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Chronique : Soul Breakers

Un road-trip mystique et captivant dans l’Amérique de la Grande Dépression !

Christophe Lambert est un auteur bien connu dans le paysage de la littérature fantastique, jeunesse et ado (à ne pas confondre avec l’acteur du même nom !). En janvier 2017, il est revenu avec un beau pavé de presque 600 pages paru chez Bayard Jeunesse : Soul Breakers. Le thème : une épopée formidable à travers les États-Unis des années 30 où nous suivons Teddy, prêt à tout pour sauver sa petite sœur… Original et dépaysant !

Pour ceux qui voudraient en savoir encore plus sour la génèse de l’ouvrage et les recherches de l’auteur pour l’écriture de son roman, vous pouvez découvrir ici l’interview de Christophe Lambert.

Un roman d’aventure aux allures de récit initiatique

Teddy est un jeune homme qui vit seul avec son père et sa sœur. Ils parcourent les routes poussiéreuses à la recherche de travail comme des milliers d’autres américains suite à une crise économique sans précédent qui s’appelle la Grande Dépression.

Alors, quand un soir un groupe de forains débarque pour distraire les pauvre ères, c’est avec joie que Teddy emmène sa petite sœur à leur spectacle. Mais il y a quelque chose d’inquiétant chez ces gens du voyage : une femme semble avoir des tatouages qui prennent vie, et leur chef a une allure très inquiétante.

Au lendemain du spectacle, le doute n’est plus permis : ces forains on fait quelque chose d’étrange à la sœur de Teddy durant le spectacle. Elle ne parle plus, ne bouge plus, c’est une coquille vie qu’il faut forcer à alimenter.

Dès lors, Teddy n’a qu’un objectif : sauver sa petite sœur des griffes des forains. Ou plutôt, l’âme de sa petite sœur… Abandonnant sa famille, il décide de partir en chasse de la troupe au travers des Etats-Unis. La route va être rude et longue pour le jeune homme qui va apprendre brutalement la vie… mais qui fera aussi de magnifiques rencontres.

Les années 30 comme si vous y étiez

C’est un magnifique portrait des États-Unis qui vous est offert dans ce roman ! Le tout servi par une intrigue qui captivera le lecteur. Entre historique et fantastique, c’est avec délices et parfois appréhension que l’on découvre l’épopée de Teddy.

Pour sauver sa petite sœur, il va trimer : dans les mines et leurs innombrables dangers, mais aussi dans l’un des plus grands abattoirs de Chicago (où les conditions de travail sont absolument insoutenables) pour gagner sa croute et continuer sa route…

L’univers de Soul Breakers est dur, parfois sale et brut, empli de misère. Certaines scènes apportent leurs lots de cruauté. Mais tout cela est contrebalancé par une douceur amenée avec des personnages aussi inattendus qu’attachants. Notamment celui qui deviendra son meilleur ami : Duca, l’écrivain en devenir, ou encore la douce et muette Mary Jane, mais aussi d’autres que vous découvrez au fil des pages. J’ai notamment adoré Chef, l’indien, un personnage immédiatement attachant que l’on apprécie avant le héros lui-même.

Les personnages sont une dizaine au total à être d’importance. Ils sont tous bien présentés et décrits avec précision, il vous sera impossible de les confondre !

L’histoire est captivante jusqu’à la fin. Soul Breakers nous pousse à découvrir un pays fascinant à une époque qui est très rarement exploitée en jeunesse (ou chez les ados). Et on a qu’une seule envie, approfondir nos connaissances sur cette époque qui fut si dure pour des milliers d’américains mais si riche d’un point de vue culturel.

De plus, la partie surnaturelle de l’intrigue est très bien menée et n’interfère jamais sur la réalité des faits historiques. Nous n’avons pas toutes les réponses sur cette « magie » qui habite certaines personnes, mais c’est si bien fait, que je préfère rester un peu sur ma faim que d’en savoir trop. Gardons une part de mystère à cette histoire…

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En somme, Soul Breakers est un véritable coup de cœur. Plaisir de découvrir une histoire mais également une époque bien précise, avec une intrigue qui cimente parfaitement le tout.

Que vous soyez ou non féru d’imaginaire, vous pourrez aimer ce roman d’aventure tant il est ancré à merveille dans l’Histoire, la vraie ! On y traite de très nombreux thèmes : exploitation de l’homme, religion, harcèlement, amitié… C’est à lire/découvrir sans modération à partir de 14 ans puis sans restriction aucune, d’autant que c’est un one-shot pour une fois, donc très appréciable !

