Chronique : La Horde

Un roman fantastique qui nous fait peu à peu sombrer dans l’horreur et le glauque… Aussi terrible que beau dans son ignominie.

Sibylle Grimbert est une auteure française confirmée, avec plus d’une dizaine de romans à son actif. Elle écrit aussi bien pour les adultes que pour la jeunesse, et cela dans de nombreux genres différents.

Avec La horde, paru chez Anne Carrière en janvier 2018, elle fait une incursion remarquable dans le domaine de l’horreur…

Le charme d’une enfant de dix ans

Quand on est une entité obscure qui couve depuis des millénaires à attendre son heure, tout paraît éphémère… Mais quand Ganaël découvre l’existence de Laure, dix ans, il sait qu’il pourra peut-être la faire sienne, la corrompre jusqu’à la lie… pour devenir avec elle quelque chose de terrible que personne n’a encore jamais connu.

Terriblement noir. Atrocement plaisant.

La horde est le genre de roman où l’on pense que l’auteur et ses personnages n’oseront jamais aller aussi loin dans la noirceur. Et pourtant… ils le font. Ils font même pire que ce que l’on ose imaginer, et c’est justement cela qui est savoureux. Cette imprévisibilité. Cette noirceur inattendue et délectable le tout servi par une écriture acérée.

L’histoire de La horde est prégnante, mémorable. Elle vous colle à l’esprit tant elle est bien pensée et écrite. Tout nous est conté du point de vue de Ganaël, l’esprit malfaisant qui a décidé d’élire domicile dans Laure. Peu à peu, il prend de plus en plus de place dans son corps et son esprit…

Au début, Laure ne comprend pas qu’elle est la seule personne à vivre cette expérience que l’on peut assimiler à une possession. Mais peu à peu, elle assimile ce que Ganaël lui inculque, son âme se noircit, ses idées s’obscurcissent. Elle devient prétentieuse, cruelle même. Jusqu’à quel point l’influence de Ganaël change-t-elle Laure ? Difficile à dire, mais terriblement passionnant.

L’histoire de cette possession ne dure que quelques semaines environ, dans un village de vacances où la famille de Laure a posé ses valises. Mais ce laps de temps suffira à changer à jamais Laure… et Ganaël. Le démon qui loge au plus profond de Laure va découvrir la vie humaine et y prendre goût d’une façon unique. De même que Laure va aimer le pouvoir que lui procure la présence de Ganaël même si ce dernier la manipule comme un jouet. Et surtout… la naïveté et l’innocence du démon est touchante. J’ai bien conscience que cet adjectif est totalement paradoxal : démon/naïveté. Et pourtant, c’est exactement l’effet qu’à réussit à insuffler si justement Sibylle Grimbert.

Que peux bien donc donner une telle union malsaine ? Qui prendra le pouvoir sur qui ? Que souhaite réellement Ganaël ? Tous les chemins et d’autres encore sont exploités avec talent par Sibylle Grimbert.

L’histoire qu’elle nous offre est aussi horrible que belle. Elle fait froid dans le dos et ose nous transporter dans un cauchemar éveillé d’une justesse confondante.

……

Dire que j’ai aimé La Horde est un doux euphémisme tant c’est original et détonnant. Beau, extrêmement sombre, inattendu… Si vous aimez les romans noirs aux élans fantastiques, ce livre est pour vous ! A mettre en haut de la liste dans le genre roman d’horreur français… Je n’avais pas eu un aussi grand coup de cœur depuis Le Premier de Nadia Coste.

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