Un roman épique en écho aux grandes légendes des temps anciens
Jonathan Stroud, auteur désormais connu pour sa série Bartiméus, revient avec un roman indépendant destiné à un lectorat plus adulte, plus mûr, avec Les Héros de la Vallée. Publié tout d’abord aux éditions Albin Michel dans la collection Wiz en 2009, l’ouvrage vient de sortir chez Le Livre de Poche collection Fantasy en octobre 2011.
Pour les fans de la précédente série de l’auteur, attendez-vous à un changement qui ne sera pas forcément des plus plaisants. L’humour mordant et l’écriture vive à laquelle nous avait habitués Stroud sont ici remplacés par un univers fruste et un genre d’écriture beaucoup plus lent, plus brut également.
Dans la Vallée vivaient douze Héros…
La Vallée est un lieu mystérieux divisé en douze contrées appartenant à douze maisonnées. Ces maisonnées doivent leurs noms aux Héros, des hommes qui ont sauvé il y a des générations le peuple de la Vallée des Trâles. Mais que sont les Trâles ? Ce sont des monstres terrifiants dont on ignore tout ou presque. Ils surgissent de terre aux heures les plus noires pour enlever des habitants… mais depuis la fameuse bataille du Roc, le peuple de la Vallée n’a plus rien à craindre : les corps des Héros veillent, et les Trâles ne peuvent plus franchir la limite des cairns (empilement de pierres funéraires).
C’est donc dans ce monde relativement protégé que vit le jeune Halli, descendant de Svein, un des Héros. Et ce dernier ne rêve que d’une chose : accomplir les mêmes faits héroïques que son aïeul quitte à mettre en danger l’honneur de sa maisonnée, et même sa propre vie.
Un récit initiatique plaisant mais…
Jonathan Stroud s’essaye ici à l’exercice difficile de conteur de légendes, créant un univers aux croyances et traditions bien ancrées. On se plonge facilement dans cette société semblable à celle des peuples celtiques.
Dans une ambiance rustique et familiale, nous suivons les pas du jeune Halli, du haut de ses quatorze ans, dans sa quête de grandeur. L’univers construit ici est réussi et très plaisant à découvrir ; on retrouve quelques échos à l’œuvre de Tolkien : Bilbo le Hobbit dans les nombreuses et malheureuses péripéties de Halli. Le côté nains et elfes en moins, ici il n’y a que des hommes… et des Trâles.
Jonathan Stroud a une affection toute particulière pour les personnages impertinents et rebelles, comme il nous l’a déjà prouvé avec ses précédents écrits. Mais là où le bât blesse, c’est dans la personnalité des personnages, en particulier celle du « héros », Halli. Sa personnalité capricieuse et inconséquente a parfois le don d’agacer par son manque de crédibilité.
En plus de cela, le récit rencontre quelques passages à vide où l’intérêt s’essouffle à force de descriptions trop développées. On se demande parfois où l’on veut nous emmener au final. Un final d’ailleurs abrupt qui laisse un peu au dépourvu, mais qui est assez bien tourné, laissant une fin ouverte au lecteur libre d’en penser ce qu’il veut.
En somme, Les Héros de la Vallée n’est pas un mauvais livre, mais il est tout de même assez déstabilisant pour ceux qui connaissaient Jonathan Stroud pour ses précédentes œuvres. Le plaisir de cette lecture résidera surtout dans sa similitude avec les contes épiques narrés par les bardes itinérants au coin du feu d’une auberge…