PS : Bravo à l’illustrateur de couverture Raphaël Gauthey. Cette dernière est magnifique et correspond parfaitement à l’ambiance du roman avec cette grande ombre qui menace les deux héros. Elle est magnifique !

Chronique : Je suis ton soleil

Un roman frais, fun et génial qui traite avec adresse de tous les sujets… même les plus difficiles. Un coup de maître qui révèle (si ce n’est déjà fait) Marie Pavlenko pour la mettre au même niveau que Marie Desplechin ou Marie-Aude Murail… Ces auteurs emblématiques de la littérature jeunesse et ado s’appellent toutes Marie. Coïncidence ? Je ne crois pas !

Marie Pavlenko est une auteur française qui peu à peu s’est taillé un nom dans le domaine très productif de la littérature jeunesse. Révélée par Le livre de Saskia chez Scrinéo en 2011, Marie Pavlenko a depuis tracé son chemin avec une foule de romans, la plupart baignés dans l’imaginaire : La fille-sortilège (Folio), Marjane (PKJ)…

Avec Je suis ton soleil l’auteure arrive dans le catalogue Flammarion et fait une incursion remarquable dans la littérature ado dite réaliste. Ici, point d’imaginaire si ce n’est les nombreuses fantaisies de sa narratrice Déborah (dite Débo pour les intimes). Attention, coup de cœur à l’horizon !

Tout va bien… mais en fait non

Débo entame sa dernière année de lycée avec le bac en ligne de mire, un manque cruel de chaussures (la faute à Isidore le chien qui n’est pas son chien) et une meilleure amie un peu trop nombriliste…

Mais ça pourrait à peu près aller si seulement Débo ne tombait pas par hasard sur son père… en train d’embrasser une autre femme que sa mère ! Que faire ? Le dire à sa mère ? Taire la vision de cet adultère ? Débo n’en sait rien, mais peu à peu, elle sombre dans les questionnements quant à sa famille et son devenir…

Du courage, beaucoup d’abnégation et d’humour, sans oublier les amis, les vrais, c’est sur tout cela que Déborah va devoir compter pour s’en sortir. La vie est faite d’orages et de tempêtes, mais aussi d’éclaircies. Voilà l’histoire drôle et triste à la fois de Débo et de sa famille… rien n’est simple, mais tout y est beau.

Mon coup de cœur, à la Librairie Royaumes (Paris 13ème). La couverture brille de mille feux !

Un roman comme une ode à la vie

Avec Je suis ton soleil, Marie Pavlenko signe un tournant dans son œuvre avec un livre mémorable et qui deviendra emblématique. Du moins je l’espère. Là où l’auteure nous a toujours habitués a de bons voir de très bons romans, on passe ici au niveau au dessus.

Ce roman, malgré son titre lumineux et positif (voir poétique) est loin du feel good book. En effet, la vie de la famille de Débo va connaître de très nombreux remous. On croise un nombre considérables de thèmes importants à notre époque, tout cela sans misérabilisme ou prise de position. Marie Pavlenko nous raconte la vie, ses cabossures, ses difficultés, et qu’elle n’est jamais un long fleuve tranquille, peu importe d’où l’on vient.

Ainsi, on y parle de deuil, de tromperie, de perte, d’homosexualité, de grossesse adolescente, de questions sur l’avortement, de suicide… Et chose incroyable, Marie Pavlenko réussit le tour de force de parler de tous ces sujets avec en trame de fond l’humour. Oui, même quand on parle de sujets aussi graves. Comment est-ce possible ? Grace au formidable personnage qu’est Débo. Débordante de vie quels que soient les obstacles.

Pour ceux qui craindraient que le roman soit triste ou trop négatif, ne passez pas votre chemin ! Dans Je suis ton soleil, on parle aussi, d’amour inconditionnel, de ce que l’amitié peut apporter quand on est en détresse…

Et puis, il y a notamment deux scènes mythiques à ne louper sous aucun prétexte : l’évasion d’une mygale d’appartement et un cours de yoga ou il y a un peu trop de relâchement… Fous rires garantis !

