Chronique : Nina Volkovitch – tome 1 – La lignée

Nina Volkovitch 01Le souffle froid et vivifiant de la Russie souffle sur la littérature pour ados !

La lignée est le premier tome de la trilogie Nina Volkovitch, paru aux éditions Gulf Stream en septembre dernier. On y découvre la Russie du milieu de XXème  siècle (du temps de Staline) à travers une héroïne à l’histoire difficile et au caractère fort : Nina Volkovitch.

Pour poser le décor, l’auteure, Carole Trébor est la mieux placée, en effet, historienne de métier, elle a réalisé sa thèse de doctorat autour des échanges artistiques entre la France et l’URSS (1945-1985), dont son roman est très fortement inspiré. Mais en plus d’une forte influence historique et artistique, la série voit peu à peu le fantastique s’insinuer dans l’intrigue…

Une chose est certaine, la Russie est un pays peu exploité dans la littérature jeunesse et ado, et c’est avec émerveillement et délice que l’on découvre une nouvelle culture…Nina nous voilà !

Moscou, 1948

Les deux parents sont des ennemis de la Patrie : d’oabord son père, qui a disparu depuis de nombreuses années vers la France mais dont elle n’a plus de nouvelles ; puis sa mère, accusée de propagande antisoviétique pour avoir défendu des artistes occidentaux.

C’est ainsi que Nina est envoyée dans un orphelinat avec d’autres enfants dans le même cas qu’elle, issus d’ennemis du Parti. Elle va y apprendre à apprécier son pays à sa juste valeur et à porter les convictions du Parti… on du moins faire semblant.

En effet, peu avant son envoi dans l’orphelinat, la mère de Nina lui a laissé certains indices la poussant à se rebeller discrètement contre ce que l’on lui inculque de force : la bravoure de Staline, surnommé le Petit père peuples, des pans d’histoire entiers effacés car ils ne conviennent pas au Parti, etc.…

Le but de Nina devient vite clair : s’échapper au plus vite de l’orphelinat pour retrouver la trace de sa famille éparpillée, et enfin découvrir ses mystérieuses origines la rendant si particulière…

Une histoire rapidement captivante à l’univers culturel riche

L’histoire de Nina Volkovitch, commence de façon assez « traditionnelle », avec un orphelinat, une héroïne quelque peu rebelle cherchant à retrouver la trace de ses parents, etc. Mais le roman possède deux points forts : premièrement le lieu où il se déroule et son époque : la culture que l’on découvre ici est extrêmement peu traitée pour le lectorat jeunesse et adolescent. Ainsi découvrons-nous des traditions, mais surtout la politique terriblement oppressive du pays : une partie de l’Histoire qui mérite que l’on s’y attarde.

Second point fort, l’ambiance qui imprègne l’orphelinat, oppressante pour Nina (qui a quinze ans, mais qui parait toujours cinq de moins) qui a un grand mal à s’intégrer, le fait pour elle de toujours avoir sa poupée à son âge n’aidant en rien…

Le jeu de piste qui se dessine au fil des chapitres dans la première partie du livre est tout simplement très bien écrite et surtout prenante, donnant envie de sauter d’indices en clins d’œil (la plupart faisant référence à des œuvres, décryptées par l’auteure).

Mais quelle place au fantastique dans tout ça ? Vous ne le rencontrerez qu’à la seconde partie du roman, et cela de façon très ténue, mais suffisante pour un roman introductif.

En effet, il se passe tant de choses dans ce premier tome qu’il aurait été dommage d’y incorporer du fantastique en masse dès le début. Son installation est donc lente mais bien présente et nous amène vers le second tome, que l’on pressent initiatique, et beaucoup plus imprégné d’imaginaire.

En conclusion, Nina Volkovitch est une très belle découverte littéraire, à conseiller dès 14 ans. Bien écrit, sans fioritures, Carole Trébor mène son lecteur de main de maître. A découvrir pour s’émerveiller et découvrir un nouvel univers : celui de la Russie ainsi que la passion de la peinture le tout avec un soupçon de magie…

La suite des aventures de Nina vient d’ailleurs de paraître le 10 janvier dernier sous le titre : Le Souffle. Le troisième tome est quand à lui prévu pour mai 2013.

Nina intégrale trilogie

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