine pour dénoncer ainsi ses travailleurs en situation illégale ? Quelque chose d’encore plus illégal ?

La piste se précise quand les deux adolescents tombent sur Mr Cocoran se précipitant sur Rabi pour lui manger la cervelle… Leur entraîneur travaillait chez Milrow avant d’être un zombi : une chose est sûre, ça vient de ce qu’ils donnent aux vaches pour les faires grossir encore plus vite… L’oncle de Miguel leur en avait parlé la veille avant d’être arrêté :

« Ils inventent de nouveaux médicaments pour que la viande ait meilleur goût, pour que les vaches soient plus grasses, et ces médicaments… ces trucs qu’ils leur refilent… ça rend les vaches bizarres. Les animaux ne se comportent pas normalement, leur viande ne sent pas bon et, quand on les découpe, ils ne saignent pas et ne meurent pas comme ils devraient… »

Du baseball et des zombis à foison

Une chose est certaine, Paolo Bacigalupi a du s’amuser comme un fou à écrire ce livre. Complètement barré, à la fois drôle et très sérieux sur le fond (l’élevage de masse et ses nombreuses dérives) ce roman revêt une couche de saleté urbaine bien particulière. On se complaît dans les descriptions glauques de l’usine Milrow, de ses combines pour vendre plus et rentabiliser encore mieux ses produits écœurants vendus comme étant naturels.

On adorera les nombreuses confrontations avec les zombis auxquelles ont droit Rabi, Joe et Miguel. Les dernières pages du roman nous faisant d’ailleurs assister à un magnifique match de baseball humain vs zombies. Bref, c’est un festival de zombies dans tous les sens !

 …..

Si vous aimez les romans où l’on rit de voir des passages gores et des scènes totalement improbables, vous êtes au bon endroit. Le but n’est pas d’être absolument crédible en tout, mais de divertir avec des vaches zombies, des steaks zombies et… des têtes de vaches zombies ! Sans oublier les nombreux humains transformés en non-morts…

A lire pour s’éclater au moins autant que les personnages de ce roman à l’ambiance si particulière. Dès 14-15 ans.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Si vous avez aimé, alors essayez :

un blog trop mortel

Chronique Jeunesse : Super Louis et l’île aux 40 crânes

Super Louis et l'île aux 40 crânesPour ceux qui aiment les histoires de bandits, de piratesses et d’îles étranges truffées de têtes de morts !

Nouveau roman dans la collection créative Pépix de Sarbacane, Super Louis et l’île aux 40 crânes est écrit par Florence Hinckel.

L’auteur est connue en littérature jeunesse pour nombre de ses ouvrages : Le Chat Pitre (Nathan), Théa pour l’éternité (Syros), Mémoire en mi (Mini Syros Soon), Quatre fille et quatre garçons (Talents Hauts)… L’année 2014 est très prolifique pour elle avec quatre romans à son actif !

Les illustrations sont réalisées par Anne Montel, elle travaille régulièrement pour la presse. Sa dernière parution est la bande-dessinée jeunesse réalisée avec Loïc Clément : Le temps des mitaines (Didier Jeunesse). On reconnaît aisément son trait doux aux couleurs pastels.

Jeune homme le jour, super-héros la nuit… voici Super Louis !

Louis est un garçon quasiment comme les autres, hormis le fait qu’il a une imagination débordante qui lui permet « d’écrabouiller les méchants » durant la nuit.

Le jeune homme vit donc son quotidien le plus normalement possible, ainsi y a-t-il dans sa classe la jeune demoiselle un peu rebelle prénommée Vanessa, la brute surnommée Brutus par Louis (au bon fond, mais on ne le sait qu’un peu plus tard) ainsi que ses sbires… Mais les préjugés de chacun vont avoir le cou tordu lorsqu’un bandit va interrompre un crucial combat de toupies et enlever les enfants pour les emmener sur l’île aux 40 crânes… il va leur falloir se serrer les coudes !

Moins mémorable que les précédents ouvrages de la collection

Comme habituellement dans la collection Pépix, le récit est entrecoupé de chapitres bonus tels que : « comment survivre quand ta grande sœur t’enferme dans les toilettes pas allumées » ou « comment confectionner un radeau quand on n’a pas de hache pour couper du bois et qu’on est pas en Amazonie et que donc y a pas de liane ».

Mais ce récit pour la jeunesse a beau réunir des codes qui fonctionnent auprès d’un jeune lectorat, j’ai trouvé ce roman beaucoup moins original et prenant que ceux qui composent la collection Pépix.

Il y a effectivement de l’aventure, mais le piquant et l’originalité n’y sont pas présents comme on aurait pu s’y attendre. En effet, hormis l’enlèvement et la brève rencontre avec la piratesse (dont on aurait aimé connaître plus amplement l’histoire), le récit manque d’un je-ne-sais-quoi qui l’aurait rendu plus fun, plus captivant.