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En somme, si vous cherchez un roman mémorable, beau, puissant et traitant de très nombreux sujets sans lourdeur ni gravité, Je suis ton soleil sera parfait. C’est à découvrir dès l’âge de 15 ans environ, puis sans limite d’âge. Oui, adultes ! Lancez-vous dans cette découverte, ce roman en vaut vraiment la peine !

Chronique : J’ai avalé un arc-en-ciel

Un roman assez drôle et frais sur l’adolescence… et les milliers de questions qui traversent l’esprit à cet âge là !

Erwan Ji est un auteur français. Non, en fait, il est même plus que ça : il est Breton ! Il s’agit de son tout premier roman et il vient de paraître en mars 2017 chez Nathan. Avec cet ouvrage, vous allez découvrir la vie d’une adolescente normale dans un campus aux États-Unis : ses amitiés, ses amours, ses questionnements… la vie tout simplement !

Bienvenue chez Puce !

Ou Capucine. Car en fait, Puce n’aime pas vraiment qu’on l’appelle Capucine, car elle n’est pas « une plante herbacée » mais une « homo sapiens femelle de dix-sept ans ». Elle vit aux Etats-Unis, dans un cadre scolaire très privilégié (ce dont elle est consciente) et profite de la vie à 100%. Car quand on est en plein dans l’adolescence, il y a une foule de chose qui occupent l’esprit !

Ce roman, c’est l’histoire d’une fille positive, vivante, nature et drôle et de ses nombreux questionnements sur la vie.

Un roman drôle et efficace

Si vous cherchez un roman ado simple et qui se lit aisément, c’est le livre parfait. Ecrit sous forme de journal intime au jour le jour, nous découvrons le blog de Puce, que personne dans son entourage ne connaît puisqu’elle le rédige en français !

Puce étant franco-américaine, elle est donc bilingue, et cela se ressent dans sa narration aux très nombreux anglicismes. Parfois c’est utile et intéressant, et parfois, ça fait un peu trop donneuse de leçons… J’ai eu un peu de mal avec cette forme narrative qui se veut bilingue, car il donne parfois un air suffisant à Puce alors que ça ne lui ressemble pas dans sa psychologie et sa façon d’être.

Outre la narration, ce blog/journal intime recèle de très bons passages où l’on ne peut s’empêcher de sourire, sinon de rire. Certaines scènes sont franchement mémorables, d’autres sont emplies d’émotions. Car oui, J’ai avalé un arc-en-ciel, c’est aussi un roman sur l’amour, quelle qu’en soit la forme, et Puce, elle a beaucoup de questions qui se bousculent dans sa tête sur qui elle aime !

Si vous deviez lire ce roman, ce n’est pas pour son histoire se déroulant dans un campus pour ados américains privilégiés. A nous français, ça ne nous parle que très peu, malgré les nombreuses séries et films qui nous abreuvent de ce mode de vie « rêvé ».

Non, ce roman est à lire pour la façon dont il aborde les questions sur l’orientation sexuelle, et l’amour en général… Tous ces thèmes qui sont vraiment épineux à l’adolescence et dont on n’a pas nécessairement envie de parler à ses parents ou même à ses amis. C’est le genre de livre qui rassure, tout simplement, qui offre une ouverture sur le monde pour ne pas s’emprisonner dans un carcan et réfléchir, tout simplement.

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J’ai avalé un arc-en-ciel est ainsi un roman agréable, sans prétentions, qui fait passer un excellent moment malgré son manque cruel de réalisme. En effet, on est plus dans une adolescence rêvée à la façon américaine avec campus privé, bal de promo et grosses fêtes le week-end que dans la vraie vie.

Toutefois, si vous le prenez pour ce qu’il est, J’ai avalé un arc-en-ciel est un roman ado qui vous fera passer un excellent moment entre humour et journal de la vie de tous les jours ! Et surtout, il traite des questions de l’homosexualité et de l’adolescence avec justesse : sans jugement ou parti pris, et rien que pour cela, ça vaut le coup.

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PS : Malgré les élans assez féministes du roman, j’avoue ne pas avoir aimé découvrir que Puce passe « en mode dragon » quand elle a ses règles… Cela conforte les gens dans l’image négative de : femme qui a ses règles = insupportable. C’est dommage car l’auteur a en général tout fait pour ne pas alimenter ces généralités dans son roman, mais n’a pas su éviter cet écueil.

