La collection Une heure-lumière fait partie de mes favorites depuis sa création, il y a à peine un an. De son graphisme à son format, sans oublier son contenu souvent mémorable, tout dans cette série de livres est fait pour séduire.. Rencontre avec son créateur, Olivier Girard, qui a également créé les éditions Le Bélial’.
La bibliothèque de Glow : Pourriez-vous présenter la collection Une heure-lumière ?
Olivier Girard : Il s’agit d’un espace éditorial unique en France dédié aux seuls courts romans (ce que les anglo-saxons appellent des novellas) inédits de science-fiction. On y privilégie les textes primés (mais pas que), les textes anglophones (mais pas que), et une SF du vertige pétrie de sense of wonder (mais pas que).
Les textes courts sont au cœur de la politique éditorial du Bélial’ depuis l’origine de la maison, à travers la revue Bifrost, évidemment, mais aussi au sein de nos collections, qui abritent de nombreux recueils et anthologies. Or la novella, que je considère part certains aspects comme le format roi en SF, nous posait un problème — trop longue pour Bifrost (bien qu’on en ait déjà publié, bien sûr), et trop courte pour en faire un livre grand format classique. C’était une vraie frustration que de ne pouvoir proposer aux lecteurs francophones ces textes formidables publiés outre-Atlantique depuis des décennies, des textes qui sont bien souvent et à mon sens, le meilleur de ce que peut offrir la science-fiction.
Bref, l’idée de consacrer un espace éditorial à ces fameux courts romans nous travaillait depuis plus de dix ans. Mais nous hésitions. Le Bélial’ et une petite maison, et créer un espace éditorial résolument inédit représentait un risque financier assez inhibant.
L’anniversaire de nos 20 ans d’existence en 2016 m’a poussé à balayer mes réserves. Je me suis dit : j’en rêve depuis longtemps, si on ne le fait pas maintenant, on ne le fera jamais. Bref, on a lancé la collection en début d’année 2016 avec quatre titres (deux d’auteurs américains, Nancy Kress et Vernor Vinge, un anglais, Paul McAuley, et un français, Thomas Day), dans un petit format élégant (12 cm X 18 cm), avec rabats, pelliculage mat et bandeau pour chacun des titres, sur un papier intérieur Munken Cream de qualité. Restait plus qu’à croiser les doigts.
La bibliothèque de Glow : Combien de titres avez-vous programmé pour l’année 2016 ?
Olivier Girard : Six. Deux en janvier 2016 : Dragon, de Thomas Day, et Le Nexus du docteur Erdmann, de Nancy Kress.
Deux en février 2016 : Le Choix, de Paul J. McAuley, et Cookie Monster, de Vernor Vinge. Deux fin août : L’Homme qui mit fin à l’histoire, de Ken Liu, et Un pont sur la brume, de Kij Johnson.
(ndlr : Cérès et Vesta de Greg Egan en février 2017).
La bibliothèque de Glow : Quel rythme est prévu par la suite ?
Olivier Girard : On devrait rester sur un rythme de six livres par an environ. Peut-être un peu plus. Peut-être un peu moins. On ne se met pas de pression.
La bibliothèque de Glow : Quel est le titre de cette collection qui vous tient le plus à cœur/que vous souhaitez nous présenter ?
Olivier Girard : Impossible de répondre à cette question. Même si je nourris un attachement particulier pour Dragon, de Thomas Day, puisqu’il ne s’agit pas d’une traduction et qu’à ce titre, il est le fruit d’une collaboration entre l’auteur et son éditeur, à savoir moi.
Après, chacun de ces six textes recèle à mon sens d’énormes qualités et synthétise la SF que j’aime, celle qui me procure cet étrange frisson propre au genre, qu’il soit cérébral ou viscéral.
La bibliothèque de Glow : L’illustrateur français Aurélien Police est le responsable de la collection au niveau graphique et visuel, pourquoi ce choix ?
Olivier Girard : Parce qu’Aurélien à du talent, bien sûr. Et que je voulais quelqu’un à même de donner une identité forte à la collection. Il me fallait pour cela un illustrateur doué, naturellement, mais qui soit aussi un graphiste. Aurélien est de ces rares artistes à réunir ces deux qualités.
La bibliothèque de Glow : Autre chose à ajouter concernant cette magnifique collection ?
Olivier Girard : En une heure, la lumière parcourt 1,08 milliard de kilomètres. C’est à la fois peu et vertigineux. Cette contradiction me semble une bonne définition des livres que nous publions dans cette collection : à la fois courts et vertigineux.