L’histoire est certes là, mais pas assez développée pour devenir réellement séduisante, comme si elle avait été tronquée, on a l’impression que le récit ne nous est pas entièrement narré. C’est dommage car la lecture donne ainsi une impression de manque jusqu’à la fin. On ne rentre pas franchement dedans, et une fois terminé,  on commençait à peine à entrer dans le vif du sujet…

Il y a cependant un réel travail d’écriture : Florence Hinckel joue sur les expressions françaises en les écrivant comme un enfant pourrait les comprendre : un « préambule » devient un « pré en bulle », une « précaution » se transforme en « prêt de caution » ou encore « illico presto » en « Hélico pesto » ! Cette facette du roman le rend agréable à lire.

 …..

Sympathique donc, mais pas indispensable : Super Louis et l’île aux 40 crânes est un roman adapté aux enfants dès l’âge de 9 ans. Quoi qu’il en soit, les illustrations d’Anne Montel sont très belles et donnent vie au récit de façon charmante.

Ceux aimant les histoires courtes, les bandits et l’héroïsme devraient toutefois trouver de quoi se divertir. Affaire à suivre avec une possible suite, le roman se concluant de façon très surprenante !

EDITEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Les mots bleus de Félicie

Les mots bleus de FélicieUn récit à la narration poétique et surprenante… étourdiffant !

Premier roman de la jeune auteur américaine Natalie Lloyd, Les mots bleus de Félicie est paru aux éditions du Seuil en juin dernier. L’ouvrage est paru  sous le titre A Snicker of Magic aux Etats-Unis. Très poétique, le récit mêle magie et amour des glaces sucrées… le tout avec pour fond une famille qui baroude de villes en villes.

Quand les mots du quotidien prennent vie

Félicie est une jeune fille à la famille spéciale : sa mère ne se sentant nulle part chez elle, cette dernière brinquebale la jeune fille et sa sœur de villes en villes sans jamais réellement se poser. Cette vie qui semble être une sorte de road-trip sans fin n’est cependant pas du goût de Félicie qui ne rêve que d’une chose : avoir un vrai chez-soi.

Alors quand la petite famille débarque à Midnight Gulch – la ville où est née la mère de Félicie – la jeune fille sent que cet endroit pourrait bien être celui ou tout le monde s’épanouirait… Mais sa mère a encore la bougeotte et il va être difficile de la convaincre de se poser définitivement, alors comment faire ?

Ah, et dernière chose et pas des moindres : Félicie voit les mots qui nous entourent et les collectionne. Elle garde dans son carnet les plus beaux mots qui l’entoure : devenant, été, curieuse, bulle…. Les mots sont vivants, et ils ont du pouvoir, en particulier grâce à Félicie. Et de la magie, il va y en avoir à Midnight Gulch !

« On dit que certains villageois pouvaient attraper des étoiles dans des bocaux à confiture : que d’autres chantaient jusqu’à déclencher un orage ou faisaient pousser des tournesols en dansant. Certains savaient incorporer la magie dans une tarte, faire qu’on tombe amoureux ou qu’on se souvienne d’une chose agréable, ou bien qu’on oublie une chose désagréable. Certains étaient des magiciens de la musique… »

Voici ce à quoi vous devez vous attendre : une prose poétique ou la magie flotte dans l’air !

Les mots bleus de Félicie vo A snicker of magicLa beauté des mots et l’amour des glaces à l’honneur

Inclassable : c’est le premier mot qui vient à l’esprit à la lecture de cet ouvrage. En effet, Les mots bleus de Félicie traite de beaucoup de choses, le tout dans une atmosphère emplie d’une douce magie.

Nous suivons le cheminement de Félicie à travers l’histoire de Midnight Gulch. Tous les secrets de l’endroit ainsi que ses mythes vont se révéler à elle, en particulier la légende des frères Loqueteux. Les deux frères et leur combat auraient causé la disparition de toute la magie au sein de la petite ville. Mais en quoi tout cela pourrait-il bien être lié au désir de Félicie d’avoir un vrai foyer ? La réponse est là, tout près, et elle est pleine de bon sens et de tendresse.

Le pouvoir des mots est la clé de ce récit : Félicie voit les perçoit comme personne : bondissants, dégoulinants, colorés, explosifs… chacun a des mots qui lui collent à la peau de façon différente. En quand on parle de pouvoir, c’est dans tous les sens du terme : magiques, mais aussi suggestifs.

Enfin, on appréciera grandement la partie merveilleuse et culinaire du récit avec les glaces magiques aux parfums poétiques. Fondant caramel à tomber de Virgile, Avocat a beurre de Bobby ou encore Assortiment au potiron de tante Ruth… Tous ces parfums ont étés créés par les habitants de Midnight Gulch et ont un reliquat de magie : certaines glaces permettent même de se souvenirs de certains épisodes de son passé.

 …..

Pour conclure, ce titre est original et parfois même déstabilisant. Les mots de Félicie est beau et tendre à la fois. Etrange et merveilleux aussi… à lire comme une curieuse gourmandise littéraire et une expérience à tenter. Dès l’âge de 13 ans environ, pas avant car certains passages sont tout simplement trop abstraits.