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Chronique : Geek Girl – Tome 2

Suite des aventures d’Harriet Manners, mannequin bien malgré elle…

Geek Girl est une série de romans pour ados adaptée dès l’âge de 12 ans environ. Son auteure, Holly Smale, s’est inspirée de sa propre expérience dans le mannequinat pour écrire ses romans. Drôle, frais, efficace, cette série de livres est parfaite pour ceux et celles qui souhaitent s’évader, rire, et découvrir une héroïne on ne peut plus normale. Geek Girl 2 est paru en août 2014 chez Nathan.

Direction…. Tokyo !

Dans ce second opus, Harriet Manners fait ses premiers vrais pas dans le monde de la mode en allant au Pays du Soleil Levant ! En effet, elle est devenue l’égérie de Baylee grâce à sa fashion designer, Yuka Ito. Mais la femme d’affaires a décidé de lancer son propre label, et elle souhaite débaucher Harriet pour se faire… la pression est juste monstrueuse.

La jeune fille va devoir assurer sur tous les plans, d’autant qu’elle est dans un pays qu’elle ne connaît pas et qu’elle loge avec d’autres mannequins… va-t-elle réussir à se sociabiliser cette fois-ci ? Et à être l’icône de la mode qui fera rêver tous les autres ? Et surtout… comment va-t-elle pouvoir « gérer » Bounty, sa grand-mère totalement extravagante et irresponsable qui est censée la chaperonner ?

Le monde de la mode révèle ses facettes les plus coupantes…

Elle qui pensait s’en tirer sans trop de difficultés, Harriet a encore beaucoup à apprendre du monde de la mode et de ses codes. De plus, son côté tête en l’air et inconscient risque également de lui jouer des tours…

Et c’est sans compter sur la présence de l’Homme-Lion, comme elle appelle Nick, le garçon qu’elle aime et qui est un mannequin de renom. Tous ces facteurs risquent de jouer en sa défaveur ; car des sentiments forts plus de la maladresse, cela fait rarement bon ménage !

Ce second opus des (més)aventures d’Harriet est un vrai moment de plaisir. On découvre le Japon à travers ses yeux émerveillés, et on en apprend un peu plus sur l’univers de la mode et sa cruauté… Et comme toujours, vous aurez droit aux très nombreuses digressions d’Harriet sur les étoiles, les dinosaures ou encore les statistiques ! Sans oublier le génial personnage de Willbur (son agent) avec ses mille surnoms, tels que bébé-bébé panda ou ouistiti chéri…

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On rit toujours autant voir plus, on découvre également les drames à l’échelle d’une adolescentes, et on voyage à travers ses yeux en tout temps émerveillé… On en apprend un peu sur le Japon et ses traditions si spéciales, mais on aurait aimé en découvrir encore plus ! En tout cas, ça fonctionne, car nous le sommes tout aussi émerveillés qu’Harriet.

En bref, si vous voulez continuer à passer un bon moment avec une héroïne aussi normale que drôle malgré elle, Geek Girl est une saga faite pour vous ! A lire dès l’âge de 11 ans sans restrictions !

Chronique : Les Décharnés – Une lueur au crépuscule

Ou comment une invasion de morts-vivants éveillera le meilleur (et surtout le pire) chez l’être humain…

Paul Clément est un jeune auteur français qui peu à peu creuse son trou dans le monde du roman fantastique, plus particulièrement dans la branche zombie. Pour le moment, il a deux romans à son actif, Les Décharnés et Creuse la mort, tous deux chez Post apo éditions.

Avec Les Décharnés, Paul Clément signe un roman efficace et très crédible sur le point humain… à faire froid dans le dos !

Une journée tranquille et ensoleillée en Provence…

…avant le bain de sang. Patrick, vieil agriculteur de métier et misanthrope par principe va assister à une scène aussi terrible qu’incroyable. Un immense carambolage mettant à feu et à sang la route passant près de sa propriété. Seul « bémol », les gens victimes de cet accident hors-norme n’en ont pas fini avec la vie et sont devenus des zombies assoiffés de sang…

La cause ? Nous l’ignorons, tout ce que l’on sait, c’est que Patrick est censé survivre dans sa petite maison de Provence alors qu’elle est entourée de plusieurs centaines de zombies. Mais il n’a pas que sa simple carcasse à sauver des dents pourries des zombies, il doit également protéger la fillette qu’il vient d’arracher à une mort certaine… Comment peuvent-ils s’en sortir ?

