Un inclassable qui laisse un sentiment à la fois curieux et plaisant
Premier roman de l’anglais Elliot Skell traduit en France, la Maison Sans-Pareil est une courte série de deux ouvrages, tous les deux parus aux éditions Flammarion.
A la fois fantastique et étrange, la Maison Sans-Pareil regorge de nombreux secrets que même ses habitants ignorent… si vous voulez les découvrir, il va falloir en pousser les portes… !
Tout commença avec un Capitaine qui débarqua…
…avec une idée et un trésor. Son idée était bien simple : faire construire un château, mais un château comme nous n’en avons jamais vu, immense, gigantesque, tellement grand que plusieurs générations ne suffiraient pas à découvrir toutes les pièces qu’il renferme. Et ce qu’il se passa. Le château fut construit, et à l’époque où l’histoire nous est contée, de nombreuses générations ont déjà passées. Le Capitaine est devenu légendaire, et ses descendants vivent encore dans l’opulence de son trésor dont on ignore la source. A chaque génération, un nouveau capitaine « gère » la famille Capelan.
Nous suivons les pas d’Omnia Capelan, une excentrique comparée à tous les autres membres de son immense famille. En effet, les Capelan ont une remarquable aptitude à la non curiosité et à la fainéantise. Alors quand le Capitaine de la Maison Sans-Pareil disparait, personne ne se pose beaucoup de question hormis « qu’y aura-t-il au prochain repas ? ». Mais Omnia sent qu’il y a plus qu’une mort naturelle derrière cette disparition et sa curiosité l’emporte sur la prudence… Et c’est seule qu’elle devra se débrouiller, tous les autres Capelan ne s’occupant bien trop que d’eux même…
Un univers atypique qui laisse un sentiment d’étrangeté
De par son style et la façon dont l’histoire est mise en valeur, la Maison Sans-Pareil nous offre un roman bien différent de ceux auxquels nous sommes habitués.
En effet, bien que l’intrigue soit déjà vue, la façon dont elle est traitée l’est beaucoup moins. On évolue dans un monde où les lois que l’on connaît n’existent pas, le monde extérieur nous reste inconnu. Les traditions étranges qui régissent la vie des Capelan font loi, et rien ne saurait les supplanter.
Il faut reconnaître que cette approche en huis-clos mais à une aussi grande échelle est assez déstabilisante. On se sent perdu dans les premiers chapitres, ne sachant absolument pas où veux nous mener l’auteur… Mais peu à peu, on prend ses marques, jusqu’au point de vouloir explorer nous-mêmes cette Maison Sans-Pareil (qui serait plutôt un château aussi grand qu’une montagne).
Belles descriptions, fourmillement d’anecdotes et de faits aussi inutiles que fascinants, vous saurez pourquoi le plancher d’une des salles est penché, ou encore pourquoi certaines sont condamnées. On aurait apprécié une ébauche de plan concernant cet édifice, même si il semble assez rapidement être difficile à cartographier.
La Maison Sans-Pareil mélange avec efficacité deux genres qui plairont sans trop de difficulté à un jeune public (dès 11-12 ans), le tout avec une écriture de qualité. Le côté policier résidant dans la fameuse disparition du Capitaine et d’autres découvertes en tiroir ; le fantastique étant dans l’existence même de ce château incroyable.
Même après avoir apprivoisé ce premier tome, impossible de se départir de ce sentiment de mystère qui nous enveloppe. C’est à la fois plaisant, tout en laissant une impression diffuse et difficile à expliquer, en tout cas, le but est atteint : c’est unique. Affaire à suivre avec le second et dernier tome : L’homme au masque, où l’on espère avoir les réponses aux milliers de questions qu’ont suscité ce livre.