Chronique : Les anges de l’abîme

Les anges de l'abîmesÂmes sensibles, s’abstenir.

Paru en octobre 2014, Les anges de l’abîme est le second ouvrage du Suédois Magnus Nordin à paraître en France. Son premier roman, La princesse et l’assassin, avait reçu en 2003 le prix du meilleur thriller pour la jeunesse en Suède. Les deux ouvrages de l’auteur sont parus aux éditions du Rouergue, dans la collection Doado Noir.

Une professeure qui utilise des élèves comme appâts pour prédateurs sexuels…

L’idée vous fait sourciller ? Et si c’était la seule solution possible pour confondre certains des monstres qui sévissent dans nos villes ? nos écoles ? C’est en tout cas le parti pris de Molly Zetterholm qui a décidé de tout faire pour coincer les pires prédateurs sexuels. Aidée en cela par Alice, Hannes et Samira qui sont d’actuels ou anciens élèves triés sur le volet, Les Anges de l’abîme sont nés.

Leur première mission est un véritable succès, ils ont coincé un maître de chorale connu à l’échelle nationale pour la qualité de ses spectacles. Ce dernier en profitait pour privilégier l’une ou l’autre de ses chanteuses en lui promettant un avenir radieux…

Mais cette première mission commando à beau être une réussite, les Anges de l’abîme devraient prendre garde à ne pas se brûler les ailes en s’en prenant à plus fort qu’eux…

Du danger des réseaux sociaux et de ses perversités

La place des réseaux sociaux est prépondérante tout au long de l’intrigue : ce sont eux qui permettent aux prédateurs sexuels de s’approcher d’une adolescente parfois trop naïve. Fausse identité, adresse bidon, nom inventé… tous les moyens sont bons pour amener sa proie jusqu’à un point précis.

Les traquer demande beaucoup de patience et d’acharnement, car les Anges ne font pas justice eux-mêmes : ils cherchent des preuves évidentes qui permettent de confondre définitivement le coupable pour ensuite le livrer à la police… Un travail ingrat et dangereux car la police ne voit pas d’un bon œil cette association de bienfaiteurs.

Loin de vouloir se positionner en donneur de leçon, Magnus Nordin veut toutefois ouvrir les yeux aux lecteurs sur une réalité horrible mais bien présente : celle des violeurs et pédophiles qui écument le web à la recherche de leur prochaine victime.

Pas de répit pour qui que se soit

Malmené, vous le serez certes moins que les acteurs de ce thriller sur le fil, mais rien ne vous sera épargné. Des scènes crues d’efficacité et d’horreur, des dialogues à faire froid dans le dos, des pensées inavouables que l’on lit en voyeur… L’auteur sait ménager ses effets et nous plonger dans la répulsion la plus totale.

On se pose en tant que spectateur impuissant où les personnages eux-mêmes sont pieds et poings liés (dans tous les sens du terme). C’est aussi captivant que révulsant pour nous lecteur, et sa fonctionne excessivement bien pour peu que vous ne soyez pas trop sensible. En effets, certaines scènes ne cachent rien de leur horreur.

Pour la construction des personnages, l’auteur a réussi à nous les rendre attachants et sympathiques pour les Anges, monstrueux pour d’autres. Le passé de chacun influe sur l’histoire présente avec plus ou moins d’ardeur. Aucun des Anges n’a une vie toute noire ou toute rose, chacun vient avec un bagage assez lourd, et bien développé tout au long de l’histoire pour mieux la servir.

Seul bémol sur ce thriller qui se dévore à la vitesse de l’éclair : sa conclusion qui vient un peu trop rapidement comparé au rythme général du roman. Mais c’est presque parfait.

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En conclusion, Les Anges de l’abîme est un bon thriller comme les Nordiques en ont le secret. C’est simple, efficace et ça prend aux tripes tant on se sent concerné par ces horreurs cybercriminelles qui pourraient arriver à n’importe qui d’un peu naïf… A lire dès 15 ans.

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