Efficace et happant !

Je dois avouer avoir eu du mal à rentrer dans le roman au niveau des 60 premières pages. Le huis-clos avec les zombies me semblait très long… limite insoutenable, mais on peut y voir la volonté de l’auteur. Donc, en cela c’est réussit.

Mais le plus intéressant survient après. Quand Patrick et la petite fille qu’il a sauvée réussissent à s’enfuir de la ferme. L’interaction avec d’autres êtres humains est inévitable… et dangereuse.

C’est surtout dans les relations et la psychologie humaine que Paul Clément révèle tout son talent. Voir Patrick se confronter à tout un panel d’hommes et de femmes a quelque chose de stimulant et de très intéressant. Quelles seront les réactions d’untel face à une remarque ? Qui représente la loi et l’ordre dans ce genre de situation où tout semble partir en lambeaux ? Qui résistera à la tentation de faire absolument tout ce qu’il veut ?

Pour l’écriture, j’avoue ne pas franchement aimer la façon dont parle Patrick. La narration étant à la première personne, c’est Patrick qui narre au lecteur ses aventures post-apocalyptiques. Alors, certes, c’est un homme qui commence à avoir de la bouteille, son langage est familier donc sa façon de parler/écrire est tout à fait logique, il s’agit juste d’une question de goût pour ma part.

Mais on peut facilement passer outre l’écriture car elle est surpassée sans problème par l’intrigue. C’est nerveux, sous tension, et on ne sait jamais comment chacun va réagir et quand la mort frappera… ni sous quelle forme. Les Décharnés a beau être violent et empli d’hémoglobine – roman de survie post-apo oblige – vous y trouerez également de beaux sentiments : l’amour, le courage existent encore, même si ils sont devenus extrêmement rares. Les sentiments humains sont au premier plan dans ce roman qui devrait plaire à tout amateur de roman impliquant une invasion zombie.

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Bref, une fois l’histoire lancée, ça ne s’arrête plus ! Si vous aimez les romans qui se dévorent (comme un cerveau !), les intrigues bien ficelées et même parfois cruelles, vous êtes au bon endroit. Les récits de ce genre sont habituellement l’apanage des auteurs américains, mais Paul Clément réussit à relever le défit avec adresse, et même mieux que certains. Bravo à lui !

Chronique : Rendez-vous dans le noir

Un polar ficelé à la façon nippone. Délectable, noir et extrêmement humain à la fois…

De son vrai nom Adachi Hirotaka, Otsuichi est un auteur japonais. Son roman Rendez-vous dans le noir est le seul paru en France. Il est sorti en 2014 aux éditions Picquier. Otsuichi a également participé à la création de nombreux mangas.

L’étrange relation entre une aveugle et un meurtrier se cachant dans sa maison

Un homme vient d’être mortellement poussé sous un train. Un autre part en courant suite à ce terrible événement, et se cache dans une maison toute proche de la gare. Il est recherché pour avoir poussé l’homme décédé brutalement. Il n’a pas le choix, il doit donc se cacher, et quoi de mieux que la maison d’une aveugle pour se faire ?

C’est alors qu’une chose étrange et indicible s’installe : un relationnel muet entre cette femme aveugle et le meurtrier de sang-froid… A quoi cela peut-il mener ? Les non-dits, les silences et l’atmosphère accablante vont se charger de nous le raconter…

Un roman minimaliste qui fonctionne à merveille

Difficile de faire un décor plus réduit : deux personnages qui accaparent quasiment toute la trame de l’histoire et une simple maison comme théâtre.

Et pourtant, on ne s’ennuie pas une seule seconde tant Otsuichi plante parfaitement bien l’ambiance. Sombre mais pas glauque, stressant mais pas flippant, tout y est savamment dosé pour donner une intrigue efficace.

Les chapitres alternent entre le point de vue des deux protagonistes, mais toujours d’un œil extérieur. Les phrases sont courtes, laissant la place au silence et à l’imagination qui font tout l’attrait de ce roman.

Une grande place est faite aux rituels du quotidien, ils sont simples mais extrêmement présents car la moitié du roman au moins est conté du point de vue de Michiru, la jeune femme aveugle. La façon dont sa vision des choses est narrée est extrêmement parlante.

