Interview d’Andrea Cremer, l’auteure de la série pour adolescents Nightshade.
Paris, le 3 novembre 2011 : La Bibliothèque de Glow a été invitée par les éditions Gallimard afin d’interviewer Andrea Cremer, l’auteur de la série de bit-lit Nightshade. En plus de son métier d’écrivain, Andrea Cremer exerce toujours son métier d’origine : professeur d’histoire.
La série a été traduite dans 27 pays différents. Le premier tome de la série s’est vendu à plus de 15 000 exemplaires en France, et le second tome sort en librairie le 4 novembre. C’est dans une ambiance chaleureuse et un cadre idyllique qu’a eu lieu cette rencontre enrichissante par bien des aspects.
La bib. de Glow : Pour commencer, quelles ont étés vos motivations à l’écriture d’une série telle que Nightshade ?
Andrea Cremer : Et bien j’ai toujours écrit, et ce depuis toute petite, mais jamais de façon à penser que je pourrais en faire un métier viable. C’est un accident de cheval qui a été pour moi une sorte de déclencheur à l’écriture de façon sérieuse. J’ai été immobilisée pendant plus de douze semaines et n’aimant pas perdre de temps, j’ai décidé de l’employer au mieux en écrivant. Avant cela, j’écrivais surtout des courtes histoires et des nouvelles.
La bib. de Glow : Quel type d’œuvres vous ont inspirée ? Quelles ont étés vos sources de documentation ?
Andrea Cremer : J’adore la fantasy en général, mais sans être spécialement fan des loups-garous. Ce sont plus les loups qui me fascinent, ayant vécu dans le Wisconsin et étant souvent dehors, proche de la nature il m’est tout naturellement venu à l’esprit de prendre ces animaux comme personnages principaux. Pour ce qui est de la documentation, je me suis plongée dans de nombreux ouvrages sur le mode de fonctionnement des meutes, leur sociabilité, etc. Les émissions de National Geographic ont étés également très enrichissantes.
La bib. de Glow : Y a-t-il des personnages fictifs ou des personnes de votre entourage qui vous ont inspirée ?
Andrea Cremer : En ce qui concerne le personnage de Calla, je ne me suis inspirée d’aucun personnage ou personne de mon entourage en particulier. Quand j’ai voulu écrire Nightshade, la seule chose dont j’étais sûre, c’était de la personnalité de Calla, de ses aspirations, de ses envies, de sa morale.
Il est toutefois possible que j’aie été légèrement influencée par une de mes séries préférées : Buffy contres les vampires ; ce côté femme qui en veut, volontaire, prête à tout risquer pour les autres, Calla représente ces valeurs. Pour les autres personnages de la série, je ne me suis inspirée de personne en particulier, sauf en ce qui concerne celui d’Ansel, le petit frère de Calla qui ressemble étrangement au mien ! (rires).
La bib. de Glow : Avez-vous eu des propositions d’adaptations à l’écran pour votre série ? et si oui, y a-t-il un projet en cours ?
Andrea Cremer : Alors, oui, j’ai eu des propositions de rachat des droits pour une adaptation à l’écran, mais je n’en ai pas encore acceptée. Car il faut savoir qu’aux Etats-Unis, quasiment tous les livres à succès édités voient leur droits rachetés par des superproductions sans pour autant qu’une adaptation voie le jour, ainsi beaucoup de livres ont vus leur droits vendus sans aucun projet derrière… c’est pourquoi je préfère attendre de voir qu’un vrai projet naisse avant de penser à vendre les droits pour une adaptation à l’écran. En tout cas, c’est à l’étude et ça me plairait énormément !
La bib. de Glow : Les bloggeurs et les fans ont eus de nombreuses réactions concernant la fin insoutenable du premier tome où Calla abandonne Ren au profit de Shay, ont-ils eu une influence sur le triangle amoureux Ren – Calla – Shay et l’issue du second tome ?
Andrea Cremer : Non, pas du tout car le second tome était déjà finalisé quand le premier est sorti. Les fans n’ont donc eu aucune influence sur les choix de Calla et les miens.