Le moindre changement de place d’un objet pour elle est source d’une angoisse incommensurable. Et peu à peu, on se rend compte des enjeux de taille que doit surmonter son habitant clandestin. Pas un bruit, pas un seul objet à déplacer, il doit se fondre parmi les ombres…

Sous couvert de nous offrir un roman policier, l’auteur nous parle du mal-être qu’on certains dans le monde de l’entreprise. En effet, il est tout aussi cruel (voir plus) au Japon, qu’ailleurs. C’est intéressant de voir comment se créé un bouc-émissaire. Comment de petites piques ou remarques se transforment peu à peu en harcèlement… Et vous risquerez d’être surpris par la conclusion de l’histoire !

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Loin d’être un roman à suspense classique, Rendez-vous dans le noir vous offrira une vision très différente de ce que peut-être un roman noir. L’ambiance y est incroyable, on retient notre souffle avec délectation par moments… C’est un roman qui gagnerait à être connu !

Chronique : Geek Girl – Tome 1

Elle est rousse, passionnée d’informations scientifiques « inutiles », a très peu d’amis, est loin d’être populaire, et va être repérée par l’une des agences de mannequins les plus prestigieuses du monde !

Holly Smale est une auteur d’origine anglaise. Son expérience dans le mannequinat lui a permis d’écrire la saga humoristique pour ados Geek Girl. La série devait être à la base une trilogie, mais le succès perdurant, elle en est déjà à son cinquième opus, plus un hors-série et un sixième est d’ores et déjà en cours d’écriture !

Holly Smale a même écrit une nouvelle de Noël autour de sa série (non traduit en France à ce jour) sous le titre All Wrapped Up. Tous les romans de la saga Geek Girl sont édités en France par les éditions Nathan. Le premier tome de la série vient de paraître en poche chez PKJ (Pocket Jeunesse).

Une nouvelle héroïne bourrée de maladresse et d’humour

Qui aurait cru qu’en renversant stand de chapeaux de luxe Harriet serait repérée par un agent ? C’est pourtant ce qui va arriver à l’adolescente la plus désintéressée au monde par l’univers de la mode ! Alors que son amie Nat a toujours rêvé d’être mannequin, c’est Harriet qui est plébiscitée par l’étrange et un peu fou agent nommé Willbur.

C’est le début d’une « carrière » étrange, difficile, et totalement improbable pour Harriet ! Au programme, séances de torture (comprendre du maquillage), relooking et transformation de la geek vers le… chic !

Drôle et débridé, un bon roman qui ne se prend pas au sérieux !

Impossible de ne pas rire ou au moins sourire à la lecture des très nombreux déboires d’Harriet Manners. Elle connaît une foule de faits scientifiques, a un ami qui l’admire depuis presque 5 ans au point de la suivre partout (y compris derrière le buissons qui est dans son jardin), a une Pire Pote qui est en fait sa meilleure amie, a un sérieux problème de coordination… et j’en passe ! Lister toutes les caractéristiques uniques et mémorables d’Harriet prendrait un temps considérable, mais une chose est sûre, elle est extrêmement attachante.

Dans ce premier tome, on découvre ainsi son quotidien en Angleterre, sa vie au collège, sa famille composée de son père éternel ado, et de sa belle-mère brillante avocate. C’est aussi un tome qui nous initie au monde de la mode avec une excursion éclair dans la ville de Moscou. On s’amuse aux dépends de notre jeune héroïne, mais cela ne la rend que plus normale, plus accessible.

Enfin, j’adresse une mention spéciale au personnage totalement barré et génial de Willbur, l’agent fou d’Harriet. Il a le don de lui donner toutes sortes de surnoms tous plus farfelus les uns que les autres : « Mon biscuit au gingembre », « Schtroumpfette », ou encore « Mon Ange-Miaou-Miaou ».

En termes de contenu, on parle aussi bien des premiers émois amoureux que d’amitié, de mensonges pour garder ses amis, mais également de vérité, car elle est toujours révélée au grand jour…

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Ce premier tome de la saga est donc drôle, efficace, bien fun, et complètement addictif. En effet, je vous laisse, car je vais de ce pas me lancer immédiatement dans la lecture du second tome ! A découvrir dès l’âge de 11 ans environ.

Chronique jeunesse : La classe de mer de Monsieur Ganèche

Auteur français, Jérôme Bourgine signe ici son tout premier Pépix… mais il est loin d’en être à son premier ouvrage ! En effet, Monsieur Bourgine a déjà écrit plusieurs romans à destination des adolescent dans la collection Exprim’ de Sarbacane (Bras de fer, Le voyage impossible, Toute la vie…) et il en a également écrit pour les adultes.

A l’illustration, on retrouve Maurèen Poignonec (La famille Cerise, Lola et la machine à laver le temps, 10 petites souris cherchent une maison…).

Une expédition qui tourne court…

Imaginez le topo : un petit groupe d’élèves que l’on a d’office mis dans la case « cas sociaux », un Monsieur Ganèche qui doit gérer sa petite classe de mer et… un ilot perdu au fin fond de la Bretagne en toile de fond. Sans oublier un capitaine de bateau totalement dans le brouillard grâce à la boisson forte qu’il ingurgite à longueur de temps ! Vous aurez une toute petite idée de ce qui va arrivée à cette belle équipe ? En tout cas, rien de prévisible, c’est garanti !

Un humour fidèle à l’esprit de la collection

Ce nouveau petit Pépix rempli encore une fois bien son office, à savoir distraire et amuser les jeunes lecteurs. Cependant, il m’a moins convaincue que certains autres titres de la collection… J’avoue qu’il ne fait pas partie de mes Pépix favoris car j’ai moins apprécié le thème, mais cela ne retire en rien son efficacité ou son potentiel humoristique.

Je l’ai trouvé un tout petit peu plus décousu que les autres ouvrages en ce qui concerne les idées, en particulier le moment où Mr Ganèche dit qu’ils ont été réunis ici et maintenant pour une bonne raison. En fait, ce côté légèrement sibyllin et mystique ne sert pas réellement l’histoire et n’est pas développé par la suite. Ceci participe au sentiment de léger désordre au sein du roman.

Je vous rassure, l’histoire se tient correctement, mais on n’apprécie pas nécessairement les petits « à côté » de l’histoire.

Mais la vraie question est plutôt : est-ce qu’un enfant entre 8 et 10 appréciera ce roman ? Je pense sincèrement que oui. Je n’ai tout simplement pas été convaincue par cette histoire. Le thème du trafic d’animaux est pourtant intéressant, mais il m’a manqué de quoi m’attacher réellement à ces jeunes petits héros et à leur prof aux grandes oreilles.

 

Aux habitués de la collection Pépix, ce roman devrait vous plaire tout comme les autres vous on contentés. Les autres jeunes lecteurs devraient également apprécier, après tout, tous les éléments qui font un roman jeunesse efficaces y sont, alors… ça devrait fonctionner !

Chronique : Le complexe du papillon

Le complexe du papillonUn roman coup de poing sur un thème difficile à traiter, mais nécessaire : l’anorexie

Annelise Heurtier est une auteur française pour la jeunesse et les adolescents. Certains de ses romans on fait beaucoup de bruit lors de leur parution, notamment Sweet Sixteen, ou encore Là où naissent les nuages font d’ailleurs partie de ses romans emblématiques.

Le complexe du papillon est paru en avril 2016 au éditions Caterman, l’ouvrage a même fait partie des finalistes pour le Prix du roman Gulli 2016.

Une jeune fille comme les autres qui peu à peu s’enferme dans une obsession

Mathilde est une ado ordinaire avec ses propres blessures. La perte de sa si chère grand-mère, l’absence d’écoute de la part de ses parents, son obsession pour courir toujours plus vite, plus loin.

Mathilde rêve d’être plus légère. De vouloir être belle aux yeux du garçon qui lui plaît. De pouvoir rentrer absolument dans la robe qui la sublimera pour un mariage auquel elle est invitée… Mais cela semble impossible à ses yeux, elle qui rêve d’être papillon, elle a beau tout faire, elle reste embourbée dans son état de chenille…

Une descente aux enfers pernicieuse et invisible… mais qui malgré tout à du mal à « toucher »

Tout commence avec des souhaits et des objectifs que tout le monde s’est déjà fixé : rentrer dans un vêtement qui nous plaît, plaire à quelqu’un en particulier. On essaye d’éviter les écarts, les choses trop lourdes, trop grasses. On fait plus de sport. Bref, on fait tout pour avoir un environnement saint.