J’adore partager mon enthousiasme avec les fans, c’est très enrichissant mais Calla a fait le choix de rester avec Shay : pour vivre, elle a tout quitté pour suivre son amour et sauver sa vie. Dans le second tome c’est l’inverse qui va arriver : Calla va devoir tout risquer pour sauver Ren, celui qu’elle a quitté. (Le troisième et dernier tome sera la réponse à nombre de questions : Calla a-t-elle finalement choisi Ren ou Shay ? Nous le saurons début 2012, Andrea Cremer voulant ménager son suspense).
La bib. de Glow : Comment avez-vous pensé l’univers de Nightshade ? Ses institutions et ses hiérarchies sont très détaillées, avez-vous tout créé ou avez-vous eu des sources d’inspiration ?
Andrea Cremer : Je suis professeur d’histoire, et ma spécialité est l’époque entre le 15ème et le 18ème siècle : spécialisée dans la période de l’inquisition et des chasses aux sorcières. Ces événements m’ont beaucoup inspirée pour créer les différentes castes de sorcières et la chronologie des origines de l’histoire.
La guerre de Nightshade commence en 1405, mais les humains ne se rendent pas compte de la présence d’êtres surnaturels, sauf quand de grandes batailles surgissent et transparaissent dans leur monde er dans leur histoire. Ainsi, la chasse aux sorcières et les persécutions ont-elles commencées à cette période : la magie ambiante étant trop évidente pour que les hommes ne s’en rendent pas compte. (Ces préludes annoncés pour le courant 2012-2013 promettent beaucoup, d’autant plus qu’Andrea Cremer est historienne, ajoutant à l’intérêt de l’histoire et à son réalisme, autant dire que l’on en attend beaucoup à leur sortie).
La bib. de Glow : Comment votre texte a-t-il été accueillit par les éditeurs ? Combien de maisons d’éditions avez-vous contactées avant d’être publiée ?
Andrea Cremer : Il faut savoir que le système pour être publié aux Etats-Unis est différent de celui que vous connaissez. Il faut obligatoirement avoir un agent qui « vend » vos livres aux éditeurs. J’ai eu assez de chance car mon texte n’a été refusé que deux fois avant d’être choisi à la publication par un éditeur. J’ai fini d’écrire Nightshade en 2008, signé avec mon agent en 2009 et avec une maison d’édition la même année.
La bib. de Glow : Hormis Nightshade, avez-vous d’autres projets en cours ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
Andrea Cremer : Effectivement, j’ai d’autres projets : certains concernent Nightshade, d’autres de nouveaux écrits. Pour Nightshade, en plus des trois tomes qui composent la série il y aura deux préludes qui sortiront. Ils se dérouleront à la période des origines de la guerre.
Pour les autres projets, j’ai écrit un livre de steampunk qui sortira en janvier 2013, il s’appellera The inventor’s secret. L’histoire se déroulera aux Etats-Unis au 19ème siècle. La guerre d’indépendance a échoué et les Anglais qui possèdent des machines de guerre surpuissantes continuent l’oppression, de même que les français et les espagnols. Les personnages sont des jeunes ados et enfants résistants qui ont décidés de se dresser contre l’ennemi commun.
J’ai également écrit un roman en collaboration avec David Levithan qui sortira lui aussi en 2013 : il raconte l’histoire d’un garçon invisible que seule une jeune fille peu voir. Il s’intitulera The Invisibility Curse. (L’auteur, un ami proche d’Andrea Cremer a d’ailleurs publié un livre pour adolescents chez Gallimard dans la collection Scripto sous le titre : Will et Will).
La bib. de Glow :Vous avez-écrit exclusivement des livres pour adolescents (Young-adults), avez-vous des projets d’écritures pour les adultes ?
Andrea Cremer : Et bien, j’ai déjà écrit pour les adultes, mais il s’agissait d’articles concernant l’histoire pour des revues et non pas des romans. Pour le moment je ne souhaite pas écrire pour un public adulte, je trouve le public adolescent bien plus enrichissant et stimulant, il donne une constante motivation à l’auteur que je suis !
Vous pouvez donc vous plonger dans ce second tome maintenant que l’univers d’Andrea Cremer a un peu moins de secrets pour vous. Le troisième et dernier tome de la série sortira quand à lui au printemps 2012. Merci à Mme Frédérique Cuissot et aux Éditions Gallimard pour leur proposition d’interview. Et merci à Andrea Cremer pour son enthousiasme à répondre aux questions, et pour m’avoir accordée cette interview emplie de bonne humeur.