Alors, quand bascule-t-on comme Mathilde dans l’excès ? Difficile à savoir, la frontière est poreuse entre ce qui est bon pour nous et ce qui peut nous faire du mal. Tout est dans le dosage. Et dans le cas de Mathilde, il n’y en a plus, puisqu’elle cesse peu à peu de s’alimenter, de communiquer, de se socialiser avec quiconque. Il faudra qu’elle aille trop loin pour constater qu’être un papillon n’est peut-être pas la solution à tous ses problèmes…

Le lent parcours de Mathilde vers la maigreur, ou l’état de papillon, comme elle le nomme, est dur. Nous la voyons s’enfoncer sans rien pouvoir y faire, et pourtant… Je n’ai pas réussi à m’attacher à Mathilde, à son histoire, et ses problèmes.

L’histoire a beau être très humanisée sans tomber sans le pathos (ce qui est déjà en soi un difficile équilibre), impossible pour moi d’aimer Mathilde avec ses blessures, ses peines et ce qui la rend unique. Elle n’a pas réussi à me toucher malgré son parcours semé d’embuches. Peut-être son histoire n’est-elle pas assez développée au préalable, et que l’on rentre trop vite dans le vif du sujet ? Je n’ai pas de franche explication à fournir, malheureusement.

……

Mais ce sentiment d’inachevé m’est resté, même post-lecture, de longues semaines après avoir terminé l’ouvrage. Le complexe du papillon est un roman, court, efficace dans son traitement du sujet, mais pas nécessairement indispensable.  Il lui manque ce petit quelque chose qui fait qu’un roman marque, mais il sera parfait si vous recherchez un ouvrage sur le thème de l’anorexie pour les adolescents à partir de 13 ans environ.

Chronique : Les fils de George

les-fils-de-georgeUn roman ado au thème peu répandu mais extrêmement intéressant : les sectes…

Paru en juin 2016, Les Fils de Georges est un roman pour ados paru aux éditions Talents Hauts, dans l’excellente collection Ego. Son auteur, Manu Causse est loin d’en être à son premier roman : Le pire concert de l’histoire du rock, Romeo @ Juliette (dans la collection bilingue Dual Books), ou encore La 2CV verte, c’est lui !

Dans ce roman sans concessions, nous découvrons les sectes du point de vue de Mardochée, un jeune homme qui n’a connu que cela. De l’autre côté, nous avons également la vision de Léo, un camarade de classe de Mardochée, il essaye de comprendre et d’intégrer ce jeune homme un peu spécial…

Deux jeunes que tout oppose…

Mardochée et Léo, deux garçons qui n’ont rien en commun. Leur culture, leurs goûts, leur mode de vie, leurs croyances sont diamétralement opposées. Mais Léo est curieux d’en savoir plus sur Mardochée, il se pose des questions sur sa religion, les raisons pour lesquelles il n’a pas le droit de manger de chocolat par exemple, ou encore pourquoi il refuse d’apprendre tous les cours de biologie qu’on leur inculque…

Un roman immersif, réaliste et percutant

Chapitres extrêmement courts, dialogues incisifs et efficaces, Les Fils de George nous plonge immédiatement dans le vif du sujet. Les chapitres sont alternativement narrés par Mardochée et Léo, que tout confronte. Mais peu à peu, Mardochée se pose des questions sur la religion que ses parents lui ont imposée et qu’il a toujours connue.

Pourquoi n’ont-ils pas le droit de manger ce qu’on leur donne à la cantine ? Ou encore pourquoi faut-il absolument éviter de parler avec ceux qui n’ont pas les mêmes croyances qu’eux ? Est-il vrai qu’ils ne seront pas sauvés s’ils se rapprochent trop des autres, ceux qui ne croient pas comme eux ?

Toutes ces interrogations, et bien plus encore, Mardochée se le pose de plus en plus, (et Léo également de son côté à son propos) et il commence à percevoir une réponse… Mais le véritable déclencheur sera beaucoup plus franc que de simples questionnements. Les réponses vont littéralement sauter à la figure de Mardochée et enfin lui permettre de réfléchir par lui-même…

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Les Fils de George est ainsi un excellent court roman qui pousse à la réflexion. Très actuel, il traite de théologie, d’amitié, d’altruisme, bref, des sujets toujours actuels et intéressants à aborder pour des lecteurs adolescents.

A découvrir dès l’âge de 14 ans environ, le sujet est très original et mérite que l’on s’y intéresse car il pousse à réfléchir par soi-même. Si vous cherchez un roman inclassable et coup de poing, c’est donc ici que ça se passe.